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J’ai lu il y a quelques mois ce roman et il fait partie de ma mauvaise conscience ! Pourquoi n’ai-je pas écrit un texte sur Luocine ? Je l’ai bien aimé mais sans doute, sans passion.

Je rappelle l’histoire : une femme qui mène une vie ordinaire gagne une super somme au Loto, elle ne le dit à personne en particulier pas à son mari qui va finir par lui voler son argent et détruire tous ses rêves. Pourquoi ce titre car elle essaie de dresser une liste de ce dont elle a vraiment envie . J’ai beaucoup aimé ces listes, je joue souvent à ça : je rêve d’une somme d’argent importante et je n’ai pas plus d’imagination qu’elle. La seule différence c’est que je ne joue jamais, je rêve seulement. Résumé ainsi le livre semble sans intérêt mais il est plus que ça.

L’héroïne fait partie de ces femmes qui sont heureuses à travers les travaux de couture. Elle tient une mercerie et peu à peu à travers un blog elle redonne le moral à d ‘autres femmes comme elles. On connaît tous ce style de femmes , elles ont en général des intérieurs très soignés et peuvent passer tout un après midi à choisir des galons pour agrémenter les robes de princesse de leurs petites filles. Et c’est vrai que la blogosphère leur a redonné un certain tonus.

Le roman explore aussi les sentiments mère fille d’une très jolie façon. Et enfin c’est aussi un roman d’amour. Un beau livre qui m’avait rendue heureuse le temps de la lecture dont je garde une bonne impression.

Citations

La trahison

Je croyais que mon amour était une digue . Un infranchissable barrage. Je n’avais pas imaginé que Jo, mon Jo , me volerait. Me trahirait. M’abandonnerait.
Qu’il détruirait ma vie.

 Ce qu’elle a aimé dans sa vie

J’aimais les milliers d’Iseult de « dixdoigtdor » . J ‘aimais leur gentillesse, calme et puissante ; régénérante comme l’amour d’une mère . J’aimais cette communauté de femmes nos vulnérabilités, nos forces.

 L’argent ne fait pas le bonheur

 J’aimais profondément ma vie et je sus à l’instant même où je le gagnais que cet argent allait tout abîmer , et pour quoi ?

On en parle

Beaucoup beaucoup, sur Babélio 204 critiques, et par exemple chez Kitty la mouette (solidarité des oiseaux de mer !)

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5
Et oui ! le père Noël parisien qui commençait à souffrir de me voir monter les marches des appartements perchés dans les étages – à Paris, on doit choisir entre plus de surface et moins d’ascenseur !- a eu l’ idée de m’offrir un Kindle !

J’entends déjà toutes vos dents grincer ! Comment un Kindle, mais ne sait-elle pas qu’elle va en s’alliant à « A—–N », détruire un peu plus le réseau des librairies de quartier. Si j’étais malhonnête , je me cacherais derrière le père Noël et nierais toute responsabilité dans ce choix ( ce qui est vrai !) mais bon , je l’ai quand même essayé. Ne serait-ce que par politesse ! Un cadeau, c ‘est un cadeau.

Vous attendez tous et toutes mon verdict ! Je vais encore faire grincer des dents ! C’est tout simplement merveilleux ! J’explique : je n’ai, pour l’instant, chargé que des livres gratuits d’où « le rouge et le noir ». Je l »ai donc relu ce que je n’aurais jamais fait sans ce cadeau. Le confort de lecture est… total, et, surtout pour moi qui ai trop tendance à faire confiance à ma mémoire, ce format oblige une lecture très attentive : je n’ai rien zappé ce que je fais facilement quand je sens que je l’ai déjà lu.

J’ai été sidérée par tout ce que j’avais oublié de ce diable de Stendhal. Dans mes souvenirs, « Le rouge et le noir » était surtout un superbe roman d’amour , j’avais oublié toute la critique de la société de l’époque. En particulier de la religion. La description de la formation des séminaristes est irrésistible, c’est à la fois drôle, triste et sans doute, tellement vrai. Il est si difficile de cacher son intelligence et essayer d’épouser un modèle social quel qu’il soit lorsqu’on a un sens critique développé c’est une cause vaine aujourd’hui encore.

Bien sûr, j’ai relu avec plaisir la scène où Julien retient la main de Madame de Rénal sous les yeux de son mari à la faveur de l’obscurité d’une belle soirée d’été. Je crois que ce passage était dans mon Lagarde et Michard, je n’en suis plus si sûre mais je n’ai pas oublié mes premiers émois érotiques que j’avais ressentis à l’époque. En le relisant, l’émotion est toujours là et je suis certaine que « le rouge et le noir » peut toucher les adolescents de notre époque , je me demande même si ce n’est pas le romancier du 19° qui a le moins vieilli.

Une chose m’a amusée que j’avais complètement oublié, de temps en temps Stendhal intervient directement dans son roman et prend à partie son lecteur. Il dit parfois (en substance) : maintenant que vous avez compris je ne vais pas continuer à vous expliquer ! Roman à lire et à relire, pas forcément en format Kindle encore que… C’est sûrement grâce à ce format que ma lecture a été si attentive et donc, comme il s’agissait de Stendhal, si pleine de plaisir. Alors merci Morgan (mon père Noël de cette année).

Citations

 Et vlan pour ceux qui sont si fiers de leur mémoire

 Avec une âme de feu, Julien avait une de ces mémoires étonnantes si souvent unies à la sottise.

 La supériorité de la nécessite sur l’intelligence et le talent de Stendahl :

Après une conversation savante de deux grandes heures , où pas un mot ne fut dit au hasard , la finesse du paysan l’emporta sur la finesse de l’homme riche , qui n’en a pas besoin pour vivre.

L’imaginaire et le réel

Égaré par toute la présomption d’un homme à imagination , il prenait ses intentions pour des faits , et se croyait un hypocrite consommé . Sa folie allait jusqu’à se reprocher ses succès dans cet art de la faiblesse.

 La vocation religieuse

Le reste des trois cent vingt et un séminaristes ne se composaient que d’êtres grossiers qui n’étaient pas bien sûrs de comprendre les mots de latins qu’ils répétaient tout le long de la journée . Presque tous étaient des fils de paysans, et ils aimaient mieux gagner leur pain en récitant quelques mots en latins qu’en piochant la terre. 

 J’adore cette phrase, elle me fait penser à des gens que je connais qui savent d’où vous venez si vous utilisez le verbe « manger » à la place de « déjeuner » ou « dîner »

Au séminaire , il est une façon de manger un œuf à la coque qui annonce les progrès faits dans la vie dévote.

 La noblesse

Il y avait trop de fierté et trop d’ennui au fond du caractère des maîtres de la maison ; ils étaient trop accoutumés à outrager pour se désennuyer , pour qu’ils puissent espérer de vrais amis. Mais exceptés les jours de pluie, et dans les moments d’ennui féroce, qui étaient rares, on les trouvait toujours d’une politesse parfaite.

La peur de dire ce qu’il ne faut pas. Problème de censure et surtout de propos déplacés

Les jeunes gens qui venaient rendre des devoirs , ayant peur de parler de quelque chose qui fît soupçonner une pensée, ou de trahir quelque lecture prohibée, se taisaient après quelques mots bien élégante sur Rossini et le temps qu’il faisait.

 L ‘originalité à tout prix !

Je ne vois que la condamnation a mort qui distingue un homme , pensa Mathilde : c’est la seule chose qui ne s’achète pas.

Réellement mon mot a de la profondeur. La condamnation à mort est encore la seule chose que l’on ne se soit pas avisé de solliciter.

5
J’apprécie beaucoup cette auteure qui me permet d’accéder à l’univers japonais sans ressentir trop d’étrangeté. Il faut dire qu’ Aki Shimazaki écrit en français et réside au Québec. Ceci explique peut être cela ! Les 5 tomes, d’une centaine de pages chacun, raconte la même histoire vue par un protagoniste différent à chaque fois. C’est aussi l’occasion de cerner de plus près la réalité japonaise surtout dans ses aspects négatifs.

Le ressort de la narration repose sur un postulat qui m’étonne : des enfants se sont connus jusqu’à 4 ans et se retrouvent à 16 ans. Ils ne se reconnaissent pas et ne reconnaissent pas non plus les adultes qui les entourent. Ils s’aimeront en ne sachant pas qu’ils sont demi frère et sœur. Il me semble que j’ai gardé en mémoire le visage des gens qui s’occupaient de moi quand j’avais 4 ans. Ce n’est qu’un détail mais je l’ai gardé en tête pendant toute la lecture.

En revanche, ce que j’ai trouvé très bien raconté , c’est justement « le poids des secrets ». Toute cette famille est détruite par la conduite de du père de ces deux enfants et il faut donc attendre la troisième génération pour que la lumière se fasse enfin et que les conflits s’apaisent.

Le tome 1, révèle l’essentiel du drame, Yukiko explique pourquoi elle a tué son père. Son récit nous plonge dans le Japon au temps de l’explosion qui a détruit Nagazaki, on y voit une société figée sur les statuts sociaux et sur l’effort demandé à la population pour soutenir la guerre.

Le tome 2 est centré sur Yukio l’enfant qui est né hors mariage. Si son père,le même que celui de Yukiko n ‘a pas épousé sa mère c’est que celle-ci n’est pas « d’une bonne origine ». On est plongé dans les difficultés des femmes qui n’appartiennent pas à la bonne société.

Le tome 3 nous ramène du temps où , lorsqu’on était Coréen au Japon on pouvait être tué sans que personne ne trouve à y redire comme lors du tremblement de terre de 1923. C’est très émouvant de voir à quel point cette mère coréenne a essayé de lutter pour donner à sa fille des chances de s’intégrer dans cette société si fermée.

Le tome 4, c’est celui que j’ai trouvé le moins passionnant, il est centré sur l’homme positif qui a bravé tous les interdits de la société japonaise et a épousé la femme qui avait un enfant hors mariage.

Le tome 5, on est avec la maîtresse du père de son fils et le roman se termine sur la vérité et la boucle est brisée la malédiction prend fin,sa petite fille ne commettra pas les mêmes erreurs qu’elle.

Chaque tome peut se lire séparément mais l’ensemble a beaucoup de cohérence. C’est une autre façon de lire 500 pages, on ne sent pas le temps passer et on se perd moins que dans un énorme roman à personnages multiples, la façon de nous raconter le Japon est inoubliable cette société si fermée mélange de raffinement et de violence devient compréhensible à défaut d’être attractive.

Citations

Explication des deux bombes, l’explication de la guerre

– Grand-mère , pourquoi les Américains ont-ils envoyé deux bombes atomiques sur le Japon ?
– Parce qu’ils n’en avaient que deux à ce moment là, dit-elle franchement.

 

Mais ce que mon père n’acceptait pas c’est la justification des Américains : quand il est question de guerre ils ont toujours raison.

 

On se justifie pour se défendre des accusations. Il n’y a pas de justice. Il y a seulement la vérité.

L’enfant sans père

 Les enfants des voisins ne jouent pas avec moi. Au contraire, ils me lancent des pierres, ils me barrent le chemin quand je rentre a la maison, ils m entourent me bousculent. Ils crachent sur moi. Tout le monde est plus grand que moi. Personne ne leur dit d’arrêter. J’attends qu’ils s’en aillent. Ils me crient des mots que je ne comprends pas : « Tetenashigo » (bâtard) ou enfant de « baïshunfu » (putain)/

 On en parle

Chez keisha.

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5
J’ai choisi ce livre sur le blog que vous connaissez si vous lisez le mien régulièrement : « A sauts et à gambades ». Comme Dominique, je vais chercher de toutes mes forces, à vous faire lire « Aux frontières de l’Europe » , ce n’est pas par hasard que j’ai mis 5 coquillages au livre de Paolo Rumiz , il fait parti des livres que je n’oublierai pas et que j’ai traîné partout pendant 15 jours. J’ai retenu mon envie de le dévorer à toute vitesse car je ne voulais pas le finir, je l’ai dégusté tout doucement.

Ce voyage à travers l’Europe d’aujourd’hui me semble le complément indispensable au voyage historique de Geert Mark « Voyage d’un Européen à travers le XX° siècle ». Il s’agit, ici, d’un état actuel d’un lieu bien particulier de l’Europe et qui , sans doute, prévoit un peu notre avenir. Je rappelle le projet de Paolo Rumiz : voyager le long des frontières de la communauté européenne avec la Russie et les pays qui ne font pas partie de cette communauté.

Il voyage le plus possible avec le train ou les bus locaux , il est donc au cœur des populations. Il a la chance d’être accompagnée d’une Monika qui parle le Russe et le Polonais. Au passage, Monika est photographe et j’aurais aimé voir les photos de cette femme qui sait si bien se faire accepter de tout le monde. Si quelqu’un sait où on peut voir ses photos qu’on me le dise.

La langue est absolument merveilleuse, un peu précieuse par moment et j’ai dû plusieurs fois ouvrir mon dictionnaire pour vérifier le sens de mots que je connais plus ou moins sans jamais les utiliser (Aèdes, marmoréen, thaumaturge, hiératisme….). Je pense qu’en italien ce sont des mots plus communément utilisés (heureux peuple !) et j ai constaté encore une fois que cette langue est agréable même traduite en français. Mais la langue ce n’est pas que la qualité de style, c’est aussi la capacité faite naître des images dans l’imaginaire du lecteur. Vous n’oublierez pas la chaleur avec laquelle nos deux voyageurs sont, parfois, reçus dans les endroits les plus reculés et aussi la violence de certaines villes. Il raconte un passage à tabac qui m’a fait peur et a produit chez moi les mêmes effets de terreur que les images les plus violentes du cinéma. La scène de la fouille par les policiers polonais du train venant de Russie est extraordinaire de drôlerie et on peut facilement se la représenter.

On rit souvent et on aime l’humanité , car Paolo Rumiz aime les hommes même quand ils sont écrasés méprisés , dans les pires conditions ils arrivent à vivre grâce à l’humour et la chaleur humaine. Si ce n’est pas un livre sur le passé , on y lit quand même les traces que les deux horreurs du XXe siècle ont laissé dans ces régions : la disparition de la population juive et les déplacements de populations pour en contrôler d’autres. Pauvres Russes qui vivent en Estonie , sont-ils vraiment responsables de la folie impérialiste de Staline ?

J’ai bien aimé aussi qu’il connaisse Ryszard Kapuscinski, autre auteur que j’ai découvert grâce à Dominique , je suis une inconditionnelle d’Ébène. Il y a une communauté de regard entre ces deux auteurs. Avec un côté latin chez Paolo Rumiz qui fait une grande partie de son charme, surtout quand il se confronte à la réserve des gens du grand nord.

À lire et relire, c est un livre qui charme, fait réfléchir et fait aussi,comprendre le plaisir du voyage.

Citations

Une jolie phrase sur sa ville

Filons, filons, une voile et c’est parti ; une ville qui sert uniquement d’embarcadère, de point de départ. Un aperçu, une balustrade vers d’autres horizons.

Triestre sa ville d’origine

Je viens d’une terre de mer, de rocs et de vent. Pour moi, c’est plutôt une base qu’une ville, Trieste, agrippée à l’extrémité septentrionale de la mer Méditerranée, est mon refuge, un lieu que Dieu se complaît de temps en temps à touiller avec sa grande louche , déchaînant une tempête d’air et d’eau que l’on appelle la « Bora » , un vent furieux qui souffle de la terre. 

Les sourire des finlandais

En Finlande on parle peu et on sourit encore moins. Ce peuple de bûcherons timides vit dans la terreur de voir quelqu’un lui sourire, car alors le savoir-vivre l’obligera à sortir de son cocon pour répondre à ce signal.

Le silence des Norvégiens

Quand je sors dans le couloir, j’aperçois une dizaine de Norvégiens qui dégustent leur café dans un silence claustral ; on se croirait dans le réfectoire d’un monastère, avant la messe du soir. Je suis obligé de prêter l’oreille pour discerner un murmure de confessionnal. Alors, uniquement pour rompre cette glace de l’âme et mettre les gens dans l’embarras, je lance un bonjour retentissant á la cantonade et je me régale de voir tous ces yeux inquiets se lever à contrecoeur de l’assiette de poisson, d’œufs et d’oignons pour répondre par un signe au nouvel arrivant.

 Les blessures de la terre à Montchegorsk

J’ai à mes pieds quelque chose d’inouï : une nature sans défense dans son extrême douceur, impitoyablement violée, vérolée de mines comme autant de pustules d’acné sur la peau d’un adolescent.

Les intolérances religieuses

De ce voyage vertical, ce qui ressort clairement, c’est que le catholicisme et le protestantisme vivent dans le confort a l’arrière, alors que c’est l’orthodoxie qui tient la ligne… J’entends encore le patriarche de Constantinople, dans son bureau, sous le portrait de Mustafa Kemal Ataturk, murmurer des propos de coexistence, pendant que le hurlement du muezzin, du Bosphore à sainte Sophie, annihilait tout autre bruit pour la prière du soir. Une compétition acoustique sans espoir.

En Bachkirie (ça existe ! ! j’ai découvert que je ne connaissais pas la moitié des pays ou région dont il parle, cette région je m’en souviendrai si vous prononcer à haute voix ce nom vous verrez pourquoi !).

Définition de l’ours par un apiculteur

( je rappelle que Dinard a choisi l’Ours comme symbole et que la future médiathèque s’appellera : l’ours)

L’ours, dit-il, c’est un si grand nombre d’animaux en un seul. Comme un lion, il terrasse des mammifères plus grands que lui ; comme n’importe quel ruminant, il saccage les récoltes ; il vole le raisin et les fruits comme un singe ; il picore les baies comme un merle ; il fait des razzias dans les fourmilières et les ruches comme un pivert ; il déterre les tubercules et les larves comme un cochon ; il attrape les poissons avec la dextérité de la loutre. Et il mange le miel comme l’homme.

Le passé de l’Italie

L’Italie s’entête à faire semblant de ne jamais avoir été fasciste et d’avoir gagné la guerre. Et pourtant, elle l’a été fasciste, et pas qu’un peu ; et elle a perdu la guerre, justement dans ma région… Je vous en prie ne me parlez pas, des « braves gens d’Italie », parce que moi j’habite à Trieste que Mussolini a proclamé les lois raciales contre les juifs, et ce choix infâme a eu son prélude une vingtaine d’années auparavant, avec l’écrasement politique, économique et linguistique de la vaste communauté slovène. Je sais que pendant la guerre, il n’y eut pas seulement des camps d’extermination nazis, mais aussi des camps de concentration dirigés par le parti fasciste, avec des milliers de morts de faim et de froid.

Le silence des Estoniens

Autour d’une petite table , une famille consomme un bref repas, sans échanger un seul mot. Je commence à comprendre Adamov. C’est vrai que c’est impossible d’apprendre la langue d’un peuple qui passe son temps à se taire.

La Pologne et la religion catholique

 Nous approchons de la Pologne, terre de Woytila, et le Vatican fait déjà figure de gigantesque agence de voyage, de multinationale du pèlerinage , avec des filiales dans le monde entier

En Pologne, Paoli Rumiz évoque un auteur que j’ai adoré Ryzsard Kapuscinski

Il y a aussi le magasin de cartes géographiques de la rue Jean-Paul II , où le plus beau spectacle , m’a dit Ryzsard Kapuscinski , un jour de neige où nous nous étions réfugiés à l’intérieur était de voir les « gens affamés de monde » se repaître parmi les rayonnages.

En Ukraine, les émigrés qui ont fait fortune ailleurs

Il nous fait traverser une vallée magnifique , parsemée de maisons d’émigrants qui ont réussi , mais ce sont des maisons de cauchemar , des petits châteaux forts médiévaux, avec des tours coiffées de tuile en plastique bleu . Disneyland est l’idéal esthétique de l’Ukraine indépendante.

Retour vers l’Europe occidentale ou comment la salade César devient un signe de reconnaissance

Á l’hôtel , la langue anglaise refait son apparition , la langouste et la Caresar’salad ont repris place dans le menu , et je ne parle pas de l’air conditionné, bien entendu.

On en parle

Chez Dominique bien sûr etdans le « Carnet de Voyage de Myriam« .

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3
Je dois ce livre à un blog que j’ai découvert récemment : « In cold blog » . C’est un beau livre qui décrit bien la désespérante vie des trop petites villes de province américaines et la difficulté de se retrouver dans la vie ordinaire quand on revient d’une guerre comme celle du Vietnam. On sent la violence des rapports entre des gens unis par la détestation de ceux qui sont « différents », et on est vite différents dans une petite ville des USA.

J’ai souvent un peu de mal quand un écrivain français s’empare des problèmes américains pour fonder sa fiction. Mais je trouve que Lionel Salaün s’en sort bien, avec cependant cette réserve , ses idées ressemblent exactement à ce que les français pensent des Américains. Est-ce qu’eux se retrouvent dans cette image ?

Mais ce n’est qu’une réserve minime, j’ai bien aimé le parcours du jeune Billy qui doit s’opposer à sa famille et aux « qu’en dira-t-on » du village pour s’intéresser à Jim Lamar, cet ancien du Vietnam que tout le monde croyait mort. Cela arrangeait bien ceux qui s’étaient peu à peu appropriés les biens des parents de Jim Lamar, décédés avant d’avoir revu leur fils. À vrai dire ce retour dérange tout le monde et le roman peut commencer.

Ce qui, pour moi donne tout son poids au roman, ce n’est pas tant le parcours du jeune Billy, que celui des trois soldats amis pendant la guerre Vietnam. Je suis moins enthousiaste que « In cold Blog » mais je pense que c’est un excellent roman adolescent que les adultes peuvent apprécier également.

Citations

La peur de ceux qui ont vécu la guerre

Or ce que je lisais dans les yeux de Jimmy n avait rien à voir avec le sentiment que j’avais expérimenté . C’était quelque chose d’autre, quelque chose de pisseux , quelque chose qui fait mal, qui fait honte , que rien n’effacera jmais.

 Le racisme des états du Sud

Butch avait été raciste. Un raciste ordinaire qui n’avait jamais frappé ni insulté un Noir, mais qui n’aurait pas songé à l’appeler autrement que Nègre et moins encore admis d’en voir un attablé dans le même restaurant que lui.

Les fêlures ineffaçables

Jimmy s’était efforcé de me faire croire qu’il appartenait à nouveau à la race des insubmersibles, que l’homme peut guérir de ses blessures, colmater les brèches de son âme et repartir à l’assaut de la vie avec la même vaillance.

On en parle

In cold Blog et Sylire.

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4
Depuis « Farrago » de Yann Appery, j’ai un faible pour le Goncourt des lycéens. Ceux de 2012 ont eu le bon goût de couronner un roman qui m’a tenue en haleine jusqu’au bout. Joël Dicker a une imagination très féconde, il nous entraîne à la fois dans une enquête policière et dans les méandres de la création littéraire. Son personnage principal, écrivain en panne d’inspiration, est relancé sans cesse par un éditeurqui a un sens aiguë du commerce et du marketing. Marcus Goldman, auteur d’un premier roman à succès, vole au secours de son ancien professeur accusé du meurtre d’une jeune fille qui a eu lieu 33 ans auparavant. Il faut aller jusqu’à la dernière page (la 665 !) pour que chaque morceau du puzzle de cette enquête soit à la bonne place.

Au fil des pages, nous aurons découvert le monde de l’édition américain ( mais je ne suis pas persuadée que ce soit différent ailleurs !), la vie dans une petite ville et sa police, nous aurons suivi l’évolution psychologique d’un jeune prétentieux qui gâche son talent dans la facilité et nous aurons été confrontés à la difficulté de l’écriture. Aucun personnage n’est caricatural, je pense par exemple à Tamara la mère de Jenny, elle aurait pu n’être que cette mère américaine stupide qui veut absolument « caser » sa fille à la gloire littéraire locale .On apprendra que derrière cette virago qui rabroue son mari à la moindre occasion se cache une femme amoureuse qui va voir en cachette un psychiatre pour comprendre ses conduites sans parvenir , pour autant, à les modifier.

Cet auteur sait manier le suspens et l’humour – j’ai beaucoup ri aux différents coups de fil de la mère du personnage principal – et surtout intéresser son lecteur. Je trouve dommage d’en raconter davantage car un des charme de ce livre tient à son suspens que je voudrais vous laisser découvrir. Ce n’est sans doute pas de la grande littérature ( je me demande où elle se cache cette fameuse « grande littérature »), mais c’est un excellent divertissement que je verrai très bien adapté au cinéma.

Citations

 Une leçon de vie

Le philosophe Sénèque avait déjà expérimenté cette pénible situation : où que fuyiez , vos problèmes s’invitent dans vos bagages et vous suivent partout.

 La gloire aujourd’hui

…Je compris que la gloire était éphémère. Elle était une gorgone affamée et ceux qui ne la nourrissaient pas se voyaient rapidement remplacés …

 Le racisme ordinaire

 Soudain , une angoisse la saisit :beaucoup de grands écrivains étaient juifs . Et si Quebert était un Juif ? Quelle horreur ! Peut-être même un juif socialiste ! Elle regretta que les Juifs puissent être blancs de peau parce que cela les rendait invisibles. Au moins , les noirs avaient l’honnêteté d’être noirs, pour qu’on puisse les identifier clairement.

Le monde virtuel

Sur mon compte Facebook, je passais en revue la liste de mes milliers d’amis virtuels ; il n’y en avait pas un que je puisse appeler pour aller boire une bière.

 Le monde de l’édition

Le monde des livres était passé du noble art de l’imprimerie à la folie capitaliste du XXIe siècle, que désormais un livre devait être écrit pour être vendu, que pour vendre un livre il fallait qu’on en parle, et que pour qu’on en parle il fallait s’approprier un espace qui, si on ne le prenait pas soi même par la force, serait pris par les autres. Manger ou être mangé .

Jolie phrase

Après la gloire , il y a d’autres gloires. Après l’argent, il y a encore de l’argent. Mais après l’amour, il n’y a plus que le sel des larmes.

On en parle

chez Kitty la mouette.

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Traduit de l’anglais (américain) par Carine CHICHEREAU

3
Quand on tient un bon sujet comment en faire un bon roman ? Je savais que les Japonais présents sur le sol américains, pendant la deuxième guerre mondiale, avaient été mis dans des camps et avaient été victimes du ressentiment de la population américaine. Je ne savais rien des femmes japonaises qui avant la guerre étaient venues chercher un mari.

L’auteur nous le raconte, mais d’une façon à la fois surprenante , agaçante et puis finalement intéressante. Elle ne se focalise pas sur le destin d’une femme en particulier mais sur le groupe qu’elles représentaient et arrive à brasser tous les destins. Toutes ses femmes dont nous ne connaîtrons aucun prénom, finissent par nous apparaître comme une masse indifférenciée, la quatrième de couverture parle d’ « un chœur antique ».

Passé la surprise du début, j ‘ai été gênée par ce côté collectif. Moi qui comme tant d’autres ai du mal à bien différencier les visages japonais , voilà qu’un auteur qui met en scène leur souffrances les collectivise. Et puis j’ai fini par accepter, car cela permet à l’auteur de brasser toutes les situations. Certaines ont connu un sort plus enviable que d’autres, mais toutes ont été parquées dans des camps pendant la guerre. Et il n’ y a pas eu sur ce plan là de destin individuel. J’aimerais savoir ce qu’elles sont devenues après.

Je n’arrive pas à voir ce livre comme un chef d’œuvre(comme il est présenté sur la quatrième de couverture) mais je pense que lu à haute voix ou mis en scène je changerai d’avis.

Citations

 le départ vers le camp

 Certains des nôtres sont partis en pleurant. Et certains en chantant. L’une avait la main sur la bouche parce qu’elle avait le fou rire. Certains étaient ivres. D’autres sont partis en silence, tête baissée, plein de gêne et et de honte. Un vieux monsieur de Gilroy est parti sur un brancard. Un autre- le mari de Natsuko, un barbier qui avait pris sa retraite à Florin-, en s’aidant de sa béquille, sa casquette des vétérans de l’armée américaine sur la tête. « Personne ne gagne, à la guerre. Tout le monde perd » disait-il.

Le regard des américains un an après, (phrase finale du roman)

Tout ce que nous savons c’est que les Japonais sont là-bas quelque part, dans tel ou tel lieu, et que nous ne les verront sans doute jamais plus en ce bas monde.

On en parle

En plus de la critique vous y verrez des photos intéressantes : à saut et à gambade.

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4
Comme beaucoup d’entre nous, j’avais bien apprécié « l’origine de la violence » du même auteur. Aussi, quand la jeune libraire de la place d’Auteuil m’a conseillé celui-ci, je n’ai pas hésité. Ses conseils étaient bons : grâce à cette lecture, j’ai oublié le temps passé dans les transports parisiens.

Le roman est construit autour des personnages décrits dans la première scène, que j’ai trouvée remarquable. La violence avec laquelle le jeune serveur noir est frappé par l’odieux américain au gamin méchant et mal élevé, m’a touchée, ensuite j’ai été accrochée et je n’ai quitté ce livre qu’à la dernière ligne. Il faut quand même savoir que ce n’est pas un roman très gai et si vous voulez retrouver la forme en ce mois de novembre gris et triste à souhaits , ce n’est pas un bon choix. En effet, si les autres convives du grand restaurant n’ont pas réagi, c’est qu’ils appartiennent au genre qui nous font perdre confiance dans l’humanité d’aujourd’hui.

Entre l’oligarque russe qui a prit part au dépeçage de la Russie pour son seul profit, le futur trader qui met son savoir mathématique au service de l’enrichissement le plus rapide possible et l’Américain qui a trouvé comment une société de crédit pouvait s’enrichir sur le dos des très pauvres, le récit n’est pas franchement optimiste, mais hélas !…. réaliste. Le destin croisé des rapaces de la finance et de ce jeune serveur, Sila qui n’a rien, que la chance de vivre , est vraiment bien mené,( malgré quelques outrances) et nous permet de nous remémorer tous les événements qui ont fait l’actualité de ces dernières années.

La seule réserve que je ferai, c’est que j’ai trop senti, par moments, la trame romanesque l’emporter au dépend de la crédibilité des situations et de la profondeur des personnages.

Citations

 Définition de la finance aujourd’hui

 Le monde financier est un circuit automobile avec des voitures sans freins. Lorsque tout va bien, toutes les voitures tournent. Si l’une d’elle a un accident… advienne que pourra.

 L’aide du FMI

 La Russie était en cessation de paiement. Le FMI, comme prévu, avait donné de l’argent. Le lendemain même, sur les comptes des paradis fiscaux, on en retrouvait des traces : une partie de la manne avait été détournée par les oligarques.

 Les « vrais » riches

Son avion privé l’attendait et il constata avec amusement que les hommes ruinés restent riches.

On en parle

KathelAifelleHelène (que des amies chez qui je pioche souvent de bonnes idées !).

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J’ai suivi le conseil de Dominique et j’ai lu, puis relu, ce très court roman. Je finis par me dire que je ne suis pas faite pour la littérature japonaise ou japonisante. Ce n’est pas désagréable à lire , disons que c’est aussi léger qu’un flocon et aussi rempli ou vide qu’un paysage de neige.

Un conte, une histoire ( ?) d’amour mais racontée si légèrement que le lecteur doit remplir les blancs. Bien sûr, parfois il y a de jolies phrases mais j ‘aurais envie de dire, si ça n’était pas un pauvre jeu de mots, que ça me laisse froide.

Déçue, alors je crois que je vais laisser pour un moment la littérature du Japon.

Citations

 La couleur la lumière et comme quoi on peut tout dire et son contraire

 La couleur n’est pas au dehors . Elle est en soi. Seule la lumière est au dehors.

La lumière est intérieure, elle est en soi. Seule la couleur est au dehors.

On en parle

Chez Dominique bien sûr et aussi chez Krol.

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Comme les lycéens de 2009, j’avais beaucoup apprécié « le club des incorrigibles optimistes », j’ai donc pris, sans hésiter, celui-ci dans les rayons de ma bibliothèque. On retrouve la même énergie pour traverser les époques et le personnages. Cela me fait un peu penser à la façon dont aujourd’hui on « zappe » d’un sujet à l’autre à travers les média interactifs. En roman, cela permet d’écrire 535 pages là où les romanciers, il y a une cinquante d’années, écrivaient une dizaine de tomes.

Les Duhamel et autre Martin du Gard appartiennent donc à un monde de la lenteur bien révolu, et j’apprécie assez qu’on suggère les événements plus qu’on ne me les racontent en détail. J’ai donc galopé à travers le 20e siècle en suivant la vie de Joseph Caplan médecin juif d’origine pragoise qui adore le tango. J ai appris à connaître Gardel et depuis j’écoute Volver.

On traverse la shoa , la deuxième guerre mondiale en Algérie, le communisme à Prague, les purges communistes, la vie en Tchécoslovaquie dans le régime communiste et puis cet amour romancé du « Che G. » et le désenchantement. Que de vies brisées par le communisme !

J ‘ai quelques réserves pour ce deuxième roman à force d’aller trop vite les personnages sont un peu transparents et on a parfois du mal à comprendre leurs motivations.

Et puis, j’ai toujours une réserve au mélange Histoire avec roman ou même ici romance. Ces réserves ne m’ont pas empêchée de passer un très bon moment et mes récents différents périples train et RER ont été rythmés par la plume alerte de Jean-Michel Guenassia.

 Écouter Volver par Gardel

 

Citations

 Les problèmes de la vie

On peut classer les problèmes insolubles de la vie dans deux cercueils, ceux qu’on cache dans un coin obscur où on arrive à les oublier, ils finissent par ne plus vous embarrasser, abcès dormant peut-être étouffés (peut-être pas), et ceux qui vous écorchent comme des hameçons, vous continuez à saigner sans vous en rendre compte et ce sont les pires car on s’habitue à vivre avec la souffrance.

Réflexion sur l’Histoire

Il y a deux façons d’écrire l’Histoire : dans l’action , au moment où elle s’accomplit, ou à tête reposée, longtemps plus tard , avec le recul du temps, quand les passions sont apaisées. Le point de vue est alors si différent qu’on se demande comment ces faits ont pu avoir lieu, on a du mal à comprendre les acteurs, leurs motivations, leur inconscience. 

Une observation avec laquelle je suis d’accord

Ce sont souvent les personnes les plus tristes qui ont les plus beaux sourires.

Les souvenirs douloureux

Elle se disait qu’avec les années il finirait par cicatriser, ses blessures s’estomperaient, mais plus il parlait, moins il guérissait. Elle s’était rendu compte qu’il y prenait du plaisir, plus fort que la tristesse et l’amertume.

On en parle

Chez Kitty la mouette  » Page après page ».