SONY DSCTraduit de l’anglais par Marie-Hélène SABARD.

4Lu grâce aux conseils d’Electra tombée du ciel, j’aurais pu recopier son article car elle en parle très bien. Je l’ai lu rapidement en deux soirées et une matinée de farniente. Je me demande bien pourquoi ce roman est dans la catégorie « Ados », sinon parce que c’est un adolescent qui s’exprime, mais même les gens âgés peuvent être sensibles à la voix d’un jeune. Pour le cinéma, il n’y a pas ces différences, et les adultes vont souvent voir des films dont les héros sont des enfants ou des jeunes. Je rajoute que l’ado que je connais le mieux et qui est un très bon lecteur, préfère les romans de science-fiction à ce genre de livres trop réalistes pour lui. J’ai aimé la voix de Luke encore enfant mais si responsable qui essaie de survivre au deuil de sa mère. Tout pourrait être horrible pour lui, s’il n’avait pas le dessin pour le consoler de beaucoup de choses. De tout ? Non, pas de la bêtise et de la cruauté des enfants de son âge.

Luke et Jon doivent affronter les violences de la vie. Jon n’a que son amitié pour Luke, Luke lui a un père mais qui, au début du roman, est tellement ravagé par la mort de sa femme qu’il est incapable d’aider son fils. Ensemble, ces trois blessés de la vie arriveront, sans doute, à repousser les limites de la douleur et à se faire une vie avec des moments heureux. Aucun personnage n’est d’une pièce et même Luke s’en veut de certaines de ses conduites , mais c’est très agréable de lire un roman où des êtres faibles s’unissent pour trouver des forces. Tout est en mi teinte, et même les employés des services sociaux ne sont pas caricaturés. La maladie mentale de la maman (elle est bipolaire), l’alcoolisme désespéré du père : deux énormes fardeaux qui ne terrassent pas complètement Luke, il reprend confiance quand il voit son père se remettre à la sculpture, sans doute la création artistique réunit le père et le fils. Le style est agréable, simple bien sûr, car c’est un ado qui se confie, la construction du roman est habile car l’auteur distille peu à peu les dures réalité auxquelles Luke est confronté.

Citations

La peinture

Ça aidait de peindre. Si je regardais en arrière je vois que, même du vivant de maman, je peignais plus quand ça allait mal. quand les nuages s’amoncelaient sur elle et qu’elle commençait à partir en vrille, je peignais. Pendant l’orage – les longues et sombres journées de silence où elle s’enfermait dans sa chambre-, je peignais. Je dessinais et je peignais aussi quand elle allait mieux, quand tout était stable et calme, mais j’étais moins concentré. Ça ne drainait pas toute mon énergie, ça n’absorbait pas toutes mes pensées comme d’autres fois. Et, pour tout dire, eh bien, le tableau n’était pas si bon. il manquait de tension, j’imagine.

La violence des ados

C’étaient des frappes chirurgicales. Elles se produisaient dans les coins sombres, les couloirs tranquilles. Toujours quand il n’y avait personne aux alentours. Et toujours elles se concluaient par un crachat dans la figure. Jon disait qu’ils n’employaient jamais le couteau, mais à deux ou trois reprises on le lui avait montré. Juste pour qu’il sache : voilà ce qui t’arrive ; et voilà ce qui pourrait t’arriver.

La complicité des adultes

Des gosses criaient : « Bâtard ! » quand ils le croisaient dans le couloir. Et je voyais des profs sourire, ils étaient au courant de la blague, une petite rigolade, pas de bobo ; mais si ça arrivait quand ils étaient là, à leur avis ils se passait quoi quand ils n’étaient pas là ?

14 Thoughts on “Luke et Jon – Robert WILLIAMS

  1. J’aime la SF et les romans réalistes, il n’y a pas incompatibilité, c’est l’avantage de la diversité littéraire :-)

    • Je ne parlais dans mon billet que des goûts des ado et en particulier des garçons, ceux que je connais n’aiment pas trop les romans réalistes ceux qui veulent leur décrire la triste réalité de notre époque. L’école leur soumet ce genre de romans mais leurs goûts vont vers la fantaisie, l’humour ou la science fiction. Mais ce roman-ci est très bien pour les adultes .

  2. j’ai un ado qui ressemble au tien mais je note malgré tout

  3. Déjà noté, alors ça doit être grâce à (à cause de ?) electra! ^_^

  4. Je le note car j’aime souvent ces romans classés ados mais peuvent tout aussi bien être des romans adultes.

  5. Electrea m’avait mis l’eau à la bouche, tu enfonces le clou !

    • J’ai beaucoup aimé et j’en garde un souvenir très précis, il faut dire que je fonds toujours quand je vois des « bras cassés, des cabossés de lavie » s’unir pour aller moins mal ensemble.

  6. Moi aussi, l’ado que j’ai sous la main se laisse peu tenter par les livres trop « réalistes », les guerres et les catastrophes, il les lit en héroïc fantasy, et à vrai dire, je le comprends quelque peu. En commençant ma lecture de ton article, je me disais » pas pour moi », quand le narrateur est un ado, ou un enfant, je trouve que le style de l’écriture est souvent trop simpliste (même si c’est logique, cela me gêne…) Mais en lisant les extraits, je change d’avis !

    • Moi j’ai beaucoup aimé et ce livre a laissé des traces dans ma mémoire , cette mère bipolaire est vraiment attachante et courageuse et proche de la vérité.

  7. Vegevi on 27 janvier 2016 at 20:02 said:

    J’ai découvert ce livre grâce à votre blog, il m’a beaucoup touchée.
    Je vais le présenter au prochain comité de lecture de notre petite bibliothèque et je vais demander qu’on l’achète.
    .Merci beaucoup.

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