J’ai eu envie de le recopier entièrement, puis je me suis dit que vous auriez plus vite fait de l’acheter que de lire mes citations en bas de mon billet. Je l’offrirai certainement, ma seule crainte serait que la personne l’ai déjà. Comme vous avez vu mes cinq coquillages, vous avez compris : « Mon couronnement » est un petit chef d’œuvre. Un livre rare, sur un sujet traité avec une extrême délicatesse : la très grande vieillesse. L’auteure nous permet de comprendre les pensées d’un vieil homme. Si vieux, qu’il a perdu le sens d’une certaine logique, ce qui ne l’empêche pas d’être sûr de ses sentiments.Il a une grande affection pour sa gouvernante Madame Ambrunaz, mais déteste sa sœur Alice qui veut faire du ménage à « l’alsacienne » chez lui. Il n’a qu’un vague souvenir de la découverte qu’il a pu faire dans sa jeunesse et qui lui vaut la récompense et toutes ses soudaines visites. On remonte le fil de sa vie au gré de sa mémoire fluctuante, c’est souvent triste, le portrait de sa première femme est poignant. L’auteure n’évite le tragique que grâce au filtre des années qui rend le malheur plus distant. C’est la même distance qui donne tout son charme aux descriptions des paysages contemporains. Nous les voyons tous les jours sans nous rendre compte de leur laideur. Evidemment, nous ne connaîtrons pas la découverte de Gilbert Kaplan , malgré moi (car tout le roman veut montrer l’inanité de presque toutes les conduites humaines) j’aurais bien aimé savoir ce qu’il avait découvert.
Citations
Cependant la perspective d’une réception en mon honneur me rend nerveux, je me prends à envisager de mourir avant la date prévue pour que cette réception, quoiqu’il ne soit pas si facile de mourir, comme j’ai aussi fini par le comprendre.
Il semblerait que je m’intéresse plus aux détails aujourd’hui, il semblerait que les idées générales m’aient délaissé.
Où que j’ai vécu, ranger un peu, a toujours été un projet, chaque fois ajourné.
La plupart du temps, au terme d’hypothèses cent fois hasardées et d’observations cent fois répétées, tout ce que nous parvenions à comprendre c’est comment ça ne marchait pas.
… de petits vieux tenant une boîte de gâteaux, de celles qu’on apporte avec soi pour se faire pardonner sa vieillesse….
Est-ce le moment de lui dire que j’ai oublié jusqu’à la formule de la gravitation, et que des découvertes, il s’en fait tous les jours, malgré quoi nous demeurons dans une ignorance fondamentale.
Je me souviens d’avoir d’un bond franchi des barrières et désormais je ralentis aux coins des tapis.
En arrivant, ma soeur va me prendre par les épaules et me congratuler et trois minutes après elle aura un de ces chiffons alsaciens à la main, une offense pour Mme Ambrunaz.
Les gens les plus propres et l’argent le plus sale, tel est le paradoxe de la Suisse.
On en parle
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