Édition Stock janvier 2024

 

En 1720, le roi de France, Louis XV, a décidé que la Louisiane serait une terre française, et pour cela il faut peupler cette région, donc y envoyer des femmes : c’est le thème de ce gros roman de 550 pages. Le premier envoie fut une catastrophe car les femmes ne voulaient pas partir et ont résisté jusqu’au bout. Les autorités s’y prennent donc autrement et réussissent à convaincre des femmes de s’embarquer à Lorient sur un navire appelé « la Baleine », direction la Louisiane, le mariage et surtout la procréation car il s’agit avant tout de peupler cette région de bons petits français.

Le roman commence à la Salpêtrière, où sont retenues prisonnières, pour des raisons les plus diverses, de très jeune filles. Nous allons y rencontrer connaître les héroïnes du roman : Geneviève la plus âgée, dont les parents qui cultivaient les vers à soi en Provence, ont tout perdu dans un incendie, Pétronille qui a une tâche blanche sur le visage et dont les parents se sont débarrassés , Etiennette et Charlotte deux orphelines élevées à la Salpêtrière . Les conditions de vie dans cet asile pour jeunes filles et jeunes femmes sont absolument horribles et on comprend qu’un ailleurs les ait tentées.

La deuxième partie c’est le voyage, on peut imaginer l’horreur de cette traversée sous le regard sévère des bonnes sœurs, heureusement sujettes au mal de mer ce qui donne un peu de liberté aux passagères. Pendant le voyage des liens se créent, une histoire d’amour avec un marin et des liens amoureux entre Charlotte et Etiennette. Un abordage de pirates puis, enfin, plus mortes que vives, leur arrivée en Louisiane

Troisième partie : le destin de ces pauvres filles qui sont mariés à des rustres pour la plupart et qui vivent dans des conditions très hostiles : une nature difficile à supporter et des populations indiennes qui voient d’un mauvais œil ces gens qui leur volent leur terre.
L’autrice a recherché sérieusement ce qu’elle a pu trouver dans les archives de ces faits historiques et à partir de là elle a construit une intrigue romanesque. Autant la toile de fond historique m’a intéressée autant le romanesque m’a semblé plaqué et je n’ai pas du tout adhéré aux personnalités qu’elle a choisies de mettre en scène. L’intrigue amoureuse entre Charlotte et Geneviève n’est pas passionnante et les tourments psychologiques de la pauvre Charlotte m’ont quelque peu lassée. Comme ces femmes ont la sympathie de l’autrice, elles sont « évidemment » proches des Indiens (les Natchez) et s’offusquent du sort qui leur ait réservé et elles essaient d’être « gentilles » avec le esclaves noirs.

La description de la situation des Natchez de leurs révoltes et finalement de leur extermination par les Français m’a beaucoup intéressée .

Une déception pour ce roman dont j’attendais beaucoup, car je n’avais encore rien lu sur ce sujet. La quatrième de couverture annonce une série télévisée à partir de ce livre, je pense que cela peut donner de belles images et peut être que le romanesque passera mieux.

Extraits

Début.

Paris, mars 1720
 Marguerite doit dresser une liste. Elle replie la lettre de l’avocat général, s’efforce de trouver une meilleure posture pour sa jambe raide. Après la pluie de ces derniers jours, la douleur enfle de ses orteils à sa cuisse, bourgeonne jusque dans les articulations de ses mains. C’est l’heure où les filles ont quitté les ouvroirs, où les voix récitant les derniers psaumes se sont tues, où les sœurs officières lui ont remis leurs derniers inventaires. Les atelier sont fermés et les artisans retirés dans leurs logements. On n’entend même plus les prisonnières des loges aux folles.

L’état des prisons en 1720.

 Comme tous les hivers, le système d’évacuation qui longe le mur à l’est de la Salpêtrière à débordé quand les eaux épaisses de la Seine se sont mises à couler trop vite ; la prison trempe dans une odeur aussi solide que de la boue séchée, de la fiente d’oiseau.

Consoler une enfant de la mort de son père.

 Elle envie la tristesse simple, abyssale de sa fille. Hier, en voyant le cercueil pour la première fois, la petite s’est mise à sangloter, et Geneviève lui a raconté une histoire pour l’apaiser. Une fois sous terre, le cercueil se transformerait à nouveau en chêne, ses planches se feraient racines. Un arbre invisible jaillirait et ses branches deviendraient des échelles, hautes et biscornues. Elles mèneraient jusqu’aux nuages.

 

 

 

 

Édition l’école des Loisirs 

Illustré par Nicolas Pitz , traduit de l’espagnol(castillan) par Anne Cohen Beucher

 

J’ai hâte de raconter cette histoire absolument merveilleuse à mon petit fils, il adore être plongé dans des histoires et celle là est merveilleuse car aussi palpitante que drôle. Jérôme avait bien raison, il appelle ce genre de trouvaille « une pépite » et il est souvent rejoint par son acolyte Noukette. Un jeune Pirate, Feu-Follet est adopté dans la bande des terribles marins de Barracuda dont le nom seul résonne comme une menace terrible sur toutes les mers. Ils naviguent sur « La croix du Sud » à la recherche du trésor du plus terrible écumeur des mers disparu quand se passe cette histoire : le capitaine Krane. Celui-ci a laissé un trésor qui rendrait riche pour toujours un équipage entier de pirates. Ce qui n’est pas chose aisée car, comme on le sait, ils sont genre paniers percés les pirates.
Prêt pour l’aventure ? Ne tremblez pas moussaillon car si la mer est le lieu de tous les dangers c’est aussi le lieu d’aventures merveilleuses. Je ne peux vous dévoiler qu’une chose, le trésor en question est trouvé et c’est un … livre ! oui, vous avez bien lu , un livre pour des gaillards qui ne savent pas lire c’est une belle déception. Mais lisez et faites lire ce roman car vous verrez que la lecture mène à tout. Et aussi à la richesse en espèce sonnante et trébuchante !

 

Citations

la difficulté de la lecture et de l’écriture

Ajouter à cela le fait que Deux-Dents lui-même avez des connaissances un peu, voire très, limitée sur le sujet… Souvent, il confondait des lettres, surtout le B et le P, du coup, au lieu de boulet, on lisait poulet. C’est pour ça que personne ne comprit ce que nous dit Éric le Belge, quand il nous lut, malade de nervosité et en prenant sur lui : « Le vieux canonnier lançait sans arrêt des poulets. » Il se fâcha tout rouge quand Jacques le boiteux lui dit :. »Mais qu’est-ce que tu me chantes là ? Pourquoi il passait son temps à balancer des poulets ? – Qu’est-ce que j’en sais ? Répondit-le Belge. Je ne l’ai pas écrit. Je ne fais que le lire. 

 

Illettrisme vaincu et les mauvaises surprises

Évidemment, il n’y eut pas que des bonnes nouvelles. Aller demander à ce pauvre Jack le Boiteux, qui vivait convaincu qu’un chaman amazonien lui avait tatoué sur le bras droit, sous le dessin d’un jaguar, la devise « Férocité et Courage » , jusqu’à ce qu’il puisse déchiffrer lui-même qu’en réalité il y avait écrit. « Adorable chaton ». Vous n’imaginez pas les plaisanteries qu’il dut supporter à partir de ce moment-là. Il pensa même se couper le bras, mais nous réussîmes à le convaincre qu’il lui manquait déjà une jambe, et que cela faisait beaucoup de membres en moins pour une même personne.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

 

Après « la Fractale des Raviolis » et « la Variante chilienne » voici « Habemus Piratam », et je sais que les puristes vont me reprocher d’avoir oublié « La baleine Thébaïde » mais je la retrouverai bien un jour cette baleine. Ma photo dit mon angoisse : par quel câble pourrait passer le célèbre hacker Alexander pour pirater mon ordinateur et s’installer sur Luocine pour vanter des livres que je n’aurais même pas lus ? Je me joins à Dasola pour vous dire  : « quel roman et que de dangers romancés ou pas court notre monde sur les différents « cloud » « dark-web » et autres faces cachées de sites à l’allure inoffensive » . Comme l’auteur est Pierre Raufast , ne vous attendez pas à faire facilement la part entre le vrai du faux, et surtout ne faites pas trop confiance à vos recherches sur Internet , car le diable d’homme est capable de créer de fausses références sur Google. Le plus important n’est pas là , laissez vous emporter par son imagination sans limite et dites-vous bien que pour un hacker, rien n’est impossible, même pas devenir propriétaire de la Sainte Chapelle … Et puis entre temps vous vous amuserez avec les histoires d’un petit village de montagne où on a failli se battre pour une histoire de petite culotte.

Bref un moment de lecture comme je les aime, jouissif , mais aussi un poil inquiétant, pas tant pour l’acte de propriété de la Sainte Chapelle que pour la capacité de nuisance des malfaisants sur le Net, comme ceux qui font que tous les jours, je supprime 15 à 20 commentaires sur mon blog : pour des placements financier, des médicaments moins chers et aussi efficaces que ceux que vous trouverez en pharmacie, pour des substitut du viagra mille fois plus puissants, pour des images pornographiques de femmes ou d’hommes, pour des rencontres « hot » avec des partenaires de votre choix. Bref des pollueurs qui ne sont que des robots mais qui ne m’amusent pas tellement. Alors que, le roman de Pierre Raufast m’a lui, beaucoup amusé. Et la morale est pratiquement sauve , enfin presque ! vous jugerez par vous même.

 

Citations

 

Est ce vrai ?

De fil en aiguille, il repensa à ce décret de Nicolae Ceausescu, interdisant la pratique du Scrabble car « trop intellectuel et subversif ». Et s’il avait eu raison ?

J’aime l’humour de cet auteur :

Le prêtre se passa la main sur le visage. Il n’était ici que depuis deux ans, mais connaissait déjà tous les vices de ses petits vieux -les seuls à venir se confesser chaque vendredi dès sept heures du matin.
Cela ne volait pas très haut : des cerises chapardées dans un verger, un home se soulageant régulièrement dans le puits d’un voisin pour perpétuer la vengeance de son père et une rixe datant de 1923, quelques lettres anonymes dénonçant un pain trop cuit ou des cadavres de bouteilles mal triées dans le local poubelle.
Des crimes ordinaires dans ce village de trois mille habitants, perché en haut de la vallée de Chantebrie.

Les commérages

Francis remarqua que la vieille avait posé ses sacs de courses à terre et s’était installée dans sa verticalité, ce qui augurait une bonne demi-heure de bavardages oiseux

Les joies des hackers

Une fois dans le réseau d’entreprise, je ciblai la machine de production qui contrôlait les énormes transformateurs centraux. De la belle machine, un logiciel très performant…Mais qui datait de 1993. Autant dire une antiquité, dans notre métier. Cette version d’Unix ressemblait à un gruyère suisse. Je n’avais que l’embarras du choix pour devenir « root  » et maître du monde.
Les informaticiens de cette entreprise avaient toutefois bien fait les choses. Conscients des risques de ce système obsolète et de la gravité des enjeux, ils l’avaient isolé derrière un pare-feu. Un peu comme le portier d’une boîte de nuit qui contrôle qui rentre et qui sort.
Pour administrer ce pare-feu, ces génies avaient créé des comptes avec des mots de passe sans doute long comme le bras. Mais ils avaient oublié d’effacer les comptes par défaut installée par le constructeur.
Utilisateur :admin. Mot de passe ; admin.
J’adore mon boulot. C’est comme faire le tour d’une maison cadenassée et y trouver une fenêtre ouverte par mégarde. Jubilatoire.

Tout se pirate …..

Pirater un ordinateur « air gap », c’est à dire déconnecté d’un réseau, est le Graal de tout hacker.

Tactiques de pirates informatiques

Voilà comment on pénètre un Fort Knox informatique : en prenant tout son temps , en avançant doucement mais sûrement , en passant par le fiston et sa peur de décevoir papa . Ici , comme ailleurs, les points faibles sont souvent humains. Il suffit d’exploiter une des émotions primaires : la peur, la colère, l’amour ou la tristesse.

 

 

Lu dans le cadre du Club de Lecture de la médiathèque de Dinard

Citation de Sénèque qui illustre parfaitement le sens de ce roman :

Tirons notre courage de notre désespoir même 

Ce roman concourt à notre prix final du mois de Juin 2019, c’est dire si l’enthousiasme des lectrices a été convainquant. J’avoue que je me suis amusée à cette lecture. J’ai retrouvé une partie de mon enfance quand je chipais des livres à mes frères et qu’en secret, je partais dans des romans plus aventureux que mes goûts habituels en matière de lecture. Je pense aussi que cette auteure s’est bien amusée à rédiger des belles scènes de navigation et de batailles entre les bateaux du roi et ceux des pirates. Virginie Caillé-Bastide s’est appliquée à être la plus exacte possible aussi bien en matière de navigation que sur le plan historique. Elle a choisi de garder des tournures de la langue du XVIIe siècle, mais cela n’empêche nullement la compréhension. Pour étoffer son roman elle a choisi de confronter un pirate à l’âme noire, Ombre, à un pasteur Jésuite à l’intelligence et à l’humanité remarquables. C’est sans doute ce qu’on peut lui reprocher, les personnes positives le sont à la lumière du XXI° siècle et de valeurs humanistes qui ne sont venues que très tardivement dans les conscience des humains. Mais ce reproche ne doit arrêter aucun lecteur ou lectrice. Si vous voulez connaître, l’histoire de Ombre, anciennement petit noble breton, qui a vu toute sa famille et ses proches mourir de faim, qui reniera Dieu et ses œuvres pour partir dans les Caraïbes et devenir un des pirates les plus craints des mers lointaines, embarquez-vous sur le Sans-Dieu, l’aventure sera au rendez vous, et l’amour aussi, un peu, peut être trop, si vous êtes uniquement attaché à la réalité historique.

 

Citations

 

La famine sous Louis XIV, propos sarcastiques

Certes, notre pauvre dame a déjà perdu six enfants et le petit Jehan était le seul que le Seigneur notre Dieu avait omis de lui reprendre.

Combat de pirates

Après la détonation, chacun entendit le sifflement reconnaissable entre tous de cette arme redoutable. Tournoyant dans les airs, les deux boulets reliés par une chaîne entamèrent d’importance un gréement déchirèrent une voile, et rencontrèrent deux matelots qui avait eu l’infortune de se trouver sur leur course. Au même instant, le brick tira à bout portant belle salve dans les flancs du galion, l’atteignant au cœur de ses œuvres vives, où se situaient canon et réserve de poudre. Aussitôt, un début d’incendie se déclara ajoutant à la confusion de l’assaut. Le bricks s’était encore approché ne se trouvait plus qu’à quelques brasses de l’espagnol. Perchés dans les enfléchures des haubans, les gabiers du « Sang Dieu » lancèrent des dizaines de grenades sur le pont du galion, causant grand dommage à l’ennemi. Puis à l’aide de grappins et de crochets, ils agrippèrent les vergues et les drisses, de façon à permettre au restant de l’équipage de sauter à bord du vaisseau. Pendant l’abordage, bien des pirates tombèrent sous les balles des mousquets espagnol, mais la majorité d’entre parvint à gagner le pont principal et se précipita avec force cris sur les soldats ébahis. Hache en main et sabre au clair, l’Ombre fut l’un des premiers à se jeter sur un officier qui n’avait pas eu le temps de recharger son mousquet, et dont l’épée délicatement ciselée , vola au premier coup de hache…..

Discussion de pirates

« Oh là Gant-de-fer, sauras-tu encore te servir de ton boute-joie afin d’en régaler les drôlesses et émouvoir leur tréfonds ? » L’intéressé répondait aussitôt 
« Et toi, Foutriquet, si ton appendice est proportionnel à ta taille, je gage que tu ne leur feras point grand effet et qu’elle s’en viendront me trouver afin que je les satisfasse à ta place ! »

Le style

À peine l’amour rencontré, la mort s’était-elle invitée ? Les misérables qui exploitait le corps de cette malheureuse avait-il occis le naïf jeune damoiseau afin de lui faire payer le prix de son impudence ?