Traduit de l’anglais par Jean Esch.
J’avais apprécié avec quelques réserves « Miniaturiste« , je n’ai donc pas hésité à me plonger dans son nouveau roman. Cette auteure sait captiver son lectorat. Et je m’en voudrais de vous dévoiler tous les ressorts de l’intrigue. Tout tourne autour d’un tableau qui a été peint en Espagne au début de la guerre civile. L’intrigue romanesque se passe en deux lieux et en deux temps. En Grande-Bretagne en 1957, dans la galerie d’art Skelton dirigée par un certain Edmund Reed et une Femme Marjorie Quick, notre apprentie écrivaine Odelle Bastien vient se présenter pour un poste de dactylo. Elle est originaire des Caraïbes et dans l’Angleterre de ces années-là, on sent très bien le rejet des « gens de couleurs ».
L’autre moment se passe en Espagne à côté de Malaga, une famille germano-britannique vit là pour aider Sarah Schloss, épouse d’Harold négociateur d’œuvres d’art, à sortir de sa dépression. Leur fille Olive peint mais en cachette de son père qui, elle en est certaine, n’apprécierait pas les tableaux d’une femme et encore moins de sa fille. La famille est aidée par Izaac et Teresa Robles, deux jeunes espagnols originaires du village. On assiste au début des violences qui amèneront la guerre civile espagnole et à une passion à la fois pour la peinture et l’amour charnel. La jeune Olive est une grande artiste qui aimerait tant que son père ne la regarde plus comme une jeune fille dilettante de la bonne société. La guerre en Espagne puis le sort des juifs vont complètement battre les cartes de façon telle que personne ne puisse s’y retrouver. En 1957, le jeune Lawrie Scott vient dans la galerie où travaille Odelle faire évaluer le tableau qui a de tout temps accompagné sa mère : « les filles au Lion » , Odelle qui commençait à s’adapter à la vie londonienne, ne s’attendait pas à la violence de la réaction de sa patronne Marjorie Quick. Il faudra les 500 pages du roman pour que tous les fils se dénouent.
Jessie Burton est vraiment maître des intrigues et nous les suivons avec intérêt car elle sait mettre en toile de fond la réalité historique et elle raconte très bien. Et pourtant… encore une fois, j’ai quelques réserves peu partagées par la blogosphère. J’ai lu ce roman avec beaucoup d’attention , on ne peut pas faire autrement qu’être attentive car sinon on perd vite le fil. Je devrais savoir gré à Jessie Burton de cela. Mais voilà, je me suis aussi sentie prisonnière de cette intrigue et j’avais plus envie de finir ma lecture que de la retrouver les personnages tous les soirs et rester rêver avec eux . Pour moi, elle en fait trop. C’est comme un filet qui nous enserre, je perds ma liberté quand je la lis. Je pense que cette auteure ne me convient pas tout à fait , heureusement elle a beaucoup d’admiratrices parmi les blogs que j’apprécie donc vous pourrez lire des avis enthousiastes qui me contredisent.
Citations
Description de Londres
Je devenais une observatrice expérimenté des poussées irrégulières et des cicatrices de l’habitat londonien. Les codes postaux, la brique, rosier ou pas, le décrottoir, la hauteur du perron ou son absence constituaient un langage que j’avais appris. Vous ne pouviez pas vivre ici sans remarquer les différences entre les rues où régnaient la paix ou le chaos, un chien galeux vautré près du caniveau, des enfants en haillons, une haie de buis bien taillée, un rideau soulevé qui dansait. À Londres il existait de nombreuses façons de vivre, mais peu de façon de changer de vie.
La création féminine en peinture 1936
Sais-tu combien d’artistes vend mon père ? Vingt six, la dernière fois que j’ai compté. Sais-tu combien il y a de femmes parmi eux ? Aucune. Pas une seule. Les femmes en sont incapables, figure-toi. Elles n’ont pas de vision. Pourtant si je ne m’abuse, elles ont des yeux, des mains, un cœur et une âme.
Racisme ordinaire en 1957
Elle ne connaissait pas d’autres gens de couleur, m’a-t-elle confié le jeudi de cette première semaine. Quand je lui ai répondu que je n’en connaissais pas non plus, en tout cas pas sous ce nom, elle m’a regardé avec une expression d’un vide abyssal.
Un portrait bien croqué
À vingt et un ans, Pat Rudge était la dernière descendante d’une longue lignée d’habitants de l’East End. Une choucroute laquée tenait en équilibre sur sa tête et elle avait assez de khôl autour des yeux pour maquiller cinq pharaons.
Le cinéma français vu par un Anglais
» Vous préférez peut-être aller voir un de ces films français où les gens n’arrêtent pas d’entrer, de sortir et de se regarder ? »
J’avais eu qq bémols sur le précédent et j’ai l’impression que là aussi j’en aurai (pour tout te dire, je me serais passée aisément de l’existence de la petite maison dans Miniaturiste, un comble! ^_^)
Je comprends bien ce que tu dis. On aime bien ses romans mais pas complètement. C’est un peu bizarre .
Tu as mis tout à fait le doigt sur ce qui ne m’a pas plu dans Miniaturiste, l’impression que l’auteur nous dit quoi penser, quoi ressentir, en fait trop… Je n’aime pas qu’on commande mes émotions !
Mais tu vois aussi que beaucoup de lectrices et lecteurs l’aiment beaucoup. Cette histoire est prenante mais comme toi j’étouffe quand on veut trop m’expliquer les choses.
Ben, tu vois, tu confirmes mes réticences à moi aussi, le côté fantastique du Miniaturiste m’avait gêné, je trouvais que c’était en trop, trop télécommandé et que finalement, le roman n’avançait que sur une patte, l’historique, qui était prenant, mais on n’allait pas très loin non plus … Donc, je ne lirais sans doute cette auteure, même si elle est très bien servie par la blogo !
oui il est bien servi car il a quelque chose, mais je n’y adhère pas totalement.
Je reste persuadé que le miniaturiste me plairait davantage.
Et moi je doute un peu que cette auteure te plaise, mais à toi de me détromper.
Je n’ai pas accroché du tout à celui là, alors que j’avais beaucoup aimé Miniaturistes, mais cela reste de bons romans, bien faits et qui se lisent agréablement
Voilà , tu résumes exactement ce que je pense.
Et bien dis donc, ça m’intrigue tout ça. Maintenant j’ai très envie de me faire ma propre opinion ! Je l’avais déjà noté, je le renote. Je ne connais pas l’auteure.
On ne peut pas tout lire, si tu es trop sollicité par d’autres romans, tu peux laisser ces deux-là de côté. Enfin selon moi, mais tu peux aussi chercher à savoir pourquoi je te dis cela.
je comprends tes bémols et j’ai justement aimé pleinement, aveuglément Le Miniaturiste… et je crois que j’aime bien être prisonnière d’une intrigue !!!:) A lire, ça m’intrigue encore plus maintenant:)
Bonjour Luocine, comme toi, j’avais apprécié Le miniaturiste (avec des réserves). Concernant celui-ci, le sujet ne m’attire pas du tout. Je passe. Bonne journée.
J’ai entendu/lu tout et son contraire sur ce titre… Il faudrait que je me lance…