Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thè­que de Dinard Thème « soudain tout bascule »

Ce livre avait tout çà fait sa place dans ce thème, cet homme a perdu son diplôme du Baccalauréat sa vie devient absurde et malheureusement son livre aussi. C’est un premier roman et depuis il m’a fait beaucoup rire avec « L’écologie en bas de chez moi » mais celui-là est à peu près illisible ? C’est une fable bien sûr dans la quelle il est beaucoup question de sexe, on se demande bien pourquoi. L’enchaînement est totalement absurde, en revanche, il y a quelques remarques sur l’administration française qui sentent le vécu. Le moment où à l’Académie la secrétaire voit qu’il a brillamment réussi son bac mais ne peut pas appuyer sur la touche « imprimer » pour en faire une copie est très proche de la réalité : « que voulez-vous elle n’est pas là pour ça ! » Dans tout un fatras de situations totalement absurdes, après plusieurs semaine de recherches infructueuses, j’ai souri quand sa femme lui a avoué que, finalement, c’était elle qui l’avait ce fameux diplôme, dans ses affaires. Situations que j’ai rencontrées plusieurs fois.

Sinon c’est du grand guignol et j’avoue après une centaine de pages, j’ai plutôt parcouru ce livre qui m’agaçait fortement. Ni les parties de jambes en l’air, ni la course après son diplôme n’arrivaient à retenir mon attention, ni son voisin d’en face. Aucun personnage n’a une quelconque consistance. Bref un premier roman dont j’aurais volontiers fait l’économie, heureusement que je n’ai pas commencé par celui-là : j’aurais gardé une bien mauvaise impression de cet auteur qui m’a tant amusée ensuite.

Citations

Incipit

Malheur à celui des enfants de Dieu qui perd son Baccalauréat

L’art du rangement

C’est ça aussi le bonheur du rangement, le doute permet aux plus artistes d’entre nous d’avoir une approche créative, si tout était figé d’avance on n’aurait plus de raison de vivre

Humour

Le temps est l’ennemi des pin-up comme il est l’ennemi des rangements, les femmes et les papiers jaunissent au soleil

Je préfère le verbe aller au verbe être pour exprimer un déplacement

Le lac des cygnes où on a été avec Marco

L’administration

Quant à rencontrer le doyen, en voilà une farce qui valait des millions ! Passer au-dessus d’un chef du personnel, a-t-on déjà entendu pareille vulgarité ?

20161030_165320Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thè­que de Dinard

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Une déception mais quel dommage ! car c’était une bonne idée : peut-on guérir le mal-être grâce à la lecture ? Le personnage central de cette histoire, Alex, en est persuadé au point de devenir « bibliothérapeute ». (J’ai découvert, grâce à Google, que cette profession existait !). Je sais, également, grâce à mon expérience personnelle que lire et faire partager ses lectures fait un bien fou. Je me suis donc plongée avec délice dans ce roman pour suivre la vie d’Alex et de ses patients. Hélas ! malgré quelques remarques pertinentes sur notre société, un ressenti acerbe contre des mères dévouées mais envahissantes, aucun personnage ne prend un relief quelconque.

C’est un roman fade, les extraits choisis par le thérapeute pour guérir ses patients sont insipides et on se demande bien pourquoi la lecture de ces œuvres peut aboutir à une amélioration de l’état mental d’une personne souffrante. Mon jugement est sévère sans doute, mais il est à la mesure de ma déception. Je ne sais pas si mes lectures m’ont soignée, mais ce dont je suis sûre c’est que je ne pourrai jamais regarder sans sourire le comportement d’un snob après avoir lu Proust nous racontant Legrandin, que quand je suis triste ces vers de Verlaine me hantent :

Je ne sais pourquoi

Mon esprit amer

D’une aile inquiète et folle vole sur la mer

Tout ce qui m’est cher

D’une aile d’effroi

Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, Pourquoi ?

Lire permet de se comprendre, d’accepter la vie et celles des autres. Je m’attendais à trouver dans ce récit la magie de textes pouvant faire plus et même soigner quelqu’un, mais je ne l’ai pas trouvé. Une déception donc. Je n’ai pas réussi à m’intéresser au personnage du commercial qui confond les qualités de sa femme et celles de sa machine à laver, ni au footballeur qui ne sait pas s’il doit rester jouer en France, ni à Yann atrocement mutilé après un accident de voiture. Et hélas ! je n’ai pas cru aux amours d’Alex et de Mélanie.

Citations

Difficultés de plaire pour un littéraire

Elles cherchaient un amoureux fougueux, courageux, dont elles pouvaient être fières pas un garçon capable de déclamer Racine au bord de la piscine où les autres exécutaient des saltos avant.

La phrase qui tue pour un adolescent qui veut sortir avec une jolie fille

Je veux bien sortir avec toi mais je ne veux pas qu’on nous voie ensemble

C’est drôle mais peu crédible

Si Alex avait grandi dans une famille d’aliénés il lui aurait demandé si elle avait également filmé la conception de sa fille chérie. Les films de naissance ennuient tout le monde, enfin les personnes sensées. Les films de conception trouveraient un public plus large.

20160508_123628Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thèque de Dinard.

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Roman en deux parties, d’abord sur la musique d’inspiration africaine, autour d’une chanteuse extraordinaire Kitami. On la retrouve écrasée par son tambour africain, ou assassinée peut-être mais par qui ? Cette première partie sur la musique ne m’a pas beaucoup passionnée. On voit des jeunes à la dérive essayer de se construire une identité à partir de la musique d’improbables ancêtres. La seconde partie raconte la jeunesse d’une enfant Prisca, au Rwanda. Entre sorcellerie et racisme contre les Tutsi, la jeune fille grandit et devient une brillante élève. C’est compliqué pour elle, le village pense qu’elle a des pouvoirs de sorcières et les autorités voient d’un très mauvais œil cette jeune et belle Tutsi vouloir aller à l’université.

A la fin de ses études, on lui impose d’épouser un Hutu pour charmer les blancs. C’est très intéressant car on sent que le massacre des Tutsi par les Hutus n’était donc pas le fruit du hasard, mais d’une haine ancienne entretenue par le pouvoir hutu. La jeune fille préfèrera donc partir avec un tambour rwandais caché dans un village, avec le groupe de musiciens venant d’Amérique à la recherche de la musique africaine. Elle deviendra la célèbre Kitami dont l’origine de la mort reste incompréhensible. J’avoue ne pas avoir une grande passion pour la magie africaine, et les mauvais sorts ne m’intéressent guère, mais l’auteure sait très bien raconter comment au Rwanda c’est difficile de se défaire de ce genre de légendes, et que l’accusation de magie est aussi un bon prétexte pour supprimer toutes les personnalités quelque peu différentes. C’est un livre qui doit ravir les amoureux de l’Afrique.

 Citations

Les langues africaines

D’où venaient-ils, ces mots ? du kinyarwanda, la langue maternelle de la chanteuse, d’un anglais dans la version rasta-jamaïcaine, du yoruba-cubain, d’un français quelque peu créolisé, certains prétendaient y reconnaître les sonorités de l’amharique, du swahili, du sango, du wolof, du ruhima, du lingala, du copte, du sanskrit, de l’araméen..

Le racisme anti-Tutsi

Nous savons, par exemple, que tu es intelligente, trop intelligente même, la République du peuple majoritaire n’a pas besoin de Tutsi femmes savantes.

20160425_150845Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thèque de Dinard 

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Un roman très court, 113 pages, où l’auteure, sous couvert d’une rocambolesque histoire de roman disparu, traite de la création littéraire. Elle s’est visiblement bien amusée avec force de clin d’œil pour initiés sans m’entraîner dans son histoire et puis, finalement, m’a fortement agacée, un peu comme lorsque les animateurs de télé parlent de leurs propres émissions et rient eux mêmes de leurs bonnes blagues. Colombe Boncenne cherche à perdre son lecteur dans les méandres du monde de l’édition. Son personnage retrouve par hasard un roman de son auteur fétiche. Personne ne connaît ce roman, l’auteur lui même nie l’avoir écrit.

Est-ce que « Neige noire » existe ? A-t-il été écrit par Émilien Petit ? Autant de questions qui tournent en boucle dans la tête du personnage principal qui mène une vie peu passionnante entre sa femme Suzanne et sa maîtresse Hélène. Quelques écrivains viendront peupler ce roman peu consistant, comme je le disais , c’est un exercice intellectuel où les gens se reconnaissent se renvoient la balle, c’est de l’entre-soi et peu à peu je me suis sentie exclue de ce qui ressemble à un exercice de style pour initiés.

Citations

Les journaux de province

Le journal local, qui constitue l’une de mes petites joies d’un weekend en province : du reportage de proximité au menu du restaurant scolaire en passant par la légende délicieusement ordinaire des photographies, je me délecte toujours d’apprendre que la confrérie des chasseurs de papillons s’est réunie vendredi dernier à l’heure où les enfants des écoles primaires dégustaient une cassolette de légumes de saison dans le cadre de la semaine du goût.

Les vacances en Bretagne, les clichés sur la météo c’est quand même un peu facile non ?

L’été, Suzanne parvenait toujours à me traîner sur l’île de Groix, en Bretagne, quand moi, je rêvais de soleil et de rythme méditerranéen. Suzanne était plus douée que moi en matière d’organisation, elle me prenait toujours de court, réservait une location très en avance, convainquait des amis de venir avec nous et usait de toute la mauvaise foi qui pouvait être la sienne lorsque je protestais : « Tu ‘avais qu’à t’en occuper, des vacances. » Alors, en fait de tapas, d’horaires décalés et de soirées langoureuses, je me retrouvais à filer sous la halle aux aurores pour espérer y acheter quelque poisson pêché dans la nuit, puis chez un éleveur de chèvre baba-cool pour tâcher d’y obtenir un fromage frais ; l’après midi sur la plage, à essayer de me baigner dans une eau à 17 degré sous le prétexte d’un rayon de soleil ; enfin le soir, à jouer au Scrabble au coin du feu, car oui il faut l’admettre, un bon petit feu nous réchaufferait. Et encore, je parle des jours où la météo était clémente. Quatre semaine passèrent ainsi, je me baignai quatre fois et gagnai dix-sept parties de Scrabble sur trente-huit- c’est dire le temps qu’il fit.

Un moment où j’ai souri

Quelques jours après cet anniversaire, dans une rame de métro bondée, je crus avoir une hallucination : au fond du wagon une femme discutait avec un épi de maïs. Une observation plus précise de la scène me fit comprendre qu’un minuscule appareil portable était coincé entre son oreille et le lainage de son bonnet, en réalité, elle téléphonait tout en grignotant un maïs grillé.

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Roman étonnant et que je n’aurais jamais lu sans le Club. J’ai vu que cette auteure a dédié son livre à Nelly Arcan, que je ne connaissais absolument pas. J’ai cherché à comprendre et je me suis rendu compte que ces deux auteures avaient en commun de s’être beaucoup exposées dans les Médias. Nelly Arcan s’est suicidée, et Camille Laurens a fait, subi et gagné un certain nombre de procès. Bref, c’est une adepte d’un genre qui me touche rarement « l’autofiction », à force de se dévoiler dans des romans, on en souffre mais cela peut être le moteur d’une écriture particulière et qui a trouvé son public. Ce roman est vraiment un roman moins auto-fictionnel que d’autres, et même si sa vie lui sert de trame de fond, il a l’avantage d’être également construit de façon littéraire intéressante. Il a pour sujet une manipulation sur Facebook, Claire un peu par vengeance d’un homme qui l’a repoussée parce qu’elle a vieilli (du moins, c’est ce qu’elle pense), décide de créer un profil d’une femme de 25 ans sur Facebook. Commence alors une correspondance, et un lien virtuel entre elle et le meilleur ami de cet homme, et une passion amoureuse partagée par les deux personnages.

Une grande partie du roman parle de ça : du désir, de celui qui disparaît chez l’homme quand la femme de son quotidien vieillit. C’est aussi un roman sur la création littéraire et la façon d’exister au monde à travers ce pouvoir que possède l’écrivain. Au cœur de la vie parisienne, Camille Laurens connaît bien la puissance des rumeurs, des ragots . Elle commence son livre en comparant deux couples célèbres du « Tout Paris » , celui de Moscovici qui a 30 de plus que sa dernière femme sans que cela ne choque personne et Macron qui a 20 ans de moins et dont le couple apparemment est souvent sujet de quolibets. Bien loin de toutes ses réalités qui ne m’intéressent pas vraiment, je partage son avis, le vieillissement de la femme est différent de celui de l’homme, l’âge se marque différemment chez les deux partenaires. Mais pour être entourée de gens très âgés, je vois aussi que passé 80 ans les femmes s’en sortent plutôt mieux côté séduction.

Ce livre m’a souvent agacée, et parfois intéressée, le genre « ragot » ce n’est vraiment pas ce qui peut me retenir, en revanche, la manipulation sur Facebook et le danger qu’il y a à entretenir une relation virtuelle est bien analysé. Comme je plains les personnes réelles qui entourent cette écrivaine, elles peuvent un jour se retrouver dans ses romans et les comptes qui se règlent par écritures interposées ressemblent plus à une guerre civile qu’à une œuvre artistique.

Citations

L’aide quand on va mal

Vous êtes médecin ou seulement psychologue ? Quelle différence, remarquez ? Ce que je n’aime pas dans votre discipline, votre prétendue science, c’est qu’elle ne change rien. Vous avez beau savoir ce qui se passe, ce qui s’est passé, vous n’êtes pas sauvé pour autant. Quand vous avez compris ce qui vous fait souffrir, vous souffrez toujours. Aucun bénéfice. On ne guérit pas de ce qu’on rate. On ne reprise pas les draps déchirés.

Internet et Facebook

Internet est à la fois le naufrage et le radeau : on se noie dans la traque, dans l’attente, on ne peut pas faire son deuil d’une histoire pourtant morte, et en même temps on surnage dans le virtuel, on s’accroche aux présences factices qui hantent la toile, ai lieu de se déliter on se relie . Ne serait-ce que la petite lumière verte qui indique que l’autre est en ligne ! ah la petite lumière verte, quel réconfort , je me souviens.

Humour

C’est comme cette épitaphe sur la tombe d’un Américain au Père-Lachaise. Sa femme a fait graver : « Henry, je sais enfin où tu dors ce soir. »

SONY DSCTraduit du suédois par Esther Sermage.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Je pense que, pour tous ceux et toutes celles qui ont des chats, ce roman va prendre une couleur particulière tant il est vrai que maintenir son chat dans son jardin et empêcher celui du voisin de venir dans le vôtre est une véritable gageure. À partir de l’histoire d’un chat qui a décidé que les jardins des voisins étaient aussi les siens, Maria Ernestam (qui, nous dit-elle en postface, l’a vécu personnellement) a écrit un très court roman ou une grande nouvelle comme vous voulez (99 pages). Le point de départ est moyennement passionnant : comment expliquer à votre voisin que leur chat terrorise le vôtre chez vous. Mais, en réalité, l’histoire aurait pu finir très mal car derrière cette histoire de félins se cache une histoire de voisinage bien plus grave et qui aurait même pu être tragique.

Il ne faut pas plus d’une soirée pour lire ce livre , vous serez peut être plus indulgente que moi. J’ai trouvé cette histoire de voisinage assez plate même si, finalement un peu de suspens assaisonne la sauce au final.

Citations

Le grand gagnant : le chat du voisin

D’un bond, il monta sur le mur en pierre et inspecta son territoire, mettant tous ses sens à contribution. Les jardins mitoyens, puis ceux des voisins plus éloignés. Il avait implacablement chassé tous ses concurrents, l’un après l’autre, sans céder un pouce. Ceux qui osaient s’aventurer dehors, dans leur propre jardin, il les avait vaincus à force de ruse et de haine raffinée.

SONY DSCTraduit de l’anglais (SriLanka) par Esther Ménévis.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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J’aurais tant voulu apprécier ce roman qui raconte tout ce qui rend notre actualité si difficile à supporter : Ben, jeune médecin tamoul, tout juste diplômé est obligé de fuir son pays, il rencontre en Grande Bretagne une femme qui va l’aimer mais leur histoire sera tragique . Le roman donne d’abord le point de vue de Ria, poétesse anglaise vivant isolée dans une maison au bord de la mer. Puis celui d’Anula, la mère de Ben, puis de Lydia l’enfant de Ria et de Ben. Tout est très sombre, car Ria est encombrée par une histoire familiale très lourde, la disparition de son père l’a enfermée dans un silence hostile et a complètement perturbé son frère.

Je n’ai pas vraiment accroché au roman, car je trouve que l’auteur mélange trop les histoires d’amour impossibles avec la réalité tragiques des réfugiés sans statut. Je ne comprends pas non plus pourquoi Ria ne coupe pas plus les ponts avec son frère destructeur qui appartient à des mouvements d’extrême droite. C’est vraiment confus au début et c’est pénible de voir un personnage entouré de personnages uniquement négatifs. Il y a quand même son voisin, Eric, mais qui lui aussi est marqué par la mort , j’ai eu beaucoup de mal à croire à sa relation avec Anula la mère de Ben. Tout en rédigeant ce billet, je me rends compte qu’en réalité les personnages m’ont prodigieusement agacée. Faire de l’amour un remède au deuil, me semble bizarre . Mais ce roman a au moins un mérite : remettre en mémoire le sort tragique des populations tamoules prises entre deux feux , celui des indépendantistes et celui de la terrible répression de l’armée sri-lankaise . Et au-delà du cas du Sri-Lanka nous faire comprendre ce que ça veut dire, de tout quitter pour sauver sa peau.

Citation

l’horreur de l’exil

L’obscurité qui régnait dans le camion avait aboli toute possibilité de penser à autre chose que respirer. Elle avait effacé jusqu’au souvenir de la peine qu’il avait éprouvée en apercevant le visage de sa mère pour la dernière fois ; et c’est ainsi qu’il avait voyagé, à travers des terres sans fin, avec le sentiment toujours plus fort de son insignifiance et de sa propre mortalité. Comme le nageur qu’il était, il s’était éloigné de la rive, encore et encore, jusqu’à ce qu’arrive le moment où il avait compris ce que l’on entendait par « point de non retour ».

20151011_123211Traduit de l’anglais par Florence VIDAL. Titre original : One Step too Far.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Je me demande ce que veut dire cette catégorie « Thriller », je l’y ai mis car c’est écrit sur la couverture. Pas de suspens difficile à supporter, pas de sang, pas de peur. Alors ? sans doute le manque d’imagination de l’éditeur et la volonté d’attirer un public plus large. J’imagine facilement sa déception. Bien sûr, je vais tout faire pour ne pas « divulgacher » la fin, car une surprise il y en a une, que je n’avais pas vu venir, donc si vous voulez lire ce roman, je ne vous dis que l’essentiel. Une femme décide de recommencer sa vie en quittant son foyer et en essayant de ne laisser aucune chance à ses proches de la retrouver. Parmi ses proches, une sœur jumelle qui est très perturbée et qui détruit tous les gens autour d’elle

C’est le récit de l’ascension dans une nouvelle vie, de cette femme qui était douce, équilibrée et sage, elle va se mettre à la cocaïne et à voler dans les magasins, et tout lui réussira. La quatrième de couverture dit qu’« elle cache un secret obsédant, jusqu’à la dernière ligne, sans aucun répit ». Je n’ai pas ce plaisir de lecture, et les personnages que l’on voit passer sont trop proches de la caricature sans y tomber complètement, cependant. Comme pendant le festival du film britannique, j’ai retrouvé l’ambiance du milieu branché de Londres, alcool et cocaïne ne rendent pas les gens très attrayants. Un roman qui se lit en deux soirées et s’oubliera encore plus vite.

Keisha avait bien aimé , mais elle a la chance de pouvoir lire en anglais, cela rajoute sans doute au plaisir.

Citation

La méchante sœur

– Le rôti était vraiment savoureux, maman, où est-ce que tu l’as acheté ? 
– En ville, chez le boucher, ma chérie. Je trouve que la viande est meilleure qu’en grande surface.
– Certes, lâcha Caroline. Je préfère largement les animaux morts quand ils sont du quartier.

20150912_183039Traduit de l’espagnol par Alain Keruzoré.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Abandon ou presque… Cela ne m’arrive pas souvent et encore moins de le mettre sur mon blog. Je l’ai lu consciencieusement jusqu’à la page 100. Et puis ensuite en diagonale jusqu’à la fin. Je sais que je rate quelque chose (n’est ce pas Keisha ?), mais cet auteur est, pour moi, totalement indigeste. Tout commence par une rencontre amoureuse. Et horreur (c’est moi qui dis horreur), le personnage lui est très ennuyé, la jeune femme meurt dans ses bras. Aucune autre réaction si ce n’est de savoir quoi faire : partir, rester ? Je déteste ce genre de personnage qui semble ne jamais rien décider dans leur vie et qui laisse le destin agir pour eux. Toutes ses décisions l’entraîneront à entrer plus avant dans la vie de cette jeune femme à connaître son amant, son mari…

Le style est dit « envoutant » moi je le trouve étouffant, on ne respire jamais, on est écrasé par les répétitions et les circonvolutions de la pensée du personnage. On m’a parlé d’humour, je ne l’ai pas vu. Mais, on ne peut être sensible à l’humour quand on est si fortement agacé par un roman. Je suis d’autant plus désolée de ne pas avoir accroché à cette écriture que ce roman a été conseillé par une charmante participante espagnole de notre club de lecture.

Citations

Je copie la première phrase car, jusque là, je croyais aimer ce livre

Personne ne pense jamais qu’il se retrouvera un jour une morte entre les bras et n’en verra plus le visage dont il garde le nom.

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Une fois n’est pas coutume je vais commencer mon article par une citation, si (et seulement si) vous êtes allé sans déplaisir au bout de la lecture alors, je vous conseillerai de « re »lire ce roman :

Pêle-mêle, au hasard du coup de filet, les algues profondes, où dort la vie mystérieuse des grandes eaux, avaient tout livré : les cabillauds, les aiglefins, les carrelets, les plies, les limandes, bêtes communes d’un gris sale, aux tâches blanchâtres ; les congres, ces grosses couleuvres d’un bleu de vase , aux minces yeux noirs, si gluantes qu’elles semblent ramper, vivantes encore ; les raies élargies, à ventre pâle bordé de rouge tendre, dont les dos superbes, allongeant les nœuds saillants de l’échine, se marbrent jusqu’aux baleines tendues des nageoires , de plaques de cinabre coupées par des zébrures de bronze florentin, d’une bigarrure assombrie de crapaud et de fleurs malsaines ; les chiens de mer, horribles, avec leur têtes rondes , leurs bouches largement fendues d’idoles chinoises, leurs courtes ailes de chauves – souris charnues, monstre qui doivent garder de leurs abris les trésors des grottes marines. Puis venaient les beaux poissons , isolés, un sur chaque plateau d’osier ; les saumons , d’argent guilloché, dont chaque écaille semble un coup de burin dans le poli du métal ; les mulets , d’écailles plus fortes, de ciselures plus grossières ; les grands turbots, les grandes barbues, d’un grain serré et blanc comme du lait caillé ; les thons , lisses et vernis, pareils à des sacs de cuir noirâtres ; les bars arrondis, ouvrant une bouche énorme, faisant songer à quelque âme trop grosse, rendue à pleine gorge dans la stupéfaction de l’agonie. Et , de toutes parts, les soles , par paires, grises ou blondes , pullulaient ; les équilles , minces, raidies, ressemblaient à des rognures d’étain ; les harengs, légèrement tordus, montraient tous, sur leurs robes lamées , la meurtrissure de leurs ouïes saignantes ; les dorades grasses se teintaient d’une pointe de carmin, tandis que les maquereaux, dorés , le dos striés de brunissures verdâtres, faisaient luire la nacre changeante de leurs flancs, et que les grondins roses, à ventre blancs, les têtes rangées au centre des mannes, les queues rayonnantes épanouissaient d’étranges floraisons, panachées de blanc de perle et de vermillon vif. Il y avait encore des rougets de roche, à la chair exquise, du rouge enluminé des cyprins, des caisses de merlans aux reflets d’opale, des paniers d’éperlans, de petits paniers propres , jolis comme des paniers de fraises, qui laissaient échapper une odeur puissante de violette. Cependant , les crevettes roses, les crevettes grises , dans les bourriches, mettaient , au milieu de la douceur effacée de leur tas, les imperceptibles boutons de jais de leurs milliers d’yeux ; les langoustes épineuses, les homards tigrés de noir’ vivants encore, se traînant sur leur pattes cassées, craquaient.

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L’été est propice aux relectures, dans toutes les bibliothèques il traîne un roman de Zola. J’ai lu autrefois tous les Rougon Macquart, certains m’ont laissé un souvenir très précis. Ils flottent dans ma mémoire des scènes variées , souvent tragiques, comme la fin de Gervaise dans « L’assommoir » , parfois sensuelles, comme les émois de Lantier remontant dans l’ascenseur de la mine contre le corps de Catherine Maheu, presque toujours trop chargées en tragédies violentes. Le seul roman que j’ai relu sans déplaisir c’est « Au bonheur des dames », enfin un roman qui ne décrit pas que la noirceur de l’âme humaine.

J’avais complétement oublié « le ventre de Paris » et en le relisant j’ai facilement compris pourquoi. A l’époque, si je dévorais les romans, je sautais allégrement les descriptions trop longues qui m’ennuyaient, je ne me souvenais donc d’un héros, Florent, trop naïf et sans défense qui ne m’avait guère intéressée. Or le personnage principal du roman, ce n’est pas lui, mais les Halles que Zola, nous décrit avec une passion peu commune. Il y voit le symbole même de la bourgeoisie du second empire, engoncée dans ses certitudes et son embonpoint, et qui corrompt tout ce qu’elle touche. Les fruits sont tous au bord de la décomposition, les produits laitiers sentent trop fort, les viandes dégoulinent de graisses et d’odeurs répugnantes. Le seul personnage positif qui aurait pu sauver Florent (désolée de « divulgacher » ainsi la fin du roman) est une certaine Françoise qui cultive des beaux légumes frais aux portes de Paris, mais il suffit qu’ils passent la porte de halles pour qu’aussitôt ils se transforment en trognons, épluchures, et autres objets répugnants.

En lisant ce roman j’ai pensé qu’il constituait une mine de renseignements pour des reconstitutions historiques. A côté de ce Florent doux rêveur révolutionnaire, se dresse Lisa , la belle charcutière. Zola veut nous montrer « que ces gredins d’honnêtes gens » comme les traite Claude Lantier , peintre de son état (il sera le personnage principal de « l’œuvre »), sont des gens monstrueux à leur manière. Le pari est difficile car la belle Lisa, est avant tout une femme travailleuse, honnête et attachée à sa famille. Mais derrière cette apparence douceur se cache une violence implacable qui sera fatale à celui qui ne rentre pas dans son cadre de pensée.

Tous les personnages ou presque sont remplis d’une haine rancunière abominable , c’est un monde de femmes où toutes les passions se déchaînent sans aucune retenue, bref c’est du « Zola ». Je me suis dit que je n’aurais pas aimé expliquer ce roman à des jeunes aujourd’hui, car quelque soit les défauts de la belle charcutière, c’est une femme qui aime son travail et veut le bien de sa famille.

Citations

La belle charcutière

Il pardonnait à Lisa ses tendresses pour l’empereur, parce que disait-il, il ne faut jamais causé politique avec les femmes, et que la belle charcutière était après tout , une femme très honnête qui faisait aller joliment son commerce.

La religion de Lisa

Aussi lorsque Lisa allait dans une église, elle se montrait recueillie. Elle avait acheté un beau paroissien, qu’elle n’ouvrait jamais, pour assister aux enterrements et aux mariages. Elle se levait , s’agenouillait , aux bons endroits, s’ appliquant à garder l’ attitude décente qu’il convenait d’avoir. C’était pour elle une sorte de tenue officielle que les gens honnêtes, les commerçants et les propriétaires devaient garder devant la religion.

Les honnêtes gens

Ma conscience ne me reproche rien. Je ne dois pas un sou, je ne suis dans aucun tripotage, j’achète et je vends de bonne marchandise , je ne fais pas payer plus cher que le voisin… Alors pourquoi parles-tu de renverser le gouvernement, qui te protège et te permets de faire des économies ? Tu as une femme, tu as une fille, tu te dois à elle avant tout. Tu serais coupable, si tu risquais leur bonheur. Il n’y a que les gens sans feu ni lieu, n ayant rien à perdre, qui veulent le coup de fusil. Tu n’entends pas être le dindon de la farce peut être ? Reste donc chez toi, grande bête, dors bien , mange bien, gagne de l’argent, aie la conscience tranquille, dis-toi que la France se débarbouillera toute seule , si l’Empire la tracasse. Elle n’a pas besoin de toi la France.

La pauvreté

On trouve toujours quelqu’un pour vous payer à boire, on ne rencontre jamais personne qui vous paie à manger.