Ce livre est dans mes envies de lectures depuis un an. Comme toutes les blogueuses amies, je suis parfois prise aux pièges de toutes mes sollicitations et il me faut du temps pour parvenir à réaliser mes projets. Ce roman historique en demande justement du temps et de la concentration, il ne se lit pas en quelques soirée. Il s’agit d’ailleurs de cela, du temps qui passe et de la lente arrivée de la mort qui rend, enfin, tous les hommes égaux. L’empereur Charles Quint est l’homme le plus puissant du monde quand en 1255, il abdique et renonce à tous ses titres pour se retirer dans le monastère de Yuste ou il mourra en 1258. (la photo rend mal l’ambiance austère, humide, malsaine qui est décrite dans le roman d’Amélie de Bourbon Parme.)

Pour une fois, je peux raconter la fin sans crainte de froisser mes anti-divulgâcheuses préférées. Charles Quint meurt et son empire s’écroule. Il est réduit à sa condition humaine et attend la mort sans peur mais dévoré par une passion, celle des horloges qui sont à l’époque un concentré de progrès technologiques.

Elles ne servent pas seulement à dire l’heure (contrairement à celle où j’ai posé ce roman pour ma photo !) mais à décrire le monde avec, évidemment, la terre création divine au centre d’un univers fermé. Pourtant un certain Copernic avait depuis plus de 50 ans écorné cette belle théorie qui convenait si bien aux esprits rétrogrades tenant de l’obscurantisme catholique soutenus par l’horrible inquisition. Dans un rythme très lent qui accompagne chaque dégradation d’un homme qui va mourir, cette auteure nous permet de partager les pensées de Charles Quint. Et puisqu’il fallait bien un suspens, c’est la passion pour les horloges astronomiques qui va pour ce roman, introduire une possibilité de fissure dans la recherche du calme olympien avant la mort : Charles Quint percera-t-il le secret de cette dernière horloge astronomique ? et que veut dire cette phrase « Sol numquam decidentis » inscrite dans le fond du boitier de l’horloge noire qui l’inquiète tant ? Est ce que le soleil ne se couche jamais sur l’empire de Charles Quint ? ou ne se couche-t-il jamais ?

Je ne suis pas surprise que Dominique soit tombée sous le charme de ce roman que j’ai bien aimé également sans pour autant adhérer totalement, j’ai parfois été gênée par la lenteur du récit. Je salue bien volontiers les talents d’écrivain d’Amélie de Bourbon Parme qui sait faire revivre celui qui pour tant de monde est seulement un portrait (du Titien excusez du peu !) et qui, pour elle, est un ancêtre.

 

Citations

Philippe successeur de Charles Quint

Ce garçon avait une allure étrange, comme s’il manquait quelque chose ou quelqu’un dans cette silhouette de demi-souverain à qui l’empereur avait pourtant transmis la moitié de ses possessions.

Même lorsqu’elles étaient courtes, les visites de son fils étaient longues en silence.

Rapports du Pape et de Charles Quint

L’empereur sentit son visage se crisper à la vue du sceau pontifical. Boursouflé de cire et d’arrogance, l’emblème papal faisait luire toutes les prétentions de l’Église en même temps. Le nouveau pape y avait glissé ses initiales en secret : Gian Pietro Carafa. En se détachant, le cachet de cire fit le même petit bruit sec qu’une coquille vide que l’on casse dans sa main. Un bruit qui convenait tout à fait à l’émetteur de ce pli.

Un portait d’ Hildago « au mutisme farouche »

Le colonel Quijada ne répondit pas. Personne ne savait se taire comme lui. Son silence n’était pas de ceux que l’on ignore, il creusait des gouffres . Il avait le mutisme farouche et profond des hidalgo, le silence des hommes dévoués qui savent ce qu’on leur doit.

19 Thoughts on “Le Secret de l’Empereur – Amélie de BOURBON PARME

  1. Bonjour. Voilà un roman qui me plairait sûrement. Je savais que Charles Quint avait fini dans un monastère mais ignorais cette passion pour la mécanique du temps. Merci.

    • Pour ne pas trop en dire j’ai parlé surtout du temps (qui est bien le sujet principal du roman) , mais c’est aussi la place de la terre, création divine, dans le système solaire dont il est question, aussi.

  2. Je me souviens du billet de Dominique, mais je ne suis guère attirée par les romans historiques (ni par les horloges !)

    • C’est une belle lecture et pour lire régulièrement ton blog , je crois que ce roman te plairait car c’est une réflexion sur la vanité du pouvoir et de l’être humain plus généralement.

  3. Superbe spoiler!
    On en apprend dans ce genre de romans (mais pour l’instant, pas tentée, j’ai un mois anglais sur le feu!

    • comment ça ! je n’ai rien divulgâcher du tout, tu ne savais pas que Charles Quint avait abdiqué avant de mourir? , remarque moi non plus, mais c’est dans tous les bons livres d’histoire.

  4. Voilà un livre qui pourrait me plaire… Car les romans historiques sont la plupart du temps très intéressants.

  5. Je me disais que je lisais peu de romans historiques… mais j’ai tellement de priorités que celui-là attendra…

  6. Je lis peu de romans historiques… Faut voir.

    • je l’ai déjà dit , cette auteure écrit très bien. Mais ce n’est pas un roman qui se lit très vite il y a une forme de lenteur voulue par le style qui ralentit la lecture.

  7. Aimé aussi, malgré mes appréhensions de départ. Il a remporté le prix du roman historique des Rendez-Vous de l’Histoire l’an dernier.

    • C’est un beau roman elle a su décrire un moment si particulier de la fin du règne de cete empereur . Lorsque la mort se rapproche si grand que l’on soit, on est simplement un homme .

  8. Je ne suis pas fan de romans historiques mais si en plus il y a des lenteurs, je risque de ne pas aller au bout.

    • Moi non plus, je ne suis pas fan des romans historiques, mais ce que j’avais lu sur celui-là m’avait fait le mettre dans une liste et je n’ai pas du tout regretté ma lecture.

  9. Je l’avais noté moi aussi chez Dominique, mais quoi ! cela fait un an déjà ??? Non …. En tout cas pratique pour écrire une note, de pouvoir dire la fin ! Même si je ne savais pas que Charles Quint avait abdiqué avant de mourir, je savais qu’il était mort …

    • Tu devines la torture pour moi de ne pas raconter les fins de romans. Je m’habitue grâce aux antidivulgacheuses de la blogosphère. Ce roman parfaitement écrit te plaira certainement.

  10. je me sens aussi prise au piège parfois entre les tentations diverses… Je ne connaissais pas ce titre. Et non, la photo ne rend pas du tout l’ambiance humide et malsaine ;)

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