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La vie doit être elle-même à soi, sa visée, son destin

Traduit de l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat.

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Une fois encore, j’ai suivi l’avis de Dominique, et pendant une quinzaine de jours, je me suis laissé guider, grâce à ce livre, dans la vie, dans l’œuvre de Montaigne et sa postérité en France et à l’étranger (surtout en Angleterre). Auteur merveilleux, mais dont la lecture n’est pas si simple, d’abord, il faut trouver une version traduite en français moderne car, hélas pour moi, le français du XVIe siècle est trop difficile à comprendre. Je perds, je le sais bien, un des charmes de la langue de Montaigne, qui mêle souvent au français des expressions périgourdines quand il les trouve plus savoureuses . Ce livre permet une approche simple mais aussi variée et riche des « Essais » en répondant de vingt façons différentes à la question : « Comment vivre ? » la première réponse : « Ne pas s’inquiéter de la mort » permet à Sarah Bakewell de rappeler comment Montaigne se mit à rédiger « Les Essais » après un accident de cheval , il crut, alors, mourir sans vraiment en souffrir , avec la dernière réponse « Laisser la vie parler d’elle même » , nous quitteront un Montaigne que nous avons l’impression de beaucoup mieux connaître, mais aussi un XVIe siècle plein de fureurs religieuses.

Comme tous les admirateurs de Montaigne, je me suis fait mon jardin personnel à partir des « Essais ». J’ai toujours aimé ce qu’il a écrit à propos de l’éducation des enfants : il faut savoir séduire et tenter plutôt que de les « dresser » et les accabler par un savoir qui ne les tente pas ou qui les ennuie, leur donner envie de découvrir par eux-mêmes les joies de la science et de la littérature. J’ai toujours aimé, également ses propos sur le voyage qui forme la jeunesse…. Sarah Bakewell nous en dit beaucoup plus sur ce sujet : comment Montaigne fuyait les lieux touristiques pour essayer de connaître la population du lieu visité, combien il savait s’étonner de tout sans jamais juger supérieures ou non ses propres habitudes, combien il s’agaçait des Français heureux de rencontrer d’autres français dans des contrées lointaines. On a l’impression de lire une charge contre le tourisme contemporain. Je me souvenais aussi de son intérêt pour les populations d’Amérique mais j’ai ,encore une fois, été étonnée par l’aspect très moderne de sa pensée à propos des autres civilisations , il a toujours su déplacer son regard pour appliquer sa philosophie qui lui permettait de douter de tout, et surtout de lui-même.

Ce qui, cette fois, a retenu toute mon attention , c’est sa façon de rester humain , alors que son siècle se déchire en factions religieuses et fanatiques. Dans la France d’aujourd’hui, où se moquer de Mahomet équivaut à une condamnation à mort, il est urgent de lire et relire Montaigne. Stefan Zweig qui, dans sa jeunesse avait trouvé Montaigne vieillot et un peu mou, trouvant ses idées sur la tolérance dépassées car, dans l’Europe de 1930, personne ne pouvait imaginer les fureurs du nazisme, retrouve « Les Essais » lors d’un exil douloureux au Brésil, il comprend, alors, la pensée et la modernité de cet humaniste du XVIe siècle, il en fait son livre de chevet. Comme lui, face à Daesh et aux crimes perpétués au nom de l’Islam, nous pourrons dire à la lecture des « Essais » :

Citations

la peur de la mort

 Les lectures de son enfance

Les Métamorphoses d’Ovide fut de ces textes inappropriés que Montaigne découvrit par lui – même à l’âge de sept ou huit ans. Cette ébouriffante corne d’abondance d’histoires de transformation miraculeuses parmi les dieux antiques et les hommes était, pour la Renaissance, ce qui ressemblait le plus à un recueil de contes de fées. C’était le genre de choses qu’un écolier imaginatif du XVIe siècle pouvait lire en ouvrant de grands yeux, les articulations des doigts blanchies à force de serrer les couvertures

Phrase qui pourrait être mise en exergue de nombreux blogs

Sa façon de parler de lui-même

Les gens qui ont une bonne mémoire ont l’esprit encombré, or son cerveau était si heureusement vide que rien ne pouvait se mettre en travers du sens commun

La sexualité

Montaigne aimait le sexe, et s’y livra d’abondance tout au long de sa vie… »En vérité ,le plaisir que je fais chatouille plus doucement mon imagination, que celui qu’on me fait »

La philosophie de Montaigne

 Explication de la saint Barthélémy et de bien d’autres fureurs religieuses

Si les guerres s’alimentèrent la ferveur religieuse, les souffrances qu’elles produisirent nourrirent à leur tour l’imaginaire apocalyptique. Catholiques et protestants se dirent que les événements approchaient d’un point de vue duquel il ne pouvait plus y avoir d’histoire normale, car il ne restait en tout et pour tout que l’affrontement final de Dieu et du Diable. C’est bien pourquoi les catholiques célébrèrent si joyeusement les massacres de la Saint – Barthélémy, y voyant une authentique victoire sur le mal et une façon de ramener une multitude d’égarés à la vraie Église avant qu’il ne fût trop tard pour sauver leur âme.

Lutte contre le terrorisme

L’histoire l’a maintes fois suggéré : rien ne détruit plus efficacement les protections juridiques traditionnelles que l’allégation qu’un crime est singulièrement dangereux et que les hommes qui se cachent derrière ont des pouvoirs exceptionnels.

On en parle

Un peu brièvement chez Keisha qui a aussi beaucoup aimé.

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Traduit (et très bien traduit) de l’américain par Pierre FURLAN.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Je n’aime pas les nouvelles, voilà qui est dit ! Alors pourquoi ces cinq coquillages ? Parce que cet auteur que je ne connaissais pas, est tout simplement extraordinaire, les moins de 40 ans diraient « génial ». Je déteste passer d’une histoire à une autre, surtout quand j’étais bien dans un univers, j’ai besoin de reprendre ma respiration. Je ne lis pas deux romans à la suite, j’ai besoin au moins d’une nuit pour changer d’univers, pour les nouvelles c’est pareil. Abandonner deux amies, l’une mariée à un Frank qui ne fait pas le poids face aux charmes qu’offre la liberté d’un récent veuvage de l’autre , pour aller vers un barmaid qui est le champion des cocktails, c’est pénible. Malgré toutes les qualités de l’écrivain cela reste un problème pour moi, mais j’ai adoré ses nouvelles . Un peu comme Carver ou comme Hooper, Russel Banks peint un pays dans toute sa variété quotidienne, les gens qui s’ennuient en couple ou seuls, ceux qui auraient aimé tromper leur femmes, et ceux qui le font. Les récits n’ont pas forcément de chute, parfois rien de grave ne s’y passe, parfois si.

Les portraits sont criants de vérité, cet écrivain sait capter l’attention du lecteur en quelques phrases, c’est très important pour des nouvelles surtout au début, car sinon on reste dans l’atmosphère du récit précédent un peu trop longtemps. On vit au rythme des retraités qui préfèrent le soleil de Miami aux froidures du nord. On appelle ces gens « les oiseaux des neiges », et une des nouvelles porte ce titre, c’est une de mes préférées. La scène de l’urne funéraire est très réussie. Je note d’ailleurs que les urnes funéraires sont de bons sujets littéraires. J’ai été très émue par cet ancien marine, qui est resté digne toute sa vie, mais qui ruiné, a trouvé une mauvaise solution pour que ses enfants n’en sache rien, et par cette femme noire qui essaie de réaliser le rêve de sa vie : acheter une voiture d’occasion et se retrouve coincée derrière les grilles du garage gardé un chien féroce. Toutes ces nouvelles pourraient être le script d’un film, tant les personnages sont vivants.

On n’est pas dans l’Amérique des perdants,même si une nouvelle parle de la drogue, la violence affleure sans être omniprésente, mais ce n’est pas non plus l’image des gens qui réussissent , ou alors c’est juste le moment d’avant ou d’après. Les gens ne sont souvent pas exactement ce qu’ils semblaient être. Une des nouvelles, la plus courte, montre combien on se raconte parfois des histoires sur une personne rencontrée par hasard. A partir d’une simple liste de courses, l’homme croit comprendre la détresse d’une femme qui finalement le taxera de vingt dollars pour se payer sa dose de drogue. J’ai beaucoup aimé cette nouvelle où il se passe si peu de choses.

Si je ne suis pas réconciliée avec le genre littéraire (les nouvelles) je sais, en revanche, que je viens de découvrir un écrivain de grand talent.

Citations

Les maisons de retraite

On en parle

Chez Clara.

IMG_2137 Suivant les conseils de Jérôme , j’ai offert « le grand méchant Renard », toute la famille a bien voulu écrire ce billet :

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Rémi
6 ans : Mon passage préféré c’est quand le renard a dit « on va creuser un trou très profond pour s’enfuir », et c’était des navets, il pensait que c’était les poussins et les a mangés et il a dit « pouah c’est des navets », mais toute la BD est très drôle. J’ai beaucoup aimé que papa me la lise tous les soirs. Je crois que je pourrai le lire tout seul mais ça me prendra du temps. Mon autre livre préféré c’est Anuki à qui lui mettrai 4 coquillages, je préfère « le grand méchant Renard ».

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Jules 9 ans : Je vais résumer l’histoire : « C’est l’histoire d’un Renard qui veut manger des poussins à l’aide du Loup, mais le Loup est terrifiant, il ne peut pas rentrer dans la ferme alors que lui, le Renard, il peut. Du coup, il vole des œufs, alors, voilà, il les vole, il dit « On attend qu’ils éclosent » et le Loup dit :  » Non c’est toi qui les couves », le Renard dit : « Ah bon t’es sûr , on ne peut pas faire un jour toi , un jour moi »  » Non, non  » « Peut-être que ça peut être que moi ? » « Oui oui, je préfère .. » En fait, il les a volés à la Poule. La Poule a dit au Chien de la ferme  » il faut que tu ailles me retrouver mes œufs », en fait le chien il va chercher dans le frigo. Quand la poule les prend, elle dit : « Depuis quand je ponds des œufs avec une date imprimée dessus ? ». La poule lui lance les œufs sur les yeux et le poursuit avec un bâton. Quand les œufs sont éclos le renard dit au loup : « Allez on les mange » « le loup dit ah non on va attendre qu’ils soient plus gras ». Six mois plus tard le loup dit : « Allez on va les manger », et le Renard dit « Ah bon tout de suite », le loup pense que le Renard s’est attaché aux poussins, les poussins ont fait un dessin pour le Renard ,un bouquet… Le Loup veut manger les poussins alors le Renard lui a donné un panier avec des navets à la place des poussins.
Le passage qui m’a fait le plus rire c’est quand la poule dit « depuis quand je ponds des œufs avec une date de « prévention » dessus ». J’ai bien aimé le dessin, il m’a fait penser à Anuki. Je conseille cette BD aux enfants de mon âge, car elle est très drôle, et je lui mets quatre coquillages.
Je mettrai 5 coquillages aux  » légendaires » et  » les Quatre de Baker Street ».

Le papa : j’ai bien aimé raconter cette BD, quand les adultes ont autant de plaisir à raconter une histoire que les enfants l’écouter, c’est plutôt bon signe. Et quand on glousse tous ensemble sur une blague, c’est la confirmation que ce livre a su nous rassembler. Il a fait l’unanimité.

La maman : J’ai beaucoup ri, je pense que les enfants de ma classe « moyenne section maternelle » ne seraient pas sensibles à l’humour, ils poseraient tout le temps des questions, et cela casserait l’humour. Je pense qu’on peut la faire lire vers 6 ans. Les dessins sont très bien. C’est une BD qui rejoint les deux publics, parents et enfants. J’ai beaucoup ri quand le Renard enferme les poussins dans un chaudron parce qu’il ne supporte plus leurs cris. Et puis quand tout est silencieux il commence à s’inquiéter. Il a peur qu’il soient morts, il ouvre le chaudron, les petits poussins dormaient, et… bien réveillés ils recommencent à piailler…


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Un séjour assez long à Fontenay m’a permis de prendre le temps pour lire sur ma liseuse deux livres importants, je commence par celui qui, de l’aveu même Robert Harris, a été à l’origine de son excellent roman « D ». Ce livre d’historien est absolument passionnant et se lit très facilement. Je ne peux qu’en recommander la lecture à tous ceux et toutes celles qui sont intéressés par cette période et à qui le fanatisme et l’intolérance font peur. Jean-Denis Bredin permet de comprendre complètement » le pourquoi » de cette affaire. Elle a réussi à prendre forme pour des raisons bien particulières :

  • L’armée française vient de subir une défaite en 1870 et se sent trahie par la nation disons qu’elle préfère rendre la trahison responsable de sa défaite plutôt que ses propres incompétences.
  • L’armée est le refuge de la noblesse qui se sent au dessus du pouvoir civile et croit représenter le « véritable » esprit français.
  • L’antisémitisme était latent et entretenu par l’église catholique qui voulait prendre sa revanche sur l’athéisme de la révolution française.
  • L’église et l’armée étaient donc les deux piliers de la cause antidreyfusarde.
  • Le pouvoir civil était très régulièrement secoué par des scandales et avait peu envie de défendre « un juif ».

Tous ces différents facteurs permettent de comprendre pourquoi, quand on a cru avoir trouvé le responsable de l’espionnage et de celui qui livrait aux Allemands les ingénieux systèmes de l’artillerie française, tout le monde était bien content de punir ce traitre et que ce soit un juif arrangeait vraiment tout le monde. Le travail de Jean-Denis Bredin permet aussi de mieux connaître les différents protagonistes de l’affaire , en particulier le colonel Picquart qui sera le personnage central du roman de Robert Harris. Mais aussi la famille Dreyfus en particulier Alfred qui est un pur produit de l’armée française et qui ne souhaite qu’une chose qu’on lui rende son honneur.

Nous suivons aussi « l’affaire » comme un incroyable moment de folie nationale, folie antisémite d’un côté , soutenu par l’église et son journal « La Croix » et surtout « la libre parole » de Drumont. Et de l’autre côté les Dreyfusards entraîné par le talent de Zola , qui veut rétablir la justice et s’oppose aux secrets militaires.

Pendant ce temps un homme, Alfred Dreyfus connaît un sort terrible isolé du monde dans l’Ile du diable où pendant deux ans il n’aura le droit de parler à personne. Il ne doit sa survie qu’à son courage et à sa détermination de prouver son innocence. Cette affaire ne finit pas de troubler les français et le monde entier. Comment oublier que lors de la dégradation de Dreyfus et des cris de la foule « Mort aux juifs » un journaliste Théodore Herzl , correspondant d’un grand quotidien viennois, a compris que les juifs seraient persécutés tant qu’ils n’auront pas leur propre pays ? Comment oublier que toutes les thèses de Drumont et de son journal « la libre parole » seront reprises par les Nazis et mises en œuvre de la façon qu’on connaît ?

Le livre s’arrête en 1906 lors de la réintégration de Picquart et de Dreyfus dans l’armée , mais il faudra attendre 1995 pour que l’armée française reconnaisse définitivement l’innocence de Dreyfus. Cela, à la suite d’une note du service historique parue l’année d’avant mettant en doute son innocence.

Citations

L’armée en 1894

Pour beaucoup de milieux traditionnels, l’Armée est vécue comme un refuge, une sauvegarde contre l’ordre nouveau. Elle semble le dernier lieu où se conservent les valeurs anciennes ; elle préserve la fidélité légitimiste. Elle est l’ « Arche sainte » à laquelle les républicains n’ont pas encore osé toucher, un précieux domaine maintenu intact au milieu de la subversion générale.

La position de l’église catholique soutient des « antidreyfusards »

On se révolte contre le refus de Dieu, le principe de laïcité, la destruction des vertus chrétiennes, l’ébranlement de l’influence catholique.

L’absolue confiance de Dreyfus dans l’armée française, son armée

« La vérité finit toujours par se faire jour, envers et malgré tous. Nous ne sommes plus dans un siècle où la lumière pouvaient être étouffée. Il faudra qu’elle se fasse entière et absolue, il faudra que ma voix soit entendue par toute notre chère France, comme l’a été mon accusation. Ce n’ai pas seulement mon honneur que j’ai à défendre, mais encore l’honneur de tout le corps d’officiers dont je fais partie et dont je suis digne . » Alfred Dreyfus au bagne de Cayenne.

Bilan pour le pouvoir de la presse

La presse découvrant sa puissance, a vite prouvé que celle-ci s’exerçait en tous sens. Sans  » l’Aurore » et Zola, Dreyfus serait peut-être resté au bagne. Mais,sans Drumont et « La libre parole » y serait-il allé ? La presse naissante révèle déjà qu’elle est, qu’elle sera, dans la démocratie, le meilleur et l e pire : rempart de la Vérité , mais aussi véhicule de la calomnie, pédagogie de l’abêtissement, école du fanatisme, en bref , instrument docile à ceux qui la font et à ceux qui la reçoivent.

La culpabilité de Dreyfus pour l’Armée

 Dreyfus fut successivement coupable de trois manières.Il fut d’abord coupable parce que désigné pour cet emploi. Coupable, il le fut ensuite parce qu’il l’avait été. L’intérêt de la France l’honneur de l’Armée commandaient qu’il restât condamné. Puis il fut coupable d’ « avoir servi pendant cinq ans à ébranler l’Armée et la Nation » d’avoir été le symbole et l’instrument des forces du mal.

Libération du 12 septembre 1995

Le 7 septembre 1995 face à un auditoire de 1.700 personnes rassemblées à l’hôtel de ville de Paris, le général Jean-Louis Mourrut, chef du service historique de l’armée de terre (SHAT), a estimé que cette affaire qui n’en finit pas de provoquer des remous est « un fait divers judiciaire provoqué par une conspiration militaire [qui] aboutit à une condamnation à la déportation ­ celle d’un innocent ­ en partie fondée sur un document truqué ». Des mots qui n’avaient encore jamais été prononcés au nom de l’institution militaire, et qui suivent ceux que Gérard Defoix, alors évêque de Sens, avait prononcés en octobre 1994, dans le même sens, au nom de l’Eglise de France.

On en parle

Un site qui permet de garder en tête les différents moments de l’affaire : L’Affaire Dreyfus et une chronologie très complète sur le site Chrono.

SONY DSCTraduit du Norvégien par Jean-Baptiste Coursaud.
Un énorme merci Keisha  pour ce petit joyau.

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J’espère vous donner envie de lire ce roman qui est sur ma liste de juillet 2014. Avec un talent rare, Ingvar Ambjørnsen raconte le quotidien de deux hommes que l’hôpital psychiatrique a réuni. Ils sont différents des gens dits « normaux », Elling le personnage principal est très cultivé, s’exprime dans une langue très recherchée mais il est absolument incapable d’affronter les réalités du quotidien. Tout devient très compliqué quand, comme lui, on essaie de tout comprendre, ce qui se voit et ce qui ne se voit pas avant la moindre action. Heureusement, dans sa vie, il y a Kjell Bjarne son « pote pour la vie » et à deux, ils finissent par s’en sortir. J’oubliais un personnage clé, Frank, l’infirmier psychiatrique qui les aide à se reconstruire en dehors de l’institution. Il mérite une médaille cet homme, car il sait malgré tous les obstacles que l’ont peut ramener vers la vie en société ces deux olibrius, qui passent leur temps à le critiquer alors même qu’ils lui font une confiance absolue.

Les situations font vraiment rire, car à travers tout le sérieux avec lequel Elling nous explique le pour et le contre de telle ou telle décision, on imagine les réactions des gens autour de lui qui pensent qu’il serait si simple d’agir au lieu de tant réfléchir. Imaginez par exemple à quel point il peut-être difficile de prendre un billet pour aller en train dans une ville de la banlieue d’Oslo. Ceci pour aller voir Frank qui n’a pas jugé utile de venir les chercher en voiture. Finalement tout se passera correctement, même si Elling a été un peu long au guichet, il a tenu à expliquer à l’employé qui était Frank, quelle partie de sa famille avait un rapport avec la ville de banlieue en question… et évidemment derrière lui les gens s’impatientaient un peu… Mais les deux compères sont arrivés, un peu en avance (quatre heure d’avance) dans un pays ou attendre dans le froid n’est pas sans conséquence !

Je ne peux évidemment tout raconter, je vous laisse découvrir le rapport entre la poésie et la choucroute, l’utilité de changer de slips, la difficulté d’utiliser les toilettes publiques, l’importance des statues dans les jardins… Mais surtout laissez-vous embarquer pour une grande, très grande leçon d’humanité et des bonnes tranches de rire.

Citation

L’aménagement de l’appartement , l’imaginaire bridé par Frank (celui qui doit les aider depuis leur sortie de l’hôpital psychiatrique)

Je me plaisais à me présenter notre appartement comme étant le mien .Comme étant le nôtre, à Kjell Bjarne et moi. Lequel , toujours à Broynes , m écrivait pour me demander comment se passait les rénovations . Je répondais qu’elles se passaient mal . Qu’un dénommé Frank s’interposait en permanence. Notre idée d’installer un jardin suspendu dans le salon tombait salement à l’eau. Frank n’avait même pas voulu en discuter.

La rencontre amoureuse de Kjell Bjarne et la psychologie torturée d’Elling

Je ne parvenais pour ainsi dire pas à m’emparer de l’image représentant Kjell Bjarne et Reidun Nordsletten dans la cuisine . De quoi parlaient-ils ? Kjell Bjarne était-il aussi peu loquace qu’il en avait pris l’habitude avec moi ? Ou brillait-il grâce à des mots d’esprit et des tournures amusantes maintenant qu’une femme lui prêtait une oreille avide ? Lui prêtait-elle d’ailleurs autre chose d’avide que sa seule oreille ? Y avait-il déjà quelque chose entre eux ? Non. Sans quoi je m’en serais rendu compte . Il ne fallait pas pousser !

Lorsqu’il est redescendu, sifflotant, sa boîte à outils sous le bras, j’ai été soudain très accaparé par la lecture du journal du jour. S’il croyait que mille et une question me brûlaient la langue, il pouvait toujours se brosser. A peine si j’ai daigné lui accorder un regard avant de retourner à mon article.Tiens donc : le parti social-démocrate réclamait une baisse des taxes d’importation sur les véhicules ! Il valait mieux lire ça que d’être aveugle. Et, ailleur , ils annonçaient qu’il allait faire plus froid. On se couche décidément moins bête le soir à chaque seconde qui passe, ai-je songé.

Coup de téléphone non prévu

Il voulait savoir s’il me dérangeait, si j’étais très occupé. Ce que j’étais à l’évidence étant donné que je rangeais mon tiroir. Mais quelque chose me retenait de lui fournir cette explication. J’ai menti, répondant que je m’ennuyais à cent sous de l’heure.

Portrait de Frank vu par le Elling le rouspéteur

Frank ? Mais que croyait-elle à la fin ? que nous sortions de notre plein gré manger une pizza avec ce misérable espion des services communaux qui fourrait son nez dans tout ce que nous disions et faisions ? Nous n’avions pas le choix, si tant est que nous voulions conserver notre appartement ainsi que les maigres privilèges qui y étaient liés. Frank ? Un gauchiste minable qui ramenait sa fraise de façon intempestive et se mêlait même du choix de la pizza que les gens allaient consommer et qui, par dessus le marché, était payé par la ville d’Oslo pour le faire !

Et pour le fun si vous voulez un petit air de Norvège.. Et imaginez Terry, un Togolais qui fait la vaisselle à l’hôpital royal qui devient en quatre mois un expert en Halling

Ce que j’ai trouvé sur Youtube sur les films réalisés à partir de l’œuvre de Ingvar Ambjørnsen (que j’aimerais pouvoir les voir !).

https://www.youtube.com/watch?v=pjMTVGdH2v8

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Traduit de l’anglais (États -Unis) par Cécile Arnaud.

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A propos du dernier livre de Stephen Grennblatt, j’ai vu que Dominique et Keisha (mais je n’ai pas trouvé son article) se souvenaient de ce roman, Quattrocento que je ne connaissais pas. Je l’ai acheté avec mon Kindle, ce qui pour une fois, était vraiment moins cher que le roman papier. Le budget, ça compte, même pour une passionnée de lecture ! Je suis contente de l’avoir en format Kindle car je relirai ce livre, c’est certain.

J’ai été pendant plus d’une semaine totalement prise par cette lecture. C’est un livre difficile à classer, je pensais suivre la vie du Pogge (Poggio Bracciolini) découvreur de textes antiques en particulier en 1417 du poème de Lucrèce « de Natura Rerum ». Mais en réalité c’est beaucoup plus l’histoire de la renaissance face à l’obscurantisme religieux dont parle ce livre. Certes, on apprend également comment a vécu Le Poggio, pourquoi il souhaitait tant retrouver les textes latins. J’ai admiré son talent de copiste et surtout son art de se faire une place à travers toutes les intrigues de la cour papale. La description de la vie à la curie romaine est un haut moment d’étalage de vices et de cruauté plus raffinés les uns que les autres. Et au milieu de tout cela, une poignée d’hommes , ceux qu’on appelle les humanistes veulent retrouver les textes latins, car ils pensent y retrouver l’intelligence, la beauté et la liberté de penser. Pour Stephen Greenblatt, l’évènement qui a permis au monde de sortir de l’obscurantisme chrétien c’est la découverte de la pensée de Lucrèce. L’église a tout fait pour empêcher que cette pensée puisse s’exprimer , mais l’intelligence de Lucrèce a réussi à s’imposer au monde, jusque, nous dit-il, dans la constitution américaine.

Avec ce livre, nous passons donc d’une période à l’autre, notre fil conducteur sera l’épicurisme et la philosophie antique. C’est l’occasion pour l’auteur de montrer comment on a, peu à peu, perdu ces textes, pourtant Rome possédait des bibliothèque, et l’antiquité respectait la philosophie et la liberté de penser. Un des épisodes racontés dans ce livre, m’a fait froid dans le dos . 350 ans après JC, Alexandrie possède encore une belle bibliothèque et connaît une riche vie intellectuelle . Une femme Hypatie est considérée comme une autorité en matière philosophique, comme elle est païenne, un chrétien Cyrille excite un groupe de fanatiques pour la tuer de façon atroce. Et pour ces hauts faits, Cyrille est devenu un saint catholique…

Ensuite nous passons du temps dans les abbayes et les couvents ramassis de fanatiques abrutis et hypocrites, pour Le Poggio. Mais heureusement, leur ignorance ou leur peur du paganisme a permis à quelques livres latins d’être sauvés. Puis voilà la renaissance avec malheureusement l’inquisition qui s’installe, celle-là même qui empêchera Galilée de dire que la terre tournait autour du soleil.

Que faire alors de Lucrèce qui pense que l’homme n’est qu’un élément de la nature. Et que les dieux , s’ils existent ne s’occupent pas des hommes. Bien sûr, l’auteur du « natura rerum » ne connaissait pas le « vrai Dieu » mais ses idées sont suffisamment libératrices pour que l’église n’ait eu de cesse de brûler son livre et aussi les hommes à l’ esprit suffisamment libre qui s’en réclamaient. Il est vrai que faire du principe du plaisir le seul but de la vie sur terre cela devait déranger ses messieurs qui se fouettaient pour la gloire de leur Dieu. Et surtout, dire qu’après la mort il n’y a rien et que l’on peut donc tranquillement profiter de la vie, qu’il n’est nul besoin d’avoir peur de la mort puisqu’on ne sera pas là pour souffrir. Là c’est trop pour une religion qui fait son commerce (voire les indulgences) de la peur de l’enfer. Je me souviens de mon cours de littérature de seconde sur l’Humanisme, et l’étude de Montaigne, si j’en avais compris l’essentiel, j’aurais, cependant, aimé lire ce roman pour en comprendre tous les enjeux.

Encore une fois la cruauté et la stupidité de l’église catholique de cette époque, m’ont totalement révoltée et me font penser au radicalisme des islamistes d’aujourd’hui.

Citations

les règles épanouissantes des moines

La parole lue ne pouvait être ni mise en question ni contredite et toute contestation devait , par principe être réprimée . Comme l’indique la liste des châtiments de l’influente règle du moine irlandais Colomban (né l’année de la mort de Benoît), le débat , qu’il fût intellectuel ou autre,était proscrit. Un moine qui osait contredire un frère encourait une sévère punition : « une obligation de silence ou quinze coups ». Les hauts murs qui circonscrivaient la vie mentale des moines – le silence imposé, l’interdiction des questions, les gifles ou les coup de fouet pour punir les discussions – avaient pour objectif de rappeler que ces communautés étaient à l’opposé des académies philosophiques de Grèce et de Rome, qui se nourrissaient de l’esprit de contradiction et encourageaient la curiosité.

les bibliothèques dans l’antiquité

En tout, au IVe siècle après Jésus-Christ, il existait vingt-huit bibliothèques publiques. Ces bâtiments qui tous furent détruits.

Épicurisme

Car seul Épicure, écrit Lucrèce, était en mesure de consoler l’homme qui, s’ennuyant à mourir chez lui, se précipitait à la campagne pour s’apercevoir que son esprit y est tout aussi accablé. Epicure, mort plus de deux siècles auparavant, n’était rien de moins que le sauveur. Cet homme, si peu en accord avec une culture romaine privilégiant la dureté, le pragmatisme et la vertu militaire, était un Grec qui avait triomphé non pas par la force des armes, mais par la puissance de l’intelligence.

Des penseurs de génie

L’idée des atomes, qui trouve son origine au Ve siècle avant Jésus-Christ chez Leucippe et son élève Démocrite, n’était qu’une brillante hypothèse : il n’y avait pas moyen d’en donner une preuve empirique, et il n’y en aurait pas avant plus de deux mille ans.

L’église et la joie par la souffrance

Sainte Claire d’Assise Déchira l’enveloppe d’albâtre de son corps avec un fouet pendant quarante-deux ans et ses plaies exhalaient des odeurs célestes qui remplissaient l’église. Saint Dominique se lacérait la chair chaque soir avec un fouet muni de trois chaînes de fer. Saint Ignace de Loyola recommandait l’usage de fouets aux lanières assez fines, infligeant de la douleur à la chair, mais sans toucher les os…

Les dangers de Lucrèce pour toute pensée religieuse

Lucrèce est une sorte d’athée dissimulé dans la mesure où, aux yeux des croyants de toutes les religions de toutes les époques, il semble inutile d’adorer un dieu sans vouloir apaiser sa colère, ou s’attirer sa protection ou ses faveurs. A quoi servirait un dieu qui ne punit ni ne récompense ? Lucrèce affirme que ce genre d’espoirs et d’angoisses sont des formes de superstition nocive mêlant une arrogance absurde et une peur aussi absurde. C’est faire insulte aux dieux que d’imaginer qu’ils se souvient du sort des humains ou de leur pratiques rituelles, comme si leur bonheur dépendait des litanies que nous chuchotons ou de notre bonne conduite. Mais peu importe cette insulte, puisque les dieux s’en moquent. Rien de ce que nous pouvons faire (ou ne pas faire) ne les intéresse. Le problème c’est que ces fausses croyances et observances de l’homme lui font tort à lui-même…

Quand le corps meurt – c’est à dire quand la matière de disperse – l’âme qui est une partie du corps, meurt aussi. Il n’y a pas de vie après la mort.

On en parle

Chez Dominique, sur Babelio quelques avis négatifs, et l’avis plus nuancé de Dasola.

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Je n’ai pas de mots assez forts pour te dire merci Dominique. 

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J’ai adoré ce livre, c’est drôle, insolent, rempli de trouvailles qui m’ont enchantée. J’avais lu dans les commentaires d’une de tes lectrices que Michel Volkovitch était beaucoup plus intéressant. Encore une fois, la comparaison m’exaspère : ce sont deux auteurs totalement différents réunis par l’amour des langues, je comprends qu’on les associe, mais pas qu’on cherche à les évaluer l’un par rapport à l’autre. Cependant, je n’en veux pas trop à l’auteure de ce commentaire puisqu’elle m’a permis de découvrir Michel Volkovitch.

Il est rare qu’un livre me fasse éclater de rire mais j’ai pouffé plusieurs fois. J’espère que comme moi, vous serez sensible aux charmes et au dangers de la langue Najavo :

En navajo qui n’a jamais chipé un seul verbe à aucune langue étrangère, le refus de principe de l’emprunt aboutit à des résultats certes décoratifs, mais discutables du point de vue de l’efficacité communicationnelle : ainsi « tank » se dit chidinaa’na’ibee’eldoohtsohbikàà’dahnaazniligii, littéralement « voiture qui glisse sur le sol avec de gros fusils dessus. Il est probable que dans la pratique, les Navajos recourent à l’anglais pour le genre de conversations où l’on a à mentionner un tank – c’est une bête question de sélection naturelle : le temps de s’écrier « gare le tank arrive » , l’obstiné navajophone est déjà réduit à l’état de crêpe Suzette, dans l’indifférence de ses compagnons d’armes plongés dans leur dictionnaire.

J’ai retrouvé en le lisant l’ambiance iconoclaste des séminaires de linguistique générale de mon université. Enfin, quelqu’un qui explique le plaisir de la langue, bien loin des stériles discussions sur ce qu’il faut dire ou ne pas dire, qui font tellement plaisir au tout petit monde des gens « comme il faut », qui pensent qu’être bon en grammaire française c’est savoir dire « déjeuner » ou « dîner » et non pas le si vulgaire « manger ». Tout à coup le monde entier est là dans toutes sa diversité, on ne peut plus se hausser du col avec notre si belle langue française, si difficile à apprendre que le monde entier nous envie. D’ailleurs, allez-y, essayez donc de gagner la chaussette mise en jeu au concours de la langue la plus difficile à prononcer :

 Voici comment on dit « J’ai vu un animal de ce type » en kalam, une langue papoue de Nouvelle-Guinée orientale : Knm nb ngnk. Toute personne capable de prononcer cette phrase gagnera une chaussette d’archiduchesse séchée sur une souche sèche.

Il existe donc, des langues tellement plus redoutables à apprendre que le français, à commencer par le basque si proche et si loin de nous, l’esprit humain est également réparti dans le monde entier, divers et si riche que j’en suis restée baba.

De l’esprit, Jean-Pierre Minaudier n’en manque pas mais je ne crois pas que cela me conduise à lire toutes les belles grammaires dont il nous a parlé. Et il est vrai que pour ceux qui ne se posent aucune question sur la langue, ce livre aura quelques passages difficiles, au milieu de moments vraiment joyeux accessibles pour tout le monde grammairien ou non.

Citations

Règlement de compte du linguiste amoureux des langues existantes

Je trouve l’espéranto hideux et grotesque avec son look de patois latin dégénéré, une langue prétendument mondiale moins parlée que le lituanien ou le danois après plus d’un siècle d’existence me semble avoir complètement er sans doute définitivement manqué son objectif.

Les Français du XVIIe ont simplifié certains noms indiens, on peut les comprendre !

Chief Joseph était tout simplement Hinmahtooyahlatkekht en nez -percé. 

Les genres, réflexion d’un Estonien qui n’a pas de genre dans sa langue

Pourquoi diable « un laideron » est-il toujours une femme, et une sentinelle presque toujours un homme.

Difficulté du travail de l’ethno-linguiste

 Frauke Sachse partie étudier le xinka, une langue moribonde du Guatemala, s’est heurtée à une mauvaise volonté générale doublée d’un mercantilisme déchaîné : l’un de ses informateurs potentiels prétendait lui soutirer 10 $ par mot ! Parmi la poignée de derniers locuteurs, certains ont refusé de travailler ensemble, c’est à dire de se parler, suite à des conflits : la zone sortait d’une guerre civile

 Enfin, grâce à ce livre, j’ai trouvé ma langue idéale (il faut dire que je suis un peu fâchée avec la droite et la gauche !)

 L’étude des grammaires nous apprend encore que les concepts de droite et gauche, qui sont relatifs (on est toujours à droite ou à gauche de quelque chose et n’ont rien d’universel : certaines langues possèdent des systèmes d’orientation absolus , comme le taba, langue austronésienne parlée au large d’Almahera, en Indonésie, où l’on distingue « le côté mer » et le « côté de la terre » (les locuteurs du taba habitent les côtes d’une île , laquelle est ronde -il ne s’agit donc pas de points cardinaux). On ne dit pas « Les cigarettes sont à gauche (ou à droite) de la chaise  » mais Tabako adia kurusi ni lewe lema, « les cigarettes sont du côté de la terre par rapport à chaise ; ou Tabako adiia kurusi ni laema pope, « les cigarettes sont du côté de la mer par rapport à la chaise : chacune de ces deux phrases veut dire « à droite  » ou » à gauche » selon la position du locuteur.

 

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Photo prise sur son site que je vous recommande même s’il est très fouilli http://www.volkovitch.com/

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Après avoir lu les blabla de Michel Volkovitch, plus jamais vous n’oublierez de mettre le nom du traducteur quand vous présenterez un livre étranger. Je suis arrivée vers ce livre grâce à un commentaire après le billet de Dominique à propos du livre « Poésie du Gérondif » de Jean-Pierre Minaudier , un des commentaires disait que dans le genre , les livres de Michel Volkovitch était bien meilleur. Comme je possède la liseuse Kindle, j’ai pu pour une somme modique acheter cet ouvrage et le moins que je puisse dire c’est que je me suis régalée. Toutes les réflexions à propos de son métier sont passionnantes. Traduire, c’est à la fois se mettre au service d’une œuvre , se l’approprier et la retranscrire dans une autre langue.

Commençons par son auto portrait

« Pour le traducteur disons plutôt : sans humilité on ne va nulle part. Sans orgueil on ne va pas loin. Certains écrivains ne sont présents qu’à eux mêmes . Le traducteur un écrivain qui écoute. Peut-on bien traduire sans être généreux ? »

Je n’avais jamais pensé à quel point le rythme et les sonorités pouvaient avoir une telle importance. Bien sûr Michel Volkovitch traduit souvent de la poésie, mais cela est vrai aussi pour la prose, il en donne des exemples très parlants. Son livre est rempli de détails amusants . Comment par exemple utiliser l’image d’une femme mante religieuse en portugais , quand on sait que dans cette langue l’animal est surtout symbole de fragilité et de l’éphémère ?

J ai beaucoup aimé, également la façon dont il se moque des débats des universitaires à propos des différentes théories de la traduction. J ‘y ai retrouvé tous les travers que je connais trop bien des enseignants intolérants et enragés dès qu’il s’agit de prétentions intellectuelles. Comme lui, j’ai souvent pensé que : « S’il n’est pas un peu théoricien le praticien n’ira pas loin. Mais s’il n’est pas un un peu praticien , le théoricien n’ira nulle part. »

Hélas ! ces théoriciens remplissent les discussions entre universitaires français. La langue qui lui semble le plus difficile à traduire c’est l’anglais. Le français semblent souvent fade et plat à côté des formules rapides et incisives anglaises. Il dit que « sur le plan de la nervosité et du swing, l’anglais est la reine des langues et le français traîne derrière en s’essoufflant. »

A propos des différentes versions et de la censure voici le genre de détails qui me font éclater de rire

« La véritable apologie de Socrate de Costas Varnalis, dans une version anglaise de 1955 le grec dit « Ils s’enivrent et se roulent dans leur vomi ». L ‘anglais :« ..ils se roulent dans la boue ». Le grec : « ils se curent le nez et collent la morve sous leur siège ». L’anglais : « Ils se raclent la gorge ».

Traduit de l’italien par Danièle VALIN
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Les raisons pour lesquelles le billet de Dominique m’a fait lire ce livre, deviendront peut-être les vôtres et vous vous précipiterez vers ce roman. Allez, une fois n’est pas coutume, je commence par le seul point faible, selon moi, de ce ce merveilleux récit. Je n’arrive pas trop à adhérer à un aspect des deux personnages féminins, d’une beauté telle que tous les hommes chavirent devant elles ! Leur beauté extraordinaire et leur côté femme fatale ne m’ont pas convaincue.

Mais peu importe, le roman vous emportera comme tous ceux ,et toutes celles, qui l’ont plébiscité vers le Haut-Adige ou Tyrol du sud. Comme beaucoup, je ne savais rien de cette région offerte à l’Italie en 1918 , en compensation de la guerre 14/18, cette province autrichienne n’avait jamais été italienne. On imagine la stupeur des habitants- de pauvres paysans montagnards- qui se trouvent confronter à un monde italien qui, hélas pour eux, devient fasciste peu de temps après ! Le choix pour les habitants devient une véritable horreur : devenir fasciste italien ou revendiquer son appartenance à l’Allemagne nazi ! !

Là, je me suis dit, mais comment faire pour rester humains, simplement humain ! Le roman raconte cela et toutes les conséquences, jusqu’à l’assassinat d’Aldo Moro. Oui, toute l’histoire de l’Italie est là devant nos yeux mais vu de cette petite région qui n’avait rien demandé à personne. Les fils de la grand histoire se tressent avec la petite histoire de Gerda et de sa fille Eva, élevée sans père puisque l’auteur de ses jours n’a pas daigné la reconnaître, Eva est une femme libre qui mène sa vie sans rien devoir à personne sauf à sa mère qui s’est battue pour elle. Fille mère, c’est encore un scandale en Italie dans l’Italie des années 60. Eva traverse en train toute la botte italienne pour rejoindre celui qui aurait pu être un père pour elle : Vito , le carabinier italien qui a aimé Gerda la cuisinière tyrolienne. Aucun personnage n’est caricatural et le bien et le mal ne sont pas toujours faciles à reconnaître.

Que de personnages torturés, que de violence cachée et que de souffrances, tout cela parce que cette partie du Tyrol a été offerte à une Italie qui ne la demandait pas !

Citations

Aujourd’hui, un pays aux deux cultures

Après Sterzing/Vitipendo, un peu avant de sortir à Franzensfeste/Fortezza, Carlo s’est arrêté à l’Autobahnraststätte/Autogrill et nous avons mangé un belegtes Brötchen/sandwich.Puis nous avons quitté l’Autobahn/autoroute et nous avons payé au Mautstelle/péage Dans sa Volvo qui heureusement est suédoise et ne se traduit donc ni en allemand ni en italien . Bienvenue dans le Südtirol/Alto Adige, royaume du bilinguisme.

L’après guerre

Nazi, collabo, délateur, criminel de guerre, konzentrationslagerführe : ce n’étaient pas des mots mais des grenades qui n’avaient pas explosé, que l’on contournait sur la pointe des pieds , pour ne pas déclencher une détonation plus terrible, celle de la vérité.

La civilisation de l’argent

Italiens, Allemands ou Autrichiens étaient tous égaux pour Paul Staggl, du moment qu’ils laissaient leur argent dans les caisses des hôtels. Il avait compris bien avant la plupart de ses compatriotes que l’argent, non seulement n’a pas d’odeur, mais n’a pas d’ethnie non plus.

On en parle

chez Mango et Dominique

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J’ai lu depuis un bon moment déjà ce roman autobiographique, mais j’ai attendu que les polémiques s’apaisent pour faire mon billet. Je suis mal à l’aise par ce que j’entends à propos de l’auteur, on dissèque les différents protagonistes de son histoire personnelle et ça devient vraiment glauque. Ses parents, sa mère en particulier, son village, son collège, les autres élèves , tout le monde y passe et rien ne dit ce que j’ai ressenti. J’ai cru être assommé par un énorme coup de poing, autant de souffrance, et une France aussi déshéritée , je ne le savais pas !

Et cela bouleverse pas mal de mes certitudes. Je sais que les enfants au collège peuvent être cruels mais s’ils se transforment en tortionnaires c’est qu’il y a autre chose. Cette autre chose, c’est la désespérance d’un milieu qui n’a que la télé comme ouverture au monde.

Et puis, il y a cette écriture, si précise et qui se met au service du ressenti de l’enfant qu’a été Édouard Louis, du temps où il s’appelait Eddy Bellegueule. Je crois qu’il faut que tout le monde lise ce livre, à la fois pour comprendre ce que les enfants différents peuvent ressentir quand ils sont victimes du rejet , et pour savoir à tout jamais que rien n’est joué d’avance pour ce genre d’enfant.

Et puis aussi, pour mesurer la force du rejet de l’homosexualité dans notre monde. Je pense à tous les enseignants qui sont découragés par le déterminisme social, et bien non ! aujourd’hui encore l’école de la république peut servir à se sortir de ce déterminisme.

Citations

Le malheur de l’enfant victime

Uniquement cette idée : ici, personne ne nous verrait, personne ne saurait. Il fallait éviter de recevoir les coups ailleurs, dans la cour devant les autres, éviter que les autres enfants ne me considèrent comme celui qui reçoit les coups. Ils auraient confirmé leurs soupçons,« Bellegueule est un pédé puisqu’il reçoit les coups » (ou l’inverse, peu importe). Je préférais donner de moi une image de garcon heureux. Je me faisais le meilleur allié du silence, et, d’une certaine manière, le complice de cette violence.

L’importance de la télé pour sa mère

Quand au lycée, je vivrai seul en ville et que ma mère constatera l’absence de télévision chez moi elle pensera que je suis fou-le ton de sa voix évoquait bel et bien l’angoisse, la déstabilisation perceptible chez ceux qui se trouvent subitement confrontés à la folie « mais alors tu fous quoi si t’as pas de télé ? »