http://ecx.images-amazon.com/images/I/51ID7Gq946L._SL500_AA300_.jpg

http://www.babelio.com/images/ico_critique.jpg

1
Je n’aurais jamais dû me lancer dans la lecture de ce roman et donc ne pas le demander à Babelio dans le cadre de masse critique.. J’ai rarement été aussi triste de lire un livre. J’aurais dû savoir, grâce au résumé, que le personnage « se faufile certaines nuits dans le camp de Canaan et approche de toutes jeunes que la misère vend au plus offrant ». En fait de « toutes jeunes filles » il s’agit d’enfants de 11 et 12 ans.

L’auteure a donc choisi de prendre le point de vue d’un violeur de petites filles pré-pubères. Je dois dire pour l’honnêté de la critique , qu’elle donne aussi le point de vue de ces pauvres petites , dégoûtées et terrorisées. Comme son personnage est aussi un écrivain , il se sortira du dégoût de lui-même en faisant de son histoire un roman Pourquoi ai-je choisi ce roman parmi ceux proposés par Babélio, parce que j’ai lu trop rapidement le résumé et que j’ai surtout vu que cela se passait à Haiti après le tremblement de terre et que j’ai une passion pour ce pays depuis que j’ai écouté Danny Laferrière aux « Étonnants Voyageurs»à Saint-Malo.

Il est vrai qu’en toile de fond de ce violeur de petites filles, il y a les drames de Haïti : la misère et la corruption. Ce qui m’a déplu au plus profond de moi , c’est que cet homme retrouvera sa force de vie en faisant son penchant sexuel un roman . La création artistique comme rédemption. Je l’ai dit en commençant , je n’aurais jamais dû demander à écrire sur ce livre j’en suis bien incapable, je suis restée au niveau du dégoût.

http://www.leseditionsdeminuit.fr/images/3/9782707322579.jpg

3
J’aime bien lire à propos de la guerre 14/18 . Je crois qu’on ne comprend bien l’Europe qu’en partant de cette guerre là. J’ai lu des livres d’historiens qui m’ont fait une très forte impression comme la grande guerre des français de Jean-Baptiste Duroselle.

Le travail d’un romancier qui prend cette guerre comme sujet n ‘est pas si simple , quoi dire sur un sujet que nous connaissons si bien. Echenoz prend le parti de la sobriété et du détachement , je suppose pour mieux faire ressortir l’horreur brutale de la guerre. En choisissant quatre destins, il nous offre , un mort, deux handicapés à vie, un fusillé. Et à l’arrière un enfant sans père et une usine de chaussures qui profite bien la guerre

J ‘ai trouvé que l’auteur semblait peu convaincu par son sujet et donc son roman ne m’a pas beaucoup touchée. On y retrouve, pourtant tout ce qu’on a entendu sur cette période.

 Citations

Le tocsin

Le tocsin, vu l’état présent du monde, signifiait à coup sûr la mobilisation. Comme tout un chacun mais sans trop y croire, Anthime s’y attendait un peu mais n’aurait pas imaginé que celle-ci tombât un samedi.

 Genre de discours du début de la guerre, il sonne vrai

Vous reviendrez tous à la maison, a notamment promis le capitaine Vatssière en gonflant sa voix de toute ses forces. Oui, nous reviendrons tous en Vendée. Un point essentiel, cependant. Si quelques hommes meurent à la guerre, c’est faute d’hygiène. Car ce ne sont pas les balles qui tuent , c’est la malpropreté qui est fatale et qu’il vous faut d’abord combattre. Donc lavez-vous, rasez-vous, peignez-vous et vous n’avez rien à craindre.

 L’équipement et les abérations des décisions de la hiérarchie militaire

… Un casque censé protéger l’homme plus sérieusement, mais dont les modèles initiaux étaient peints en bleu brillant. Quand on les a coiffés, on s’est d’abord bien amusés de ne plus se reconnaître tant ils étaient couvrants. Quand ça n’a plus fait rire personne et qu’il est apparu que les reflets du soleil produisaient d’attrayantes cibles, on les a enduits de boue comme on l’avait fait l’an passé pour les gamelles.

 L’horreur de la guerre

Canon tonnant en basse continue, obus fusants et percutants de tous calibres, balles qui sifflent, claquent , soupirent ou miaulent selon leur trajectoire, mitrailleuses, grenades et lance-flammes, la menace est partout : d’en haut sous les avions et les tirs d’obusiers, d’en face avec l’artillerie adverse….. Dans l’air empesté par les chevaux décomposés la putréfaction des hommes tombés puis du côté de ceux qui tiennent encore à peu près droit dans la boue, l’odeur de leur pisse et de leur merde et de leur sueur, et de leur crasse et de leur vomi…..

Et Echenoz conclue, c’est ce genre de phrase où on sent son détachement

Tout cela ayant été décrit mille fois , peut-être n’est-il pas besoin de s’attarder encore sur cet Opera sordide et puant.

On en parle

Jostein, par exemple

http://ecx.images-amazon.com/images/I/41UjqogijbL._SL500_AA300_.jpg

3
Curieux livre et bilan négatif malgré quelques bonnes idées. Curieux livre car l’auteur invente un lieu où la mort ne peut pas entrer et donc les êtres humains et les animaux ne vieillissent plus. Quelque bonnes idées dans la construction logique de ce monde : car si la mort s’y installe on risque d’attirer l’Ankou (le nom de la mort en breton) il faut vivre sans tuer. Il faut donc être végétarien et pour arriver à avoir une vache qui donne du lait trouver un stratagème pour la faire vieillir un peu mais pas trop. Le roman raconte aussi une enquête et essaie de nous faire peur car la mort semble être revenue parmi eux.

Je n’ai absolument pas été prise par l’histoire qui à mon avis s’adresse plutôt à des adolescents. Le roman est plein de références littéraires, ou à des livres à succès comme « la route » de Cormac MacCarthy et des légendes bretonnes.

La leçon finale est simple on a besoin de la mort pour vivre, et ceux qui veulent la fuir le font souvent pour de biens mauvaises raisons, comme le permettra de découvrir l’enquête qui démasquera l’arracheur de langue et le tueur du village. Le récit tombe à plat et une fois terminé je me suis demandé pourquoi je suis allée jusqu’au bout .

Citations

Le village

Il était écrit dans le journal de bord de l’aïeul que d’autres hommes viendraient remplir sa solitude , que le village attirerait ce genre d’êtres obnubilés par la Mort en même temps que réfractaires à celle-ci.
L’ancêtre en avait accueilli une trentaine sur plusieurs décennies, mais tous y compris lui-même, en étaient partis un jour, fatigués d’être au monde , fatigués les uns des autres.

 La condition humaine

Un héros ? Est-ce qu’on devient un héros en assumant sa condition de mortel ?

On en parle

Clara et les mots qui a beaucoup aimé, comme quoi !

http://ecx.images-amazon.com/images/I/51UEGJVYV2L._SL500_AA300_.jpg

http://www.babelio.com/images/ico_critique.jpg

 Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne)par Frédéric LE BERRE

3
Reçu grâce à Babelio, j ai avalé ce livre en une soirée. « Avant toi » connaîtra sûrement un certain succès et deviendra peut-être un film. C’est la version intouchable britannique mais en plus avec une histoire d’amour entre la soignante et le tétraplégique.

Il y a tout dans ce roman, la crise, le droit à la dignité et pouvoir choisir sa mort, l’amour ; un viol… On est pris par l’histoire car on espère que Clark arrivera à redonner le goût de vivre à Will. Mais dans cette histoire le héros souffre trop pour continuer à vivre.

C ‘est le genre de roman qu’on oublie aussi vite qu’on les lit, je crois que les américains appelle cela des « tourne-page » ? Et dans le genre c’est un tourne-page réussi. Au delà du sentimentalisme de l’histoire quelques traits de notre société sont assez bien mis en lumière. Comme le groupe des gens obsédés par leur corps, les régimes et la course à pied. Évidemment la difficulté de déplacement pour les gens en fauteuil est bien raconté et encore, ils ne sont pas dans le métro parisien !

Les personnages sont suffisamment bien dépeints pour qu’on passe 500 pages avec eux. Vous l’avez deviné, je n’ai été conquise, j ai eu l’impression d’être au cinéma dans une comédie hollywoodienne , genre « Pretty Woman »

Bref une distraction d’un soir ou d’un long voyage en train ce n’est déjà pas si mal.

Citations

Jargon du pôle emploi

 En fait, il n’y a plus grand chose hormis des postes à horaires flexibles dans le secteur du commerce et de la grande distribution.
– vous voulez dire de la mise en rayons en équipe de nuit ?
Cela faisait suffisamment longtemps que je venais pour savoir décrypter leur jargon.

Comme je la comprends

Une maison briquée de fond en comble et bien rangée procurait à ma mère une satisfaction presque physique . Pour ma part , après un mois de ménage et d’aspirateur, je ne voyais toujours pas où était le plaisir. J’avais la quasi-certitude que je préférerais toujours que quelqu’un d’autre s’en charge.

http://ecx.images-amazon.com/images/I/41s2KT7xugL._SL500_AA300_.jpg

 Traduit de l’espagnol (Colombie) par Isabelle GUGNON. 

3
Un grand plaisir de lecture pour un roman tout en nuance. Le récit se situe en Colombie et fait revivre le passé d’enfants dont les parents on été mêlés au trafic de drogue. Ce n’est pas un roman style reportage qui permet d’apprendre tout sur le quartel de Medellin ou la personnalité d’Escobar, mais à travers les questions que se pose le personnage principal on comprend peu à peu les différents drames de ce pays. Antonio Yammara rencontre un homme qui a fait 20 ans de prison, celui-ci est victime d’un attentat au cours duquel il est lui-même grièvement blessé. Sa vie en est totalement bouleversée.

Nous suivons l’évolution des pensées et du ressenti de cet homme qui se sent écrasé par la peur et la fatalité du destin.
Pour s’en sortir, il veut comprendre qui était Ricardo Laverde. Cette quête permettra à l’écrivain de nous décrire les années sombres de Colombie. J ai apprécié toutes les réflexions sur la mémoire et les souvenirs.

La frontière entre le bien et le mal est assez difficile à tracer , à la fin du roman on ne sait toujours pas qui était vraiment Ricardo Laverde ni pourquoi exactement, il a été tué . Au fil des pages on se trouve pris dans une ambiance assez lourde et triste que je pense assez proche de la la réalité. Le titre est très bien trouvé et à lui seul résume le roman,mais je vous laisse découvrir pourquoi.

Plusieurs fois je me suis dit que si j’avais vécu sur place, je n ‘aurais pas mieux compris les différents enjeux de ce pays que les personnages du roman.

Citations

Le poids du passé

Nul ne sait a quoi sert le souvenir, s’il s’agit d’un exercice profitable ou qui peut se révéler néfaste, ni en quoi l’évocation du passé peut changer ce que l’on a vécu.

Phrase que j’aime bien

Toutes les guerres, même petites, ont leur héros, n’est ce pas ? Le courage de l’acteur ne dépend pas de la taille du théâtre.

 Les souvenirs : faire le tri entre ce dont on se souvient et ce qui nous est raconté

 Ce sont mes seuls vrais souvenirs . Les autres ont été inventés ce sont des souvenirs mensongers. Le plus triste qu’on puisse transmettre à quelqu’un, ce sont de faux souvenirs .

J’ai souri

En Colombie, personne ne l’avait regardé de la sorte : depuis son arrivée, Elaine n’avait couché qu’avec des Américains ou qu’avec des hommes qui avaient des orgasmes en anglais.

La question finale

Essaierais-je de la convaincre que le monde est trop dangereux pour qu’on s’y promène seul, sans personne pour nous attendre à la maison, se faire du souci quand on ne rentre pas ou venir nous chercher ?

On en parle

Chez Avel bre (un breton ?)

http://ecx.images-amazon.com/images/I/41gys-0bUgL._SL500_AA300_.jpg

3
J’ai lu il y a quelques mois ce roman et il fait partie de ma mauvaise conscience ! Pourquoi n’ai-je pas écrit un texte sur Luocine ? Je l’ai bien aimé mais sans doute, sans passion.

Je rappelle l’histoire : une femme qui mène une vie ordinaire gagne une super somme au Loto, elle ne le dit à personne en particulier pas à son mari qui va finir par lui voler son argent et détruire tous ses rêves. Pourquoi ce titre car elle essaie de dresser une liste de ce dont elle a vraiment envie . J’ai beaucoup aimé ces listes, je joue souvent à ça : je rêve d’une somme d’argent importante et je n’ai pas plus d’imagination qu’elle. La seule différence c’est que je ne joue jamais, je rêve seulement. Résumé ainsi le livre semble sans intérêt mais il est plus que ça.

L’héroïne fait partie de ces femmes qui sont heureuses à travers les travaux de couture. Elle tient une mercerie et peu à peu à travers un blog elle redonne le moral à d ‘autres femmes comme elles. On connaît tous ce style de femmes , elles ont en général des intérieurs très soignés et peuvent passer tout un après midi à choisir des galons pour agrémenter les robes de princesse de leurs petites filles. Et c’est vrai que la blogosphère leur a redonné un certain tonus.

Le roman explore aussi les sentiments mère fille d’une très jolie façon. Et enfin c’est aussi un roman d’amour. Un beau livre qui m’avait rendue heureuse le temps de la lecture dont je garde une bonne impression.

Citations

La trahison

Je croyais que mon amour était une digue . Un infranchissable barrage. Je n’avais pas imaginé que Jo, mon Jo , me volerait. Me trahirait. M’abandonnerait.
Qu’il détruirait ma vie.

 Ce qu’elle a aimé dans sa vie

J’aimais les milliers d’Iseult de « dixdoigtdor » . J ‘aimais leur gentillesse, calme et puissante ; régénérante comme l’amour d’une mère . J’aimais cette communauté de femmes nos vulnérabilités, nos forces.

 L’argent ne fait pas le bonheur

 J’aimais profondément ma vie et je sus à l’instant même où je le gagnais que cet argent allait tout abîmer , et pour quoi ?

On en parle

Beaucoup beaucoup, sur Babélio 204 critiques, et par exemple chez Kitty la mouette (solidarité des oiseaux de mer !)

5
J’apprécie beaucoup cette auteure qui me permet d’accéder à l’univers japonais sans ressentir trop d’étrangeté. Il faut dire qu’ Aki Shimazaki écrit en français et réside au Québec. Ceci explique peut être cela ! Les 5 tomes, d’une centaine de pages chacun, raconte la même histoire vue par un protagoniste différent à chaque fois. C’est aussi l’occasion de cerner de plus près la réalité japonaise surtout dans ses aspects négatifs.

Le ressort de la narration repose sur un postulat qui m’étonne : des enfants se sont connus jusqu’à 4 ans et se retrouvent à 16 ans. Ils ne se reconnaissent pas et ne reconnaissent pas non plus les adultes qui les entourent. Ils s’aimeront en ne sachant pas qu’ils sont demi frère et sœur. Il me semble que j’ai gardé en mémoire le visage des gens qui s’occupaient de moi quand j’avais 4 ans. Ce n’est qu’un détail mais je l’ai gardé en tête pendant toute la lecture.

En revanche, ce que j’ai trouvé très bien raconté , c’est justement « le poids des secrets ». Toute cette famille est détruite par la conduite de du père de ces deux enfants et il faut donc attendre la troisième génération pour que la lumière se fasse enfin et que les conflits s’apaisent.

Le tome 1, révèle l’essentiel du drame, Yukiko explique pourquoi elle a tué son père. Son récit nous plonge dans le Japon au temps de l’explosion qui a détruit Nagazaki, on y voit une société figée sur les statuts sociaux et sur l’effort demandé à la population pour soutenir la guerre.

Le tome 2 est centré sur Yukio l’enfant qui est né hors mariage. Si son père,le même que celui de Yukiko n ‘a pas épousé sa mère c’est que celle-ci n’est pas « d’une bonne origine ». On est plongé dans les difficultés des femmes qui n’appartiennent pas à la bonne société.

Le tome 3 nous ramène du temps où , lorsqu’on était Coréen au Japon on pouvait être tué sans que personne ne trouve à y redire comme lors du tremblement de terre de 1923. C’est très émouvant de voir à quel point cette mère coréenne a essayé de lutter pour donner à sa fille des chances de s’intégrer dans cette société si fermée.

Le tome 4, c’est celui que j’ai trouvé le moins passionnant, il est centré sur l’homme positif qui a bravé tous les interdits de la société japonaise et a épousé la femme qui avait un enfant hors mariage.

Le tome 5, on est avec la maîtresse du père de son fils et le roman se termine sur la vérité et la boucle est brisée la malédiction prend fin,sa petite fille ne commettra pas les mêmes erreurs qu’elle.

Chaque tome peut se lire séparément mais l’ensemble a beaucoup de cohérence. C’est une autre façon de lire 500 pages, on ne sent pas le temps passer et on se perd moins que dans un énorme roman à personnages multiples, la façon de nous raconter le Japon est inoubliable cette société si fermée mélange de raffinement et de violence devient compréhensible à défaut d’être attractive.

Citations

Explication des deux bombes, l’explication de la guerre

– Grand-mère , pourquoi les Américains ont-ils envoyé deux bombes atomiques sur le Japon ?
– Parce qu’ils n’en avaient que deux à ce moment là, dit-elle franchement.

 

Mais ce que mon père n’acceptait pas c’est la justification des Américains : quand il est question de guerre ils ont toujours raison.

 

On se justifie pour se défendre des accusations. Il n’y a pas de justice. Il y a seulement la vérité.

L’enfant sans père

 Les enfants des voisins ne jouent pas avec moi. Au contraire, ils me lancent des pierres, ils me barrent le chemin quand je rentre a la maison, ils m entourent me bousculent. Ils crachent sur moi. Tout le monde est plus grand que moi. Personne ne leur dit d’arrêter. J’attends qu’ils s’en aillent. Ils me crient des mots que je ne comprends pas : « Tetenashigo » (bâtard) ou enfant de « baïshunfu » (putain)/

 On en parle

Chez keisha.

http://ecx.images-amazon.com/images/I/51mV5ngjzLL._SL500_AA300_.jpg

3
Je dois ce livre à un blog que j’ai découvert récemment : « In cold blog » . C’est un beau livre qui décrit bien la désespérante vie des trop petites villes de province américaines et la difficulté de se retrouver dans la vie ordinaire quand on revient d’une guerre comme celle du Vietnam. On sent la violence des rapports entre des gens unis par la détestation de ceux qui sont « différents », et on est vite différents dans une petite ville des USA.

J’ai souvent un peu de mal quand un écrivain français s’empare des problèmes américains pour fonder sa fiction. Mais je trouve que Lionel Salaün s’en sort bien, avec cependant cette réserve , ses idées ressemblent exactement à ce que les français pensent des Américains. Est-ce qu’eux se retrouvent dans cette image ?

Mais ce n’est qu’une réserve minime, j’ai bien aimé le parcours du jeune Billy qui doit s’opposer à sa famille et aux « qu’en dira-t-on » du village pour s’intéresser à Jim Lamar, cet ancien du Vietnam que tout le monde croyait mort. Cela arrangeait bien ceux qui s’étaient peu à peu appropriés les biens des parents de Jim Lamar, décédés avant d’avoir revu leur fils. À vrai dire ce retour dérange tout le monde et le roman peut commencer.

Ce qui, pour moi donne tout son poids au roman, ce n’est pas tant le parcours du jeune Billy, que celui des trois soldats amis pendant la guerre Vietnam. Je suis moins enthousiaste que « In cold Blog » mais je pense que c’est un excellent roman adolescent que les adultes peuvent apprécier également.

Citations

La peur de ceux qui ont vécu la guerre

Or ce que je lisais dans les yeux de Jimmy n avait rien à voir avec le sentiment que j’avais expérimenté . C’était quelque chose d’autre, quelque chose de pisseux , quelque chose qui fait mal, qui fait honte , que rien n’effacera jmais.

 Le racisme des états du Sud

Butch avait été raciste. Un raciste ordinaire qui n’avait jamais frappé ni insulté un Noir, mais qui n’aurait pas songé à l’appeler autrement que Nègre et moins encore admis d’en voir un attablé dans le même restaurant que lui.

Les fêlures ineffaçables

Jimmy s’était efforcé de me faire croire qu’il appartenait à nouveau à la race des insubmersibles, que l’homme peut guérir de ses blessures, colmater les brèches de son âme et repartir à l’assaut de la vie avec la même vaillance.

On en parle

In cold Blog et Sylire.

http://ecx.images-amazon.com/images/I/51k%2BPUD6Z8L._SL500_AA300_.jpg

Traduit de l’anglais (américain) par Carine CHICHEREAU

3
Quand on tient un bon sujet comment en faire un bon roman ? Je savais que les Japonais présents sur le sol américains, pendant la deuxième guerre mondiale, avaient été mis dans des camps et avaient été victimes du ressentiment de la population américaine. Je ne savais rien des femmes japonaises qui avant la guerre étaient venues chercher un mari.

L’auteur nous le raconte, mais d’une façon à la fois surprenante , agaçante et puis finalement intéressante. Elle ne se focalise pas sur le destin d’une femme en particulier mais sur le groupe qu’elles représentaient et arrive à brasser tous les destins. Toutes ses femmes dont nous ne connaîtrons aucun prénom, finissent par nous apparaître comme une masse indifférenciée, la quatrième de couverture parle d’ « un chœur antique ».

Passé la surprise du début, j ‘ai été gênée par ce côté collectif. Moi qui comme tant d’autres ai du mal à bien différencier les visages japonais , voilà qu’un auteur qui met en scène leur souffrances les collectivise. Et puis j’ai fini par accepter, car cela permet à l’auteur de brasser toutes les situations. Certaines ont connu un sort plus enviable que d’autres, mais toutes ont été parquées dans des camps pendant la guerre. Et il n’ y a pas eu sur ce plan là de destin individuel. J’aimerais savoir ce qu’elles sont devenues après.

Je n’arrive pas à voir ce livre comme un chef d’œuvre(comme il est présenté sur la quatrième de couverture) mais je pense que lu à haute voix ou mis en scène je changerai d’avis.

Citations

 le départ vers le camp

 Certains des nôtres sont partis en pleurant. Et certains en chantant. L’une avait la main sur la bouche parce qu’elle avait le fou rire. Certains étaient ivres. D’autres sont partis en silence, tête baissée, plein de gêne et et de honte. Un vieux monsieur de Gilroy est parti sur un brancard. Un autre- le mari de Natsuko, un barbier qui avait pris sa retraite à Florin-, en s’aidant de sa béquille, sa casquette des vétérans de l’armée américaine sur la tête. « Personne ne gagne, à la guerre. Tout le monde perd » disait-il.

Le regard des américains un an après, (phrase finale du roman)

Tout ce que nous savons c’est que les Japonais sont là-bas quelque part, dans tel ou tel lieu, et que nous ne les verront sans doute jamais plus en ce bas monde.

On en parle

En plus de la critique vous y verrez des photos intéressantes : à saut et à gambade.

http://ecx.images-amazon.com/images/I/41KIq3PmqsL._SL500_AA300_.jpg

4
Comme beaucoup d’entre nous, j’avais bien apprécié « l’origine de la violence » du même auteur. Aussi, quand la jeune libraire de la place d’Auteuil m’a conseillé celui-ci, je n’ai pas hésité. Ses conseils étaient bons : grâce à cette lecture, j’ai oublié le temps passé dans les transports parisiens.

Le roman est construit autour des personnages décrits dans la première scène, que j’ai trouvée remarquable. La violence avec laquelle le jeune serveur noir est frappé par l’odieux américain au gamin méchant et mal élevé, m’a touchée, ensuite j’ai été accrochée et je n’ai quitté ce livre qu’à la dernière ligne. Il faut quand même savoir que ce n’est pas un roman très gai et si vous voulez retrouver la forme en ce mois de novembre gris et triste à souhaits , ce n’est pas un bon choix. En effet, si les autres convives du grand restaurant n’ont pas réagi, c’est qu’ils appartiennent au genre qui nous font perdre confiance dans l’humanité d’aujourd’hui.

Entre l’oligarque russe qui a prit part au dépeçage de la Russie pour son seul profit, le futur trader qui met son savoir mathématique au service de l’enrichissement le plus rapide possible et l’Américain qui a trouvé comment une société de crédit pouvait s’enrichir sur le dos des très pauvres, le récit n’est pas franchement optimiste, mais hélas !…. réaliste. Le destin croisé des rapaces de la finance et de ce jeune serveur, Sila qui n’a rien, que la chance de vivre , est vraiment bien mené,( malgré quelques outrances) et nous permet de nous remémorer tous les événements qui ont fait l’actualité de ces dernières années.

La seule réserve que je ferai, c’est que j’ai trop senti, par moments, la trame romanesque l’emporter au dépend de la crédibilité des situations et de la profondeur des personnages.

Citations

 Définition de la finance aujourd’hui

 Le monde financier est un circuit automobile avec des voitures sans freins. Lorsque tout va bien, toutes les voitures tournent. Si l’une d’elle a un accident… advienne que pourra.

 L’aide du FMI

 La Russie était en cessation de paiement. Le FMI, comme prévu, avait donné de l’argent. Le lendemain même, sur les comptes des paradis fiscaux, on en retrouvait des traces : une partie de la manne avait été détournée par les oligarques.

 Les « vrais » riches

Son avion privé l’attendait et il constata avec amusement que les hommes ruinés restent riches.

On en parle

KathelAifelleHelène (que des amies chez qui je pioche souvent de bonnes idées !).