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Traduit de l’anglais par Odile Demange.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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C’est un roman qui a connu un grand succès, si j’en juge par les critiques très positives de Babelio. Je l’ai lu rapidement et avec beaucoup d’intérêt. L’auteur raconte une histoire du point de vue d’un jeune autiste, et mieux qu’un grand discours théorique sur l’autisme, il nous fait parfaitement comprendre combien leur façon d’appréhender le monde est différent du nôtre. A aucun moment, l’auteur ne quitte la façon qu’à Christopher d’appréhender les nombreuses difficultés liées à l’enquête dans laquelle il se lance.

Un chien a été sauvagement trucidé par un coup de fourche en face de chez lui. Il veut savoir qui a fait cela et pour cela, pose des questions à son voisinage. Il découvrira la vérité mais hélas , également que son père lui a menti. Un autiste ne sait pas mentir et le mensonge d’une personne à qui il avait accordé sa confiance provoque un séisme dans sa conscience.

On sent à travers ce roman toute la difficulté d’élever un enfant autiste. Ses parents ne sont ni meilleurs ni pires que les autres, mais pour élever un tel enfant il faut être à la fois un génie et un saint. Incapables de compromis, ils peuvent se mettre en danger et mettre en danger les autres sans se rendre compte de ce qu’ils font. Et puis, si jamais vous voulez les contrarier, comme Christopher, ils peuvent se rouler en boule et commencer à hurler. Et puis, heureusement, il y a les mathématiques, domaine où enfin les choses sont bien rangées dans un ordre qu’aucun affect ne saurait déranger. Alors loin de tout ce qui lui fait peur, le jeune Christopher s’adonne à sa passion et est certain qu’il a une place dans le monde.

Je ne peux pas dire que je partage l’enthousiasme de la centaine de critiques de Babelio, mais cela m’a fait du bien d’accompagner les efforts d’un écrivain qui veut aider à comprendre le monde si étrange des autistes.

Citations

 Les sentiments de Christopher

J’aime bien les chiens. On sait toujours ce qu’ils pensent. Ils ont quatre humeurs. Content, triste, fâché, et concentré. En plus, les chiens sont fidèles et ils ne disent pas de mensonges parce qu’ils ne savent pas parler.

Sa difficulté à comprendre les autres

Je trouve les gens déconcertants.

Pour deux raisons essentielles.

La première raison essentielle est qu’ils parlent beaucoup sans se servir de mots. Sioban dit que si l’on lève un sourcil, ça peut signifier plusieurs choses différentes. Ça peut signifier « J’ai envie d’avoir des relations sexuelle avec toi » mais aussi « Je trouve que ce que tu viens de dire est complètement idiot. »

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Un séjour assez long à Fontenay-sous-Bois à l’occasion d’une naissance m’a permis d’utiliser le Kindle pour satisfaire mon envie de lecture.
Traduit de l’anglais par Natalie Zimmermann

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J’ai donc saisi l’occasion de lire un livre de plus sur « l’affaire » grâce à Sandrine qui tient le blog « Tête de lecture » et j’en suis ravie. Ce n’est pas la première fois que je dois au romancier l’évocation de l’affaire Dreyfus. Adolescente, j’ai dévoré les romans de Roger Martin du Gard , plus tard j’ai retrouvé « l’affaire » chez Proust , j’ai étudié en classe « J’accuse » de Zola. Et voilà donc un roman qui m’a replongée dans cette incroyable erreur judiciaire. Le romancier choisit de raconter la prise de conscience du colonel Picquart, et en cela il est novateur et passionnant. Deux conceptions de l’honneur de l’armée s’affrontent. Celle de Picquart.

Ce jeune et brillant colonel persuadé de l’innocence de Dreyfus est également certain que l’armée doit reconnaître son erreur pour retrouver son honneur.

Commence alors pour lui une véritable descente aux enfers digne d’un véritable thriller et écrit comme tel par Robert Harris. Même si on connaît la fin, on craint pour sa vie , et même si on connaît bien l’affaire, on est surpris de l’acharnement de l’armée à son encontre. Il risque de perdre sa carrière, son honneur et sa vie pour défendre un homme pour qui, au début, il a très peu d’estime. Lorsqu’il a la preuve que celui qui a écrit le bordereau sur lequel se fonde l’accusation est Esterhazy , il croit naïvement qu’une enquête va être diligentée pour confondre le traitre et innocenter Dreyfus.

Il s’oppose à l’état major parisien qui croit aussi défendre l’honneur de l’armée, en préférant ne pas reconnaître ses erreurs plutôt que de déclarer un juif innocent. Tout le monde au début est de bonne foi , mais lorsque les preuves des faux d’Henry seront découvertes, une autre affaire commence : celle des preuves secrètes (entièrement fabriquées) pour ne pas revenir sur un jugement qui arrangeait tout le monde. Tout cela mené par le ministre de la guerre le général Mercier

Ce roman se dévore comme un roman policier et en ces temps où l’intolérance fait encore des ravages, cela fait du bien de se replonger dans les périodes difficiles qui ont forgé les valeurs de la république française. Comme dans le livre de Bredin, on constate que, même si Dreyfus a été réintégré avec les honneurs dans l’armée française à laquelle il était si attaché, ses années aux bagnes n’ont pas été prises en compte dans sa carrière militaire alors que les deux années où Picquart a été renvoyé de l’armée lui ont permis un avancement rapide.

Citations

Les bassesses humaines, la présence de la foule haineuse lors de la dégradation de Dreyfus

C’est à ce moment que je compris ce que Mercier avait saisi depuis le début, à savoir que le désir humain d’assister à l’humiliation de l’autre formerait toujours une protection amplement suffisante contre le froid le plus intense.

L’antisémitisme dans l’armée et le plaisir des bons mots :

Remarquez, commandant Picquart : les Romains jetaient les chrétiens aux lions ; nous leur servons des Juifs. C’est un progrès, me semble-t-il.

Propos prêtés au Colonel Sandhers responsable du contre-espionnage et du dossier contre Dreyfus :

– Vous pensez que si la guerre éclate, il sera nécessaire d’enfermer les juifs ?

– Il faudra au moins les obliger à s’inscrire sur un registre et les contraindre à un couvre-feu et des restrictions de déplacement.

Le choix du silence, le choix de l’armée française en 1894, le choix de Picquart  :

– Je peux vous assurer que je n’éprouve strictement rien pour Dreyfus, ni dans un sens ni dans un autre. Franchement, je voudrais qu’il soit coupable – cela me faciliterait grandement la vie. Et, jusqu’à très récemment, j’étais persuadé de sa culpabilité. Mais maintenant que j’ai les pièces entre les mains, j’ai le sentiment qu’il ne peut pas être coupable. Le traitre c’est Esterhazy

– Peut-être que c’est Esterhazy, et peut-être pas. Vous ne pouvez pas en être certain. Cependant, le fait est que si vous ne dites rien, personne ne le saura.

Nous avons donc enfin atteint le cœur même de ce sombre problème. La pièce me paraît encore plus silencieuse qu’auparavant. Gonse me regarde bien en face. Je choisis mes mots avant de répondre :

– Mon Général, ce que vous dites est abominable ; je ne sais pas ce que je ferai, mais je n’emporterai pas ce secret dans la tombe.

On en parle

Un excellent site, Alfred Dreyfus pour ou contre.


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Un séjour assez long à Fontenay m’a permis de prendre le temps pour lire sur ma liseuse deux livres importants, je commence par celui qui, de l’aveu même Robert Harris, a été à l’origine de son excellent roman « D ». Ce livre d’historien est absolument passionnant et se lit très facilement. Je ne peux qu’en recommander la lecture à tous ceux et toutes celles qui sont intéressés par cette période et à qui le fanatisme et l’intolérance font peur. Jean-Denis Bredin permet de comprendre complètement » le pourquoi » de cette affaire. Elle a réussi à prendre forme pour des raisons bien particulières :

  • L’armée française vient de subir une défaite en 1870 et se sent trahie par la nation disons qu’elle préfère rendre la trahison responsable de sa défaite plutôt que ses propres incompétences.
  • L’armée est le refuge de la noblesse qui se sent au dessus du pouvoir civile et croit représenter le « véritable » esprit français.
  • L’antisémitisme était latent et entretenu par l’église catholique qui voulait prendre sa revanche sur l’athéisme de la révolution française.
  • L’église et l’armée étaient donc les deux piliers de la cause antidreyfusarde.
  • Le pouvoir civil était très régulièrement secoué par des scandales et avait peu envie de défendre « un juif ».

Tous ces différents facteurs permettent de comprendre pourquoi, quand on a cru avoir trouvé le responsable de l’espionnage et de celui qui livrait aux Allemands les ingénieux systèmes de l’artillerie française, tout le monde était bien content de punir ce traitre et que ce soit un juif arrangeait vraiment tout le monde. Le travail de Jean-Denis Bredin permet aussi de mieux connaître les différents protagonistes de l’affaire , en particulier le colonel Picquart qui sera le personnage central du roman de Robert Harris. Mais aussi la famille Dreyfus en particulier Alfred qui est un pur produit de l’armée française et qui ne souhaite qu’une chose qu’on lui rende son honneur.

Nous suivons aussi « l’affaire » comme un incroyable moment de folie nationale, folie antisémite d’un côté , soutenu par l’église et son journal « La Croix » et surtout « la libre parole » de Drumont. Et de l’autre côté les Dreyfusards entraîné par le talent de Zola , qui veut rétablir la justice et s’oppose aux secrets militaires.

Pendant ce temps un homme, Alfred Dreyfus connaît un sort terrible isolé du monde dans l’Ile du diable où pendant deux ans il n’aura le droit de parler à personne. Il ne doit sa survie qu’à son courage et à sa détermination de prouver son innocence. Cette affaire ne finit pas de troubler les français et le monde entier. Comment oublier que lors de la dégradation de Dreyfus et des cris de la foule « Mort aux juifs » un journaliste Théodore Herzl , correspondant d’un grand quotidien viennois, a compris que les juifs seraient persécutés tant qu’ils n’auront pas leur propre pays ? Comment oublier que toutes les thèses de Drumont et de son journal « la libre parole » seront reprises par les Nazis et mises en œuvre de la façon qu’on connaît ?

Le livre s’arrête en 1906 lors de la réintégration de Picquart et de Dreyfus dans l’armée , mais il faudra attendre 1995 pour que l’armée française reconnaisse définitivement l’innocence de Dreyfus. Cela, à la suite d’une note du service historique parue l’année d’avant mettant en doute son innocence.

Citations

L’armée en 1894

Pour beaucoup de milieux traditionnels, l’Armée est vécue comme un refuge, une sauvegarde contre l’ordre nouveau. Elle semble le dernier lieu où se conservent les valeurs anciennes ; elle préserve la fidélité légitimiste. Elle est l’ « Arche sainte » à laquelle les républicains n’ont pas encore osé toucher, un précieux domaine maintenu intact au milieu de la subversion générale.

La position de l’église catholique soutient des « antidreyfusards »

On se révolte contre le refus de Dieu, le principe de laïcité, la destruction des vertus chrétiennes, l’ébranlement de l’influence catholique.

L’absolue confiance de Dreyfus dans l’armée française, son armée

« La vérité finit toujours par se faire jour, envers et malgré tous. Nous ne sommes plus dans un siècle où la lumière pouvaient être étouffée. Il faudra qu’elle se fasse entière et absolue, il faudra que ma voix soit entendue par toute notre chère France, comme l’a été mon accusation. Ce n’ai pas seulement mon honneur que j’ai à défendre, mais encore l’honneur de tout le corps d’officiers dont je fais partie et dont je suis digne . » Alfred Dreyfus au bagne de Cayenne.

Bilan pour le pouvoir de la presse

La presse découvrant sa puissance, a vite prouvé que celle-ci s’exerçait en tous sens. Sans  » l’Aurore » et Zola, Dreyfus serait peut-être resté au bagne. Mais,sans Drumont et « La libre parole » y serait-il allé ? La presse naissante révèle déjà qu’elle est, qu’elle sera, dans la démocratie, le meilleur et l e pire : rempart de la Vérité , mais aussi véhicule de la calomnie, pédagogie de l’abêtissement, école du fanatisme, en bref , instrument docile à ceux qui la font et à ceux qui la reçoivent.

La culpabilité de Dreyfus pour l’Armée

 Dreyfus fut successivement coupable de trois manières.Il fut d’abord coupable parce que désigné pour cet emploi. Coupable, il le fut ensuite parce qu’il l’avait été. L’intérêt de la France l’honneur de l’Armée commandaient qu’il restât condamné. Puis il fut coupable d’ « avoir servi pendant cinq ans à ébranler l’Armée et la Nation » d’avoir été le symbole et l’instrument des forces du mal.

Libération du 12 septembre 1995

Le 7 septembre 1995 face à un auditoire de 1.700 personnes rassemblées à l’hôtel de ville de Paris, le général Jean-Louis Mourrut, chef du service historique de l’armée de terre (SHAT), a estimé que cette affaire qui n’en finit pas de provoquer des remous est « un fait divers judiciaire provoqué par une conspiration militaire [qui] aboutit à une condamnation à la déportation ­ celle d’un innocent ­ en partie fondée sur un document truqué ». Des mots qui n’avaient encore jamais été prononcés au nom de l’institution militaire, et qui suivent ceux que Gérard Defoix, alors évêque de Sens, avait prononcés en octobre 1994, dans le même sens, au nom de l’Eglise de France.

On en parle

Un site qui permet de garder en tête les différents moments de l’affaire : L’Affaire Dreyfus et une chronologie très complète sur le site Chrono.

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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

2
Roman très étrange, que ce récit d’un jeune attaché d’ambassade à qui l’on confie une mission sans grand intérêt : trouver les anciennes frontières des pays Baltes. On y découvre la vie des ambassades et de son personnel et avec mon esprit mal tourné, je me dis qu’en période d’économie, il y aurait là de très bonnes idées à piocher pour réduire les dépenses de l’état. Mais vu le savoir faire avec lequel nous est décrit ces personnes de la haute fonction publique française (tailler son cigare, faire la tournée des bars, rédiger des télégrammes que personne ne lit…) cela ne ferait que des chômeurs de plus !

J’ai commencé la lecture avec un grand intérêt et, au début, ce roman sur ces contrées lointaines m’a bien intéressée, puis, peu à peu, le personnage principal se perd dans une non-vie qui rend son roman non-vivant. On s’attend sans cesse à ce qu’il se passe autre chose, mais rien ne vient sinon qu’il fait froid et que les populations y vivent difficilement. Les chapitres courts aident à tourner rapidement les pages mais sans que rien n’accroche vraiment. On peut simplement se faire une idée, par ailleurs fort peu sympathique, des pays baltes en particulier sur les difficultés d’être ou ne pas être de la nationalité du pays.

Plein de détails m’ont fortement agacée, d’abord le pays n’est pas nommé, cela empêche le pays et le roman de s’ancrer dans le réel, la langue est souvent recherchée à la limite du snobisme, les expressions étrangères ne sont jamais traduites (La voix de baryton répercutée par Lothar à tue – tête, Nun ist die Welt so trübe, der Weg gehüllt in Schnee). Le flou, peu à peu, s’installe entre le réel et l’imaginaire, et la dénonciation de ce qui s’est passé pendant la deuxième guerre mondiale est noyée dans les limbes de son cerveau embrumé. Ceci dit il y a parfois de très beaux passages et le début m’a beaucoup intéressée .

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Un portrait

C’est une femme plantureuse, la peau couleur d’argile, le ventre feuilleté de plis, les cuisses maculées de taches verdâtres , le visage large et lippu, le crâne aplati ; les yeux bridés trahissent une origine asiatique ; son sexe glabre est enfoui sous la chair surnuméraire, ses fesses sont d’une déesse aurignacienne , ses énormes seins suintent de tristesse – leurs aréoles me décrochent un regard noir.

le langage diplomatique

Je devine qu’il s’agit tout bonnement de ceux que le langage commun appelle des espions – les services secrets qui affectionnent les périphrases disent « les officiers traitants ».

L’ambiance des pays baltes en automne

Les visites de Neva se font de plus en plus rares. Elle semble gagnée à son tour par la mélancolie que j’ai observé chez Lotha. Elle devient bizarre. Me parle du mauvais temps, de ses études qui l’ennuient, des maladies de sa mère, de l’indifférence de son beau-père, de la froideur de son oncle. Serait-elle sur le point de sombrer dans une de ces hystéries nordiques, fréquente à cette latitude, sous ce ciel avare de lumière. 

Belle description avec un mot que je ne connaissais pas

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 Traduit de l’américain par Marie-Odile Fortier-Masek.

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J’ai lu plusieurs romans de cette auteure sans jamais m’enthousiasmer. Dans ce roman, Tracy Chevalier nous faire revivre l’époque des suffragettes en Grande Bretagne. Avec ,comme fil conducteur, l’amitié de deux fillettes, Maude et Lavinia qui viennent de la classe aisée de Londres. On y côtoie également la misère, grâce à Simon le fils du fossoyeur et Jenny l’employée de maison qui finira dans la plus grande des pauvretés après avoir eu un enfant illégitime. Pour régner sur les bonnes conventions une Grand-mère acariâtre et malfaisante.

Tracy Chevalier donne la parole à tous les protagonistes de cette histoire cela permet d’affiner les portraits mais donne une allure un peu décousue au roman. Chaque chapitre le lecteur doit changer de personnage principal. La réalité devient complexe et comme dans la vie le mal et le bien ne sont pas si simples à distinguer. La militante féministe n’est pas une mère très agréable, et la voisine qui est une bonne mère est cruche à souhaits. La grand mère est horrible, coincée dans ses valeurs de bourgeoise anglaise elle se fiche du bonheur des siens pourvu que les conventions soient respectées. Et les hommes ont l’air bien dépassés par une lutte qui les concerne de très loin.

Je me demande pourquoi cette romancière m’ennuie toujours un peu ? Ses romans m’apparaissent comme une machine bien huilée qui tourne très bien toute seule, en tout cas sans moi, c’est certain.

Citations

La condition de la femme en Grande Bretagne en 1900

Assise à la fenêtre, je l’ai regardé s’éloigner , et j’ai éprouvé cette même jalousie dont je souffrais jadis en voyant mon frère partir au collège. Il n’avait pas sitôt disparu à l’angle de la rue que je me suis retournée et à la vue de cette pièce tranquille et silencieuse, à la lisière de cette ville qui est le centre du monde, je me suis mise à pleurer. J’avais vingt ans et ma vie s’était figée, dans une interminable ornière sur laquelle je n’avais aucun contrôle.

Les jugements de sa belle mère, jugeant le « bovarysme » de sa bru

Dieu sait que j’ai toujours dit à mon fils que vous ne seriez pas heureuse . Combien de fois lui ai-je répété :  » Épouse-la si tu y tiens, mais elle ne sera jamais satisfaite !  » J’avais raison. Vous voulez toujours davantage , mais vos idées ne vous disent pas quoi. »

J’ai souvent éprouvé cela quand j’étais enfant

Il n’y a rien de plus exaspérant que quelqu’un qui ne s’aperçoit pas que vous le punissez. À vrai dire, j’avais plutôt la sensation d’être celle que l’on punissait.

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Je suis tellement contente quand je peux enfin rayer un titre qui était dans ma liste depuis si longtemps ! Voilà vous m’avez conduite à lire un « polar » un vrai de vrai. Et mes trois coquillages parlent pour moi, j’ai bien aimé. D’abord parce qu’on découvre la Mongolie aujourd’hui , pays à propos duquel je n’ai pas lu grand chose, et puis on sent le plaisir de l’écrivain à écrire ce polar. Il a tout mis dedans : le flic épuisé par une souffrance personnelle, les flics ripoux, la violence sous toutes ses formes, la fidélité à un idéal d’êtres purs, la beauté des anciennes traditions, l’horreur des multinationales à la recherche des terres rares, un peu de magie et pas mal d’humour. Dès le début j’ai été accrochée et amusée, par les références aux « Experts » par les mongols au beau milieu de la steppe !

Ensuite, l’histoire se déroule à un train d’enfer, et tous les coups sont permis, heureux pays où la police a le droit de tirer dans les mollets des méchants pour les faire avouer. Mais non, je ne suis pas devenue adepte de la violence policière, mais je trouve que pour les romans ça permet d’aller beaucoup plus vite, déjà le roman fait plus de 500 pages, avec les méthodes de la police française on en avait pour au moins le double. Et puis, je dois dire que lorsqu’on nous décrit des horreurs absolues, et bien, ça soulage de voir le bon policier relever la tête et envoyer le coup de feu salutaire.

Que les amis de Yeruldelgger se réjouissent, une suite est probable, j’allais dire pourquoi, mais je sais certains d’entre vous sont très vigilants sur les »spoilers ». Je ne suis pas certaine de la lire mais je ne regrette pas ma nuit passée dans les steppes de Mongolie à boire du lait de jument fermenté… Beurk !

Citations

Les spécialités culinaires qui ne font pas envie à tout le monde

Où on sent que l’écrivain s’amuse

– Qu’est ce que tu regardes ! ? vociférera le gros flic.

– T’as d’beaux yeux tu sais ? répondit Yeruldelgger.

Il s’était toujours promis de placer cette réplique dans une situation comme celle-ci. Il l’avait apprise d’un film français qu’il avait vu pendant sa période ciné-club à l’Alliance française.

On en parle

Chez Keisha chez Dasola, Aifelle et je demande aux autres de me pardonner, cette liste date du temps où je ne notais pas les blogs où je trouvais les références des livres que je devais lire.

Prière de tolérance

Ce n’est donc plus aux hommes que je m’adresse ; c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes, et de tous les temps : s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité, et imperceptibles au reste de l’univers, d’oser te demander quelque chose, à toi qui as tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature ; que ces erreurs ne fassent point nos calamités.Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ; fais

  • que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère ;
  • que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution ;
  • que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ;
  • que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche pour dire qu’il faut t’aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ;
  • qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé d’une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau ;
  • que ceux dont l’habit est teint en rouge ou en violet, qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de la boue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d’un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie : car tu sais qu’il n’y a dans ces vanités ni de quoi envier, ni de quoi s’enorgueillir.

Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible ! Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant.Voltaire, Traité sur la Tolérance, avril 1763

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L’horreur d’être élevée par une mère suicidaire :

Souvent, elle raconte à Charlotte qu’au ciel tout est plus beau.
Et ajoute:quand j’y serai, je t’enverrai une lettre pour te raconter.
L’au – delà devient une obsession.
Tu ne veux pas que maman devienne un ange ?

Ce serait prodigieux, n’est ce pas ?
Charlotte se tait.

La grand-mère neurasthénique

Évidemment, sa grand mère l’aime profondément.
Mais il y a comme une force noire dans son amour.
Comment cette femme peut-elle s’occuper d’une enfant ?
Elle, dont les deux filles se sont suicidées.

Le grand amour de Charlotte le professeur de chant et ses intéressantes théories

Il a développé des théories nouvelles sur les méthodes de chant.
Il faut aller chercher la voix au plus profond de soi.
Comment est-il possible que les bébés puissent crier si longtemps ?
Et sans même abîmer leurs codes vocales.

On en parle

Allez sur Babelio vous verrez que ce roman a touché tant de lecteurs et de lectrices.

SONY DSCTraduit du Norvégien par Jean-Baptiste Coursaud.
Un énorme merci Keisha  pour ce petit joyau.

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J’espère vous donner envie de lire ce roman qui est sur ma liste de juillet 2014. Avec un talent rare, Ingvar Ambjørnsen raconte le quotidien de deux hommes que l’hôpital psychiatrique a réuni. Ils sont différents des gens dits « normaux », Elling le personnage principal est très cultivé, s’exprime dans une langue très recherchée mais il est absolument incapable d’affronter les réalités du quotidien. Tout devient très compliqué quand, comme lui, on essaie de tout comprendre, ce qui se voit et ce qui ne se voit pas avant la moindre action. Heureusement, dans sa vie, il y a Kjell Bjarne son « pote pour la vie » et à deux, ils finissent par s’en sortir. J’oubliais un personnage clé, Frank, l’infirmier psychiatrique qui les aide à se reconstruire en dehors de l’institution. Il mérite une médaille cet homme, car il sait malgré tous les obstacles que l’ont peut ramener vers la vie en société ces deux olibrius, qui passent leur temps à le critiquer alors même qu’ils lui font une confiance absolue.

Les situations font vraiment rire, car à travers tout le sérieux avec lequel Elling nous explique le pour et le contre de telle ou telle décision, on imagine les réactions des gens autour de lui qui pensent qu’il serait si simple d’agir au lieu de tant réfléchir. Imaginez par exemple à quel point il peut-être difficile de prendre un billet pour aller en train dans une ville de la banlieue d’Oslo. Ceci pour aller voir Frank qui n’a pas jugé utile de venir les chercher en voiture. Finalement tout se passera correctement, même si Elling a été un peu long au guichet, il a tenu à expliquer à l’employé qui était Frank, quelle partie de sa famille avait un rapport avec la ville de banlieue en question… et évidemment derrière lui les gens s’impatientaient un peu… Mais les deux compères sont arrivés, un peu en avance (quatre heure d’avance) dans un pays ou attendre dans le froid n’est pas sans conséquence !

Je ne peux évidemment tout raconter, je vous laisse découvrir le rapport entre la poésie et la choucroute, l’utilité de changer de slips, la difficulté d’utiliser les toilettes publiques, l’importance des statues dans les jardins… Mais surtout laissez-vous embarquer pour une grande, très grande leçon d’humanité et des bonnes tranches de rire.

Citation

L’aménagement de l’appartement , l’imaginaire bridé par Frank (celui qui doit les aider depuis leur sortie de l’hôpital psychiatrique)

Je me plaisais à me présenter notre appartement comme étant le mien .Comme étant le nôtre, à Kjell Bjarne et moi. Lequel , toujours à Broynes , m écrivait pour me demander comment se passait les rénovations . Je répondais qu’elles se passaient mal . Qu’un dénommé Frank s’interposait en permanence. Notre idée d’installer un jardin suspendu dans le salon tombait salement à l’eau. Frank n’avait même pas voulu en discuter.

La rencontre amoureuse de Kjell Bjarne et la psychologie torturée d’Elling

Je ne parvenais pour ainsi dire pas à m’emparer de l’image représentant Kjell Bjarne et Reidun Nordsletten dans la cuisine . De quoi parlaient-ils ? Kjell Bjarne était-il aussi peu loquace qu’il en avait pris l’habitude avec moi ? Ou brillait-il grâce à des mots d’esprit et des tournures amusantes maintenant qu’une femme lui prêtait une oreille avide ? Lui prêtait-elle d’ailleurs autre chose d’avide que sa seule oreille ? Y avait-il déjà quelque chose entre eux ? Non. Sans quoi je m’en serais rendu compte . Il ne fallait pas pousser !

Lorsqu’il est redescendu, sifflotant, sa boîte à outils sous le bras, j’ai été soudain très accaparé par la lecture du journal du jour. S’il croyait que mille et une question me brûlaient la langue, il pouvait toujours se brosser. A peine si j’ai daigné lui accorder un regard avant de retourner à mon article.Tiens donc : le parti social-démocrate réclamait une baisse des taxes d’importation sur les véhicules ! Il valait mieux lire ça que d’être aveugle. Et, ailleur , ils annonçaient qu’il allait faire plus froid. On se couche décidément moins bête le soir à chaque seconde qui passe, ai-je songé.

Coup de téléphone non prévu

Il voulait savoir s’il me dérangeait, si j’étais très occupé. Ce que j’étais à l’évidence étant donné que je rangeais mon tiroir. Mais quelque chose me retenait de lui fournir cette explication. J’ai menti, répondant que je m’ennuyais à cent sous de l’heure.

Portrait de Frank vu par le Elling le rouspéteur

Frank ? Mais que croyait-elle à la fin ? que nous sortions de notre plein gré manger une pizza avec ce misérable espion des services communaux qui fourrait son nez dans tout ce que nous disions et faisions ? Nous n’avions pas le choix, si tant est que nous voulions conserver notre appartement ainsi que les maigres privilèges qui y étaient liés. Frank ? Un gauchiste minable qui ramenait sa fraise de façon intempestive et se mêlait même du choix de la pizza que les gens allaient consommer et qui, par dessus le marché, était payé par la ville d’Oslo pour le faire !

Et pour le fun si vous voulez un petit air de Norvège.. Et imaginez Terry, un Togolais qui fait la vaisselle à l’hôpital royal qui devient en quatre mois un expert en Halling

Ce que j’ai trouvé sur Youtube sur les films réalisés à partir de l’œuvre de Ingvar Ambjørnsen (que j’aimerais pouvoir les voir !).

https://www.youtube.com/watch?v=pjMTVGdH2v8