Traduit du norvégien par Terje SINDING.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
Deux hommes, la cinquantaine se croisent sur un pont, l’un est au volant d’une très belle voiture et possède tous les signes extérieurs de la réussite sociale, l’autre pêche et semble au bout du rouleau. C’est Tim, et Jim. Ils ont passé leur enfance et leur jeunesse ensemble, à l’époque Jim était destiné à une vie facile et vivait près de sa mère, ces deux là s’aimaient beaucoup, trop peut-être ? Tim, au contraire, a connu le départ de sa mère et les violences d’un père alcoolique qui le frappait sans retenue, lui et ses sœurs. La rencontre est rapide et rien ne se passe, sauf que tous les deux retrouvent leur passé. Par petites touches, en passant d’un personnage à un autre, l’auteur nous présente la vie ordinaire d’une famille détruite par l’alcool et la violence pour Tim, et la vie étriquée chez la mère de Jim écrasée par le poids de la religion. Il n’y a pas de misérabilisme dans la façon de raconter, l’humanité norvégienne qui est aussi la nôtre et notre époque sont toutes entières dans ce roman. Plutôt du côté de ce qui ne va pas, mais pas seulement.
Rien n’est idéalisé, ce qui caractérise le caractère norvégien c’est que la réalité n’est jamais embellie, les personnages préfèrent se noyer dans l’alcool que s’ouvrir à autrui. J’ai vraiment aimé ce roman, bien qu’il soit désespérant, j’ai du mal à comprendre également pourquoi Jim se laisse ainsi aller vers le néant. Je dois avouer que je me sens très étrangère à la psychologie norvégienne, rien n’est complètement expliqué, tout est dans le silence. C’est à la fois très fort et tellement dérangeant, par exemple, que cherchait Tya lorsqu’elle a appelé Tim, son fils de 5 ans, pour qu’il sauve le vieux chien de l’eau glacée ? Que l’enfant se noie ? De tuer le chien ? Et si elle a regretté son geste pourquoi n’a-t-elle pas sauvé elle-même le vieux chien ? Pourquoi a-t-elle appelé son fils qui n’avait pas pied dans cette marre alors qu’elle n’aurait eu de l’eau que jusqu’à la taille ? Aucune réponse à ces questions et à tant d’autres ? Même la fin est une porte ouverte sur ce qui peut se passer après , Tim sera-t-il heureux ? Jim va-t-il vivre ? Vont- ils se retrouver ?
Toutes ces questions sans réponse, ne m’ont gênée qu’une fois le livre refermé, pendant la lecture j’étais bien, même si je me sentais très triste, avec les personnages. Per Petterson est grand romancier, il laisse une trace très originale dans la littérature contemporaine.
Citations
Explication du titre
Je n’étais pas d’accord. Pas du tout. Moi, ça ne m’était pas égal.
– Mais tu peux refuser , ai-je dit
Il a de nouveau tourné la tête vers moi :
– On ne peut pas refuser de mourir, mon ami.
– Bien sûr que tu le peux.
L’absence de lien entre le père maltraitant et son fils
Et il serrait le col de sa veste ; c’était une veste grise, une sorte de blazer ou de vieux veston trop léger, qui semblait provenir de l’Armée du salut. Un pardessus aurait été plus approprié, ou une parka, quelque chose de chaud et de doublé ; il faisait un froid de loup, on était en décembre et il y avait des gelées blanches. Mais je n’ai pas traversé la place de la gare pour rejoindre mon père et lui offrir mon propre pardessus. Faire la paix, pas question. Tendre l’autre joue, non plus.
Retrouver son père alcoolo quarante ans après
– Tu peux pas quitter ton père sans prendre un café, ça fait une éternité qu’on s’est pas vu.T’as pas changé, pourtant. Je le savais ; mon Tommy, il est toujours le même, j’ai dit aux flics.
On ne s’est pas vu depuis quarante ans, comment pouvait-il dire une chose aussi absurde ? Toujours le même, et la batte de base-ball ? Je n’étais plus du tout le même, chaque jour je l’étais de moins en moins. Je changeais vite et pas en mieux.
Je l’ai chroniqué aussi avec enthousiasme. Un grand auteur que j’ai lu quatre fois déjà.Je rajoute ton lien.
Merci si je nai pas mis le lien vers ton blog je vais le faire également.
Le roman nous laisse avec des questions en effet, mais ça ne m’a pas gênée tellement j’en ai aimé la lecture.
C’est vrai, c’est un excellent roman. Mais j’aurais bien aimé avoir mes reponses .
Je n’ai pas lu celui ci mais le précédent m’avait plu et c’est le deuxième avis très positif que je lis donc …
Moi je lirai son premier roman.
Chouette ! tu as aimé ! Il sait créer une ambiance, cet auteur !
C’est vrai.
Je l’ai lu sans déplaisir, mais cette fois la magie l’écriture faite d’ellipses et de non-dits n’a pas aussi bien marché qu’avec Pas facile de voler des chevaux…
Je dois donc lire ce premier roman à propos duquel je ne lis que des avis positifs
J’ai adoré ! Et les personnages m’ont beaucoup parlé (c’est peut-être effrayant mais je me suis senti assez proche de cet univers ;) ).
Tu as peut être des réponses aux questions restées ouvertes.
Bonjour Luocine, je n’ai lu que des billets positifs sur ce roman. Un de plus avec toi. J’attends de l’emprunter en bibliothèque. Bonne journée. PS, j’ai corrigé mon erreur sur Iñarritu.
Bonjour Dasola
je crois que ce livre ne peut que plaire, mon commentaire sur Innaritu semblera bizarre …. et moi je ne sais pas faire le signe sur le « n » …. personne n’est parfait!
Je suis très tentée par cette lecture, et ta note apporte un regard nouveau sur ce roman. Il a tout de même l’air assez désespérant… Je mise sur la fin ouverte et mon caractère optimiste pour y laisser entrer un peu d’espoir :-)
c’est un très bon roman mais il est aussi optimiste que les films de Bergman en noir et blanc!