Traduit de l’américain par Jean Bloch Michel.
Merci au blog « critiques futiles » que j’ai découvert à propos de « La maison au citronnier ». J’y ai trouvé cette recommandation de lecture et j’ai été complètement prise par ce récit. Chaïm Potok possède un talent de romancier extraordinaire : « L’élu » commence par une partie de base-ball, je ne connais pas de sport qui m’ennuie plus que le base-ball, de plus je trouve que, souvent, les romanciers peinent dans les descriptions sportives. Je serais bien étonnée qu’un lecteur puisse s’arrêter avant la fin de la partie, en tout cas moi, j’ai lu les cinquante premières pages d’une traite.
C’est avec le même talent que Chaïm Potok nous fait renter dans le monde étrange des Hassidiques, et autres communautés juives new yorkaises. Tous les problèmes posés aux juifs lors de la découverte de la Shoa sont finement analysés. (Ça tombait bien pour moi de lire ce livre après « La maison au Citronnier »).
Le thème principal du roman, c’est l’affirmation de la personnalité d’un adolescent surdoué. Il était prédestiné à suivre les traces de son père et devenir rabbin, pourra t-il grâce à ses études et la liberté que lui donne la pratique de son sens critique échapper à ce destin qui l’étouffe ? C’est un combat douloureux pour Daniel qui sent peser sur ses épaules tout le poids d’une tradition millénaire faite d’études, de souffrances et d’amour.L’amitié des deux jeunes garçons et la confrontation de deux types d’éducation permettra à chacun d’entre eux, finalement de se réaliser.
Ce livre est aussi un chant d’amour filial, même quand un père ne s’exprime que par le silence, les fils se savent aimer et admirer par leur père ce qui leur donne une force peu commune pour affronter le monde. Les femmes sont complètement absentes de ce roman, c’est vraiment dommage et peu conforme à ce qu’on sait de l’importance de la mère dans la communauté juive.
Je ne sais pas si ce roman reflète encore la réalité des écoles juives, mais j’ai vraiment été étonnée de découvrir avec quelle joie, voir quelle ivresse, les adolescents se plongeaient dans l’étude de textes plus compliqués les uns que les autres, je ne retrouve pas les adolescents d’aujourd’hui que je connais. Autre époque et autres mœurs !
Citations
Quand quelqu’un peut apprendre quelque chose aux autres, il doit le faire en public. Si l’enseignement n’est pas public il est inutile.
C’est une pitié de voir qu’il ne s’occupe que du Talmud. S’il n’était pas un tzaddik, il pourrait être très utile à l’humanité.
Un homme doit donner un sens à sa vie. C’est un dur travail de donner un sens à sa vie. Une vie qui a eu un sens mérite le repos. Je veux mériter le repos qui me sera donné quand je ne serai plus ici.
Un homme naît dans ce monde avec seulement une petite étincelle de bien en lui. Cette étincelle, c’est Dieu, c’est l’âme ; le reste est laideur et mal, une carapace. L’étincelle doit être préservée comme un trésor, il faut la nourrir, il faut en faire une flamme. Il faut qu’elle apprenne à rechercher d’autres étincelles, elle doit devenir maîtresse de la carapace.