Je dois cette lecture à Krol qui sait si bien ne pas raconter les livres qu’elle apprécie. L’ennuie c’est qu’elle dit aussi qu’il vous faut fuir les billets qui en disent trop . Alors ? lirez vous le mien jusqu’au bout ? Tant pis, je me lance. Ce roman est en deux parties, dans la première le père humoriste célébrissime est le narrateur et le personnage principal. On le suit dès son enfance, marquée par un père qui ne l’a jamais compris et un accident qui rendra son frère paraplégique. Cela ternit à jamais sa possibilité d’être heureux car il se sent responsable. Son succès comme humoriste lui permet de sortir de sa condition de Français moyen, mais creuse peu à peu, entre son fils et lui un désert aride où l’incompréhension est la règle. Ce grand comique se vide peu à peu de sa substance et alors que la France entière se tord de rire à ses blagues, son fils est de plus en plus absent de sa vie. L’explication nous est donnée dans la deuxième partie dont le narrateur devient le fils, celui-ci n’a vécu le succès de son père que comme une trahison et une absence de plus en plus lourde d’abord, puis de plus en plus indifférente. Ces deux êtres trouveront-ils le moyen de se rencontrer. Sous le regard critique de Krol, je ne peux évidemment en dire plus. Pourquoi ne suis-je pas plus emballée par ce roman ? J’ai adoré la première partie qui décrit très bien ce que le succès peut avoir à la fois d’enivrant et de destructeur. La description de l’entrée en scène de cet humoriste devant des milliers de spectateurs est criante de vérité. mais la deuxième partie m’a beaucoup moins plu. Et en plus, elle est trop évidente. On devine très facilement les ressorts psychologiques des deux personnages et le caractère narcissique du fils m’a semblé très convenu. J’espère ne pas en avoir trop dit, si l’angoisse de la scène veut dire quelque chose pour vous, lisez ce livre j’ai rarement lu une description aussi réaliste.
Citations
Comme je comprends
Prendre le train était toujours un moment très anxiogène pour lui ; il avait systématiquement peur d’arriver en retard à la gare, il fallait qu’il regarde plusieurs fois le quai indiqué sur le panneau d’affichage pour être sûr de ne pas se tromper. Paris Saint-Lazare : voie 3. Il vérifiait le numéro du train sur son ticket, puis sur l’écran de télévision accroché en l’air. Plusieurs fois. S’assurait qu’il se trouvait bien sur la voie 3. Plusieurs fois. Et, arrivé dans l’Inter-cité, il ne pouvait s’empêcher de demander au premier passager croisé : « Est-ce que ce train va bien à Paris ? »
Ne pas faire comme son père
Parce que Édouard a voulu « pousser » Arthur, trop fort sans doute. À avoir souffert d’un père qui ne croyait pas en lui, il s’est persuadé que c’était tout l’inverse qu’il fallait à son enfant. Il se devait de l’encourager, le forcer à se dépasser. Alors quand son gamin a eu l’idée, à cinq ans à peine, de s’amuser à faire parler ses marionnettes en peluche, Édouard n’a eu de cesse de l’encourager dans cette voie, tu as un don, il ne faut pas le gâcher, entraîne-toi !
La fin d’un amour
Tout au fond de son cœur, Édouard sait que cette fois, c’est la fin, la vraie. Celle contre laquelle on ne peut plus lutter, celle qui est déjà arrivée à pas de loup même si on ne s’en était pas aperçu jusqu’à présent, celle qu’il faut seulement accepter, le plus dignement possible, même si on sait qu’après coup, la douleur semblera insurmontable, qu’il faudra la noyer, l’assommer, la museler à tout prix pour qu’elle reste silencieuse. – Je partirai demain matin, sauf si tu préfères que j’aille à l’hôtel ce soir. – Ne raconte pas n’importe quoi, on ne va pas devenir des étrangers l’un pour l’autre… Tu peux rester, profiter d’Arthur quelques jours… – Non, j’ai du boulot de toute façon, tout un tas de trucs à gérer à Paris.
L’artiste
Tu sais, je suis persuadée que la plupart des artistes ont un besoin de reconnaissance et d’affection supérieur aux autres, ils ont en eux cette soif viscérale d’être appréciés, d’être aimés.