traduit de l’américain par Françoise Adelstain

Lu dans le cadre de :

La photo dit bien combien j’aime lire les romans d’Irvin Yalom et encore je n’ai pas retrouvé « Et Nietzsche a pleuré » qui est sans doute mon préféré. Je l’ai sans doute prêté à quelqu’un qui l’aime tant qu’il a oublié de me le rendre (ce n’est très grave mes livres sont de grands voyageurs). Alors, quand Babelio a proposé la lecture de l’autobiographie de cet auteur, je n’ai pas hésité. Et ? Je suis déçue ! l’auteur est beaucoup plus intéressant dans ses romans que lorsqu’il se raconte. Ce n’est pas si étonnant quand on y réfléchit bien : Irvin Yalom est non seulement un bon écrivain mais aussi un grand spécialiste de l’âme humaine et un psychothérapeute encore en exercice (à 85 ans !). Alors l’âme humaine, il connaît bien et la sienne en particulier, donc aucune surprise ni de grandes émotions dans cette autobiographie, il maîtrise très (trop !) bien son sujet. On a l’impression qu’il dresse entre lui et son lecteur une vitre derrière laquelle il se protège. Un peu comme ses étudiants qui regardaient ses séances de psychothérapie derrière une glace sans tain. On voit tout, mais on apprend du meneur du groupe que ce qu’il veut bien montrer de lui. Oui, il se raconte dans ce livre et pourtant on a l’impression de ne pas le connaître mieux qu’à travers ses romans. Le dernier chapitre est, peut être plus émouvant celui qu’il a nommé « l’apprenti vieillard » . Je dois dire que je me suis aussi ennuyée ferme en lisant toutes les différentes approches de la psychologie clinique. Cela plaira sans doute aux praticiens tout ce rappel historique des différents tendances des thérapies de groupes. Une dernière critique : cet auteur qui se complaît à raconter ses succès littéraires c’est vraiment étrange et assez enfantin. En résumé, j’ai envie de donner ce curieux conseil :  » Si vous aimez cet auteur ne lisez pas sa biographie, vous serez déçu par l’homme qui se cache derrière les romans que vous avez appréciés ».

Citations

Quand Irving Yalom s’auto-analyse

Avant ma rébellion de la bar-mitsvah, j’avais commencé à trouver ridicule les lois qui prescrivent de manger ceci ou cela. C’est une plaisanterie, et surtout elles m’empêchent d’être américains. Quand j’assiste à un match de base-ball avec mes copains, je n’peux pas manger un hot-dog. Même des sandwichs salades ou au fromage grillé, j’y ai pas droit, parce que mon père explique que le couteau qui sert à les découper a peut-être servi à couper un sandwich au jambon. Je proteste : »Je demanderai qu’on n’les coupe pas ! »  » Non, pense à l’assiette, dans laquelle il y a peut-être eu du jambon, répondent mon père ou ma mère. C’est pas « traif » pas « kasher ». Vous imaginez, entendre ça, docteur Yalom, quand on a treize ans ? C’est dingue ! Il y a tout l’univers, des milliards d’étoiles qui meurent et qui naissent, des catastrophes naturelles chaque minute sur terre, et mes parents qui clament que Dieu n’a rien de mieux à faire que de vérifier qu’il n’y a pas une molécule de jambon sur un couteau de snack ?

 

Un récit qui manque d’empathie

Nous avions trouvé une maison en plein centre d’Oxford, mais peu avant notre arrivée, un avion de ligne britannique s’est écrasé, tuant tous les passagers, y compris le père de la famille qui nous louait la maison. À la dernière minute, il nous a donc fallu remuer ciel et terre pour dégoter un autre logis. Faute de succès dans Oxford même, nous avons loué un charmant vieux cottage au toit de chaume à une trentaine de minutes de là, dans le petit village de Black Burton, avec un seul et unique pub !

Raconter ses succès c’est impudique et inintéressant

Le lendemain, j’ai eu une autre séance de signature dans une librairie du centre d’Athènes, Hestia Books. De toutes les séances de ce genre auxquelles j’ai participé dans ma carrière, celle-ci fut la crème de la crème. La queue devant le magasin s’allongeait sur huit cent mètres, perturbant considérablement la circulation. Les gens venaient acheter un nouveau livre et apportaient les anciens afin de les faire dédicacer, ce qui constituait une épreuve, car je ne savais pas comment écrire ces prénoms inconnus, Docia, Icanthe, Nereida, Tatiana… On demanda alors aux acheteurs d’écrire leur nom en capital sur des petits bouts de papier jaune qu’ils me tendaient avec le livre. Nombreux étaient ceux qui prenaient des photos, ralentissant ainsi la progression de la queue, on dû les prier de ne plus en prendre. Au bout d’une heure, on leur dit que je ne pourrai signer, outre celui qu’il achetait, un maximum de quatre titres par personne, puis on descendit à trois, à deux pour finir a un. Même ainsi la séance a duré quatre heures , j’ai signé plus de huit cents livres neufs et d’innombrables anciens.

Je retrouve le thérapeute que j’apprécie

Ce livre, je l’ai conçu comme une opposition à la pratique cognitivo-comportementale, rapide, obéissant à des protocoles, obéissant à des pressions d’ordre économique, et un moyen de combattre la confiance excessive des psychiatres en l’efficacité des médicaments. Ce combat se poursuit encore maintenant, malgré les preuves indéniables fournies par la recherche de la réussite d’une psychothérapie repose sur la qualité de la relation entre le patient et son thérapeute, son intensité, sa chaleur, sa sincérité. J’espère aider à la préservation d’une conception humaine et plein d’humanité des souffrances psychologiques.

La vieillesse

Enfant, j’ai toujours été le plus jeune – de ma classe, de l’équipe de Baseball, de l’équipe de tennis, de ma chambrée en camp de vacances. Aujourd’hui, où que j’aille, je suis le plus vieux, – à une conférence, au restaurant, à une lecture de livre, au cinéma, un match de Baseball. Récemment, j’ai pris la parole à un congrès de deux jours sur la formation médicale continue des psychiatres, patronné par le Département de psychiatrie de Stanford. En regardant l’auditoire de collègues venus de tout le pays, je n’ai vu que quelques types à cheveux gris, aucun à cheveux blancs. Je n’étais pas seulement le plus âgé, j’étais de loin le plus vieux.

 

12 Thoughts on “Comment je suis devenu moi-même – Irvin YALOM

  1. Auteur : maggie
    URL : http://1001classiques.canalblog.com
    Commentaire :
    Malgré ton avis négatif, j’hésite un peu. Mais je n’ai lu que le problème Spinoza de cet auteur (que j’ai trouvé passionnant) et je pense que je me pencherai sur ses autres romans avant de lire cette bio.

    • encore une fois WordPress n’affiche pas les messages je l’ai récupéré et mis moi même . Donc tu liras cette biographie et tu nous diras ce que tu en penses.

  2. URL : http://enlisantenvoyageant.blogspot.fr/
    Commentaire :
    Bah, je note de lire un de ses romans, alors. Mais tes passages ne sont pas inintéressants, tu sais

    • désolé Keisha j’ai récupéré ton commentaire dans mes mails WordPress refuse de l’afficher, cela fait trois fois que cela m’arrive. J’ai adoré ces romans moins sa façon de se raconter.

  3. Papillon
    URL : http://www.journal-d-une-lectrice.net
    Commentaire :
    Quel dommage ! Je l’aime aussi beaucoup cet auteur, et ses romans ne m’ont jamais déçue. Je vais donc suivre ton conseil, et zapper sa biographie !

  4. Aifelle
    URL : http://legoutdeslivres.canalblog.com
    Commentaire :
    Ouh là ! Je viens de le terminer (billet en cours) et je ne suis pas aussi déçue que toi, sans être enthousiaste non plus. J’avais l’impression de déjà bien le connaître, il donne beaucoup d’interviews et j’ai lu plusieurs de ses romans. C’est sûr qu’il ne se dévoile pas vraiment, ce n’était peut-être pas l’objectif, mais j’ai été intéressée par l’évolution de la psychiatrie et de la psychothérapie aux Etats-Unis à son époque ; par ses nombreux voyages aussi. Je n’ai pas ressenti d’ennui, sauf dans les débuts, quand il s’attarde sur des recherches purement techniques.

    PS. Tu n’as pas précisé qu’il ne sort en librairie que le 3 Septembre.

  5. comme pour d’autres je suis obligée de récupérer ton commentaire sur mes mails pour le mettre sur mon blog et je ne sais pas pourquoi, j’ai hâte de lire ton billet.

  6. Quand j’ai vu la parution de ce livre j’ai hésité
    Comme toi j’aime ses romans mais j’avais un doute pour l’autobiographie
    En fait pour le connaitre il vaut mieux le relire

  7. Bonjour Luocine, même si j’ai aimé les livres d’Irvin Yalom (Spinoza, Nietzsche, Mensonges sur le divan), je ne suis pas tentée par une autobiographie de l’auteur. D’ailleurs, je ne suis pas encline à lire les autobiographies des écrivains. En revanche, je lirais bien « La malédiction du chat hongrois ». Bonne après-midi.

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