Traduit de l’anglais (Canada)par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso

PS. : Je suis un peu étonnée par certaines formulations un peu relâchées, sont elles voulues par l’auteur ou un effet de traduction ?

4Je ne suis visiblement pas la seule à n’avoir pas entendu parler d’Alice Munro avant l’attribution de son prix Nobel. Mais quelle écrivaine, comment puis-je lire très régulièrement et passer à côté d’une telle auteure. Je ne suis pas une adepte des nouvelles mais je ne peux que vous recommander : « Fugitives » , ces huit femmes ne sont pas prêtes de vous quitter. Je suis mal à l’aise avec les nouvelles car je n’aime pas passer de l’une à l’autre. Je reste imprégnée par l’atmosphère de la précédente quand je lis la suivante et dans ce recueil ,il ne le faut pas. Chaque destin est différent, ils n’ont en commun que d’être celui de femmes qui fuient, ou, parfois, n’ont qu’envie de fuir un destin qui n’est pas tout à fait le leur.

Tout est dit avec beaucoup de pudeur, sans drames inutiles, à la manière de la vie ordinaire. Ça fait mal, parfois, mais ça passe , tout passe n’est ce pas ? Même la séparation brutale avec un enfant adulte ; comme cette Pénélope qui a rompu complètement avec une mère folle de douleur et d’incompréhension et qui en vieillissant « continue à espérer un mot de Pénélope, mais sans aucun acharnement. Elle espère comme les gens espèrent sans se faire d’illusion des aubaines imméritées, des rémissions spontanées , des choses comme ça. ».

J’ai lu et relu « Passion » le personnage de Grace m’a complètement bouleversée. Cette jeune femme aurait pu devenir une réplique de la jeune américaine classique , un homme passe, dangereux et alcoolique , mais elle franchit grâce à lui le pas nécessaire pour sortir de la voie toute tracée du destin , on peut penser qu’ensuite elle vivra pour elle et non pas pour l’image qu’elle veut donner d’elle.

J’ai évidemment été très émue par le destin de Robin qui a raté de si peu sa véritable histoire d’amour.
Tout cela est important mais dit si peu du talent de cette auteure qui sait mettre en scène des ambiances, des personnalités , aucun personnage n’est bâclé, tous retiennent notre attention et nous rappellent des gens que nous rencontrons dans la vie.

La dernière nouvelle « Pouvoir » m’a légèrement déçue. Mais justement ,c’est cela qui m’agace si fort dans les nouvelles : on a du mal à ne pas les comparer les unes aux autres .

 Citations

Vision de la femme, vision de l’homme :

Mme Travers avait fait un premier mariage avec un homme qui était mort. Elle avait gagné sa vie et entretenu son enfant , en enseignant l’anglais commercial dans une école de secrétariat . M Travers quand il évoquait cette période de la vie de sa femme avant leur rencontre en parlait comme d’une épreuve presque comparable au bagne, que pourrait à peine compenser une vie entière d’un confort qu’il était heureux de procurer. Mme Travers elle-même n’en parlait pas du tout de cette façon.

Réaction de Grace après avoir vu Elizabeth Taylor dans « Le père de la mariée » :

Grace ne pouvait expliquer ni tout à fait comprendre que ce n’était pas de la jalousie qu’elle éprouvait , en définitive, c’était de la rage. Et pas parce qu’il lui était impossible de courir les magasins ou de s’habiller comme ça. C’était parce que les filles étaient censées ressembler à ça. C’était ainsi que les hommes -les gens , tout le monde- pensaient qu’elles devaient être. Belles, adorables, gâtées, égoïstes , avec un pois chiche à la place du cerveau. C’était ainsi qu’une fille devait être pour qu’on en tombe amoureux . Ensuite elle deviendrait une mère et se consacrerait tout entière à ses enfants avec une affection baveuse. Elle cesserait d’être égoïste mais garderait son pois chiche à la place du cerveau. À tout jamais.

Fragilité masculine :

Les femmes ont toujours quelque chose à quoi se raccrocher pour continuer. Quelque chose que les hommes n’ont pas.

Toujours vrai :

« Petite » Ginny est au moins aussi grande que lui et l’envie m’a démangée de le lui dire. Mais c’est extrêmement rosse de parler de taille avec un homme tant soit peu déficient dans ce domaine et je suis donc restée coite.

 On en parle

« Les fanas de livres  » blog que je lis régulièrement.

97079299Traduit du Suédois par Jeanne Gauffin 

4J’ai trouvé ce roman chez Hélène, et son enthousiasme m’a convaincue. Je sortais d’un roman très dense et j ai faili passer à côté du charme de ce tendre récit. Après une première page prometteuse, où la grand-mère et la petite fille recherchent un dentier dans un massif de pivoines , j’ai commencé à m’ennuyer. Dans ce cas là, je vous l’avoue, je peste après les blogueuses amies : « Mais qu’est ce qu’elle a bien pu lui trouver à ce bouquin ! » « Je ne suivrais plus jamais ses conseils ! ». Et puis , petit à petit le charme à commencer à opérer, j’ ai résisté …. et puis….j’ai succombé !
Avec une pudeur très suédoise, Tove Janson nous fait comprendre les joies et les peines d’une petite qui vient de perdre sa mère. L’affection de sa grand-mère se manifeste par des gestes et des actes plus que par les mots. (On est chez les gens du nord). Sophie a la chance d’avoir une grand-mère qui entre dans son imaginaire, ensemble, elles reconstruisent une île où le bonheur est possible. La construction romanesque est originale, car on passe du point de vue de l’enfant à celui de la grand-mère , il n y a pas un narrateur mais deux. Le père est là , très important pour l’enfant mais ne rentre pas dans la narration.
J’ai parfois du mal à comprendre la nature qui les entoure, car elle est vue à travers l’imaginaire de l’enfant. C’est peut être pour cela qu’une premiere lecture trop rapide m’a ennuyée. Et puis, vous n’avez jamais d’explications psychologiques , c’est à vous de les construire. Par exemple, quand elles reçoivent une petite Bérénice amie de Sophie, le récit permet de comprendre qu’elle en devient jalouse parce que cette dernière capte l’attention de sa grand-mère.
Les faits sont racontés mais aucune explication n’est donnée. J ai souri aux discussions théologiques et j’ai bien retrouvé les remarques de mes petits enfants. Un petit air de mer et d’été qui fait du bien. Un grand merci Hélène et pour ceux ou celles qui veulent se laisser tenter , sachez que la forme n est pas évidente et peut , comme moi, vous dérouter , mais que c’est un petit bijou de tendresse et de pudeur.

Citations

Le deuil d’une maman

– Regarde, maman , cria-t-elle, j’ai trouvé un nouveau palais !
– Ma chère enfant , dit la grand-mère, je suis la maman de ton papa seulement .
Elle était ennuyée.
– Vraiment , cria Sophie, Et pourquoi serait-il le seul à pouvoir dire maman ?
Elle jeta le palais dans le canal et s’éloigna.

Discussion théologique

Elle demanda comment Dieu pouvait faire attention à tous les gens qui le priaient en même temps.
– Il est très sage, murmura la grand-mère en somnolant sous son chapeau .
– Réponds correctement, dit Sophie . Comment a-t-il le temps ?
– Il a des secrétaires …
– Mais comment arrive -t-il à exaucer votre prière s’il n’a pas le temps de parler avec ses secrétaires avant que ça ne tourne mal ?
Grand-mère fit semblant de dormir, mais elle savait bien qu’elle ne trompait personne et, finalement elle déclara qu’il s’était arrangé pour que rien ne puisse arriver entre le moment où on priait et celui où il recevait votre prière. Mais sa petite fille demanda alors ce qui arrivait quand on tombait d’un sapin et qu’on priait pendant qu’on était en l’air.

Les odeurs

Les odeurs sont importantes, elles évoquent tout ce qu’on a vécu,elles sont comme une enveloppe de souvenirs et de sécurité.

On en parle

Chez Hélène, bien sûr et Babelio où vous lirez deux critiques négatives de lectrices qui sont passées à côté de ce roman comme j’ai failli le faire.

Traduit de l’italien par Danièle VALIN
5
Les raisons pour lesquelles le billet de Dominique m’a fait lire ce livre, deviendront peut-être les vôtres et vous vous précipiterez vers ce roman. Allez, une fois n’est pas coutume, je commence par le seul point faible, selon moi, de ce ce merveilleux récit. Je n’arrive pas trop à adhérer à un aspect des deux personnages féminins, d’une beauté telle que tous les hommes chavirent devant elles ! Leur beauté extraordinaire et leur côté femme fatale ne m’ont pas convaincue.

Mais peu importe, le roman vous emportera comme tous ceux ,et toutes celles, qui l’ont plébiscité vers le Haut-Adige ou Tyrol du sud. Comme beaucoup, je ne savais rien de cette région offerte à l’Italie en 1918 , en compensation de la guerre 14/18, cette province autrichienne n’avait jamais été italienne. On imagine la stupeur des habitants- de pauvres paysans montagnards- qui se trouvent confronter à un monde italien qui, hélas pour eux, devient fasciste peu de temps après ! Le choix pour les habitants devient une véritable horreur : devenir fasciste italien ou revendiquer son appartenance à l’Allemagne nazi ! !

Là, je me suis dit, mais comment faire pour rester humains, simplement humain ! Le roman raconte cela et toutes les conséquences, jusqu’à l’assassinat d’Aldo Moro. Oui, toute l’histoire de l’Italie est là devant nos yeux mais vu de cette petite région qui n’avait rien demandé à personne. Les fils de la grand histoire se tressent avec la petite histoire de Gerda et de sa fille Eva, élevée sans père puisque l’auteur de ses jours n’a pas daigné la reconnaître, Eva est une femme libre qui mène sa vie sans rien devoir à personne sauf à sa mère qui s’est battue pour elle. Fille mère, c’est encore un scandale en Italie dans l’Italie des années 60. Eva traverse en train toute la botte italienne pour rejoindre celui qui aurait pu être un père pour elle : Vito , le carabinier italien qui a aimé Gerda la cuisinière tyrolienne. Aucun personnage n’est caricatural et le bien et le mal ne sont pas toujours faciles à reconnaître.

Que de personnages torturés, que de violence cachée et que de souffrances, tout cela parce que cette partie du Tyrol a été offerte à une Italie qui ne la demandait pas !

Citations

Aujourd’hui, un pays aux deux cultures

Après Sterzing/Vitipendo, un peu avant de sortir à Franzensfeste/Fortezza, Carlo s’est arrêté à l’Autobahnraststätte/Autogrill et nous avons mangé un belegtes Brötchen/sandwich.Puis nous avons quitté l’Autobahn/autoroute et nous avons payé au Mautstelle/péage Dans sa Volvo qui heureusement est suédoise et ne se traduit donc ni en allemand ni en italien . Bienvenue dans le Südtirol/Alto Adige, royaume du bilinguisme.

L’après guerre

Nazi, collabo, délateur, criminel de guerre, konzentrationslagerführe : ce n’étaient pas des mots mais des grenades qui n’avaient pas explosé, que l’on contournait sur la pointe des pieds , pour ne pas déclencher une détonation plus terrible, celle de la vérité.

La civilisation de l’argent

Italiens, Allemands ou Autrichiens étaient tous égaux pour Paul Staggl, du moment qu’ils laissaient leur argent dans les caisses des hôtels. Il avait compris bien avant la plupart de ses compatriotes que l’argent, non seulement n’a pas d’odeur, mais n’a pas d’ethnie non plus.

On en parle

chez Mango et Dominique

Traduit de l’anglais (des États-Unis) par Hélène Hinfray.
Avant propos de Mario Pasa.

3Si je cite l’auteur de l’avant propos , c’est qu’il raconte si bien à la fois ce livre et la personnalité de son auteur. C’est suffisamment rare pour être souligné. Il a bien de la chance , Mario Pasa de connaître Bill Bryson, on sent, en effet, sa sympathie pour un auteur hors du commun. Bill Bryson est un boulimique de connaissance et il sait les transmettre. Le projet de ce livre, c’est donc à partir de sa maison , un ancien presbytère britannique, retrouver l’histoire du monde.

On apprend donc beaucoup, sinon tout, sur les briques, le fer, l’acier,le téléphone, les toilettes, la propreté , les maladies, la condition ouvrière… On y croise des noms très connus : Eiffel, Darwin, Thomas More , Jefferson… et des noms beaucoup moins connus fort injustement. J’ai été , encore une fois, très étonnée de voir combien il est difficile de faire accepter les progrès en médecine. Deux exemples :

  • le scorbut , plusieurs personnes avaient fait la relation avec l’alimentation privée de produit frais sur les navires partant pour de longs mois. Mais il y avait toujours quelqu’un pour nier l’évidence et les pauvres marins continuaient à mourir, alors qu’il suffisait de les nourrir différemment.
  • La fièvre puerpérale , très vite on s’est rendu compte que la propreté des mains et des instruments des chirurgiens avait un rapport avec la mortalité des femmes , mais avant que ces messieurs acceptent de se laver les mains avant de s’occuper d’une parturiente , il a fallu tant de morts.

Évidemment avec Bryson on ne s’ennuie jamais et on s’amuse beaucoup quand on ne se révolte pas. Encore une fois, on voit que a condition ouvrière du début de l’ère industrielle est particulièrement horrible surtout pour les plus faibles : les femmes et les enfants.

J’ai deux petites réticences , mais qui n’ont absolument pas entaché mon plaisir.

  • J’ai eu parfois une impression de redite , avec son livre , « une histoire de tout ou presque » et d’autres livres que j’ai lus , en particulier sur la condition ouvrière du XIX° siècle .
  • Le rapport de ce qu’il raconte avec les pièces de la maison est, le plus souvent, tiré par les cheveux.

Citations

Je pourrai recopier tant de passages…. je n’en choisis qu’un

De toutes façon, le christianisme a toujours été curieusement mal à l’aise avec la propreté, et la tradition a très tôt assimilé sainteté et saleté. Quand Saint Thomas Becket rendit l’âme en 1170, ceux qui firent sa toilette notèrent en termes approbateurs que ses sous-vêtements « grouillaient de vermine ». Au Moyen Age, faire le vœu de ne jamais se laver était un moyen quasi infaillible de s’assurer une gloire éternelle . Beaucoup de gens, par exemple, faisaient à pied le pèlerinage d’Angleterre en Terre sainte, mais un certain moine Godric, qui l’effectua sans se débarbouiller une seule fois, ne pouvait que devenir saint Godric- c’était couru d’avance.

On en parle

Je n’ai pas encore lu de billets sur ce livre mais cela ne saurait tarder, je mettrai alors un lien

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Nicolas Richard

3Merci Jérôme. Sans ton commentaire à propos « d’Emily », je n’aurais certainement pas lu « Les joueurs » du même auteur. C’est un roman du quotidien, le quotidien d’un couple qui sait parfaitement se faire la guerre. Les petites remarques qui tuent, la parfaite bonne conscience de la femme qui ne veut plus aimer , ses faiblesses qu’elle préfère cacher , tout cela sonne juste. Lui, est plus surprenant, il veut absolument la reconquérir et misera sur la roulette du casino pour y arriver.

Sans être une charge contre les mœurs américaines, le regard de Stewart O’Nan est pertinent et rend son roman attachant. Les lieux touristiques américains, où, le plus souvent le supermarché est le point de passage obligé est criant de vérité. Ils s’étaient demandés en mariage aux chutes du Niagara , c’est donc là qu’ils reviennent. Lui plein d’espoir et cherchant maladroitement à refaire exactement le même parcours que du temps de leur amour. Elle maugréant et certaine que tout cela ne sert à rien , ne met pas beaucoup de bonne volonté pour vivre ce qui est, sans doute, leur dernière aventure. Les attractions : musée de cire, trajet sous les chutes, plate forme au dessus du vide….tout cela semble des pièges à gogos, surtout quand on a envie de vomir…

Ah oui ! j avais oublié une horrible gastro s’est invitée des leur arrivée. Mais rien n empêchera Art d’aller au bout de son projet : miser son couple sur un coup de roulette ! J’ai bien aimé également , l’analyse de leur déchéance financière. Certes, la société américaine est fondée sur la consommation et l’appât du gain , mais le surendettement des ménages est d’abord provoqué par les habitudes de consommation à crédit.

Enfin l’écriture est légère et souvent drôle à l’image des têtes de chapitres qui comme à la roulette sont calculés en terme de chance. Je vous donne un exemple : chance qu’un orchestre de jazz joue « My Funny Valentine » le jour de la Saint-Valentin : 1 sur 1. Et je vous laisse écouter cette fameuse chanson par Chet Baker.

Citations

Genre de dialogue de couples au bout du rouleau :

– Bon sang, dit-elle
– Quoi
– Rien.
– Tu fais ta tête contrariée.
– Je rumine.
– Il ne faut pas que tu rumines.
– Je ne le fais pas exprès, c’est plus fort que moi.
– Est – ce que tu rumineras encore quand on aura divorcé ?
– Pourquoi est – ce que j’arrêterais ?
– Je me disais que ça fonctionnait peut être comme la procédure de sur endettement, que tout serait pardonné.
– Navrée, il y a certaines dettes qu’il faut payer
– Ça valait le coup d essayer.
– Pas vraiment.

Pas mal vu :

Étant à jamais coupable, il se trouvait à jamais sans défense par rapport à elle, ce qui alimentait un ressentiment qu’il savait injustifié, le laissant démuni, sans rien d’autre pour contrer la colère de Marion que l’impatience, et, après si longtemps, l’épuisement.

On en parle

Chez Jérome bien sûr et Kathel et babelio où les avis sont parfois plus négatifs que le mien.

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Paule Guivarch

3
J’ai choisi ce livre pour l’anniversaire d’une de mes sœurs, voici la phrase que ma libraire a prononcée et qui m’a décidée :

C’est l’histoire d’une femme âgée qui nous fait découvrir l’Amérique sous un aspect nostalgique et émouvant. Elle découpe ses coupons de réduction, et va au restaurant quand il propose de se resservir gratuitement, et puis un jour elle achète une nouvelle voiture et son univers s’agrandit.

Je l’ai lu rapidement avant de l’offrir , je ne sais pas si ce roman lui plaira autant qu’à moi. Ce n’est pas un livre spectaculaire mais le quotidien de cette femme vieillissante est très bien raconté et m’a beaucoup émue. La seule chose que je ne comprends pas c’est son amour pour son chien vieillissant , mais c’est sûrement authentique. Le rapport avec ses enfants est très bien analysé. En le lisant je me faisais la réflexion, que lorsque j’étais jeune je lisais avec passion des romans montrant l’ascension des familles américaines. Aujourd’hui , je lis des romans racontant soit des univers totalement détruits, soit comme ici des vieillesses solitaires. Il n’y a rien de violent sous la plume de Stewart O’Nan, mais Emily a du mal à comprendre la génération de ses enfants.

L’auteur nous tend un miroir où l’on peut regarder un pays qui ne va pas si mal mais pas très bien non plus. Ses enfants sont contents de recevoir son aide mais ne respectent pas l’argent. Et puis il y a tous ses petits détails du vieillissement qui rendent parfois le quotidien si pénible. J’y ai retrouvé mes amies du foyer logement de Dinard à qui je lis parfois des histoires, et qui m’ont appris une chose très importante :

« Ne demandez jamais à une vieille (c’est plus fréquent qu’un vieux) comment ça va, ça ne va jamais bien : on pense à des personnes disparues, on a mal au ventre, à la tête, on a du mal à marcher.. ça ne va pas ! mais on est encore en vie et on s’applique à vivre le mieux possible. »

Citations

la vieillesse :

la lumière projetée par la glace de la coiffeuse était impitoyable. Les poches sous les yeux , parcheminées, presque diaphanes, laissaient transparaître une nuance mauve semblable à une meurtrissure. Sa bouche était très ridée, sa peau parsemée de taches brunes . Un fin duvet bordait non seulement sa lèvre supérieure mais, sou l’éclat des ampoules nues, ses joues et son menton .

 

Satisfaction et cruauté ?

« Je viens de voir Claude Penman dehors, avec Liz » . Elle posa la main sur l’avant-bras d’Emily et se pencha tout près afin de lui livrer son scoop , les yeux brillants . « Elle est en fauteuil roulant . Si tu voyais elle a une mine épouvantable . »

la présence de ses enfants :

Elle les aimait tous tendrement bien sûr, mais elle avait oublié combien il était épuisant d’être entouré d’autres gens.

On en parle

Enfin livre , Clara

 

 

 

1Des excuses. Je dois des excuses à Babelio, à Jean-Didier Urbain et aux lecteurs de Luocine… J’ai reçu ce livre dans le cadre de « masse critique » et cela vaut dire que j’ai coché la case disant que je voulais bien en faire une critique mais voilà :

  • Je n’ai pas le souvenir d’avoir coché cette case.
  • Si je l’ai fait c’est par erreur, et j’en suis fort capable.
  • Babelio s’est peut être trompé de cases ?

Bref cet essai ne correspondait à aucune de mes attentes de lectrice , mais pouvait tout à fait me plaire car j’adore les surprises. Manque de chance, je m’y ennuie à mourir depuis 15 jours.

J’ai relu le début 10 fois , j’ai fait le test de la page 50. Vous connaissez ? Toujours lire 50 pages avant de se faire une idée sur un livre. Rien toujours rien.

J’ai lu la conclusion… Rien.

Je l’ai ouvert au milieu… Rien !

Cet essai m’accroche pas du tout, je n’ai en réalité pas envie d’apprendre pourquoi en un siècle on est passé de la culture de l’ombre à celle du soleil. Mais je ne veux pas parler de ce livre que je n’arrive pas à lire , ce ne serait pas juste pour cet auteur ni pour Babelio qui offre aux blogs la chance de découvrir des livres très variés.

Je n’en tire qu’une leçon, je ferai très attention à la prochaine édition de « masse critique ». Je peux cependant affirmer que Jean Didier Urbain ne m’a pas redonné le goût de la lecture un peu flageolant ces derniers temps. Pour les bains de mer ça va mieux grâce au soleil, justement, qui réchauffe en ce moment les côtes bretonnes.

Et voici quelqu’un qui a aimé : Miriam ,malgré les répétitions , je suis d’accord pour les répétitions !

Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Pierre Ménard (ça m’amuse que l’on souligne de quel anglais il s’agit…)

2Je suis dans une mauvaise passe. Les livres m’ennuient, ou alors je ne trouve pas ceux qui me réveilleraient ! Ce n’est pas tout à fait vrai , je relis Bryson (Motel blues) et j’accroche tout de suite pourtant je l’ai lu et relu, en plus il me fait rire, je vous donne un exemple : l’auteur visite la ville de Bryson et même si celle-ci porte le même nom que lui , il n’y a rien à faire alors il se balade au super marché et voici la scène :

« Vous imaginez ça : il y a un gars dont le boulot est de trouver un nom accrocheur pour les alvéoles d’un protège-slip féminin ! Mais impossible de me rappeler ce nom. Et comme je n’avais rien de mieux à faire, je décidai d’aller jeter un œil au rayon des protège slip du super marché A&P . Il y en avait une sélection surprenante . Je n’aurais jamais cru que le marché fût si florissant ni que les slips de Bryson City eussent autant besoin d’être protégés. Je n’y avais jamais prêté attention auparavant et c’était assez intéressant. Je ne sais pas combien de temps j’ai bien pu passer à examiner les différentes marques et à lire leurs descriptions. Peut-être même me suis-je mis à parler tout haut , ce que je fais parfois quand je suis totalement absorbé par une tâche agréable. En tout cas , au moment précis où je saisissais un paquet de « New Freedom, Protection extra-mince avec nouveau système breveté de Nids d’Abeilles (Marque déposée) » et où je m’écriais : « Ah, vous voilà , petits coquins ! » j ai tourné la tête et j’ai vu au bout du rayon le directeur et deux vendeuses qui m’observaient. En rougissant , j ai remis tant bien que mal le paquet sur l’étagère . « Je ne fais que regarder » leur ai-je lancé d’une voix qui manquait de conviction. »

Rien à voir avec le livre dont je voulais vous parler, mais voilà je n’ai rien à dire sur « la dame à camionnette » , je l’ai lu jusqu’au bout , mais rien.
Pourtant, j’avais apprécié « la reine des lectrices » mais là rien … Le roman aurait pu être dans les dernières pages, quand on découvre que cette femme qui se clochardise avait été été une pianiste virtuose mais l’auteur n’a aucune explication à nous donner.

Alors à mon avis lisez ou relisez Bryson ou d’autres et donnez moi des bonnes idées de lecture.

 Traduit de l’anglais par Lisa Rosenbaum

3J’avais repéré ce livre chez Aifelle, et comme j’avais beaucoup aimé « Jack Rosenblum rêve en Anglais », je l’ai choisi pour un de mes déplacements parisiens. Je vous fait part de mon étonnement : le titre en anglais est « The Novel in the Viola », la dernière nouvelle écrite par son père est effectivement caché dans le violon qu’elle transporte avec elle en Grande Bretagne. Cette histoire sous-tend tout le roman, je ne comprends vraiment pas pourquoi il a fallu changer ce titre pour nous autres pauvres français ! Cela a même provoqué chez moi une frustration, car je m’attendais au début du roman à me retrouver en Grande-Bretagne dans une grande maison anglaise.

Mais non, nous sommes en Autriche au printemps 1938, dans une riche famille juive. La mère est une chanteuse d’opéra très célèbre et le père un écrivain renommé. Toujours dans ces cas là, je dois faire un effort pour ne pas m’impatienter, il le fallait car il faut savourer les derniers moments de bonheur de cette famille avant l’horreur qui va s’abattre sur elle, comme sur toute l’Europe. Elise Landau est une jeune fille très vivante et peu respectueuse des traditions. C’est une enfant gâtée à qui la vie n’a apporté que des joies. Mais la peur plane et ses parents en attendant leur visa pour l’Amérique la laisse partir comme femme de chambre au manoir de Tyneford

Commence alors une autre vie. Elle qui a toujours été servie doit servir à son tour et dans une langue qu’elle comprend mal. Son adaptation à ce nouveau monde est pleine de cocasseries et de vie. Hélas, ses parents sont restés bloqués en Autriche et l’angoisse s’installe. J’ai beaucoup moins été sensible à ses histoires d’amour : après avoir aimé le fils de la maison qui meurt à la guerre, elle épousera le père.

Et la nouvelle dans le violon ? Son père qui ne pouvait plus se faire éditer en Autriche , lui confie son dernier manuscrit caché dans un violon, mais pour une raison que je n’arrive pas à m’expliquer, elle l’y laisse pendant plus de 10 ans et les pages sont, ou sont devenues toutes blanches… Je crois que si mon père en danger de mort m’avait laissé un manuscrit , je n’aurais eu de cesse de le lire et le relire et de le faire éditer. Si j’ai bien compris sa justification , c’est un sentiment de jalousie pour une sœur aîné parfaite et beaucoup plus jolie qu’elle qui l’a amenée à garder ce dernier cadeau de son père dans le lieu secret. Bizarre….

Un roman qui se lit facilement et qui m’a permis de ne pas lever la tête de Paris jusqu’à Saint-Malo. Mais qui, pour moi, est moins en nuances que « Jack Rosenblum rêve en anglais »

Citations

la jeune fille impertinente de Vienne

A Yom Kipour, vu l’interdiction de se brosser les dents, je passais la journée à éviter l’haleine aigre de ces dames et à esquiver leurs baisers.

Les difficultés d’adaptations

La langue d’abord et il est vrai que c’est l’humour qui est toujours le plus difficile à comprendre :

 Je lus les articles consciencieusement, essayant d’en saisir les nuances. Je crois que deux ou trois d’entre eux étaient censés être humoristiques , mais ce détail m échappait.

Et comme elle parle peu son silence lui donne une personnalité qui ne correspond pas à la réalité :

Je souris, me demandant ce que Julian penserait de ce jugement :une fille tranquille peu loquace.

On en parle

Aifelle (je l’ai déjà dit) et Keisha qui présente les deux livres dans le même billet et Theoma

 Livre lu dans le cadre de mon club de lecture.

 4
Un titre plus précis serait : « les secrets et les peurs du coffre fort ».

 

  • Peurs que les Qatariens ont du monde qui les entoure, les grandes puissances régionales : l’Iran, l’Arabie Saoudite, Israël..
  • Peurs qu’un énorme bateau chargé de pétrole pollue leurs côtes et les prive d’eau potable , j’ai appris qu’ils n’ont que 48 heures de réserve d’eau potable déssalinisée qu’il gaspille sans aucune vergogne, piscine , jet d’eau..
  • Peur du terrorisme..
  • Peur que les étrangers beaucoup plus nombreux que les Qatariens prennent le pouvoir où se mettent à réclamer des droits décents pour travailler au Qatar.
  • Peurs que le monde éprouve vis à vis du Qatar et de ses dirigeants qui prouvent au monde que TOUT peut s’acheter.

Ce livre a eu un coup de cœur à mon club de lecture, parce ce que j’imagine qu’on est toujours un peu baba devant autant d’argent et que, comme moi, mes amies du club ignorait tout ou presque du Qatar. Je ne mets pas souvent de livres d’actualité sur mon blog, mais le Qatar aujourd’hui c’est un monde complètement original et ces deux journalistes ont bien fait leur travail , un an d’enquête pour nous informer.

Les deux passages que je cite montrent le paradoxe de ce pays , un enfer pour les travailleurs manuels étrangers , un purgatoire pour les expatriés aux portes du paradis peuplé uniquement de musulmans Qataris. Doha change toutes les règles du droit international, puisque tout, absolument tout, s’achète, à commencer par le sport et les sportifs. Le passage concernant Rachida Dati n’est pas agréable pour l’honneur de la France , trop de flots d’or troublent l’esprit de nos politiques. Tout Paris sait qu’elle s’est rendue de multiples fois, accompagnée des membres de sa famille , au Qatar aux frais de la république , pour y recevoir moult cadeaux et trouver un emploi pour sa sœur.

Certains aspects des avoirs des Qatariens, en France m’ont gênée, (le Qatar n’est pas le seul pays en cause), tous les dirigeants étrangers qui achètent en France, ne payent pas l’ISF sur leurs biens, et comme la famille royale du Qatar est par définition membre du gouvernement et qu’ils sont très nombreux , un des frères de l’Émir a 50 enfants, tous ces gens peuvent acheter des hôtels particuliers à Paris ou sur la côte d’Azur sans payer les taxes dont les Français devraient s’acquitter !

La dernière question du livre est de savoir s’il faut avoir peur du Qatar , non certainement non si on est musulman et non pour les autres , leur argent vaut bien celui d’autres puissances . Aux états de défendre leur propres valeurs.

Citations

les Qatariens

Au Qatar , il n’y a pas de pauvres, le chômage n’existe pas et l’emploi est garanti à vie pour les nationaux. Ici c’est le paradis pour les contribuables …puisque les impôts n’existent pas ! La fiscalité est réduite à sa plus simple expression . Au Qatar , il n’y a pas de TVA , de charges salariales et patronales sur les salaires, d’impôt sur le revenu et d’impôts fonciers. Les société doivent acquitter un impôt à taux fixe de 10 % .
Si un Qatarien ne souhaite pas travailler, il reçoit une allocation de 2000 euros par mois. Quand il travaille dans l’administration publique – 95 % des nationaux occupent des postes dans le secteur gouvernemental- ou dans de grands compagnies , on lui assure un salaire mensuel de plusieurs milliers d’euros. Un instituteur qatarien peut gagner entre 6000 et 8000 euros par mois. Quand une compagnie international prend un stagiaire qatarien pour quelques mois dans un service , il est payé 7000 euros par mois (35 000 rials)

Lorsqu’un stagiaire , militaire ou magistrat , est envoyé en formation en France, il perçoit l’équivalent de 1800 euros par jour . Ce qui lui permet de se loger dans un palace.

Quand un jeune couple se marie, il reçoit une parcelle de terre gratuite . Le standard , c’est 1200 mètres carrés. Pour bien démarrer dans la vie, on lui donne environ 40 000 euros ( 200 000 rials) pour construire uns maison. Le reliquat des travaux est assuré par un prêt sans intérêt. Et puis il faut équiper le logement . Pour acheter ses meubles , le couple reçoit une indemnité d’à peu près 10 000 euros ‘(50 000 rials) .
Si le couple donne naissance à un fils , il aura droit à une prime , un peu moins élevée si c’est une fille. On lui proposera un prêt avantageux pour acheter une voiture , de préférence une grosse cylindrée ou un 4×4. La consommation d’essence importe peu : ici le litre de super -20 centimes d’euro- est moins cher que le litre d’eau minérale ! Et qu’importe si ces bolides polluent à tout va …

 Les travailleurs manuels émigrés

Dans l’émirat ,la majorité des 40 000 femmes de ménage philippines reçoivent un salaire en moyenne un salaire de 250 dollars par mois . 5900 rials)

la plupart du temps , ces « fourmis » asiatiques du miracle qatarien vivent dans des conditions sordides. Ils sont parqués dans des blocs d’habitations (« labor camps ») , sortes de bidonvilles situé à la périphérie de Doha, quand d’autres logent sur leur lieu de travail dans des baraquements. Officiellement , la loi fixe le seuil maximum à quatre travailleurs par chambre, chaque résident devant disposer d’un espace de vie d’au moins quatre mètres carrés. Mais dans la réalité , les migrants s’entassent parfois jusqu’à dix huit dans une même pièce. Même le prix de leur pauvre matelas, souvent une mince paillasse de mousse, est prélevé sur leur salaire.

Appareils d’air conditionné défectueux , alimentation en eau potable aléatoire,salle de bains collective minuscule, cuisine à la saleté repoussante, c’est le résumé sinistre et insalubre du quotidien de ces migrants asiatiques.