Édition Anne Carrière.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

Il y a quelques traditions qui ont survécu au Covid : le mois de juin de notre club de lecture est consacré au roman historique et voici un roman qui avait donc toute sa place . J’avais déjà lu un livre de cet auteur « La déesse des petites Victoires » . Dominique qui m’avait déjà conduite vers cet auteur a beaucoup aimé ce roman. et je vous conseille de lire son billet si bien illustré.

Je souligne l’incroyable talent de cette auteure (oui, Yanick est aussi un prénom féminin), elle m’avait bien intéréssée à la période viennoise d’avant la guerre et au psychisme troublé d’un génial mathématicien. Et me voilà partie avec elle pendant plusieurs jours dans un couvent de Provence, dans lequel des femmes à force d’observation et de dévouement arrivent à améliorer le sort des malades, elles herborisent , elles classent leurs observations et soulagent le mieux qu’elles le peuvent.
Seulement voilà : des femmes se mêlent de médecine ! on voit tout de suite le danger. Ne sont elles pas aidées par le diable ? Ne sont elles pas elles-mêmes des sorcières ?

L’intrigue totalement imaginaire repose sur une recherche très pointue sur la réalité de l’époque. En 1584 à l’aube du 16° siècle une chappe de suspicion s’abat sur la chrétienté : entre les protestants hérétiques et l’université qui ne doit transmettre la science qu’aux hommes, la condition de la femme est pire que jamais . Elles sont comme la jeune Gabrielle prise dans un terrible piège , elles ne pourront jamais s’instruire elles pourront à peine être dégrossies dans des couvents qui leur apprennent l’obéissance et la foi en Dieu.

Dans ce couvent situé non loin de Vence, l’évêque aimerait faire main basse sur les revenus que procure la vente des baumes provenant des plantes (les simples) récoltées par les nonnes. Ce projet purement mercantile provoque une catastrophe qu’il est bien incapable de contrôler d’autant plus qu’il est lui-même gravement malade.
Plusieurs intrigues se mêlent : le destin d’un cadet de grande famille à qui on impose la prêtrise puisqu’il n’héritera rien de la fortune de la famille ; La vie dans le couvent et les intrigues entre les sœurs qui n’ont rien à envier aux pires séries télévisées. Vous connaissez « Orange is the new black » et bien Le couvent de l’abbaye de Notre Dame du Loup c’est ça en pire !

Enfin il reste Gabrielle qui n’a qu’un but dans la vie s’instruire et lire autant qu’un homme qui veut devenir médecin peut le faire, Elle aura un rôle décisif dans la catastrophe finale.

J’ai aimé ce roman et je ne doute pas du coup de coeur qu’il va recevoir à notre club, mais j’ai quelques réserves sur la longueur et le foisonnement des personnages. C’est une difficulté que je rencontre souvent : quand je sais que le livre va mal se finir j’ai parfois envie que ça aille plus vite, car on sent bien que rien n’arrêtera le malheur qui se met en place .

Je salue le talent de cette écrivaine et comme elle, je suis si triste de me rendre compte de tous les malheurs et souffrances par lesquelles sont passées les femmes avant de pouvoir simplement exister .

 

Citations

Les couvents au 16°siècle.

 Fleurs est oblate, une enfant consacrée à Dieu et donnée par son père aux louventines. Sans dot, elle ne deviendra jamais sœur de chœur comme sœur Clémence, elle prendra le voile brun des converses. « Ora et Labora », prière et travail, elle suivra la règle de Saint-Benoît parmi les Marthe, les servantes de Dieu payant par le labeur son ses jours dans Sa citadelle.

L’odeur des nonnes.

 Les moniale ne peuvent faire grande toilette que deux fois l’an et elles n’ont pas le droit aux senteurs. Une rotation de printemps s’imposerait, car leurs robes puent le rance et la blancheur de leur guimpe n’est plus qu’un souvenir. Elles respirent peut-être la sainteté, mais, d’évidence, pas la rose.

La mortalité enfantine.

 Sur les enfants nés, l’un sera déformé de tares, l’autre bleui par le passage forcé, un troisième emporté par la mort du septième jour, le corps si raide qu’il ne respira plus, et les autres, s’ils ne sont pas étouffés dans le lit commun, seront moissonnés par les grandes diarrhée des mois chauds.
 Peu de rescapés atteindront leur quatrième années comme Titino, car viendront pour eux roséole, rougeotte et fièvre écarlate, coqueluche et orillon. Pour dépasser la dizaine, ils devront échapper aux roues des charrettes, aux sabots des chevaux, aux crocs des chiens et aux dents des porcs, à la rivière au calme trompeur, aux braises où tomber, aux faux où se couper, au coups du père, au méchanceté de la mère tout ça parce qu’eux même n’ont pas connu de meilleurs soins.

22 Thoughts on “Les simples – Yannick GRANNEC

  1. keisha on 19 mai 2022 at 07:42 said:

    J’avais bien aimé celui sur le matheux, un peu moins Le bal mécanique, alors là je ne sais pas trop…

  2. Je n’ai pas accroché à La déesse des petites victoires, alors là, je passe. (même si c’est peut-être seulement que je n’étais pas dans le bon état d’esprit ce jour-là)

    • Tu le sais bien on ne peut pas tout lire et si déjà tu as eu une réserve sur un des titres de cette auteure je comprends que tu ne retente pas la lecture, mais sache que c’est un univers totalement différent.

  3. comme toi j’ai aimé ce livre, je te suis sur le foisonnement des personnages mais au final on suit quand même bien le récit
    j’avais aimé son premier livre et j’ai aimé celui là une auteure à suivre

    • C’est une écrivaine étonnante car elle s’adapte bien aux différentes époques et ce voyage dans la renaissance m’a vraiment plu sans être un vrai coup de coeur

  4. Je n’ai pas été très emballée par « la déesse des petites victoires ». Je n’ai pas eu envie de récidiver avec l’autrice.

    • Bien sûr il y a tant de livres qui nous attendent la moindre réserve nous fait hésiter. On peut reconnaître à cette auteure un don certain pour changer d’atmosphère.

  5. Je ne connais pas et je n’ai jamais lu l’auteure non plus, merci pour la découverte !

  6. C’est un titre que j’ai croisé souvent sur les blogs me semble-t-il… Mais comme on ne peut pas tout lire… s’il me tombe entre les mains pourquoi pas ?

  7. j’avais laissé tomber au bout de quelques pages… trop complexe (dans mes souvenirs)

  8. Jolie découverte, ce livre foisonne de thèmes et c’est une période historique qui m’intéresse beaucoup !

    • Encore une période où les femmes ont été bien maltraitées. La religion catholique n’a pas beaucoup aidé à leur émancipation. C’est le moins qu’on puisse dire.

  9. Le sujet me tente bien… mais les longueurs qui tu évoques me font hésiter !

  10. Voilà une bonne idée, celle du roman historique, un genre que j’aime beaucoup. Du coup c’est noté.

  11. LaSourisJaune on 6 juin 2022 at 08:50 said:

    Tiens… Tu va me donner envie de reprendre ce livre ! Il est une de mes grandes déceptions ! Je l’avais acheté très intéressée par l’histoire, et puis il m’est tombé des mains, déçue par l’écriture… Je lui redonnerai peut-être une chance !

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