Édition Acte Sud. Traduit de l’allemand par Marie Claude Auger

Depuis deux ans, je participe au mois de lecture allemandes organisé par « Et si on bouquinait un peu« . J’y ai fait de belles découvertes, cette année un peu moins mais j’avais retenu ce titre : les abeilles d’hiver, chroniqué par Patrice. Le voici donc sur mon blog, et moi aussi j’ai bien aimé cette lecture. Le billet de Patrice passe sous silence les pages qui m’ont ennuyée sans que je puisse en distinguer l’intérêt.

Egidius Arimond est un ancien professeur de latin écarté de l’enseignement parce qu’il était épileptique, et que, sous le régime nazi, on écarte -voire on élimine- tous les handicapés. Il ne doit sa survie qu’aux exploits de son frère qui est un pilote émérite de l’armée de l’air allemande. Sa qualité de latiniste l’entraine à traduire de très anciens documents d’un certain Ambrosius Arimond (un de ces ancêtres ?) et j’ai trouvé ces textes sans grand intérêt, je trouve que ça alourdit inutilement le roman.
En revanche, comme Patrice, j’ai été intéressée par tout ce qu’il raconte sur les abeilles. J’étais bien au milieu de ces reines et de ces ouvrières, tellement mieux que dans son village gangréné par la présence nazie.

Egidius, doit gagner de l’argent pour se procurer ses médicaments contre son épilepsie, c’est une des raisons pour laquelle il accepte de faire traverser à des juifs, la frontière belge. Ses abeilles et ses ruches l’aideront à cacher les personnes à qui il doit faire passer la frontière : elles seront dissimulées dans les ruches et recouvertes d’abeilles. L’argent n’est pas sa seule motivation, il sait qu’il doit sa survie à la gloire de son frère, son handicap lui donne le recul nécessaire pour juger le régime. Le médicament qui lui permet de ne pas avoir de crises épileptiques graves est de plus en plus cher, Edigius se confronte au mépris du pharmacien un nazi convaincu qui ne souhaite que sa mort.

Au village les hommes manquent, car ils sont au combat, et Egidius entretient avec leurs femmes qui lui plaisent des bons moments d’un érotisme très sensuel très bien raconté, mais ces relations le mettent en danger.

Un roman assez lent -je retrouve souvent cette lenteur dans les romans allemands – mais je m’y suis sentie bien car le personnage principal est attachant, il m’a fait aimer les abeilles !

 

Citations

Un joli souvenir

Mon frère avait toujours rêvé de s’élever loin au dessus de la terre d’une manière ou d’une autre ; autant que je me souvienne, il voulait devenir pilote d’étoiles.

On sait cela, mais c’est terrible de le lire :

 La loi nazie sur la prévention des maladies héréditaires de la progéniture comprend la débilité congénitale, la maladie maniaco-dépressive, l’épilepsie héréditaire, la danse de Saint-Guy héréditaire, la cécité héréditaire, la surdité héréditaire, les déformations physiques graves l’alcoolisme profond. Les décisions concernant la stérilisation forcée et l’euthanasie sont prises par le tribunal cantonal. J’ai été stérilisé dans l’hôpital voisin. Le fait que je n’aie pas été transféré dans une institution comme les autres pour y être exécuté est probablement dû à la position de mon frère. Avec son tableau de chasse, Alfons est un héros du national socialisme ; il est même passé une fois aux informations avec son escadron.

L’amour

Elle me dit des choses que je ne veux pas savoir, me parle d’amour. Je la blesse notamment quand je lui dis que l’amour, ça n’existe pas, qu’il n’y a que la séduction et le désir, et que notre désir n’a rien à voir avec la vertu.

Descriptions des cadres du parti Nazi

Je retourne au lit et je rêve de faisans dorés. Ils ont des visages pâles, une couronne de peau imberbe autour de leurs yeux couleur jaune d’œuf. Ils portent des huppes à longues plumes irisées qui tombent jusque dans leurs cous rasés, des pantalons et vestes d’uniforme, de larges lanières de cuir qui ont du mal à contenir leurs ventres. Ils se parent d’insignes et de médailles du parti et émettent des sons gutturaux stridents. Le dessous de leur plumage vire au brun. Les grandes plumes de leurs ailes aux reflets métalliques sont effilées aux extrémités. Ils s’imaginent qu’ils pourraient voler et dominer le monde pendant mille ans. Leurs pattes maigres sont écailleuses et couleur de corne, leurs longues serres recourbées sont dans des bottes de cuir bien astiquées.

De l’utilité des mâles

 Dans certaines colonies, j’ai déjà retiré des cadres le premiers couvain operculé de mâles. Trop de mâles ne sont pas bons pour la ruche, ils ne sont utiles que pour la reproduction, à part ça, ils ne sont bons qu’à se servir dans le miel et à salir la ruche avec leurs excréments. ce qui veut dire que les ouvrières, en plus de s’occuper des larves, doivent nettoyer leur saletés dans la ruche.

 

 

 

 

18 Thoughts on “Les Abeilles D’Hiver – Norbert SCHEUER

  1. keisha on 17 janvier 2022 at 08:45 said:

    J’aime les abeilles, pas de souci, mais jj’ai vérifié que ce livre n’est pas en bibli… Dommage

  2. Je suis très heureux de t’avoir donné envie de lire ce livre et de voir que tu le gratifies de 4 coquillages. J’ai été charmé par ce livre, par ce rythme un peu lent mais qui m’a vraiment emporté.

    • Je l’ai prêté à ma soeur qui est historienne de formation, comme moi elle a lu en diagonale les passages sur le moine du Moyen Age (et toi tu en as vu l’intérêt de ces passages?) mais surtout ce qui lui a manqué c’est d’en apprendre plus sur le réseau d’évasion des juifs sous le régime nazi pendant la guerre. Et c’est vrai que j’aimerais bien en savoir plus sur ce sujet.

  3. Je l’ai noté grâce au mois allemand aussi, je verrai si je le trouve d’occasion…

  4. j’ai toujours la flemme de reprendre le blog mais ce type de roman m’a un peu réconcilié avec la lecture j’ai beaucoup aimé et je partage ton avis

    • cela ne m’étonne pas, as-tu aimé les pages du moine du Moyen-âge ?
      et combien de temps durent tes périodes de « flemme » je la trouve un peu longue … mais je respecte !

  5. Il a l’air très original et il pourrait me plaire, si jamais il croise ma route un jour.

    • Oui, il est original et décrit de l’intérieur le régime nazi. Je suis contente de revoir un commentaire de ta part car je crois que, par mégarde, j’en avais supprimé un qui était parti dans les spams.

      • Ah ah, je comprends mieux pourquoi j’ai laissé en effet un commentaire que je n’ai jamais vu, pas de problème ça arrive :)

        • J’ai parfois une vingtaine de commentaires dans les indésirables et certains d’une longueur incroyables j’ai du mal à tout vérifier et je les supprime tous . C’est en faisant cette manœuvre que j’ai cru voir le nom Emma qui n’est pas courant en spam … voilà tu sais tout merci d’être revenue.

  6. Il n’est pas à ma bibliothèque non plus. Il sortira peut-être en poche. Je vois qu’il y a des occasions intéressantes aussi chez Rakuten.

    • Tu me fais connaître un autre site d’occasion, je vais aller regarder . C’est un livre que tu aimerais, je crois commencer à connaître tes goûts.

  7. Pas fan des romans lents… que je mets du coup un temps fou à lire n’étant pas entrainée par l’intrigue ! par contre, cette histoire de juifs cachés sous des abeilles, je ne savais pas et ça me fout la chair de poule.

  8. Bon, quelques pages à passer, mais l’ensemble donne quand même envie

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