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Emmanuel Carrère est un auteur étrange qui se plaît à décrire le malheur absolu des autres. J’avais été très dérangée par son livre sur Roman, ce faux médecin qui a assassiné toute sa famille pour cacher qu’il n’avait jamais réussi ses examens de troisième année de médecine. D’autant plus dérangée, que cet écrivain est d’un sérieux et d’une objectivité redoutables, dans ce roman là aussi, mais c’est beaucoup plus agréable car il met son talent au service d’ émotions qui me touchent. « D’autres vie que la mienne » commence par le récit du Tsunami de 2003. Malgré moi, je me suis dit : encore ! Je n’étais pas convaincue par son récit.

L’autre vie qui n’est pas la sienne mais qui le touche de près, est celle de Juliette la sœur de sa compagne, jeune femme qui meurt d’un cancer. L’évocation de cette femme à travers les regards de ceux qui ont accompagné sa vie est d’une rare sensibilité et délicatesse. Comme elle est juge, l’auteur se transforme en journaliste d’investigation pour expliquer le surendettement et son travail pour enlever des griffes des nouveaux usuriers (les compagnies de crédit à la consommation) le justiciable trop naïf. Il est aidé par le témoignage du collègue de Juliette : Etienne qui est amputé d’une jambe à la suite d’un cancer des os. C’est un personnage intéressant et émouvant qui dira de Juliette « c’est un grand juge ».

Citations

Il n’empêche qu’il est prisonnier de ce que les psychiatres appellent un double bind, une double contrainte qui le fait perdre sur les deux tableaux. Pile tu gagnes, face je perds. Être rejeté parce qu’on a une jambe c’est dur, être désiré pour la même raison c’est pire.

 

Ça fait toujours plaisir une visite si ce n’est pas à l’arrivée, c’est au départ. (Paroles de Béatrix Becq)

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