Traduit de l’anglais par Fernande DAURIAC
Lu grâce à la recommandation de mon libraire préféré.
J’espère que mon libraire n’attend pas avec impatience mon article sur Luocine car cela fait quelque temps que je trimbale ce livre dans tous mes déplacements… Sans jamais m’y mettre , mais, lorsque je l’ai commencé, j’ai compris son enthousiasme. C’est un livre à recommander à tous les voyageurs.
En voici le principe, à chaque fois qu’Aldous Huxley arrive dans un lieu, il nous en fait une description précise et rien que pour cela , ce livre mérite d’être lu. Aldous Huxley n’est pas qu’un observateur c’est aussi un penseur critique sur l’organisation sociale et comme le titre l ‘indique un authentique septique. J’ai savouré ses descriptions. Celle de Bombay est très drôle l’énumération des différents style d’une ville qui a été construite entre 1860 et 1900 est inoubliable :
On passe du « style gothique vénitien » au « style ornementé français du quinzième siècle » en passant par le « style gothique du quatorzième siècle » et pour finir « le style moyenâgeux de Mr Trubshawe » et comme le rajoute Aldous Huxley avec son humour si britannique : « Mr Trubshawe resta prudemment imprécis. » Cet auteur m’a sidéré par la modernité, la pertinence et parfois la profondeur de ses propos. Son livre est publié en 1926, et la partie la plus intéressante et la plus longue de son voyage se situe en Indes.
Il passe ensuite en Malaisie, en Chine, au Japon, aux USA, et revient à Londres. C’est une époque où, un Anglais aux Indes est amené à s’interroger sur la supériorité, ou la soi-disant supériorité, des valeurs du colonisateur par rapport à celles du colonisé. Bien loin de simplifier les situations, il nous entraîne à chaque fois dans une réflexion qui nous étonne. Je prends un exemple, il est amenée à faire une promenade à dos d’éléphant, il explique d’abord ce que représente un éléphant pour un homme important à Jaipur, puis avec un humour très britannique décrit ce mode de transport,
au risque de paraître ingrat, je dois reconnaître que, de tous les animaux que j’aie jamais montés, l’éléphant est de beaucoup le plus inconfortable.
Suit une explication précise de l’inconfort. Comble de l’horreur, ce jour là l’éléphant se soulage. Une pauvre paysanne se précipite pour recueillir les excréments du royal animal.
Première remarque sur les différences de statuts
elle nous donna du Salaam Maharaj, nous octroyant dans sa reconnaissance le titre le plus pompeux qu’elle pût trouver
Il continue sa réflexion et après sa gène, d’être aussi nanti, il finit par conduire sa réflexion sur l’utilité de recycler les excréments. Et voici sa conclusion :
« Notre œuvre , quand on la compare à celle des vaches et des éléphants, est remarquable . Eux, font, de façon automatique , du fumier ; nous, nous le recueillons et en faisons du combustible. Il n’y a pas là matière à déprimer ; il y a là de quoi être fiers. Pourtant , malgré le réconfort de la philosophie, je restai songeur. »
Trois pages de réflexions sur les excréments d’éléphant .. nous laissent un peu songeur mais très amusés également !
A son arrivé à Manille, il est sollicité par la presse, il réfléchit alors sur ce qu’est la notoriété et il se scandalise d’être plus sollicité par les journalistes parce qu’il est un écrivain déjà célèbre. Il se dit que s’il avait été un scientifique dont les recherches pourraient être très importantes pour l’avenir de l’humanité, il aurait été beaucoup moins connu.
Je me suis alors demandé ce qu’il penserait de notre époque ou une jeune femme devient célèbre pour avoir dit « Allô quoi « !
J’ai moins aimé ses descriptions et ses remarques sur les USA, pourtant ça commençait bien avec la description de la publicité pour une entreprise de pompes funèbres qui est vraiment très drôle !
Un livre à déguster et qui vous surprendra !
Citations
philosophie du voyageur
En voyage vous perdez vos convictions aussi facilement que vos lunettes, mais il est plus difficile de les remplacer.
Un septique
Bien des matériaux pourraient, sans inconvénient pour personne, être laissés là où ils sont. Par exemple, ces molécules d’encre que je transporte si laborieusement de leur bouteille à la surface de mon papier.
La vie des colons
En discutant avec des Européens qui vivent et travaillent en Orient, j’ai constaté que, s’ils aiment l’orient ( et c’est le cas de la plupart) , ils l’aiment toujours pour la même raison. Là , disent-ils un homme est quelqu’un : il a de l’autorité, il est considéré ; il connaît tous les gens qui comptent, on le connaît . Dans son pays le même homme est perdu dans la masse, ne compte pas, n’est personne.
Solutions à propos de la puanteur des gens trop pauvres pour se laver
Comme remède, Tolstoï nous suggère de puer tous ensemble. D’autres réformateurs souhaitent améliorer la situation économique pour que tout homme puisse prendre autant de bains chauds et changer de chemise aussi souvent que les privilégiés d’aujourd’hui qui ne puent pas. Personnellement, je préfère la seconde solution.
Valeurs humaines des Indiens
Car les Indes ne sont pas le berceau des sentiments humanitaires. La vie d’une vache, il est vrai, y est respectée, mais non la vie d’un homme.
Dieu
Le fait que les hommes ont eu sur Dieu des idées absurdes et évidemment fausses ne justifie pas notre effort pour éliminer Dieu de l’univers . Les hommes ont eu des idées absurdes et fausses sur presque tous les sujets imaginables. Ils ont cru , par exemple que la terre était plate et que le soleil tournait autour d’elle. Nous n’en concluons pas que l’astronomie n’existe pas.
Enfin voici ma préférée
Voyager c’est découvrir que tout le monde a tort.
Les philosophies, les civilisations qui, de loin, vous semblent bien supérieures à la vôtre, vues de près sont toutes, à leur façon , aussi désespérément Imparfaites. Apprendre cela -et cela ne s’apprend qu’en voyageant- mérite, il me semble, toute l aa peine, toute l’absence de bien-être , et tous le s frais d’un tour du monde.
On en parle
On en parle peu voici un blog où j’ai trouvé un avis qui rejoint un peu le mien : Le pas grand chose