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Je n’avais pas lu ce livre dont on a parlé lors du club de lecture de février. Le jugement d’une participante qui n’aime pas les « histoires de secrets de famille » a empêché ce roman de recevoir un coup de cœur du club. La discussion m’a intéressée et j’ai eu envie de me rendre compte par moi même de ce que ce livre pouvait apporter. Tout commence par la mort de l’arrière grand-mère et l’organisation de ses obsèques. Un secret enfoui depuis presque un siècle refait surface.

Tout de suite, j’ai accroché à ce roman car je suis tellement sûre que nos comportements sont dictés par le poids des non-dits familiaux, et je suis hantée par cette question : comment ne pas transmettre à ses enfants le poids de ses erreurs ? À sa façon, en racontant un échec amoureux dans quatre générations différentes, ce roman aide à comprendre ces difficultés fondamentales de la vie. Bien sûr ce n’est pas un chef d’œuvre littéraire, mais ce livre peut faire du bien à touts ceux et toutes celles qui se posent ce genre de questions : Comment stopper les répétitions familiales plus ou moins mortifères ? Dans la famille de Lia, tout commence par l’arrière grand-mère qui s’est forgée une légende plutôt que de se confronter à la réalité de sa souffrance. Par cette conduite, elle a influencé négativement les choix amoureux de sa fille et de sa petite fille. Lia mettra tout en œuvre pour casser la répétition des échecs des femmes Palin. Mais ce qui est étonnant et tellement bien vu, c’est de se rendre compte que chaque génération fait des erreurs en essayant d’éviter celles de la génération précédente.

Le roman se lit très vite et sans être passionnée par l’intrigue, j’ai vraiment aimé le questionnement de ces femmes parce que leurs questions résonnent très fort en moi. Comment transmettre des forces, il y a les messages conscients et tout ce que malgré soi on lègue aux générations futures. Si ce roman est sur les rayons de vos médiathèques, n’hésitez pas à l’emprunter même s’il n’a pas de coup de cœur, je suis sûre que vous y lirez une partie ou une autre de vos interrogations. Il se lit vite mais ne s’oublie pas si vite.

Citation

Une bien jolie phrase

– Ton arrière-grand-mère aura été toute sa vie une femme de courage et de conviction, me dit-elle.
-C’est bizarre de parler d’elle au futur alors qu’elle est morte.
-C’est du futur antérieur, pas du futur. Mais tu as raison, ma chérie. C’est un temps merveilleux. Celui qui permet de parler au futur de ceux qui sont passés. C’est le temps des nécrologies.

La difficulté d’être trop aimée

C’est comme si elle m’avait fondue en elle, chair indistincte de sa chair, âme indissoluble de son âme. J’ai dû la suivre, m’adapter, comprendre, accepter. Pouvait-il en être autrement ? Je n’avais qu’elle. Il fallait que je l’aime à tout prix pour me faire aimer d’elle. Coûte que coûte. Est-ce cette confusion des êtres qui l’a transformée plus tard en combattante de ma liberté, de mes expériences d’adolescentes. Cette peur panique qui l’envahissait à chaque fois que je tentais de me dégager, cette couverture d’amour dans laquelle elle cherchait à m’emmailloter dès que je voulais éprouver par moi même et qui me donnait le sentiment d’étouffer. Je vais mieux depuis que je me suis éloignée.

SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard thème « no-sport ».

À lire si, et uniquement si…

  • Daesh a disparu de la planète.
  • les musulmans acceptent d’interpréter le Coran et font disparaître toute allusion à la violence et à la soumission de la femme.
  • toutes les femmes peuvent s’habiller et vivre comme elles veulent.
  •  la laïcité convient à tout le monde.
  • les dangers de pollution sont derrière nous.
  • vos amours sont au beau fixe.
  •  vos enfants sont heureux et épanouis.
  • votre santé est excellente
  • votre métier vous apporte toutes les satisfactions possibles
  • le printemps est là avec du soleil et des fleurs dans tous les jardins.
  •  vos fins de mois sont confortables.
  • vous avez un moral du tonnerre.

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Alors, vous vous dites, et pourquoi pas un petit coup de cafard, une bonne tristesse bien de chez nous, dans des quartiers sans âme, avec un pauvre gars qui à part peloter sa sœur et cogner comme un malade sur tous ceux qui se mettent un tant soit peu au travers de sa route ; vous avez trouvé votre homme, Olivier Adam sait écrire cela à la perfection, prévoyez vos mouchoirs et allez-y. J’oubliais notre boxeur, il a un métier ? Ben oui , il est … fossoyeur.

Citation

Genre de situation qui se termine par un pugilat

– T’aurais pu t’habiller
Je suis pas à poil que je sache
– Fais pas le con, Antoine, t’aurais pu enfiler un costume.
– J’en ai qu’un et c’est pour les enterrements.
– T’as vraiment une gueule de déterré.
– Et toi t’as vraiment une gueule de con.

J’ai dit ça je n’aurais pas dû, c’était sorti tout seul, je n’aurais pas dû mais je le pensais au fond. Mon frère avait vraiment une tête de con et on n’y pouvait rien.

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Traduit de l’américain par Pierre Furlan. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. Thème : le Far-West.

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Une nuit inoubliable passée en partie avec ce livre qui a eu un coup de cœur à notre club. Quatre lectrices ont défendu avec une telle passion ce roman que j’ai succombé à mon tour. Quel chef d’œuvre ! Cela fait longtemps que je n’ai pas éprouvé un plaisir aussi parfait. Je dis souvent que le suspens me dérange pour apprécier une histoire, je rajouterai maintenant, sauf quand l’auteur est beaucoup plus intelligent que moi. Car il s’agit bien de cela un combat d’intelligences, entre celle des personnages, celle des lecteurs mais par dessus tout celle de l’écrivain. Et le plus fort de tout, c’est qu’au fond de lui Thomas Savage ne croit qu’à la gentillesse et à l’humanité, il se méfie de l’intelligence surtout quand elle est destructrice.

Ce livre d’hommes sur fond de western, est un hymne à la douceur des gentils dans un monde si brutal que l’on n’imagine pas que la moindre fleur puisse y déployer ses pétales. Pourtant Rose et Georges que son frère Phil, appelle Gras-Double surmonteront ensemble les noirceurs de la violence. Ce livre ne se raconte pas, il faut faire confiance et se laisser porter vers un Far West qui n’a rien de romantique mais qui est si humain qu’on est beaucoup plus proche, sans doute, de ce qui s’est vraiment passé que dans n’importe quel film de John Wayne.

On a aussi, et avec quelle maîtrise, les décors natu­rels, les odeurs , les scènes d’animaux, les chevau­chées, les saloons, les personnes fortes, les humi­liés, mais rien de tout cela ne raconte complè­te­ment cette histoire, c’est un décor dans lequel se joue un drame si prenant qu’on ne peut le lire que d’une traite. Mais c’est surtout un livre qui permet de comprendre que sans l’intelligence du cœur, l’homme n’est qu’un misérable « tas de petits secrets » en contredisant Malraux et son admiration pour les grands hommes si courageux soient-ils, comme l’est Phil qui a gâché sa vie et celle des siens pour un secret que seul la lecture du roman pourra vous dévoiler.

Citations

Conseil d’un père à son fils

– Je te dirai, Peter, de ne jamais te soucier de ce que racontent les gens. Les gens ne peuvent pas savoir ce qu’il y a dans le cœur des autres.
– Je ne me soucierai jamais de ce que racontent les gens.
– Peter, s’il te plait, ne le dis pas tout à fait comme ça. La plupart des gens qui ne s’en soucient pas, oui, la plupart d’entre eux deviennent durs, insensibles. Il faut que tu sois bienveillant. Je crois que l’homme que tu es capable de devenir pourrait faire beaucoup de mal aux autres, parce que tu es si fort. Est-ce que tu comprends ce qu’est la bienveillance, Peter ?
– Je n’en suis pas sûr, père.
– Eh bien, être bienveillant, c’est essayer d’ôter les obstacles sur le chemin de ceux qui t’aiment ou qui ont besoin de toi.
– Ça je le comprends.

L’ivrogne du saloon

Un soûlot, dès qu’il vous met le grappin dessus, il vous bassine avec des âneries. Il fait semblant d’être ce qu’il n’est pas, il joue un personnage trop grand pour lui. Et vous aurez beau l’insulter ou lui balancer n’importe quoi pour le remettre à sa place, il continuera à jacasser.

Définition d’un aristocrate

Phil avait un esprit pénétrant, curieux – un esprit qu’il enrichissait et qui déroutait maquignons et voyageurs de commmerce. Car, pour ces gens, un homme qui s’habillait comme Phil, qui parlait comme Phil, qui avait les cheveux et les mains de Phil, devait être simplet et illettré. Or, ses habitudes et son aspect obligeaient ces étrangers à modifier leur conception de ce qu’est un aristocrate, à savoir quelqu’un qui peut se permettre d’être lui-même.

L’amour maternel

Je l’aime mais je ne sais pas comment l’aimer. Je voudrais que mon amour l’aide pour quelque chose mais on dirait qu’il n’a besoin de rien.

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Traduit de l’anglais (Australie) par Valérie Malfoy. Livre reçu grâce à Babelio et les éditions Albin Michel dans le cadre de Masse Critique.Livres contre critiques

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Babelio précise que l’on reste libre de ses critiques même si ce livre est un cadeau, je n’ai, hélas, rien trouvé d’intéressant dans ce roman. L’histoire d’abord, ce jeune garçon, Tom, rencontre une bande de marginaux qu’il fréquente plutôt que de s’inscrire à l’université. Il semble uniquement préoccupé par l’effort qu’il doit faire pour se faire accepter par la bande d’artistes ratés. Aucun personnage n’a le moindre intérêt, entre drogue, alcool et larcins divers, ils vont voler dans un musée un tableau de Picasso « la femme qui pleure ». Pour ma photo, je n’avais que le portrait de Gertrude Stein chez moi. Il y a, d’ailleurs, une Gertrude dans l’histoire qui ne vit que pour la drogue. Pour s’enrichir la petite bande a prévu de revendre des copies du tableau. C’est là sans doute que devrait naître le suspens ?

Le style de l’auteur est si plat ! On passe d’un dialogue à l’autre sans jamais se sentir concerné par l’histoire ; qu’il s’agisse de meurtre, ou de revente d’un tableau célèbre, ou ce qui semble agacé le plus Tom, la présence d’une petite fille parfaitement mal élevée, tout est dit de la même façon. Les personnages sont vides et on ne comprend vraiment pas pourquoi Tom leur trouve le moindre intérêt. Son histoire d’amour est totalement convenue et la fin sans surprise. Bref que dire : méfiez-vous surtout des quatrième de couverture où l’on peut lire :

Dans ce roman d’apprentissage au suspense psychologique captivant, l’auteur de « la Mauvaise Pente » et des « Affligés » réussit un saisissant portrait d’une jeunesse excentrique au seuil de l’âge adulte, face aux illusions et aux déceptions qui l’accompagnent. 

20160203_171252Du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Dans la famille Fournier vous avez le père, alcoolique et médecin, le petit fils aîné handicapé mental, le second handicapé aussi, la petite fille vivante et religieuse, la belle fille aimée du fils mais décédée beaucoup trop tôt, vous allez découvrir la mère celle qui a engendré Jean-Louis un écrivain qui fait du bien car il sait raconter des choses tristes sans faire pleurer. Il fait revivre sa mère, par petites touches et donne corps à la photo de la couverture que le temps a blanchi. Sa mère avait tout pour être heureuse, une curiosité du monde, un intérêt pour les êtres humains, mais voilà, son mari était alcoolique , il a failli faire couler toute la famille. Alors la jeune fille bien élevée, qui aimait Chopin, le théâtre et la littérature a dû ramer sec pour que ses enfants surnagent et finalement traversent l’océan de la vie sans sombrer quelque soit la force des vents contraires et la hauteur de la houle. Elle a réussi et son fils écrivain sait lui rendre hommage.

C’est une femme du Nord de « bonne famille » donc digne et un peu froide, qui cache bien ses sentiments, elle a pris l’habitude de sauver les apparences, mais derrière ce courage se cachait un cœur sensible que son fils nous fait mieux connaitre à travers un livre placé tout entier sous le signe de la métaphore marine.

PS : il a reçu un coup de coeur sans aucune hésitation à notre club de lecture.

Citations

Je recopie un passage, j’aurais pu en prendre un autre ils ont tous cette saveur

Ma mère est montée dans la voiture, elle s’est assise, elle attend. Elle attend quelqu’un ?

ça dure. Elle n’a pas l’air impatient. Elle regarde les arbres, la rue, elle rêve.
Puis, soudain elle s’étonne de ne pas avancer.

Par distraction, elle s’était installée à la place du passager. Comme si elle attendait un chauffeur.

Notre mère n’a jamais eu de chauffeur. Elle a toujours été aux commandes. C’est elle toute seule qui a dû conduire sa vie, et la vie des autres. Elle n’a jamias pu compter sur son mari, il était irresponsable. C’est elle qui a tenu le volant pendant toute la route.

Elle a conduit prudemment. Elle devait faire attention, derrière il y avait quatre enfants et, dans le coffre un mari qui ronflait.

Elle nous a mené à bon port.

L’humour particulier face au malheur

Avec un capitaine Haddock comme notre père, le bateau Fournier aurait eu toutes les chances de sombrer. Heureusement, notre mère avait toujours été là, elle avait tenu la barre fermement.

20160131_130735_021Traduit de l’américain par Béatrice Vierne. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard dans le thème découverte de l’Ouest américain.

J’adore la dédicace de ce livre :

Le livre que voici est dédié à Marguerite Cole Moomaw qui combattit à mes côtés dans la guerre des Gaules. Épaule contre épaule, nous avons lutté contre Jules César et les légions romaines à l’école de Whitefish, tout au long de l’année scolaire 1919-1920.

4Dans une préface très agréable à lire, car elle rend très présente Dorothy Johnson, Michel Le Bris m’a appris que cette écrivaine était, non seulement une journaliste respectée, une professeure admirée mais aussi l’auteure des nouvelles dont ont été tirés de très bons Western : « la colline des potences  » et « L’homme qui tua Liberty Valance ».

À travers de courts chapitres, l’auteure égrène ses souvenirs et peu à peu tous les aspects de la vie de ce village s’animent. Les temps sont rudes, et les distractions assez rares, mais cela n’empêche pas un vrai bonheur de transparaître à travers différentes anecdotes. Les enfants sont livrés à eux mêmes et trouvent dans la nature de quoi satisfaire leurs envies d’aventures.

Pour gagner quelques subsides, ils mèneront une chasse acharnée aux boites de conserves qui serviront à reboucher les trous dans les routes défoncées du village. Ils suivent avec passion le policier qui est aussi l’homme qui manie la dynamite pour enlever les souches. Ils apprennent à nager tout seuls dans des lacs superbes mais glacés. Ils courent le long des voies ferrées. Ils chassent et mangent le produit de leur chasse. Ils se méfient des étrangers surtout quand ils parlent mal l’anglais (comme ces Français qui ne savent pas prononcer le nom de leur capitale qu’ils appellent « Paree »). Cette auteure sait mettre de l’humour dans ses récits, son dialogue avec les poules est inoubliable, ainsi que ses différentes expéditions de camping. C’est un livre revigorant d’une époque révolue qu’elle sait ne pas trop regretter mais qui lui a forgé un satané caractère. Celui dont elle a eu besoin pour se battre dans la vie.

Citations

L’argent de poche

Il n’y avait aucune source fiable de revenus pour le jeunesse, voilà tout. Les commissions (les gens n’avaient pas besoin de téléphone – ils avaient des gosses) se faisaient gratis pour la famille et moyennement finances, à l’extrême rigueur pour les voisins, – à raison de cinq cents s’ils étaient économes et dix s’ils étaient prodigues.

Les distractions

À l’époque où je grandissais , les distractions de plein air avaient deux avantages : on les avait sous la main et elles ne coûtaient pas cher. On manquait de tas de choses à Whitefish, mais du grand air, on en avait autant qu’on voulait, et à deux pas de chez soi.

Les airelles

La raison d’être de ce petit voyage, selon les souvenirs d’Ella, était la cueillette des airelles. ce qui paraît logique. Il y en avait à foison, elles ne coutaient rien et elles faisaient de délicieux desserts. D’ailleurs, il fallait avoir une bonne raison de se lancer dans une pareille expédition ; à cette époque, les gens n’aimaient guère reconnaître qu’ils faisaient quelque chose uniquement pour s’amuser.

La période P.P

On pourrait appeler cette période P;P. – pré- plastique. Il n’ y avait pas de ces petits sacs ou pots transparents si commode pour empaqueter vos affaires. Pas de sachets en plastique pour ranger vos maillots de bain mouillés , vos torchons mouillés, vos tout ce que vous voulez mouillés. Pas de détergents. Ce n’était pas seulement avant le plastique ; c’était avant le Nylon, les postes à transistors, les briquets, les bombes aérosols, le papier collant, les stylos à bille et les livres de poche. Quand vous vouliez remballer vos affaires après un repas, les ustensiles étaient trop gras, trop noirs de fumée et trop chauds.

Jouir du confort

Il va sans dire qu’en tant que campeuse, je n’avais pas le feu sacré, autrement je ne repenserais pas à toutes mes expériences dans ce domaine avec un si profond soulagement à l’idée qu’elles sont définitivement révolues. D’un autre côté, si je n’avais pas de tels souvenirs, je ne pourrais pas à l’heure actuelle, jouir aussi voluptueusement des hôtels de luxe. Comment apprécier véritablement l’élégance des cocktails ou des escargots au beurre d’ail si l’on n’a jamais été au bord de la nausée en essayant de faire descendre un déjeuner de lard et de crêpes froides.

L’adolescence

D’ailleurs dans les années 1920, les adolescents n’avaient pas encore été inventés. Il y avait seulement, des grands enfants, des petits enfants et des bébés.

La belle mère

Ce n’était pas que ma mère eût une passion pour sa belle mère, une vieille dame dépourvue de tact, qui l’avait un jour remerciée de lui avoir envoyé une photographie de moi en écrivant :  » Elle vous ressemble, mais elle est néanmoins très mignonne ».

SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Au programme du club, j’ai lu rapidement ce roman, avec plaisir pendant la première moitié, et puis, peu à peu, plus laborieusement. Mais je n’ai peut-être pas pris tout le temps qu’il fallait pour l’apprécier parce que je voulais le rapporter à la médiathèque afin de savoir si d’autres lectrices auront plus de plaisir que moi. Agnes Desarthe créé un personnage, Rose, qui semble subir sa vie plus qu’elle ne la vit vraiment. Elle est l’enfant de Kristina, très belle femme au caractère étrange et d’un père officier de l’armée française qui a la fâcheuse habitude de prendre toujours les mauvaises décisions. Philosophe à ses heures, et passionné par Spinoza, il hésite avant chaque action, et étant sûr de se tromper à chaque fois, il va dans le sens inverse de ce qu’il pensait juste. Compliqué et peu efficace. Rose se retrouve donc à Paris en 1920 sans argent mais avec beaucoup de courage. Elle est d’une naïveté peu crédible mais cela permet à l’auteur de nous décrire les bas-fonds parisiens avec un plaisir certain. Rose risque de perdre sa vie mais rencontrera des personnages variés dont un admirateur d’Apollinaire (d’où le titre du roman) qui la sauveront.

Pour en apprendre un peu plus sur cette auteure, je me suis promenée sur le Net, et j’ai eu la surprise de voir qu’elle était la fille du pédiatre Aldo Nahouri qui a été critiqué par les médias pour avoir tenu des propos très proches de ceux que le médecin qui essaye de soigner Kristina donnent à son mari. Famille surprenante où la création artistique prend une grande place ainsi que le souvenir très douloureux de la déportation des juifs. Tout cela est présent dans l’écriture d’Agnès Desarthe, avec, dans ce roman, la difficulté d’arriver à une existence propre , d’avoir un destin. Rose est dominée par son époque et j’ai eu plus d’une fois envie de la confronter à la réalité de la vie. Je ne peux imaginer qu’une jeune fille de 19 ans vienne vivre à Paris avec pour seul bagage sa connaissance d’Alexandre Dumas.

PS : à notre club, une seule lectrice a défendu ce roman, elle a été touchée par la misère du Paris de l’époque, les autres ont été plus sévères que moi, elles ont surtout souligné les ficelles de la construction romanesque, sorte de pastiche de tous les romans de l’époque.

Citations

Description de la personnalité de Kristina

Le reste du temps, elle gardait une distance qu’elle aurait voulu ironique (car elle ne manquait pas de goût), mais qui était vide (car elle manquait de cœur).

Conseil du médecin

Il faut la forcer si elle refuse mon ami. Pudeur, caprice, enfantillage. Ne restez pas planté devant la porte, commandant. Enfoncez les lignes ennemies. Il faut lui remuer les entrailles à cette chère si chère Kristina.

SONY DSCTraduit de l’anglais (États-Unis) par François Dupuigrenet Desroussilles (c’est très bizarre cette indication « États-Unis » car la romancière est bien typiquement britannique et son roman aussi !)

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L’enthousiasme de mes amies blogueuses a fini par gagner, j’ai commencé ma fréquentation de Barbara Pym et je me dis que ce n’est pas le dernier roman que je lis de cette auteure parce que cet essai m’a bien plu. Alors merci Keisha, Dominique, Aifelle et j’en oublie car un moment , j’ai cru voir le nom de cette auteure partout. J’ai beaucoup aimé les trois quart du récit mais la fin est décevante. Ce qui est absolument « délicieux » ce sont les descriptions des rapports des personnages de cette toute petite ville. Tout le monde se connaît, et autour d’une tasse de thé, ces dames et ces messieurs passent leur temps à faire des commentaires sur la vie des voisins. Dans cette douce ambiance, mettez un bellâtre hongrois qui ne sait rien des us et coutumes britanniques mais qui s’y connaît en femme, et voilà notre petite communauté qui s’agite se déchire et .. se réconcilie à la fin. Le personnage principal, est une femme entièrement dévouée à l’épanouissement de son écrivain de mari en panne d’inspiration. Les observations de Barbara Pym sentent le vécu.

Ce roman me fait penser à un épisode de »Dawnton Abbey au village », mais où il ne se passerait rien et sans les propos acides de Violette : ça manque un peu de méchanceté. En ce moment, c’est la littérature que je recherche , mais j’aimerais quand même un peu plus de mordant.

Citations

Sourire dès la première page

Elle se pencha pour effleurer de ses lèvres la joue de Cassandra qui lui rendit son baiser un peu gauchement, car l’embonpoint de Mrs Gower rendait sa joue presque inaccessible.

Un charme indéfinissable si britannique, j’adore ce genre de passage

Dans sa jeunesse il n’avait jamais réussi à s’engager dans une carrière, car il avait résolu très tôt de faire un beau mariage, convaincu que sa bonne mine et son allure martiale suffiraient à lui gagner le cœur de toutes les femmes. Malheureusement ses efforts n’avaient pas été couronnés de succès. On peut penser que ses avances avaient manqué de la chaleur, de la dévotion empressée, que toute jeune femme s’attend à rencontrer à cette époque de sa vie. Mr Gay, étant de tempérament naturellement froid, n’avait jamais été amoureux.

Les couples en sortie

En des lieux tels que Up Callow les épouses devaient toujours prendre au sérieux leurs maris. Au moins en public.

SONY DSCTraduit de l’Italien par Françoise Brun. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard thème roman épistolaire.

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La seule motivation qui m’a aidée à terminer ce roman, c’est l’envie que j’avais d’écrire sur Luocine pour me défouler un peu de l’ennui que j’ai ressenti à cette lecture et d’exprimer tous mes agacements. L’idée de départ avait tout pour me plaire, une femme hérite d’une papeterie et en fait une librairie-salon de thé et vend essentiellement des romans d’amour. Elle rencontre son amour de jeunesse Frederico et commence une relation épistolaire avec lui. Non, je n’ai rien divulgâché, ce sont les premières pages du roman. Une longue, très longue série de lettres (400 pages qui m’ont semblé 800) pour faire éclore « l’AAAAAAAmour qui ne connaît pas de lois » entre ces deux êtres alors que lui est marié et vit à New-York et elle à Milan. Lui, c’est un rasoir fini qui ne sait parler que d’architecture et la pauvre Emma, prénom trop célèbre en France pour les amours ratés, va devoir lire avec force détails la rénovation de l’immeuble Morgan à New-York. Malheureusement pour nous, elle recopie soigneusement ses lettres et nous en inflige la lecture. Un conseil si vous lisez quand même ce roman, vous pouvez sauter toutes les lettres signées Frederico, elles n’ont aucun intérêt. On a juste envie de lire un traité d’architecture sur le sujet.

Pourquoi les cartes de Belle-Isle sur ma photo ? Parce que c’est là que nous deux amants vivront leur amour clandestin. Et même l’évocation de ce lieu que j’aime est raté. Les légendes sont ridicules, tout semble de pacotille même les paysages de la côte sauvage. En lisant ce roman et en remarquant sur la quatrième de couverture,  » Ce roman s’est placé dès sa parution en Italie en tête des meilleures ventes » , je me suis souvenue que Cino Del Duca était italien et avait inventé le concept de la presse du cœur. Ma seule consolation d’avoir lu ce roman jusqu’au bout, (en diagonale à la fin il faut que je l’avoue), c’est que » la » Emma, elle va bien s’ennuyer avec son amant si rasoir et si pleutre qu’il n’avait même pas été capable de lever l’interdit maternel quand il avait vingt ans, je peux le lui dire, il est seulement plus vieux mais il est tout aussi timoré.

Citations

Les livres en grande surface

J’ai visité plus de centres commerciaux en une semaine que dans toute ma vie, et plus je voyais de livres entassés les uns sur les autres entre des montagnes de couches-culottes et de tomates en conserve, plus j’étais convaincue que les gens avaient besoin d’un endroit où pouvoir se rencontrer et feuilleter des livres sans ses sentir obligés d’acheter.

Une rupture efficace

Le mois dernier, Laura, sa psychothérapie analytique terminée, est rentrée à la maison, a préparé le dîner et informé Camillo que leur mariage « finissait là ». Une minimaliste.

C’est ce que je vais faire avec son roman même si je ne suis pas libraire, mais je ne le relirai sûrement pas

Un des privilèges de la librairie, c’est qu’elle m’a libérée d’un complexe de culpabilité : celui de ne pas me souvenir de tous les livres que j’ai lus ? J’ai oublié le début, la fin, l’histoire entière de tas de livres, ce qui me permet d’en relire certains comme si c’était la première fois.

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Traduit de l’anglais par Christine Barbaste. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Je ne m’attendais pas à prendre autant de plaisir dans une lecture aussi peu dans mes centres d’intérêts habituels. Je ne me souvenais plus que Sandrine en avait déjà dit le plus grand bien. Ce livre raconte l’histoire d’un groupe de créateurs d’une comédie à succès « Barbara (et Jim) » . Le succès de cette comédie vient du charme et de la drôlerie de l’actrice principale Sophie Straw (à propos, je n’ai pas réussi à en trouver trace sur le net, au point je me suis demandée si c’était une créature fictionnelle). Dans ce livre, on dit que ça l’énerve qu’on la compare à Sabrina dont voici la photo (qui elle, est dans le livre) :

20160118_181929J’adore ! et je dédie cette publicité à tous ceux et toutes celles qui trouvaient, dans Mad Men, la poitrine de Joan irréaliste.

Ce qui est vraiment plaisant dans ce roman, c’est la description de la société anglaise des années 60, celle qui finira par faire sauter tous les verrous de la bienséance installés par la Reine Victoria. Cela commence par l’homosexualité, qui lorsqu’elle est refoulée fait souffrir tant de gens, les homosexuels bien sûr, mais leur entourage en particulier la femme qu’ils se croient obligés d’épouser pour donner des gages de bienséance, sans pour autant éprouver d’attirance pour elle, et bien sûr leurs enfants. On voit aussi la lutte entre la BBC sérieuse mais terriblement ennuyeuse et le divertissement à travers des comédies drôles et légères. Bien-sûr la télévision est allée encore plus loin aujourd’hui, et depuis la « télé réalité » qui montre tout sauf la réalité, elle s’est perdue à force de divertissement.

Aujourd’hui, tout cela est remplacé par le net et les jeunes ne regardent plus beaucoup la télévision. Est-ce mieux ? Est-ce pire ? Comme le faisait remarquer Sandrine lors de mon commentaire à propos de ce livre, on est parfois effaré du temps perdu à « surfer » sur cette merveilleuse source de connaissance mais aussi le vide que représente le temps que nous passons devant notre ordinateur ! J’ai noté que très tôt le politique a compris l’importance des médias, puisque le premier ministre de l’époque (Harold Wilson) aurait demandé qu’un des épisode de la série soit tournée au 10 Downing Street. Donc notre premier Ministre qui se déplace pour participer à une émission télévisée de distraction populaire n’est pas un novateur.

L’intérêt de ce livre, c’est de nous faire revivre une époque, mais c’est un peu plus compliqué à lire pour les Français car nous ne connaissons pas les personnages dont il est question, en tout cas pas moi.

Citations

la sexualité

-Tu n’es pas vierge n’est ce pas.
-Bien sûr que non. 
En vérité Barbara n’en savait trop rien. Résolue à s’affranchir de quelque entrave avant de venir à Londres , elle avait tentée deux ou trois bricoles avec Adam, juste avant le concours de beauté. Mais comme il ne s’était pas montré très dégourdi, elle ne savait plus trop quel était son statut officiel.

L’accent anglais

On l’entendait à la radio, et elle parlait avec ce timbre et cet accent estampillé BBC que personne, nulle part en Angleterre, au nord comme au sud, n’avait dans la vraie vie.

 Les opinions dans la classe moyen en 1960

Mon père me tuerait si je votais travailliste, dit Sophie. Il prétend qu’il a travaillé trop dur pour tout donner aux tire-au-flanc et aux syndicats.

Finalité d’une comédie télévisée

N’est ce pas là tout l’objet des comédies télévisées ? De fédérer les gens ? Et c’est ce que j’adore dans ce travail. Tu rigoles de la même chose que ton patron, ta mère, ton voisin, le critique de télévision du « Times », et la reine, pour ce que j’en sais. C’est génial.