Traduit de l’anglais par François Ponthier.
Partir en croisière – et en revenir- avec un tel roman à bord, c’est un remède assuré contre tous les coups du sort ! Car :
- même si vous avez mauvais temps, vous aurez moins froid qu’à Terre-Neuve
- même si le ciel n’est pas franchement dégagé vous n’aurez pas de la brume tous les jours et souvent des journées entières,
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même si vous devez vérifier votre moteur, vous n’aurez pas à domestiquer un moteur à deux temps qui ne vous dit jamais si le bateau part en avant ou en arrière,
- même si parfois une odeur de gas-oil se répand dans la couchette arrière , pour avoir dû pomper l’eau dans le réservoir à cause d’un bouchon mal vissé , vous n’aurez pas à supporter l’odeur des déjections des morues qui ont servi à calfeutrer votre bateau,
- même si vous faites partie des gens pour qui il est difficile de comprendre que, si vous voulez que votre bateau aille à droite vous devez tirer la barre à gauche , les conséquences de vos erreurs ne vous conduiront pas sur le dos d’un cachalot ! !
Bref , tout ira forcément mieux que sur « Fleur de passion » ce bateau qui prend l’eau pendant 250 pages .. sur 254 ? Vous n’aurez donc pas à vous échouer sur des bancs de vase en faisant marcher votre hélice à l’envers pour projeter la boue qui calfeutra pour quelques heures votre bateau. C’est un peu dommage, car vous n’aurez donc aucune raison d’essayer la merveilleuse recette du Café Irlandais : remplacer l’eau par du rhum pour passer le café. Mais étant donné le résultat sur les prises de décisions face aux autorités françaises , c’est peut-être préférable. Bref, un grand classique de l’humour anglais et que beaucoup de navigateurs connaissent et sur les pontons quand vous parlez de Farley Mowat vous trouvez toujours quelqu’un pour raconter un passage qui l’a fait éclater de rire.
Une petite réserve cependant, les procédés d’humour sont répétitifs et on se lasse parfois de retrouver les mêmes ressorts comiques , de plus, je pense que la traduction n’est pas excellente. Heureux ceux qui peuvent le lire en anglais.
Citations
quelques exemples de vocabulaire qu’il m’a fallu rechercher
Je tossais péniblement dans leur sillage
Un maître-bau
Son pont était un flush-deck
Deux écubiers
Taquiner la morue à la dandinette
Son petit runabot
Des glènes de filin
Un loch breveté
Des cadènes pour les haubans…
Exemple d’humour
Pour des raisons trop longues à expliquer , ce rivage s’appelle la « côte sud « , peut-être parce qu’il se trouve au sud de Saint-Jean et parce que Saint-Jean prétend être le centre de l’univers.
Pour tous ceux que l’expérience de la mer à marquer même si c’était pendant la guerre !
Durant la guerre, il a servi sur une vedette lance-torpilles ainsi que sur diverses autres petites unités d’un confort très relatif. La paix revenue, il a repris la monotone vie des gens d’affaires, mais son âme est restée sur la passerelle d’une vedette. Il continue , en imagination, de cingler à travers les grises étendues de l’Atlantique, ses pièces crachant le feu sur les spectres des sous-marins allemands qui tentent désespérément d’échapper à leur destin.
Exemple de recette à faire frémir
Le sreech est une boisson spécifiquement terre-neuvienne . Autrefois on la fabriquait en versant de l’eau bouillante dans les tonneaux de rhum vides afin de dissoudre les particules rhumiques résiduelles dont le bois restait imprégné . On ajoutait alors au liquide noirâtre ainsi obtenu des mélanges et des moûts. On faisait fermenter cette mixture durant le temps nécessaire avant de la distiller . Parfois , on procédait au vieillissement du produit en y laissant macérer pendant quelques jours une carotte de tabac à chiquer bien noire.
Les modes ont changé depuis et le sreech est aujourd’hui un tord-boyaux tout à fait différent……dans l’état quasi gazeux dû à l’addition d’eau chaude , le transfert de l’alcool au réseau sanguin est instantané . On en perd très peu dans le tube digestif.
Les principes à connaître avant d’aller naviguer à Terre-Neuve
Dès qu’une bouteille est sur la table, elle doit être débouchée . Ceci « pour laisser entrer l’air dedans et chasser les vapeurs noires ».
Le second est qu’une bouteille débouchée ne doit jamais être rebouchée car, selon la croyance, « le contenu se gâterait ». Aucune bouteille de rhum ne s’est jamais gâtée à Terre-Neuve , mais aucune n’ayant jamais été rebouchée, il n’y a donc aucun moyen de vérifier l’exactitude de cette croyance .
Le troisième et dernier principe est qu’une bouteille ouverte doit être bue aussi vite que possible »avant que tout le bon ne s’évapore ».
On en parle
Sur un blog de Voyages à la voile (of course..) biblio de bord.