Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.


J’ai beaucoup aimé de cette auteure deux de ses romans historique « L’adieu à la reine » que j’ai lu avant Luocine et « Le testament d’Olympe« . Son livre de souvenirs était proposé à notre club de la rentrée, je l’ai donc commencé avec un a priori favorable. De plus les jeux d’enfant sur les plages me sont familiers ainsi que les ambiances de ville balnéaires en saison comme hors saison. Mais malgré ma bonne volonté, je n’ai rien reçu en lisant ce livre, qui n’est ni déplaisant ni plaisant. Je me disais sans cesse que si cette auteure n’était pas connue, peu de gens liraient ce livre qui est, je le reconnais, élégant et délicat. Chantal Thomas,( pour moi c’est une qualité), n’est pas de la veine des femmes qui aiment avec courage mais souvent trop d’impudeur étaler la moindre de leurs souffrances, elle reste mesurée et par touches très fines nous fait vivre une enfance bercée par les embruns et les odeurs d’estran et une mère fantasque. Elle raconte ses châteaux sur le sable, ses pêches miraculeuses dans les rochers, des grands parents qui pallient l’absence d’une mère plus intéressée par son propre bonheur que celui de ses proches. Je sais que j’oublierai ce livre aussi vite que la marée défait les œuvres éphémères des enfants sur la plage.

Citations

Parce que je connais des amoureux du tandem

Si aimer ce n’est pas se regarder l’un l’autre c’est regarder ensemble dans la même direction, alors le tandem et le véhicule par excellence de l’amour. L’un derrière l’autre, pédalant de concert dans la même direction, ils avaleront des kilomètres.

Les châteaux de sable

Le château continue de crouler. Vous auriez dû le construire dans le sable sec, là où la marée ne monte pas, pontifie un père qui ignore l’attrait des causes perdues et l’empire des ruines. C’est parce que le château s’écroule, c’est dans l’intervalle où, quoique délabré, il garde des traces de sa gloire passée, que soudain il s’anime et devient habité. Il est traversé de voix, on entend des appels au secours, des histoires se nouent, et une grande tristesse nous abat.

La maladie d’Alzheimer

Ma mère a tellement travaillé dans le sens de l’oubli, tellement voulu oublier, que maintenant que l’oubli lui arrive de l’extérieur, en forme de pathologie, elle a une supériorité sur ceux qui ne s’étaient pas entraînés, ceux que l’oubli frappent de plein fouet. Elle est étrangement à l’aise avec le processus mystérieux et actif en train d’effacer certaines de ses données existentielles. Elle est à l’aise, elle n’est pas complice. Elle sent que quelque chose la dépasse, qui ne s’agit plus d’une amnésie sous contrôle des noms de personnes et de lieu rayés de son monde comme porteur de mauvaises ondes, d’images désagréables et douloureuses. Un enfouissement réussi. Chez-elle les gens, les lieux, les noms, bétonnés sous une couche de silence, n’émergent plus jamais dans un espace vivant de conversation, de rires, de larmes, ni même par une allusion, une soudaine tristesse où se fige l’expression. Le nom de mon père n’a aucune chance de franchir la barrière de ses lèvres, pas plus que celui d’Arcachon.

Traduit de l’anglais (Irlande) par Isabelle D. Philippe. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard thème : « en chantant ».

Pour une fois, je crois qu’il vaut mieux voir le film que lire le livre qui l’a inspiré.

Film d’Alan Parker.


Le film est très drôle, visiblement, j’admire le talent des cinéastes qui savent à partir d’un tel livre faire un excellent film. On sent bien cependant toute la vie qui jaillit des dialogues mais c’est très très pénible à lire. Pour vous faire une idée je vous recopie un passage, tout le roman est écrit sous cette forme là. J’ai fini par survoler plus que vraiment le lire.

Citation

Création du groupe

-Tous ces trucs à la noix sur l’amour, la campagne et les rendez-vous avec les meufs dans les supermarchés ou au McDonald, c’est fini, à la masse. C’est malhonnête, déclara Jimmy.C’est bourgeois…
-Merde !
-C’est des trucs ringards, Dieu merci !
-Qu’est ce qui marche alors ? lui demanda Outspan
-Je vais te le dire. Le sexe et la politique.
-Quoi ?
-Le vrai sexe. Pas le genre sentimental « Je te tiendrai la main jusqu’à la fin des temps » Baiser, foutre… tu vois ce que je veux dire ?
-Je crois.
-Mais on ne peut pas dire « foutre » dans une chanson objecta Derek…

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Bernard Hœpffner avec la collaboration de Catherine Goffaux.


Le récent article de Keisha m’a amenée à relire ce roman que j’avais abandonné, il m’a fallu toute la force de sa conviction pour que je le termine. J’ai failli plus d’une fois faire comme Sandrine renvoyer ce roman aux oubliettes. Il est construit autour d’un texte perdu, caché, présenté comme « unique » et « superbe », il donne, donc, au lecteur une seule envie : le lire à son tour pour partager et comprendre ce plaisir mais les extraits qui sont donnés sont (pour moi) des flops, cette déception a entraîné une partie de mon désamour pour ce ce livre.

Extrait du livre présenté comme un chef d’oeuvre

Pendant l’age du verre, chacun pensait qu’une partie de son corps était extrêmement fragile. Pour certains c’était une main, pour d’autres un fémur, et d’autres encore pensaient que c’était leur nez qui était en verre. L’âge du verre avez suivi l’âge de la pierre en tant que processus évolutif de correction, avait introduit un sentiment nouveau de fragilité dans les relations humaines qui encourageait la compassion.

Pourquoi autant de mystère autour d’un texte aussi inintéressant ! Mais le pire n’est pas là, le côté absolument insupportable de ce roman c’est sa construction. Les personnages sont reliés entre eux par des fils qui sont si emmêlés que l’on ne sait pas ce qui les rapproche. Il y a cependant de très beaux passages, les évocations des différents aspects de l’extermination des juifs de Pologne et d’Europe centrales. Le poids de tous ces morts et les souvenirs qui ne peuvent plus être ravivés par les vivants mais qui se sont arrêtés alors que les parents, les frères les sœurs, les amants et amantes avaient encore le reste de leur vie à partager avec la fratrie ; cela finit par étouffer les survivants. J’aurais tant voulu apprécier ce livre, je suis bien triste de ne pas y être parvenue.

Citations

Une mère envahissante

Quand je disais que j’allais dans ma chambre elle m’appelait : « Que puis-je faire pour toi, je t’aime tellement », et j’avais toujours envie de dire,mais sans jamais le faire : Aime- moi moins.

Le grand amour

Et si l’homme avait autrefois été un garçon qui avait promis qu’il ne tomberai jamais amoureux d’une autre fille tant qu’il vivrait a tenu promesse, ce n’est pas parce qu’il était têtu ni même loyale. Il ne pouvais pas faire autrement. Et, après s’être caché pendant trois ans et demi, caché son amour pour un fils qui ne savait même pas qu’il existait ne paraissait pas impensable. Pas si c’était ce que la seule femme qu’il aimerait jamais lui demanderait de faire. Après tout, quelle importance si un homme doit cacher une chose de plus lorsqu’il a complètement disparu ?

Un juif réfugié au Chili et le poids de la découverte du sort de ceux qui sont restés en Pologne.

La guerre s’acheva. Petit à petit, Livinov apprit ce qu’était devenu sa soeur Myriam, et de ses parents, et de quatre autres frères et sœurs (ce qui était arrivé à son frère aîné André, il ne put le deviner qu’à partir de probabilité). Il apprit à vivre avec la vérité. Pas à l’accepter, mais vivre en sa compagnie. C’était comme s’il vivait avec un éléphant. Sa chambre était minuscule et, chaque matin, il devait se glisser le long de la vérité simplement pour se rendre à la salle de bains. Pour atteindre l’armoire et sortir des sous-vêtements, il lui fallait passer à quatre pattes sous la vérité, en priant qu’elle ne choisisse pas ce moment précis pour s’asseoir sur son visage. La nuit, quand il fermait les yeux, il la sentait planer au-dessus de lui.


Je suis toujours à la recherche de nouvelles pour pouvoir les lire à haute voix à un public de vieilles dames. J’aime beaucoup l’écriture de Benoît Duteutre, et ce livre est encore une fois parfaitement écrit. Ces nouvelles ont été rédigées au moment où sa mère mourait dans une maison adaptée à la grande vieillesse dépendante d’autrui pour survivre. Et toutes ces nouvelles sont marquées par cette tristesse et même si c’est bien vu, c’est trop triste pour moi (et pour mon public qui a surtout besoin d’optimisme pour vaincre le poids des soucis de santé). Dans un des textes, il met en scène les retrouvailles des familles sur la plage d’Étretat (cela pourrait être Dinard) qui s’émerveillent devant le dernier né de la famille et toutes les petites têtes blondes qui jouent sur la plage. Face à ce que peuvent devenir chaque humain au choix (selon lui) : délinquant, abruti, cancéreux, sectaire ou drogué, il a du mal à être au diapason de cette joie qu’il trouve factice. Constatant de plus que l’homme est, quelque soit son destin, le plus grand prédateur de la planète, il se réjouit que lui et son compagnon n’aient pas d’enfants.

Dans une autre nouvelle, son personnage principal s’agace du musicien de rue qui joue toujours le même morceau. Son agacement tournera à l’obsession, et il perdra son goût pour l’écriture, son logement et son amie qui tombera amoureuse du musicien en question. Toutes les nouvelles ont cette couleur là, et, ce n’est évidemment pas la description de la vie de la maison dans laquelle sa mère va mourir qui peut nous réjouir. Il passe aussi ses vacances dans les Vosges, la description de la fin du monde rural est d’une tristesse infinie. Bref si vous avez un moral d’acier et que vous voulez une petite note de tristesse ce livres est pour vous, sinon fuyez, vous allez devenir neurasthénique !

Citations

« La vie » à la campagne  :

Il vivait avec ses deux sœurs, l’une neurasthénique et l’autre aveugle, si je me souviens.Le peuple de la campagne acceptait ses imperfections comme un des caractères de l’humanité : on y rencontrait des sourds-muets, des boiteux, des idiots, mais aussi quantité de vieux célibataires dans cette vallée progressivement dépeuplée.

L’enterrement

La mort de Mme Maréchal, en 1976, est l’une des premières dont je me souvienne. Je me rappelle surtout que ma grand-tante, excellente musicienne, joua de l’harmonium pour l’inhumation et que pour la remercier, M. Maréchal vint chez nous quelques jours plus tard, en costume noir, coiffé d’une casquette. De sa voix de sourdine, il voulait savoir comment il pourrait dédommager ma grand-tante pour les obsèques de sa femme. Timide, hésitant, il finit par lui demander si elle aimerait quelques brouettes de fumier. Ainsi s’achevaient les vies d’autrefois, quand toutes les pensées retournaient vers la terre.

Le charme de la campagne

Un jour, enfin, à ce qu’on m’a dit, il est sorti de chez lui au petit matin, puis s’est rendu au ruisseau où il a plongé sa tête dans l’eau froide et l’y a maintenue volontairement jusqu’à l’asphyxie. Son nom est venu s’ajouter à la litanie des suicides paysans, à ces fins obscures dans les fermes perdues, à ces pendus des greniers à foi. Et à tous ces campagnards mélancoliques hantés par le destin.

Dernière phrase de ce livre trop triste

Le mois de septembre approche et, déjà, je songe au fagot de petit bois que je vais bientôt aller ramasser, dans mon coin des Vosges, dans le nord-est de la France, près du cimetière qui m’attend, qui nous attend… Mais, pour l’heure, j’écoute la voix de la mère et je me sens bien.

Lu grâce au club de lecture de la média­thèque de Dinard.


Pas vraiment convaincue par cette lecture. Je me demande ce que les écrivains d’aujourd’hui vont rechercher à travers la biographie des artistes d’hier. La vie ratée de l’écrivain August Strindberg est pire qu’un mauvais roman. La lecture d’articles qui lui sont consacrés sur le net, en disent autant que ce petit livre, moins le style de l’auteure. Trois fois, cet homme tourmenté, drogué alcoolique, violent a essayé grâce à trois mariages différents de se sortir de la misère. Il a sans doute eu des sentiments pour ces trois femmes, mais aimer pour lui voulait dire les injurier et les mépriser. Je ne connais pas l’oeuvre de Strindberg et ce n’est pas ce livre qui me donnera envie de lire ces livres ni d’aller voir ses pièces.

Il reste donc le style de Régine Detambel. Pour se mettre à la place du cerveau souffrant de cet auteur, elle saccade ses phrases, supprime au maximum les verbes. Ce n’est pas agréable à lire, c’est très certainement pour rendre compte de la vie aux côté de ce grand malade de Strindberg. Les deux dernières pages, celles où elle raconte l’enterrement de cet écrivain sulfureux prennent un peu plus de hauteur. Bref, un pensum de lecture qui n’a duré qu’une soirée.

Citations

Exemple de scène et du style de l’auteure

Tu n’es qu’un coureur de dot !

Ne me touche pas

On se hait, on se bat jusqu’à tomber, au petit matin, sur notre lit, sans même ôter nos souliers, étourdis par le bruit incessant des insultes ; (…)

Souillure que de devoir l’argent à une femme, et en plus aristocrate.
Sorcière

Strindberg anarchiste

Désormais August est mûr pour crever les rois et les princes, ainsi que les barons de Suède. Tous les soirs il est au café à exciter les étudiants. Des détectives le filent. Des informateurs notent sur un carnet tout ce qu’il dit. Le roi déteste les gendelettres politiques . Un gendelettre qui veut faire la révolution, c’est ce qu’il y a de pire.

Ressenti d’une de ses ex

On ne peut se remettre des insultes de Strindberg. Personne ne le pourrait.(…) je croyais ne pas pouvoir survivre aux crachats d’August

Le Misogyne

A en croire le dramaturge, le mariage repose sur une absurdité. Où il y a une femme, ça tourne de toute manière à l’absurde.

Des propos qui ne donnent pas envie de lire Strindberg

La femme a même réussi à faire considérer la maternité comme quelque chose de sacré, et l’homme le croit, mais c’est faux d’imaginer que les femmes souffrent en accouchant, c’est un mensonge disons le franchement, en vérité elles jouissent à ce moment là d’un plaisir mille fois plus fort que celui qu’elles trouvent avec un pénis… Mon Dieu, que les hommes sont cons…

 

 

Un livre vite lu et certainement vite oublié, je ne comprends absolument pas pourquoi cette auteure mêle sa vie sentimentale à ce récit. J’ai essayé de comprendre, puis j’ai lu en diagonal son histoire d’amour torride avec « P » le séducteur. En revanche, j’ai bien aimé la description de sa famille pied-noir. Le portrait de sa grand-mère est criant de vérité. Cette femme si digne , aux cheveux colorés et permanentés, au visage parfaitement maquillé a raconté à sa petite fille ses souvenirs de « là-bas₩ » c’est à dire de son Algérie natale qui n’a vraiment rien à voir avec le « crime contre l’humanité » dont à parlé un politique. Les Montaya sont des Espagnols pauvres qui ont réussi à fertiliser un bout de terre très aride de la campagne oranaise : Misserghin. Toute la famille a vécu dans le souvenir de ce lieu, et l’auteure décide son père à retourner en Algérie. Elle ne sait pas si elle a raison de l’y entraîner, finalement, il l’en remerciera. Dès que son père s’est retrouvé sur les lieux de son enfance, il s’est senti beaucoup plus à l’aise qu’en France où il a toujours été un homme timide et réservé. Les liens entre l’Algérie et la France, à travers les rencontres que le père et sa fille sont amenés à faire avec des algériens de toutes le générations sont décrits de façons sincères et subtiles cela montre que nous sommes bien loin des déclarations simplistes et polémiques des politiques sur ce sujet.

 

Citations

La mémoire de mon père m’impressionne. Celle d’Amin, me stupéfie. Ce n’est pas celle d’un garçons d’une trentaine d’années qui aime avant tout s’amuser et dont le caractère a priori joyeux n’a rien de nostalgique. En aucun cas il ne peut s’agir de ses propres souvenirs, on les lui a transmis. Il a reçu l’Algérie française en héritage, comme moi.

20161130_175730Traduit de l’allemand par Leïla PELISSIER. Lu grâce au club de lecture de la média­thèque de Dinard.

2
Ce roman est « gentillet » pour les lectrices de notre club de lecture. Nous nous attendions à mieux et surtout à comprendre pourquoi plus personne ne vient dans cette librairie. Nous voulions aussi savoir si la jeune femme qui en hérite réussit à rentabiliser cette affaire. Car Valérie hérite d’une librairie qu’une vieille tante Charlotte originale lui a confié le temps de son absence, on ne sait pas si elle est morte ou tout simplement partie se distraire ailleurs.

Aucun personnage n’est crédible, et rien ne permet de comprendre le pourquoi de la désaffection pour ce lieu, si ce n’est que les livres se vendent moins. Elle va se lier d’affection avec une rate ce qui ne rajoute vraiment rien à l’histoire et va rencontrer un beau jeune homme dont on ne saura pas grand chose. Quant à l’importance des livres, c’est dit dans le roman sans convaincre, certes Valérie a plus de temps pour lire puisque peu de gens passent dans sa boutique mais cela ne donne pas l’explication ni la solution à la désaffection des lieux qui autrefois enchantaient les grands lecteurs. Bref un livre que je vais très vite oublier comme tous les membres de notre club

Citations

Un magasin vieillot

Ce magasin était comme un vêtement que la vieille dame aurait confectionné autour de sa vie. Certainement confortable pour elle, il était informe et peu pratique pour la jeune femme

Humour

Elle était juste introuvable. Si aucun indice ne permettait de penser qu’elle était partie de son plein gré, rien n’indiquait non plus qu’elle était quelque part contre son gré, fut-ce dans l’au-delà.

Le pouvoir de la littérature

La littérature peut en effet fasciner un être et capter toute son attention. Elle peut le soustraire aux petites misères du quotidien et les transporter vers d’autres mondes au point de s’y abandonner corps et âmes

Je fais souvent ça dans une librairie

Elle prit toute une pile de livres pour son petit fils (en veillant à se faire conseiller en détail, pour faire ensuite des choix personnels forts différents).

Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thè­que de Dinard

Déçue ! j’avais pourtant bien aimé « le club des incorrigibles optimistes » un peu moins « la vie rêvée d’Ernesto G. » et vraiment très peu celui-là. Bref, pas sûre que j’en lise un autre, de cet auteur. Jean-Michel Guenassia se plaît à découvrir les dessous de la grande Histoire . Ici il s’attaque à un fait divers tragique qui a certainement privé l’humanité d’un artiste qui avait encore tant à nous dire à travers sa peinture. Comment est mort vraiment Vincent Van Gogh, on est sûr d’une chose, il est mort des suites d’un coup de feu. Mais qui a tiré ? lui ? Des enfants qui jouaient ? Un homme rencontré peu de temps avant ? et ensuite pourquoi n’a-t-on pas pu extraire la balle pour lui sauver la vie ? Le docteur Gachet était-il compétent ? Quand on va à Auvers toutes ces hypothèses sont évoquées, celle du suicide aussi évidemment, avec une véritable interrogation à propos de l’arme. Un pistolet sera bien retrouvé dans un champ en 1960 mais est-il celui qui a servi et qui s’en est servi ?

Fort de toutes ces interrogations Jean-Michel Guenassia, invente un amour entre Marguerite Gachet et Vincent Van Gogh. Pourquoi pas ? Que ce peintre ait pu émouvoir jusqu’à la passion une jeune fille de province vivant sous la domination d’un père peu sensible à ses volontés d’émancipation, c’est possible. Ce n’est qu’une hypothèse de plus. Je l’ai acceptée au début, espérant qu’elle permette de mieux comprendre ce génie de la peinture. Et c’est là que le roman est faible car si la jeune fille sent immédiatement la force de ce peintre et que quelques descriptions de sa façons de peindre sont attirantes, le génie de Vincent Van Gogh ne devient pas plus familier pour autant. Ce n’est pas très surprenant car l’auteur a vraiment très peu de documents pour étayer sa thèse. Vincent n’a jamais parlé de Marguerite Gachet à son frère. La partie artistique est quelconque et je n’ai guère cru à l’intrigue amoureuse.

Je retiendrai une chose qui est connue mais qui est bien expliquée ici : on peut être une copiste géniale et ne rien avoir à apporter à l’art, autrement dit ne pas être un artiste. Ainsi certains tableaux du musée d’Orsay seraient des copies de la main de Marguerite Gachet dont ce célèbre portrait de son père. Il est vrai que Vincent dans les lettres à Théo parle d’un portrait et pas de ce deuxième. Pas plus qu’il ne parle de son amour pour Marguerite. Et surtout que se cache-t-il derrière le regard dans le vague du Docteur qui aurait laissé mourir sciemment Vincent Van Gogh ? Dans ce cas il mériterait grandement l’opprobre de Jean-Michel Guenassia.

Le vrai acheté par quelqu’un qui ne l’expose jamais.

Et le faux ? celui qui est à Orsay

Citations

le père et le frère de Marguerite Gachet

Ils sont tellement prévisibles, leur égocentrisme est tellement forcené que cela serait risible si je n’en avais autant de tristesse. Chaque année, je n’y fais pas allusion , pour voir s’ils y penseront, et je ne suis pas déçue : ils m’ont oublié.

Les lieux peints par Vincent Van Gogh et les impressionnistes

Nous étions au bord de L’oiseau, c’est un lieu que Vincent affectionne particulièrement. A cette époque cet endroit ressemblait au paradis terrestre, le grand saccage commençait à peine, nous n’avions pas conscience que l’homme était en train de tout défigurer…Quand on voit les bords de Seine tels que les ont peints les impressionnistes et ce qu’ils sont devenus, nous ne pouvons qu’être atterrés de la destruction systématique de ce qui était si beau.

Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thè­que de Dinard Thème « soudain tout bascule »

Ce livre avait tout çà fait sa place dans ce thème, cet homme a perdu son diplôme du Baccalauréat sa vie devient absurde et malheureusement son livre aussi. C’est un premier roman et depuis il m’a fait beaucoup rire avec « L’écologie en bas de chez moi » mais celui-là est à peu près illisible ? C’est une fable bien sûr dans la quelle il est beaucoup question de sexe, on se demande bien pourquoi. L’enchaînement est totalement absurde, en revanche, il y a quelques remarques sur l’administration française qui sentent le vécu. Le moment où à l’Académie la secrétaire voit qu’il a brillamment réussi son bac mais ne peut pas appuyer sur la touche « imprimer » pour en faire une copie est très proche de la réalité : « que voulez-vous elle n’est pas là pour ça ! » Dans tout un fatras de situations totalement absurdes, après plusieurs semaine de recherches infructueuses, j’ai souri quand sa femme lui a avoué que, finalement, c’était elle qui l’avait ce fameux diplôme, dans ses affaires. Situations que j’ai rencontrées plusieurs fois.

Sinon c’est du grand guignol et j’avoue après une centaine de pages, j’ai plutôt parcouru ce livre qui m’agaçait fortement. Ni les parties de jambes en l’air, ni la course après son diplôme n’arrivaient à retenir mon attention, ni son voisin d’en face. Aucun personnage n’a une quelconque consistance. Bref un premier roman dont j’aurais volontiers fait l’économie, heureusement que je n’ai pas commencé par celui-là : j’aurais gardé une bien mauvaise impression de cet auteur qui m’a tant amusée ensuite.

Citations

Incipit

Malheur à celui des enfants de Dieu qui perd son Baccalauréat

L’art du rangement

C’est ça aussi le bonheur du rangement, le doute permet aux plus artistes d’entre nous d’avoir une approche créative, si tout était figé d’avance on n’aurait plus de raison de vivre

Humour

Le temps est l’ennemi des pin-up comme il est l’ennemi des rangements, les femmes et les papiers jaunissent au soleil

Je préfère le verbe aller au verbe être pour exprimer un déplacement

Le lac des cygnes où on a été avec Marco

L’administration

Quant à rencontrer le doyen, en voilà une farce qui valait des millions ! Passer au-dessus d’un chef du personnel, a-t-on déjà entendu pareille vulgarité ?

20161030_165320Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thè­que de Dinard

2
Une déception mais quel dommage ! car c’était une bonne idée : peut-on guérir le mal-être grâce à la lecture ? Le personnage central de cette histoire, Alex, en est persuadé au point de devenir « bibliothérapeute ». (J’ai découvert, grâce à Google, que cette profession existait !). Je sais, également, grâce à mon expérience personnelle que lire et faire partager ses lectures fait un bien fou. Je me suis donc plongée avec délice dans ce roman pour suivre la vie d’Alex et de ses patients. Hélas ! malgré quelques remarques pertinentes sur notre société, un ressenti acerbe contre des mères dévouées mais envahissantes, aucun personnage ne prend un relief quelconque.

C’est un roman fade, les extraits choisis par le thérapeute pour guérir ses patients sont insipides et on se demande bien pourquoi la lecture de ces œuvres peut aboutir à une amélioration de l’état mental d’une personne souffrante. Mon jugement est sévère sans doute, mais il est à la mesure de ma déception. Je ne sais pas si mes lectures m’ont soignée, mais ce dont je suis sûre c’est que je ne pourrai jamais regarder sans sourire le comportement d’un snob après avoir lu Proust nous racontant Legrandin, que quand je suis triste ces vers de Verlaine me hantent :

Je ne sais pourquoi

Mon esprit amer

D’une aile inquiète et folle vole sur la mer

Tout ce qui m’est cher

D’une aile d’effroi

Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, Pourquoi ?

Lire permet de se comprendre, d’accepter la vie et celles des autres. Je m’attendais à trouver dans ce récit la magie de textes pouvant faire plus et même soigner quelqu’un, mais je ne l’ai pas trouvé. Une déception donc. Je n’ai pas réussi à m’intéresser au personnage du commercial qui confond les qualités de sa femme et celles de sa machine à laver, ni au footballeur qui ne sait pas s’il doit rester jouer en France, ni à Yann atrocement mutilé après un accident de voiture. Et hélas ! je n’ai pas cru aux amours d’Alex et de Mélanie.

Citations

Difficultés de plaire pour un littéraire

Elles cherchaient un amoureux fougueux, courageux, dont elles pouvaient être fières pas un garçon capable de déclamer Racine au bord de la piscine où les autres exécutaient des saltos avant.

La phrase qui tue pour un adolescent qui veut sortir avec une jolie fille

Je veux bien sortir avec toi mais je ne veux pas qu’on nous voie ensemble

C’est drôle mais peu crédible

Si Alex avait grandi dans une famille d’aliénés il lui aurait demandé si elle avait également filmé la conception de sa fille chérie. Les films de naissance ennuient tout le monde, enfin les personnes sensées. Les films de conception trouveraient un public plus large.