Traduit de l’hébreu par Valérie Zenatti.
Pourquoi aucun coquillage ? Cela me semble tellement puéril à côté du contenu du livre ! Aharon Appelfeld est né dans une région du monde qui a changé de nationalité très souvent. Originaire de Bucovine, il a surtout le malheur d’être juif, toute sa famille disparaîtra pendant la deuxième guerre mondiale. Il doit sa survie, à son courage, il a fui le camp de concentration. Pendant deux ans, il a erré dans les forêts de l’Ukraine en essayant, jour après jour, de ne pas mourir, il n’avait que dix ans !
C’est la première partie du livre. Le livre commence par le bonheur d’une enfance heureuse dans un monde qui a complètement disparu aujourd’hui. Comme toujours, dans ces témoignages, certains passages sont très difficiles à lire. Le chapitre sept, par exemple. Il se souvient d’une femme qui fait tout ce qu’elle peut pour obliger un enfant à fuir la douceur relative de ses bras pour qu’il se cache et essaye de se sauver, l’enfant tel un petit animal s’accroche à elle avec l’énergie du désespoir, ensemble ils monteront dans le train de la mort.
La deuxième partie du livre raconte ses difficultés à s’adapter en Israël et à trouver sa langue d’écriture. C’est une très belle réflexion sur la culture et la langue. Je m’attendais à trouver des remarques sur le conflit palestinien mais ce n’est pas son propos. Pour moi, c’est un livre à lire absolument, un de plus diront certains sur ce sujet. Mais en le lisant on comprend qu’il ne pouvait pas faire autrement que de nous le raconter. Ses souvenirs sont si lourds qu’il doit pouvoir les partager avec ses lecteurs
Citations
Chaque fois qu’il pleut, qu’il fait froid ou que souffle un vent violent, je suis de nouveau dans le ghetto, dans le camp, ou dans les forêts qui m’ont abrité longtemps.
Ma mère fut assassinée au début de la guerre. Je n’ai pas vus sa mort, mais j’ai entendu son seul et unique cri. Sa mort est profondément ancrée en moi -, et plus que sa mort, sa résurrection. Chaque fois que je suis heureux ou attristé son visage m’apparaît, et elle, appuyée à l’embrasure de la fenêtre, semble sur le point de venir vers moi.
À cette époque, j’appris qu’un homme ne voit jamais que ce qu’on lui a déjà montré.
Chaque être qui a été sauvé pendant la guerre l’a été grâce à un homme qui, à l’heure d’un grand danger, lui a tendu la main.
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