Traduit de l’allemand par Emmanuel Guntzburger.
Alex Capus mêle trois destins dans un roman semi historique très agréable à lire, il raconte et imagine la vie de :
- Emile Gillieron génial dessinateur qui inventera autant qu’il restaurera des frises de l’antiquité crétoise : voilà pour le faussaire.
- Laura d’Oriano chanteuse de cabaret qui abandonnera son mari et ses filles pour vivre sa vie plus librement et qui mettra ses compétences linguistiques au service de la France résistante : voilà notre espionne.
- Felix Bloch génial physicien juif et Suisse se retouvera à Los Alamos auprès de Oppenheimer : voici pour le faiseur de bombes.
Ces trois personnes réelles ne se rejoignent que dans ce roman, c’est un peu étrange et on se demande tout au long de la lecture ce qu’ils ont en commun. Justement rien sauf l’époque et leur lien avec la Suisse, patrie de l’auteur.
Je trouve cette idée un peu bizarre mais en même temps le lien temporel qui les réunit permet de se déplacer d’un personnage à l’autre sans déplaisir avec même une certaine évidence que l’on doit sans aucun doute au talent d’Alex Capus. Les trois personnages semblent dépassés par leur époque et leurs côtés négatifs et positifs sont plus le résultat des hasards du destin que de choix volontaires. En Grèce, le faussaire est épargné par la montée du nazisme, c’est vraiment un personnage amusant plein d’énergie dont il se sert pour faire surgir du sol le palais de Minos et toutes les antiquités qu’il fabrique à la demande , tant pis pour la rigueur scientifique et tant mieux pour ceux qui aiment qu’on leur raconte de belles histoires myologiques et qui veulent ramener de leurs voyages des souvenirs « authentiques ».
La vie de Félix Bloch, ce jeune suisse épris de sciences est passionnante, il aurait pu passer sa vie à construire des plaques d’égout mais son cerveau en ébullition l’a poussé à comprendre la physique quantique. Il vit parmi les scientifiques de son époque dont prix Nobel Fritz Haber, juif converti au protestantisme sympathique personnage inventeur du gaz moutarde et du Zyclon B, et finalement expulsé par les nazis, il mourra en 1934 à Bâles. Felix Bloch ira à Los Alamos auprès d’Oppenheimer pour construire la bombe atomique. La difficulté et les limites du roman construits à partir de personnes réelles, c’est que le romancier ne peut pas tout inventer. C’est particulièrement net pour le personnage de Laura d’Oriano, comment expliquer qu’une mère abandonne ses deux petites filles et son mari en Suisse pour aller vivre sa vie à Marseille. Le prétexte choisi est un peu mince, une histoire de petites culottes !
La Suisse, d’avant la guerre 39/45, ne sort pas grandie dans ce roman, c’est un pays ou chacun doit rester à sa place et où le poids du « qu’en dira-t-on » pèse très lourds sur les épaules des personnages, à leur façon les trois personnages ont fui ce pays trop calme et trop tranquille pour vivre un destin plus grandiose. Un bon moment de lecture avec quelques réserves car le livre est entre deux genres : biographie historique et roman.
Citations
Le destin
Elle qui a l’expérience des voyages sait que l’on ne se rencontre qu’une seule fois en règle générale, étant donné qu’un voyage raisonnable se fait en général sur une ligne la plus droite possible allant d’un point de départ à une destination et que selon les lois de la géométrie deux droites ne se croisent jamais. Les retrouvailles, c’est bon pour les villageois, les habitants des vallées et les insulaires, tous ceux qui passent leur vie à battre les mêmes chemins et se croisent sans arrêt.
Le faussaire
Et pourtant il ne faut pas tant d’imagination que cela pour se figurer la manière dont le dessin continue çà et là.C’est vrai.Par exemple, là où il y a un genou, le prolongement sera sans aucun doute une jambe , puis un pied. Et à l’extrémité opposée, il y aura avec quelques vraisemblance, si vous me permettez, le postérieur. Et s’il y a huit palmiers à l’arrière plan, il n’est pas absurde de continuer la série avec un neuvième et un dixième palmier. Vous ne pensez pas ?
Le zyclon B
On évoquait Fritz Haber, le professeur de chimie berlinois qui avait conduit le 22 avril 1915 la première attaque au gaz de l’histoire devant la bourgade belge d’Ypres, attaque lors de laquelle dix-huit mille hommes avaient péri en l’espace de quelques minutes… Ce que les étudiants en physique ne pouvaient pas encore savoir en ce printemps 1927, c’était que ce produit de gazage d’Haber devait entrer dans l’histoire sous le nom de Zyklon B.
Jamais lu cet auteur bien que je l’ai croisé plusieurs fois
Son roman est plaisant , se lit facilement. Son parcours personnel original, enfant il vit en France , puis en Suisse et choisit l’allemand comme langue pour écrire, dans ce livre on se demande s’il ne règle pas certains comptes avec la Suisse .
J’aime bien les bios romancée, plus romancées que biographiques… du coup, je note!
J’aimerais bien lire d’autres avis sur ce livre .
Curieuse histoire quand même;.. Rien d’urgent…
(au fait tu as reçu mon mail?)(rien de grave ou d’urgent)
Non rien d’urgent …..mais ton mail je ne l’ai pas vu passer , je n’ai que ma tablette , qui n’est pas terrible pour les mails.
J’avais déjà hésité à lire son premier roman, sans le faire finalement. S’il croise ma route à la bibliothèque, pourquoi pas.
il mérite mieux que le peu de lecteurs que j’ai repérés sur les blogs , mais il ne m’a pas entièrement convaincue.
On dirait un titre de conte, ou d’une fable de La Fontaine. Mais le thème et la forme me tentent moyennement.
je dois dire que j’ai pensé en le lisant à une remarque que tu as faite à propos d’un livre, je cite de mémoire …. tu en avais assez de l’autofiction , et des auteurs qui puisaient leurs romans à propos de personnages déjà existants , tu préférais ceux qui puisent leur inspiration dans leur imaginaire.
c’est l a limite de ce roman mais qui est, cependant, agréable à lire.
Ce n’est pas toi qui disais ne pas apprécier les romans historiques ? Bon, si j’ai bien compris, ce n’en est pas vraiment un …. En tout cas, j’ai « l’égaré de Lisbonne » dans ma besace !
J’ai hate5de lire ce que tu penses de « l égaré de Lisbonne » . Ce roman est mi historique mi biographique et c’est un peu gênant.
Moyennement tenté par celui-ci. Pour faire baisser ma LAL, j’essaye de ne noter que les coups de coeur !
c’est ce que je fais aussi, ce roman est agréable à lire sans plus.
C’est un auteur dont je n’ai jamais entendu parler… Pourquoi pas ?
À connaître, c’est certain. Avec quelques réserves.