Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque , thème : le voyage.

3
J’ai dans la ma liste, deux romans de cet auteur que vous avez été plusieurs a bien aimés : « la lune captive dans un oeil mort » et « la théorie du panda » chez Krol une fan inconditionelle de cet auteur. 
Ce roman est, je le pense parce que je n’ai pas lu les autres, un bon exemple de son écriture.

Il y a un charme à sa façon d’écrire, et ses personnages sont attachants malgré leur peu d’envie de vivre. Mais j’avoue que l’extrême pudeur du narrateur m’a quelque peu dérangée. Le narrateur mal dans sa vie, et en décalage avec le monde qui l’entoure, s’enfuit à travers la France avec sa fille Anne qu’il a fait sortir de l’hôpital psychiatrique. On ne saura pas pourquoi elle y était, une chose est sûre, il aurait mieux valu, pour les personnages transformés en cadavres, qu’elle y soit restée.

Rien n’étonne son père (moi si !) et comme il n’a plus goût à grand chose cette cavale lui semble mieux que la vie avec la gentille Chloé qui passe son temps à rénover des tables de nuit. Dit comme ça, on pourrait penser que je n’ai pas aimé ce roman, ce n’est pas tout à fait vrai , Pascal Garnier a un style et une façon de raconter qui retient le lecteur.

Je lirai ses autres livres pour me faire une idée définitive de cet écrivain. Pour l’instant je ne suis pas totalement conquise.
Je mets en lien son interview où il m’est apparu très sympathique.

Citations

J’aime bien cette phrase

Bien des fois, alors qu’il circulait au volant de sa voiture, il avait remarqué ces individus, généralement solitaires, penchés au-dessus des grands axes routiers comme des busards mélancoliques.

C’est exactement l’état d’esprit du personnage principal

La vie au paradis. C’était exactement l’idée que Marc s’en faisait, l’insignifiance poussée jusqu’à la perfection. 

On en parle

Biblio-lingus beaucoup plus enthousiaste que moi

et son interview sur encres vagabondes

la-traversee-du-continent

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque, Thème littérature francophone canadienne.

5Et voilà 5 coquillages sans l’ombre d’une hésitation : quel plaisir de découvrir un petit bijou de lecture qu’on a immédiatement envie de partager avec tous ceux qu’on aime. Un club de lecture, ça sert à ça : PARTAGER des plaisirs. Une enfant de 11 ans vit depuis 5 ans avec ses grands parents aimants et ses deux petites soeurs, dans un tout petit village francophone, au milieu des champs de maïs ; elle doit traverser le continent Nord américain , pour retrouver sa mère .

Tout est parfait et sonne juste dans ce roman, d’abord la séparation avec les grands parents. L’auteur change de point de vue à chaque fois que Rhéauna (Nana) doit se confronter à la peine d’un membre de sa famille, on suit d’abord les difficultés de la petite fille, puis en quelques pages très sobres, on comprend pourquoi l’adulte en est arrivé à vivre une vie qui semble parfois totalement absurde. Comme le mari de Bébette monstre obèse qui dégoûte profondément la petite Rhéauna.

Le grand-père sait qu’après le départ de ses petites filles qu’il aime encore plus fort que sa propre fille, il n’y aura plus que la mort comme perspective. Sa souffrance m’a beaucoup touchée. La première halte de l’enfant, c’est chez la petite soeur de son grand-père. La mal aimée, l’acariâtre tante révèlera son douloureux et si beau secret à la petite fille émerveillée. Ensuite, elle retrouve Bebette et son fameux « saperlipopette », que de tristesse derrière cette personnalité exubérante !

Puis elle retrouve Ti-Lou , qui est devenue « guidoune » pour faire souffrir son tortionnaire de père. À travers ce voyage , l’enfant va peu à peu se détacher de la déchirure qu’a représentée la séparation de son lieu d’enfance protégé par ses grands-parents et en même temps, s’attacher et aller vers sa mère. Les trois rêves qu’elle fait dans le train sont de très beaux moments de littérature et permettent de comprendre le chemin inconscient de l’enfant qui part de la terreur pour aller vers l’indépendance et l’affection.

La chute, la fin, je ne peux pas la raconter sans déflorer le roman, mais c’est absolument génial. Le style fait beaucoup pour le plaisir de lecture, on ne comprend pas tous les mots mais on savoure une langue venue d’ailleurs, plus rocailleuse que le français mais qui va bien avec ce que décrit l’auteur.

PS je n’explique pas le mot « guidoune » à vous de trouver !

Citations

Les mots qu’on ne connaît pas mais qu’on comprend

Il l’embrasse à pleine bouche, cette fois en ratoureux qui n’a pas d’autre argument.

Les personnalité et les rôles dans les fratries

Elle continuait de faire rire tout le monde, comme toujours, tout en faisant preuve d’une assurance étonnante. Et se montrait tranchante quand elle trouvait bon de l’être, c’est-à-dire à peu près tout le temps.

C’est ainsi qu’elle s’était transformée sans trop s’en soucier en tortionnaire de cette petite sœur qu’elle considérait davantage, à l’instar des autres membres de la famille, comme la servante de la maisonnée que comme la fille cadette des Desrosiers, Bebette commandait, Régina obéissait. Ce n’était nulle part, c’était juste une chose qu’on acceptait sans discuter. Et qui avait durer des années.

J’ai enfin compris l’utilité des dimunitifs

Ils portent des noms impossibles, Althéode, Olivine, Euphrémise, Télesphore, Frida, Euclide, qu’ils font claquer à grands coups de tapes dans le dos ou entre deux embrassades.

 La société dans les années 1900

En grandissant , tu vas te rendre compte qu’on vit dans un monde fait par les hommes, pour les hommes….pis souvent contre les femmes…C’est comme ça depuis la nuit des temps, on peut rien y changer, pis celles qui essayent de changer quequ’chose font rire d’elles… Elles ont beau se promener dans les rues avec des banderoles pour exiger le droit de vote par exemple, tout le monde rit d’elles…même les autres femmes. Tu comprends, on a juste trois choix, nous autres : la vieille fille ou ben la religieuse -pour moi c’est la même chose- , la mère de famille, pis la guidoune.

 On en parle

Babelio en attendant de mettre des liens plus précis

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque.
Proverbe yiddich qui se vérifie dans le roman :

Avec le mensonge on peut aller très loin, mais on ne peut pas en revenir.

3
Je suis passée sur Babelio et j’ai vu que ce roman était encensé par le monde des blogs. Donc je suis un peu mal à l’aise car je vais commencer par quelques critiques. Certains procédés de styles sont difficilement supportables. Kaine Tuil utilise/use/abuse/ me soûle avec les slashs , j’ai failli refermer le livre. Mais j’aurais eu tort : on s’habitue à tout. Elle a découvert également un « truc » qui l’amuse beaucoup . Les notes en bas de page , à propos de personnages secondaires qui ne font que passer dans l’histoire.

L’histoire est très complexe, tout repose sur un trio amoureux qui tourne mal. Autant les deux personnages masculins, Samuel et Samir sont intéressants, autant le personnage féminin, Nina,est complètement vide. Elle est belle, voilà tout.
C’est quand même pas beaucoup. On ne sait qu’une chose d’elle , elle n’a pas osé quitter Samuel pour Samir qu’elle aime car Samuel a essayé de se suicider en apprenant son départ.

Est ce là tout ? Non, car ce roman brasse toute notre époque et décrit de façon pertinente certaines de nos difficultés. Par exemple ce que dit Samir sur sa difficulté à intégrer le monde des avocats d’affaire en tant que jeune arabe musulman est crédible. Cela va l’amener à mentir sur ses origines , d’un petit mensonge du début : Samir va se changer en Sam et se forger peu à peu, une identité juive. J’ai beaucoup apprécié que cette auteure qui visiblement connaît bien ce milieu n’en reste pas à de vagues jugements anti- racistes simplistes.

À la fin du roman Samir (Sam) aura la surprise de voir que le cabinet d’avocat qui l’avait embauché sur sa fausse identité juive, vient de recruter un jeune Soufian arabe et musulman sur ses qualités intellectuelles. La réussite de Sam ,mari d’une très riche héritière juive de New York va se transformer en cauchemar le jour où son demi frère refait surface de sa banlieue parisienne. La fin est inattendue et bien imaginée.

Donc, un roman qui a plu mais qui ne m’a pas passionnée. Je l’ ai lu peut-être un peu rapidement car je voulais le rendre assez vite pour que d’autres lecteurs du club de lecture puissent se faire une opinion.

Citations

Le truc des notes en bas de page et les slashs

Ils se retrouvent autour d’une table en Plexiglas noir placée devant la piste de danse, un seau à champagne attire des pétasses blondes/brunes/rousses. Dès filles° nues s’enroulent autour de rampes lumineuses

° Charlène et Nadia,23 et 25 ans. La première rêvait de devenir danseuse classique. La seconde avait longtemps été professeur d’aérobic avant d’ être embauchée dans ce club sur l’insistance de son compagnon Bruno Benchimol dit BB. A ses parents, elle avait dit qu’elle travaillait « dans l’événementiel »

Les arabes et les juifs

La vérité, c’est que les Arabes se sentent humiliés et les juifs persécutés.
La vérité c’est que les Arabes réagissent encore comme si on cherchait à les coloniser et les juifs comme si ils risquaient toujours d’être exterminés.

 On en parle

sur Babelio et »blablamia » avec qui je suis en grande partie d’accord

 Traduit de l’allemand par Olivier MANNONI

1
Une énorme déception, j’ai fini par lire complètement en diagonal les derniers chapitres. Pourquoi suis-je allée vers ce roman, parce que « Small World » du même auteur,est pour moi un excellent roman. Il y avait tout dans ce roman, l’intensité d’un polar, une réflexion sur la société et les difficultés d’un être en prise avec un Alzheimer débutant. Et j’avais également beaucoup aimé « le cuisinier« . Et là rien, sauf une lenteur et une prétention à propos des réflexions sur le temps ! Le scénario à peine digne d’un mauvais atelier d’écriture, un vieil homme obsédé par la mort de sa femme veut remonter le temps.

Comme le temps n’a pas de réalité, que seuls le vieillissement et les transformations sont tangibles, il va embarquer le narrateur qui a, également, perdu sa femme (assassinée devant chez lui) dans une reconstitution à l’identique de la journée d’avant la décision qui a entraîné la mort de sa femme.

Et voilà , le roman, il faut retrouver dans les moindres détails la journée où le vieil homme va accepter d’aller au Tibet avec son épouse et non pas en Afrique où celle-ci attrapera une malaria mortelle. Et là vraiment c’est d’un ennuie mortel : il leur faut mesurer chaque plante, chaque portion du paysage de leur rue… En même temps notre narrateur recherche l’assassin de sa femme, et surprise, ce n’est pas la mauvaise piste sur laquelle nous étions au début, et puis surprise finale.

Non , je ne vous en dit pas plus lisez le, si vous voulez, et sachez que cet écrivain mérite beaucoup mieux que ce roman.

On en parle

Sur Babelio avec plein de critiques positives.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque, thème le voyage.
Traduit de l’italien par Carole Cavellera.

2
Les hasards sont étranges, je lis ce livre et en même temps, j’entends une émission consacrée à Malaparte. 
Personnalité ambiguë , l’émission m’a donné envie de relire ses œuvres plus connues. Je ne peux pas dire que j’ai été conquise par ce court roman. Et je me demande bien pourquoi il a été choisi pour participer au club de lecture sous le thème « voyage ».

Il s’agit surtout de la guerre et de la désorganisation des troupes confrontées à la défaite. Voici l’histoire : un soldat ramène le cercueil de son capitaine à sa famille à travers une Italie en déroute. La quatrième de couverture parle « d’un portrait tout en finesse du peuple italien, capable des pires bassesses mais aussi plein de courage et de générosité. ».

Le roman ne fait qu’une centaine de pages donc très court et sans grand intérêt et il faut tout la bienveillance d’un éditeur pour dire que c’est « un de ces inédits dignes de figurer aux côtés des plus grandes œuvres de leur auteur ». Le soldat a promis à son capitaine de ramener son corps à Naples , il va le faire , on se demande bien pourquoi. Au lieu de se rendre , puisque le combat était perdu d’avance, ce capitaine a fait tuer dans des combats pour l’honneur la moitié de ses hommes.

On a du mal à comprendre que ce brave soldat soit si attaché à son officier. Mais, avec ce que j’ai entendu de Malaparte , j’ai pensé que cela correspondait à son idéologie : un brave paysan rustre mais honnête, qui se charge du corps de son capitaine appartenant à la vieille noblesse italienne. Sur son chemin, il rencontre d’abord une jeune orpheline éprise de liberté, mais qu’il sera incapable d’aider, puis une femme dont il va tomber amoureux.

On retrouve dans les descriptions des personnages , l’ambiance des films néoréalistes de l’après guerre en Italie. Ce sont souvent des femmes courageuses qui s’opposent aux truands mais elles doivent avant tout trouver du travail pour nourrir leur famille. Il y a un passage très cinématographique , où Mariagiulia administre une claque superbe à une mère maquerelle , et où les macs ne peuvent pas s’opposer à la fuite des jeunes femmes qu’ils avaient déjà recrutées pour leur sale trafic.

Je me demande bien ce qu’en penseront mes amis du club… (vous avez remarquez le masculin , et oui avec la nouvelle médiathèque , un homme a rejoint le club !).

Citations

Au début

Ce sont des hommes simples, honnêtes, et bien qu’ils pressentent que tout est perdu, inutile, qu’il n’y a plus rien à faire , ils ne renoncent pas à leur devoir .

À la fin

 Invoquant la Madonne et tous les Saints, avec cette forme de piété collective qui à Naples est le signe le plus noble, le plus spontané , de la solidarité chrétienne et sociale des pauvres.

On en parle

lecture addict où j’ai lu une remarque très intéressante, c’est une ébauche de roman, je pourrai rajouter ou un script de film.

 Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque (thème : littérature canadienne).

3
Je ne connaissais pas cette auteure, pourtant présentée comme un « grand classique » de la littérature canadienne. C’est un roman très agréable à lire , même si (ou parce que !)on a parfois l’impression d’être au pays des « bisounours » ! Tout le monde est gentil et même les méchants sont fréquentables. Ce roman correspond à l’idée que l’on se fait des Canadiens : des gens vivant dans des contrées très isolées dans une nature aussi belle que sauvage, parlant peu , rudes à la tâche et au cœur d’or.

Derrière le côté gentil, se dessine des vrais personnalités , et en lisant ce livre, je me disais que nous, lecteurs d’aujourd’hui,étions davantage attirés par la noirceur et la dureté des rapports humains. Par exemple, le personnage de Bessette qui exploite les trappeurs aurait pu être peint sous les traits d’un infâme avare, certes, il est odieux , mais comme tout le monde doit vivre avec lui , on a l’impression qu’il est préférable de l’accepter comme il est.

Et notre homme d’église qui se donne le rôle de justicier, et qui réussira à faire payer les fourrures à un prix plus juste, s’en voudra d’avoir précipité les hommes des bois dans un alcoolisme encore plus violent qu’auparavant (du temps où Bessette les exploitait outrageusement). J ai été émue par le passage où Luzina se rend compte que l’éducation qu’elle a tant voulu donner à ses enfants les a conduits à s’éloigner définitivement de son mode et de son lieu de vie.

Un roman sympathique , bien loin des difficultés de notre société actuelle, un bol de grands espaces peuplés de gens gentils.

 Citations

Portrait d’un taiseux

Dans un pays où on était souvent silencieux, faute d’avoir du nouveau à commenter, il détenait le record de la taciturnité. Il passait pour avoir mené ses affaires, accepté des commissions, rendu service, accompli son devoir de facteur, fait l’amour, procréé des enfants, tout cela sans avoir prononcé plus d’une dizaine de phrases.

 Un trait de caractère assez répandu

Telle était Miss O’Rorke. Sa préférence morne et accablante allait toujours à ce qu’elle avait perdu, et s’il y avait des coins du monde qu’elle vantait sans répit, c’étaient toujours ceux-là où elle était assurée de ne plus remettre les pieds.

 Un facteur qui a une vision personnelle du progrès

Quinze ans plus tôt , il était arrivé tout fin seul dans ce pays, et il avait pu croire qu’il y vivrait en paix. Personne ne savait écrire et lire dans ces bons temps , et personne n’en souffrait. Le progrès, la civilisation, comme ils appelaient les embêtements, avaient tout de même commencé à les rattraper, petit à petit dans le Nord. D’abord les gens s’étaient fourré dans la tête de recevoir des lettres, des catalogues de magasins. Les catalogues de magasin , voilà à peu près ce qu’il y avait de plus bête au monde ! C’était encombrant. Ça vous bourrait un sac en un rien de temps, et pourquoi, je vous le demande ! Rien que pour vous démontrer que vous auriez maintenant besoin d’un tas de choses dont vous vous étiez parfaitement passé…

On en parle

Livres de Malice que j’ai trouvé sur Babelio.

 Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque

4
Encore une fois, j’ai oublié sur quel blog j’avais acquis la certitude que je lirai ce livre. 
Mais lorsque la bibliothécaire, responsable de mon club de lecture (qui a enfin repris ses activités après un an d’absence),a proposé ce livre, je me suis précipitée. Pour moi, il s’agit plus d’un roman que d’une biographie du fils schizophrène d’Albert Einstein, Eduard.

Laurent Seksik a consulté toutes les sources disponibles pour essayer de cerner au plus près les relations dans la famille Einstein. Il est médecin et il a mis son savoir médical au service de la compréhension de la schizophrénie d’Eduard. Mais la relation entre le père et le fils demeure du domaine de l’intime , et aucun biographe ne pourra jamais la faire comprendre complètement. Je craignais avant la lecture que la phrase en quatrième de couverture : « Le fils d’Einstein finira ses jours parmi les fous, délaissés de tous, dans le plus total dénuement. » soit le fil conducteur du roman et qu’on assiste à un déboulonnage en règle de la célébrité d’Einstein.

Ce n’est absolument pas le cas. Eduard est le fils de la première femme d’Einstein, et l’éloignement de son père est, aussi, le résultat d’un divorce très douloureux et des violences de la guerre. Einstein a dû fuir l’Allemagne nazie en laissant tous ses biens derrière lui, il est arrivé en Amérique mais ses positions antiracistes lui ont valu la réprobation d’une grande partie des classes dirigeantes de ce pays.

L’auteur ne justifie rien, il expose des vies déchirées par l’horreur du temps et en particulier du nazisme, par le divorce et la maladie mentale. Bien avant d’être célèbre, le couple Einstein a connu l’horreur de perdre une petite fille qu’ils avaient mis en nourrice, évidemment son épouse s’en voudra beaucoup et lui, a caché et sans doute nié, ce fait toute sa vie. Liserl aurait-elle vécu si elle était restée près d’eux ? Comment soignait-on la scarlatine à cette époque ? J’avoue avoir été plus choquée par la mort du fils de leur fils aîné , Hans-Albert qui refusera au petit Klaus les soins pour une diphtérie au nom de sa foi dans l’église scientiste !

Ce livre pose cette question à tous ceux qui connaissent la maladie mentale : comment aider un schizophrène qui s’enferme dans un rejet violent de toute forme de compassion . La famille est souvent la plus mal placée pour aider le malade . Eduard semble haïr son père , alors que sans doute il aurait voulu que celui-ci s’occupe de lui. Je pense que seule une institution faisant preuve d’humanité peut réellement aider le malade qu’il soit fils d’Einstein ou du plus parfait inconnu.

Loin de tout voyeurisme ce livre m’a bouleversée , et je le trouve d’une honnêteté admirable !

Citations

Être le fils d’Einstein

 Peut-être que de nombreuses personnes se présentent en ce lieu en affirmant être le fils d’Einstein. Je ne leur jetterai pas la pierre. Porter un illustre patronyme peut être considéré comme une chance. On croit que la gloire rejaillira sur soi. On se trompe lourdement. Le nom d’Einstein est une charge pour le commun des mortels. Une seule personne possède les épaules assez solides pour supporter un tel fardeau : mon père. Ni mon frère ni moi n’avons la stature. Voilà la cause de mes tracas si c’est ce que vous cherchez.

 Le lourd secret

Liserl était le secret le mieux préservé de la légende Einstein, mieux gardé que celui des Templiers. Aucun registre n’attestera jamais de sa naissance. Nul ne se doute encore aujourd’hui, en 1930, trente ans après les faits qu’Albert et elle avaient eu et abandonné un enfant, que cette enfant était décédée. Liserl Einstein était effacée des mémoires.

Note d’humour (il y en a peu !)

La production a utilisé une doublure pour la fin. Finalement il n’y a pas que moi qui me dédouble. Mais moi, ce n’est jamais du cinéma.

 La neutralité Suisse

Nos coffres sont pleins et nous n’avons pas connu la guerre. Préférerais-tu l’inverse ? La Suisse n’a jamais été en guerre. Elle n’a souhaité la défaite de personne , la victoire de personne. Qui prétendra le contraire est un menteur. Soit il te ment maintenant à toi et à tes Alliers vainqueurs, soit il a menti aux Boches pendant six ans.

 Le courage d’Einstein et la faiblesse d’un père

Il a eu tous les courages. Braver la Gestapo,soutenir, un des premiers, la cause des Noirs, aider à la création d’un état juif , braver le FBI, ne pas baisser l’échine, ne jamais renoncer, écrire à Roosevelt pour construire la bombe contre l’Allemagne et écrire à Roosevelt pour arrêter la bombe destinée au Japon. Soutenir les juifs opprimés par le Reich. Pétitionner. Être en première ligne. Mais aller voir son fils est au-dessus de ses forces. Il a trouvé ses limites. Seul l’univers ne connaît pas de limites.

 Le rapport père fils

Il est le père d’Eduard. Qu’est ce que cela signifie ?

Les pères engendrent les fils. Mais ce sont les fils qui rendent père leur géniteur, qui font d’eux des hommes.

On en parle

Dans Babelio

3
Roman chaudement recommandé par la blogosphère et à lire pour ne jamais oublier le poids négatif du racisme dans les sociétés. L’auteure est française et connaît visiblement bien la société américaine, comme à chaque fois qu’une étrangère pose son regard critique sur le fonctionnement d’une société , je suis toujours moins convaincue que lorsqu’un écrivain du pays le fait lui-même. Et sur le sujet les Américains décrivent fort bien ce qu’a été la condition des noirs et les retentissement sur les comportement actuels.

Je pense, par exemple, au livre incontournable « le temps où nous chantions » de Richard Powers. Tout va mieux depuis l’élection d’Obama qui rassure enfin cette communauté et a donné, en France,davantage confiance dans la société américaine. Le sujet du roman tourne autour d’une tragédie : des adolescents d’une même famille noire meurent parce qu’ils ne savent pas nager. S’ils ne savent pas nager, c’est que le fameux poids du racisme fait que les enfants noirs ont été si longtemps interdits de piscine , qu’ils en sont venus à penser qu’ils n’étaient pas faits pour la natation.

Tragédie qui permet d’en évoquer une autre, celle où un jour en 1949, des enfants noirs ont cru qu’ils pourraient eux aussi jouer dans les piscines. La vieille femme noire, enfermée dans ses propres souvenirs et dans ceux, encore plus horribles, de ses parents, ne peut pas comprendre la façon de vivre de sa fille , avec des enfants sans père et de son petit fils qui risque d’aller vers la délinquance.

C’est un roman très fort, mais un peu trop démonstratif.

Citations

La grand-mère à son petit fils

Tu ne comprends pas que tu ressembles à ce qu’ils pensent de toi, à ce qu’ils attendent de toi, que tu fais mal aux tiens, à ceux qui sont là, comme à ceux qui sont morts.

 La piscine et les noirs

– Que voulez-vous dire par là ? Que les jeunes Noirs ont eux mêmes intégrés ce mythe qui veut qu’ils ne puissent pas nager ?

– Absolument. Leurs parents n’avaient pas accès aux piscines et ils ne leur ont pas appris à nager.

 Les hommes

Mais le monde s’en fout des souvenirs des dames noires flétries, qui racontent que le long zizi de l’homme noir, ça n’existe pas, que nos homme s ont peur , qu’ils hurlent en silence comme Howard, qu’ils pleurent en secret comme henry, qu’ils frappent comme le fils de Madame King, qu’ils s’en vont comme les amours de Dana, qu’il n’y a pas d’hommes pour élever nos hommes.

 On en parle

Les fans des livres où j’avais noté ce roman.

 

4
Je suis ravie de retrouver mon blog avec ce roman qui m’a beaucoup plu. 
Il a été couronné par le Goncourt des lycéens, ce prix lui va très bien : je connais, en effet, peu d’adolescents insensibles à la détermination d’Antigone. Cette jeune femme qui reste inflexible à propos de la dignité des morts, est bouleversante , elle est le petit grain de sable qui empêche la tyrannie d’être satisfaite d’elle même.

Quelle idée merveilleuse (hélas, une idée de roman !) de vouloir monter la pièce de Jean Anouilh dans le Liban en guerre ! L’auteur qui est journaliste,a couvert les guerres de son époque et il sait rendre compte de l’horreur des morts dans les pays où l’humanité disparaît au profit de la force armée et souvent barbare. Il m’avait déjà convaincu en écrivant à propos de l’Irlande , « Retour à Killybegs » ?

Les premières pages du « quatrième mur » décrivent un tir de char, elles sont d’un réalisme incroyable , j’ai senti la mort beaucoup plus précisément que dans n’importe quelle image de film. Le narrateur reprend le projet de son ami Samuel qui est juif et qui se meurt d’un cancer , il essaie de monter Antigone avec de jeunes acteurs venant des différentes composantes religieuses libanaises. Présent lors des massacres de Sabra et Chatila, son projet théâtral est noyé dans le sang et sa raison vacille face à tant d’horreurs.

De retour en France , même l’amour de sa petite fille ne pourra le ramener aux joies simples de la vie. Plusieurs centres d’intérêts peuvent vous conduire à vous intéresser à ce grand roman :

  • le parcours d’un gauchiste de 68
  • la difficulté d’être juif , orphelin de parents morts en déportation.
  • la guerre du Liban
  • La difficulté de se situer au-delà des haines religieuses
  • la force d’un texte théâtral
  • mais surtout les horreurs des guerres civiles et les difficultés pour les témoins de croire de nouveau à la vie.

Un livre qui fait réfléchir et qui fait écouter autrement les informations internationales , celles qui viennent de pays où les hommes se tuent sans respecter la moindre humanité pour des raisons qui semblent si futiles lorsque les années passent .

Citations

 Une phrase sur l’amitié qui m’a fait réfléchir

La vie s’était chargée de nous disperser. Sam m’avait donné son adresse à Beyrouth, son numéro de téléphone aussi, mais je ne l’avais jamais appelé. Il existait. Pour moi, c’était suffisant. Je pensais que notre amitié se nourrissait de distance et je m’étais trompé. J’avais perdu trois ans de lui.

Antigone revisitée

– Je n’ai pas lu votre pièce mais Nabil , mon aîné l’a fait pour moi. Il m’a dit , au contraire, qu’elle était exempte de médisance. Qu’elle ne représentait ni le Prophète -prière et salut de Dieu sur lui- ni ses messagers. Qu’elle ne manquait pas de respect à ses grands compagnons. Et aussi qu’elle n’insultait pas l’islam. Qu’elle ne cachait ni nudité , ni insulte, ni autre souillure.
– Mes fils m’ont dit que leur rôle de gardes serait d’entourer leur chef, de le protéger comme un père et de faire respecter son autorité. Ils m’ont expliqué qu’une jeune femme le défiait. Qu’à travers lui, elle narguait la loi divine et que ce calife bien guidé mettait un terme à cette arrogance.

La tragédie

– Et moi, j’aime la leçon de tragédie que donne cette pièce, cette distance prise avec la banalité du drame. Souvenez-vous de ce que le Choeur nous apprend de la tragédie. Il dit que la tragédie, c’est propre, c’est reposant,c’est commode. Dans le drame, avec ces innocents , ces traites, ces vengeurs, cela devient compliqué de mourir. On se débat parce qu’on espère s’en sortir, c’est utilitaire, c’est ignoble . Et si l’on s’en sort pas, c’est presque un accident. Tandis c ela tragédie, c’est gratuit. C’est sans espoir. Ce sale espoir qui gâche tout . Enfin il n’y a plus rien à tenter . C’est pour les rois la tragédie.

 On en parle

Dans le blog de Krol (Je lui avais dit que je lirai ce livre et son avis a compté dans ma détermination.). Et tous les 54, plus un (le mien !), avis de Babelio.

 

 1
Voilà ! Mes coquillages parlent pour moi, ce livre est une grande déception. J ai quelques difficultés à exprimer ce que j’ai ressenti pour plusieurs raisons
 :

  •  Ce livre est un cadeau que j’ai demandé, dans le cadre de l’opération match de la rentrée littéraire organisée par Price.Minister.
  • Un cadeau, on a toujours envie que cela plaise, c’est toujours plus compliqué à évaluer, mais c’est le jeu on doit même noter ce livre .

  • Mais pourquoi donc, suis-je allée vers ce roman ? J’avais lu des critiques élogieuses du premier livre de Maria Pourchet : « Avancer » sur des blogs que je lis régulièrement . (Comme celui de Keisha). Et, souvent, j’aime ce genre de regard acide sur notre société

  • Et enfin,cette écrivaine a l’art de la formule, c’est absolument certain.

    Alors ?

Tout ce livre m’a rendu triste et très perplexe. Pourquoi mettre son talent à décrire des gens qui n’en ont aucun ? Cela se passe dans le milieu « bobo » branché parisien. Tous ses personnages n’ont comme sujet de conversation que la critique acerbe des gens qu’ils connaissent et si possible de se faire les dents sur les plus faibles qu’eux. Le départ c’est une fête d’anniversaire surprise. Ressort souvent utilisé au cinéma , avec une petite variante, l’homme ne veut pas sortir et sa compagne ne pourra pas l’extraire de son canapé face à sa télé. Les invités, sur une terrasse en plein Paris, se morfondent en les attendant, et, l’alcool aidant ils dressent des portraits peu flatteurs des uns et des autres.

On est dans un monde du paraitre et de la formule qui fait mouche. L’auteure semble promener sa caméra dans un monde qui la dégoûte quelque peu, elle prend le lecteur à partie et raconte ses personnages comme si elle les disséquait plutôt que de leur donner vie. Son lecteur, peu à peu, s’attriste et se se demande , pourquoi Maria Pourchet s’intéresse à ces gens là , et si, elle même s’ennuie à les fréquenter , elle nous amène à éprouver le même sentiment. On a envie de fuir, la vie est ailleurs, ces bobos parisiens qui peuvent en une soirée dépenser en boisson un mois d’un bon salaire, ce n’est qu’une toute petite partie de notre société, vaut-elle un roman ?

Ma réponse est : en tout cas pas celui-là !

Citations

Scène avec l’homme du cinéma (Ariel) qui embrasse et tutoie tout le monde et qui attire ceux que la notoriété fascine

Toujours à propos d’Ariel, elle songea mufle, connard, frimeur, mais le garda pour elle.

On commençait à trouver curieuses ces démonstrations répétées d’affection de quelqu’un qui n’avait a priori besoin de personne, vis à vis d’un autre qui, en plus d’être anonyme, semblait se complaire dans le service.

 Portrait de Paul-chômeur (celui qui aurait dû être le héros de la fête) vu par sa femme

Commentant les liens, pas toujours clairs, qu’elle ne pouvait s’empêcher d’établir entre l’accès de Paul à l’emploi, leur accès à la propriété et son accès à la maternité, elle avait un peu insisté sur ce travail que Paul n’avait pas su conserver . Et ensuite sur tous ceux qu’il n’avait su prendre. Elle les avait évoqués un à un , rappelé les excuses que Paul avait trouvées, innovant chaque fois pour échapper au salariat, ou simplement à la rémunération . C’était trop loin, c’était trop peu, tel employeur avait mauvaise réputation , tel autre était sous alerte financière, untel avait la poignée de main humide. Les occasions que Paul ne voyait pas arriver, les offres qu’il ne sentait pas , les gens dont il se méfait, les gens dont il était sûr qu’ils se méfiaient. Toutes les proies lâchées pour autant d’ombres, pas même des ombres, des fantasmes.

 On en parle

Un blog que je ne connaissais pas, tenu par quelqu’un qui l’a lu dans le même cadre que moi : Stendhal syndrome