3
On se laisse prendre à ce roman historique,c’est un bon roman, sans plus. Je l’ai lu cependant jusqu’au bout, sans trop d’ennui. Cette période de l’inquisition en Espagne du 15e et 16e siècle est vraiment une horreur à vous dégoûter de la religion catholique.

Citation

Elle ferma les paupières, comme si elle voulait tendre un voile entre elle et l’horreur. quand elle rouvrit les yeux, deux condamnés étaient déjà la proie des flammes. Le premier agonisait sans un cri. Le second hurlait, suppliait et se débattait, tant et si bien que ses liens, déjà consumés, se détachèrent. Il jeta du haut du quemadero, torche vivante. Les bourreaux se précipitèrent sur lui. On réussit à lui entraver les pieds, on le replongea dans le feu. Il y demeura l’espace d’un credo et se précipita à nouveau hors du bûcher. Cette fois, un des soldats l’assomma du canon de son arme avant de le rejeter définitivement dans le brasier.
Une odeur âcre avait submergé l’air du couchant. Une odeur de suint, de sueur, fondue dans la pestilence des chairs brûlée.

Je suis assez d’accord avec cet avis trouvé sur le net

28 avril 1487 à Tolède. En pleine inquisition espagnole, la Dona Vivero assiste à un autodafé. Parmi les condamnés, le calme apparent d’un homme retient toute son attention. Cet homme, c’est Aben Baruel. Possesseur du Livre de Saphir, écrit de la main de Dieu, il l’a caché avant de mourir. Par l’intermédiaire de courriers post-mortem, il charge trois hommes de le retrouver : Samuel Ezra, le rabbin ; Cheikh Ibn Sarrag, le musulman et Raphaël Vargas, descendant des templiers et moine franciscain. Ces trois hommes, de confessions apparemment opposées, vont devoir taire leurs discordances pour résoudre les énigmes qui jalonnent leur chemin. Car Aben Baruel a distribué à chacun d’eux une partie des indices. Seule leur union leur permettra de venir à bout de cette quête. Au cours de leur investigation, il vont croiser le chemin de la Dona Vivero. Elle assure détenir la clé finale de leur parcours.

C’est un roman qui se lit très facilement. On se laisse rapidement entraîner par l’intrigue et les descriptions de l’Espagne du 15ème siècle sont saisissantes. Pourtant, je n’ai pas pu m’empêcher de noter quelques invraisemblances et anachronismes flagrants. Pour n’en citer qu’un parmi d’autres, Gilbert Sinoué écrit à la page 286 : « C’est tout de même meilleur que vos oeufs frits au lard, vos sempiternels duelos y quebrantos, vos sardines et vos pommes de terre ».
Sachant que nous sommes en 1487, que Christophe Colomb (qui intervient d’ailleurs dans ce récit) n’a pas encore découvert les Amériques, et que les pommes de terre ne seront introduites en Espagne qu’au 16ème siècle (1534 pour être précise), j’ai trouvé ce passage pour le moins risible… Et ce n’est pas la seule erreur indéniable de ce roman dit « historique ». Mettons donc de côté l’aspect « historique », pour conservé la part « mystique ».

J’avoue que j’ai trouvé la conclusion assez drôle. Moi, l’athée convaincue, j’ai toujours été persuadée que Dieu était une idée dangereuse. L’interprétation que j’ai faite de la fin de cette épopée n’a fait que me conforter dans ce sens. Mais je ne peux pas plus vous expliquer ici, au risque de déflorer le ressort de l’intrigue. Un bon roman pour l’été, si on n’est pas trop difficile sur l’exactitude historique.

Traduit de l’anglais ( de l’Inde) par Christiane Besse

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Très beau livre et il m’a obligée à lire lentement, cela signifie que le livre me passionne autant pour son histoire que son écriture. On y lit la difficulté de « sur »vivre au Bengladesh. Beaucoup de thèmes sont abordés avec une grande délicatesse, la protection de la nature, les rapports dans le couple et la violence des conflits dans cette région où les populations sont parfois à la limite de la survie. La description du raz de marée est absolument saisissante. Le mélange des mythes et des faits naturels est très intéressant. Pour une fois, dans un récit à propos de l’Inde les castes et les religions sont au second plan, et on y retrouve donc les valeurs d’humanité commune à toutes les civilisations.

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Le club de lecture auquel je participe, propose régulièrement des BD je les lis toujours mais en général je n’aime pas, celle-ci représente l’exception. Elle m’a beaucoup plu. J’apprécie à la fois l’histoire et le graphisme. Comme toujours pour les BD, j’ai dû passer du temps pour bien comprendre mais cette fois, j’ai enfin ressenti une osmose entre le dessin et l’histoire et j’ai pensé que la BD servait mieux ce récit que le romanesque. J’ai même proposé cette BD au coup de cœur du mois de février. Je trouve que certains visages sont très proches de nous, la ville du Mans est bien rendue et la multitude des personnages enrichit la trame de l’histoire sans la noyer sous les habituelles scènes érotiques ou d’horreur.

Seul petit bémol, la façon dont le dealer se tire d’affaire, mais on peut aussi penser justement que dans la vie il n’y a pas de Léonard pour sauver les gens qui se mettent dans de telles situations.

Traduit du hongrois par Georges Kassai et Zeno Bianu.

3
J’ai relu ce livre après avoir découvert une excellente critique sur un blog. Je m’y suis accrochée, cramponnée, pendant quinze jours de mes vacances d’été. J’ai réussi à le finir mais je me suis vraiment ennuyée. Justement, l’ennui ? : C’est un livre sur l’ennui de vivre ,donc réussi ?

Trois points de vue se croisent pour expliquer un échec amoureux et raconter la fin d’une société en Hongrie. Le premier celui de la première femme d’un grand notable hongrois, qui aime son mari, hélas, elle comprend qu’il en aime une autre. Comme elle appartient à une couche sociale un peu moins élevée que lui, elle n’est complètement à l’aise dans son monde. La deuxième voix : le mari qui s’ennuie désespérément et qui se sentira finalement trahi par la bonne qu’il a fini par épouser malgré l’énorme différence sociale. La bonne qui n’aime pas grand monde, mais qui est très belle son point de vue nous permet de comprendre vraiment le niveau social du personnage principal. En toile de fond la fin de la haute bourgeoisie et l’arrivée des Russes en Hongrie.

Tous ces personnages se racontent à un personnage qu’on ne connaît pas et cela donne une lourdeur au roman qui m’a rendu la lecture parfois insupportable.

Citations

 La mère du personnage principal

Voilà c’est comme ça…il y en a un qui aime plus que l’autre. Pourtant, c’est celui qui aime qui a la tâche la plus facile. Tu aimes ton mari, alors, même si tu souffres tu as la meilleure part. Moi, il m’a fallu supporter un amour que je ne partageais pas. Voilà qui est bien plus difficile.

Le grand bourgeois

Oui seul le petit-bourgeois est cérémonieux. Car il a besoin de l’être pour se prouver quelque chose jusqu’à la fin de sa vie.

En fait, la plupart des êtres humains sont incapables de donner et de recevoir, leur lâcheté et leur vanité s’y opposent, ils ont peur de l’échec, peur de se livrer à autrui, de révéler leur secret, leur triste faiblesse, leur besoin vital de tendresse.

La fin du roman

Nous sommes sortis ensemble comme de vrais amis, comme deux hommes qui avaient couché avec la même femme sous une même couverture. Vois-tu c’est ça, la vraie démocratie.

Traduit de L’anglais (États Unis) par François Hirsch.

3
La question que je me pose : pourquoi un auteur a-t-il besoin d’imaginer une fin de vie sur terre aussi atroce ? Un père et un fils errent sur une terre désolée après une apocalypse. La nature est devenue hostile, les hommes sont pour la plupart des hordes de cannibales. Le dialogue du père et du fils est poignant. Quelques paragraphes sur la beauté de notre monde sonnent comme autant de mises en garde de ce que nous risquons de perdre si nous détruisons notre seul bien commun à tous : la planète terre.

Ce livre m’a rendue triste et m’a mise très mal à l’aise, je ne peux pas dire que je l’ai apprécié mais je n’ai pas pu le lâcher avant la fin.

Citations

Dilaogue père fils

– J’ai dit qu’on n’était pas en train de mourir. Je n’ai pas dit qu’on ne mourrait pas de faim.
– Mais on ne mangerait personne ?
– Non. Personne.
– Quoi qu’il arrive.
– Jamais. Quoi qu’il arrive.
– Parce qu’on est des gentils.
– Oui.
– Et qu’on porte le feu.
– Et qu’on porte le feu. Oui.
– D’accord

 Fin du livre

Autrefois il y avait des truites de torrent dans les montagnes. On pouvait les voir immobiles dressées dans le courant couleur d’ambre où les bordures blanches de leurs nageoires ondulaient doucement au fil de l’eau. Elles avaient un parfum de mousse quand on les prenait dans la main. Lisses et musclées et élastiques. Sur leur dos il y avait des dessins en pointillé qui étaient des cartes du monde en son devenir. Des cartes et des labyrinthes. D’une chose qu’on ne pourrait pas refaire. Ni réparer. Dans les vals profonds qu’elles habitaient toutes les choses étaient plus anciennes que l’homme et leur murmure était de mystère.

4
J’avais trouvé cette référence sur un site internet qui recommandait « une année à la campagne ». Les deux livres n’ont rien à voir mais j’ai pensé que si le premier me plaisait pourquoi pas celui-ci. J’ai aimé l’histoire d’amour mais le plus intéressant c’est l’incompréhension de deux personnes : la femme intello citadine et le fermier qui bosse comme un fou. Aucun des deux ne sait, ni ne peut, faire des concessions, ils s’aiment mais ne peuvent vivre ensemble. La fin me surprend : ils feront un enfant ensemble sans avoir résolu leurs problèmes de différences. L’ensemble du roman est drôle et tonique. Comme mes lectures de l’été 2009 étaient plutôt tristounes, j’ai bien apprécié.

Citations

Jamais un point de croix ne franchira ma porte, et il est probable qu’un Käthe Kollwitz ne franchira la sienne. (paroles de Désirée)

 

Je devrais peut-être lui faire cadeau de quelques broderies de maman (paroles de Benny)

 

Elle ne sait même pas préparer des boulettes de viande, ai-je dit.Elle sait seulement lire des livres et parler des théories d’un certain Lacong (paroles de Benny).

4
Travail d’historien remarquable à propos de l’hôpital, c’est à dire le lieu où l’on enfermait les enfants abandonnés et les indigents sous Louis XIV et Louis XV. Les parisiens se sont révoltés parce qu’ils pensaient qu’on enlevait leurs enfants pour leur faire subir toute sorte de sévices , le travail minutieux de Marion Sigaut prouve que leurs craintes étaient fondées, et elle nous fait découvrir le traitement réservé aux enfants et aux femmes dans cet hôpital. La lecture des mauvais traitements imposés aux enfants est vraiment insoutenable, j’ai dû souvent arrêter la lecture.

Citations

Si on était « gâtée », c’est à dire syphilitique, le traitement à Bicêtre était obligatoire, et il était le seul moyen de n’en pas mourir rapidement… Le traitement durait six semaines et consistait en saignées, purges, bains prolongés (à quatre dans des baignoires trop petites), frictions à la pommade mercurielle pour faire perdre des litres de salive. Ce traitement de choc provoquait la perte des dents et soudait ls gencives qu’il fallait séparer au bistouri. La diète était sévère, les malades crevaient de faim…

Voici la conclusion

Pour lutter contre ces crimes, il aurait fallu des moyens que personne n’avait. Personne sauf le roi. Louis XIV y avait renoncé pour n’avoir pas à faire porter à ses enfants l’opprobre qui serait retombé sur leur mère. Quant à Louis XV, bâillonné, ligoté par son vice, il était le plus mal placé pour tenter quoi que ce soit contre les trafiquants d’enfants. Après sa mort, la chape de plomb s’abattit sur l’affaire et son successeur dut affronter d’autres problèmes. Et le silence retomba sur les sombres trafics de l’Hôpital général.

4
Dominique Fernandez nous entraîne dans une quête : la compréhension d’un père qui a été un mauvais mari, un mauvais père, s’est fourvoyé dans le parti de Doriot, et dans la collaboration, mais a toujours été un critique littéraire de qualité. C’est un livre remarquable et passionnant. On sent toute la douleur de l’écrivain Dominique Fernandez (que personnellement j’apprécie beaucoup). Il a été l’enfant d’un couple qui s’est fait la guerre, et a dû supporter l’infamie d’un père. Il est très honnête dans sa recherche ne charge ni n’excuse son père, cela donne toute la valeur au livre.

Les débats des intellectuels d’avant-guerre sont passionnants, et je n’ai jamais lu une analyse aussi fine du PPF de Jacques Doriot. Le rôle de sa mère, dans l’échec du couple m’a, à la fois, intéressée et troublée. Intéressée : car D. Fernandez est d’une rigueur et d’une intelligence humaine rare. Troublée : car je suis gênée qu’un fils en sache et en dévoile tant sur l’intimité du couple de ses parents. Je préfèrerais alors une œuvre romanesque à un témoignage.

Citations

Tout le problème est là : un enfant a le droit de regarder « sans honte » le visage de son père mort si celui-ci s’est fourvoyé seulement en pensée. Mon père s’est-il borné à écrire dans une presse collaborationniste, ce qui serait blâmable, mais non coupable d’infamie ? Ou peut-on mettre à sa charge des actes indignes de pardon ?

 

L’homme moderne croit offrir ses idées à la société : il n’a que les idées que la société lui offre

 

Mais attendez un peu, je n’arrive pas à le dire, c’est trop dur, trop pénible pour un fils de révéler une action franchement abjecte de son père.