Éditions Glénat ; deux tomes , 140 pages chacun pages, 2024

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

Je lis vraiment peu de BD mais j’essaie de lire celles recommandées par le club de lecture. Ce récit romance un fait historique ; des naufragés de la compagnie hollandaise au XVII° siècle a fait naufrage, et les naufragés se sont entretués de façon horrible.

Le plus intéressant c’est l’introduction du premier tome :

 

« L’extinction de l’âme »…
 Avec des termes pareils il en faudrait peu pour que ce phénomène décrit par Philippe Zimbardo, professeur de psychologie à Stanford, nous fassent sourire ou nous renvoie au registre poétique. Il s’agit malheureusement d’un mécanisme mental aussi réel qu’effrayant. De la Saint-Barthélemy au génocide arménien, en passant par le massacre des Tutsi, la Shoa ou les sévices commis sur les prisonniers d’Abu Ghraib, Zimbardo décèle un effrayant file conducteur d’enchaînements et de situations qui conduisent tous à la même horreur : l’arrêt complet de l’empathie d’un groupe d’humains associée à la suspension de leur jugement moral avec pour conséquence immédiate sadisme et massacres.
 « Moi ça ne m’arrivera jamais » ou encore « pas à notre époque » sont sans doute les pires idioties que l’on puisse dire à ce sujet. N’importe qui, oui, n’importe qui peut devenir ce bourreau, cet homme à la machette où se gardien de camp qui nous révulse tant.
Avec une telle introduction vous avez compris tout est possible et le pire est au rendez-vous. La compagnie hollandaise n’a qu’un but faire le maximum d’argent au détriment de la santé des matelots qui sont tous de la pire espèce de vauriens. Le bateau fait naufrage et commence alors le deuxième tome l’horreur sur l’île et les meurtres en série.
C’est très complexe de comprendre le personnage principal , un homme idéologue et qui veut démontrer que les navires marchands ne fonctionnent que parce que l’ensemble de l’équipage obéit au capitaine sans jamais s’unir pour se révolter.
Et il y a une femme (cela permet de beaux dessins, qui elle veut retrouver son mari pour retrouver son statut de mère (enfin c’est ce que j’ai compris) .
Je me suis perdue au milieu de tant de violence et j’ai carrément détesté cette BD que je n’ai lue qu’à cause du club !
voici des exemples de planches très bien dessinées je le reconnais bien volontiers !

 

 

Traduit de l’anglais par Sabine Porte 

Éditions Roman Seuil, 151 pages, septembre 2024

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

 

C’est le deuxième livre de cet auteur sur Luocine, après les nouvelles de « l’abattoir de verre » voici donc ce curieux roman d’amour . Une femme mariée, mais plus amoureuse de son mari, vit quelques jours avec un pianiste polonais aux Baléares. Cet homme est beaucoup plus âgé qu’elle et semble très amoureux . Béatriz se défend de cet amour mais cède aux avances de Witold, le pianiste, sans sembler amoureuse. Lorsqu’il repart, elle ne répond pas à ses mails. Lorsqu’il meurt il lui laisse des poèmes à travers lesquels elle comprend mieux son amour.

Je suis absolument certaine d’oublier très vite ce roman, je ne comprends pas l’utilité d’un tel récit si ce n’est que cet auteur de 85 ans a voulu décrire l’amour lorsque l’on atteint cet âge ! Je pourrai rajouter que c’est bien écrit, mais cet auteur est prix Nobel de littérature, c’est quand même le moins qu’on pouvait attendre de lui ! Mais je n’ai absolument pas compris sa façon de découper ce roman en petit chapitres et à l’intérieur des chapitres en petits paragraphes numérotés !

En réalité, j’ai eu l’impression d’un brouillon de roman, d’une envie de raconter quelque chose mais de ne pas aboutir à un vrai roman.

Extraits

 

Début.

1. Femme est la première à lui donner du mal, suivi peu à peu après par l’homme.

2. Au début il y a une idée très claire de la femme. Elle est grande et élégante ; ce n’est pas une beauté au sens conventionnel du terme, mais sa chevelure brune, ses traits -yeux bruns, pommettes hautes, lèvres pulpeuses – sont frappants et sa voix grave de contralto à un charme magnétique suave.

Intéressant .

– Alors vous avez toujours été pianiste. Depuis l’enfance.
 L’air grave le polonais réfléchit au terme de « pianiste ».
 » J’ai été un homme qui joue le piano, finit-il par répondre. Comme l’homme qui poinçonne les tickets dans le bus. C’est un homme et il poinçonne les tickets, mais n’est pas un poinçonneur.’

Des rapports bien loin de la passion amoureuse.

 « Une vie ordinaire côte à côte – voilà ce que je veux. Pour toujours. L’autre vie aussi, s’il y a une autre vie. Mais sinon, d’accord j’accepte. Si vous dites non, pas pour le reste de la vie, juste pour cette semaine -d’accord j’accepte ça aussi. Pour juste un jour, même. Pour juste une minute. Une minute suffit. C’est quoi le temps ? Le temps n’est rien. Nous avons notre mémoire. Dans la mémoire il n’y a pas le temps. Je vous garderai dans ma mémoire. Et vous, peut-être vous vous souviendrez de moi aussi.
– Quel homme étrange vous faites bien sûr que je me souviendrai de vous. »
 Elle prononce ces mots sans réfléchir, les ententes résonner singulièrement à son oreille. Qu’est- elle en train de dire ? Comment peut-elle promettre de se souvenir de lui alors qu’elle a toutes les raisons de penser que l’épisode du musicien polonais qui lui a rendu visite à Soler ça se trompera peu à peu jusqu’à n’être plus qu’une poussière au jour de sa mort ?
Éditions Actes Sud,134 pages, juin 2025.
Traduit de l’allemand par Stéphanie Lux

Je suis souvent à la recherche d’auteurs allemands pour participer au mois de « feuilles allemandes » de novembre, je n’ai donc pas hésité à candidater à Masse critique de Babelio pour ce roman. Mais …

 Voici le fil narratif : un homme d’affaire d’aujourd’hui, très occupé, rencontre à côté de sa maison de campagne, Karl, un homme amoureux de la nature qui vit totalement différemment de lui et du monde moderne, il sait, en effet, profiter de tous les instants que lui offre la vie dans la nature et cultive des pommes de terre à qui il parle pour les aider à combattre les mauvaises herbes !
Les deux hommes éprouvent un fort lien d’amitié, chacun ayant une souffrance à surmonter : le narrateur, quand il était enfant, a été enfermé quelques heures, dans un placard à balais par une animatrice de ski, et Karl le cultivateur de pommes de terre à une maladie auto-immune inguérissable ce qui donne à sa vie un tout autre sens. (Le parallèle entre les deux malheurs ne m’a pas semblé du même ordre !)
Franchement, c’est peu de dire que je n’ai pas adhéré à l’histoire, j’ai même failli lâcher ce court récit de 135 pages, quand Karl explique qu’il parle à ses plants de pommes de terre.
Le retour aux valeurs de la nature avec des personnages si peu incarnés m’a laissée de marbre et parfois frise le ridicule.
Bref, une énorme déception.

Extraits

Début.

5h12. Tous les matins je me réveillais à la même heure. Depuis plusieurs mois, déjà. Peu importait le jour de la semaine. Peu importait l’heure à laquelle j’allais me coucher, ou quelle tisane « nuit tranquille » je buvais. Ce samedi matin de juin n’a pas fait exception. J’étais parti seul à la campagne – ma femme suivait une formation, et nous enfants avaient des plans avec leurs amis.

L’homme moderne très occupé .

 Il y avait tout ce qu’il fallait : la rosée du matin sur les prés verdoyants, le chant d’un merle, le sol souple de la forêt sous mes pas. Mais il y avait aussi ce mur invisible entre moi et le monde.
 Et ainsi, à chaque pas ce n’est pas de la nature que je me rapprochais, de ce sentiment de légèreté auquel j’aspirais, mais de mon bureau mental. Et comme d’habitude, il était bien encombré : la conférence de rédaction de mardi prochain, la discussion d’hier vendredi, cette personne à qui je devais absolument écrire un mail après le petit-déjeuner, cette autre que je devais absolument réussir à joindre. Sans parler du cadeau d’anniversaire de ma tante que je devais encore acheter, si tant est que je trouve une idée.

Description « cucul » (pour moi) de la femme de Karl .

 Une fois la visibilité devenue meilleure la femme de Karl se tenait devant moi. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Heidi, l’héroïne des livres de mon enfance. C’était peut-être ses joues rouges comme deux pommes, ses yeux rieurs, son charme nature. On aurait dit un champ de fleurs. Cette femme respirait la fraîcheur et la joie de vivre. Elle a immédiatement trouvé une place dans mon cœur.

Quand j’ai failli lâcher le livre !

Chaque année, il mettait 77 000 plants en terre, qui donnaient 770 770 pommes de terre. Et son rituel le plus important se déroulait le jour de son anniversaire, le 30 avril. Une fois qu’il avait soufflé ses bougies, il se rendait seul sur son champ, et parcourait chaque rangée en disant un mot gentil mais ferme à chaque plant. Il les exhortait, cette année encore, à ne pas le laisser tomber, à vaillamment lutter, en un combat sacrificiel, végétal contre végétal, contre les mauvaises herbes, mais aussi contre les champignons. Et il leur disait que même s’il les vendait, le cœur gros, juste après leur naissance, il les aimait beaucoup. 


Éditions de La Martinière, 296 pages, Août 2024

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

Le principal intérêt de ce livre, a été pour moi de me faire réécouter les nombreux interviews Marguerite Yourcenar. Je pense que mon préféré est celui qu’elle accorde à Bernard Pivot. Tout le monde souligne la qualité de son expression et aussi son regard lumineux.

Le livre raconte les dernières années de cette Grande écrivaine, en particulier une dernière rencontre au moment de la fin de la vie de Grace la femme qu’elle a aimée et qui a été sa traductrice et sa secrétaire. Sans doute à cause du cancer qui la faisait à la fois mourir et terriblement souffrir, Grace est devenu désagréable et cherche à isoler Marguerite Yourcenar de tout nouveau contact avec des personnalités extérieures. Alors quand arrive un jeune américain Jerry Wilson, Grace comprend immédiatement le danger. Jerry est homosexuel et peu cultivé mais cela n’empêche pas cette femme de 78 ans de tomber amoureuse du très jeune homme. Cet amour est horrible, car Jerry ne lui a épargné aucune humiliation. il a imposé la présence de son amour, drogué qui ne cherche qu’à demander de l’argent à cette « vieille catin ». Il a su avant ces épisodes se rendre indispensable et lui apporter la joie des voyages.

Pourquoi suis-je si sévère avec ce livre ? Je ne vois pas ce qu’il peut apporter à la connaissance de cette grande écrivaine. Je reconnais que l’auteur essaie de respecter la femme et de comprendre son jeune amant, alors que la situation a soulevé tant de moqueries.

Je vous conseille de l’écouter et de relire cette écrivaine.

Extraits

Début de l’introduction.

Aujourd’hui, Marguerite Yourcenar est reçue à l’académie française. 
Quai Conti, les heureux invités sont persuadés de connaître leur sujet. Ils égrènent les faits tangibles. Révisent les dates officielles de la fruse, répétées à plus souf par les journaux et la télévision. 1903 et 1981, extrémités d’un parcours d’exception écartelée entre deux continents et deux âges. Acte de naissance bruxelloise dans une époque dite belle, enrubanée de froufrou mais menacée d’apocalypse. Et en ce jour, donc consécration valant inhumation.

L’opinion de Marguerite Yourcenar sur Colette.

Colette est mentionnée comme en passant, par acquis de conscience
 Qui connaît le mépris que Yourcenar professe en privé pour cette représentante archétypale d’une France qu’elle déteste, populaire mais chichiteuse, archaïque et popote ?

Début du roman.

Elle ne se souvient plus de la première fois qu’elle l’a vu. Elle se rappelle les circonstances, bien sûr – le tournage de cette émission lamentable dont personne n’a compris, elle la première pourquoi elle avait accepté d’y participer. Mais elle n’est plus sûre du moment exact de sa présence à lui.

Une belle et triste image.

L’île restait encore, à défaut du havre de paix qu’elle avait été pour elle jadis , un bon port d’attache. 

Mais quand on ne peut plus lever l’ancre, se disait-elle dans des moments de découragement, un port d’attache n’est qu’un hangar à épaves. 

Quelle importance de savoir cela ? (Après une séance de dédicaces )

– Croyez-vous que c’est une partie de plaisir pour moi ? J’étais à l’agonie !
Il ne la croit pas. Il a vu avec quelle bonne humeur elle se livrait à l’exercice. Comment lui jeter la pierre ? N’a-t-elle pas été sevrée de tout contact direct avec ses lecteurs pendant ses années américaines ? Mais l’a appris à ses dépens, elle est sensible à la flatterie. Pire. Marguerite a beau ne jurer que par la simplicité, Yourcenar, elle, est capable de snobisme.

 


Éditions de l’Olivier, 263 pages, septembre 1997.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

J’apprécie beaucoup la personne qui a mis cet auteur au club de lecture, j’ai voulu jouer le jeu et donc, j’ai de nouveau lu un roman de son auteur fétiche. Nous retrouvons un Paul dépressif, gravement cette fois, car il est interné dans une clinique psychiatrique à Jérusalem, nous retrouvons Anna sa femme victime d’un accident, elle aura la main coupée dans un accident de ski nautique, nous retrouvons la tondeuse à gazon, et la haine de l’auteur pour les religions, ici le judaïsme.

Donc le roman peut s’installer, Paul va divorcer d’Anna qu’il a beaucoup aimée, il est le jumeau d’un Simon diabolique et extrémiste juif qui va le manipuler et le faire mourir dans la clinique psychiatrique. Entre temps, il sera amoureux d’une superbe météorologue ce qui nous vaut de belles scènes érotiques.

Je n’ai pas réussi à m’intéresser à cette histoire si ce n’est aux descriptions très réalistes des phénomènes météorologiques. Il y a aussi de très belles scènes érotiques, je dois le dire si cela peut vous motiver à lire ce roman .

Comme le rendez-vous du club aura lieu avant que je fasse paraitre ce billet, j’espère pouvoir vous expliquer pourquoi cet auteur plaît tant aux lectrices de mon club.

Sur mon blog cela fait le quatrième roman de cet auteur : (les accommodements raisonnables 22 février 2021) (Une vie française 2 septembre 2024) (Si ce livre pouvait me rapprocher de toi 6 septembre 2024)

 

Extraits.

Début.

J’ai enterré trop de chiens pour feindre d’ignorer ce qui m’attend. Tout n’est plus désormais qu’une question de temps, de patience. Autrefois, je me vantais d’aimer la compagnie des mouches. Désormais, je trouve leur empressement déplacé quand je les vous, fébriles, téter mon épiderme.

La belle famille.

Plus tard, une fréquentation plus assidue de ma belle famille devait me révéler que mon premier jugement avait été le bon. Les Baltimore n’étaient pas véritablement antisémites, mais, pour autant, ne se cachaient pas de leur défiance vis-à-vis de tout ce qui n’était pas blanc, occidental et chrétien.

L’indispensable tonte de gazon.

J’ai toujours aimé tondre les pelouses. C’est une de les douces perversions. Pour tromper mon angoisse et tandis qu’Anna se reposait sous la véranda, je décidai donc de me livrer à cette activité. Je ne possédais alors, qu’une modeste machine autotractée, qu’il fallait en réalité pousser comme un damné….

Anna, sa femme.

Aujourd’hui, avec le recul, je dirais de ma femme qu’elle savait souffrir en silence et tourmenter les autres par ses propos. Elle était, certes, intransigeante, mais possédait aussi cette qualité rare qui me fascinait, à laquelle je tenais plus, que tout et qui me faisait oublier le reste : Anna était incapable de simuler. Qu’il s’agît de plaisir ou de bonheur.

L’humour.

Au fil de mes voyages, j’ai découvert que les Québécois étaient des Français bien élevés. Là-bas rien ne semblait grave. Pas même d’être chauve. Un proverbe ne disait-il pas : » le Seigneur est juste, le Seigneur a donné un cerveau aux justes, et juste des cheveux aux cons. » ?

 


Éditions de l’olivier, 142 pages, janvier 2025

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

Je n’arrive pas à comprendre le pourquoi de ce roman ? Jacques, le beau père de l’écrivaine est un personnage qui a passé son temps à dépenser l’argent qu’il n’avait pas. Les enfants l’ont aimé car il était flamboyant, mais ont compris aussi qu’il était toxique. Mais en quoi cela mérite-t-il de faire le sujet d’un livre ?

C’est un roman qui se lit en une soirée et comme j’écris ce billet deux jours après je cherche dans ma mémoire les traces qu’il a laissés. C’est un vide abyssal !

J’ai vu passer des critiques où on parle de délicatesse et je crois me souvenir que j’ai apprécié la volonté de l’écrivaine de ne pas juger cet homme avec ses yeux d’adulte : enfant elle se sentait flattée d’être apprécié par lui.

Je crois que je n’en peux plus de tous ces récits autobiographiques qui, nous disent la quatrième de couverture, sont « des blessures ouvertes » .

 

Extrait

Début.

Il somnolait toute la journée assis sur le canapé, la tête renversée en arrière, les mains à plat sur les genoux. Il était devenu très maigre. J’étais fascinée par l’armature de ses os sous le pyjama. Ses yeux étaient creusés. Quand il les ouvrait, il avait l’air méchant ; quand il les fermait, il avait l’air d’un mort. De temps en temps, je m’ approchais pour vérifier qu’il respirait toujours. J’avais peur qu’il meure sans bruit près de moi, sans que je m’en aperçoive. 

 


Éditions Seuil Cadre Noir, 299 pages, mars 2025

Reçu dans la cadre de Masse Critique Babelio

 

 

J’avais gardé un souvenir mitigé mais positif de « Pension Complète » , cela m’a donc fait plaisir de me lancer dans cette lecture. Je suis terriblement déçue , et j’avoue avoir lu en diagonale les trois quart du livre. Je ne l’aurais certainement pas terminé si je ne m’étais pas engagée pour Babelio.

Jacky Schartzmann, décrit une plongée dans la mouvance d’extrême droite qui a eu le vent en poupe lors de la campagne présidentielle d’Éric Zemmour. Les personnages sont soit complètement caricaturaux soit à la limite de la caricature.

Pourtant ce roman répond à une de mes interrogations, comment l’extrême droite en France peut-elle penser un jour prendre le pouvoir ? Ce sont des gens très dangereux et capables d’actions très violentes, ils s’appuient sur des gros bras qui ne supportent plus la présence de musulmans noirs ou arabes sur notre territoire. Je sais cela, mais cela ne fait pas un bon roman.

Le roman noir, avec tous ses rebondissements classiques, et quelques touches d’humour, plaira peut être aux amateurs ou amatrices du genre. Je n’en fais visiblement pas partie.

Extrait.

Début.

Je suis un bâtard en retraite. J’étais commercial, dans un grand groupe. Mon job consistait à vendre très vite et très cher, afin d’augmenter nos marge et de gonfler notre trésorerie. Et c’est tout. Plusieurs révolutions ont secoué l’industrie ces trente dernières années : les chefs de service sont passées de la clope au running, de l’approbation aux infusions froides et du droit de cuissage au consentement.

Caricatural.

Exactement, Jean-Marc. Y a pas de slogans compliqués chez nous. C’est d’ailleurs pour ça que nous voulons tant qu’Éric Zemmour accède aux responsabilités, il est comme nous pas compliqué. Des constats simples, des actions simples.
– Simplistes aussi non ?
– Vous croyez ça, Jean-Marc ?
– Il n’y a pas de réponses simples à des problèmes complexes. 
– C’est là que vous vous plantez : il n’y a pas de « problèmes complexes » en réalité . Des étrangers prennent le pain et le travail des Français. Rien de plus simple.


Édition j’ai lu, 312 pages, septembre 2024

Traduit de l’italien par Liliane Guilard 

Ce livre décrit quelque chose que j’avais bien oublié et que, peut-être je ne savais pas vraiment : il fut une époque où on ne pouvait pas acheter un vêtement tout fait : il fallait donc faire appel à une couturière, qui, suivant le statut social des gens qui avaient besoin de vêtements, s’installaient chez les riches ou faisait son travail chez elle pour les plus pauvres. Nous sommes en Italie avant 1900 , et ce qui est saisissant c’est le fossé qui sépare les riches des pauvres. quand je pense qu’aujourd’hui on parle de « fracture social » à cette époque en Italie « un gouffre » sépare la petite couturière des riches nobles ou bourgeois de la ville.

On voit aussi à quel point le statut de la femme rend la différence sociale plus terrible encore. Le maître de maison a tous les droits sur des jeunes femmes sans défense et plane alors sur elles le terrible sort des prostituées.

Tout cela est fort intéressant mais ce qui l’est moins c’est le roman d’amour qui est le second intérêt de ce roman et là, on est dans la romance la plus classique , bien loin du fameux gouffre qui sépare les classes sociales .

Ce roman reste intéressant pour le travail de la petite couturière, beaucoup moins pour l’intrigue, mais finalement cela peut aussi faire du bien de lire une belle histoire d’amour à laquelle on ne croit guère.

Il se trouve que je chronique deux livres qui raconte les rapports entre les riches et leurs employés mais on ne retrouve pas dans celui-ci la force qui existe dans « la petite bonne » . L’horreur est la même mais la façon de raconter tellement différente aplanie par la romance amoureuse qui, cependant, n’est pas totalement à l’eau de rose.

Extraits

Début.

 J’avais sept ans lorsque ma grand’mère a commencé à me confier les finitions les plus simples des vêtements qu’elle confectionnait à la maison pour ses clientes, quand ces dernières ne lui demandaient pas de venir travailler chez elles. De notre famille, il ne restait que nous deux après l’épidémie de choléra qui avait emporté sans distinction de genre mes parents, mes frères et soeurs et tous les autres enfants et petits-enfants de ma grand’mère mes tantes, oncles et cousins. Je suis toujours incapable de m’expliquer comment nous avons réussi à y échapper.

La spécialité de sa grand-mère

La spécialité de ma grand-mère était le linge : trousseaux complets pour la maison, draps, nappes, rideaux, mais aussi chemises pour hommes et femmes, sous-vêtements, layettes pour bébés. À l’époque, seules quelques boutiques haut de gamme vendaient ces vêtements prêts à être portés. 

Le scandale .

Ce qui avait suscité l’indignation de ces messieurs , ce n’était pas la confection des robes, mais le tissu, cette belle soie aux motifs si exotiques sur laquelle nos doigts s’étaient fatigués un mois entier. Pourquoi ? Parce que beaucoup l’avaient reconnu comme provenant d’un célèbre lieu de péché, une célèbre maison de tolérance dont leurs épouses, et à fortiori la reine, n’étaient pas censées soupçonner l’existence. 

Les riches.

La vie m’a appris à respecter les gens riches, quel que soit leur âge, leur caractère, leurs actions. Le fait d’être riches les rendait puissants, plus forts que nous, capables de nous écraser, de nous détruire en un claquement de doigts. Les riches ne devaient pas nécessairement être admirés, notre jugement à leur égard pouvait également être critique, voire plein de mépris. Mais nous ne devions jamais l’exprimer. Et surtout jamais en leur présence. Avec eux, nous devions être respectueux en toutes circonstances.

 

 


Édition Grasset, 492 pages, août 2015

Voilà donc mon deuxième essai avec cet auteur, ce sera le dernier ! Après « Perpective(s) » voici une autre déception plus forte encore. J’espère bientôt arrêter cette série négatives sur Luocine, la seule chose qui me fait du bien c’est de savoir que comme moi vous avez trop de sollicitations et que, comme moi vous n’avez pas le temps de tout lire. Je pensais vraiment adorer ce roman qui se passe dans le milieu universitaire -non pas celui qui m’a formée car je suis provinciale – mais de gens dont j’entendais tout le temps parler : Saussure le maître de tous les linguistes, Jakobson, Derrida, Foucault, Chomsky et puis le gotha parisien, Sollers, Kristeva, BHL, et par dessus tout ça l’élection de Mitterrand .

Ce roman se veut une farce, une parodie, un blague, enfin un OLNI : un objet littéraire non identifié, où chaque chapitre cache une référence à un moment culturel, ce qui m’a complètement lassée autant d’érudition pour un livre si peu intéressant ! (Évidemment, ce n’est que mon avis !) .
Tout commence par la mort de Roland Barthes, qui, heurté de plein fouet par une camionnette, meurt quelques jours plus tard, non sans avoir fait comprendre qu’on lui avait dérobé un document important. Commence alors pour le policier Bayard et son acolyte Simon professeur de Sémiologie une course sans fin pour récupérer ce fameux document. On ira donc dans tous les endroits branchés dans Paris, ceux où on peut avoir des relations sexuels entre hommes, entre femmes et parfois hétérosexuels, mais toujours sous alcool et drogue. On entend parler d’une maladie qui attaque les homosexuels, mais on y croit à peine . On ira aussi à New York pour un colloque sur la langue, toujours pour comprendre ce qu’est la septième fonction du langage. Nous irons aussi à Venise à la rencontre de Umberto Ecco, référence évidemment au « Nom de la Rose », (mais on est tellement loin de la réussite de ce roman !). Tout cela avec le débat politique entre Giscard qui parle en chuintant et Mitterrand dont il faut limer les canines !

J’ai lu sans plaisir mais avec attention plus de la moitié de ce roman, et puis je l’ai terminé en diagonale car vraiment rien ne m’intéressait, cette destruction du monde intellectuel parisien et des penseurs de cette époque était vraiment pénible. J’ai retrouvé ce qui m’avait déplu dans « Perpectives », un récit touffu qui passe d’un monde à l’autre, tout cela avec une intrigue qui visiblement est le cadet des soucis de l’auteur et donc du nôtre. Je pense que l’auteur s’est bien amusé à mettre tous ces personnages en scènes, BHL et sa chemise blanche ouverte, Sollers et ses propos tournant toujours autour de la sexualité, Althusser qui étrangle sa femme, Chomsky qui crache sa haine contre Derrida … Malheureusement, son amusement de l’entre-soi parisienne m’a vraiment ennuyée !

Extraits

Début.

 La vie n’est pas un roman. C’est du moins ce que vous voudriez croire. Roland Barthes remonte la rue de Bièvres. Le plus grand critique littéraire du XX° siècle à toutes les raisons d’être angoissé au dernier degré. Sa mère est morte avec qui il entretenait des rapports très proustien. Et sont cours au Collège de France intitulé « la préparation du roman » s’est soldé par un échec qu’il peut difficilement se dissimuler : toute l’année il aura parlé à ses étudiants de haikus japonais, de photographie, de signifiant et de signifié, de divertissement pascalien, de garçons de café, de robes de chambre ou de place dans l’amphi – de tout sauf du roman.

Les intellectuels à l’hôpital.

 Les trois anges de la vengeance reviennent déchaînés du royaume des morts : « c’est un mouroir ! C’est un scandale ! De qui se moque-t-on ? Pourquoi personne ne nous a prévenus ? Si nous avions été là ! » Dommage qu’il n’y ait pas eu de photographe dans la salle pour immortaliser ce grand moment de l’histoire des intellectuels français : Kristeva, Sollers, BHL. en train de houspiller le personnel hospitalier pour dénoncer les conditions indignes dans lesquelles on traite un patient aussi prestigieux que leur grand ami Roland Barthes.

Gentillesse entre intellectuels.

 Officiellement, les deux hommes sont ici parce que Deleuze a été mis en cause par BHL. L’interrogatoire commence donc pas A comme accusation.
 « Monsieur Deleuze, on nous a fait part d’un contentieux entre vous et Roland Barthes. Quelle en était la teneur ? » Deleuze porte à sa bouche une cigarette à demi consumée mais éteinte. Bayard remarque les ongles anormalement longs. « Ah bon ? ah non. J’ai aucun contentieux avec Roland, en dehors du fait qu’il a soutenu cette nullité, là, le grand con avec sa chemise blanche. »

Typologie des joueurs de billard.

 Simon entend le jeûne mieux habillé contester un point de règle.  » Non, les deux coups en cas de faute de l’adversaire ne sont pas cumulables si tu rentres une boule à toi sur ton premier coup. » Étudiant en droit deuxième année ( a probablement redoublé sa première année). Vu les fringues, veste, chemise, Simon dirait Assas. L’autre lui répond en insistant sur les mots :  » OK, pas de problème, cool, comme tu préfères. Moi je m’en fous. Ça m’est égal.  » Psycho, deuxième année (ou redouble sa première) . Censier ou Jussieu (il joue à domicile, ça se voit). La jeune fille émet un petit sourire faussement discret mais qui se veut entendu. Elle a des kickers bicolores aux pieds indignes a un revers bleu électrique, une queue de cheval attachée par un chouchou et elle fume des Dunhill Light : lettres modernes première année Sorbonne ou Sorbonne Nouvelle, probablement un an d’avance.

Genre de propos qui ne me font même pas sourire.

Sollers écarte les bras comme s’il battait des aile, et déclare avec enthousiasme :  » Ce pape est tout à fait à mon goût ! ( Il croque dans une asperge.) N’est-il pas sublime quand il descend de son avion pour baiser le sol qui l’accueille ?… Quel que soit le pays, le pape se met à genoux comme une prostituée magnifique qui s’apprête à vous prendre dans sa bouche et il baise le sol… ( Il brandit son asperge à demi croquée) Ce pape est un baiseur, que voulez-vous … Comment pourrais-je ne pas l’aimer ?.. »
 Le couple de New-Yorkais glousse de concert.
 Lacan aimait un petit cri d’oiseau en levant la main mais renonce à prendre la parole. Hélène, qui a de la suite dans les idées comme tout bon communiste demande :  » Et lui vous croyez qu’il aime les libertins ? Aux dernières nouvelles, il n’est pas très ouvert sur la sexualité. ( Jette un regard à Kristeve.) Politiquement, je veux dire »
 Sollers émet t un rire bruyant qui annonce une stratégie dont il est coutumier et qui consiste à embrayer, à partir du sujet de départ sur à peu près n’importe quoi sans transition : « C’est parce qu’il est mal conseillé … Du reste, je suis sûr qu’il est entouré d’homosexuels … Les homosexuels sont les nouveaux jésuites … mais sur ces choses-là ils ne sont pas forcément d’aussi bons conseils … Quoique … il paraît qu’il y a une nouvelle maladie qui les décime … Dieu a dit croissez et multiplier … La capote … Quelle abomination ! … Le sexe aseptisé …Les corps calleux qui ne se touche plus … Pouah … Je n’ai jamais utilisé une capote anglaise de ma vie … Pourtant, vous connaissez mon anglophilie … Envelopper ma bite comme un bifteck… Jamais ! …

 

 

 

Édition Albin Michel, 419 pages, mai 2024

Traduit de l’anglais par Paul Matthieu

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

Prenez tout votre courage pour lire ce roman, vous partirez dans les scènes de saouleries à la bière, de rails de coke à vous exploser le nez, de bars glauques où on a le droit de mettre la main aux fesses des serveuses, des coups de poing qui partent en bagarre sans qu’on sache pourquoi, d’une mère dépassée et d’un père violent et qui a abusé son fils aîné aujourd’hui totalement détruit. Je dois avouer que les scènes d’alcool et de drogue ont fini par me lasser. Le personnage principal avait pourtant fait des études mais il est revenu à Belfast où l’attendait des « amis » qui n’avaient jamais quitté cette ville où, semble-t-il, être à jeun est totalement anormal. Le pire c’est cet effet d’entraînement où personne ne peut résister à celui qu’offrent l’alcool et la drogue. C’est terrible et tellement répétitif . Pourtant, le personnage est attachant et si je n’avais pas été tellement dégoûtée par toutes le scènes de beuveries j’aurais lu plus attentivement ce roman pour mieux comprendre son intérêt : cerner la difficulté d’être vraiment maître de sa destinée sans pour autant renier ses racines.

Extraits

Début

 C’était trois fois rien. J’ai balancé un coup de poing et il s’est écroulé. Une fille s’est précipitée et m’a poussé : Pourquoi t’as fait ça ? Le type était étendu par terre, à mes pieds et il y avait des gens partout autour qui braillaient. Le temps que je réussisse à m’extraire de la mêlée, deux Land Rover sont arrivées. Un flic à l’air blasé et au front dégarni s’est approcher de moi.

Mac do le soir

 Les lumières étaient d’une blancheur impitoyable, tout le monde avait une tête de déterré, et il régnait une ambiance vraiment atroce, cruelle, comme à la cantine du lycée, sauf que là tout le monde est bourré et se croit super marrant. Pour les pauvres clampins derrière les caisses, c’était l’horreur. J’avais sincèrement pitié pour eux. Ce n’est pas comme bosser dans un bar, il n’y a pas la musique pour faire écran, et les gens peuvent vraiment être infects quand ils sont torchés . Ils ne pensent pas à mal, la plupart veulent juste rigoler, mais quand vous êtes debout depuis midi et qu’il est deux heures du mat, la dernière chose dont vous avez envie c’est de vous faire gueuler dessus par un connard ivre mort qui trouve que son Big Mac met trop longtemps à arriver. Rien qu’à voir ça tu en viens à détester le monde entier.

Son frère

 Parce que Anthony selon toute probabilité, se mettrait en quête d’un autre endroit où aller dès que le bar annoncerait que c’était l’heure des dernières commandes, et si vous aviez une piaule à dispo pas loin, sans personne, pas de femme, pas de gamins, il viendrait squatter chez vous. Pas moyen d’y échapper. De sorte que boire avec lui quand vous n’étiez pas au même niveau vous donnait l’impression de subir une forme de torture . Sa mission était de vous faire sombrer aussi bas que lui. Et au bout du compte c’était ce qui rachetait tout ce calvaire, parce que une fois que vous étiez aussi ravagé que lui vous pouviez vous éclater comme jamais.

Le ton du livre et c’est à peu près tout le temps comme ça

 On n’avait pas prévu de boire autant ce jour-là, mais il faisait un temps agréable et il y avait plein de bars dont les terrasses se remplissaient à mesure que l’après-midi avançait, ce qui nous permettait d’économiser quelques billets en finissant les pintes les gens laissaient sur les tables au moment de s’en aller.