Édition Actes Sud . Traduit du Japonais par Jean-Louis de La Couronne
Merci Keisha pour ce doux moments et je partage ton avis : ce livre est beaucoup plus profond qu’il n’y parait de prime abord. Evidement la grande spécialiste des chats Géraldine avait déjà lu ce roman . Et comme dans tout bon roman, chacun peut y lire ce qui l’intéresse le plus , vous devinez que pour Géraldine ce roman est :
« Avant tout, « Les mémoires d’un chat » est un formidable étendard contre l’abandon des animaux de compagnie, pour le respect de l’engagement autant quotidien que temporel que nous prenons lorsque nous adoptons une petite boule de poils quelle que soit sa taille à l’âge adulte. »
Et pour Kesiha :
C’est l’occasion pour lui de renouer avec des amis d’enfance puis d’adolescence, mais -on le comprend vite- aucun de ses trois amis ne pourra garder Nana, avec à chaque fois une belle histoire du passé et du présent, délicate et fine.
Et pour moi ? Je suis avec d’accord aves ces deux blogueuses mais j’ai été beaucoup plus sensible à la description de l’enfance et de l’adolescence au Japon aujourd’hui. Je rappelle le sujet, Satoru a adopté un chat errant, il le nomme « Nana » qui rappelle le chiffre 7 en japonais comme le dessin des tâches sur son corps. Mais il doit pour des raisons qui ne seront expliquées que dans le dernier chapitre le confier à un ami . Il part donc à la recherche des personnes qui ont enrichi son enfance pour confier son chat. Se déroulent ainsi dans ce roman une enfance et une adolescence japonaise. On rit beaucoup avec son ami Kosuké avec qui il a adopté le premier chat, on sent l’adolescence se compliquer avec Yoshiminé qui est resté vivre à la ferme, cela devient encore plus tendu avec Sugi et Chikaro car les premiers émois amoureux ont fait apparaître la jalousie de son ami. Et puis vient cette tante Nakiro qui l’a recueilli lors du décès de ses parents.
J’ai beaucoup aimé les destinées de ces jeunes, on devine que l’auteur a puisé ces récits parmi des exemples vécus . La tristesse de Yoshiminé qui comprend, lors du divorce de ses parents, que si ceux-ci se disputent tant, c’est pour NE PAS avoir la garde de leur unique enfant m’a serré le coeur. Les tourments de la jalousie sont aussi très bien décrits. Mais ma préférée sans doute, c’est la tante Noriko qui ne sait pas dire les choses avec tact. Elle se rend compte immédiatement qu’elle n’aurait pas dû prononcer les phrases qui sont sorties de sa bouche malgré elle, mais c’est toujours après qu’elle s’en rend compte. Mon seul bémol, c’est le truchement par lequel passe l’auteur qui fait aussi le charme du roman , la narration par le chat . J’y suis beaucoup moins sensible que Géraldine évidemment, je pense que cela permet de mettre ce roman à la portée des adolescents, mais cela ne m’a pas empêchée de beaucoup aimé cette lecture « beaucoup plus profonde qu’il n’y paraît » (comme je le disais au début) , souvent très drôle et toujours très émouvante.
Citations
La fugue des petits garçons
Pendant qu’il était en train de jouer avec le chat, histoire de tuer le temps, plusieurs dames du quartier qui sortaient leur chien ou chiens ou faisaient leur marche quotidienne leur avaient demandé ce qu’il fabriquait là.– Il est tard. Vos parents doivent s’inquiéter. Tout le monde se connaissait dans le quartier, Kôsuké se doutait bien que l’endroit était mal choisi. Mais Satoru, lui, n’avait pas l’air d’y voir de problème.– Ne vous inquiétez pas, on est juste en train de faire une fugue.– Ah bon ? Mais ne rentrez pas trop tard quand même.Kôsuké n’avait pas l’impression que c’était comme ça qu’on faisait une pub. Non pas qu’il eût la moindre idée de comment on faisait, d’ailleurs…
La solitude d un enfant
« Daigo est sage et pas compliqué, ça m’aide beaucoup. » Il aurait dû être idiot et pénible, c’est ça ?Depuis qu’il était tout petit, il savait que ses parents aimaient trop leur métier. Tout comme il savait qu’ils ne s’intéressaient pas beaucoup à lui. C’est pour ça qu’il s’était toujours efforcé de leur compliquer la vie le moins possible. D’abord, il n’était pas assez immature pour croire qu’en piquant sa crise : « Bou hou…Mes parents ne m’aiment pas ». Il allait les obliger à s’intéresser à lui. Et puis surtout, ça ne lui disait absolument rien de jouer à ce jeu. Parce que s’il avait rendu l’air de la maison irrespirable, qui en aurait le plus souffert ? Qui passait le plus de temps à la maison déjà ? Au moins en restant un enfant sage, ses parents ne lui faisaient pas la gueule et l’atmosphère de la maison restait supportable. Il n’étouffait pas tout le temps qu’il passait à attendre à la maison, et les rares moments où il se trouvait ensemble se déroulait sans que personne soit de mauvaise humeur(…..) Il y avait des gens plus à plaindre que lui dans le monde, c’est sûr. Mais avec ses parents qui n’attendaient qu’une chose de lui : qu’il ne les choisisse surtout pas dans le genre à plaindre, c’était déjà pas mal.