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Traduit de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

4
Superbe BD et excellent moment de lecture. Comme je suis déçue que cette BD n’ait pas reçu un coup de cœur ! Malheureusement, je ne l’avais pas encore lue et je n’ai pas pu la défendre.

Les personnages sont très proches de la réalité et si j’aime cette BD ou roman graphique, c’est que le dessin est indispensable à la qualité du récit. La grand-mère juive est drôle et tellement vraie ses expressions de visages en disent plus que de longues pages de romans. Dès les premiers instant, on comprend sa personnalité lorsqu’elle ne veut pas jeter sa bouteille d’eau au contrôle avant de prendre l’avion. Elle préfèrera boire un litre et demi d’eau plutôt que de la jeter, quand on connaît le confort des toilettes dans l’avion, c’est un acte de pur inconscience ou d’héroïsme. Sa petite fille est une jeune israélienne de son époque qui n’a pas l’habitude de se laisser dicter sa conduite. Avec sa grand-mère, elles sont venues voir s’il était possible de récupérer des biens en Pologne.

L’histoire aurait pu être tragique, elle est surprenante et dépeint très bien les mémoires des personnes très âgées. Les secrets de famille qui n’en sont pas vraiment ont pesé lourd dans le passé de cette vieille grand-mère. Son voyage n’avait pas le but que l’on croyait mais il était indispensable qu’elle revienne à Varsovie. La façon dont cette BD nous fait découvrir Varsovie est originale et très vivante. Les jeunesse juive doit se retrouver à 100 % dans l’œuvre de Rutu Modan.

Mieux qu’un long roman, cette BD nous dit beaucoup sur l’amour et le poids des souvenirs douloureux sans jamais tomber dans le pathos. Un superbe exemple de l’humour juif.

Citation

Je l’ai fait pour agacer Tzilla. La seule chose que les juifs aiment plus que l’argent, c’est la provocation.

On en parle

chez Keisha et Aifelle

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4
J’ai reçu beaucoup de livres pour mon anniversaire, celui-ci, je le dois à mon fils. C’est un livre étonnant, à la fois drôle et tragique comme doit l’être la vie des Africains à Paris. « Debout-payé » c’est le nom que l’on donne aux vigiles en africo-français. Quelle inventivité dans la langue ! un sens de la formule que j’avais déjà trouvé chez Alain Mabanckou. Le roman est divisé en deux parties. Une première partie constituée par les remarques et observations quasi scientifiques (au moins dans la forme !) des vigiles à l’entrée des magasins surtout de Sephora ; et une seconde par les récits de Ferdinand, Kassoum et Ossiri trois Ivoiriens qui nous font découvrir leur passé et leur façon de vivre en France.

Être vigile (donc noir dans 90 % des cas) développe un sens aiguë de l’observation, notre société vue à travers le regard des vigiles est pour le moins étonnante quand elle ne vous fait pas éclater de rire. Toutes les nationalités qui se pressent dans les enseignes des Champs Élysées ont leurs façons de se comporter dans les temples de la société de consommation. Toutes les femmes se pâment devant le « numéro 5 » de Chanel qu’il faut donc protéger des mains trop baladeuses et éviter que les flacons se retrouvent dans les endroits les plus insolites sans passer aux caisses. Un vigile voit tout mais pas particulièrement les vols contre lesquels il est très impuissant, il remarque donc : les modes vestimentaires, les inscriptions sur les tee-shirt, les types physiques selon les origines et les réactions de chacun face au bip bip du portail qui annonce que vous êtes sorti sans payer un article… Et quand il a de l’esprit, il nous fait souvent sourire. Il voit aussi comment est organisé le magasin, et malheureusement pour lui, il entend à longueur de journée une musique insipide. J’ai eu envie de noter toutes ses remarques tant elles étaient pleine d’humour.

Et puis l’autre partie du livre raconte la vie de ces vigiles africains dans ce qui reste des cités étudiantes ivoiriennes où on loue une place pour s’allonger une partie de la nuit à celui qui a sous-loué une partie de la chambre au locataire. On découvre des personnalités étonnantes au passé très divers. Et un mode de vie en marge de notre société que l’on peut deviner sans la connaître vraiment quand on passe dans certains quartiers de Paris. Rien n’est facile et la lutte pour faire sa place et survivre n’est pas simple. Le regard sur la population africaine à Paris est vraiment passionnante , un regard drôle et plein de moqueries.

Ce livre est important pour comprendre la présence africaine en France, ce n’est pas le sujet mais on se demande pourquoi les Ivoiriens se donnent tant de mal pour venir en France alors qu’ils y vivent dans des conditions si difficiles. On a l’impression que rien ne peut les empêcher de venir alors que pour certains, ils avaient plutôt une bonne profession dans leur pays. Et le plus important, après avoir lu « Debout-payé » on regarde, enfin, les vigiles comme des êtres humains.

Citations

Difficulté de devenir vigile

Nom, prénom, sexe, daté et lieu de naissance, situation matrimoniale, numéro de sécurité sociale. Etc. Ce sera l’épreuve la plus exigeante de la matinée.

Sens de l’observation

En Chine, il paraît que le mot « fesse  » n’existe pas. Là – bas, on dit « bas du dos » . On ne peut inventer un mot pour une partie du corps qui n’existe pas.

Remarque pertinente

CHINOIS. Avec la quantité énorme d’habits fabriqués au pays de Mao, on peut dire qu’un Chinois dans un magasin de fringues, c’est un retour à l’envoyeur

Présence du voile

En trois heures de vacation, le vigile a compté plus de femmes voilées dans Sephora qu’en six mois dans tout Belleville.

La religion qui unit toutes les femmes

Sephora est la Mecque et le stand de Christian Dior, la Kaaba autour de laquelle tournent les femmes , arabes ou non, voilées ou pas, au nom du saint parfum.

Le petit clin d’œil au « fessologue » d’Alain Mabanckou

Bien qu’on puisse en dégager quelques grands groupes, la forme des fesses est aussi unique qu’une empreinte digitale. Quand le vigile se met à penser à ce qui se passerait dans les commissariat si c’était ce système d’identification qui avait été choisi par les pouvoirs publics.

La militante africaine, fière de son continent

Comprenez bien les enfants, on ne peut pas être indépendants quand même ce qu’on mange vient de qui nous aliènent.Une grande partie de la richesse nationale retourne en occident par l’achat des tonnes de blé dont nous avons besoin pour satisfaire le caprice du pain. Comprenez bien les enfants, le pain est un caprice alimentaire, un complexe alimentaire, un mimétisme alimentaire, un traumatisme alimentaire. Le pain est tout ce que vous voulez sauf une denrée de subsistance pour nous . On n’est pas au Sahara. ici si tu jettes n’importe quelle graine par terre et sans même te baisser une seule fois dessus, elle devient un baobab en six mois ! Imaginez tout ce qu’on pourrait faire avec tout l’argent du blé qu’on donne à des paysans blancs.

On en parle

Deux blogs trouvés chez Babelio : Fils de lecture et Ollie. Et Jérôme

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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

3
Quelle autre place pour ce livre que dans ma bibliothèque au milieu des livres de Camus ? Je me souviens très bien avoir demandé en classe de première, pourquoi « l’Arabe » de « L’étranger » n’avait pas de nom, je crois me rappeler que le professeur avait expliqué le caractère détaché de Meursault et que donner une identité à sa victime aurait affadi le propos de l’auteur. Peut-être, mais voilà qu’avec un talent complètement différent Kamel Daoud pose autrement la question et il nous entraîne dans le destin de l’Algérie. Cela le fait souffrir qu’un des livres les plus lus au monde soit un chef d’œuvre mais dont l’événement central soit le meurtre d’un homme dont on ne sait rien de plus sinon qu’il est « Arabe ».

Toute la première partie du roman, il voit dans cette absence d’identité un des malheurs de la colonisation, puis il nous entraîne dans les autres tragédies de l’Algérie dues le plus souvent à la religion. Mais tout cela ne dit rien du talent de cet auteur qui reprend à son compte le roman d’Albert Camus au point d’en faire un véritable pastiche. On retrouve tous les moments de « l’étranger » et on sent l’homme révolté poindre à travers tout ce long monologue. La colère de Meursault contre le prêtre qui veut le ramener vers Dieu avant sa mort , rejoint celle de cet Algérien qui veut vivre libre chez lui en s’affichant non croyant. On pense également à « La chute » à cause du monologue dans un café, et la mauvaise conscience du narrateur qu’il veut faire partager à son lecteur.

C’est un superbe hommage à Camus et à la littérature française. Pourquoi ne suis-je pas aussi enthousiaste que d’autres lecteurs de ce livre ? parce qu’il m’a rendu profondément triste. L’auteur réussi par la colère à transcender ses contradictions. Mais pour moi, sa colère a un une odeur de meurtre ; même si je comprends qu’elle lui a été nécessaire pour renaître.

Citations

 L’argument essentiel du livre

 Songes-y, c’est l’un des livres les plus lus au monde, mon frère aurait pu être célèbre si ton auteur avait seulement daigné lui attribué un prénom, H’med ou Kaddour, juste un prénom, bon sang.

Contradiction de l’Islam

L ‘autre jour un producteur de vin me racontait ses misères . Impossible de trouver des ouvriers, l’activité est considéré comme « haram », illicite. Même les banques du pays s’y mettent et refusent de lui accorder des crédits ! Ha, ha ! Je me suis toujours demandé : pourquoi ce rapport compliqué au vin ? Pourquoi diabolise-t-on ce breuvage quand il est censé couler à profusion au paradis ? Pourquoi est-il interdit ici-bas, et promis là-haut ?

 Un verset du coran, (malheureusement il y en a tant d’autres !)

Si vous tuez une seule âme, c’est comme si vous aviez tué l’humanité entière.

Les femmes

Elle appartient à un genre de femmes qui, aujourd’hui , a disparu dans ce pays : libre, conquérante, insoumise et vivant son corps comme un don, non comme un péché ou une honte.

On en parle

Quelques belles critiques sur Babelio.
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 Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 3
Présentation très sincère d’une personnalité appartenant à un monde disparu ou en voie de disparition : l’agriculture traditionnelle. Dans ce type d’agriculture, on avait besoin d’un ouvrier agricole dans chaque ferme. Joseph est un survivant de ce monde là. Il aime son travail et est dévoué à ses patrons sans pour autant être servile. Je reconnais à Marie Hélène Lafon un réel talent pour décrire les gens simples. Elle ne les caricature pas et ne les idéalise pas. Ils apparaissent dans leur vérité avec leurs peines, leurs souffrances et leurs joies.

Joseph n’en a pas connu beaucoup de joies. Il a failli se laisser aller et se noyer dans l’alcool lorsque la seule femme qui s’est intéressée à lui, s’est avéré être une alcoolique et l’a finalement abandonné. Une troisième et dernière cure de désintoxication et une psychologue plus fine que d’habitude l’aideront à s’en sortir.Il s’est senti abandonné comme il l’avait déjà été par sa mère qui a préféré vivre proche de son frère qui lui, a mieux réussi sa vie.

Voilà c’est tout, si vous lisez ce roman, vous partagerez la vie de cet homme et vous serez, sans doute admiratif de l’honnêteté de cette auteure. J ai plus de réserves que pour « L’annonce » car il n’y a pas d’histoire, et en même temps ce n’est pas un témoignage, il s’agit bien d’un roman. J’ai pensé que ce livre se rapproche des romans d’Annie Ernaux mais sans l’aspect autobiographique. C’est important de redonner vie à ceux qui ne savent pas s’exprimer, et cela sans aucune volonté de démontrer quelque chose. Mais du coup j’ai trouvé ce roman un peu vide, à l’image de la vie de Joseph.

Citations

Les rapports patron valet de ferme

La patronne levait le sourcil et pinçait le coin de sa bouche, à gauche, toujours du même côté, Joseph remarquait ces choses aussi, à force de voir les gens. On sentait que la patronne n’aimait pas trop que le patron se lance à parler sur les personnes ou sur l’état de l’agriculture, même si on savait que Joseph n’allait nulle part et ne répétait pas.

Une jolie expression

Surtout que le père était très porté sur la chose et aurait certainement lancé de fortes paroles à ce sujet qui devait être délicat avec une femme aussi cartonnée de partout.

On en parle

les supremes

Traduit de l’américain par Cloé Tralci avec la collaboration d’Emmanuel et de Philippe Aronson.

4

En bateau, lire n’est pas toujours facile, entre les manœuvres et le mal de mer, le temps de la navigation est plus propice aux beaux paysages qu’à la lecture. Heureusement, en octobre , les jours sont courts et les escales assez longues pour profiter d’un bon roman. J’avais choisi celui-ci à la médiathèque, car j’avais lu sur mes blogs amis des critiques positives. Le moins que je puisse dire, c’est que je ne regrette pas mon choix.

Le début est déroutant, car on passe de l’une à l’autre des trois amies et l’on doit faire un effort pour savoir qui est « je ». Odette qui comme sa mère converse avec les fantômes et qui devra lutter contre le cancer ou Barbara-Jean qui noie dans l’alcool ses drames trop violents pour une femme , même si elle est la plus belle de la ville ou Clarice mariée au trop beau Richmond. Mais peu à peu se dessine la vie de ces femmes . Plus que l’intrigue quelque peu romanesque, c’est la description de l’amitié de ces trois femmes qui m’a fait adorer ce roman, et puis, j’ai souri souvent et ri parfois.

Le mariage de la fille de Veronica qui devait être l’événement le plus sensationnel de l’année restera dans tous le souvenirs mais sans doute pas pour les raisons qui ont fait dépenser des fortunes aux parents de la mariée.Les différences entre les différentes églises m’ont amusée et l’épisode de la prostituée qui croit avoir entendu le seigneur lui parler est un bon moment .La vie à Plainvieuw tourne autour des églises et du café restaurant de Little Earl où se retrouvent les trois suprêmes avec leur mari. Et inénarrable Minnie qui prédit l’avenir se trompe tout le temps et d’un égoïsme à toute épreuve. La façon dont elle annonce la mort de son mari aux enfants de celui-ci est absolument inoubliable. Les langues vont bon train dans ce café et les scènes souvent cocasses se suivent , le rire n’est jamais très loin des larmes. C’est une peinture réconfortante pleine d’humanisme , peut être trop de bons sentiments, mais ça ne m’a pas gêné.

J’ai aimé lire que si Edward Kesley Moore avait écrit ce roman c’est qu’il ne retrouvait pas dans la littérature Nord-américaine le caractère des femmes qui l’avaient élevé. Si les femmes qu’il a connues ressemblent à celles de ce roman , je trouve qu’il a bien de la chance , et qu’être noir aux USA , n’est donc pas synonyme de malheur.Depuis la présidence d’Obama on s’en doutait un peu.

Citation

Un portrait de Jésus à vous faire aimer les églises

Ce qui est frappant dans cette fresque, c’est le portrait de Jésus – le plus sexy que j’ai jamais vu. Il a les pommettes saillantes, et des cheveux de jais bouclés. Ses bras bronzés et musclés se tendent vers vous, et il a le ventre aussi ferme que celui des mannequins brésiliens qui posent en sous – vêtements dans les publicités. Sa bouche semble souffler des baisers vers l’assemblée, et sa couronne d’épines légèrement penchées sur le côté Lui donne un air décontracté à la Frank Sinatra.

L’humour et l’amitié

Clarice farfouillait dans la commode de sa meilleure amie à la recherche d’un truc pour embellir, voire dissimuler la robe hideuse qu Odette ne manquerait pas de porter ce soir – là. La grand – mère aveugle qui avait confectionne tous ses vêtements quand elle était petite avait beau être morte , son sens du style perdurait dans les tristes placards de sa petite fille.

Un sourire qui m’a rappelé celui de Madame Verdurin

Florence souriait également, même si avec elle il était toujours difficile d’en avoir la certitude. Depuis des années, elle arborait une expression grimaçante qui relevait d’avantage du dégoût que de la joie . Chez elle, les zygomatiques étaient atrophiés depuis longtemps. Quoi qu’il en soit, son rictus habituel paraissant moins agonisant ce jour là.

On en parle

Les fanas de livres (qui a plus de réserves que moi) Audouchoc qui n’a pas aimé, Cathulu qui a aimé autant que moi.

Écoutez « Les Suprêmes »

https://www.youtube.com/watch?v=izzKUoxL11E

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Traduit de l’anglais par Elisabeth Peelaert

Livre critiqué dans le cadre du programme Masse Critique de Babelio.com
Un petit déjeuner complet ne se conçoit pas sans un bon roman. Livre critiqué dans le cadre du programme Masse Critique de Babelio.com

 

3
J’avais décidé de ne plus participer à « Masse Critique » de Babelio depuis ma dernière déception. Mais pour ce livre, je me suis laissée tenter. D’abord, parce que je n’avais pas à choisir, et que, de plus, cet auteur m’avait scotchée avec « Enfant 44 « . Même si je n’ai pas été passionnée, je ne regrette pas ma lecture. Donc merci Babelio pour ce cadeau.

Dans mes blogs amis, je lis souvent des billets enthousiastes à propos de thrillers, j’aimerais que mon texte vous donne envie de lire celui-la pour savoir s’il s’agit d’un bon thriller, car je me sens incompétente en la matière. Le suspens me gêne pour la lecture si bien que je commence toujours par la fin pour lire tranquillement le roman. Que les fans du genre se rassurent, je ne la dévoilerai pas ! Je sais que cela constitue une grande partie de leur plaisir.

Ce roman raconte de façon très détaillée un complot qui a abouti à la disparition d une jeune femme en Suède. Mia est une très jeune fille qui a été adoptée par un couple de riches fermiers suédois. Très jolie jeune femme noire , elle est le centre d’intérêt et des ragots du petit village.

La personne qui a conscience que rien n’est normal dans cette disparition, c’est Tilde, la mère du narrateur. Seulement voilà personne ne veut la croire et tout le monde la croit folle même son mari. C’est là que réside l intérêt du roman : montrer comment l’impression d’un complot est proche de la folie , quand on commence à voir des signes d’hostilité dans le moindre des comportements d’autrui, les lignes entre la folie et la raison deviennent floues.

Il est certain qu’être victime d’un complot doit donner à la victime des comportements paranoïaques, et l’inverse est vrai également, quelqu’un qui est paranoïaque peut lire tout comportement hostile comme une preuve du complot qui veut la faire taire. Le narrateur a bien du mal à démêler les fils de l’histoire qui a tant perturbé sa mère. Et la façon dont celle-ci essaye de se raccrocher de toutes ses forces à la chronologie pour convaincre son fils est très émouvante.

Si lire ce roman sans en connaître la fin, permettrait de savoir si c’est un bon thriller, je ne peux pas répondre à cette question. Mais ce que je peux dire, c’est que ce roman analyse très bien les ressemblances et la souffrance engendrées par le fait d’être victime d’un complot ou par la folie. Un petit détail agaçant dans la typographie, c’est la redondance des deux types de guillemets pour les citations.

Citation

Le poids des ragots dans le monde rural

Au sujet de cet enfant malheureux, il y aura des ragots. Ces ragots seront la plupart du temps des mensonges. Mais cela ne change rien, car lorsqu’on vit dans une communauté qui croit à ces mensonges, qui les répète, ils deviennent réalité -pour toi et pour les autres. Impossible d’y échapper, parce qu’il n’y a pas de preuve qui tienne. Il s’agit là de méchanceté, et la méchanceté se moque des preuves.

On en parle

Kitty la mouette (encore un oiseau de mer !), qui a beaucoup aimé.

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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque.

3
Un livre triste à en mourir. L’histoire est implacable, deux êtres qui se détruisent et qui en mourront. Le personnage principal, Alcide Chapireau , est un ostréiculteur amoureux de la nature et des choses simples. Il a deux fils Zac et Marcel, d’une première femme trop tôt disparue. La rencontre avec Laura femme fantasque et déséquilibrée, leur sera fatale à tous les deux. Éric Fottorino décrit très bien l’ambiance mortifère d’un couple qui se détruit, lorsque l’un des membres est pervers.

Elle est malade, Laura, et joue de sa perversion avec un art implacable et ne fait qu’une bouchée des enfants de son compagnon puis d’Alcide lui même. Comme toutes les personnes perverses, il lui faut un bouc émissaire et elle commence par aimer puis à détruire consciencieusement ce qu’elle a aimé.

Un roman très triste et bien raconté, mais je suis contente de l’avoir fini car il plombe le moral. On aurait tant aimé qu’Alcide sache se séparer autrement de cette femme destructrice.

Citations

Genre de phrases tristes et vraies, parfois, que l’on trouve dans tout ce roman

Un fils trouve toujours de bonnes raisons pour ne plus parler à son père.

Amitié masculine

Si les deux hommes étaient aussi liés, c’était d’abord par leur peu d’entrain à parler. Il leur arrivait de marcher des heures sans échanger un mot, concentrés sur les allures des chiens. Leur amitié supportait le silence.

Laura

Elle était restée sans réaction, jetant à la poubelle les affaires de Zac et de Marcel, mue par une rage froide avec l’inébranlable assurance d’avoir raison. D’avoir toujours raison. Elle ne le voyait pas. Elle ne l’entendait pas. à aucun moment, il n’avait pu saisir son regard qui glissait sans cesse. Elle faisait exprès . Elle savait s’y prendre. Jouer la comédie de l’indifférence, le laisser s’emporter tout seul pour mieux le lui reprocher ensuite. Son numéro était au point, une merveille de maîtrise. Du grand art. Un sourire esquissé sur ses lèvres, elle chantonnait, faussement affairée , occupée à le détester.

On en parle

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 3
J’avais choisi ce livre pour me tenir compagnie lors de mes trajets Saint-Malo/Paris, j’adore arriver en avance dans les gares parisiennes avec un bon livre (et même sans), le spectacle de l’humanité qui voyage me met de bonne humeur. J’ai connu Jacques Poulin grâce à Lecturissime, à propos d’un autre Roman. Dans les commentaires, les lectrices faisaient allusion à « Volkswagen Blues » comme un de leurs livres préférés de cet auteur. Comme il s’agit d’un Road Movie, cela me semblait particulièrement adapté à un voyage.

Un écrivain part à la recherche de son frère accompagné par une jeune femme métisse (mi indienne mi blanche), en « combi » Volkswagen bleu , d’où le titre. Ensemble, ils traverseront l’Amérique , roulant en grande partie sur la piste de l’Oregon, célèbre pour avoir été suivie par les pionniers qui peuplèrent l’ouest américain.

Qui est Théo, ce frère disparu grand amateur de légendes du Far West que « la grande sauterelle » détruira les unes après les autres ? Nos rares contacts avec ce personnage ne permettent pas de très bien le cerner. Il est à l’image des êtres qui croisent notre vie, ni le frère idéal que l’écrivain croyait bien connaître, ni le délinquant qu’il craint de retrouver.

Comme toujours dans le genre « Road-movie, le plus important c’est tout ce qui se passe lors d’un long voyage, les deux personnages vont s’enrichir l’un l’autre et devenir des « chum » c’est à dire des « copains » en québécois. Tout le long de la route, nous suivons également les histoires de ceux qui, il y a quelques siècle, se sont illustrés sur les terres américaines. À commencer par toutes les tribus indiennes qui furent décimées ou massacrées pour laisser la place à la nation américaine.Cette histoire de violence finira par accabler notre écrivain et il faudra toute la patience de « la grande sauterelle » pour qu’il retrouve le goût de vivre et qu’il termine son voyage.C’est l’occasion également pour l’écrivain de réfléchir sur ce que représente l’écriture. Il s’en veut de produire une œuvre dont il n’est pas satisfait et de la façon dont il se coupe du monde quand il écrit au point de ne pas avoir compris l’appel au secours de son frère.

La jeune fille devra, quant-à elle, trouver le chemin pour réunir les deux identités qui sont en elle. Ensemble, ils devront faire face à la violence du passé historique et retrouver dans la douceur de la nature et des liens entre humains des raisons d’espérer.

Une petite remarque, si l’on est absolument pas gêné par le français québécois (j’ai quand même recherché ce qu’était un « maringouin », et j’avoue que je pensais à une grosse bête genre élan, mais non ce sont des moustiques qui peuvent s’avérer aussi gênants que des grosses bêtes !) il n’en est pas de même pour moi avec l’anglais. Toutes les petites phrases en anglais ne sont pas traduites, c’est un peu bizarre, j’arrive à comprendre mais c’est quand même compliqué.

Au final un bon moment de lecture avec un auteur modeste et très agréable à lire. Son roman a bien agrémenté mon voyage. D’ailleurs deux fois les contrôleurs de la SNCF m’ont souhaité bon voyage et bonne lecture. Sans doute parce que je semblais davantage sur la piste de l’Oregon que dans le TGV Paris /Saint-Malo !

 

Citations

Un passage qui m’a fait sourire

– Qu’est ce que vous faites dans la vie quand vous ne cherchez pas votre frère ? Demanda la Grande Sauterelle
– Je suis écrivain, dit l’homme . Et vous ?
– Mécanicienne. Dit-elle. J’ai étudié la mécanique automobile.
– Vous avez un diplôme ?
– Non et vous ?
– Moi non plus, dit il en souriant

La nature, le Mississippi

Ils comprirent tous les deux et sans avoir besoin de se dire un mot que c’était le Mississippi, le Père des Eaux, le fleuve qui séparait l’Amérique en deux et qui reliait le Nord au Sud, le grand fleuve de Louis Jolliet et du père Marquette, le fleuve sacré des Indiens, le fleuve des esclaves noirs et du coton, le fleuve de Mark Twain et de Faulkner, du jazz et des bayous, le fleuve mythique et légendaire dont on disait qu’il se confondait avec l’âme de l’Amérique.

Je ne pense pas que la disparition des librairies aident beaucoup les amoureux des livres

Dans les librairies elle volait les livres sans aucun scrupule, car elle trouvait que la plupart des libraires aimaient davantage l’argent que les livres.

On en parle

Livre de Malice

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Je n’ai pas de mots assez forts pour te dire merci Dominique. 

5
J’ai adoré ce livre, c’est drôle, insolent, rempli de trouvailles qui m’ont enchantée. J’avais lu dans les commentaires d’une de tes lectrices que Michel Volkovitch était beaucoup plus intéressant. Encore une fois, la comparaison m’exaspère : ce sont deux auteurs totalement différents réunis par l’amour des langues, je comprends qu’on les associe, mais pas qu’on cherche à les évaluer l’un par rapport à l’autre. Cependant, je n’en veux pas trop à l’auteure de ce commentaire puisqu’elle m’a permis de découvrir Michel Volkovitch.

Il est rare qu’un livre me fasse éclater de rire mais j’ai pouffé plusieurs fois. J’espère que comme moi, vous serez sensible aux charmes et au dangers de la langue Najavo :

En navajo qui n’a jamais chipé un seul verbe à aucune langue étrangère, le refus de principe de l’emprunt aboutit à des résultats certes décoratifs, mais discutables du point de vue de l’efficacité communicationnelle : ainsi « tank » se dit chidinaa’na’ibee’eldoohtsohbikàà’dahnaazniligii, littéralement « voiture qui glisse sur le sol avec de gros fusils dessus. Il est probable que dans la pratique, les Navajos recourent à l’anglais pour le genre de conversations où l’on a à mentionner un tank – c’est une bête question de sélection naturelle : le temps de s’écrier « gare le tank arrive » , l’obstiné navajophone est déjà réduit à l’état de crêpe Suzette, dans l’indifférence de ses compagnons d’armes plongés dans leur dictionnaire.

J’ai retrouvé en le lisant l’ambiance iconoclaste des séminaires de linguistique générale de mon université. Enfin, quelqu’un qui explique le plaisir de la langue, bien loin des stériles discussions sur ce qu’il faut dire ou ne pas dire, qui font tellement plaisir au tout petit monde des gens « comme il faut », qui pensent qu’être bon en grammaire française c’est savoir dire « déjeuner » ou « dîner » et non pas le si vulgaire « manger ». Tout à coup le monde entier est là dans toutes sa diversité, on ne peut plus se hausser du col avec notre si belle langue française, si difficile à apprendre que le monde entier nous envie. D’ailleurs, allez-y, essayez donc de gagner la chaussette mise en jeu au concours de la langue la plus difficile à prononcer :

 Voici comment on dit « J’ai vu un animal de ce type » en kalam, une langue papoue de Nouvelle-Guinée orientale : Knm nb ngnk. Toute personne capable de prononcer cette phrase gagnera une chaussette d’archiduchesse séchée sur une souche sèche.

Il existe donc, des langues tellement plus redoutables à apprendre que le français, à commencer par le basque si proche et si loin de nous, l’esprit humain est également réparti dans le monde entier, divers et si riche que j’en suis restée baba.

De l’esprit, Jean-Pierre Minaudier n’en manque pas mais je ne crois pas que cela me conduise à lire toutes les belles grammaires dont il nous a parlé. Et il est vrai que pour ceux qui ne se posent aucune question sur la langue, ce livre aura quelques passages difficiles, au milieu de moments vraiment joyeux accessibles pour tout le monde grammairien ou non.

Citations

Règlement de compte du linguiste amoureux des langues existantes

Je trouve l’espéranto hideux et grotesque avec son look de patois latin dégénéré, une langue prétendument mondiale moins parlée que le lituanien ou le danois après plus d’un siècle d’existence me semble avoir complètement er sans doute définitivement manqué son objectif.

Les Français du XVIIe ont simplifié certains noms indiens, on peut les comprendre !

Chief Joseph était tout simplement Hinmahtooyahlatkekht en nez -percé. 

Les genres, réflexion d’un Estonien qui n’a pas de genre dans sa langue

Pourquoi diable « un laideron » est-il toujours une femme, et une sentinelle presque toujours un homme.

Difficulté du travail de l’ethno-linguiste

 Frauke Sachse partie étudier le xinka, une langue moribonde du Guatemala, s’est heurtée à une mauvaise volonté générale doublée d’un mercantilisme déchaîné : l’un de ses informateurs potentiels prétendait lui soutirer 10 $ par mot ! Parmi la poignée de derniers locuteurs, certains ont refusé de travailler ensemble, c’est à dire de se parler, suite à des conflits : la zone sortait d’une guerre civile

 Enfin, grâce à ce livre, j’ai trouvé ma langue idéale (il faut dire que je suis un peu fâchée avec la droite et la gauche !)

 L’étude des grammaires nous apprend encore que les concepts de droite et gauche, qui sont relatifs (on est toujours à droite ou à gauche de quelque chose et n’ont rien d’universel : certaines langues possèdent des systèmes d’orientation absolus , comme le taba, langue austronésienne parlée au large d’Almahera, en Indonésie, où l’on distingue « le côté mer » et le « côté de la terre » (les locuteurs du taba habitent les côtes d’une île , laquelle est ronde -il ne s’agit donc pas de points cardinaux). On ne dit pas « Les cigarettes sont à gauche (ou à droite) de la chaise  » mais Tabako adia kurusi ni lewe lema, « les cigarettes sont du côté de la terre par rapport à chaise ; ou Tabako adiia kurusi ni laema pope, « les cigarettes sont du côté de la mer par rapport à la chaise : chacune de ces deux phrases veut dire « à droite  » ou » à gauche » selon la position du locuteur.

 

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U9782330051228Traduit du chinois par Angel PINO et Shao BAOQING.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

4Très joli roman qui permet un voyage dans la Chine d’aujourd’hui et d’autrefois et dans l’âme d’une femme d’une belle et riche personnalité. Mingli, 40 ans, n’a plus de nouvelles de sa fille Rongrong, et elle sait, elle le ressent au plus profond d’elle même que ce n’est pas normal. C’est une femme consciencieuse chercheuse dans un laboratoire médical, appréciée de tous. Elle n’a pas l’habitude d’imposer sa volonté, mais pourtant rien ne la fera reculer, elle doit savoir ce qui est arrivé à Ronrong. Elle le doit au nom de ses engagements du passé : son amitié avec la mère de Rongrong qui a sombré dans la démence.

Elle va donc être confrontée à la Chine « communo-capitaliste », et refait un parcours sur ce qui a été sa vie. « Les Sentinelles des blés », c’est un hybride de blé , découvert par son père un grand savant dont la mort est tout un symbole : il était parti chercher des livres importants pour lui, à son retour il est tombé dans les égouts dont un voleur avait, entre temps, volé la plaque qui les obturait.. Les souvenirs des Sentinelles des blés reviennent dans le roman, comme des moments de pureté dans un pays où la corruption atteint à peu près toutes les couches de la société. Même son mari qui l’aime bien, et qui ne pensait pas qu’elle puisse avoir une volonté autre que la sienne touche des petits pots de vin en utilisant les qualités de chercheuse de sa femme.

Un beau voyage , d’une rare émotion.

Citations

Une femme qui ne sait pas s’imposer

Or Yu Shijie refuse de m’entendre. Il voudrait que je sois une femme ouverte. Certes, mais ne le suis – je pas déjà ? Petit à petit, entre nous deux, un pli a été pris, qui fait que, depuis des années, chaque fois que je m’exprime ou que j’agis selon mes sentiments, il s’empare du problème et le dissèque en deux temps trois mouvements, comme un boucher qui manipule une carcasse de porc. L’animal est suspendu à un croc, et la moindre partie de son corps s’offre à la vue:la viande, les os, les tripes, tout est clair et net. Mais moi , je ne ressens plus rien, j’en oublie même ce que j’avais voulu dire au départ.