Traduit de l’anglais par Hélène Claireau j’aimerais savoir pourquoi cette traductrice n’a pas traduit cette expression « afin de rompre les chiens » par « rompre la glace » ? Merci Keisha de m’avoir fait connaître l’expression en français et toutes mes excuses à Hélène Claireau

Ce livre est paru en France pour la première fois en 1947 sous le titre « la tour d’Ezra » et a certainement contribué à faire connaître et aimer Israël et les Kibboutz. Je me souviens bien de l’enthousiasme que soulevait cette vie en communauté chez les jeunes de ma génération. Le récit s’appuie sur l’expérience personnelle de Koestler qui a lui-même participé à la vie d’un Kiboutz . Cette ambiance de jeunes pionniers entourés de l’hostilité des Arabes et des Anglais est très bien rendue. Car c’est un écrivain qui sait raconter et décrire. Nous sommes avec lui sous les ciels étoilés de ce pays qui ne s’appelle pas encore Israël, nous vibrons aux évocations de tous les dangers qui les entourent. Mais cet écrivain est aussi un esprit totalement libre, et il montre bien les points de vue des trois acteurs qui se confrontent ici. Les Juifs qui en 1938 sentent le danger menacer les Juifs du monde entier, et qui veulent accélérer leur venue dans ce petit bout de territoire. Les Arabes qui, même si par intérêt financier, vendent leur terre, ne veulent pas pour autant être dépossédés de leur pays, les moins glorieux des trois, les Anglais profondément antisémites le plus souvent, et qui jouent un jeu dangereux d’alliances qui ne peuvent que tourner à la catastrophe. Ce livre est aussi un précieux rappel des faits historiques, et jamais Koestler n’élude le fait qu’Israël a été créé sur un pays qui était auparavant peuplé d’Arabes. Par ailleurs, les scènes de reconduites dans les bateaux de Juifs ayant échappé aux camp de concentration sont absolument insoutenables, il est si facile alors d’imaginer que lorsque la Shoah sera de notoriété publique rien ne pourra arrêter leur exode vers Israël.

Citations

Mariage typiquement britannique

Mrs. Newton était fille d’un sergent-major de l’armée des Indes. Une analyse serrée des motifs qui avait attiré le timide monsieur Newton vers cette grande, osseuse et virginale femelle eût produit des résultats gênants révélant la haine secrète, continue et fervente qu’avaient inspirée à Monsieur Newton Roonah, son club, l’administration et et l’armée des Indes, et la tournure d’esprit toute spéciale qui lui permit d’imaginer pour la première fois l’anguleuse et chaste fille du sergent-major dans la série d’attitudes absurdes qu’entraîne l’acte procréateur.

 

La langue d’Israël l’hébreu

Tirer l’hébreu de sa sainte pétrification pour en refaire une langue vivante à été un tour de force fantastique. Mais ce miracle implique des sacrifices. Nos enfants se servent d’une langue qui n’a pas évolué depuis le commencement de l’ère chrétienne. Elle ne porte aucun souvenir, presque aucune trace de ce qui est arrivé à l’humanité depuis la destruction du Temple. Imaginez que la langue française ait cessé de se développer depuis la « Chanson de Roland » ! Et encore, est-elle de dix siècles plus près de nous. Nos classiques sont les livres de l’Ancien Testament ; nos poèmes s’arrêtent au Cantique des Cantiques, nos nouvelles à Job. Depuis lors… Un blanc millénaire..
 L’emploi d’un idiome archaïque a évidemment son charme. Voyageant en autobus, nous offrons une cigarette à notre voisin :
-« Monseigneur désir peut-être faire la fumée ?
 – Non, merci. Faire la fumée n’est pas agréable à mes yeux. »

Dialogue impossible entre les arabes et les juifs

Cette colline n’a pas porté de récoltes depuis que nous aïeux l’ont quittée, dit Ruben Vous avez négligé la terre. Vous avez laissé les terrasses tomber en ruines et la pluie a emporté la terre. Nous allons dépierrer la colline et apporter des tracteur et des engrais. – Ce que produit la vallée nous suffit, dit le vieillard. Nous ne devons pas enlever les pierres que Dieu a placées là. Nous vivrons comme ont vécu nos pères et nous ne voulons ni de vos tracteurs ni de vos engrais, et nous ne voulons pas de vos femmes dans la vue nous offense.
 
 
(Et un peu plus loin)
– Qu’est-ce que le vieux cheik t’expliquait avec tant de solennité ?
– Que chaque peuple a le droit de vivre à sa façon, bien ou mal, sans ingérence extérieure. Il a expliqué que l’argent corrompt, que les engrais puent et que les tracteurs font du bruit, toutes choses qu’il déteste.
– Et qu’as-tu répondu ?
– Rien dit Bauman.
– Pourtant, tu as compris sa position ?
Bauman le regarda :
– Nous ne pouvons pas nous permettre de comprendre la position des autres.
Quand vous, madame, me fait l’honneur de m’inviter chez vous, est-ce que je vous demande vos conditions ? Et quand j’ai le privilège de goûter votre hospitalité, est-ce que je demande à être le maître de la maison ? Non, madame, je ne le fais pas. Il en est de même de nos amis hébreu. Ils jouissent de notre hospitalité -ahlan w’sahlan, vous êtes les bienvenus. Nous serons comme des frères. Nous vous recevrons à bras ouverts en qualité d’invités…
Nous sommes dans la même position. Nous ne demandons qu’à aider ces pauvres gens et voyez comme comment il nous remercie ils veulent nous prendre notre maison.
– La barbe avec votre histoire de maison ! Pendant les cinq cents dernières années, elle n’était pas à vous mais aux Turcs.
– la majorité de la population a toujours été arabe, dit Kemal Effendi. Ma famille, par exemple, descend directement de Walid el Shallabi, le général de Mahomet. Nous sommes la plus ancienne famille de Palestine. – Mon père est un Cohen, dit Mrs.Shenkin, Élie Cohen sont les descendants des Kohanim, les prêtres de l’ancien temps.

Un moment vivant

 Joseph déjeuna hérétiquement dans un petit restaurant arabe ou la nourriture était bon marché, sale et épicée, et dont le gros propriétaire lui confia que Hitler, protecteur de l’islam, allez bientôt détruire l’empire britannique, rendre le pays aux Arabes efflanqué les Juifs à la mer – à l’exception de Joseph qui, étant un homme instruit et l’ami du propriétaire, serait épargné et pourrait même trouver un emploi dans son établissement, à condition d’apporter quelques capital.

Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thè­que de Dinard, traduit de l’anglais par Christine Le Boeuf.


Un roman typiquement British, vous y boirez des litres et des litres de thé, vous y mangerez des sandwichs, vous y croiserez des femmes fofolles gentilles et des méchantes, des chiens (beaucoup de chiens) un fantôme ou plus exactement l’esprit d’une femme morte qui veut faire aboutir ce récit, les allusions aux romans classiques anglais, un vrai gentleman quelques odieux personnages tout cela saupoudré d’humour (c’est que j’ai le plus apprécié dans ce roman) . Bref, un roman comme une sucrerie anglaise trop colorée et trop sucrée mais qui va si bien avec leurs jolies tasses et leurs tapisseries à fleurs. Le fil de la narration est amusant, un homme qui a perdu celle qu’il aimait et la médaille qu’elle lui avait confiée, se met à collectionner les objets perdus et les répertorier : c’est notre gentleman. Laura sa secrétaire qui deviendra son héritière aura pour mission de retrouver les propriétaires des dits objets, elle hérite aussi d’une superbe maison à Londres, ça c’est le côté bonbon aux couleurs tendres de l’Angleterre. L’intrigue se complique car nous devons suivre aussi le destin de la médaille perdue et donc croiser une hystérique anglaise qui écrit de mauvais romans parodiant les classiques. Une fofolle antipathique !

C’est un peu compliqué un peu touffu, le charme vient aussi des récits que notre gentleman avait inventés à propos de chaque objet, ça fait un peu atelier d’écriture mais c’est sympathique.
Tout finira bien avec l’amour et la richesse en prime.

Citations

Un passage plein d’humour, les méchantes langues accusent évidemment Laura d’avoir mis le grappin sur le gentleman

– Eh bien, je suppose qu’elle faisait un peu plus que dépoussiérer et passer l’aspirateur.
Laura avait l’intention de passer près d’elle sans être vue mais, maintenant, elle leur fit face avec un sourire crâne.
-Fellation, annonça-t-elle . Tous les vendredis. Et, sans un mot de plus, elle sortit en majesté. Winnie se tournant vers Marjory, l’air intrigué.
– Ça s’appelle comment, ça en langage courant ?
– C’est de l’italien, dit Marjory en se tapotant la bouche avec sa serviette. J’en ai mangé, une fois dans un restaurant.

Les pensées d’une femme qui ne sait pas encore qu’elle est presque amoureuse

 Il avait dit « oui » et, depuis, L’aura avait gaspillé un temps considérable à essayer de comprendre pourquoi. Ses hypothèses étaient nombreuses et variées : elle l’avait pris par surprise ; il se sentait seul ; il avait envie de dinde rôtie mais ne savait pas cuisiner ; il la plaignait. L’explication qu’elle envisageait avec le plus de réticence mais aussi le plus d’excitation était la plus simple et la plus énervante. Il venait parce qu’il en avait envie.

Alzheimer

 Elle aurait aimé pouvoir faire quelque chose, n’importe quoi, pour atténuer le chagrin de Bomber lorsqu’il voyait son père s’éloigner inexorablement vers un horizon lointain et inaccessible. La bonne santé physique de Godfrey était d’une cruelle ironie, couplée comme elle l’était à sa fragilité mentale, faisant de lui un enfant craintif et colérique qui aurait trop grandi. « Le corps d’un buffle, l’esprit d’un moucheron ».

Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thè­que de Dinard. Traduit de l’anglais par Claire Desserrey

 Les écrivains ont, à chaque époque, leur façon de se raconter. Au XVIIe siècle, on n’avait peu l’habitude de se répandre en confidences sur sa vie privée, surtout pour un philosophe. Même Montaigne au XVIe n’a écrit sur lui-même que pour nous faire comprendre qu’il « portait en lui l’humaine condition » et donc nous ne connaissons rien, ou presque, de ses amours ancillaires ou autres ! On sait peu de choses sur une petite Francine, enfant d’une servante en place à Amsterdam chez le libraire qui accueillera Descartes, elle est née en juillet 1635 et morte en 1640. La servante, sa mère, savait écrire et Descartes écrivit lors de la mort de l’enfant qu’il avait connu « le plus grand regret qu’il eût jamais senti de sa vie ». Voilà les source sûres qui donnent corps à ce roman « historique ».

L’auteure du XXIe Siècle, cherche à donner vie à cette Héléna que Descartes aurait séduite et avec qui il a eu une enfant.C’est particulièrement compliqué pour l’auteure, Genevre Glasfurd, car elle a bien du mal à imaginer les sentiments et les réflexions d’une femme de cette époque. Le fait que cette servante sache lire et écrire suffit-il pour l’imaginer indépendante et libérée des carcans de son époque ? Ce ne sont là que des hypothèses qui ne sont guère convaincantes, d’ailleurs on sent que l’écrivaine, par soucis de vérité sans doute, ne sait pas trop quel parti prendre : Héléna est à la fois très religieuse et éprise de liberté.

Cette histoire d’amour entre une servante protestante et un grand écrivain français catholique dont on sait historiquement que peu de chose, prend trop de place dans le roman. La description des difficultés pour écrire librement un livre de philosophie dans des pays dominés par un pouvoir religieux obscurantiste est beaucoup plus intéressante. Et puis, comme dans tout roman historique, le fait d’amener le lecteur à vivre dans une société du temps passé, nous fait découvrir une autre époque et d’autres lieux mais j’étais mal à l’aise parce que je sentais bien que l’auteure voulait donner une forte personnalité à une jeune femme dont on sait si peu de choses, même si le fait de savoir lire et écrire était peu banal, cela n’en fait pour autant la « femen » du XVIIe.

Lisez l’avis de Dasola qui a aimé cette lecture et qui souligne la qualité d’écriture de cette écrivaine à laquelle je n’ai pas vraiment été sensible. Même si ce roman se lit facilement.

Citations

L’importance des écrits pour Descartes

Qu’est ce qu’un livre ? Les élucubrations de mon cerveau. Des mots, écrits à la plume avant d’être imprimés. Des pages, assemblées et reliées, diffusées. Lorsqu’il paraît, un livre est une chose incroyable, il a de la la force, des conséquences. Il peut remettre en cause d’anciens dogmes, désarçonner les prêtres les plus convaincus, mettre à bas des systèmes de pensée.

Ambiance de l’époque en Hollande

Nous passons devant le marché aux poissons et l’église Pieterskerk ; un homme a été mis au pilori, pieds nus et sans manteau, avec à côté de lui un écriteau où l’on peut lire : FORNICATEUR.

20161115_181631Traduit de l’anglais par Olivier DEPARIS.

3Roman très « British » prêté par ma voisine qui adore nos « grands voisins », en me le laissant elle m’a dit : « Il faut lire ce roman pour comprendre le Brexit ». Pendant toute la lecture je me suis demandé pourquoi elle m’avait dit cela, en vérité je ne le sais toujours pas, mais je peux assurer que c’est une plongée au cœur de la société britannique et le moins qu’on puisse dire, c’est que malgré l’aspect satyrique et l’humour de l’auteur ce n’est guère réjouissant. La trame narrative suit de destin d’un certain Brian Marley, professeur d’anglais langue étrangère dans une école pour étrangers comme il y en a tant à Londres.

Divorcé et père d’un jeune enfant, sa vie est morose malgré sa rencontre avec la jeune étudiante Consuela dont il est amoureux, alors pour s’enrichir de 2 millions de livres, il accepte de partir en Papouasie, Nouvelle Guinée au milieu de la jungle et être le survivant d’une aventure filmée par une équipe de la BBC animant une émission dite de  » télé-réalité » . Alors que l’avant dernier candidat, au bord de la folie, doit être évacué et que Brian est donc en passe de devenir millionnaire, un accident d’hélicoptère le laisse seul dans une île déserte couverte d’une jungle très hostile à la présence humaine. La description de l’équipe des jeux télévisés est hélas trop proche de la réalité, leur envie de faire de l’audience n’est freinée par aucune considération humaine. Sommes-nous loin de la réalité ? même la mort d’un candidat n’a pas empêché un jeu télévisé de reprendre, et des hélicoptères qui s’écrasent lors d’une émission de télé-réalité cela me rappelle quelque chose…. Mais contre toute attente Brian va survivre, parce que cette île n’est pas vierge , il doit sa survie à un groupe d’Anglais victime d’un accident d’avion dans les années 50.

Ensemble ils vont réussir à rejoindre leur chère Patrie : le Royaume Uni . James Hawes peut ainsi mener une charge au vitriol contre les animateurs de Télé-réalité , rien de bien neuf mais c’est bien raconté. Mais comme nous nous retrouvons avec des Anglais typiques nous avons aussi le droit à une charge, non moins sévère, contre la soi disant grandeur de l’empire britannique colonialiste. Entre la vulgarité de ceux qui gagnent de l’argent trop facilement et qui passent leur temps à mépriser la pauvreté et le retour aux valeurs traditionnelles de la grande Bretagne portées par un parti conservateur le pauvre Brian Marley a peu de chance de trouver un quelconque bonheur surtout qu’il n’arrive pas à choisir entre sa mère, Consuela et George la jeune femme qu’il a ramenée de son île.

Roman qui brasse donc des aspects fort désagréables de notre société mais qui est un peu touffu et je dois avouer que j’en ai accéléré la lecture quand ils sont revenus en Angleterre. Je savais qu’on ne pouvait pas s’attendre à ce que ce pauvre Bob Marley réussisse enfin à prendre sa vie en mains. Pour mener à bien sa satyre, l’auteur a besoin d’un personnage un peu creux que les événements vont ballotter à leur guise et qui a souvent le don de m’ennuyer.

Citations

La télé-réalité

Ils (les concurrents) avaient tous finis par être évacués dans un état d’effondrement mental et physique total (de grands moments de télévision !)

Vision de l’Europe vu de la Grande Bretagne

Les Allemands aiment les Irlandais parce que c’est le seul pays qui ne ressort pas les vieux dossiers qui fâchent à chaque fois que les Allemands en ont marre de tout payer ; quant aux Français, ils aiment les Irlandais parce qu’ils pensent qu’aimer les Irlandais nous dérange, nous.

Humour à propos de Noël vu du mois de janvier

Noël, à présent, n’est plus qu’une méchante ombre sur la balance de la salle de bains et sur l’encours de la carte de crédit.

Réaction émotive anglaise

– Ah !
– Ah ! comme tu dis. La seule vraie réaction anglaise face à n’importe quelle émotion.

Les Anglais vus par un général vénézuélien

Il savait que les Anglais se comportaient comme des Anglais parce qu’ils se l’imposaient et qu’au fond d’eux c’étaient des fous furieux qui n’aspiraient qu’à terroriser la planète. Avant de devenir des Anglais, ils avaient été des pirates et des barbares. A présent, c’étaient des pirates et des barbares bien élevés et en costume de laine.

La célébrité et la télévision

Tous les gens importants passent à la télé, et les gens finissent par croire que ça marche aussi dans l’autre sens, que si on passe à la télé, c’est qu’on est quelqu’un d’important.

20161107_111041Traduit de l’anglais par Élodie LEPLAT. Lu grâce au club de lecture de la média­thèque de Dinard.

Notre Club s’est donné une tradition pour clore ses lectures. Au mois de juin, nous élisons « notre coup de cœur des coups de cœur », pour cela, la vingtaine des participants – remarquez le masculin, cette année deux hommes nous ont rejointes !) doivent lire les dix livres en lice pour pouvoir participer au vote autour d’agapes faites maison. « Le chagrin des vivants » avait connu un tel succès que je n’avais pas pu le lire l’an dernier , et depuis il est toujours sorti de la médiathèque. Comme je comprends son succès ! je pense que ce roman va être un concurrent sérieux pour notre prix en juin 2017.

5
Le roman se déroule essentiellement à Londres, sur cinq jours, du 7 novembre 1920 au 11 novembre où toute cette grande ville et tout le pays lui-même se souviendra de ceux qui sont morts pendant la guerre 14-18 sur le sol de France. Nous suivons également la dépouille du « combattant inconnu » qui sera inhumé à Westminster. Le début du roman est un peu compliqué, car c’est un roman choral, nous suivons le destin d’Hettie une jeune fille d’origine très modeste, de 19 ans qui veut danser et vivre à tout prix alors que son frère mort vivant n’arrive pas à retrouver le goût de la vie après son retour du front. Puis à Evelyn d’origine aristocrate qui a travaillé dans une usine d’armement pendant la guerre pour oublier la mort de son fiancé, et se sent devenir une vieille fille acariâtre et enfin à Ada dont le fils est mort à Albert avant d’envoyer cette carte postale de l’église tristement célèbre à sa mère.

066_001À partir de ces quatre femmes dont les destins se croisent, l’après guerre à Londres se dessine devant nos yeux de lecteur encore surpris de tant d’horreurs. Est-ce qu’il faut attendre 100 ans pour que tout soit dit sur une guerre ? J’ai beaucoup lu sur celle-ci, mais évidemment du côté français, il me semble qu’en France on a mieux traité les anciens combattants qu’en Grande Bretagne. Les hommes mutilés sont réduits à la mendicité. J’aimerais en savoir plus sur ce sujet mais déjà, dans la célèbre série Downton Abbey, on voit que les anciens soldats ont besoin de la charité publique pour se nourrir. La force du roman vient de ce que peu à peu comme beaucoup de Londoniens nous sommes attirés par la cérémonie du 11 novembre 1920 où beaucoup de Britanniques, dont nos quatre personnages, trouveront dans cette cérémonie en l’honneur du « combattant inconnu » un peu de consolation pour des maux si multiples et si profonds que rien ne semblait pouvoir les apaiser. L’auteure a très bien rendu compte de la variété des destins brassés dans un même creuset, celui de la guerre qui a tué, mutilé, ravagé une génération d’hommes jeunes et donc par voies de conséquences de leurs proches.

Citations

Les souffrances d’une mère

L’automne vint, les journées commençaient à raccourcir, la conscription à s’imposer. Alors elle commença à prier, ce qu’elle n’avait pas fait depuis des années. Elle priait égoïstement, désespérément, pour elle, pour Michael, pour que la guerre s’arrête à sa porte. Elle ignorait à qui elle adressait ces prières, elle ignorait qui était le plus puissant : un Dieu distant, qui écoutait ou pas ; la guerre affamée elle-même, qui grondait sur leur seuil.

Ceux qui sont revenus

Pourquoi ne peut-il pas passer à autre chose ?

Pas seulement lui. Tous autant qu’ils sont. Tous les anciens soldats qui font la manche dans la rue, une planche accrochée autour du cou. Tous vous rappellent un événement que vous voudriez oublier. Ça a suffisamment duré. Elle a grandi sous cette ombre pareille à une grande chose tapie qui lessive la vie de toute couleur et toute joie.
La guerre est terminée, pourquoi ne peuvent-ils donc pas tous passer à autre chose, bon sang ?

Payer pour une inscription sur les tombes des soldats morts en France

Ils m’ont demandé quelle inscription mettre sur la tombe. C’était six pence la lettre, rien que ça. On aurait pu croire qu’ils payeraient pour ça non ?

Qui a gagné la guerre

L’Angleterre n’a pas gagné cette guerre. Et l’Allemagne ne l’aurait pas gagnée non plus

– Qu’est ce que tu veux dire ?
– C’est la guerre qui gagne. Et elle continue à gagner, encore et toujours.

20160914_104257-1Traduction de l’anglais par Pierre CLINQUART entièrement revue et corrigée

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Je suppose que cette remarque « entièrement revue et corrigée » veut dire qu’il existe une première traduction un peu moins fidèle au texte ? Je suis restée quelques jours en compagnie d’un groupe de lapins dirigés par Hazel, un chef par qui beaucoup de groupes humains aimeraient être eux-mêmes guidés : il est intelligent, éprouve de la compassion et est ouvert à tous les conseils qui peuvent aider sa petite meute de lapin à survivre dans un milieu qui ne veut que leur destruction. Merci Keisha, ton enthousiasme est communicatif et je comprends d’autant mieux ton plaisir qu’enfant, tu avais déjà lu ce roman. Parce qu’il fait partie des rares livres qui peuvent être lus à tout âge. Les enfants adoreront ces histoires de lapins confrontés à des aventures absolument extraordinaires racontées de façon palpitantes. Ils auront peur pour Hazel et son jeune frère qui sait prédire l’avenir, Fyveer. Ils seront séduits par le courage de leurs amis Bigwig et le talent de conteur de Dandelion. Les adultes aimeront cet hymne à la nature , même si comme moi il leur faudra souvent rechercher des jolis noms aussi étranges que : les « mercuriales vénéneuses »

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ou » la jacobée »

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mais le nom que je préfère est : « eupatoire pourpre »

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en plus de son amour de la nature que le lecteur est prêt à partager avec le militant Richard Adams, on est absolument saisi par la prouesse d’écriture qui fait qu’à travers les différentes garennes et organisations des lapins, on retrouve toutes les conduites humaines. Il n’y a pas de message à proprement parler, mais quelque que soit la façon dont ils s’organisent, il s’agit toujours de résoudre le terrible sort des lapins de garenne :

La terre tout entière sera ton ennemie. Chaque fois qu’ils t’attraperont, ils te tueront. Mais d’abord ils devront t’attraper…

Les solutions varient pour échapper à la mort :

  • accepter que des hommes vous protègent en acceptant qu’ils prélèvent au hasard de leurs envie leur pourcentage de lapins afin de les manger.
  • organiser un système très bien caché de tous les prédateurs sous la houlette d’un tyran impitoyable.
  • Devenir lapin domestique dans un clapier
  • et enfin comme dans la garenne d’Hazel trouver un lieu suffisamment reculé et à l’abri du regard des hommes pour mener une vie de lapin sauvage qui doit se protéger de tous les « vilous ».

J’oubliais de dire que peu à peu nous apprenons le langage des lapins, nous « farfalons » nous suivons les exploits des Hourdas, nous craignons que les « shaar-tchoun » les plus faibles des lapins soient abandonnés par les autres. Comme toute société , les lapins ont leur mythe fondateurs et Dandelion raconte ces histoires soit pour donner du courage soit pour distraire la compagnie. On y retrouve Shraavilsa intelligent et rusé et son fidèle lieutenant Primsault, tous les deux se sortent toujours d’affaire mais ils mettent aussi leur vie en grand danger. Ce n’est pas très juste de ne mettre que 4 coquillages à un tel livre, car c’est une oeuvre originale, je n’ai rien lu de tel depuis longtemps, c’est évident que si j’avais gardé totalement mon âme d’enfants je lui mettais 5 coquillages sans hésiter.

Citations

un moment de bonheur

Voir s’achever le temps de l’angoisse et de la crainte ! Voir se lever puis se dissoudre les nuées lugubres suspendues au-dessus de nous – ces sombres nuages qui attristent le cœur et réduisent le bonheur en vague souvenir ! rares sont les êtres qui n’ont jamais éprouvé cette joie-là.
L’enfant qui attend sa punition et que voilà, à sa grande surprise, pardonné, et le monde retrouve aussitôt ses couleurs, ses exquises promesses.

Changer ses habitudes pour mieux s’adapter

Tu dis que les mâles ne creusent pas. C’est vrai. Mais ils le pourraient s’ils le voulaient. ça ne te plairait pas de dormir au fond de terriers bien douillets ? D’être sous terre par mauvais temps ou lorsque la nuit tombe ? Nous serions en sécurité. Et rien ne nous en empêche, à part le fait que les mâles ne sont pas censés creuser. Pas parce qu’ils n’en sont pas capables, mais parce qu’il en a toujours été ainsi.

Les lapins et la peur

Les lapins étaient mal à l’aise, désorientés. Ils s’aplatirent, respirant les parfums émanant de l’eau dans l’air frais du crépuscule. Puis ils se regroupèrent, chacun espérant ne pas déceler chez son voisin l’angoisse qu’il éprouvait lui même.

20160718_100133Traduit de l’anglais par Mathilde Bach. Lu grâce au club de lecture de la médiathèque de Dinard, il a obtenu « un coup de cœur », ce sont des valeurs sûres ces coups de cœur de notre club !

4
Superbe roman qui tient en haleine le lecteur jusqu’au point final. Plusieurs histoires se croisent et interfèrent les unes dans les autres. On y retrouve cette sensation qu’un « froissement d’aile de papillon » dans un coin de la planète aura des répercussions dans le monde entier. Dans la périphérie de Las Vegas, la famille de Daniel vit au rythme des missions militaires d’un genre particulier. Il dirige des drones sur des terroristes qui menacent la planète. Une guerre propre ? Seulement est-ce qu’une guerre peut l’être ? Ce jour là , Daniel et Maria ne tueront pas seulement un terroriste sur la frontière afghane et pakistanaise, en appuyant sur un bouton, ils tueront aussi le grand amour d’un écrivain : Michael. Celui-ci, terrassé par cette mort qu’il ne comprend pas, essaie de se reconstruire auprès de Samantha (à qui le livre est dédié) Josh et leurs deux filles dans un agréable quartier de Londres. Mais là encore, la bavure des militaires américains aura des conséquences tragiques.

Le roman raconte la lente reconstruction d’un homme écrivain après un deuil tragique. Le fait qu’il soit écrivain est important, il a toujours écrit ses livres grâce à un un don particulier : il sait entrer dans la vie des gens et ceux-ci lui font confiance au point de ne rien lui cacher de leur sentiments les plus intimes. Grâce à ce don, il devient l’ami indispensable de ses voisins, celui qui est invité à toutes les fêtes et qui peut donc un jour pousser la porte de leur maison en leur absence afin de récupérer le tournevis dont il a un besoin urgent. Le roman peut commencer, nous progressons dans la maison des voisins de Michael, saisi peu à peu par un sentiment d’angoisse terrible.

Je m’arrête là, car le roman est construit sur un suspens que je n’ai pas le droit de divulgâcher sans me mettre à dos tous les amateurs du genre qui seront ravis, car c’est vraiment bien imaginé. J’ai personnellement été plus sensible aux réflexions sur l’écriture. Ce personnage d’écrivain reporter m’a beaucoup intéressée. Faire son métier en utilisant la vie d’autrui comporte toujours une part de voyeurisme qui est aussi un des thèmes de ce roman. Mais évidemment l’autre centre d’intérêt qui questionne aussi beaucoup notre époque ce sont les conséquences de la guerre de notre temps qui utilise des drones pour éviter de faire mourir au sol les soldats de la force dominante.

Citations

Une bonne description

Ces hommes qui travaillaient dans des bureaux, et que les costumes ne semblaient jamais quitter, même nus.

L’anglais international

Il n’arrivait pas à reconnaître son accent. Ses phrases commençaient en Europe puis elles migraient, comme des hirondelles, survolaient l’Afrique à mi-chemin du point final.

Les vertus de la mer

La côte n’avait jamais été son décor naturel. Et cependant il se réveilla avec la certitude que seul l’océan pouvait l’apaiser. La mer semblait assez immense pour réprimer les angoisses qui le déchiraient . Assez pure pour lui dessiller les yeux.

Les peurs américaines et la guerre des drones

Las Vegas fournissait à l’Amérique des versions du monde, afin que l’Amérique n’ait pas besoin de s’y aventurer. D’autres pays, d’autres lieux étaient ainsi simultanément rapprochés et tenus à distance. Exactement comme ils l’étaient sur ces écrans qu’il observait à Creech. N’était-ce pas ce qu’ils faisaient également là-bas, lui et Maria, avec leur tasse à café qui refroidissait sur l’étagère à côté ? Introduire dans l’Amérique une version de la guerre. Une version à la loupe mais à distance, un équivalent sécurisé, où ils n’étaient pas obligés d’aller eux-mêmes.

20160716_131754Traduit de l’anglais par Hélène Hinfray

3
Je conseille la lecture de ce court témoignage à tous les fans de « Downton Abbey ». La quatrième de couverture dit que ce récit inspira plusieurs scénaristes dont Julian Fellowes (créateur de Downton Abbey). Mais ne vous attendez pas à retrouver la série, contrairement au personnage de Daisy, Margaret Powel est une jeune fille qui a tout de suite eu une conscience aiguë des limites de sa condition. Elle ne fait pas partie de ceux ou celles qui, à l’image de Carson ou de Mme Hughes, s’identifient complètement à la famille qu’ils servent. Elle cherche par tous les moyens à sortir de sa condition d’aide cuisinière et pour cela change le plus souvent possible d’employés. Cela nous vaut une série de portraits des riches familles anglaises hautes en couleurs ! Entre celle où on l’oblige à repasser les lacets des chaussures, celles où on ne les nourrit pas assez, celles où on les fait trimer comme des bêtes de somme, tout cela donne une vision bien éloignée de notre chère famille Crawley. Une seule famille semble un peu corresponde à cet idéal, mais Margaret n’y reste pas longtemps car elle veut surtout se marier et ne plus être au service de.. Ce qui donne autant d’énergie à cette toute jeune fille c’est une éducation rude mais très joyeuse au bord de la mer à Hove près de Brighton. Elle y a acquis une vision très juste de la société. Bien sûr le style est très plat mais on ne s’attend pas à plus pour ce témoignage très vivant.
Pour le plaisir d’entendre sa voix voici un petit film où elle recommande de manger du poulet anglais :

Citations

L’importance du dimanche dans sa famille

Enfin, on ne peut pas dire non plus que l’église jouait un grand rôle dans la vie de mes parents. Je crois qu’ils n’avaient pas vraiment de temps à consacrer à ça ; ou plus exactement ils n’en avaient pas envie. D’ailleurs on était plusieurs dans la famille à ne pas être baptisés. N’empêche qu’on devait tous aller au catéchisme le dimanche. Pas parce que nos parents étaient croyants, mais parce que pendant ce temps-là on n’était pas dans leurs jambes. Le Dimanche après-midi, c’était le moment où il faisait l’amour.

L’école

Mais ce qui était formidable à l’école, c’est qu’on devait apprendre. À mon avis, il n’y a rien de plus important que de savoir lire et écrire et compter. C’est de ces trois choses-là qu’on a besoin si on veut travailler et gagner sa vie. Nous, on nous forçait à apprendre , et je pense que les enfants il faut les forcer. Je ne crois pas aux théories comme quoi « s’ils n’en ont pas envie ça ne leur apportera rien ». Bien sûr que ça leur apportera quelque chose . Nous, notre maîtresse venait nous donner une bonne gifle quand elle nous voyait bayer aux corneilles. Et croyez-moi, quand on sortait de l’école on sortait avec quelque chose.

L’intérêt des patrons pour leurs domestiques

En fait pendant toute ma vie en condition j’ai constaté que les patrons se souciaient toujours énormément de notre bien-être moral. Ils se fichaient pas mal de notre bien-être physique. Pourvu qu’on soit capable de bosser, ça leur était bien égal qu’on ait mal au dos, au ventre ou ailleurs ? Mais tout ce qui avait à voir avec notre moralité, ils trouvaient que ça les regardait. C’est ce qu’ils appelaient « prendre soin des domestiques » s’intéresser à ceux d’en bas. Ça ne les dérangeaient pas qu’on fasse de grosses journées, qu’on manque de liberté et qu’on soit mal payé ; du moment qu’on travaillait bien et qu’on savait que c’était le Bon Dieu qui avait tout organisé pour que nous on soit en bas à trimer et qu’eux ils vivent dans le confort et le luxe, ça leur convenait parfaitement.

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Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Isabelle Caron. Lu dans le cadre du meilleur des coups de coeur de l’année 2015/2016 au club de lecture de la médiathèque de Dinard

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J’ai eu beaucoup de mal à lire ce livre qui utilise un procédé étonnant et, comme tous les procédés, très artificiels. Le personnage principal est souvent en grand danger de mort, en si grand danger que la mort l’emporte … le roman pourrait alors s’arrêter. Ce serait méconnaître le pouvoir de l’écrivain qui reprend là où l’histoire s’est mal engagée pour la survie d’Ursula . Ce bébé meurt au chapitre un, à la naissance car le médecin n’a pas pu arriver à temps, à cause de la neige. Kate Atkinson reprend : le médecin arrive et Ursula respire…. Puis, elle périra noyée mais en reprenant le récit là où le danger était si grand que la fin logique était la noyade, elle sera sauvée par un peintre qui peignait une marine de cette si belle côte avec deux enfants jouant sur le rivage.

Bref, de récit en récit, on arrive à connaître parfaitement la Grande Bretagne de 1910 à 1946. Ce roman ne donne pas toutes les clés ni des relations des personnages entre eux, ni du pourquoi de leur présence dans des lieux si chargés historiquement : le lecteur est promené du Blitz dans les caves de Londres, au nid d’aigle aux côtés d’Eva Braun et Hitler. Au début, je me perdais à cause de ce procédé qui crée de multiples retours en arrière et puis je m’y suis habituée. J’ai pensé que c’était comme si l’écrivain vous proposait de refaire votre vie autrement à chaque fois que la souffrance vous a totalement submergé. Ursula prend peu à peu conscience qu’elle possède un pouvoir à la fois de prémonition et aussi celui d’empêcher la catastrophe en déviant les forces du destin, il faut pour cela effectuer un retour en arrière. Comme je lisais simultanément « La Variante Chilienne » je trouve que cette citation convient parfaitement à « Une Vie Après l’Autre »

Les « si » sont des carrefours invisibles dont l’importance se manifeste trop tard.

Pour être plus claire, je prends un exemple : Bridget la nourrice et aide cuisinière de la famille, toute heureuse de la fin de la guerre 14/18 veut aller avec son amoureux fêter le retour des soldats à la gare de Londres. Dans la première version du roman, elle y attrape le virus de la grippe espagnole, elle en mourra mais le transmettra au plus jeune frère d’Ursula. Celle-ci met toutes ses forces pour revenir au moment de la prise de décision d’aller à Londres pour empêcher ce projet dont elle seule connaît les funestes conséquences. Cela nous vaut trois récit différents car Bridget veut absolument mettre son projet à exécution, Ursula finira par la précipiter du haut de l’escalier de la maison. Les conséquences sont doubles, Bridget n’ira pas à Londres, personne dans la famille n’aura la grippe espagnole. Mais on ferra soigner la petite fille pour trouble mentaux, elle rencontrera un psychiatre qui sera bienveillant et qui l’accompagnera une grand partie de son enfance. Je crains qu’en disant cela, vous soyez comme moi dérouté par ce procédé, ce serait alors vous priver d’un roman qui décrit si bien l’Angleterre de cette époque. Je n’ai jamais rien lu d’aussi précis à propos de l’horreur des bombardements sur Londres pendant la guerre. Et puis, il y a cet humour si britannique qui fait tellement de bien.

Un livre surprenant donc mais qui plaira aux amoureux de notre chère Grande Bretagne qui vient de choisir de quitter l’Europe !

Citations

L’éducation sexuelle toute britannique

Sylvie n’avait pas la moindre idée d’où venaient les bébés, elle n’avait guère été plus avancée pendant sa nuit de noce. Sa mère, Lottie, avait fait des allusions, mais craint de donner des précisions anatomiques.Les relations conjugales entre Hommes et femmes semblaient mystérieusement impliquer des alouettes prenant leur essor au point du jour.

 

Des contacts physiques contraires à la bonne éducation britannique

Le bébé emmailloté comme une momie pharaonique fut enfin remis à Sylvie.Elle caressa doucement sa joue de pêche et dit « Bonjour, ma petite » et le Dr Fellowes se détourna afin de ne pas être témoin de démonstrations d’affection aussi sirupeuse.

Les sentiments pour une belle mère

Adelaïde menaçait de mourir depuis plusieurs années, mais « n’avait jamais tenu sa promesse » disait Sylvie.

Les bienfaits de l’Europe

Ursula était vierge en s’embarquant pour l’Europe, mais ne l’était plus à son retour. Elle pouvait en remercier l’Italie. (« Ma foi, si on ne peut pas prendre un amant en Italie, on se demande bien où s’est possible », disait Millie).

Le sens du roman

Et si nous avions la chance de recommencer encore et encore jusqu’à ce que nous finissions par ne plus nous tromper ? Ce ne serait pas merveilleux ?

20160512_101050Traduit de l’anglais par France Camus-Pichon.

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Lecture que je dois à Krol, je me demande si comme moi elle a été gênée par le prénom de la cinquième femme de Michael Beard : « Patrice » est pour moi un prénom de garçon, à chaque fois je m’efforçais de penser « Patricia » sans quoi je n’arrivais pas à lui donner des traits féminins. Comme notre personnage est un scientifique tourné ver l’avenir de la planète, j’ai associé son roman à une revue qui explore le futur « Usbek et Rica« , dont je parlerai peut-être un jour. En attendant, voici donc le roman racontant la vie de Michael Beard physicien couronné par un prix Nobel que les mauvaises langues jugent très immérité . Peu importe, c’est un membre influent de la Royale Académie de sa Majesté Elizabeth d’Angleterre. Il ronronne un peu et passe son temps à répéter la même conférence dans des lieux divers et devant des publics variés. Il a une autre occupation lire les articles de physique pour voir à quel moment et en quels termes son nom sera cité. Bref sur le plan professionnel, ce n’est plus vraiment ça, il est de plus fortement agacé par la jeune génération à catogan qui ne respecte pas assez les glorieux aînés.

Et sur le plan personnel ? Là c’est carrément la Bérézina ! Sa cinquième femme, la fameuse Patrice, le trompe avec un vulgaire maçon . Bien sûr, lui ne se prive jamais de conquêtes féminines. Mais avec cette histoire de maçon sa descente aux enfers commence. Il n’a plus que deux préoccupations dans la vie, oublier Patrice et essayer de décider de commencer un début d’un éventuel régime ! Évidemment, il rate les deux . Il partira pourtant au pôle nord puis dans le désert du Mexique. Mais continuera avec la même constance à rater sa vie. Quelque soit ses rencontres et ses différentes femmes, il les trompe toujours et il grossit toujours autant. Il ne fait pas que cela, il est d’une mauvaise foi incroyable et se donne bonne conscience quelques soient ses actions qui peuvent aller jusqu’à tuer quelqu’un, sans le vouloir certes , et ensuite faire endosser cette mort par un autre. Évidemment, il est également malhonnête dans sa recherche scientifique. Bref un sale bonhomme avec qui je suis restée trop longtemps.

J’ai peiné à la lecture de ce roman pourtant agrémenté de passages drôles pimentés par un humour très britannique. On y retrouve aussi beaucoup de problèmes qui agitent notre planète. Mais voilà le roman annonce assez vite qu’il est impossible que ce personnage s’en sorte bien, du coup on attend sa chute et on trouve qu’elle tarde à venir. Et comme son cerveau est embrumé par l’alcool ou l’importance de la nourriture , j’ai eu plus d’une fois la tentation de lire en diagonal pour aller plus vite que lui. D’avance je savais qu’il allait redemander un whisky, se resservir du plat principal, coucher avec la serveuse, pomper dans des recherches d’un autre savant et se les approprier et que tout cela allait très mal se finir. Bref, j’ai étouffé parce que je me suis sentie enfermé dans ce personnage qui a fini par m’énerver.

Citations

Mauvais goût pour un anglais et ce maçon est l’amant de sa femme…

le maçon, celui-là même qui avavit rejointoyé leurs murs, aménagé leur cuisine, refait le carrelage de leur salle de bain, ce type épais qui, un jour, devant une tasse de thé, avait montré à Michael une photo de sa maison simili-Tudor rénovée et tudorisée par ses soins, avec un bateau posé sur sa remorque sous un réverbère de style victorien au milieu de l’allée bétonnée, et un emplacement où ériger une cabine téléphonique rouge à usage décoratif.

Flegme et classe britannique

Vous pouvez me parler sans me regarder, avait-il envie de dire, surveillant le flot de véhicules devant eux pour tenter de prédire à quel moment il allait devoir attraper le volant. Pourtant, même Beard avait du mal à critiquer un homme qui le transportait gratuitement – son hôte, en fait. Plutôt mourir ou mener une morne vie de tétraplégique qu’être impoli.

L’obsession de la nourriture , par exemple : les chips

Sa technique était de poser la lamelle de pomme de terre au milieu de sa langue et, après avoir profité quelques secondes de la sensation, de l’écraser contre son palais. Selon lui, la surface irrégulière de la chips causait de minuscules ulcérations de la chair, dans lesquelles se déversaient le sel et les additifs, doux mélange de plaisir et de douleur à nul autre pareil.