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 Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Laurence BOUVARD

5
J’ai un petit fils qui aime lire et cela me donne l’occasion de revisiter les librairies rayon enfant. Une libraire m’a conseillé ce roman. J’ai pour habitude de lire les livres que j’offre aux enfants. La raison officielle c’est pour mieux en discuter avec eux, mais la raison profonde c’est qu’il m’arrive d’éprouver un vif plaisir. (Si j’ai lu tous les Harry Potter ce n’est pas uniquement pour les offrir aux enfants !). J’ai toujours pensé qu’un bon livre pour enfant était celui où adulte et enfants se retrouvaient. Évidemment pas au même niveau de lecture mais dans le plaisir du texte.

Depuis les fables de La Fontaine au « Petit Prince » la liste est courte mais significative. Le dernier en date que Jules a plébiscité (et que j’ai beaucoup aimé également), c’est « Charlie et la chocolaterie » de Roald Dahl. Grâce à ce titre, la libraire a pensé à celui-ci. La première chose qui m’ a séduite ce sont les images. Et attention, les images ne sont pas que des illustrations mais elles sont aussi chargées de raconter une partie de l’histoire en particulier celle qui concerne la petite Vanille.

C ‘est donc, l’histoire de deux petites sœurs, Céleste l’aînée et Vanille la petite, qui s’aiment très forts, elles ont des parents si odieux qu’ils abandonnent sur l’autoroute la plus petite qui rit trop fort. Comme vous le voyez,ce n’est pas une histoire à l’eau de rose ! La plus grande se réfugie dans le monde des rêves pour retrouver sa petite sœur , mais elle va être rattrapée par la « BMSR ».

Vous ne connaissez pas la « BSMR » ? moi non plus avant de lire cette histoire, que je ne veux pas vous résumer (lisez-ce livre). Sachez simplement que cela à voir avec un organisme qui surveille chez chacun l’équilibre entre les souvenirs et les rêves. On va suivre les efforts de Céleste qui veut absolument retrouver Vanille et qui doit pour cela déjouer les plans de certains adultes, comment faire confiance aux grands quand on a été si lourdement trahi par ses parents ?

Le dessinateur est tout simplement génial et permet de suivre cette histoire un peu compliquée entre les gardiens des rêves qui font du bien et les gardiens des souvenirs qui font souffrir. Je me demande quelle est la réaction des enfants face à cette histoire dont la fin me semble obscure, il n’ y a pas un retour au réel qui moi m’aurait fait du bien mais les plus jeunes sont parfois moins rationnels que nous .

Je ne sais pas encore ce que Jules en pensera et je compléterais mon billet quand il m’aura donné son opinion.

Citation

Personnellement , je considère tous les souvenirs comme suspects, soupire Violette en secouant la tête. Certains laissent une empreinte plus profonde que d’autres, mais -que veux tu ?- la mémoire est capricieuse : on ne se rappelle jamais les choses avec exactitude. En ce qui nous concerne, nous ne faisons pas ce genre de distinctions arbitraires : tous les rêves sont les bienvenus dans notre royaume.

Je n’ai pas trouvé (encore) de blogs où on en parlait.

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Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par hélène HINFRAY

5
C’est encore une fois Dominique qui m’avait conseillé ce livre, je l’avais mis dans un coin de ma mémoire mais il a fallu que je traîne un peu dans ma librairie préférée, que rien ne m’inspire sur leurs différentes table pour que je pense à demander s’ils avaient Shakespeare de Bill Bryson. Non seulement je n’ai pas regretté, mais je voudrais que ma force de conviction arrive à vous motiver afin qu’à votre tour vous sautiez le pas.

Si vous connaissez cet auteur, vous êtes familiers de son humour et son exigence face à la vérité. Le voilà aux prises un personnage fabuleux, dont ne sait rien ou presque et sur lequel un record de thèses , biographies, études, romans ont été écrits. Comment va-t-il s’y prendre, pour ne pas nous ennuyer et en même temps nous faire découvrir celui qu’il appelle le Barde (je n’ai pas trop compris pourquoi) ?

Sans jamais se lancer dans des hypothèses hasardeuses, Bryson fait si bien revivre l’époque et le théâtre élisabéthain que nous finissons par bien connaître William Shakespeare dont finalement il parle assez peu. C ‘est peut-être pour cela qu’il appelle son livre une « antibiographie », W. Shakespeare apparaît comme en creux à travers tous les autres personnages dont nous savons plus de choses, la personnalité du grand homme de théâtre s’anime devant nous.

L’époque est incroyable, dangereuse et mortelle pour la plupart des Londoniens, le théâtre était alors un endroit où pauvres et riches se retrouvaient devant des pièces que nous admirons encore aujourd’hui. Il y a là un mystère que Bill Bryson ne résout pas mais sait proposer à notre sagacité. La dernière partie est consacrée aux différentes hypothèses quant à l identité même du grand dramaturge. Dans une Angleterre marquée par la noblesse, c’est un peu difficile d’attribuer à un roturier autant de génie.

Bryson donne les limites des différentes hypothèses autour de la parenté des écrits de Shakespeare. En particulier celle qui veut que le comte d’Oxford soit le véritable auteur avec Bryson on a envie de conclure que c’est bien William Shakespeare qui est l’auteur de son œuvre même si on ne sait rien de lui sauf qu’il a légué par testament à son épouse son deuxième lit !

Citations

L’état de l’Angleterre

William Shakespeare vit le jour dans un monde qui manquait d’habitants et avait bien du mal à garder ceux qui y naissaient.

 Les joies de la médecine

Même un problème de santé comparativement bénin (un calcul rénal, une plaie infectée , un accouchement difficile) pouvait très vite devenir mortel. Il faut dire que les soins étaient presque aussi dangereux que les maux. Les victimes étaient purgées avec enthousiasme et saignées jusqu’à l’évanouissement – un traitement peu susceptible de fortifier leur organisme affaibli.

 L’humour de Bryson

En un sens, la plus grande performance de Shakespeare ne fut pas d’écrire Hamlet ou les Sonnets, mais de passer le cap de la première année.

 Les douceurs de la justice anglaise

De nombreux criminels entendaient encore cette sentence effrayante : « vous aurez le ventre ouvert , le cœur et les entrailles arrachées , et vos parties intimes seront tranchées et jetées au feu devant vos yeux. » Toutefois sous Elisabeth I il était devenu tout à fait inhabituel d’être éviscéré alors qu’on était encore assez vivant pour s’en rendre apercevoir. Mais il y avait des exceptions.

 Pas de femmes sur la scène du théâtre

Ce mépris pour les comédiennes était une tradition spécifique à l’Europe du Nord. En Espagne, en France, en Italie les rôles féminins étaient confiés à des actrices, ce qui ne laissait pas d’étonner les voyageurs britanniques sincèrement surpris de découvrir qu’une femme pouvait incarner une femme aussi bien à la scène qu’à la ville.

 Humour à propos d’un poème de Shakespeare

C’était essentiellement un hymne à la chasteté, et comme la chasteté il n’eut guère de succès.

 Les théories sur la paternité de l’œuvre

Cela dit, Freud eut plus tard sa propre théorie selon laquelle Shakespeare était d’origine française et s’appelait en réalité Jacques Pierre – un fantasme intéressant , mais resté solitaire.

Le mot de la fin

Mais c’est là précisément la marque du génie. Un seul homme était en position de nous faire ce présent incomparable, un seul en possédait le talent. William Shakespeare était indiscutablement cet homme, et qu’importe, au fond, qui il était ?

On en parle

Chez Dominique et mille et un classique que je ne connaissais pas.

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5
Et oui ! le père Noël parisien qui commençait à souffrir de me voir monter les marches des appartements perchés dans les étages – à Paris, on doit choisir entre plus de surface et moins d’ascenseur !- a eu l’ idée de m’offrir un Kindle !

J’entends déjà toutes vos dents grincer ! Comment un Kindle, mais ne sait-elle pas qu’elle va en s’alliant à « A—–N », détruire un peu plus le réseau des librairies de quartier. Si j’étais malhonnête , je me cacherais derrière le père Noël et nierais toute responsabilité dans ce choix ( ce qui est vrai !) mais bon , je l’ai quand même essayé. Ne serait-ce que par politesse ! Un cadeau, c ‘est un cadeau.

Vous attendez tous et toutes mon verdict ! Je vais encore faire grincer des dents ! C’est tout simplement merveilleux ! J’explique : je n’ai, pour l’instant, chargé que des livres gratuits d’où « le rouge et le noir ». Je l »ai donc relu ce que je n’aurais jamais fait sans ce cadeau. Le confort de lecture est… total, et, surtout pour moi qui ai trop tendance à faire confiance à ma mémoire, ce format oblige une lecture très attentive : je n’ai rien zappé ce que je fais facilement quand je sens que je l’ai déjà lu.

J’ai été sidérée par tout ce que j’avais oublié de ce diable de Stendhal. Dans mes souvenirs, « Le rouge et le noir » était surtout un superbe roman d’amour , j’avais oublié toute la critique de la société de l’époque. En particulier de la religion. La description de la formation des séminaristes est irrésistible, c’est à la fois drôle, triste et sans doute, tellement vrai. Il est si difficile de cacher son intelligence et essayer d’épouser un modèle social quel qu’il soit lorsqu’on a un sens critique développé c’est une cause vaine aujourd’hui encore.

Bien sûr, j’ai relu avec plaisir la scène où Julien retient la main de Madame de Rénal sous les yeux de son mari à la faveur de l’obscurité d’une belle soirée d’été. Je crois que ce passage était dans mon Lagarde et Michard, je n’en suis plus si sûre mais je n’ai pas oublié mes premiers émois érotiques que j’avais ressentis à l’époque. En le relisant, l’émotion est toujours là et je suis certaine que « le rouge et le noir » peut toucher les adolescents de notre époque , je me demande même si ce n’est pas le romancier du 19° qui a le moins vieilli.

Une chose m’a amusée que j’avais complètement oublié, de temps en temps Stendhal intervient directement dans son roman et prend à partie son lecteur. Il dit parfois (en substance) : maintenant que vous avez compris je ne vais pas continuer à vous expliquer ! Roman à lire et à relire, pas forcément en format Kindle encore que… C’est sûrement grâce à ce format que ma lecture a été si attentive et donc, comme il s’agissait de Stendhal, si pleine de plaisir. Alors merci Morgan (mon père Noël de cette année).

Citations

 Et vlan pour ceux qui sont si fiers de leur mémoire

 Avec une âme de feu, Julien avait une de ces mémoires étonnantes si souvent unies à la sottise.

 La supériorité de la nécessite sur l’intelligence et le talent de Stendahl :

Après une conversation savante de deux grandes heures , où pas un mot ne fut dit au hasard , la finesse du paysan l’emporta sur la finesse de l’homme riche , qui n’en a pas besoin pour vivre.

L’imaginaire et le réel

Égaré par toute la présomption d’un homme à imagination , il prenait ses intentions pour des faits , et se croyait un hypocrite consommé . Sa folie allait jusqu’à se reprocher ses succès dans cet art de la faiblesse.

 La vocation religieuse

Le reste des trois cent vingt et un séminaristes ne se composaient que d’êtres grossiers qui n’étaient pas bien sûrs de comprendre les mots de latins qu’ils répétaient tout le long de la journée . Presque tous étaient des fils de paysans, et ils aimaient mieux gagner leur pain en récitant quelques mots en latins qu’en piochant la terre. 

 J’adore cette phrase, elle me fait penser à des gens que je connais qui savent d’où vous venez si vous utilisez le verbe « manger » à la place de « déjeuner » ou « dîner »

Au séminaire , il est une façon de manger un œuf à la coque qui annonce les progrès faits dans la vie dévote.

 La noblesse

Il y avait trop de fierté et trop d’ennui au fond du caractère des maîtres de la maison ; ils étaient trop accoutumés à outrager pour se désennuyer , pour qu’ils puissent espérer de vrais amis. Mais exceptés les jours de pluie, et dans les moments d’ennui féroce, qui étaient rares, on les trouvait toujours d’une politesse parfaite.

La peur de dire ce qu’il ne faut pas. Problème de censure et surtout de propos déplacés

Les jeunes gens qui venaient rendre des devoirs , ayant peur de parler de quelque chose qui fît soupçonner une pensée, ou de trahir quelque lecture prohibée, se taisaient après quelques mots bien élégante sur Rossini et le temps qu’il faisait.

 L ‘originalité à tout prix !

Je ne vois que la condamnation a mort qui distingue un homme , pensa Mathilde : c’est la seule chose qui ne s’achète pas.

Réellement mon mot a de la profondeur. La condamnation à mort est encore la seule chose que l’on ne se soit pas avisé de solliciter.

5
J’apprécie beaucoup cette auteure qui me permet d’accéder à l’univers japonais sans ressentir trop d’étrangeté. Il faut dire qu’ Aki Shimazaki écrit en français et réside au Québec. Ceci explique peut être cela ! Les 5 tomes, d’une centaine de pages chacun, raconte la même histoire vue par un protagoniste différent à chaque fois. C’est aussi l’occasion de cerner de plus près la réalité japonaise surtout dans ses aspects négatifs.

Le ressort de la narration repose sur un postulat qui m’étonne : des enfants se sont connus jusqu’à 4 ans et se retrouvent à 16 ans. Ils ne se reconnaissent pas et ne reconnaissent pas non plus les adultes qui les entourent. Ils s’aimeront en ne sachant pas qu’ils sont demi frère et sœur. Il me semble que j’ai gardé en mémoire le visage des gens qui s’occupaient de moi quand j’avais 4 ans. Ce n’est qu’un détail mais je l’ai gardé en tête pendant toute la lecture.

En revanche, ce que j’ai trouvé très bien raconté , c’est justement « le poids des secrets ». Toute cette famille est détruite par la conduite de du père de ces deux enfants et il faut donc attendre la troisième génération pour que la lumière se fasse enfin et que les conflits s’apaisent.

Le tome 1, révèle l’essentiel du drame, Yukiko explique pourquoi elle a tué son père. Son récit nous plonge dans le Japon au temps de l’explosion qui a détruit Nagazaki, on y voit une société figée sur les statuts sociaux et sur l’effort demandé à la population pour soutenir la guerre.

Le tome 2 est centré sur Yukio l’enfant qui est né hors mariage. Si son père,le même que celui de Yukiko n ‘a pas épousé sa mère c’est que celle-ci n’est pas « d’une bonne origine ». On est plongé dans les difficultés des femmes qui n’appartiennent pas à la bonne société.

Le tome 3 nous ramène du temps où , lorsqu’on était Coréen au Japon on pouvait être tué sans que personne ne trouve à y redire comme lors du tremblement de terre de 1923. C’est très émouvant de voir à quel point cette mère coréenne a essayé de lutter pour donner à sa fille des chances de s’intégrer dans cette société si fermée.

Le tome 4, c’est celui que j’ai trouvé le moins passionnant, il est centré sur l’homme positif qui a bravé tous les interdits de la société japonaise et a épousé la femme qui avait un enfant hors mariage.

Le tome 5, on est avec la maîtresse du père de son fils et le roman se termine sur la vérité et la boucle est brisée la malédiction prend fin,sa petite fille ne commettra pas les mêmes erreurs qu’elle.

Chaque tome peut se lire séparément mais l’ensemble a beaucoup de cohérence. C’est une autre façon de lire 500 pages, on ne sent pas le temps passer et on se perd moins que dans un énorme roman à personnages multiples, la façon de nous raconter le Japon est inoubliable cette société si fermée mélange de raffinement et de violence devient compréhensible à défaut d’être attractive.

Citations

Explication des deux bombes, l’explication de la guerre

– Grand-mère , pourquoi les Américains ont-ils envoyé deux bombes atomiques sur le Japon ?
– Parce qu’ils n’en avaient que deux à ce moment là, dit-elle franchement.

 

Mais ce que mon père n’acceptait pas c’est la justification des Américains : quand il est question de guerre ils ont toujours raison.

 

On se justifie pour se défendre des accusations. Il n’y a pas de justice. Il y a seulement la vérité.

L’enfant sans père

 Les enfants des voisins ne jouent pas avec moi. Au contraire, ils me lancent des pierres, ils me barrent le chemin quand je rentre a la maison, ils m entourent me bousculent. Ils crachent sur moi. Tout le monde est plus grand que moi. Personne ne leur dit d’arrêter. J’attends qu’ils s’en aillent. Ils me crient des mots que je ne comprends pas : « Tetenashigo » (bâtard) ou enfant de « baïshunfu » (putain)/

 On en parle

Chez keisha.

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J’ai choisi ce livre sur le blog que vous connaissez si vous lisez le mien régulièrement : « A sauts et à gambades ». Comme Dominique, je vais chercher de toutes mes forces, à vous faire lire « Aux frontières de l’Europe » , ce n’est pas par hasard que j’ai mis 5 coquillages au livre de Paolo Rumiz , il fait parti des livres que je n’oublierai pas et que j’ai traîné partout pendant 15 jours. J’ai retenu mon envie de le dévorer à toute vitesse car je ne voulais pas le finir, je l’ai dégusté tout doucement.

Ce voyage à travers l’Europe d’aujourd’hui me semble le complément indispensable au voyage historique de Geert Mark « Voyage d’un Européen à travers le XX° siècle ». Il s’agit, ici, d’un état actuel d’un lieu bien particulier de l’Europe et qui , sans doute, prévoit un peu notre avenir. Je rappelle le projet de Paolo Rumiz : voyager le long des frontières de la communauté européenne avec la Russie et les pays qui ne font pas partie de cette communauté.

Il voyage le plus possible avec le train ou les bus locaux , il est donc au cœur des populations. Il a la chance d’être accompagnée d’une Monika qui parle le Russe et le Polonais. Au passage, Monika est photographe et j’aurais aimé voir les photos de cette femme qui sait si bien se faire accepter de tout le monde. Si quelqu’un sait où on peut voir ses photos qu’on me le dise.

La langue est absolument merveilleuse, un peu précieuse par moment et j’ai dû plusieurs fois ouvrir mon dictionnaire pour vérifier le sens de mots que je connais plus ou moins sans jamais les utiliser (Aèdes, marmoréen, thaumaturge, hiératisme….). Je pense qu’en italien ce sont des mots plus communément utilisés (heureux peuple !) et j ai constaté encore une fois que cette langue est agréable même traduite en français. Mais la langue ce n’est pas que la qualité de style, c’est aussi la capacité faite naître des images dans l’imaginaire du lecteur. Vous n’oublierez pas la chaleur avec laquelle nos deux voyageurs sont, parfois, reçus dans les endroits les plus reculés et aussi la violence de certaines villes. Il raconte un passage à tabac qui m’a fait peur et a produit chez moi les mêmes effets de terreur que les images les plus violentes du cinéma. La scène de la fouille par les policiers polonais du train venant de Russie est extraordinaire de drôlerie et on peut facilement se la représenter.

On rit souvent et on aime l’humanité , car Paolo Rumiz aime les hommes même quand ils sont écrasés méprisés , dans les pires conditions ils arrivent à vivre grâce à l’humour et la chaleur humaine. Si ce n’est pas un livre sur le passé , on y lit quand même les traces que les deux horreurs du XXe siècle ont laissé dans ces régions : la disparition de la population juive et les déplacements de populations pour en contrôler d’autres. Pauvres Russes qui vivent en Estonie , sont-ils vraiment responsables de la folie impérialiste de Staline ?

J’ai bien aimé aussi qu’il connaisse Ryszard Kapuscinski, autre auteur que j’ai découvert grâce à Dominique , je suis une inconditionnelle d’Ébène. Il y a une communauté de regard entre ces deux auteurs. Avec un côté latin chez Paolo Rumiz qui fait une grande partie de son charme, surtout quand il se confronte à la réserve des gens du grand nord.

À lire et relire, c est un livre qui charme, fait réfléchir et fait aussi,comprendre le plaisir du voyage.

Citations

Une jolie phrase sur sa ville

Filons, filons, une voile et c’est parti ; une ville qui sert uniquement d’embarcadère, de point de départ. Un aperçu, une balustrade vers d’autres horizons.

Triestre sa ville d’origine

Je viens d’une terre de mer, de rocs et de vent. Pour moi, c’est plutôt une base qu’une ville, Trieste, agrippée à l’extrémité septentrionale de la mer Méditerranée, est mon refuge, un lieu que Dieu se complaît de temps en temps à touiller avec sa grande louche , déchaînant une tempête d’air et d’eau que l’on appelle la « Bora » , un vent furieux qui souffle de la terre. 

Les sourire des finlandais

En Finlande on parle peu et on sourit encore moins. Ce peuple de bûcherons timides vit dans la terreur de voir quelqu’un lui sourire, car alors le savoir-vivre l’obligera à sortir de son cocon pour répondre à ce signal.

Le silence des Norvégiens

Quand je sors dans le couloir, j’aperçois une dizaine de Norvégiens qui dégustent leur café dans un silence claustral ; on se croirait dans le réfectoire d’un monastère, avant la messe du soir. Je suis obligé de prêter l’oreille pour discerner un murmure de confessionnal. Alors, uniquement pour rompre cette glace de l’âme et mettre les gens dans l’embarras, je lance un bonjour retentissant á la cantonade et je me régale de voir tous ces yeux inquiets se lever à contrecoeur de l’assiette de poisson, d’œufs et d’oignons pour répondre par un signe au nouvel arrivant.

 Les blessures de la terre à Montchegorsk

J’ai à mes pieds quelque chose d’inouï : une nature sans défense dans son extrême douceur, impitoyablement violée, vérolée de mines comme autant de pustules d’acné sur la peau d’un adolescent.

Les intolérances religieuses

De ce voyage vertical, ce qui ressort clairement, c’est que le catholicisme et le protestantisme vivent dans le confort a l’arrière, alors que c’est l’orthodoxie qui tient la ligne… J’entends encore le patriarche de Constantinople, dans son bureau, sous le portrait de Mustafa Kemal Ataturk, murmurer des propos de coexistence, pendant que le hurlement du muezzin, du Bosphore à sainte Sophie, annihilait tout autre bruit pour la prière du soir. Une compétition acoustique sans espoir.

En Bachkirie (ça existe ! ! j’ai découvert que je ne connaissais pas la moitié des pays ou région dont il parle, cette région je m’en souviendrai si vous prononcer à haute voix ce nom vous verrez pourquoi !).

Définition de l’ours par un apiculteur

( je rappelle que Dinard a choisi l’Ours comme symbole et que la future médiathèque s’appellera : l’ours)

L’ours, dit-il, c’est un si grand nombre d’animaux en un seul. Comme un lion, il terrasse des mammifères plus grands que lui ; comme n’importe quel ruminant, il saccage les récoltes ; il vole le raisin et les fruits comme un singe ; il picore les baies comme un merle ; il fait des razzias dans les fourmilières et les ruches comme un pivert ; il déterre les tubercules et les larves comme un cochon ; il attrape les poissons avec la dextérité de la loutre. Et il mange le miel comme l’homme.

Le passé de l’Italie

L’Italie s’entête à faire semblant de ne jamais avoir été fasciste et d’avoir gagné la guerre. Et pourtant, elle l’a été fasciste, et pas qu’un peu ; et elle a perdu la guerre, justement dans ma région… Je vous en prie ne me parlez pas, des « braves gens d’Italie », parce que moi j’habite à Trieste que Mussolini a proclamé les lois raciales contre les juifs, et ce choix infâme a eu son prélude une vingtaine d’années auparavant, avec l’écrasement politique, économique et linguistique de la vaste communauté slovène. Je sais que pendant la guerre, il n’y eut pas seulement des camps d’extermination nazis, mais aussi des camps de concentration dirigés par le parti fasciste, avec des milliers de morts de faim et de froid.

Le silence des Estoniens

Autour d’une petite table , une famille consomme un bref repas, sans échanger un seul mot. Je commence à comprendre Adamov. C’est vrai que c’est impossible d’apprendre la langue d’un peuple qui passe son temps à se taire.

La Pologne et la religion catholique

 Nous approchons de la Pologne, terre de Woytila, et le Vatican fait déjà figure de gigantesque agence de voyage, de multinationale du pèlerinage , avec des filiales dans le monde entier

En Pologne, Paoli Rumiz évoque un auteur que j’ai adoré Ryzsard Kapuscinski

Il y a aussi le magasin de cartes géographiques de la rue Jean-Paul II , où le plus beau spectacle , m’a dit Ryzsard Kapuscinski , un jour de neige où nous nous étions réfugiés à l’intérieur était de voir les « gens affamés de monde » se repaître parmi les rayonnages.

En Ukraine, les émigrés qui ont fait fortune ailleurs

Il nous fait traverser une vallée magnifique , parsemée de maisons d’émigrants qui ont réussi , mais ce sont des maisons de cauchemar , des petits châteaux forts médiévaux, avec des tours coiffées de tuile en plastique bleu . Disneyland est l’idéal esthétique de l’Ukraine indépendante.

Retour vers l’Europe occidentale ou comment la salade César devient un signe de reconnaissance

Á l’hôtel , la langue anglaise refait son apparition , la langouste et la Caresar’salad ont repris place dans le menu , et je ne parle pas de l’air conditionné, bien entendu.

On en parle

Chez Dominique bien sûr etdans le « Carnet de Voyage de Myriam« .

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5
Encore merci à Hélène et à son Tag, c’est grâce à elle que j’ai lu cette BD. Si comme moi vous n’avez pas un grand goût pour les BD , vous serez peut-être intéressée par celle-ci. Je suis tombée sous le charme du dessin. J’adorais quand j’étais enfant les illustrations de mes albums et j’ai retrouvé le même plaisir. Le dessin est précis mais ne limite pas l’imaginaire, j’ai apprécié que les personnages ne soient ni beaux ni laids mais ordinaires comme ceux que l’on rencontre dans la vie.

L’histoire est triste mais belle et je trouve l’album réussi car dans mon souvenir le dessin est intimement lié à l’histoire. J ai passé une soirée sur les routes du continent nord américain et c’était pour moi mieux que n’importe quel reportage télé.

Citation

 Je refuse de croire que l’amour et l’amitié ne soient pas éternels sans cela à quoi bon continuer à vivre.

On en parle

Lilatrouva 2

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5
Quel diable d’homme ce Bill Bryson ! Il a réussi à me passionner pendant 579 pages pour des questions scientifiques qui en règle générale m’ennuient, car je n’y comprends rien. Je ne sais pas si je suis plus savante aujourd’hui , j’ai en tête quelques idées sur la formation de la terre, l’importance du soleil de la lune et du noyau de la terre. Je suis stupéfaite de tout ce qu’on sait sur des organismes si petits que je n’arrive pas à les imaginer.

J’ai été très amusée par toutes les querelles d’écoles des différents scientifiques, Bill Bryson raconte tout cela avec son humour si particulier . Cette façon irrespectueuse et drôle de raconter les débats les plus sérieux qui ont agité l’homme depuis qu’il a voulu comprendre la vie sur terre est pour beaucoup dans mon plaisir à lire ce roman.

Je sais que ce livre plaira à toutes celles et tous ceux qui comme moi sont curieux des questions scientifiques mais rebutés par le langage trop savant. L’idée que je garderai une fois le livre rangé en bonne place dans ma bibliothèque c’est que la vie sur terre est un tel prodige et le fruit d’un tel hasard que l’on devrait tout faire pour la protéger. C’est sans doute encore une idée trop « angélique » mais je l’ai ressentie avec force tout au long de ce livre.

Citations

Des idées difficiles à comprendre

De tous les concepts de la théorie générale de la relativité , le plus difficile à saisir pour nous est celui que le temps fait partie de l’espace . Notre instinct nous dit que le temps est éternel , absolu, immuable – que rien ne peut troubler son écoulement régulier. Or selon Einstein , le temps est variable et toujours changeant . Il a même une forme . Il est lié – « dans une trame inextricable » selon l’expression de Hawking – aux trois dimensions de l’espace dans une dimension bizarre appelée l’espace-temps.

 Une idee bien sympathique et un sourire

Chacun de vos atomes est probablement passé par plusieurs étoiles et a fait partie de millions d’organismes avant d’arriver jusqu’à vous. Nous sommes si chargés atomiquement et si vigoureusement recyclés à notre mort qu’un nombre significatif de nos atomes -jusqu’à un milliard pour chacun d’entre nous, selon certains- a sans doute appartenu un jour à Shakespeare. Un autre milliard nous est venu respectivement de Bouddha , Gengis Khan et Beethoven , ou tout autre figure historique de votre choix. (Il faut , semble-t-il , des personnages assez éloignés dans l’Histoire, car les atomes mettent quelques décennies à se redistribuer ; si fort que vous le désiriez,vous n’êtes pas encore recyclé en Elvis Presley). 

Avec le sourire on lit plus facilement un livre sérieux

Les physiciens affichent un dédain notoire pour les scientifiques des autres domaines . Quand l’épouse d’un grand physicien autrichien Wolgang Pauli le quitta pour un chimiste, il en resta comme deux ronds de flan. « Elle aurait pris un toréador , j’aurais compris, confia-t-il à un ami. Mais un chimiste… » 

La resistance aux idées nouvelles

Cela restait une proposition radicale pour l’époque et elle fut extrêmement critiquée , surtout aux États-Unis , où la resistance à la dérive des continents persista plus longtemps qu’ailleurs . Un critique se plaignit , le plus sérieusement du monde , qu’avec des arguments aussi clairs et convaincants Holmes puisse induire les étudiants à les croire.

Apprendre en s’amusant

Demandez à un géochimiste comment fonctionne ce genre d’engin , et il se lancera dans des histoires d’abondance isotopique et de niveaux d’ionisation avec un enthousiasme plus sympathique. Que compréhensible. Pour nous résumer , la machine , en bombardant un échantillon de roche de jets d’atomes chargés , parvient à détecter de subtiles différences dans les niveaux de plomb et d’uranium des zircons , d’où l’on peut déduire avec précision l’âge de la roche. Bob m expliqua qu’il faut dix sept minutes pour lire un zircon, et qu’il faut en lire des douzaines par fragment pour obtenir des données fiables. En pratique , toute l’affaire semble aussi répétitive et aussi excitante qu’une expédition au lavomatic, mais Bob avait l’air très heureux – ce qui est souvent le cas des gens de Nouvelle-Zélande.

Une anecdote de celle dont on se souvient :

Ce n’est sans doute pas une bonne idée de s’intéresser de trop près à ses microbes. Louis Pasteur en était à ce point obséder qu’il en vint à examiner á la loupe chaque plat que l’on posait devant lui – habitude qui ne dut pas lui valoir d’être. Souvent réinvité à dîner.

 Les mots de la fin

Les hommes modernes n’occupent que 0,001 pour cent de l’histoire de la Terre- à peine un souffle- mais même une existence aussi brève a exigé une succession infinie de heureux hasards. Nous n’en sommes qu’au tout début . L’astuce consiste à s’assurer que nous n’en verrons jamais la fin. Et, à coup sûr , cela va exiger de nous bien autre chose que de simples coups de chance.

On en parle

Un blog que je ne connaissais pas : Urbanbike.

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Après la déception de « cherchez Hortense » et un plaisir en mi-teinte « Du vent dans mes mollets » et avant mon festival préféré (LE festival du film britannique). Voici un film que je recommande à toutes et à tous. Brièvement voici l ‘histoire : un réfugié algérien se retrouve instituteur dans une école du Québec où une enseignante s’est donné la mort. Cela permet au cinéaste , de traiter à la fois des problèmes éternels : les enfants confrontés à la mort , et les drames du monde actuel.

Philippe Falardeau est un grand cinéaste. J’ai eu la gorge nouée lorsque Lazhar, lors de sa demande pour obtenir le droit d ‘asile, est obligé de raconter la tragédie qui l’a obligé à fuir l Algérie. J’ai ressenti la même chose lorsque le petit Simon laisse éclater le poids qui l’empêche de vivre depuis le suicide de sa maîtresse. Ce sont les deux moments forts du film, mais tout le reste sonne juste. Les personnages secondaires sont bien traités, rien n’est laissé au hasard ni à la caricature facile. Par exemple, le prof de gym au sifflet , n’est pas l’abruti de service qu’il semble être à première vue. C’est lui qui apporte une remarque qui sous-tend tout le film : à force de ne pas vouloir toucher les enfants, de peur d’avoir des gestes ambigus , les enfants deviennent des « dangers radio-actifs », les enseignants s’interdisent tout geste naturel et cela peut entraîner des catastrophes.

La musique est superbe et les images du Québec n’ont rien de « romantiques » mais elles doivent être très proches de la réalité. C’est un film qui me trotte dans la tête et je sais que vais aller le revoir , rien que pour entendre à nouveau Fellag lire sa fable de la fin du film.

Allez-y et racontez moi.

On en parle

les bottines rouges

Bande annonce

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Traduit du polonais par Véronique Patte

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Quel choc ! Je dois cette lecture à Dominique qui a chroniqué Mes voyages avec Hérodotes que je vais me dépêcher de lire au plus vite. Ma dernière réflexion en refermant le livre de Ryszard Kapusinski a été :« c’est tellement bien, je pense que tout le monde le connaît sauf moi » ! Si vous faites partie de ceux qui ont, encore, la chance de ne pas l’avoir lu , réjouissez-vous, un grand plaisir vous attend, caché dans les pages d’Ébène. Le reporter raconte son aventure africaine, il va à la rencontre des habitants , ne fuit aucun conflit ni aucune histoire douloureuse et comme les actualités télévisées vous le raconte à longueur d’années ce continent n ‘en manquent pas. A la lecture de ce livre on se rend compte qu’on ne connaît qu’une faible partie de massacres africains que beaucoup se passent dans le silence loin des caméras du monde.

On se promène donc au Ghana, au Liberia, en Éthiopie , en Érythrée , en Somalie, au Rwanda… Partout la misère, la guerre, la destruction, et la nature implacable. J’ai déjà lu beaucoup de livres sur l’Afrique, l’originalité de cet auteur , c’est de partir d’expériences concrètes qu’il sait merveilleusement raconter. Les description de la nature et de la chaleur sont inoubliables, je crois qu’aucun film ne permet de mieux comprendre à quel point la chaleur peut accabler l’homme et rendre toute activité superflue. Par moment, j’ai cru relire les romans d’aventure qui ont charmé mon enfance. Le combat à mort contre le cobra est un de ces instants où la lecture devient magique, on part ailleurs bien loin du monde facile et policé de mon petit coin de France. Cela n’empêche pas l’auteur de cerner au plus près les problèmes politiques actuels et passés de cet incroyable continent, bien au contraire, toutes les images « folkloriques » de l’Afrique nous permettent de mieux comprendre le quotidien des habitants. Et lorsqu’il raconte toujours avec la même précision son attaque par la malaria, on se dit que les gens atteints de cette maladie et mal soignés ne peuvent guère faire autre chose que survivre.

On est loin des clichés d’une population bon enfant qui ne veut rien faire, dans la fournaise implacable , touché par la maladie, les hommes ne peuvent que survivre et surtout meurent très vite. Quand en plus la folie guerrière des armes s’en mêlent c’est l’hécatombe assurée. Je n’ai jamais eu envie de visiter l’Afrique et ce livre dit mieux que tout ce que j’ai toujours pensé que le touriste passe forcément à côté des réalités de ce continent.

Citations

La notion du temps

L’européen se sent au service du temps, il dépend de lui, il en est le sujet. Pour exister et fonctionner, il doit observer ses lois immuables et inaltérables, ses principes et ses règles rigides. Entre l’homme et le temps existe un conflit insoluble qui se termine toujours par la défaite de l’homme : le temps détruit l’homme.
Pour les Africains les temps est une catégorie beaucoup plus lâche, ouverte, élastique, subjective… Le temps est le résultat de notre action, et il disparaît quand nous n’entreprenons pas ou abandonnons une action. Le temps est un être passif, et surtout dépendant de l’homme.
… Si nous allons à la campagne où doit se tenir une réunion, et qu’il n’y a personne sur les lieux de la réunion, la question « quand aura lieu la réunion ? » est insensée. Car la réponse est connue d’avance : « Quand les gens se seront réunis. »

 Un des malheurs de la décolonisation

L’adoption du système insensé des salaires des Européens engendre dans les nouveaux États africains une lutte pour le pouvoir d’une violence et d’une cruauté inouïes. Instantanément une nouvelle classe gouvernante apparaît , une bourgeoisie bureaucratique qui ne crée rien ,ne produit rien , se contentant de gérer une société et de profiter de ses privilèges.

 Génie africain de la construction

Faites de bric et de broc, ces architectures monstrueuses en papier mâché sont infiniment plus créatives, imaginatives, inventives et fantaisistes que les quartiers de Manhattan ou de la Défense à Paris. La ville entière tient sans une brique , sans une poutre métallique, sans un mètre carré de verre !

 Le progrès

Les conflits ethniques ancestraux existent toujours, mais ils entraînent aujourd’hui un nombre de victimes bien plus important. La civilisation moderne n’a rien apporté ici, ni l’électricité, ni le téléphone, ni la télévision. La seule chose qu’elle ait introduite, ce sont les armes automatiques.

Les rites culinaires qui font envie

Les Tutsis se nourrissent du lait des vaches et de leur sang (le sang recueilli des carotides incisées avec une pique, et versé dans des récipients lavés avec de l’urine de vache).

 La religion

C’est un terrain très difficile, m’avoue le missionnaire Johan. Ces hommes nous demandent combien nous avons de dieux dans notre religion et si nous en avons un spécial pour les vaches. Nous expliquons que Dieu est un. Cette réponse les déçoit. « Notre religion est meilleure , disent-ils , nous avons un dieu spécial qui protègent les vaches. ». Les vaches sont ce qu’il y a de plus important ! 

Les famines au Soudan

Les hommes ne sont pas affamés parce qu’il y a pénuries de vivres. En fait , le monde croule sous la nourriture. Mais entre ceux qui veulent manger et les magasins remplis se dresse un obstacle majeur : le jeu politique. Karthoum limite l’aide internationale destinée aux affamés. De nombreux avions arrivant à destination sont raflés par des chefs de bandes locales. Celui qui a une arme a des vivres. Celui qui a des vivres a le pouvoir. Nous sommes en présence d’hommes peu préoccupés de la transcendance ou de l’essence de l’âme, du sens de la vie et de la nature de l’existence. Nous sommes dans un monde où l’homme rampe pour tenter de racler dans la boue quelques grains de blés pour survivre jusqu’au lendemain. 

Le temps et les trajets

Si on tombe sur un bitume de bonne qualité, le trajet peut être parcouru en une heure. Si on a affaire à une route abandonnée et impraticable, il faudra un jour de voyage, voire deux ou même trois pendant la saison des pluies . C’est pourquoi en Afrique , on ne dit pas :  » c’est à combien de kilomètres ? » Mais plutôt :  » il faut combien de temps ? » En regardant machinalement le ciel.

On en parle

Chez Nymphette

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Pendant ma lecture d’Irving Yalom  » et Nietzsche a pleuré » , j’étais un peu gênée de ne pas bien connaître la pensée de ce philosophe tant loué par certains, si décrié par d’autres. Je l’ai dit dans ma chronique, j’ai toujours été rebutée par son style que je trouve grandiloquent et déclamatoire. Je suis tombée à la bibliothèque sur ce petit fascicule et je le recommande chaudement à tous ceux et toutes celles qui comme moi n’ont pas réussi à lire ce philosophe et puis aussi a ceux et celles qui l’ont oublié. En soixante pages dans une langue claire et accessible par tous , même pour les non-philosophes comme moi , il résume la pensée de Nietzsche. Et surprise, je suis complètement sous le charme.

Comment ne pas s’intéresser à quelqu’un qui a écrit :

Non ! Non. Ce n’est pas la pensée qui est triste, mais notre refus de vivre qui est triste. Non, ce n’est pas la pensée qui est trop haute pour nous, c’est nous qui sommes tombés trop bas pour penser. Arrêtons de nous plaindre et de considérer la vie comme une maladie.

Je n’avais pas imaginé, à quel point ce philosophe met l’amour de la vie au premier plan. C’est une pensée qui rend libre et heureux. Toutes ses idées qui me faisaient peur : le sur-homme , le rejet des faibles, je les avais visiblement mal comprises. Il prône la liberté de pensée et l’anti-conformisme ce qui m’intéresse au plus haut point. Je ne relirai pas Nietzsche, toujours à cause de son style, mais je comprends maintenant l’importance et l’intérêt de ce philosophe. Merci aux blogueuses qui m’ont aidée a changer d’avis. Et je me promets de relire le roman d’Irving Yalom.

Citations

(attention ce ne sont pas des phrases de Nietzsche mais de Bertarnd Vergély qui cherche à nous le faire comprendre)

Résumé du gai savoir

Soyons heureux, soyons dans le bonheur, soyons heureux d’être heureux en laissant le bonheur nous envahir. Laissons nous vivre, laissons-nous penser par le bonheur, alors, pour la première fois, nous connaîtrons une pensée. Une vraie pensée. Car il n’existe comme pensée que des pensées heureuses. 

 La honte et l’amour

La honte est créatrice de fausse morale, et, par la même de fausse vie. Car une chose est d’être vertueux par amour , une autre est de l’être par honte, Nietzsche n’a pas voulu d’une vertu provenant de la honte. Il a rêvé d’une vertu provenant de l’amour, l’amour étant, en définitive, la vertu même.

Optimisme et tragique

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’optimisme annihile les forces humaines, alors que le tragique les stimule. Nietzsche a voulu que les hommes puissent retrouver leur force. Un tragique joyeux, qui dit : rien n’est donné une fois pour toutes. Donc tout est possible si on le veut.

La critique de l’état et de tout groupe social

Le fort est, chez Nietzsche, une individualité supérieure qui ne cherche pas à dominer les autres, ce qui serait un signe de faiblesse. Au contraire, le fort, fondamentalement, recherche la solitude de l’esprit, la distance, le quant-à-soi. Souvent, en effet, ce qu’on appelle la société n’est qu’un rassemblement fondé sur la faiblesse . On a peur de penser par soi-même . On suit ce que les autres pensent. On se rassemble avec eux et l’ont dit du mal de ceux qui n’entrent pas dans le moule du conformisme collectif.

La vie est tragique

Pour heureuse qu’elle soit, toute solution est tragique car elle met fin a quelque chose. Le bonheur qu’apporte une solution est inséparable du tragique de cette même solution. On ne le comprend pas toujours. On voudrait qu’il y ait des solutions qui n’achèvent rien. Résultat : en refusant le tragique lié a toute solution, on se coupe du bonheur apporté par la solution elle même.