J’ai repéré ce roman chez Dasola.
D’habitude, je n’ai pas un grand goût pour les romans qui décrivent la grisaille du monde du travail. Ce roman là est un peu à part, car s’il est vrai que l’on voit une boite commerciale faire bêtement faillite , et une jeune diplômée utilisée pour renvoyer le vieux commercial simplement passé de mode, le roman n’est pas simpliste pour plusieurs raisons.
D’abord la langue , au début, je me sentais rétive à ce qui relève de différents procédés. Le romancier s’adresse à ses personnages, il dit « tu » à la jeune diplômée et « vous » à l’ancêtre, « on » lorsque les décideurs ne veulent pas être nommés, « ils » quand les personnages deviennent agressifs. Cela donne une couleur un peu terne au roman, et puis, tout à coup, j’ai compris que cette ambiance impersonnelle, moi aussi, je la ressentais. Je suis en colère contre tout ceux qui décident d’uniformiser l’arrivée dans nos villes et nos villages .
Que vous arriviez à Dinard, Saint-Malo, Dinan, vous passerez par les mêmes zones semi industrielles et commerciales que traverse aussi le vieux voyageur de commerce. Et si, vous voulez vous y loger avec un salaire moyen, vous habiterez des lotissements qui ressemblent à ceux de Dijon ,Marseille , Rennes et à l’endroit où habite la jeune diplômée. Je connais mal le monde des affaires, mais ce n’est pas difficile d’imaginer que si une boîte qui vend des canapés rachète un grossiste de papiers peints , elle n’aura aucun intérêt à développer la vente des dits papiers peints !
Et pour vivre et rêver ? Et bien il reste la littérature .. Rimbaud Hannah Arendt et la solution au monde qui va si mal ? le romancier en propose une à laquelle je ne crois guère : ouvrir une librairie.. Alors que je viens d’ acheter ce livre à moins d’un euro par Amazon grâce à « recyclivre » , qui soutient l’association « Aide et Action« , comment alors, imaginer que l’on puisse vivre grâce au commerce des livres dans une petite boutique d’un village de province.
Citations
Les personnages négatifs ont des couleurs négatives, procédé un peu trop systématique …
C’est un gros break déglingué d’une couleur de survêtement usé, hésitant entre le vert et le brun et que le soleil ne parvient même pas à faire luire.
Le chef bête et méchant qui durant tout le roman aura des couleurs plus moches les unes que les autres :
Une chemisette aux nuances mauve et rose, une vague couleur de tranche de jambon
Chemisette vaguement ocre, couleur de boue sale, et cravate brique à motifs de feuilles mortes
Une réflexion sur le bon goût actuel en matière de papiers peints,mais je dois dire, que je doute qu’on revienne aux imprimés qui font le bonheur de « l’ancêtre » :
Aujourd’hui,les produits sont standardisés, de vagues unis aux nuances discrètes, reproduits à l’infini, sans compter le blanc décliné sous toutes ses formes …..Le blanc, véritable tyrannie , parfaite dictature de l’intérieur moderne, dites-vous souvent. On assimile le bon goût de l’uni au reflet de nos vies lisses.
L’histoire d’une entreprise
Les choses ont suivi leur cours, ce qui devait croître et se développer s’est réalisé. On embauche deux secrétaires, quelques commerciaux, la boîte continue de prospérer. On déménage. On crée des entrepôts pour stocker les papiers peints dont on est distributeur exclusif . On achète des camions . On recrute des routiers, des assistantes commerciales, de nouveaux représentants. La boîte grandit encore. On se se dote de responsables : un pour le transport, un pour les finances, un pour les commerciaux. La boîte toujours plus grosse, tente ans qu’elle tient. On vieillit , on revend, et maintenant les fruits tombent dans l’indifférence générale.
On en parle
chez Dasola
Et Livre-esse