20160716_131754Traduit de l’anglais par Hélène Hinfray

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Je conseille la lecture de ce court témoignage à tous les fans de « Downton Abbey ». La quatrième de couverture dit que ce récit inspira plusieurs scénaristes dont Julian Fellowes (créateur de Downton Abbey). Mais ne vous attendez pas à retrouver la série, contrairement au personnage de Daisy, Margaret Powel est une jeune fille qui a tout de suite eu une conscience aiguë des limites de sa condition. Elle ne fait pas partie de ceux ou celles qui, à l’image de Carson ou de Mme Hughes, s’identifient complètement à la famille qu’ils servent. Elle cherche par tous les moyens à sortir de sa condition d’aide cuisinière et pour cela change le plus souvent possible d’employés. Cela nous vaut une série de portraits des riches familles anglaises hautes en couleurs ! Entre celle où on l’oblige à repasser les lacets des chaussures, celles où on ne les nourrit pas assez, celles où on les fait trimer comme des bêtes de somme, tout cela donne une vision bien éloignée de notre chère famille Crawley. Une seule famille semble un peu corresponde à cet idéal, mais Margaret n’y reste pas longtemps car elle veut surtout se marier et ne plus être au service de.. Ce qui donne autant d’énergie à cette toute jeune fille c’est une éducation rude mais très joyeuse au bord de la mer à Hove près de Brighton. Elle y a acquis une vision très juste de la société. Bien sûr le style est très plat mais on ne s’attend pas à plus pour ce témoignage très vivant.
Pour le plaisir d’entendre sa voix voici un petit film où elle recommande de manger du poulet anglais :

Citations

L’importance du dimanche dans sa famille

Enfin, on ne peut pas dire non plus que l’église jouait un grand rôle dans la vie de mes parents. Je crois qu’ils n’avaient pas vraiment de temps à consacrer à ça ; ou plus exactement ils n’en avaient pas envie. D’ailleurs on était plusieurs dans la famille à ne pas être baptisés. N’empêche qu’on devait tous aller au catéchisme le dimanche. Pas parce que nos parents étaient croyants, mais parce que pendant ce temps-là on n’était pas dans leurs jambes. Le Dimanche après-midi, c’était le moment où il faisait l’amour.

L’école

Mais ce qui était formidable à l’école, c’est qu’on devait apprendre. À mon avis, il n’y a rien de plus important que de savoir lire et écrire et compter. C’est de ces trois choses-là qu’on a besoin si on veut travailler et gagner sa vie. Nous, on nous forçait à apprendre , et je pense que les enfants il faut les forcer. Je ne crois pas aux théories comme quoi « s’ils n’en ont pas envie ça ne leur apportera rien ». Bien sûr que ça leur apportera quelque chose . Nous, notre maîtresse venait nous donner une bonne gifle quand elle nous voyait bayer aux corneilles. Et croyez-moi, quand on sortait de l’école on sortait avec quelque chose.

L’intérêt des patrons pour leurs domestiques

En fait pendant toute ma vie en condition j’ai constaté que les patrons se souciaient toujours énormément de notre bien-être moral. Ils se fichaient pas mal de notre bien-être physique. Pourvu qu’on soit capable de bosser, ça leur était bien égal qu’on ait mal au dos, au ventre ou ailleurs ? Mais tout ce qui avait à voir avec notre moralité, ils trouvaient que ça les regardait. C’est ce qu’ils appelaient « prendre soin des domestiques » s’intéresser à ceux d’en bas. Ça ne les dérangeaient pas qu’on fasse de grosses journées, qu’on manque de liberté et qu’on soit mal payé ; du moment qu’on travaillait bien et qu’on savait que c’était le Bon Dieu qui avait tout organisé pour que nous on soit en bas à trimer et qu’eux ils vivent dans le confort et le luxe, ça leur convenait parfaitement.

16 Thoughts on “Les tribulations d’une cuisinière anglaise – Margaret POWELL

  1. C’est sûr que Downton Abbey ne doit guère refléter la majorité des familles aristocratiques anglaises !

  2. Hello !
    N’étant pas une littéraire distinguée, j’aurais peut-être mis un quatrième coquillage à ce témoignage incroyable qui vient rééquilibrer très justement le côté glamour et si agréable de la fameuse série de Downton Abbey.
    Le dynamisme, l’intelligence et le discernement de l’auteur sont tout à fait remarquables et son coup de plume plutôt bien enlevé pour quelqu’un qui ne se destinait pas spécialement au monde des belles lettres. Et puis elle nous donne à penser un tas de choses sur la condition humaine non seulement des domestiques anglais de son temps mais de la condition humaine tout court.
    Un bon moment de lecture. Vraiment, isn’t it ?

    • Merci pour ce long commentaire , je suis entièrement d’accord. Et pour l’aspect humain on peut mettre 4 ou 5 coquillages, mais on attend d’un livre un plaisir de style écrit qui n’est pas là. Je pense aussi qu’en anglais il doit y avoir un charme d’un anglais direct et moin « british » , la traduction ne donne qu’un français platet banal.

  3. Le genre de livre qui me plait bien généralement!

  4. jerome on 18 août 2016 at 12:56 said:

    N’ayant jamais vu Downton Abbey et n’étant pas particulièrement intéressé par le sujet, je vais passer mon tour je crois.

  5. Freg on 20 août 2016 at 16:53 said:

    J’ai peu apprécié Downton Abbey, un peu irréaliste, je me suis ennuyée.
    Ce livre est sans doute pour moi.

  6. J’avais lu des avis mitigé sur ce roman, peut-être que je me laisserai tenter…

    • Ce n’est pas un roman. Ce sont des souvenirs d’une cuisinière de grandes maisons, mis en forme par une journaliste. C’est donc un témoignage.

  7. Peut être pour ma maman qui est fan de « Dawnton Abbey » !

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