Édition Acte Sud Babel, Traduit de l’anglais (États-Unis) par Céline Leroy

 

Quand j’ai fait paraître mon billet sur « la rivière » de Peter Heller plusieurs d’entre vous (le Bouquineur Kathel ) dans les commentaires ont parlé de ce livre comme un chef d’œuvre bien supérieur à « La rivière ».

Ce n’est pas du tout mon avis, mais je le dis tout de suite j’ai peu de goût pour les livres ou les films d’anticipation de catastrophes. Il faut dire que cette catastrophe décrite en 2013 (pour la traduction) rappelle étrangement le virus du Covid trop célèbre aujourd’hui. Le roman commence neuf ans après la « fin de Toute Chose », l’originalité du roman, c’est de ne pas être dans un développement chronologique, donc nous n’apprendrons qu’à la moitié du récit que le monde a été détruit par un terrible virus qui combine celui de la grippe avec celui de la grippe aviaire. C’est un virus extrêmement contagieux et mortel à 99,9 pour cent. L’origine à été attribuée à l’Inde mais la vérité est que ce virus vient d’un laboratoire et à été répandu à cause d’un accident d’avion.
Le roman raconte les rapports entre les humains après une catastrophe aussi terrible. Les deux hommes Hig et Bangley ont réussi à sécuriser un territoire autour d’un aéroport qu’ils protègent le mieux qu’ils peuvent. Et comme Bangley est un excellent soldat et Hig un pilote remarquable, ils peuvent repousser toutes les attaques de gens qui ne veulent que leur mort. Il y a aussi un petit groupe de religieux mennonites qui ne sont pas attaqués par les prédateurs car ils sont atteints d’une maladie du sang mortelle et contagieuse.
Tout le roman repose sur cette extrême violence qui vient de l’extérieur, tous les autres humains n’ont qu’une idée en tête : assassiner nos deux héros. Le pourquoi de cette haine violente n’est jamais expliquée.
La deuxième partie du roman se passe après la mort du chien de Hig. Comme dans tant de film américain la mort du chien fidèle est ressentie comme un si grand drame que cela change tout pour Hig qui va partir de son aéroport sécurisé à la recherche d’une autre histoire. Il va rencontrer une femme et son père qui avaient réussi à survivre dans un vallon bien protégé avec du bétail.
Ensemble, ils reviendront dans l’aéroport retrouveront Bangley bien mal en point .
La fin montre un renouveau possible. Les familles mennonites vont sans doute survivre et des avions qui survolent l’aéroport prouvent que la vie normale a peut être redémarré ailleurs.
Le style de l’écrivain est assez particulier. Le roman est une succession de petits chapitres et l’auteur ne nous explique rien qui ne relève pas du vécu actuel des personnages.
Outre l’extrême violence du récit, ce que je trouve très gênant c’est de ne pas comprendre pourquoi tous les hommes ne cherchent qu’à se tuer les uns et les autres sauf nos deux héros.
La nature en danger est sans doute le thème le plus important du roman. Comme dans « La rivière » l’auteur qui adore les grands espaces naturels les voit détruits chaque année par des incendies de plus en plus violents. C’est sans doute cela qui l’a poussé à écrire ce roman que vous êtes plusieurs à avoir tant apprécié.
Bref un roman qui donne pas le moral mais qui va plaire aux lecteurs très nombreux qui aiment ce genre de récit d’anticipation-catastrophe. Je me demande pourquoi les américains sont les grands spécialistes du genre, cela doit être le reflet de leur mauvaise conscience face à leur façon de maltraiter leur pays et même la planète.

Citations

 

Quand on commence à comprendre ce qui s’est passé

 Je ne veux pas perdre le compte : ça fait neuf ans. La grippe a tué presque tout le monde, puis la maladie du sang a pris le relais. Dans l’ensemble, ceux qui restent sont du genre pas gentils, c’est pour ça qu’on vit dans la plaine, pour ça que je patrouille tous les jours.

Réflexions face à la solitude

 La famine. Qui consume aussi lentement que le feu sur du bois humide. Fragilise les os, des sacs d’os ambulants, puis l ‘un meurt, puis l’autre. Ou peut-être qu’il vaut mieux être attaqué par des indigènes
 Qu’est-ce qui te manque le plus ? La foule babillant et sans visage, la célébrité, les fêtes, l’explosion des flash ? Les amants, la gaieté, le champagne ? La solitude taillée dans la célébrité, L’étude des cartes à la lumière d’une unique lampe sur un vaste bureau dans un hôtel vénérable ? Le room service, le café avant l’aube, la compagnie d’un ami, de deux ? le choix : tout ou rien ? Un peu ou rien ? Maintenant, pas maintenant, peut-être plus tard ?

L’aspect hilarant ? (dont parle la quatrième de couverture et que j’ai eu du mal à trouver)

 C’est fou à quel point le fait de ne pas devoir tuer quelqu’un simplifie la relation, en général. Même si papy a bien essayé de me tuer, moi. Bon. Passons l’éponge. Toujours est-il que je pouvais marcher jusque chez eux, les buter ou pas, et ça c’est une libération.

 


 

Édition Phébus. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Nathalie Bru

Ce roman m’a été offert car j’avais bien aimé « Dans la Forêt » de la même auteure. J’ai plus de réserves sur celui-ci qui connaît cependant un beau succès sur la blogosphère . J’ai eu un plaisir certain à découvrir les destins croisés de Cerise et Anna. Ces deux femmes ont, au même âge, avorté pour Anna, eu un bébé pour Cerise. Nous retrouvons ces deux femmes à d’autres moments clés de leur vie. Cerise éprouvera pour sa fille Mélody un amour si fort qu’elle pensait que rien ne pourrait briser leur entente fusionnelle. Anna se réalisera comme photographe auprès d’un homme attentif avec qui elle aura deux enfants. Elle cachera à tous son avortement et pense mener sa vie sans que cela prenne trop de place.

Pour Cerise la vie est faite de toutes les difficultés d’une mère célibataire pour qui la survie est toujours remise en cause par le moindre problème, et elle va les accumuler, les problèmes ( un peu trop à mon goût). Cela nous vaut l’habituel plongée dans le monde des exclus de la prospérité américaine.
Avec Anna nous partageons la vie d’une femme qui se demande si sa vocation d’artiste vaut la peine de bousculer sa famille en particulier ses deux petites filles.

A travers des rebondissements tragiques pour Cerise, plan galère pour Anna, ses deux femmes se retrouveront et permettront à l’une comme à l’autre un nouveau départ dans leur vie.

J’ai retrouvé les longueurs habituelles pour ce genre de roman américain, plus de six cent pages ! Je peux parfois avoir plaisir à rester longtemps avec des personnages et des lieux mais dans ce roman je me suis trouvée avec des personnalités figées dans des attitudes et des situations qui me semblaient plus proches de la démonstration ou du cliché que de personnes réelles. La révolte de Mélody à l’adolescence tellement traitée dans tous les romans, séries et films américains est un grand classique. Ainsi que la misère de ceux qui en sont réduits à vivre dans un mobile-home comme Cerise avant d’être réduite à dormir dans la rue après le tragique incendie dans lequel son bébé trouvera la mort.
De l’autre côté la difficulté à être une bonne mère quand on veut se réaliser à travers son travail artistique et permettre à son mari de trouver un job à la hauteur de ses ambitions intellectuelles est un sujet intéressant mais déjà traité dans bien des romans.Voilà ma réserve principale, je n’ai pas réussi à croire aux deux personnages de femmes. Je ne voudrais pas que mon opinion l’emporte sur votre envie de lire ce roman qui reçoit des éloges en grande partie mérités .

 

Citations

L’œil de la photographe

Bien avant d’avoir tenu un appareil photo entre les mains, elle s’était aperçue que, juste en regardant un objet ordinaire, elle pouvait le transformer en quelque chose de rare et d’étrange. Cette sensation que les autres enfants obtenaient en tournant sur eux-mêmes ou en se laissant rouler dans la pente des collines, elle l’éprouvait en scrutant de toutes ses forces le robinet en laiton du mur latéral, ou le moineau qui sautillait sur la terre polie en dessous des balançoires, au point bientôt de ne plus voir que le lustre de l’usure sur le bec du robinet ou l’étincelle dans l’œil du moineau.

Remarque de la mère des dessins de Cerise à propos de son père.

Je ne sais pas du tout d’où tu tiens ça, pas de moi, en tout cas, ça c’est sûr, ni de ton père, disaient-elles avant d’enchaîner, pleine d’amertume : Ton père n’était même pas fichu de se dessiner un avenir.

Dieu

 Parfois, elle essayait de prier, comme Sylvia et Jon le lui avaient conseillé. Mais des réponses qui lui venaient quand elle tentait d’adresser ses réflexions à Dieu pour qu’il lui serve de guide ne ressemblaient jamais à ce qui aurait plu à Sylvia et à Jon, si bien que Cerise se disait qu’elle s’y prenait mal, que ses prières passaient sans doute à côté de Dieu sans l’atteindre, comme quand elle composait un faux numéro et se retrouvait avec un inconnu au bout du fil.

Tellement vrai

 Personne n’a le choix, ajouta doucement sa grand-mère. on se dit toujours, « je ne pourrais pas le supporter », mais quand ça arrive, on voit que c’est la seule option possible : supporter.

Des femmes dans le malheur

 Parfois les femmes pleuraient, et les larmes qui coulaient sur leurs joues fatiguées jusqu’à leur de menton tremblant paraissaient minuscules comparées à leur ocean de souffrances. Cerise trouvait une sorte de réconfort dans leur histoire et dans ces larmes -pas par ce qu’elle aimait voir toujours plus de souffrances, mais parce que la souffrance était la vrai conditions des humains. C’était logique que les gens souffrent, logique que rien n’aille bien très longtemps. En regardant les autres femmes se rassembler autour de celles qui pleuraient, pour lui tapoter le dos et essuyer ses larmes, Cerise se sentait presque de la famille, presque de la famille des femmes qui la réconfortait.

 

Édition Actes Sud . Traduit de l’anglais (États-Unis) par Céline Leroy.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

 

 

Il pourrait être un de vos cadeaux de Noël, ce roman. En tout cas, j’espère que ceux et celles qui aiment les romans qui se passent dans la nature encore sauvage vont le noter, même si cette superbe nature est en train de se faire dévorer par un incendie comme ceux qui tous les ans détruisent les somptueuses forêts américaines ou canadiennes.
Ce récit décrit l’aventure de deux jeunes amis , Wynn, et Jack qui ont décidé de descendre le fleuve Maskwa jusqu’à son embouchure dans la baie d’Hudson. Ils ont très bien préparé ces quelques semaines d’aventures dangereuses mais à leur portée car ils connaissent bien tous les deux la vie dans la nature peu ou pas domestiquée par l’homme. Ce sont deux pêcheurs émérites et cela nous vaut de très belles scène dans des cours d’eau sauvages aux rapides imprévisibles.
Et puis, deux événements vont transformer ce voyage de rêve en un vrai cauchemar. D’abord, ils repèrent un incendie d’une force incroyable, ils n’ont donc qu’une solution aller de plus en plus vite pour rejoindre leur point d’arrivée, mais on sent qu’ils en sont capables d’autant que Jack connaît très bien les dangers du feu de forêt. Mais un deuxième danger va donner à cette course contre la montre un aspect de thriller absolument haletant. Will et Jack doivent sauver une femme laissée pour morte par son mari sur une plage et Jack comprend tout de suite cet homme est prêt à les tuer eux aussi.
Face au danger, les deux personnalités des deux amis vont diverger. Wynn, le gentil, ne peut croire à la méchanceté humaine et sans le vouloir, il met en danger la réussite de leur expédition car son premier réflexe est toujours de croire à la bonté. Jack le sait et prend le leadership de leur expédition. La tension entre les deux amis donne une profondeur au récit que j’ai beaucoup appréciée. Et puis la nature toujours présente amicale ou hostile ponctue ce texte de moments inoubliables.

Un grand roman dans lequel a forêt, la rivière, le feu sont des personnages au même titre que les protagonistes de de ce drame.

 

Citations

Le feu

 « Ouais, mais si on est au milieu de la rivière.. »
Jack haussa les épaules.  » Peut-être. L’air devient brûlant. C’est ça qui crée un incendie dévastateur. En fait, les rouleaux de fumée sont chargés de gaz et si le vent est favorable, à la moindre étincelle, tu peux te faire carboniser à quatre cents mètres. »

Les rapides

 Ce devait être des chutes de classe VI, une série de saillies rocheuses englouties sous un volume d’eau gigantesques. On aurait dit un orage en mer du Nord dévalant un escalier. Vingt et un mètres entre le sommet et le fond avec une pente qui s’étendait sur deux cents mètres. Au milieu, un îlot rocheux de la taille d’une barque portait un épicéa tordu et rabougri. Voir cet arbre trembler dans tout ce chaos ne rendait la cataracte que plus terrifiante.
 Le soleil perça un récif de nuages et éclaira les chutes, d’argent ses rayons sur les eaux-vives et neigeuses, mettant étonnamment les sonorités encore plus en relief, et Wynn se dit que ça aussi, c’était magnifique. Que la roche brute des saillies ou les avalanches étaient magnifiques.

Le feu

 Une grosse partie de la région avait été couverte de lichens et de mousses parfois sur plusieurs dizaines de centimètres d’épaisseur et tout ça avait brûlé dans la nuit, avec les sous-bois, les épilobes et les saules, ne restaient que la terre calcinée et la roche, les pieux noirs et sépulcraux des arbres, et sans la forêt, on voyait beaucoup plus loin, le sol qui s’élevait légèrement et retombait tout autour des eskers quasiment débarrassés de leur arbres, des plis où les ruisseaux avaient coulé, secs comme s’ils s’étaient évaporés.

 

 

 

Éditions Gallmeister. Traduit de l’américain par Françoise Happe

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

 

Le club de lectures me conduit à lire des livres que je ne choisirai jamais, et souvent ce sont de bonnes surprises. Ici il s’agit d’un roman policier, on ne peut plus classique, et, ce fut un vrai pensum pour moi. Le seul intérêt réside dans le suspens ce qui entrave toujours ma lecture. J’ai essayé de jouer le jeu et de ne pas commencer le roman par la fin mais pas de chance les ficelles sont si grosses que j’ai immédiatement compris de quoi il s’agissait. Comme l’enquêteur est un personnage récurent on sait qu’il ne va pas mourir puisqu’il doit être disponible pour les autres enquêtes.

Calhoun est un homme amnésique qui a été un agent très performant d’une agence secrété américaine. Même s’il ne se souvient de rien ses réflexes d’enquêteurs sont parfaits et donc la même agence l’utilise pour résoudre une affaire étrange dans laquelle un de leurs hommes a trouvé la mort. Ce qui est bizarre c’est qu’on l’a retrouvé avec une balle en plein coeur alors qu’il était déjà mort de botulisme à côté d’une jeune femme morte dans les mêmes conditions.

J’espérais qu’en dehors de cette enquête sans le moindre intérêt, j’allais me plaire dans des paysages somptueux du nord américain. Mais à part une partie de pêche rien n’est venu égayer cette lecture. Je vais sans aucun doute choquer touts les amateurs du genre et de cette prestigieuse maison d’édition, mais je le redis les polars dont l’intérêt ne réside que dans le suspens, ce n’est vraiment pas pour moi.

 

 

Citations

Humour, choix des mouches et psychologie des poissons

 Il y a des jours, dit Calhoun en hochant la tête, ils restent là sans bouger et ils se disent, je mordrais à rien, sauf si c’est une Matuka jaune avec trois bandes de Flashabou de chaque côté, fixée à un hameçon Limerick 4XL avec du fil blanc. D’autrefois, ils vont attendre une Black Ghost Carrie Steven toute la journée, et s’ils s’aperçoivent que ce n’est pas une authentique, ils disent : Bn, je laisse tomber, ils préfèrent rester sur leur faim. 
Fallows fronça les sourcils comme s’il se disait qu’on était peut-être en train de se payer sa tête, mais il n’en était pas sûr.
– Stoner a raison, dit Kate. On emporte jamais trop de mouches parce que, comme vous l’avez dit, on ne sait jamais ce que les poissons pourraient penser.

Édition Liana Levi, traduit de l’anglais par Franchita Gonzales Battle. 

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

Sur Luocine, c’est mon deuxième billet sur cet auteur dont j’apprécie l’humour et surtout la concision et la précision des récits. Après « Une canaille et demie » voici donc « Un voisin trop discret ». Après une série de romans américains qui mettent six cent pages à dessiner une intrigue et des caractères, voici un roman de deux cent dix huit pages que je ne suis pas prête d’oublier.

Un couple risque de perturber la vie de Jim, un chauffeur Uber, on devine assez vite, que la vie de ce soixantenaire a dû être un peu compliquée. En attendant, il va aider sa voisine qui vient d’emménager à côté de chez lui : Corina mariée à un soldat Grolsch. et mère d’un petit garçon de quatre ans Après la mort tragique(ô combien !) de son coéquipier, il fera équipe avec Kyle qui bien qu’homosexuel se mariera avec Madison pour l’aider à élever son enfant et ainsi s’assurer une couverture pour faire carrière dans l’armée. Les fils de cette histoire sont incroyablement bien tissés et au passage on découvre les ravages que peut faire une guerre dans la personnalité de ceux qui la font et à qui on donne le droit de tuer. La vie très artificielle dans la base militaire ponctuée par la visite de deux gradés en uniforme qui viennent annoncer la mort du mari soldat, la difficulté des femmes qui élèvent seule leur enfant, et comme je l’ai déjà souligné les conséquences de la guerre en Afghanistan, tout cela en peu de pages (mais tellement plus efficace qu’un énorme pavé) est percutant et si bien raconté !

L’intrigue autour de Jim est très bien conduite avec une fin originale mais cela je vous le laisse découvrir seul, évidement !

 

Citations

La voisine idéale

 Il espérait qu’elle serait aussi calme que la femme qu’elle remplaçait, une étudiante timide de troisième cycle qui faisait de son mieux pour toujours éviter que leurs regards se croisent, l’idée que se fait Jim de la voisine idéale.

La vieillesse

 La pire des choses quand on devient vieux ce n’est pas de se rapprocher de la mort, c’est de voir sa vie effacée lentement. on cesse d’abord d’être insouciant, ensuite d’être important, et finalement on devient invisible.

La guerre

C’est un petit drone caméra, un jouet d’enfant, un rectangle de moins de trente centimètres de long avec un rotor à chaque coin. Pas un vrai drone lanceurs de missile Helfire comme ceux que nous utilisons, pense-t-il. C’est un drone contrôlé à distance par les hadjis du village. Il vole juste au-dessus d’eux et repère les effets du mortier. Grolsch se débarrasse vite de son paquetage et sort son pistolet Glock. Quand il le pointe sur le trône, la minuscule machine s’envole vers la gauche, puis elle revient vite à droite. Ils me voient, pense-t-il. Ils me voient pointer mon arme. Ils voient nos gueules.

Un couple

 Il venait d’une longue lignée de fermiers allemands du Middle-West qui était bon en sport et en travaux des champs, et elle d’une longue lignée de Portoricains vendeurs de drogue, strip-teaseuses et voleurs de voiture. Les opposés s’attirent, jusqu’au jour où ils cessent, sauf que maintenant il a un fils de quatre ans qui courent se cacher, effrayé, chaque fois qu’il rentre de mission.

Édition Belfond. Traduit de l’anglais(États-Unis) par Catherine Gibert .

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

Je pensais avoir fait un billet sur « Il faut qu’on parle de Kevin », mais visiblement non alors que j’ai lu . En revanche j’ai chroniqué et peu apprécié « Double-Faute« de la même auteure. Je suis déçue par cette lecture qui pourtant commençait bien : un couple de sexagénaires se trouve à la retraite devoir résoudre la question qui traverse tant de couples : Que faire de tout ce temps libre que l’on doit maintenant passer ensemble, sans le travail ni les enfants ?

La femme était une grande sportive elle a complètement détruit les cartilages de ses genoux à force de courir tous les jours, l’homme au contraire n’a pratiqué aucun sport mais vient de se faire virer de son boulot à la ville car il s’est opposé à une jeune femme noire qui est une spécialiste du « Woke » à défaut se s’y connaître en urbanisme. Le roman commence par son annonce surprenante et qui m’a fait croire que j’allais aimer ce roman : il annonce à sa femme qu’il va courir un marathon. Sa femme vit très mal cette nouvelle passion de son mari. D’ailleurs cette femme vit tout très mal, il faut dire qu’il n’y a rien de très réjouissant dans sa vie. Sa fille est confite en religion et en veut terriblement à sa mère, son fils est délinquant et sans doute dealer, et elle souffre le martyre tout en continuant à s’imposer le maximum d’efforts physiques que son corps peut supporter.
Tout cela pourrait faire un bon roman, mais moi je m’y suis terriblement ennuyée. Comme pour beaucoup d’auteurs nord-américains c’est beaucoup trop long, mais ce n’est pas la seule raison. Cette écrivaine ne sait résoudre les problèmes de ses personnages qu’à travers des dialogues qui s’étirent en longueur. Cela a provoqué chez moi une envie d’en finir au plus vite avec cette lecture. Il faut dire aussi que je n’étais bien, ni avec la femme, ni avec son mari et son coach Bambi absolument insupportable, ni avec la fille confite en religion qui va faire le malheur de tous ses nombreux enfants. Je n’ai toujours pas compris -mais je l’avoue ma lecture a été très rapide à partir de la moitié du roman- pourquoi après tant d’événements qui déchirent ce couple, ils restent ensemble finalement.
Ce n’est donc pas une lecture que je peux conseiller, mais si ce roman vous a plu, je lirai volontiers vos billets.

 

Citations

C’est bien vu

 – Ce qui m’agace à propos de ces expressions subitement ubiquitaires… 
Tommy n’allait pas demander la signification de « ubiquitaire »
– … c’est-à-dire celles que soudain tout le monde emploie, ajouta Serenata, c’est seulement que ces gens qui balancent une expression à la mode a tout bout de champ sont persuadés d’être hyper branchés et plein d’imagination. Or on ne peut pas être branchés et plein d’imagination. On peut être ringard et sans imagination ou bien branché et conformiste.

Bizarreries du couple

 En fait, toute honte bue, Serenata était en train de se servir de leur fille difficile pour réveiller un sentiment de camaraderie entre-eux. Ils s’étaient sentis tous les deux maltraités, avaient tous les d’eux été sidérés par le sombre grief que leur fille entretenait contre eux et tous les deux désespérés de son adhésion à l’Église du Sentier Lumineux, dont les fondateurs ignoraient certainement qu’il s’agissait du nom d’une organisation terroriste péruvienne. Unis dans la consternation, ils n’en demeuraient pas moins unis, et elle ne se sentait même pas coupable d’étaler effrontément l’histoire inconséquente de Valeria pour faire émerger une solidarité. les chagrins devaient avoir leur utilité.

 

Édition Gallaade . Traduit de l’anglais (Américain) par Anne Damour (j’adore ce nom !)

 

J’ai déjà un certain nombre de livres de cet auteur sur mon blog. J’avais été un peu déçue par sa biographie, mon préféré reste « Et Nietzsche a pleuré » suivi de près par « le problème Spinoza » et « Mensonge sur le divan » celui-ci ressemble beaucoup à « Créature d’un jour ». Comme pour ce dernier livre Irving Yalom part à la recherche des valeurs qui ont soutenu son travail thérapeutique et ces valeurs se retrouvent davantage chez les philosophes que chez les psychanalystes en particulier chez Épicure. Comme souvent, il commence son livre par une ciation il s’agit ici d’une maxime de François de La Rochefoucauld  :

« Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face »

Tout son essai ne ne se prononce pas sur le soleil mais nous dit que pour la mort c’est quand même beaucoup mieux de savoir qu’elle fait partie de notre vie !

Il explique et nous raconte – ce qui rend, comme toujours, chez Irving Yalom ses récits si faciles à comprendre – combien la peur de la mort donne des conduites qui font terriblement souffrir ses patients. Mais au-delà des cas cliniques qu’il décrit avec une compassion qui me touche beaucoup, nous comprenons tellement mieux nos propres conduites ou celles de nos proches. C’est un livre qui aide à vivre alors que le thème central analyse les conduites pour oublier ou complètement effacer le fait que notre vie aura une fin. Ce n’est pas un livre triste, pourtant, Irving Yalom a été spécialiste des groupes de cancéreux en phase terminale, chez eux aussi il a trouvé des leçons de vie. Je recommande cette lecture, elle tombait particulièrement bien pour moi qui pour la première fois de ma vie devait affronter un réel problème de santé. Comme j’aurais aimé rencontré un Irving Yalom sur mon chemin !

 

 

Citations

 

J’aurais pu prononce cette phrase aux enterrement de gens que j’ai tant aimés.

Deux mois plus tard lorsque sa mère mourut et qu’elle prononça une courte allocution au cours des funérailles. Une des phrases favorites de sa mère lui revint à l’esprit :  » Cherchez-la parmi ses amis« .
 Ces mots avaient un pouvoir évocateur : Barbara savait que la bienveillance de sa mère, sa tendresse, son amour de la vie vivrait en elle, sa fille unique. Tandis qu’elle prononçait son discours et parcourait l’assemblée du regard, elle ressentait physiquement les qualités de sa mère qui avaient irradié vers ses amis, qui à leur tour les transmettraient à leurs enfants et aux enfants de leurs enfants.

L’empathie

L’empathie est l’outil le plus puissant dont nous disposions pour entrer en relation avec autrui. C’est le ciment des relations humaines, qui nous permet de sentir profondément en nous ce qu’un autre éprouve.

Nulle part la solitude devant la mort et le besoin d’une relation ne sont décrits avec plus de force et de réalisme que dans le chef-d’œuvre d’Ingmar Berman « Cris et chuchotements. »

La transmission

Avec l’âge, j’attache de plus en plus d’importance à la transmission. En tant que pater familias, je m’empare de l’addition lorsque nous dînons au restaurant en famille. Mes quatre enfants me remercient toujours aimablement (après avoir offert une faible résistance), et je ne manque jamais de leur dire : »Remerciez votre grand-père Ben Yalom. Je ne suis qu’un réceptacle qui transmet sa générosité. Il s’emparait à chaque fois de l’addition à ma place ». (Et, soit dit en passant, je n’offrais qu’une faible résistance.)

Le besoin de personnalité supérieure

Je crois que notre besoin de guide expérimenté est révélateur de notre vulnérabilité et de notre recherche d’un être suprême ou supérieur. Nombreux sont ceux, moi y compris, qui non seulement révèrent leur mentor mais leur attribuent plus qu’ils ne méritent. Il y a deux ans, à un service à la mémoire d’un professeur de psychiatrie, j’écoutais l’éloge funèbre prononcé par un de mes anciens étudiants, que j’appellerai James, aujourd’hui directeur réputé de la chaire de psychiatrie dans une université de la côte Est. Je connaissais bien les deux hommes, je fus frappé de voir que dans son discours, James attribuait beaucoup de ses propres idées originales à son ancien professeur.

Je partage cette conviction

J’ai la conviction que la vie (y compris la vie humaine) est apparue à la suite d’événements aléatoires ; que nous sommes des êtres finis ; et que, envers et contre tout espoir, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes pour nous protéger, évaluer notre comportement, donner à notre vie un cadre qui ait du sens. Nous n’avons pas de destin tracé d’avance, et chacun de nous doit décider comment vivre une vie aussi remplie, heureuse et signifiante que possible.

Encore une fois, je me sens proche de lui

Si deux de mes règles fondamentales en tant que thérapeute sont la tolérance et une totale acceptation, j’ai pourtant mes propres préjugés. Ma bête noire concerne tout ce qui relève de la croyance dans le bizarre : la thérapie de l’aura ; les gourous ; les guérisseurs ; les prophètes ; les prétendues guérisons de divers nutritionniste : l’aromathérapie, l’homéopathie ; et les idées farfelues sur des choses telles que le voyage astral, le pouvoir guérisseur des cristaux, les miracles religieux, les anges, le gens shui ; le spiritisme (télépathie), la voyance, la lévitation, la psychokinése, les esprits frappeurs, la thérapie des vies passées, sans citer les ovnis et les extraterrestres qui ont inspiré les anciennes civilisations, laissé des empreintes dans des champs de blé, et construit des pyramides égyptiennes.

Édition Charleston. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Laura Bourgeois

Encore un livre sur mon Kindle qui a bien rempli sa fonction de me faire oublier tous ces fils multicolores auxquels j’ai été reliée une petite semaine l’été dernier. Je ne peux que vous recommander cette lecture, cette auteure vous permettra de revivre le martyre du peuple coréen colonisé par le Japon.
Le roman commence en Corée dans une famille qui héberge et nourrit des pêcheurs. Ce n’est pas la richesse mais grâce au travail harassant du couple, ils y arrivent. Plusieurs malheurs vont s’abattre sur cette famille, d’abord la mort du mari puis la grossesse non désirée de leur fille unique qui s’est laissé abuser par un riche Coréen habitant au Japon. Heureusement elle trouvera un homme qui veut bien l’épouser et toute la famille partira vivre au Japon qui est alors la puissance coloniale dominant la Corée.
La deuxième partie du roman raconte le sort des Coréens au Japon. Pendant la guerre, ils sont considérés comme des « sous-hommes » et après, ils sont l’objet de toutes les discriminations habituelles dans un pays qui est en proie au racisme et au mépris pour tout ce qui n’est pas japonais. La famille va s’en sortir grâce au travail incroyable des femmes et on l’apprendra plus tard grâce aussi, à la protection du riche Coréen qui est le père biologique du premier enfant du personnage principal. C’est aussi un mafieux très puissant qui lui ne craint pas d’affronter les Japonais.
Le roman est passionnant. Suivre le destin de cette famille est un voyage qui m’a tenue en haleine jusqu’au bout. J’ai beaucoup aimé me plonger ainsi dans la culture coréenne en particulier la cuisine qui semble délicieuse. L’image du Japon ne sort pas grandi, pendant et avant la deuxième guerre mondiale c’était une puissance coloniale barbare pour les populations sous son joug et ensuite ce pays est apparu comme victime de la bombe atomique et n’a pas fait le même travail de mémoire que l’Allemagne. Et donc, a gardé des aspects contestables de sa civilisation, en particulier le mépris voire le racisme envers les Coréens.

Citations

Le destin de femmes

Évidemment ! Sunja-ya, le destin d’une femme est de travailler et de souffrir. Souffrir, et souffrir encore. Mieux vaut t’y attendre dès maintenant, tu sais. Tu grandis, alors il faut bien te prévenir. Ta vie va dépendre de l’homme que tu vas épouser. Avec un bon mari, tu auras une vie correcte, mais avec un homme mauvais, c’est la malédiction assurée. Dans tous les cas, il y aura de la douleur. Prépare-toi à souffrir et continue de travailler dur. Personne ne prendra soin d’une pauvre femme : on ne peut compter que sur soi-même.

 

Le deuil

Shin adressa un sourire faible au jeune pasteur. Cinq ans plus tôt, le choléra avait emporté quatre de ses enfants ainsi que sa femme et, depuis, il avait compris qu’il ne pouvait plus parler du deuil – tout ce qu’une personne pouvait lui dire à ce sujet lui semblait désormais ridiculement sentimental et insensé. Avant de les perdre, il
n’avait jamais fait l’expérience de la douleur de cette manière, pas vraiment. Ce qu’il avait appris de Dieu et de la théologie lui avait paru plus concret après sa tragédie personnelle. Sa foi n’en avait pas été ébranlée, mais son tempérament avait changé pour toujours. Comme si une pièce chauffée s’était refroidie d’un coup.

La vertu de la femme

Pour autant, nous devons préserver ta vertu – elle est plus précieuse que ton argent. Ton corps est un temple sacré où repose le Saint-Esprit. Les inquiétudes de ton frère sont légitimes. La foi mise de côté, et pour parler avec pragmatisme : si tu devais te marier, ta pureté et ta réputation seraient essentielles. Le monde juge sévèrement une fille pour son inconvenance – même lorsqu’il s’agit d’un accident. C’est terrible, mais c’est ainsi

L’après guerre au Japon

Tous ces gens – les Japonais et les Coréens – sont dans la merde parce qu’ils pensent en termes de groupe. Mais je vais te dire la vérité : un leader bienveillant, ça n’existe pas. Je te protège parce que tu travailles pour moi.
Quant à tous ces partis de Coréens, il faut que tu te souviennes qu’au bout du compte, les dirigeants ne sont que des hommes, ce qui ne les rend pas plus intelligents que des porcs. Et les porcs, on les bouffe. Tu as vécu dans une ferme qui vendait des patates douces à des prix indécents aux Japonais affamés par la guerre. Tamagushi a violé les régulations gouvernementales, et je l’ai aidé, parce qu’il voulait faire de l’argent, et moi aussi. Il se voit probablement comme un Japonais respectable, honorable même, plein d’une fierté nationaliste – comme tous, pas vrai ? La vérité, c’est qu’il fait un très mauvais Japonais, mais un homme d’affaires avisé. Je ne suis pas un bon Coréen, et je ne suis pas japonais.

Le patriotisme

Le patriotisme n’est qu’un principe, comme le capitalisme, ou le communisme. Mais les principes font oublier aux hommes leurs propres intérêts. Et les types au pouvoir exploiteront toujours les hommes qui croient trop en leurs principes. Tu ne peux pas réparer la Corée. Des centaines d’hommes comme toi et des centaines d’hommes
comme moi ne suffiraient pas à la remettre sur pied. Les Japs sont partis, et maintenant la Russie, la Chine et les États-Unis se disputent notre petit pays de merde. Tu crois que tu peux rivaliser avec eux ? Oublie la Corée.
Concentre-toi sur ce que tu peux avoir. Tu veux l’épouse ? Parfait. Tu n’as qu’à te débarrasser du mari, ou attendre qu’il crève. Ça, c’est quelque chose que tu peux maîtriser.

 

Le savoir

Absorbe tout le savoir que tu pourras. Remplis ton cerveau de connaissances – c’est la seule forme de pouvoir que personne ne pourra jamais te reprendre. 

 

 

Édition Jacqueline Chambon. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Gilbert Cohen-Solal.

Un livre d’apparence légère mais qui exhale aussi un parfum de tristesse : Arthur Mineur essaie de se remettre d’une rupture amoureuse en faisant le tour des invitations pour écrivains à travers le monde. Nous suivons donc la tristesse d’un homme amoureux américain qui est souvent maladroit et fait de mauvais choix. Arthur Mineur se raconte lui-même de façon très drôle à l’image de son apprentissage de la langue allemande et la joie d’être,enfin, dans un pays dont l’auteur parle la langue – du moins le croit-il- ses propos se terminent ainsi :

Toujours est-il que Mineur arrive à Berlin et se rend en taxi jusqu’à son appartement provisoire à Wilmerdorf en se jurant de ne pas parler un seul mot d’anglais durant son séjour. Bien sûr, le vrai défi est de parler un mot d’allemand.
Il s’amuse beaucoup et nous fait sourire à propos de toutes ses approximations dans la langue de Goethe, il n’hésite jamais à souligner le ridicule dans lesquelles ses différentes maladresses le mettent souvent. Comme l’image de la couverture  : sa carte magnétique n’ouvrant plus la porte de son appartement, il entreprend de passer par le balcon ! Il scrute avec précision la moindre de ses réactions en particulier sur sa place en tant qu’écrivain. Est-il un écrivain important ? Il n’en est absolument pas certain, d’autant qu’il a vécu pendant longtemps avec un génie de la poésie américaine et qu’il sait bien que lui n’est pas un génie. Et puis il y a cette barre des cinquante ans qu’il doit franchir pendant son périple, on voit alors le problème du vieillissement pour un homme dont la jeunesse a été le principal atout de séduction. La lecture est rendue plus difficile par le changement de narrateur, sans prévenir le lecteur on ne sait jamais si c’est Arthur d’aujourd’hui qui prend la parole ou Mineur l’écrivain connu pour un premier roman et à qui a-t-il donné la parole au dernier chapitre ? je ne peux vous le dire sans dévoiler la fin. Je ne suis pas enthousiaste à propos de ce roman et contrairement aux lectrices du club, je n’aurais certainement pas mis de coup de cœur mais c’est un roman original très agréable à lire.

Citations

Humour

Mineur n’est pas vraiment connu en tant que professeur, de même que Melville ne l’était pas vraiment en tant qu’un inspecteur des douanes. Et pourtant, les deux hommes occupent respectivement ces fonctions.

Un hommage à la traductrice

Mineur se met à imaginer (tandis que le maire marmonne toujours son discours en italien) qu’on a mal traduit, où – comment dire ?- qu’on a comme « super-traduit » son roman, confié à un poète de génie méconnue (elle s’appelle Giulliana Monti), qui a réussi à faire de son pauvres anglais un italien stupéfiant. Son livre a été ignoré en Amérique, on en a à peine rendu compte, sans qu’un seul journaliste ait demandé à l’interviewer (son attaché de presse lui a dit : « L’automne est une mauvaise période »). Mais ici, en Italie, il se rend compte qu’on le prend au sérieux. Et en automne, de surcroît. Pas plus tard que ce matin, on lui a montré des articles de la « Républica », du « Corriere della Serra », de journaux locaux et de revues catholiques, avec des photos de lui dans son costume bleu, fixant l’appareil du même regard bleu saphir, naturel et inquiet, qu’il avait lancé à Robert sur cette plage. Mais la photo devrait être celle de Giuliana Monti, c’est elle, en fait, qui a écrit ce livre .

L’humour et la sexualité

Mais leurs rapports sexuels n’était pas idéaux : Howard était trop directif.  » Pince-moi là ; oui c’est ça ! Maintenant, touche-moi là ; non, plus haut ; mais non, plus haut ! Non, plus haut, je te dis. » Mineur avait presque l’impression de passer une audition pour une comédie musicale.

Je vois bien la scène

Pendant qu’il patiente, une jeune femme en robe de lainage marron pollinise l’un après l’autre des groupes de touristes, avec les mouvements circulaires d’une sorte d’oiseau-mouche vêtu de tweed. Elle se penche sur un bouquet de chaises, pose une certaine question et, mécontente de la réponse, s’élance à tire-d’aile vers un autre groupe.

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Carla Lavaste. Édition Pocket

 

Roman reçu en cadeau, et que j’ai lu d’une traite car l’histoire est saisissante et bien racontée. J’aime bien découvrir à travers un roman un fait historique dont je n’avais jamais entendu parler. Aux USA « Terre d’accueil et de liberté » pour des populations européennes chassées par la misère de leur pays, une pratique peu reluisante a vu le jour entre les deux guerres. Une oeuvre chrétienne chargeait à New-York un train avec des orphelins pour leur éviter l’orphelinat. Il arrivaient dans le Midwest et dans les gares les attendaient des couples en mal d’enfants. Une affiche avec cette annonce était collée sur les murs

On recherche
FAMILLES D’ACCUEIL POUR ORPHELINS
Une société de Bienfaisance de la côte Est
Pour enfants sans foyer
Arrivera à la gare de Milwaukee Riad.
Le vendredi 18 octobre
LA DISTRIBUTION AURA LIEU À 10H
ces enfants de tous âges et des deux sexes
sont seuls au monde

Les familles d’accueil faisaient leur choix et signaient une convention : ils devaient les nourrir et les loger contre de menus services et les envoyer à l’école. Les bébés étaient le plus souvent adoptés et les plus grands, surtout les garçons étaient choisis par des fermiers pour l’appoint qu’ils pouvaient apporter au travail de la ferme. Aucun contrôle n’était exercé et donc l’école était une option au bon vouloir des gens qui accueillaient ces enfants.
Le roman a choisi pour raconter cette histoire une petite fille irlandaise qui changera plusieurs fois de prénom, Niamh son prénom irlandais, Dorothy dans l’horrible première famille et Viviane chez les gens qui l’ont aimée et qui ont voulu lui donner le prénom de leur fille morte de la diphtérie . Le seul objet qui la relie à son origine est un médaillon en étain avec le symbole irlandais de l’amour ;  » le cladagh »

Il lui avait été offert par une grand-mère dont elle se souvient avec tendresse. Mais quand elle sera orpheline personne ne cherchera à la récupérer ni sa famille irlandais avec qui elle n’a plus aucun contact ni sa famille(éloignée) américaine qui devait sans doute se battre avec sa propre misère. Elle partira donc dans un de ces trains et connaîtra deux horribles familles avant de rencontrer ceux qui deviendront ses parents adoptifs . Cette histoire nous est racontée au gré des rangements dans un grenier par une autre enfant placée en famille d’accueil, Molly qui a écopé de cinquante heures de travaux d’intérêt général. Ces deux femmes l’une dans l’année de ses 18 ans l’autre dans ses 93 ans finiront par s’entendre. Elles ont en commun de savoir ce que c’est que de vivre dans une famille d’accueil.

J’ai quelques réserves sur la fin trop en happy-end à mon goût , en particulier pour la jeune Molly mais cela n’enlève rien à l’intérêt du roman.

 

Citations

Une jeune placée en famille d’accueil

S’il y a bien une chose qu’elle déteste à propos des familles d’accueil, c’est d’être à la merci de gens qu’elle connaît à peine et de dépendre de leur moindre lubie. Ne rien attendre de qui que ce soit, voilà ce qu’elle a appris. Ses anniversaire sont souvent oubliés et c’est tout juste si elle est invitée à participer aux différentes fêtes qui jalonnent l’année. Elle doit se contenter de ce qu’elle reçoit, et c’est rarement ce qu’elle a demandé.

Le train d orphelins

« Les enfants, vous voici à bord de ce que l’on appelle un train d’orphelins et vous avez la chance d’en faire partie. Vous laissez derrière vous un lieu diabolique où règne l’ignorance, la pauvreté et le vice. À la place, vous allez découvrir la noblesse de la vie à la campagne. »