SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
Traduit de l’anglais par Bernard TURLE.

2
La quatrième de couverture dit que Londres est le personnage principal de ce roman. Effectivement au gré de l’ascension vers la bourgeoisie ou de la déchéance, on se promène de quartier en quartier, à travers le Londres huppé aux zones nettement plus populaires. Ces trois frères, nés à un an d’intervalle, jour pour jour,sont abandonnés par leur mère et connaissent trois destins complètement différents, ils vont tous se retrouver à travers une sordide histoire immobilière.

L’intrigue est bien menée et ce roman peut se lire comme une enquête policière. J’ai beaucoup de réserve à propos de ce roman, les trois frères n’ont aucune consistance , ils sont des caricatures de personnages, l’arriviste journaliste, l’homosexuel, professeur d’université et le doux rêveur. C’est une charge impitoyable de tous les milieux britanniques mais on y croit pas. La peinture de Cambridge est une horreur, je veux bien croire que les intellectuels britanniques soient pitoyables, mais à ce point là on s’interroge quand même sur le fait que la Grande Bretagne ne soit pas un pays complètement sous développé intellectuellement ; évidemment la presse est corrompue, et la classe politique idem. Les coïncidences sont le principal ressort de l’intrigue donc j’imagine que même les amateurs du genre policier vont être déçus.

Citations

L’automne à Londres

Lentement, elle se releva, enfila son manteau et ouvrit la porte d’entrée. Au moment de partir , elle entendit un enfant pleurer, et elle s’aperçut qu’elle pleurait encore. Comme il avait plu, la lumière des lampadaires se reflétait sur le trottoir luisant. L’automne était arrivé deux ou trois jours avant, et la température s’était brusquement rafraîchie. Les Américains, songea-t-elle à part soi, appellent l’automne fall : la chute. 

L’intellectuel professeur de Cambridge

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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

3
Finalement Keisha, le club de lecture a décidé que je lirai ce livre. Tu ne savais pas trop comment nous le recommander, comme toi, je l’ai lu en une nuit, enfin une partie de la nuit. Je pourrais recopier ton billet avec lequel je suis entièrement d’accord, mais ça ne se fait pas ! Je rajoute que, si je ne l’ai pas laissé tomber à la page 50, il y a deux raisons le club, bien sûr et le billet de Keisha. N’en concluez pas que vous pouvez économiser la lecture de ce roman, non, j’aimerais tellement avoir l’opinion de mes blogueuses préférées (excuse-moi Jérôme mais pour les blogs, le féminin l’emporte de façon trop nette sur le masculin quelles que soient les règles de grammaire !). J’ai trouvé une formule pour décrire ce livre : « du Gavalda avec un effort de concision extrême ». Et attention , je ne rejette pas du tout Anne Gavalda, je dois même avouer que, dans une période de déprime, elle m’a fait beaucoup de bien.

Arnaud Derek esquisse ses personnages et les anecdotes dans lesquelles il les met en scène, ça ressemble plus à un synopsis qu’à un roman véritable. Les rencontres sont improbables comme une plage au pôle Nord, mais ces gens un peu cassés et abimés par la vie vont se faire plus de bien que de mal. Si j’avais été tentée de l’abandonner , c’est que je déteste qu’on me prenne à partie dans un livre et que l’auteur m’annonce la suite .. mais là il s’agit du procédé de style sur lequel est construit tout le roman, j’ai donc fini par l’accepter.

Il y a un charme incontestable à ces esquisses de personnalités et d’histoires, on se surprend à remplir les vides que l’auteur n’a pas voulu écrire. Et on reconnaît de plus en plus notre société dans ce qu’elle a de plus acceptable. Oui, Keisha, ce court récit fait du bien et cet auteur a un style bien à lui qui me m’amènera, j’en suis sûre à lire ces autres romans.

Citations

Parce que je fais partie des amatrices de Rooboïs

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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

3
Walaande, c’est le jour où une des épouses d’un polygame prend en charge les tâches de la maison et la nuit avec son mari. Le polygame musulman a le droit à quatre femmes, s’il est riche et peut leur payer le même train de vie à elles quatre. Djaïli Amadou Amal, connaît bien cette région du Nord Cameron et elle est Peule comme ses quatre héroïnes. Elle rassemblé ses souvenirs pour écrire son roman, une interview donnée à « Africulture » éclaire bien son propos.

Ce roman se lit très rapidement. Il décrit de façon très précise la condition de ces femmes réunies pour satisfaire les désirs d’un seul homme. Elles sont différentes mais ont en commun d’être très malheureuses. Comme il s’agit d’un roman, il y a une histoire qui se finit bien, trois des enfants vont s’émanciper de la tutelle de leur tyran de père. On y croit pas beaucoup, je pense que dans la réalité même si la jeunesse grâce aux modes de communications actuels, prend conscience que le monde peut évoluer , le poids des traditions très bien décrites par cette auteure doit être plus fort que leurs désirs d’émancipation, surtout avec la radicalisation de l’islam.

Cette plongée dans le monde Peul ,et dans une maison où quatre femmes se partagent le même homme, n’a rien du tourisme exotique. C’est vraiment horrible et j’espère qu’ils arriveront à sortir de cette tradition qui de façon évidente les empêche tous, hommes et femmes d’être heureux.

Citations

Vie d’une femme de polygame

Attendre ! S’il y a un mot qui peut résumer à lui seul sa vie, c’est attendre. Elle a passé sa vie à attendre. Attendre de grandir, attendre de se marier, attendre son tour pour voir son mari, attendre pour rétorquer, attendre qu’il change, attendre d’atteindre ses limites, attendre que ses filles grandissent, attendre pour partir, attendre pour vivre, attendre de mourir.

La peur de la quatrième épouse de 19 ans face à un mari de 50

Elle a peur d’être maladroite et de casser quelque chose. elle a peur d’ouvrir la bouche et de le froisser par une phrase pourtant simple. Elle a peur de lui, de tout, elle ne sait plus de quoi elle a si peur, mais elle a peur quand même.

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3
Je dois la lecture de ce livre à Aifelle, qui en parle comme d’une « pépite ». J’ai été touchée, moi aussi, par la sensibilité de ce « Fifi », petit dernier d’une tribu de paysans chez qui le cœur à l’ouvrage remplace toutes les vertus dont celle du cœur. Fifi se console avec ses cochons, seuls êtres vivants qui lui donnent un peu de douceur depuis le départ de sa sœur Maryse, celle qui a donc finalement « passer la rivière ».

Pourquoi suis-je moins enthousiaste qu’Aifelle, je n’aime pas trop les invraisemblances, dans ce récit totalement intemporel, il est vrai, un jeune adulte est élevé sans aucun lien avec le monde extérieur, comment a-t-il échappé à l’école ? Comment ne sachant pas lire, arrive-t-il à apprendre uniquement en apprenant une lettre après l’autre, au bout de 24 séances, il sait donc lire ! ? (Tous les gens qui ont dû faire face à illettrisme savent que c’est totalement impossible) Comment l’enquête sur un incendie alors que celui-ci a trois départs, et cause la mort de trois personnes, ne provoque pas une enquête approfondie ? Une autre invraisemblance est encore plus criante, , mais la dévoiler reviendrait à raconter la longue et difficile enquête de François (Fifi) vers ses origines.

Si on passe au-delà de tout cela, ce court roman est poignant, ce jeune homme sensible est élevé dans un monde de dureté absolu, il veut comprendre qui il est, pourquoi sa famille se comporte de cette façon, et comment faire pour que ce soit différent. Il finira bien sûr par passer la rivière lui aussi, comme sa sœur Maryse seule personne à avoir donner un peu d’affection au petit gardien des cochons.

Citations

Jolie phrase triste

Je prenais mon balai et mon torchon pour effacer le temps qui passe et la poussière comme la neige tombée sur tout ce qu’avait connu Maryse.

Dureté

Chez nous, on ne pleure pas, ça mouille à l’intérieur, mais au dehors c’est sec.

L’absente

De notre mère pas de photo, juste la taloche quand je posais des questions au père et ses yeux qui regardaient vers nulle part, le grand silence qui se faisait alors.

La réalité et les livres

Peut-être que les livres ça ment, ça ne cesse de mentir, alors à quoi ça sert de lire pour espérer des choses qui n’arriveront jamais.

Désespoir et lueur d’espoir

S’il y avait une chose impossible, c’était bien celle-là. ça je le savais que tu ne sauves personne rapport à Oscar et à Jean-Paul et à tous les autres qu’on aime, qu’on ne peut pas empêcher de crever comme des mouches qu’on aplatit avec la main. Je ne savais même pas si on peut se sauver soi-même, mais j’étais prêt à parier que oui.

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Traduit de l’américain par Josée Kamoun.

La vie dans les familles juives

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3
Un livre que l’on m’a offert en pensant à mes exploits de navigatrice débutante. Roman passionnant, sur une navigation très particulière. Clara a beaucoup aimé, elle partage avec moi le goût des récits qui se passent en Bretagne sur l’eau ou sur terre. Le roman a commencé par m’agacer à cause du style de l’auteur, volontiers poétisant. Et puis, lorsque ces trois personnages prennent la mer pour fuir vers l’Angleterre en partant de Saint-Malo, mon attention a été immédiatement captée. En partie parce que, comme les trois personnages, j’ai débuté la voile, dans la baie de Saint-Malo et je connais toutes les difficultés dont parle Sylvain Coher, je voulais savoir comment trois néophytes pouvaient passer dans le chenal entre le grand Jardin et l’île Cézembre sans encombre.

Sylvain Coher a été lui-même moniteur de voile, il connaît bien la côte bretonne et ses multiples pièges, cela lui permet d’avoir à la fois le regard d’un expert et se souvenir de tous les étonnements des débutants. Il m’a beaucoup amusée lorsque l’un des fugitifs imagine que les bouées annonçant les dangers devaient être une façon d’amarrer un bateau qui voulait s’arrêter en pleine mer….

La tension monte dans ce roman, car évidemment la navigation est beaucoup moins simple qu’ils ne l’imaginaient, et même si les cours d’optimiste de l’ado malouine les aident bien au début, découvrir la voile au milieu du rail de la Manche entre les cargos et la houle qui s’est levée s’avère une périlleuse entreprise révélatrice des qualités et de la force de résistance de chacun. Le personnage principal, c’est la mer, celle qui attire et qui fait peur, qui rend malade certains et fascinent les autres. Avec un vocabulaire précis et des images que j’ai de plus en plus appréciées, l’auteur rend bien ce qui peut se passer sur un bateau au large mené par des débutants.

L’accostage auprès du phare des Scilly est un moment de tension extrême, le phare Bishop est aussi appelé ou phare des naufragés et ce n’est pas pour rien !

La tension vient aussi du passé que fuit les deux garçons. Il est peu à peu dévoilé et le lecteur comprend ce qui les unit. Cette histoire là, est moins bien rendue que la difficulté de la navigation avec toute sa palette de réactions : Lucky découvrira sa vocation, il ressentira l’appel de la mer et sera marin, le « petit » le plus jeune n’a, sur ce petit voilier, éprouvé que la peur et a été tout de suite victime d’un mal de mer qui ne lui a laissé aucun répit, il aurait préféré être dans les bras de la fille qui n’était pas la sienne. Un roman à lire pour la description de la navigation, il faut tenir bon, j’ai dû passer les cinquante premières pages pour être conquise . C’est aussi un livre à offrir à tous ceux et celles qui naviguent au large des côtes bretonnes.

Citations

Phrases poétiques qui m’ont agacée au début

Il s’étira et se laissa caresser une bonne heure par la main experte d’un soleil pourtant déjà rendu bas dans le ciel

 
La pluie l’appuyait au sol dans les longues flaques du parking désert

L’eldorado anglais

D’après Lucky, les Anglais allaient droit au but ; là-bas, l’école comptait bien moins que l’esprit d’entreprendre, les bénéfices nets et les costumes bien taillés. En Angleterre, les hommes se refaisaient à neuf en rien de temps. le monde s’ouvrait à eux, pour peu qu’ils aient des tripes.

Le personnage de la fille ado

La mer,c’est là où on s’emmerde le plus après le bahut, bien sûr

le quart de nuit

 Impression de débutant que j’ai eu !

Le retour sur terre

Le ponton flottant accompagnait encore un peu leur pas. Mais tout au bout, le bitume leur offrit une terrible sensation de pesanteur et d’immobilité .Chaque fois qu’ils posaient le talon sur le sol, c’était comme si on leur mettait le pied à l’étrier. La bourrade faisait fléchir les genoux et pesait lourdement sur les épaules. Ils étaient simultanément trop raides et trop mous, leurs premiers pas ressemblaient à ceux des poulains dans les prés

Quelques mots au hasard

le vit de mulet

Les moques 

Le vent les dépalait

Capeyer 

La boucaille 

Capeler

Les dalots du cockpit

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Traduit de l’anglais (Australie) par Anne Wicke.
Coup de cœur au club de lecture de la médiathèque de Dinard.

3
S’il a reçu son « coup de cœur » à notre club, c’est grâce au plaisir évident qu’une des lectrices a su exprimer lors de notre rencontre. Elle a aimé les descriptions de la mer, la solitude de la vie du gardien de phare, et l’analyse du sentiment maternel. Tout cela est dans ce livre et plus encore : on y trouve aussi, les conséquences de la guerre 14/18 en Australie, ne serait-ce que pour cela , le roman mérite d’être lu.

J’ai quelques réserves sur l’aspect romanesque, d’ailleurs notre lectrice du club a souligné les quelques invraisemblances sans lesquelles, comme elle nous l’a dit, il n’y aurait pas de roman. Alors peu importe que lors d’une dérive en mer de plusieurs jours, sans eau et sans vivre, ce soit l’homme qui soit mort et pas le tout petit bébé de quelques mois, il faut l’accepter pour que l’histoire s’installe.

L’Australie a été peuplée (certains diraient envahie, mais ce n’est pas le propos du livre) par des Européens, et ce romans montre bien, que les raisons pour lesquelles ces migrants sont arrivés sur ce nouveau continent, pèsent sur leur destinée en Australie. Je n’avais jamais imaginé qu’en 1918 les Australiens d’origine allemande puissent être à ce point détesté. Le héros Tom, lui est d’origine anglaise et a été élevé dans la pure tradition britannique et n’a jamais appris à exprimer ses sentiments. A son retour de guerre, il est traumatisé et s’enferme dans un silence que seul la lueur du phare éclaire quelque peu. Puis, il retrouve goût à la vie grâce à Isabel qu’il aimera toute sa vie, bien plus que la sienne (de vie !). Un bébé leur arrive par la mer et le bonheur total s’installe dans cette île coupée du monde. Hélas ! ce bébé a une mère qui pleure tous les jours la disparition de son tendre époux et de son bébé, sa petite Grâce.

Ainsi, le drame commence et connaîtra bien des rebondissements. Pourquoi, malgré l’enthousiasme de beaucoup de lecteurs, suis-je restée sur la réserve, la construction romanesque est vraiment trop classique, j’ai cru me retrouver dans mes lectures d’adolescente, aujourd’hui, je me laisse moins facilement embarquer dans ce genre de lecture. Le roman n’est pas manichéen et l’analyse des personnages est tout à fait plausible, mais il ne m’a pas entièrement convaincue. Je laisse le dernier mot à la bibliothécaire qui a lui a décerné un coup de coeur, avec cette formule « conviendra à un large public » , et les avis sur Babelio lui donnent entièrement raison

Citations

La guerre 14/18 en Australie

Puis, en 1914, les choses changèrent. Partageuse découvrit qu’elle aussi possédait quelque chose dont le monde avait besoin. Des hommes. Des hommes jeunes. Des Hommes en forme. Des hommes qui avaient passé leur vie à manier la hache, à pousser une charrue, des hommes durs à la peine. Des hommes de premier choix à sacrifier sur des autels stratégiques à un hémisphère de là.

Philosophie de vie qui sous-tend tout le roman

J’en ai vu de toutes les couleurs ; le bien et le mal, ça peut être comme deux foutus serpents : si emmêlés qu’on ne peut les différencier que lorsqu’on les a tués tous les deux et alors il est trop tard.

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 Traduit de l’anglais (États-Unis) par Patricia REZNIKOV.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

3
Lire ce livre, c’est prendre le risque de vous décourager de mettre les pieds au Mexique. Je ne sais pas si ce pays réussi à préserver son tourisme, mais ce n’est pas ce roman qui pourra contribuer à son renom. La vie des habitants de ce village est complètement contrôlée par les barons de la drogue, et la pire catastrophe qui puisse vous arriver c’est de naître fille. Et surtout d’être belle, votre destinée est alors toute tracée, vous servirez de prostituée dans des bordels pour les narco-trafiquants.

Le roman est raconté du point de vue de Ladydi, prénom donné par solidarité entre femmes trompées par leurs maris respectifs, le Prince Charles ayant peu de points communs -si ce n’est sa double vie – avec celui de la maman de Ladydi !. Le regard de l’enfant permet de supporter ce récit absolument atroce, elle garde une certaine fraîcheur au milieu de toutes ces souffrances. Tout ici n’est que raquette, violence, viol, meurtre. La moindre douceur disparaît trop vite, à l’image des hommes qui sont assassinés ou tueurs ou dans le meilleur des cas ont fui aux États-Unis. Son rapport à sa mère est conflictuel , c’est compliqué d’aimer une mère ivre la plupart du temps ! Mais on sent beaucoup d’affection entre elles. Ladidy connaîtra tant de malheurs dans sa courte vie, jusqu’à la prison, mais curieusement , c’est dans cet endroit qu’elle fera des rencontres les plus intéressantes et qui l’aideront certainement à grandir. La fin apporte une petite lueur d’espoir , je vous la laisse découvrir.

Si on aime ce roman, ce n’est pas pour ses qualités littéraires, mais parce que grâce à une fiction, Jennifer Clement a su donner corps à une réalité que l’on connaît, mais que l’on préfère oublier. Quand un état est lié au trafic de la drogue, ou le supporte, ou n’arrive pas à l’éradiquer, les populations les plus faibles, sont alors soumises au pouvoir de gangsters de la pire espèce et les plus faibles ce sont comme toujours : LES FEMMES et LES ENFANTS !. Le Mexique et ses trafiquants sont là, présents dans cette histoire, et les conséquences de leur pouvoir sur ce petit village s’apparentent à une catastrophe humanitaire. A chaque fois que je lis un livre sur la drogue, je me demande comment faire pour que les drogués de nos pays se rendent compte que leur dépendance fait vivre la lie de la terre .

Citations

La fuite des hommes et des pères

Il a mis son bras autour de mon épaule et sa peau était encore plus brûlante que la mienne……

Et puis il a dit.
-Toi et ta maman vous êtes trop bien pour moi. Je ne vous mérite pas.

– Ce fils de pute ! a dit ma mère pendant des années.

Elle n’a jamais plus prononcé son nom. Il est devenu le Fils de Pute pour toujours.

Puis mon père a cessé de nous envoyer une traite tous les mois des États-Unis. nous étions trop bien aussi pour son argent, j’imagine.

Les prières à Dieu

Depuis que j’étais enfant, ma mère me disait de faire des prières pour demander des choses.

Ne demande jamais l’amour et la santé, ou de l’argent. Si Dieu entend ce que tu désires vraiment, tu ne l’auras pas. Garanti.

Quand mon père nous a quitté, ma mère a dit :

Mets-toi à genoux et demande des petites cuillères.

Le mensonge

Ma mère plaçait le mensonge dans la même catégorie que le vol. Pourquoi dire la vérité si on pouvait mentir ? C’était là sa philosophie. Si ma mère prenait le car, elle disait qu’elle pavait pris un taxi.

Prison plus douce que la liberté

– Il y en a qui préfèrent le dedans au dehors. Cette prison est le meilleur endroit que je connaisse. Dans mon village, le gouvernement a massacré tout le monde.
– Au Guatemala ?

– En deux ans, j’ai perdu presque toute ma famille. Je me promenais persuadée que j’allais prendre une balle à tout moment. Une balle, comme ça, sans prévenir.

Le Mexique le royaume de la drogue

J’ai repensé à notre petit de terre furieuse qui autrefois hébergeait une vraie communauté, mais qui avait été détruite par le crime organisé des trafiquants de drogues et l’immigration aux États-Unis. Notre petit bout de terre furieuse s’était métamorphosé en une constellation brisée et chaque petite maison avait été réduite en cendres.

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Traduit du norvégien par Terje SINDING.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard
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Deux hommes, la cinquantaine se croisent sur un pont, l’un est au volant d’une très belle voiture et possède tous les signes extérieurs de la réussite sociale, l’autre pêche et semble au bout du rouleau. C’est Tim, et Jim. Ils ont passé leur enfance et leur jeunesse ensemble, à l’époque Jim était destiné à une vie facile et vivait près de sa mère, ces deux là s’aimaient beaucoup, trop peut-être ? Tim, au contraire, a connu le départ de sa mère et les violences d’un père alcoolique qui le frappait sans retenue, lui et ses sœurs. La rencontre est rapide et rien ne se passe, sauf que tous les deux retrouvent leur passé. Par petites touches, en passant d’un personnage à un autre, l’auteur nous présente la vie ordinaire d’une famille détruite par l’alcool et la violence pour Tim, et la vie étriquée chez la mère de Jim écrasée par le poids de la religion. Il n’y a pas de misérabilisme dans la façon de raconter, l’humanité norvégienne qui est aussi la nôtre et notre époque sont toutes entières dans ce roman. Plutôt du côté de ce qui ne va pas, mais pas seulement.

Rien n’est idéalisé, ce qui caractérise le caractère norvégien c’est que la réalité n’est jamais embellie, les personnages préfèrent se noyer dans l’alcool que s’ouvrir à autrui. J’ai vraiment aimé ce roman, bien qu’il soit désespérant, j’ai du mal à comprendre également pourquoi Jim se laisse ainsi aller vers le néant. Je dois avouer que je me sens très étrangère à la psychologie norvégienne, rien n’est complètement expliqué, tout est dans le silence. C’est à la fois très fort et tellement dérangeant, par exemple, que cherchait Tya lorsqu’elle a appelé Tim, son fils de 5 ans, pour qu’il sauve le vieux chien de l’eau glacée ? Que l’enfant se noie ? De tuer le chien ? Et si elle a regretté son geste pourquoi n’a-t-elle pas sauvé elle-même le vieux chien ? Pourquoi a-t-elle appelé son fils qui n’avait pas pied dans cette marre alors qu’elle n’aurait eu de l’eau que jusqu’à la taille ? Aucune réponse à ces questions et à tant d’autres ? Même la fin est une porte ouverte sur ce qui peut se passer après , Tim sera-t-il heureux ? Jim va-t-il vivre ? Vont- ils se retrouver ?

Toutes ces questions sans réponse, ne m’ont gênée qu’une fois le livre refermé, pendant la lecture j’étais bien, même si je me sentais très triste, avec les personnages. Per Petterson est grand romancier, il laisse une trace très originale dans la littérature contemporaine.

Citations

Explication du titre

Je n’étais pas d’accord. Pas du tout. Moi, ça ne m’était pas égal.

– Mais tu peux refuser , ai-je dit

Il a de nouveau tourné la tête vers moi :

– On ne peut pas refuser de mourir, mon ami.

– Bien sûr que tu le peux.

L’absence de lien entre le père maltraitant et son fils

Et il serrait le col de sa veste ; c’était une veste grise, une sorte de blazer ou de vieux veston trop léger, qui semblait provenir de l’Armée du salut. Un pardessus aurait été plus approprié, ou une parka, quelque chose de chaud et de doublé ; il faisait un froid de loup, on était en décembre et il y avait des gelées blanches. Mais je n’ai pas traversé la place de la gare pour rejoindre mon père et lui offrir mon propre pardessus. Faire la paix, pas question. Tendre l’autre joue, non plus.

Retrouver son père alcoolo quarante ans après

– Tu peux pas quitter ton père sans prendre un café, ça fait une éternité qu’on s’est pas vu.T’as pas changé, pourtant. Je le savais ; mon Tommy, il est toujours le même, j’ai dit aux flics.

On ne s’est pas vu depuis quarante ans, comment pouvait-il dire une chose aussi absurde ? Toujours le même, et la batte de base-ball ? Je n’étais plus du tout le même, chaque jour je l’étais de moins en moins. Je changeais vite et pas en mieux.

On en parle

Chez Jérôme et Krol.