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Traduit du chinois par François Sastourné.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
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Un grand talent d’écrivain ce Mo Yan, d’ailleurs consacré par le prix Nobel de littérature en 2012, il arrive à nous faire revivre le monde rural chinois en racontant, de façon simple et apparemment naïve, la vie d’un village. Mo Yan part d’un acte fréquent à la campagne : la castration d’un petit veau, mais hélas celui-ci se passe mal, pour nous montrer toutes les forces qui sont en jeu dans le village où la survie alimentaire est à peine assurée. Lorsque la faim tenaille les gens, un plat de « couilles de veau » sautées à la ciboulette devient un plat de roi, pour lequel bien des passions vont se déchaîner. C’est drôle et tragique à la fois.

La deuxième nouvelle : le coureur de fond a ma préférence, le village apparaît dans toute sa variété. Comme le village est un lieu de rééducation des « droitiers » cela permet aux paysans d’être confrontés et parfois d’utiliser des compétences dont ils n’avaient aucune idée. C’est un monde absurde, où personne n’est à l’abri de l’arbitraire, un monde violent où la force physique a souvent le dernier mot. Souvent seulement, car au-dessus de tous les liens bons ou mauvais que les habitants peuvent tisser entre eux et parfois avec les « droitiers », il y a la police qui peut enfermer qui bon lui semble sur une simple dénonciation. Quel pays ! et en même temps quelle énergie pour vivre quand même de toutes les façons possibles. Ces récits m’ont fait penser aux images naïves dont la révolution culturelle relayée par les amitiés franco-chinoises ont inondé la France à une certaine époque.

Citations

la fin de la nouvelle « Le veau », c’est à prendre au deuxième degré

6 Thoughts on “Le veau et Le coureur de fond – MO YAN

  1. un bel auteur et un pays terrible en matière de droits de l’homme, je me souviens de nos bons intellectuels paradant comme amis indéfectibles de la Chine puis des Kmers rouges …..

  2. Longtemps que je n’ai pas lu cette littérature chinoise que j’aime tant, il faudrait que je prenne le temps de m’y remettre.

  3. Je me souviens aussi de cette époque où il était de bon ton d’encenser le système chinois. D’ailleurs, je n’ai pas entendu beaucoup de regrets après des mêmes personnes … Je lirai l’auteur, mais plutôt dans un roman.

    • Le seul reproche que l’on puisse faire à ce prix Nobel c’est de ne pas défendre les dissidents, mais si ça lui permet d’écrire des romans aussi critiques à propos du régime, nous y gagnons beaucoup. Quant aux intellectuels français, même s’ils ne reviennent pas sur leurs erreurs , je me demande quel crédit ils ont dans l’opinion.

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