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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Roman très étrange, que ce récit d’un jeune attaché d’ambassade à qui l’on confie une mission sans grand intérêt : trouver les anciennes frontières des pays Baltes. On y découvre la vie des ambassades et de son personnel et avec mon esprit mal tourné, je me dis qu’en période d’économie, il y aurait là de très bonnes idées à piocher pour réduire les dépenses de l’état. Mais vu le savoir faire avec lequel nous est décrit ces personnes de la haute fonction publique française (tailler son cigare, faire la tournée des bars, rédiger des télégrammes que personne ne lit…) cela ne ferait que des chômeurs de plus !

J’ai commencé la lecture avec un grand intérêt et, au début, ce roman sur ces contrées lointaines m’a bien intéressée, puis, peu à peu, le personnage principal se perd dans une non-vie qui rend son roman non-vivant. On s’attend sans cesse à ce qu’il se passe autre chose, mais rien ne vient sinon qu’il fait froid et que les populations y vivent difficilement. Les chapitres courts aident à tourner rapidement les pages mais sans que rien n’accroche vraiment. On peut simplement se faire une idée, par ailleurs fort peu sympathique, des pays baltes en particulier sur les difficultés d’être ou ne pas être de la nationalité du pays.

Plein de détails m’ont fortement agacée, d’abord le pays n’est pas nommé, cela empêche le pays et le roman de s’ancrer dans le réel, la langue est souvent recherchée à la limite du snobisme, les expressions étrangères ne sont jamais traduites (La voix de baryton répercutée par Lothar à tue – tête, Nun ist die Welt so trübe, der Weg gehüllt in Schnee). Le flou, peu à peu, s’installe entre le réel et l’imaginaire, et la dénonciation de ce qui s’est passé pendant la deuxième guerre mondiale est noyée dans les limbes de son cerveau embrumé. Ceci dit il y a parfois de très beaux passages et le début m’a beaucoup intéressée .

Citation

Un portrait

C’est une femme plantureuse, la peau couleur d’argile, le ventre feuilleté de plis, les cuisses maculées de taches verdâtres , le visage large et lippu, le crâne aplati ; les yeux bridés trahissent une origine asiatique ; son sexe glabre est enfoui sous la chair surnuméraire, ses fesses sont d’une déesse aurignacienne , ses énormes seins suintent de tristesse – leurs aréoles me décrochent un regard noir.

le langage diplomatique

Je devine qu’il s’agit tout bonnement de ceux que le langage commun appelle des espions – les services secrets qui affectionnent les périphrases disent « les officiers traitants ».

L’ambiance des pays baltes en automne

Les visites de Neva se font de plus en plus rares. Elle semble gagnée à son tour par la mélancolie que j’ai observé chez Lotha. Elle devient bizarre. Me parle du mauvais temps, de ses études qui l’ennuient, des maladies de sa mère, de l’indifférence de son beau-père, de la froideur de son oncle. Serait-elle sur le point de sombrer dans une de ces hystéries nordiques, fréquente à cette latitude, sous ce ciel avare de lumière. 

Belle description avec un mot que je ne connaissais pas

13 Thoughts on “La ligne des glaces – Emmanuel RUBEN

  1. je passe donc sans remord

    • je suis toujours ennuyée de provoquer ce genre de réaction. Tu aimes souvent des livres plus lents que moi et plus étranges que moi. J’aurais de loin préféré que l’ayant lu , tu me rejoignes sur mon avis. Mais je sais aussi que lorsque tu n’aimes pas un livre je ne m’y frotte pas.
      Le club de lecture à cela de bien c’est que nous sommes incitées (il n’y a que des femmes!) à lire des livres que nous ne choisissons pas. C’est ainsi que contrairement à ma blogosphère habituelle , j’ai lu et beaucoup aimé « Charlotte ».

  2. J’aime bien les passages cités ! Il faudrait que je lise d’autres avis…

  3. Ce n’est pas très enthousiasmant ! je trouve que c’est bien de dire lorsque l’on n’est pas emballé. Ça n’empêche pas que d’autres s’y intéressent et ça tempère les avis trop positifs qui génèrent des déceptions.

    • Pour moi c’est vraiment le charme des blogs on sent qu’ils sont écrits par des gens qui lisent les livres de façon amateur , c’est à dire en aimant les livres.

  4. A tout hasard, je vous livre l’adresse d’un billet qui éclairera peut-être le sens que l’on peut donner à ce livre ? Je ne l’ai pas lu et vous confie ceci sans pouvoir juger de sa pertinence : http://www.e-litterature.net/publier3/spip/spip.php?page=article5&id_article=595

    Bon week-end.

    • merci pour le lien , je vais y aller.

    • j ‘ai réussi à aller sur le lien, je crois que toutes celles et tous ceux qui liront cet article peuvent se décider ou non à lire ce roman. C’est beaucoup plus fouillé et érudit que mon billet et surtout la personne a aimé cette œuvre. Rien qu’à la lecture de ce billet j’aurais su ce roman ne m’aurait pas plu . Je n’aime pas ne pas comprendre ce que je lis. lorsque le flou et l’imaginaire l’emporte pour me faire comprendre le réel , je me sens dépossédée de quelque chose.

  5. C’est vrai que c’est difficile de dire que l’on n’a pas aimé un livre, ce qui ne va pas inciter à le lire … mais c’est aussi grâce à ça que l’on fait des belles découvertes

    • c’est vrai , j’aime mieux dire que j’aime ou m’inscrire dans une lignée de lecteurs, mais là peu d’amis ont lu ce roman, je ne voudrais pas les décourager.

  6. Une déception si j’ai bien compris…
    Pas plus mal, j’ai déjà assez à lire, pas besoin que tu en rajoutes ;)

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