SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Françoise Adelstain

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Un livre d’une grand qualité, car il sait transmettre une forte émotion, tout en respectant les codes de bienséance britanniques. Un homme au sommet de la gloire dans le système juridique anglais, « le vieux Filth »  : Failed in London try in Hong-Kong (acronyme qui veut dire « si tu échoues à Londres essaie à Hong-Kong » mais le mot veut aussi dire sale ou saleté), est respectable et très respecté, connu et admiré pour son savoir juridique. Après une brillante carrière à Hon-Kong, il revient dans le Dorset.

Le roman commence, lorsqu’il se retrouve veuf et très âgé. Ce veuvage auquel il ne s’attendait pas va l’entrainer dans une pérégrination vers son passé. Il est un enfant des colonies britanniques, ce qui veut dire qu’à six ans, il est brutalement séparé de la femme qui l’élevait pour partir au pays de Galle ou de vagues tantes lui ont trouvé une famille d’accueil. Rudyard Kipling parlera, lui aussi de cette incroyable violence faite à des enfants : les colons britanniques avaient si peur que leurs enfants se lient aux indigènes qu’ils préféraient s’en séparer pendant les longues années de 5 ou 6 ans à 18 ans.

Ce vieux Monsieur digne, qui ne peut pas exprimer ses sentiments et qui est, pour tout son entourage, la respectabilité même va peu à peu par toutes petites touches nous livrer ses souffrances, celles de son enfance sont énormes et il est soudain incapable de finir sa vie sans s’y confronter de nouveau. Au passage nous connaitrons ses amitiés, ses amours et son couple beaucoup moins simple qu’il n’y paraît.

Le roman est traversé par des personnalités pour le moins étranges. Les deux tantes qui devaient s’occuper de leur neveu sont complètement dérangées, typiquement anglaises peut être ? Essentiellement intéressées par le golf et pas du tout par le bien être d’un enfant dont elles n’avaient pas demandé à s’occuper. C’est très émouvant de voir le regard des autres vis à vis de ce vieux Filth, regard qui s’arrête à son allure, à sa respectabilité, à son élégance, à sa dignité, et le long et douloureux cheminement de cet homme vers une autre vérité , celle qui a bien failli l’anéantir.

PS : Ce roman a déçu deux lectrices du club et n’a donc pas reçu de coup de cœur, je le regrette . Elles ont trouvé cet homme peu sympathique et le roman bavard, je donne leurs arguments par honnêteté, mais je ne suis pas du tout d’accord. J’aimerais bien lire d’autre avis sur ce roman.

Citations

Un nouveau mot pour moi

Sa somnolence postprandiale

Le veuvage d’un vieil homme

Désormais à près de quatre vingts ans, il vivait seul dans le Dorset. Sa femme , Betty, était morte, mais il papotait souvent avec elle en vaquant dans la maison. 

Une enfance malheureuse

Il n’avait pas bu de lait depuis son départ de chez Ma Didds, au pays de Galles. Elle devait être ici. « Tu ne sors pas de ce placard tant que tu n’as pas bu ce verre de bon lait et tu as intérêt à ne pas remuer les pieds parce qu’il y a un trou en dessous aussi profond qu’un puits, et on n’entendrait plus jamais parlé de toi. » Enfermé toute la journée, jusqu’à l’heure du coucher, il avait six ans.

L’idéal féminin de bien des hommes

Mrs Ingoldby fut le premier amour anglais d’Eddie. Il ignorait qu’une femme si peu compliquée pût exister. Calme et rêveuse, souvent vous apportant une tasse de thé sans raison particulière sauf par affection ; satisfaisant tous les caprices d’un mari colérique dont elle ne se plaignait pas. Ravie sans jamais se lasser des surprises que réservait chaque nouveau jour.

Les mémoires

12 Thoughts on “Le maître des apparences -Jane Gardam

  1. je vais voir s’il est dispo dans ma bibliothèque
    je crois que j’ai déjà croisé cette auteure mais je ne sais plus pour quel livre

    • Un excellent souvenir de lecture pour moi. Surtout parce que je ne connaissais pas ce point de l’histoire britannique, ces enfants coupés de leurs parents pendant de si longues années. Deux lectrices du club ont été plus critiques que moi?

  2. Un auteur surtout présent en ‘jeunesse’ à la bibli.

  3. Je ne connais pas non plus ce pan de l’histoire, et c’est toujours intéressant d’avoir des avis divergants sur un livre

    • Oui c’est vrai mais j’ai été un peu triste que ce livre ne reçoive pas son coup de coeur à notre club, car alors il gagne un public plus large à la médiathèque et je pense encore qu’il le méritait.

  4. Auteure inconnue pour moi ! Il ne me suffira pas d’une vie pour découvrir tous ces auteurs !!! Moi qui aime la littérature britannique, ça devrait me plaire. Se trouvera-t-il à la médiathèque ?

  5. Jamais entendu parler mais on te sent vraiment sous le charme.

    • C’est vrai , j’ai beaucoup aimé le sujet traité avec une grande délicatesse. Un homme qui a été très important et que la vieillesse rend un peu potiche et qui en réalité a connu dans son enfance une dureté à peine imaginable. Je crois qu’il est toujours temps de retourner voir ce qui nous a fait souffrir dans l’enfance quel que soit son âge.

  6. Mêms si tu n’as pas tout aimé, cette thématique m’attire ( celui des apparences) et je me laisserai certainement séduire…

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