20161202_102350Lu grâce au club de lecture de la média­thèque de Dinard. et il a obtenu un coup de cœur.

Marcher droit tourner en rond

5Je suis si contente de commencer l’années par un cinq coquillages ! Et, Keisha va être contente son petit chouchou est récompensé d’un coup de cœur à l’unanimité de celles qui l’avaient lu dans mon club (je peux lui dire que c’est rare !). Comme je me régale également avec son précis de médecine imaginaire, j’ai mis les deux livres d’Emmanuel Venet dans le même billet.
Commençons par « Marcher droit tourner en rond » vous comprendrez la photo car il s’agit en effet de dévoiler la vérité qui se cache derrière toutes les photos de famille.

Marguerite a cent ans et son petit fils est à son enterrement. Tout le monde fait un portait élogieux de cette centenaire. Oh là ! non non non, il lui manque une semaine pour être centenaire et j’en connais un que ça agace ce manque de précision : son petit fils qui vit avec un syndrome Asperger. Cela lui donne trois compétences poussées à l’extrême : le scrabble, le petit bac et la connaissance des catastrophe aériennes. En plus, évidemment une incapacité totale à se satisfaire des mensonges qui dissimulent toutes les conduites de façades en société. L’enterrement est donc pour lui l’occasion de raconter toutes les méchancetés des uns et des autres, c’est drôle, on a vraiment l’impression de voir l’envers du décor. C’est l’occasion aussi de revivre son amour pour Sophie peu récompensé malgré une belle constance de sa part.

Je pense que l’auteur, psychiatre, a mis beaucoup de sa propre connaissance de l’âme humaine pour écrire ce texte. Je vous cite la citation de Sigmund Freud qu’il a mise en exergue au début du roman car j’ai souri :

La grande question à laquelle je n’ai jamais trouvé de réponse, malgré trente ans passés à étudier l’âme féminine, est :  » Que veut une femme ? »

Citations

Logique ?

Elle aimait à répéter que la vieillesse est la pire des calamités, mais chaque hiver, elle se faisait vacciner contre la grippe, et, à la moindre bronchite elle extorquait au docteur Comte des antibiotiques. Pour ma part, si j’en arrivais à trouver ma vie trop longue, je cesserais de me soigner et me laisserais mourir une bonne fois pour toutes.

Compétence inutile

J’entretiens également une compétence hors du commun pour le jeu du petit bac, mais j’ai rarement l’occasion de m’en servir.

La vie de couple

Au bout de deux ans de vie commune, elle avait donc établi une fois pour toutes la répartition des rôles dans leur couple : il revenait à Imre de payer des cadeaux et à elle-même de les recevoir, et il était convenu que ce contrat moral donnait pleine satisfaction aux deux parties.

Une logique un peu rude

J’ai perçu trop tard que j’avais péché par excès de confiance en lui suggérant il y a trois ans, de demander l’euthanasie de son fils : lors du procès, j’ai senti que cette idée l’avait froissée.

Incompris

Je frisonne encore au simple souvenir des expressions « harcèlement » et « violence morale », leitmotiv de ces vingt minutes de procès bâclé : est-ce vraiment harceler que d’envoyer une dizaine de message par jour à une femme à qui vous pensez jusqu’au plus profond de votre être.

Le petit précis de médecine imaginaire

 Ce sont de courts textes à déguster pour se guérir de la morosité. J’avais d’bord mis 4 coquillages, car certains textes (surtout la partie sur les ondes) me plaisaient moins que d’autres. Mais j’ai suivi le conseil de Keisha  : relire ces petits textes au hasard et non pas à la suite. Tous sont alors de petits bijoux . elle en a recopié sur son blog qui m’a poussée à acheter ce livre , à mon tour je vous en offre un et si je réussis à vous séduire tout le livre d’Emmanuel venet se retrouvera sur nos blogs !

Malaises

Une fois à la retraite, mon grand père Joseph a fait trois chutes. Il avait l’habitude quand le temps le permettait, de pérégriner des journées entières pour faire des courses ou pour surveiller, en compagnie d’autres badauds, la bonne marche des chantiers des environs ; Trois fois, donc ;, il rentra les genoux couronnés, boitillant, endolori mais anormalement soucieux. L’affaire se soldait par du mercurochrome et des bandages, mais on la prenait tellement au sérieux qu’un des enjeux, à coup sûr, m’échappait. Rétrospectivement, j’ai compris que Joseph avait peur qu’on parle de malaise, et que ce soit fini de la vie paisible.

Le malaise, concept central de toute expérience existentielle, est affreusement mal traité par la médecine savante, qui le considère au mieux comme une approximation à déconstruire. Il n’existe même pas, dans la littérature spécialisée, d’ouvrage consacré à ce sujet inépuisable. Osons le dire tout net, il manque à notre science un bon et solide »Traité du malaise », avec étymologie, historique, étude clinique et tout le bataclan. Moyennant quoi le patricien consciencieux parvenant mal à distinguer entre effet de langage et ennui de santé, craint systématiquement de passer à côté d’une maladie grave et épuise son malade en examens inutiles qui, bien souvent débouchent sur un diagnostic. De sorte que le patient poursuit sa vie beaucoup moins sereinement que s’il n’avait pas consulté.
Joseph, lucide sur le risque, s’en remettait donc aux antiseptiques et aux bandages. Vu qu’il tenait debout et gardait la vigueur de s’opposer à toute consultation intempestive, on n’a jamais bien su les circonstances de ses chutes.

Et une citation car j’ai éclaté de rire

sous la rubrique paranoïaque

Cette évocation réveille quelques figures admirables : la crapule désœuvrée qui trouve dans un mur mitoyen une mine de « casus belli » ; l’hémorroïdaire acharné à se faire rembourser son papier hygiénique par la sécurité sociale ….

20161107_111041Traduit de l’anglais par Élodie LEPLAT. Lu grâce au club de lecture de la média­thèque de Dinard.

Notre Club s’est donné une tradition pour clore ses lectures. Au mois de juin, nous élisons « notre coup de cœur des coups de cœur », pour cela, la vingtaine des participants – remarquez le masculin, cette année deux hommes nous ont rejointes !) doivent lire les dix livres en lice pour pouvoir participer au vote autour d’agapes faites maison. « Le chagrin des vivants » avait connu un tel succès que je n’avais pas pu le lire l’an dernier , et depuis il est toujours sorti de la médiathèque. Comme je comprends son succès ! je pense que ce roman va être un concurrent sérieux pour notre prix en juin 2017.

5
Le roman se déroule essentiellement à Londres, sur cinq jours, du 7 novembre 1920 au 11 novembre où toute cette grande ville et tout le pays lui-même se souviendra de ceux qui sont morts pendant la guerre 14-18 sur le sol de France. Nous suivons également la dépouille du « combattant inconnu » qui sera inhumé à Westminster. Le début du roman est un peu compliqué, car c’est un roman choral, nous suivons le destin d’Hettie une jeune fille d’origine très modeste, de 19 ans qui veut danser et vivre à tout prix alors que son frère mort vivant n’arrive pas à retrouver le goût de la vie après son retour du front. Puis à Evelyn d’origine aristocrate qui a travaillé dans une usine d’armement pendant la guerre pour oublier la mort de son fiancé, et se sent devenir une vieille fille acariâtre et enfin à Ada dont le fils est mort à Albert avant d’envoyer cette carte postale de l’église tristement célèbre à sa mère.

066_001À partir de ces quatre femmes dont les destins se croisent, l’après guerre à Londres se dessine devant nos yeux de lecteur encore surpris de tant d’horreurs. Est-ce qu’il faut attendre 100 ans pour que tout soit dit sur une guerre ? J’ai beaucoup lu sur celle-ci, mais évidemment du côté français, il me semble qu’en France on a mieux traité les anciens combattants qu’en Grande Bretagne. Les hommes mutilés sont réduits à la mendicité. J’aimerais en savoir plus sur ce sujet mais déjà, dans la célèbre série Downton Abbey, on voit que les anciens soldats ont besoin de la charité publique pour se nourrir. La force du roman vient de ce que peu à peu comme beaucoup de Londoniens nous sommes attirés par la cérémonie du 11 novembre 1920 où beaucoup de Britanniques, dont nos quatre personnages, trouveront dans cette cérémonie en l’honneur du « combattant inconnu » un peu de consolation pour des maux si multiples et si profonds que rien ne semblait pouvoir les apaiser. L’auteure a très bien rendu compte de la variété des destins brassés dans un même creuset, celui de la guerre qui a tué, mutilé, ravagé une génération d’hommes jeunes et donc par voies de conséquences de leurs proches.

Citations

Les souffrances d’une mère

L’automne vint, les journées commençaient à raccourcir, la conscription à s’imposer. Alors elle commença à prier, ce qu’elle n’avait pas fait depuis des années. Elle priait égoïstement, désespérément, pour elle, pour Michael, pour que la guerre s’arrête à sa porte. Elle ignorait à qui elle adressait ces prières, elle ignorait qui était le plus puissant : un Dieu distant, qui écoutait ou pas ; la guerre affamée elle-même, qui grondait sur leur seuil.

Ceux qui sont revenus

Pourquoi ne peut-il pas passer à autre chose ?

Pas seulement lui. Tous autant qu’ils sont. Tous les anciens soldats qui font la manche dans la rue, une planche accrochée autour du cou. Tous vous rappellent un événement que vous voudriez oublier. Ça a suffisamment duré. Elle a grandi sous cette ombre pareille à une grande chose tapie qui lessive la vie de toute couleur et toute joie.
La guerre est terminée, pourquoi ne peuvent-ils donc pas tous passer à autre chose, bon sang ?

Payer pour une inscription sur les tombes des soldats morts en France

Ils m’ont demandé quelle inscription mettre sur la tombe. C’était six pence la lettre, rien que ça. On aurait pu croire qu’ils payeraient pour ça non ?

Qui a gagné la guerre

L’Angleterre n’a pas gagné cette guerre. Et l’Allemagne ne l’aurait pas gagnée non plus

– Qu’est ce que tu veux dire ?
– C’est la guerre qui gagne. Et elle continue à gagner, encore et toujours.

20161024_141947Je signale que la photo est prise sur ma veste en goretex, solidarité oblige ! Traduit de l’anglais (Australie) par Odile DEMANGE. Lu grâce au club de lecture de la média­thè­que de Dinard.

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Je mets toujours 5 coquillages quand un livre me fait rire, c’est très rare et ça fait tellement de bien. Le thème du club ce mois-ci, était : « des livres légers qui font sourire ». Ce livre correspond exactement à cette définition, et comme beaucoup de livres qui nous font sourire et parfois (pour moi en tout cas) pouffer de rire, il est plus profond qu’il n’y paraît. La quatrième de couverture cite le questionnaire que Don Tillmann met au point pour réaliser « son Projet épouse », en bon scientifique, il a très bien balisé le terrain pour trouver la femme idéale.

Celle ci ne doit pas :

  1. fumer et boire
  2. être végétarienne et aimer la glace à l’abricot
  3. se lever après 6 heures.

Mais elle doit :

  1. faire du sport
  2. être ponctuelle
  3. accepter le système de Repas Normalisé qui prévoit du homard au dîner le mardi.

Mais voilà qu’une certaine Rosie qui fume qui est végétarienne qui n’a qu’un sens relatif des conventions et des règles vient troubler le quotidien de cet homme brillant mais totalement inapte à vivre en société. Tous les personnages sont intéressants et les situations extrêmement drôles. Graeme Simsion, n’écrit que du point de vue de Don, et donc à nous d’imaginer les réactions de ceux qu’une trop grande franchise peuvent perturber. Don est un scientifique à la mémoire prodigieuse mais incapable instinctivement de relations sociales avec les autres humains et surtout d’improvisation. Sa vie est donc entièrement prévisible et tout le temps qu’il gagne à faire très vite ce qui l’ennuie, il le garde pour parfaire ses connaissances scientifiques. Bien sûr cela ressemble à un comportement autiste et ses amis le poussent d’ailleurs à faire une conférence sur le syndrome Asperger, persuadés sans doute qu’il se reconnaîtra. Mais là n’est pas son problème, il est occupé à trouver une épouse et à aider Rosie à trouver son père biologique. Il fait une conférence aussi sérieuse que peu conventionnelle évidemment, devant un parterre de parents d’enfants autistes et cela a peut-être été pour eux un formidable moment d’espoir. En tout cas « les aspis » ont adoré !

J’ai beaucoup apprécié que les personnages secondaires ne soient pas des caricatures plusieurs histoires s’entremêlent et elles ont toutes de l’intérêt. J’ai vu souvent passer ce roman sur les blogs et je rejoins le chœur des avis positifs. Si vous avez un petit coup de blues lisez ce théorème et vous retrouverez le sourire.

Citations

Un métier passionnant

Mon travail personnel porte sur la prédisposition génétique à la cirrhose du foie. Je consacre une grande partie du temps que je passe à la fac à saouler des souris.

Une honnêteté dure à supporter pour son entourage

Une femme au fond de la salle a levé la main. Concentré sur mon argumentation, j’ai commis une erreur sociale mineure que j’ai promptement corrigée :

– Oui la grosse…. La dame en « surpoids » du fond ?
– Elle est restée silencieuse un moment et a regardé autour d’elle avant de poser sa question

L’avantage d’une veste en Goretex par rapport à une veste de laine imposée dans un restaurant chic

Ma veste en goretex « ce vêtement de haute technologie » qui m’avait protégé de la pluie et de tempêtes de neige, se voyait désormais, de façon totalement irrationnelle, injuste et contre-productive, désavantageusement comparée à l’équivalent en laine essentiellement décoratif de l’employé. J’avais payé la mienne mille quinze dollars, dont cent vingt dollars de supplément pour la couleur jaune fluo disponible sur option.

Don Tillman fait souvent des remarques très justes

Le cerveau humain est programmé pour se concentrer sur les différences au sein de son environnement. Il faut qu’il puisse rapidement repérer la présence d’un prédateur. Si j’avais des reproductions ou autres objets décoratifs, je les remarquerai pendant quelques jours et ensuite mon cerveau les ignorerait.

Réflexions sur les vierges qui attendent les fous qui tuent au nom d’Allah

Je trouve ça irrationnel, ai-je remarqué, de vouloir des vierges. Une femme ayant une certaine expérience sexuelle est certainement préférable à une novice

Un de mes éclats de rire : Don s’entraîne à la danse de salon dans son bureau à l’université

Je travaillais mes pas de danse quand Gene est entré dans mon bureau
– Il me semble que les statistiques de longévité reposent sur des mariages avec des femmes vivantes, Don.
Il faisait allusion au squelette que j’utilisais pour m’entraîner.

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J’avais tellement apprécié « les forêts de Ravel » que je me suis précipitée sur ce roman. C’est encore une fois Sandrine qui m’a fait noter son arrivée dans une rentrée littéraire trop encombrée pour moi. Michel Bernard a deux talents, il sait décrire la guerre dans toute son horreur et les sentiments patriotiques qui conduisent des hommes jeunes à risquer leur vie. Et cet auteur sait aussi raconter la création artistique. Le premier remord de Monet, c’est l’histoire de ce jeune talentueux, courageux et très beau Frédéric Bazille  qui est mort pendant la guerre de 1870, alors que Monet est réfugié à Londres loin des tumultes des armes. Frédéric Bazille c’est ce grand jeune homme allongé sur ce tableau.dejeuner-pouchkine

Le début du roman commence par la quête du père de Frédéric, il veut retrouver son fils, Michel Bernard nous décrit, alors, ce qu’a représenté cette défaite de la France. Une armée mal préparée, une république toute neuve qui n’a pas pu se défendre des soldats prussiens qui venaient de vaincre Napoléon III. La quête de ce père, fou de chagrin, à travers le pays dévasté, puis son retour sur ses terres avec le corps de son fils pour qu’il soit enterré dignement est bouleversant. On retrouve le talent de cet écrivain pour nous parler de la guerre comme il l’avait fait pour raconter celle que Maurice Ravel a faite en 14-18.

L’autre qualité du roman de Michel Bernard , c’est de nous faire partager l’élan créateur de ce peintre. Et ce sera le second remord de Monet que son amour pour Camille dont il a laissé de nombreux portraits . L’écrivain cerne au plus près les sensations du peintre et nous comprenons peu à peu les forces qui l’ont poussé à créer toute sa vie. Le roman suit l’artiste à Londres, à Argenteuil, sous le soleil, sous la neige, il épouse les différents moments de la vie de Monet et nous retrouvons des tableaux si célèbres et tant de fois admirés. Comme celui-ci dont j’ai toujours trouvé la lumière si belle :monet-la-piePuis viendra, pour Monet, le moment des séries et toujours la remise en question de son travail que ce soit à travers les peupliers, la cathédrale de Rouen. Je crois qu’après avoir lu ce roman, on comprend mieux la quête de la lumière pour les peintres en particulier les impressionnistes. Et quel superbe final que cette réalisation de son jardin de Giverny et sa séries des nymphéas. Monet a réussi sa vie, je ne sais toujours pas s’il a eu des remords mais ce qui est sûr, c’est qu’il a offert à la France une oeuvre magistrale à laquelle Michel Bernard rend un très bel hommage.

Citations

Les phrases que j’aime lire

Les cyprès, lanternes des morts au soleil de la Méditerranée, fusaient au-dessus des murs du cimetière.

L’élan patriotique

Les armées prussiennes étaient entrées en France et marchaient sur Paris. Cela avait décidé Frédéric, le doux rêveur Frédéric, à s’engager. Il avait lui aussi trouvé stupide ce conflit, stupide ce régime à bout de souffle, stupides ces généraux carriéristes ressassant les nostagies impériales. La défaite et l’invasion changeaient tout. Le pays était malheureux, la France était blessée, il fallait faire son devoir.

La création des nymphéas

Les teintes glauques, où les effets de lumières assourdis mêlaient l’air et l’eau, baignaient voluptueusement le regard blessé du peintre. Une autre dimension des choses vivantes lui apparaissaient qu’il n’aurait pas su voir quand il était jeune. Elle était supérieure, il le sentait, parce qu’elle lui apportait une certaine sérénité dans la contemplation. Il avait fallu la longue préparation d’une vie pour l’atteindre et le comprendre. Il y a vingt ans, il avait deviné que quelque chose était là, qui l’attendait, mais c’était encore trop tôt. Impatient, tumultueux et désordonné, il s’était prématurément jeté à la conquête de ce qu’il fallait encore attendre. Maintenant, devant ses yeux usés, un monde intermédiaire s’ouvrait, neuf pour lui et vieux comme la Création.

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20160813_105713Traduit du danois par Raymond ALBECK

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Quel livre ! Je le dois encore une fois à Dominique. Que sa curiosité insatiable soit mille fois remerciée ! Sans son blog ce livre ne serait pas parvenu jusqu’à moi puisque ma médiathèque ne possède pas encore (depuis j’ai convaincu les bibliothécaires de l’acheter) ce « chef d’oeuvre », comme le dit la quatrième de couverture. Et je suis entièrement d’accord, c’est un petit chef d’oeuvre. Thorkild Hansen, décrit avec une précision extraordinaire, tant sur le plan technique qu’humain, une expédition qui part du Danemark en 1761, pour faire connaître au monde un pays alors inviolé : « L’Arabie Heureuse ». Un roi danois Frédéric V, soutenu par un ministre, Bernstorff, particulièrement gagné à l’esprit des lumières, mobilise des sommes importantes pour financer une expédition audacieuse. Il s’agit de rassembler des savants les plus pointus de l’époque pour découvrir une partie de la planète où aucun occidental n’était encore allé.

D’abord, il s’agit de comprendre ce nom : pourquoi s’appelle-t-elle « Heureuse » cette Arabie ? Qui sont les peuples qui la composent ? Pour cela, il faut un savant linguiste , ce sera un Danois von Haven. Pour comprendre la géologie et les plantes, on fera appel un savant suédois Peter Forsskal, un médecin physicien danois le docteur Kramer pour soigner les membres de l’équipe , un peintre graveur Baurenfeind pour ramener les illustrations de tout ce qui sera découvert et un arpenteur d’origine allemande, Carsten Niebuhr, le moins titré des cinq hommes. Tous ces gens ont beaucoup écrit, envoyé de longs rapports sur leur voyage (sauf le docteur Kramer). Torkild Hansen, les a tous lus et pour certains de ces écrits, il en était le premier lecteur.

Son récit nous faire revivre de l’intérieur cette incroyable épopée qui a failli être un des plus grands fiascos de tous les temps. Pour une raison que l’on sait dès le début du livre van Haven et Forsskal se haïssaient, et malheureusement Bernstorff n’a pas su anticiper les conséquences de cette haine implacable. Il aurait au moins fallu désigner un chef, mais non, on leur demande à tous de s’entendre ce qu’ils sont totalement incapables de faire. La raison en est sans doute que l’éminent professeur danois von Haven, décevait beaucoup son employeur qui n’osait pas l’avouer. Sur le terrain la mollesse d’esprit et de corps de von Haven le discréditera totalement, au profit du courageux, énergique mais coléreux Forsskal.

La malaria emportera dans la mort ces deux hommes, le premier n’aura rien découvert d’important, se plaignant à longueur de rapports de l’inconfort et de l’insécurité. Le second au contraire a réussi à envoyer de multiples rapports, de nombreuses caisses de plantes, d’animaux empaillés, ou conservés dans l’alcool , de semences, de plantes séchées. Tout cela parfaitement décrit dans de mult ouvrages. Malheureusement, rien ou presque de son fabuleux travail n’a été exploité. Pourquoi ? Il était suédois et le roi du Danemark n’avait guère envie que la Suède s’attribue le succès d’une expédition qu’elle avait financée. Forsskal est un élève de Linné qui est déjà un savant reconnu mais suédois, les conséquences de ce nationalisme absurde c’est que von Haven n’a rien découvert par paresse et que les extraordinaires découvertes de Forsskal ont été complètement négligées ou presque.

Il ne reste donc rien de cette expédition qui dura 7 ans ? et bien si ! Le seul personnage peu titré était cet arpenteur d’origine allemande : Carsten Niebhur qui a toujours refusé le moindre titre honorifique, il est le seul à revenir vivant de cette extraordinaire épopée et il a fourni au monde, pour plusieurs siècles, des cartes exactes de cette région du monde. Même s’il a donné le nom correct à l’Arabie « Heureuse » : le Yemen , il n’a pas trouvé pourquoi on l’avait si longtemps appelé Heureuse. La réponse est dans le livre, à vous de l’y trouver…

C’est peu de dire que j’ai lu avec passion ce voyage absolument extraordinaire, ne m’agaçant même plus d’un procédé qui d’habitude me gêne beaucoup : l’auteur nous annonce souvent les événements importants à venir. Je préfère toujours découvrir les différentes péripéties au cours de ma lecture sans effet d’annonce. Quand j’ai réalisé que l’énorme travail de Forsskal, d’une qualité remarquable allait être réduit à néant par la stupidité et la mesquinerie humaine, j’ai alors lu ce livre comme un thriller, je n’arrivais pas à le croire ! Si je dois encore vous donner une raison supplémentaire pour vous plonger dans ce voyage, lisez-le simplement pour découvrir une des plus belles personnalité que les livres m’ont permis de connaître : celle d’un arpenteur qui avec ténacité et intelligence a permis de faire de cette expédition une superbe réussite. Une personnalité de cet acabit : modeste, honnête, humaine, altruiste, courageuse, sans préjugé … bref, à lui seul, il mérite un collier entier de coquillages !

Citations

Les temps anciens

Ce ministre nourrissait pour l’art et la science un intérêt qu’il nous est difficile d’imaginer, alors que nous avons améliorer la constitution de l’État et que le despotisme éclairé a fait place à la démocratie non éclairée.

Trait de personnalité toujours sujette à la critique

Il avait de la valeur, on le lui eût pardonné, mais il le savait lui-même, montrait avec ostentation qu’il en était convaincu, et cela était inexcusable.

La science et les mythes : l’explication de la fluorescence de la mer.

Des expériences plus récentes ont prouvé que la phosphorescence de la mer est due à des organismes vivants. Les filles de Nérée sont tout simplement des protozoaires unicellulaires, flagelles et rhizopodes.

Des questions hautement scientifiques

Presque toutes les universités européennes demandent aux voyageurs d’étudier tous les problèmes imaginables : entre autres, un circoncis éprouve-t-il plus de plaisir au cours d’un coït qu’un incirconcis.

Le langage diplomatique dans toute sa splendeur

Il ne va pas jusqu’à dire que von Haven, à bout d’arguments, avait demandé à Forsskal de lui « baiser le cul », mais que « von Haven avait eu recours à une insulte si grossière que le respect que m’inspire Votre Excellence m’interdit de la lui répéter, et toutefois comme les circonstances me font un devoir de préciser, j’indiquerai que la populace s’en sert pour accuser un homme de la lâcheté la plus abominable, en lui attribuant certaines habitudes canines » ….

La fin terrible de cette aventure pour les deux savants de l’expédition

Les deux professeurs ambitieux et querelleurs ont partagé en fin de compte le même destin. L’un fut tout au long du voyage sans énergie, dépourvu d’esprit d’initiative, manquant d’idées, intéressé seulement par des questions de confort. L’autre a travaillé du matin au soir, s’est passionné pour tout ce qui l’entourait, a découvert des problèmes captivant là où les autres ne voyaient que des vérité de la Palisse, et a su les résoudre. Il a collectionné, catalogué, décrit. Il n’a pas laissé derrière lui un simple journal : ses manuscrits remplissaient sept lourds colis et ses collections au moins vingt grandes caisses. Mais il n’en a pas plus tiré profit que le premier. On a connu la plus grande partie de ses découvertes seulement après que d’autres les eurent refaites et publiées. La mise de chacun est différente mais le résultat est le même : il ne reste rien.

Peter Forsskal

Le seul souvenir vivant de Peter Forsskal qui mourut à Yerim, en Arabie Heureuse, la plante de Forsskal, est une ortie.

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Je savais que je lirai cette BD , mes tentateurs habituels m’avaient convaincue , en particulier Jérôme. Je me réfugie vers les BD quand, parfois, les romans m’agacent ou se répètent , et que l’actualité me fait peur . La BD est souvent consolatrice et celle-ci, bien que très triste, a parfaitement joué ce rôle. Les personnages sont émouvants, le dessin très beau et l’histoire elliptique est chargée du sens que chaque lecteur et lectrice voudra bien y mettre. On peut sourire, par exemple en apprenant que si le personnage féminin s’appelle Épilie c’est parce que son père était enrhumé le jour où il a déclaré son prénom à la mairie. On part à l’aventure comme dans toute BD parce que « même si on est bien » le bonheur est peut-être ailleurs

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On s’instruit aussi et Gaston explique très bien le phénomène des marées. On est séduit par la tendresse et la naïveté affectueuse du petit Abélard et on compte sur Gaston pour l’aider, l’instruire et le protéger .

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Mais dans aucune autre BD , on ne trouve des messages de sagesse qu’on a tant envie de garder pour soi en les partageant avec tout le monde !

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Depuis La Fractale des Raviolis, je sais que je lirai ce roman soutenue dans cette volonté par Jérôme, Noukette et Keisha. Il était dans mes bagages depuis longtemps, et je suis ravie de l’avoir lu et relu puisque j’avais du temps. Je fais partie du club des lecteurs qui adorent les histoires, Pierre Raufast me permet de retrouver mes plaisirs d’enfance , du temps où des adultes me racontaient « Le Livre de la Jungle » ou « Les lettres de mon Moulin » . Je peux comprendre que l’on n’adhère pas à cet auteur car il semble si peu sérieux aujourd’hui de lire des histoires inventées qui s’enchaînent avec une logique implacable. L’imaginaire n’est pas à la mode sauf pour les enfants, ou en bandes dessinées. Je pense qu’un jour un dessinateur s’emparera de cet univers si particulier. En attendant, pour toutes celles et tous ceux qui veulent rêver, sourire et se laisser emporter par des fictions si bien construites qu’on est prêt à croire sur parole cet auteur qui expliquent avec le plus grand sérieux des histoires nous emportent loin, bien loin de tous nos soucis du quotidien , lisez cette « Variante Chilienne ».

J’ai adoré le moment où les deux compères quelque peu éméchés ont essayé divers techniques pour éteindre les vers luisants, je vous dirais bien comment c’est possible mais vous perdriez tout le sel de cette histoire. Je vous mets quand même sur la piste : claquer des mains ne suffit pas ! On ne peut pas raconter ce livre, car l’art d’un conteur est subtile et vient autant de l’histoire elle-même que de la façon de la raconter. Mais quand même, sachez pour les esprits sérieux, que vous apprendrez comment cueillir des noix grâce aux hélicoptères, le pourquoi du ratage du prix Nobel de littérature pour Jorge luis Borges, vous vivrez dans un village où il a plu pendant 10 ans sans discontinuer : entre réalité et fiction, mensonge et vérité, Pierre Raufast signe un second roman qui m’a sans doute encore plus ravi que le premier parce que finalement je trouve qu’il aide à vivre quand on a l’âme en peine (la preuve : je lui mettrai bien 6 coquillages !).

Citations

Humour (irrésistible pour moi !)

Difficile à croire, mais cet endroit avait été le bordel de campagne des paysans du coin avant la guerre. Il fut maquillé sous l’Occupation afin d’éviter que les soldats allemands ne souillent le patrimoine national.

Je connais des gens comme-ça, mais ils le disent moins bien

L’été je mets ma peau en jachère, je la laisse se reposer. Au bout d’une semaine, ma barbe a poussé. Alors, je suis content. Au bout d’un mois, de grosses boucles blanches se forment. Là je suis tout à fait heureux. Mes talents de philosophe décuplent. Je suis le Samson de la barbe blanche. À la rentrée des classes, je me rase. Je redeviens le professeur fatigué qui tourne la meule du savoir.

Les énumérations que j’adore

Avec passion, il découvrit la science du mélange des terres, argile, marne et silice : le malaxage, le pourrissage, l’estampage, le modelage, le calibrage, le montage, le tournage, le tournassage, le moulage, le coulage, l’ansage, le séchage et la cuisson, qu’il appelait par déformation « le cuissage ».

J’adore cette phrase

Les « si » sont des carrefours invisibles dont l’importance se manifeste trop tard.

La perte des histoires non-racontées

Quel gâchis ! Un cimetière, c’est comme une bibliothèque remplie de vieux livres dont on aurait perdu la clef.

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Je considère Dominique comme une bienfaitrice de l’humanité des lecteurs et lectrices. Je n’avais pas un moral extraordinaire et ce livre m’a fait beaucoup rire et m’a remis en forme. Pourquoi « une bienfaitrice » et non « la » bienfaitrice ? Car je donne également ce titre à tous les auteurs qui me font du bien . Cependant, les signaler à mon intention doit être récompensé comme il se doit ! Vous devez lire cet ouvrage, surtout si, comme moi, dans les musées, il vous est arrivé de mourir d’ennui en traversant certaines salles . Savoir que, si l’on porte un regard critique sur des chef d’œuvre (s’ils sont au Louvre, ce sont bien des chef d’œuvre non ?) on est en bonne compagnie, m’a fait un plaisir immense.

Avez-vous déjà remarqué le nombre de vierges à l’enfant qui tiennent très mal le bébé qu’on leur a mis dans les bras ? Si vous avez essayé de tenir le vôtre de cette façon, il serait à coup sûr tombé par terre. Peut-être qu’elle ne l’aimait pas tant que ça, ce bébé, et après tout, avec tous les soucis qu’il lui donnera plus tard, on peut la comprendre. Je suis aussi souvent agacée sur les remarques basiques que j’entends sur l’art de notre époque, pour ça aussi cela me fait du bien qu’on se moque des œuvres qui, bien qu’anciennes et consacrées, ne sont pas si bien construites que ça ! Je me demande si, depuis que ce livre est paru, des gens se promènent avec ce guide sous le bras et se tordent de rire dans cette vénérable institution en regardant ce genre de tableau et en lisant le commentaire qu’en on fait nos auteurs.

Pour vous donner un avant-goût de ce qui vous attend voici un exemple :

20160504_154547Il s’agit de l’enlèvement de Déjanire par le centaure Nessus 1755 peint par Louis Lagrenée (vous le trouverez Sully 2e étage. Vigier Le Brun salle 52)

Centaure et sans reproche

Au moins, on ne pourra pas dire reprocher à Louis Lagrenée de gâcher de la toile ! Il a incontestablement travaillé les effets de matière, à tel point qu’on ne sait plus quoi regarder : le paysage flou et sucré à l’arrière-plan, les muscles bien dessinés des athlètes sans maillot, les mètres de drapés virevoltants, sans oublier le crin blanc de la queue nerveuse du centaure, ni la transparence de l’eau.

Au premier plan, un homme âgé – quoique fort bien bâti- se roule part terre de dépit, tirant la queue d’un autre candidat, qui a tellement abusé des hormones que son corps en a été modifié, moitié cheval, moitié vache (notez la robe, si caractéristique des normandes). A l’arrière-plan, un candidat en plein effort. Certes, il appuie légèrement son pied gauche sur un rocher, mais il pourrait décocher ses flèches en faisant des pointes s’il le voulait tant il a travaillé ses quadriceps. Concentrons nous sur Dénajire : pourquoi avoir investi dans autant de tissu pour se retrouver un sein (fort beau d’ailleurs) à l’air ? Est-ce pour cela qu’elle arbore un air si tragique ou bien est-elle déçue d’être embarquée par le culturiste blond ? L’énorme jarre située en bas à gauche prend alors tout son sens : tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse.

Grâce à ce tableau, Luis Lagrenée a été reçu membre de l’Académie royale de peinture. Autre temps, autre mœurs.

20160503_104806Traduit de l’Arabe (Irak) par François Zabbal.

Quatre raisons pour lire ce roman :

  • Comprendre que l’Irak a été un pays d’une grande culture très ancienne riche et variée avant que tous les malheurs du monde s’abattent sur lui..
  • Comprendre ce que représente l’exil pour des êtres parfaitement adaptés à leur pays avant les guerres civiles.
  • Savourer la langue d’Inaam Kachachi.
  • Et puis …. je lui ai attribué, sans l’ombre d’une hésitation, cinq coquillage…

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Je crains de ne pas être assez convaincante pour vous dire à quel point j’ai apprécié la lecture du roman de Inaam Kachachi . Tout m’a touchée dans son écriture. Elle sait par son style nous faire partager la beauté de la langue poétique arabe. J’ai pensé que François Zabbal, même si ce n’est pas facile à rendre en français, avait dû prendre bien du plaisir car un traducteur est un amoureux de deux langues et cette auteure m’a fait regretter de ne pas lire l’arabe.

Le roman parle de l’exil des chrétiens Irakiens. Le personnage central est une femme gynécologue de 84 ans, Wardiya, qui arrive en France d’abord chez une nièce poète et de son fils Iskandar adolescent. Un lien très particulier se tissera entre cette femme extraordinaire porteuse de tout le riche passé de l’Irak et cet ado qui a vécu principalement en France, il ne connaît son pays qu’à travers les innombrables morts pleurés par ses proches ; cela lui donnera l’idée de créer un cimetière virtuel qui connaîtra un certain succès auprès de sa tante. L’auteure sait nous faire revivre son pays et on se rend compte que l’humanité toute entière a beaucoup perdu à travers la destruction d’une ancienne et riche civilisation, en particulier l’occasion de faire vivre ensemble une mosaïque de peuples aux mœurs divers et variés. Il n’en reste pas grand chose et le pays est, aujourd’hui, aux mains de gens sans honneur ni dignité . Les chrétiens sont les dernières victimes, ils ont essayé de rester mais, quand la peur quotidienne est au rendez vous, on ne peut que fuir. Comme Wardiya qui a vu un jour dans son cabinet, rempli de femmes qui venaient en consultation, une toute jeune fille arriver avec une ceinture d’explosifs et qui, par quel miracle ?, ne voulait plus mourir, ce dernier épisode tragique la décidera à partir de son cher Bagdad.

Ce roman raconte aussi, ce que représente l’exil quand, ce qui est souvent le cas, les familles sont complètement éclatées. Wardiya a trois enfants, l’une à Dubaï, son fils à Haiti et sa fille au Canada. Elle a essayé de rejoindre sa fille médecin comme elle, mais le Canada lui a refusé son visa, elle rend hommage dans son livre à Sarkozy (c’est si rare que l’on parle de lui positivement que je le souligne !) qui a ouvert les portes de la France aux réfugiés chrétiens d’Irak. Elle raconte bien comment à l’arrivée un simple toit sécurisé et la disparition de la peur rend n’importe quel réfugié de zone de guerre heureux. Puis vient le moment où on se rend compte qu’il faut s’adapter à un monde qui n’est pas le sien. Avec toute la famille dispersée sur toute la planète. C’est vraiment très dur quand on a plus de 80 ans. On se demande si la vraie patrie de cette Wardiya ce n’est finalement pas la médecine, en tout cas c’est dans sa confrontation avec les médecins qu’elle se sent revivre complètement. Plusieurs voix se font entendre dans ce roman et plusieurs époques s’entremêlent, il fallait bien cela pour nous faire comprendre à quel point voir ses proches dispersés par l’exil est une véritable douleur même si chaque jour qui passe on remercie le ciel ou la France d’être en vie.

Pour en savoir un peu plus sur les chrétiens d’Orient ce reportage bouleversant d’Arte
http://www.arte.tv/guide/fr/060824-000-A/la-fin-des-chretiens-d-orient

Citations

Les premiers appartements des réfugiés

Le studio dans lequel ils vivaient verticalement le jour, et horizontalement la nuit.

L’exil

Je me calfeutre dans mon appartement et je suis les nouvelles du pays. J’écris de la poésie. Je dialogue avec Bagdad à l’aide de la télécommande, et je me considère comme une patriote. Mes poèmes sont les armes que je manie le mieux. Que puis-je faire de plus qu’aligner les mots et les lamentations à la manière des poètes d’antan. Même la tendresse, je m’évertue à l’ extirper de moi afin de ne pas être envahie par la nostalgie. Je ne veux pas retourner là-bas, pas même pour en savoir plus. Les liens se sont interrompus depuis que les écrans ont été envahis par des Irakiens qui ne ressemblent pas aux Irakiens. Des voleurs, des coupeurs de têtes , des nervis qui exhibent sur la poitrine les médailles de leur forfait.

Les juifs en Irak dans les années 50

C’était l’année de la déchéance de la nationalité pour les juifs. Ceux d’entre eux qui voulaient quitter le pays étaient autorisés à s’en aller à la condition de ne plus jamais revenir. Et cette année là, aucun juif ne fut admis à l’université.

Une pointe d’humour

La France leur a ouvert la porte de manière inopinée. Elle les a accueillis en même temps que des milliers de réfugiés. Ils ont cru alors qu’on les privilégiait parmi les Noirs, les Jaunes et les métis, et qu’ils auraient droit à un meilleur traitement et de meilleurs logements. Mais les poux sont analphabètes, ils ne savent ni lire ni écrire et ils ne font pas la différence entre la tête d’un Vietnamien et celle d’un Somalien, d’un Tchétchène ou d’un Irakien.

Rapport entre la nièce et sa tante

La venue de ma tante de Bagdad n’a pas vraiment changé le rythme paisible de ma vie, mais elle en a bousculé la routine.

Elle m’a transformée comme un jeu de cartes qu’on brouille avant de distribuer les 10, les as et les rois. Chacun des joueurs assis autour de la table tente de lire sur le visage de ses partenaires s’ils possèdent ou non un joker. Wardiya les avait tous. Une femme qui porte quatre-vingts ans sur ses épaules ne s’avance pas légère et seule, sans son passé. En s’exilant, ma tante m’a jeté celui-ci dans les bras.

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5J’ai assisté au spectacle de Fred Pellerin, artiste-conteur-chanteur québécois à Saint- Malo, c’est un véritable régal. Il est en tournée en ce moment en France, s’il passe près de chez vous, ne le ratez pas. Avec son accent de là-bas , il vous conte l’histoire de son village (Saint-Elie de Caxton) et tout à coup vous croyez entendre tous les chanteurs à l’accent rocailleux, tous les livres du Québec et vous vous sentez heureux. Son barbier coiffeur, vous fera sourire , celui qui même après sa mort a su ne pas se faire oublier du village grâce (ou à cause ?) des nombreuses cicatrices sur le visage de ses clients. Vous n’oublierez pas non plus les sœurs à cornette ou plutôt à hublot qui ont hanté son enfance. Son spectacle est absolument irracontable, tout ce que je peux dire c’est que ce soir-là à Saint-Malo, la salle était très gaie et a éclaté de rire plusieurs fois. Mon seul regret c’est qu’il a peu chanté alors que j’adore sa voix. Si j’avais su qu’il chantait aussi peu je n’y serai sans doute pas allée et j’aurais eu bien tort car j’ai pris beaucoup de plaisir à entendre ses histoires.

Une de mes chansons préférées

https://www.youtube.com/watch?v=Vs89gUC7T9I