20160512_101050Traduit de l’anglais par France Camus-Pichon.

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Lecture que je dois à Krol, je me demande si comme moi elle a été gênée par le prénom de la cinquième femme de Michael Beard : « Patrice » est pour moi un prénom de garçon, à chaque fois je m’efforçais de penser « Patricia » sans quoi je n’arrivais pas à lui donner des traits féminins. Comme notre personnage est un scientifique tourné ver l’avenir de la planète, j’ai associé son roman à une revue qui explore le futur « Usbek et Rica« , dont je parlerai peut-être un jour. En attendant, voici donc le roman racontant la vie de Michael Beard physicien couronné par un prix Nobel que les mauvaises langues jugent très immérité . Peu importe, c’est un membre influent de la Royale Académie de sa Majesté Elizabeth d’Angleterre. Il ronronne un peu et passe son temps à répéter la même conférence dans des lieux divers et devant des publics variés. Il a une autre occupation lire les articles de physique pour voir à quel moment et en quels termes son nom sera cité. Bref sur le plan professionnel, ce n’est plus vraiment ça, il est de plus fortement agacé par la jeune génération à catogan qui ne respecte pas assez les glorieux aînés.

Et sur le plan personnel ? Là c’est carrément la Bérézina ! Sa cinquième femme, la fameuse Patrice, le trompe avec un vulgaire maçon . Bien sûr, lui ne se prive jamais de conquêtes féminines. Mais avec cette histoire de maçon sa descente aux enfers commence. Il n’a plus que deux préoccupations dans la vie, oublier Patrice et essayer de décider de commencer un début d’un éventuel régime ! Évidemment, il rate les deux . Il partira pourtant au pôle nord puis dans le désert du Mexique. Mais continuera avec la même constance à rater sa vie. Quelque soit ses rencontres et ses différentes femmes, il les trompe toujours et il grossit toujours autant. Il ne fait pas que cela, il est d’une mauvaise foi incroyable et se donne bonne conscience quelques soient ses actions qui peuvent aller jusqu’à tuer quelqu’un, sans le vouloir certes , et ensuite faire endosser cette mort par un autre. Évidemment, il est également malhonnête dans sa recherche scientifique. Bref un sale bonhomme avec qui je suis restée trop longtemps.

J’ai peiné à la lecture de ce roman pourtant agrémenté de passages drôles pimentés par un humour très britannique. On y retrouve aussi beaucoup de problèmes qui agitent notre planète. Mais voilà le roman annonce assez vite qu’il est impossible que ce personnage s’en sorte bien, du coup on attend sa chute et on trouve qu’elle tarde à venir. Et comme son cerveau est embrumé par l’alcool ou l’importance de la nourriture , j’ai eu plus d’une fois la tentation de lire en diagonal pour aller plus vite que lui. D’avance je savais qu’il allait redemander un whisky, se resservir du plat principal, coucher avec la serveuse, pomper dans des recherches d’un autre savant et se les approprier et que tout cela allait très mal se finir. Bref, j’ai étouffé parce que je me suis sentie enfermé dans ce personnage qui a fini par m’énerver.

Citations

Mauvais goût pour un anglais et ce maçon est l’amant de sa femme…

le maçon, celui-là même qui avavit rejointoyé leurs murs, aménagé leur cuisine, refait le carrelage de leur salle de bain, ce type épais qui, un jour, devant une tasse de thé, avait montré à Michael une photo de sa maison simili-Tudor rénovée et tudorisée par ses soins, avec un bateau posé sur sa remorque sous un réverbère de style victorien au milieu de l’allée bétonnée, et un emplacement où ériger une cabine téléphonique rouge à usage décoratif.

Flegme et classe britannique

Vous pouvez me parler sans me regarder, avait-il envie de dire, surveillant le flot de véhicules devant eux pour tenter de prédire à quel moment il allait devoir attraper le volant. Pourtant, même Beard avait du mal à critiquer un homme qui le transportait gratuitement – son hôte, en fait. Plutôt mourir ou mener une morne vie de tétraplégique qu’être impoli.

L’obsession de la nourriture , par exemple : les chips

Sa technique était de poser la lamelle de pomme de terre au milieu de sa langue et, après avoir profité quelques secondes de la sensation, de l’écraser contre son palais. Selon lui, la surface irrégulière de la chips causait de minuscules ulcérations de la chair, dans lesquelles se déversaient le sel et les additifs, doux mélange de plaisir et de douleur à nul autre pareil.

29 Thoughts on “Solaire – Ian Mc EWAN

  1. Ha mais j’avais beaucoup aimé (et rigolé!)

  2. Les personnages énervants ça a du bon parfois…

    • Je trouve que c’est vraiment un sale type. Je me demande bien pourquoi cet écrivain règle ses comptes avec des chercheurs scientifiques de haut niveau.

  3. Bon, bah, tu n’as pas apprécié comme moi, qui ai adoré. Il faut dire que j’aime tout ce qu’écrit Ian McEwan… Oui, moi aussi j’ai été un peu gênée par le prénom.

    • Le prénom ce n’est pas trop grave mais le côté pauvre type absolu, lâche, mesquin m’a vraiment déplu et cela correspond si peu aux scientifiques que j’ai eu l’occasion de croiser . Bref , alors que je pensais m’amuser je rongeais mon frein pour ne pas lâcher ce roman sans le finir.

  4. J’adore McEwan, et pourtant, j’ai moi aussi eu un peu de mal avec cet auteur au début : j’ai commencé sa découverte par Amsterdam puis L’enfant volé, et si j’ai tout de suite apprécié son écriture, j’ai un peu peiné avec ses digressions, et cette sorte de « rigueur émotionnelle » qui est un peu sa marque de fabrique, et que j’ai vraiment appréciée, dans des titres comme Samedi ou L’intérêt de l’enfant.
    Je n’ai pas encore lu celui-là mais c’est prévu..

    • Ici la rigueur émotionnelle va jusqu’à faire endosser un crime accidentel par l’ex amant de sa femme ! Pour moi c’est le « détail » de trop.

  5. je n’avais pas beaucoup aimé ce roman non plus! Je me suis vraiment ennuyée (pour rester polie) !
    http://doucettement.over-blog.com/article-solaire-de-ian-mcewan-124416301.html

  6. Pour cet auteur est en demi teinte j’ai beaucoup aimé 3 de ses romans m’ont passionné et le reste pas du tout !!

  7. Ce n’est pas celui que j’ai préféré de cet auteur, comme toi, le personnage m’a tellement agacé, que j’avais envie de le planter là, avec sa mauvaise foi et ses aigreurs, mais finalement, j’en garde un plutôt bon souvenir ( la scène du stick sur le scooter dans le pôle nord, juste géniale …). C’est un auteur dont je lis tous les titres, même si, comme Ingannmic, j’ai eu du mal avec ce style au départ, (j’ai recommencé quatre fois « Expiation » …).  » Samedi » est excellent. Et Usbeck et Rica, oui, faudrait en parler, c’est une revue de qualité !

  8. C’est un auteur que je souhaite lire car on me l’a beaucoup recommandé mais je ne pense pas commencer par solaire. Je ne suis pas sûre que ça me plairait

  9. J’aime bien Mc Ewan mais là, je suis plutôt tenté de faire l’impasse.
    (et ma grande fille lit en ce moment un roman dont le personnage féminin s’appelle Stéphane !)

    • Le monde universitaire est l’objet de tant de moqueries que je finis par me demander s’il mérite autant de déshonneur. En tout cas dans l’université que j’ai connu, j’imagine mal quelqu’un d’aussi médiocre que ce personnage. Pour les prénoms c’est pour moi une véritable difficulté tant que je ne peux pas les faire chanter dans ma têt. Me faire une idée de jolies femmes s’appelant Patrice ou Stéphane, j’ai beaucoup de mal! Et ce qui est bête c’est que cela m’empêche d’imaginer le personnage.

  10. J’aime beaucoup McEwan mais ce titre-là ne m’a pas bien emballée non plus. Je me souviens de quelques longueurs, trop, parmi des scènes vraiment drôles. Je crois que je préfère le McEwan plus sombre.

  11. Bonjour Luocine, comme Keisha, j’avais beaucoup aimé ce roman qui j’ai mis du temps à commencer. Il était resté quelque temps sur ma PAL. Bonne journée.

  12. J’ai peiné sur ce roman aussi et comme c’était mon premier de l’auteur, j’ai failli ne plus lire un roman de lui.

  13. Comme toi j’ai du mal à apprécier un livre quand les personnages m’énervent !

  14. Eh ben cela dit, tu m’as donné envie de le lire ! Prévenue, si je le trouve trop agaçant ce personnage, je n’aurai pas ton mérite et j’arrêterai. Cela dit, j’aime bien la manière dont tu le décris ; il me fait un peu penser à ce personnage que j’avais beaucoup aimé de Véronique Bizot, dans Mon Couronnement, qu’est ce que j’aime ces personnages âgés un peu égarés et qui font preuve d’humour malgré tout ! Bref. Cet auteur si je ne me trompe pas était venu à Etonnants Voyageurs, je l’avais raté, mais là, je note cette référence-là :). on verra !

    • il ne ressemble pas du tout au personnage de » mon couronnement  » que moi j’avais aussi adoré, j’attends de voir ce que tu en diras sur ton blog.

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