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Livre offert par les éditions Kero

 

3
Un livre étonnant que je n’aurais jamais lu sans Babelio qui attend donc de moi une critique. Je sais qu’en vous révélant le sujet beaucoup d’entre vous vont se dire : »très peu pour moi ! » Il me reste donc à vous donner envie. Grâce à l’auteur peut-être , puisque son premier roman que je lirai certainement , a été encensé par la critique (« le Fils » prix Goncourt du premier roman) ?

Le sujet : un homme de théâtre et musicien, décide de monter un spectacle autour de l’accordéoniste Yvette (Odette dans le roman ) Horner. Yvette Horner ! ! ! ! Je la croyais morte depuis longtemps , elle représente exactement tout ce que je déteste : la télé de Guy Lux , les arrivées du tour de France , les reprises du petit vin blanc après les repas trop arrosés. Bref ! Je la trouve « vulgaire » … Le mot est lâché.

Le roman raconte cette curieuse rencontre entre un metteur en scène plus habitué à la musique contemporaine et cette artiste très âgée , au début son jugement sur Odette n’est pas très loin du mien. Sauf que lui, il connaît la scène et d’emblée, il sait que, si elle a eu, et a encore, autant de succès c’est qu’elle possède « quelque chose » qu’il veut montrer encore une fois au public. Et là, j’avoue que le roman m’a diablement intéressée. Je me suis demandée pourquoi Yvette Horner et sa musique était aussi populaire . Je n’ai pas la réponse , il y a là un mystère d’une rencontre d’un style de musique et d’une femme avec un public, son public ! à qui elle donne tout.

Le deuxième intérêt de ce roman c’est de se rendre compte à quel point le désir de monter sur scène peut doper l’énergie d’une très vieille femme. Et comme le metteur en scène, j’ai été finalement triste que l’âge l’emporte sur l’énergie.

Au début du livre , l’auteur m’a pas mal énervée en ne mettant pas de noms à ses personnages et en parlant de lui à la troisième personne. Je ne suis pas totalement conquise par son style mais j’ai bien aimé son récit. C’est triste, et je me demande encore pourquoi il a voulu faire ce spectacle. Ma réponse, mais ce n’est que mon point de vue : pour comprendre ce qui rend une artiste populaire ! Il n’aurait pas eu sa réponse, même s’il avait réussi à la faire jouer une dernière fois, car, selon moi, la popularité d’Odette est celle d’une époque dépassée. Cette France-la n’existe plus sauf dans les banquets du quatrième âge à la campagne ou dans les maisons de retraite.

 Citations

 Les moments après les spectacles

Ensuite , il y a l’ivresse de tous les après-spectacles , quand les artistes cherchent âprement à prolonger les vertiges du jeu, entre scène et resto, entre dieux et champagne, entre adrénaline et abandon.

 Les deux mondes culturels qui se croisent

Le metteur la tenait d’ailleurs pour cela une vieille légende hasbeen et de mauvais goût , un cliché d’art populaire. Si elle passait à la radio ou à la télé il zappait .

Il sautait machinalement tout article la concernant , sauf que, pas de risque, Odette était bien trop popu et trop people pour apparaître souvent sur Arte, Mezzo, France-culture, France-musique. Ou dans les colonnes de son libé et de son Monde quotidien.

 Les lueurs d’étoiles

Quand une étoile se dégrade, elle émet dans le désordre, avec par moments des silences et à d’autres de très violentes émissions d’énergie. On y est. Après la musique sans son, après les soliloques incertains et les préludes indécis , une énorme bouffée d’harmonies et rythmes jaillit.

La fin

Il ne reste plus rien en elle de l’artiste échevelée de tout à l’heure pendant le raccord. Odette n’est plus qu’une vieille affreusement vieille.

 On en parle

Mot à mot qui a reçu ce livre par le mmême canal que moi.

Couverture

4
Nous avons été nombreux à adorer « Effroyables jardins » du même auteur. C’est le seul livre que j’ai lu de Michel Quint. Et comme beaucoup, j’avais été très touchée par ce récit. Ce roman choisi dans les nouveautés de ma bibliothèque m’a tentée. Je ne suis pas déçue par la lecture (à un détai près).

Il s’agit d’un enquête policière à Lille : il faut découvrir qui a tué un jeune espoir du LOSC (oui je sais maintenant que équipe de Lille s’appelle ainsi !), cela va nous entraîner dans les réseaux mafieux liés au foot. Et découvrir un personnage très atypique, marqué par une enfance sans père et un fort sentiment d’échec. Michel Quint a une langue bien à lui, il mêle dans un style particulier, les expressions du nord (les gens décarochent.. par exemple)au langage poétique. Il faut s’accrocher parfois, mais finalement, on est pris par sa façon de raconter.

Ce que j’ai vraiment apprécié , c’est la balade dans Lille je pense que tous les gens de cette région vont retrouver à la fois leurs racines et aussi les transformations d’une ville qui est passée de l’ère du labeur en usine à l’ère de la rénovation des friches industrielles en quartiers bobo centrés sur les loisirs.Pour les non-Lilloises comme moi, l’accumulation des noms de lieux est un peu lassante. La description de la corruption du milieu du foot et de tous ceux qui ont trop d’argent : soirées fines arrosées et des call-girls payées ou pas , rôle de la police… est très bien rendue.

Évidemment , avec les récentes affaires DSK et la police lilloise on commence à se faire une certaine idée des soirées dans le milieu politique. Mais là, pas touche ! Notre auteur ne veut surtout pas qu’on pense qu’il s’agit d’un livre qui dénonce des magouilles du PS ! AH ! L’intelligentsia ,elle ne peut être que de gauche n’est ce pas ? Alors au milieu de tout il invente un élu de la majorité présidentielle -son roman a dû être rédigé avant la victoire de Hollande- qui dans dans un café explique à des buveurs de bière (on boit beaucoup de bières, nord oblige !) que si les électeurs arrêtaient de voter socialiste , il y aurait moins de crimes !

C’est vraiment lourd , personne ne pensait que les socialistes étaient en cause et je trouve que ça gâche le roman. En plus je me demande d’où il sort un élu de droite à Lille ? Et surtout pourquoi ?

Cela n ’empêche que c’est un bon livre et que Michel Quint a bien du talent.

Citations

Portraits si vrais

J’entrais dans des boutiques bon genre , aux vendeuses fardées, inaccessibles sur leurs talons hauts,qui consentaient à travailler jusqu’à demain où elles épouseraient un milliardaire : leur destin imminent était écrit sur leurs lèvres boudeuse, dans leur regard dédaigneux , leur façon de fermer leur décolleté d’une main , que je n’accède pas au spectacle réservé de leurs foutus nichons à tomber sur le cul.

Balade dans Lille

Une fois franchies les quatre voies automobiles en prolongement du boulevard Vauban , on arrivait à l’Esplanade , les ponts sur la Deûle , l’écluse, cette belle promenade où les militaires de la citadelle proche, au-delà de la rivière canalisée , venaient croiser les demoiselles de famille aux siècles d’avant et bomber le torse pendant qu’elles baissaient les yeux , pauvres filles.

 Lille aujourd’hui

C’est curieux maintenant que le travail manque , les petits bourgeois , les nouveaux riches raffolent des lieux où. Le prolétariat urbain a usé sa vie. Comme s’ils avaient besoin d’un monument pour se souvenir aujourd’hui que le boulot est devenu souvent virtuel, rarement salissant que la classe ouvrière s’est éteinte. Les mains ne servent plus à rien , elles ne sont plus bonnes qu’au macramé, à l’art du bouquet, á cuisiner joli , singer les maîtres queux , et se fourrer les doigts dans le nez

On en parle

Liliba

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3
J’aime bien lire à propos de la guerre 14/18 . Je crois qu’on ne comprend bien l’Europe qu’en partant de cette guerre là. J’ai lu des livres d’historiens qui m’ont fait une très forte impression comme la grande guerre des français de Jean-Baptiste Duroselle.

Le travail d’un romancier qui prend cette guerre comme sujet n ‘est pas si simple , quoi dire sur un sujet que nous connaissons si bien. Echenoz prend le parti de la sobriété et du détachement , je suppose pour mieux faire ressortir l’horreur brutale de la guerre. En choisissant quatre destins, il nous offre , un mort, deux handicapés à vie, un fusillé. Et à l’arrière un enfant sans père et une usine de chaussures qui profite bien la guerre

J ‘ai trouvé que l’auteur semblait peu convaincu par son sujet et donc son roman ne m’a pas beaucoup touchée. On y retrouve, pourtant tout ce qu’on a entendu sur cette période.

 Citations

Le tocsin

Le tocsin, vu l’état présent du monde, signifiait à coup sûr la mobilisation. Comme tout un chacun mais sans trop y croire, Anthime s’y attendait un peu mais n’aurait pas imaginé que celle-ci tombât un samedi.

 Genre de discours du début de la guerre, il sonne vrai

Vous reviendrez tous à la maison, a notamment promis le capitaine Vatssière en gonflant sa voix de toute ses forces. Oui, nous reviendrons tous en Vendée. Un point essentiel, cependant. Si quelques hommes meurent à la guerre, c’est faute d’hygiène. Car ce ne sont pas les balles qui tuent , c’est la malpropreté qui est fatale et qu’il vous faut d’abord combattre. Donc lavez-vous, rasez-vous, peignez-vous et vous n’avez rien à craindre.

 L’équipement et les abérations des décisions de la hiérarchie militaire

… Un casque censé protéger l’homme plus sérieusement, mais dont les modèles initiaux étaient peints en bleu brillant. Quand on les a coiffés, on s’est d’abord bien amusés de ne plus se reconnaître tant ils étaient couvrants. Quand ça n’a plus fait rire personne et qu’il est apparu que les reflets du soleil produisaient d’attrayantes cibles, on les a enduits de boue comme on l’avait fait l’an passé pour les gamelles.

 L’horreur de la guerre

Canon tonnant en basse continue, obus fusants et percutants de tous calibres, balles qui sifflent, claquent , soupirent ou miaulent selon leur trajectoire, mitrailleuses, grenades et lance-flammes, la menace est partout : d’en haut sous les avions et les tirs d’obusiers, d’en face avec l’artillerie adverse….. Dans l’air empesté par les chevaux décomposés la putréfaction des hommes tombés puis du côté de ceux qui tiennent encore à peu près droit dans la boue, l’odeur de leur pisse et de leur merde et de leur sueur, et de leur crasse et de leur vomi…..

Et Echenoz conclue, c’est ce genre de phrase où on sent son détachement

Tout cela ayant été décrit mille fois , peut-être n’est-il pas besoin de s’attarder encore sur cet Opera sordide et puant.

On en parle

Jostein, par exemple

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3
Curieux livre et bilan négatif malgré quelques bonnes idées. Curieux livre car l’auteur invente un lieu où la mort ne peut pas entrer et donc les êtres humains et les animaux ne vieillissent plus. Quelque bonnes idées dans la construction logique de ce monde : car si la mort s’y installe on risque d’attirer l’Ankou (le nom de la mort en breton) il faut vivre sans tuer. Il faut donc être végétarien et pour arriver à avoir une vache qui donne du lait trouver un stratagème pour la faire vieillir un peu mais pas trop. Le roman raconte aussi une enquête et essaie de nous faire peur car la mort semble être revenue parmi eux.

Je n’ai absolument pas été prise par l’histoire qui à mon avis s’adresse plutôt à des adolescents. Le roman est plein de références littéraires, ou à des livres à succès comme « la route » de Cormac MacCarthy et des légendes bretonnes.

La leçon finale est simple on a besoin de la mort pour vivre, et ceux qui veulent la fuir le font souvent pour de biens mauvaises raisons, comme le permettra de découvrir l’enquête qui démasquera l’arracheur de langue et le tueur du village. Le récit tombe à plat et une fois terminé je me suis demandé pourquoi je suis allée jusqu’au bout .

Citations

Le village

Il était écrit dans le journal de bord de l’aïeul que d’autres hommes viendraient remplir sa solitude , que le village attirerait ce genre d’êtres obnubilés par la Mort en même temps que réfractaires à celle-ci.
L’ancêtre en avait accueilli une trentaine sur plusieurs décennies, mais tous y compris lui-même, en étaient partis un jour, fatigués d’être au monde , fatigués les uns des autres.

 La condition humaine

Un héros ? Est-ce qu’on devient un héros en assumant sa condition de mortel ?

On en parle

Clara et les mots qui a beaucoup aimé, comme quoi !

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4
Je lis peu de roman policier mais je me laisse parfois tenter par mes amies blogueuses. J’ai lu celui-ci après avoir l ‘article Aifelle et d’autres que je n’ai pas hélas eus le temps de noter. J’ étais, également dans le grand nord avec Paolo Rumiz quand j’ai lu vos billets. Je commençais donc à être imprégnée par la culture « Sami ». Je me souviens aussi des écrits de Paul Emile Victor : les lapons qu ils décrivaient me fascinaient, et je suis contente que cette icône soit décrite positivement dans ce roman.

J ai quelques réserves sur le côté roman policier. Je m’explique : les méchants sont vraiment des horreurs : fascistes, pervers , pédophile et violeur pour l’un. Alors que les personnages positifs sont plus dans la nuance. Et du coup plus intéressants.

Et puis comme toujours dans un policier il faut que l’intrigue avance au rythme de l’enquête. Je me suis même demandé si l’auteur ne s’était pas senti obligé à prendre cette forme de récit pour nous sensibiliser à cette civilisation qui a à peu près entièrement disparu. Parce que je dois le dire je n’ai aucune réserve sur tout ce que nous apprenons sur cette région et les habitants. La nuit et le froid polaires rendent la vie à peu près impossibles mais les Sami ont su pendant des siècles s’adapter au climat et à la géographie. La religion est venue leur ôter des croyances fondées sur la nature puis les frontières des sédentaires ont réduit à presque rien le nomadisme et enfin le « progrès » les a ruinés de l’intérieur .

L ‘enquête permet de suivre les différences attaques dont ont été victimes les Samis et la façon dont il leur est impossible de s’en sortir. Malheureusement pour eux, ils ne sont pas organisés en nation – j’ai pensé aux Kurdes- et leur sous-sol est riche en minerai. Face à l’attrait de bénéfices conséquents les pensées charitables vis à vis d’ethnie qui veulent garder un mode de vie nomade en respectant la nature ont bien peu de poids. Cet écrivain a vraiment du talent pour nous raconter tout cela et comme tous ceux qui aiment les policiers ont salué ses qualités je comprends le succès « du dernier lapon ».

Citations

La transmission orale

 Le cri d’Aslak pétrifia le jeune garçon lapon dans sa barque. Il reconnut , fasciné , terrifié, la voix de gorge d’un chant lapon. Il était le seul ici à pouvoir en saisir les paroles. Ce chant, lancinant , guttural, l’emmenait hors de ce monde. Le joïk devenait de plus en plus haché , précipité. Le Lapon condamné aux feu de l’enfer voulait dans un dernier élan transmettre ce qu’il devait transmettre.
Puis la voix se tut. Le silence s’imposa. Le silence s’imposa. Le jeune lapon aussi resta silencieux. Il avait fait demi tour , voguant la tête pleine des râlements du mourant. Son sang avait été tellement glacé qu’il avait été saisi d’une évidence. Il savait ce qu’il devait faire. Et ce qu e, après lui , son fils devrait faire. Et le fils de son fils.

La nuit polaire

Demain, entre 11h14 et 11h41, Klemet allait redevenir un homme, avec une ombre. Et, le jour d’après, il conserverait son ombre quarante deux minutes de plus. Quand le soleil s’y mettait, ça allait vite.

 Les frontières

Mon grand-père a dû arrêté l ‘élevage (des rennes) parce que la route de la transhumance avait été coupée par ces fichues frontières. Et les troupeaux ont été concentrés de part et d’autre des frontières . Des tas de conflits ont commencé comme ça. Et si tu veux mon avis, ces frontières ont tué beaucoup d’éleveurs.

 Les conflits entre les éleveurs et les autres

Les utilisateurs veulent pouvoir se balader dans les montagnes quand ils ont des congés, comme pour le week-end de pâques, qui est l’un des plus beaux week-end de la région , avec encore beaucoup de neige partout et beaucoup de soleil Les Norvégiens de la côte partent en famille en scooter pour trois ou quatre jours dans leur petit cabanon sur la toundra , le long du fleuve. Mais c’est l’époque où les femelles rennes mettent bas, et le s troupeaux ne doivent absolument pas être dérangés, sinon les femelles peuvent abandonner leur faon et ça occasionne de grosse perte pour les éleveurs . Donc conflits.

 Le progrès

 Aslak leur avait dit . Vous avez trop de rennes . C’est pour ça qu’il vous faut de si grands pâturages.. Et qu il y a tant de conflits. Mai sils répondaient qu’il fallait beaucoup de rennes pour payer les frais, les scooters, les quads, les voitures , le camion abattoir, la location de l ‘hélicoptère. Tu ne comprends pas , disaient-ils , toi tu as à peine deux cents rennes.
Aslak les regardait . Et il disait :j ai deux cent rennes et je vis.

On en parle

« à sauts et à Gambades » et encore une fois avec de belles images et chez Hélène lecturissime

3
J’aime entendre la voix de ce slameur, je lui trouve un charme très particulier. Encore une fois, les « vrais » littéraires lui reprochent de faire de la poésie de bas étage. Mais je trouve ça injuste, ses textes ne peuvent pas être séparés de sa façon de les dire. C’est comme si on reprochait aux chanteurs de faire de mauvais poèmes.

Son livre raconte sa rééducation parmi des handicapés parfois lourdement et souvent définitivement. Il se lit très vite mais il est, je pense, indispensable pour tous ceux qui ne connaissent pas le handicap. Le regard des valides sur le handicapé ne peut changer que si nous comprenons exactement de quoi leur souffrance est faite.

Ce livre se lit en quelques heures mais peut changer définitivement nos a priori sur les gens en fauteuil.

Citations

Le plus important pour un malade

Un bon patient sait patienter.

Le style du livre

Farid s’emmerde tellement quand il doit rester au lit alors que les autres partent en rééducation, qu’il a inventé le concept de « niquer une heure ». Il est à l’affût de tout ce qui peut contribuer à faire passer le temps. Bien sûr, l’idéal , c’est le sommeil. Si tu fais une bonne sieste, tu « niques » une heure facilement. Un bon film à la télé peut te permettre de « niquer » une bonne heure et demie. Un long coup de téléphone peut être utile pour « niquer » vingt minutes… Il est marrant ce Farid.

 Une leçon de vie

C’est jamais inintéressant de prendre une bonne claque sur ses propres idées reçues.

On en parle

Chez Baz’art

L’écouter

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3
J’ai lu il y a quelques mois ce roman et il fait partie de ma mauvaise conscience ! Pourquoi n’ai-je pas écrit un texte sur Luocine ? Je l’ai bien aimé mais sans doute, sans passion.

Je rappelle l’histoire : une femme qui mène une vie ordinaire gagne une super somme au Loto, elle ne le dit à personne en particulier pas à son mari qui va finir par lui voler son argent et détruire tous ses rêves. Pourquoi ce titre car elle essaie de dresser une liste de ce dont elle a vraiment envie . J’ai beaucoup aimé ces listes, je joue souvent à ça : je rêve d’une somme d’argent importante et je n’ai pas plus d’imagination qu’elle. La seule différence c’est que je ne joue jamais, je rêve seulement. Résumé ainsi le livre semble sans intérêt mais il est plus que ça.

L’héroïne fait partie de ces femmes qui sont heureuses à travers les travaux de couture. Elle tient une mercerie et peu à peu à travers un blog elle redonne le moral à d ‘autres femmes comme elles. On connaît tous ce style de femmes , elles ont en général des intérieurs très soignés et peuvent passer tout un après midi à choisir des galons pour agrémenter les robes de princesse de leurs petites filles. Et c’est vrai que la blogosphère leur a redonné un certain tonus.

Le roman explore aussi les sentiments mère fille d’une très jolie façon. Et enfin c’est aussi un roman d’amour. Un beau livre qui m’avait rendue heureuse le temps de la lecture dont je garde une bonne impression.

Citations

La trahison

Je croyais que mon amour était une digue . Un infranchissable barrage. Je n’avais pas imaginé que Jo, mon Jo , me volerait. Me trahirait. M’abandonnerait.
Qu’il détruirait ma vie.

 Ce qu’elle a aimé dans sa vie

J’aimais les milliers d’Iseult de « dixdoigtdor » . J ‘aimais leur gentillesse, calme et puissante ; régénérante comme l’amour d’une mère . J’aimais cette communauté de femmes nos vulnérabilités, nos forces.

 L’argent ne fait pas le bonheur

 J’aimais profondément ma vie et je sus à l’instant même où je le gagnais que cet argent allait tout abîmer , et pour quoi ?

On en parle

Beaucoup beaucoup, sur Babélio 204 critiques, et par exemple chez Kitty la mouette (solidarité des oiseaux de mer !)

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5
Et oui ! le père Noël parisien qui commençait à souffrir de me voir monter les marches des appartements perchés dans les étages – à Paris, on doit choisir entre plus de surface et moins d’ascenseur !- a eu l’ idée de m’offrir un Kindle !

J’entends déjà toutes vos dents grincer ! Comment un Kindle, mais ne sait-elle pas qu’elle va en s’alliant à « A—–N », détruire un peu plus le réseau des librairies de quartier. Si j’étais malhonnête , je me cacherais derrière le père Noël et nierais toute responsabilité dans ce choix ( ce qui est vrai !) mais bon , je l’ai quand même essayé. Ne serait-ce que par politesse ! Un cadeau, c ‘est un cadeau.

Vous attendez tous et toutes mon verdict ! Je vais encore faire grincer des dents ! C’est tout simplement merveilleux ! J’explique : je n’ai, pour l’instant, chargé que des livres gratuits d’où « le rouge et le noir ». Je l »ai donc relu ce que je n’aurais jamais fait sans ce cadeau. Le confort de lecture est… total, et, surtout pour moi qui ai trop tendance à faire confiance à ma mémoire, ce format oblige une lecture très attentive : je n’ai rien zappé ce que je fais facilement quand je sens que je l’ai déjà lu.

J’ai été sidérée par tout ce que j’avais oublié de ce diable de Stendhal. Dans mes souvenirs, « Le rouge et le noir » était surtout un superbe roman d’amour , j’avais oublié toute la critique de la société de l’époque. En particulier de la religion. La description de la formation des séminaristes est irrésistible, c’est à la fois drôle, triste et sans doute, tellement vrai. Il est si difficile de cacher son intelligence et essayer d’épouser un modèle social quel qu’il soit lorsqu’on a un sens critique développé c’est une cause vaine aujourd’hui encore.

Bien sûr, j’ai relu avec plaisir la scène où Julien retient la main de Madame de Rénal sous les yeux de son mari à la faveur de l’obscurité d’une belle soirée d’été. Je crois que ce passage était dans mon Lagarde et Michard, je n’en suis plus si sûre mais je n’ai pas oublié mes premiers émois érotiques que j’avais ressentis à l’époque. En le relisant, l’émotion est toujours là et je suis certaine que « le rouge et le noir » peut toucher les adolescents de notre époque , je me demande même si ce n’est pas le romancier du 19° qui a le moins vieilli.

Une chose m’a amusée que j’avais complètement oublié, de temps en temps Stendhal intervient directement dans son roman et prend à partie son lecteur. Il dit parfois (en substance) : maintenant que vous avez compris je ne vais pas continuer à vous expliquer ! Roman à lire et à relire, pas forcément en format Kindle encore que… C’est sûrement grâce à ce format que ma lecture a été si attentive et donc, comme il s’agissait de Stendhal, si pleine de plaisir. Alors merci Morgan (mon père Noël de cette année).

Citations

 Et vlan pour ceux qui sont si fiers de leur mémoire

 Avec une âme de feu, Julien avait une de ces mémoires étonnantes si souvent unies à la sottise.

 La supériorité de la nécessite sur l’intelligence et le talent de Stendahl :

Après une conversation savante de deux grandes heures , où pas un mot ne fut dit au hasard , la finesse du paysan l’emporta sur la finesse de l’homme riche , qui n’en a pas besoin pour vivre.

L’imaginaire et le réel

Égaré par toute la présomption d’un homme à imagination , il prenait ses intentions pour des faits , et se croyait un hypocrite consommé . Sa folie allait jusqu’à se reprocher ses succès dans cet art de la faiblesse.

 La vocation religieuse

Le reste des trois cent vingt et un séminaristes ne se composaient que d’êtres grossiers qui n’étaient pas bien sûrs de comprendre les mots de latins qu’ils répétaient tout le long de la journée . Presque tous étaient des fils de paysans, et ils aimaient mieux gagner leur pain en récitant quelques mots en latins qu’en piochant la terre. 

 J’adore cette phrase, elle me fait penser à des gens que je connais qui savent d’où vous venez si vous utilisez le verbe « manger » à la place de « déjeuner » ou « dîner »

Au séminaire , il est une façon de manger un œuf à la coque qui annonce les progrès faits dans la vie dévote.

 La noblesse

Il y avait trop de fierté et trop d’ennui au fond du caractère des maîtres de la maison ; ils étaient trop accoutumés à outrager pour se désennuyer , pour qu’ils puissent espérer de vrais amis. Mais exceptés les jours de pluie, et dans les moments d’ennui féroce, qui étaient rares, on les trouvait toujours d’une politesse parfaite.

La peur de dire ce qu’il ne faut pas. Problème de censure et surtout de propos déplacés

Les jeunes gens qui venaient rendre des devoirs , ayant peur de parler de quelque chose qui fît soupçonner une pensée, ou de trahir quelque lecture prohibée, se taisaient après quelques mots bien élégante sur Rossini et le temps qu’il faisait.

 L ‘originalité à tout prix !

Je ne vois que la condamnation a mort qui distingue un homme , pensa Mathilde : c’est la seule chose qui ne s’achète pas.

Réellement mon mot a de la profondeur. La condamnation à mort est encore la seule chose que l’on ne se soit pas avisé de solliciter.

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3
Je dois ce livre à un blog que j’ai découvert récemment : « In cold blog » . C’est un beau livre qui décrit bien la désespérante vie des trop petites villes de province américaines et la difficulté de se retrouver dans la vie ordinaire quand on revient d’une guerre comme celle du Vietnam. On sent la violence des rapports entre des gens unis par la détestation de ceux qui sont « différents », et on est vite différents dans une petite ville des USA.

J’ai souvent un peu de mal quand un écrivain français s’empare des problèmes américains pour fonder sa fiction. Mais je trouve que Lionel Salaün s’en sort bien, avec cependant cette réserve , ses idées ressemblent exactement à ce que les français pensent des Américains. Est-ce qu’eux se retrouvent dans cette image ?

Mais ce n’est qu’une réserve minime, j’ai bien aimé le parcours du jeune Billy qui doit s’opposer à sa famille et aux « qu’en dira-t-on » du village pour s’intéresser à Jim Lamar, cet ancien du Vietnam que tout le monde croyait mort. Cela arrangeait bien ceux qui s’étaient peu à peu appropriés les biens des parents de Jim Lamar, décédés avant d’avoir revu leur fils. À vrai dire ce retour dérange tout le monde et le roman peut commencer.

Ce qui, pour moi donne tout son poids au roman, ce n’est pas tant le parcours du jeune Billy, que celui des trois soldats amis pendant la guerre Vietnam. Je suis moins enthousiaste que « In cold Blog » mais je pense que c’est un excellent roman adolescent que les adultes peuvent apprécier également.

Citations

La peur de ceux qui ont vécu la guerre

Or ce que je lisais dans les yeux de Jimmy n avait rien à voir avec le sentiment que j’avais expérimenté . C’était quelque chose d’autre, quelque chose de pisseux , quelque chose qui fait mal, qui fait honte , que rien n’effacera jmais.

 Le racisme des états du Sud

Butch avait été raciste. Un raciste ordinaire qui n’avait jamais frappé ni insulté un Noir, mais qui n’aurait pas songé à l’appeler autrement que Nègre et moins encore admis d’en voir un attablé dans le même restaurant que lui.

Les fêlures ineffaçables

Jimmy s’était efforcé de me faire croire qu’il appartenait à nouveau à la race des insubmersibles, que l’homme peut guérir de ses blessures, colmater les brèches de son âme et repartir à l’assaut de la vie avec la même vaillance.

On en parle

In cold Blog et Sylire.

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4
Depuis « Farrago » de Yann Appery, j’ai un faible pour le Goncourt des lycéens. Ceux de 2012 ont eu le bon goût de couronner un roman qui m’a tenue en haleine jusqu’au bout. Joël Dicker a une imagination très féconde, il nous entraîne à la fois dans une enquête policière et dans les méandres de la création littéraire. Son personnage principal, écrivain en panne d’inspiration, est relancé sans cesse par un éditeurqui a un sens aiguë du commerce et du marketing. Marcus Goldman, auteur d’un premier roman à succès, vole au secours de son ancien professeur accusé du meurtre d’une jeune fille qui a eu lieu 33 ans auparavant. Il faut aller jusqu’à la dernière page (la 665 !) pour que chaque morceau du puzzle de cette enquête soit à la bonne place.

Au fil des pages, nous aurons découvert le monde de l’édition américain ( mais je ne suis pas persuadée que ce soit différent ailleurs !), la vie dans une petite ville et sa police, nous aurons suivi l’évolution psychologique d’un jeune prétentieux qui gâche son talent dans la facilité et nous aurons été confrontés à la difficulté de l’écriture. Aucun personnage n’est caricatural, je pense par exemple à Tamara la mère de Jenny, elle aurait pu n’être que cette mère américaine stupide qui veut absolument « caser » sa fille à la gloire littéraire locale .On apprendra que derrière cette virago qui rabroue son mari à la moindre occasion se cache une femme amoureuse qui va voir en cachette un psychiatre pour comprendre ses conduites sans parvenir , pour autant, à les modifier.

Cet auteur sait manier le suspens et l’humour – j’ai beaucoup ri aux différents coups de fil de la mère du personnage principal – et surtout intéresser son lecteur. Je trouve dommage d’en raconter davantage car un des charme de ce livre tient à son suspens que je voudrais vous laisser découvrir. Ce n’est sans doute pas de la grande littérature ( je me demande où elle se cache cette fameuse « grande littérature »), mais c’est un excellent divertissement que je verrai très bien adapté au cinéma.

Citations

 Une leçon de vie

Le philosophe Sénèque avait déjà expérimenté cette pénible situation : où que fuyiez , vos problèmes s’invitent dans vos bagages et vous suivent partout.

 La gloire aujourd’hui

…Je compris que la gloire était éphémère. Elle était une gorgone affamée et ceux qui ne la nourrissaient pas se voyaient rapidement remplacés …

 Le racisme ordinaire

 Soudain , une angoisse la saisit :beaucoup de grands écrivains étaient juifs . Et si Quebert était un Juif ? Quelle horreur ! Peut-être même un juif socialiste ! Elle regretta que les Juifs puissent être blancs de peau parce que cela les rendait invisibles. Au moins , les noirs avaient l’honnêteté d’être noirs, pour qu’on puisse les identifier clairement.

Le monde virtuel

Sur mon compte Facebook, je passais en revue la liste de mes milliers d’amis virtuels ; il n’y en avait pas un que je puisse appeler pour aller boire une bière.

 Le monde de l’édition

Le monde des livres était passé du noble art de l’imprimerie à la folie capitaliste du XXIe siècle, que désormais un livre devait être écrit pour être vendu, que pour vendre un livre il fallait qu’on en parle, et que pour qu’on en parle il fallait s’approprier un espace qui, si on ne le prenait pas soi même par la force, serait pris par les autres. Manger ou être mangé .

Jolie phrase

Après la gloire , il y a d’autres gloires. Après l’argent, il y a encore de l’argent. Mais après l’amour, il n’y a plus que le sel des larmes.

On en parle

chez Kitty la mouette.