Éditions Grasset

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

 

Après le Secret et la Mauvaise Rencontre, je renoue avec cet auteur grâce au club de lecture. Le narrateur doit faire face au deuil de sa compagne tendrement aimé. Cela lui devrait être chose plus aisée qu’à d’autres puisqu’une de ses spécialités en tant que psychanalyste c’est justement « Le deuil ». Seulement comme chacun le sait, c’est tellement plus simple d’expliquer et d’aider les autres que de se comprendre soi-même et de ne pas faire les erreurs que l’on a vu les autres commettre. Le narrateur plonge donc dans le deuil sans que rien ne puisse le retenir : ni l’affection de sa fille, ni son ami violoncelliste, ni son médecin qui surveille la pile qui doit empêcher son coeur de s’arrêter. La nouveauté qui nous vaut ce roman, c’est le « service » que propose des « start-up » : créer un avatar de la personne récemment disparue et dialoguer avec elle . Oui, ce service existe, et non, je ne connais personne qui l’a essayé. On devine comment cela marche, et l’auteur le raconte très bien, vous laissez des créateurs de logiciel entrer dans votre vie virtuelle, vous leur confiez photos et document sonores, grâce à des entretiens, ils découvrent votre vie et celle du défunt, et moyennant un budget conséquent, ils créent l’avatar de la personne disparue qui pourra dialoguer avec vous.

Pour le romancier ce sera salutaire puisque c’est grâce à cela qu’il retrouvera l’inspiration nous raconter son deuil enrichi de cette expérience  : et hop ! la boucle est bouclée.

On apprend au passage qu’avoir une pile dans le coeur, n’est pas anodin et que vous donnez à une compagnie le droit de ralentir ou d’accélérer votre rythme cardiaque. D’ailleurs, il y a quelqu’un qui a montré qu’un hacker pourrait ainsi neutraliser des personnes très âgées porteuses de ce genre de pile (si possible des dirigeants politiques).

C’est un roman très facile à lire et qui met en lumière une pratique funéraire qui risque de se développer : notre société veut tellement fuir la mort que je pense que ce genre d’entreprise va connaître un bel essor. Malgré une écriture très agréable, je n’ai pas été touchée par ce roman que j’ai trouvé vide. Il est rare que j’apprécie un livre où l’auteur raconte comment il a du mal à écrire tout en écrivant, c’est une impudeur qui me gêne.

PS c’est tout à fait par hasard que sur mon blog deux auteurs ayant le même nom se suivent !

Citations

Un père et sa fille.

 Quelques années auparavant, Agnès avait rencontré l’homme de sa vie qui allait devenir son mari, puis le père du petit miracle devant lequel Irène et moi sommes retombés en enfance. Seule ombre au tableau : la complicité qui me liait à ma fille s’était émoussée. Il m’était difficile de percevoir encore dans la femme épanouie celle qui, autrefois blottie dans mes bras, me confiait ses secrets. La grossesse puis la maternité d’Agnès avait naturellement installé une nouvelle distance : la fille aimée était maintenant avant tout une épouse et une mère. J’ai su faire bonne figure afin que personne n’aperçoive, sous les attentions et la tendresse d’un grand-père, la nostalgie d’un père.

L’Après.

 Dans le tiroir du meuble de la salle de bain, j’avais entrepris d’enfermer ses produits de beauté mais au moment de les ranger je n’ai pu résister au besoin de dévisser le bouchon de son parfum : tel le génie de la lampe, Irène avait jailli du flacon, remplissant la pièce de ces effluves autant que de son absence.

Joli passage :

 « C’est une curieuse expérience de constater que ma vie ne tient qu’à un fil, celui qui relie cette pile à mon cœur, un cœur qui ne bat plus pour personne »
Lui confiai-je, Peu après la mort d’Irène, un jour où l’absence de mon épouse me pesait plus encore que d’ordinaire et me rendait impossible cet exercice dans j’avais pourtant la maîtrise : faire bonne figure. Une autre fois où je retrouvais un peu de mon humour, je parvins à lui demander :
 « Docteur vous qui savez redonner du rythme à ceux qui défaillent, pouvez-vous faire quelque chose pour les cœurs brisés ? »
Il répondit en souriant :
« Et vous, qui savez si bien écrire sur le deuil, votre sagesse et votre plume ne peuvent-elles vous aider à traverser cette épreuve ? »

12 Thoughts on “Les morts ne nous aiment plus – Philippe Grimbert

  1. keisha on 22 avril 2022 at 07:56 said:

    La pile (le pace maker) n’est pas dans le coeur, mais au dessus. Il y a des fils. A la radio, ça fait vraiment bizarre.

  2. Bon ben voilà une thématique qui me laisse parfaitement de marbre et me semble factice, en fait, je suis peut-être naïve … Si en plus l’auteur se met en scène, alors, non.

  3. Pas du tout pour moi… Je n’avais déjà pas été touchée par Le secret…

  4. Je ne comprends pas du tout ce recours au virtuel, ça me paraît tellement vain et surtout une fuite de la réalité. Je ne pense pas que ce livre soit pour moi.

  5. Je ne pense pas le lire, pas très attirée par le sujet !

  6. Je comprends bien ton avis… J’arrive pas à écrire mais je le fais tout de même et je le dis… Ca m’énerve aussi. Quant au sujet du deuil, cela ne me branche pas trop non plus. Tant pis ! Je passe !

    • écrire, c’est vraiment un besoin parfois mais écrire pour dire qu’on a du mal à écrire a peu d’intérêt pour la personne qui nous lit.

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