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Dans le cadre du Club de lecture. Un livre qui va émouvoir toutes les lectrices et tous les lecteurs. Allons-nous abandonner le support papier pour le support électronique ? Au-delà de ce problème technique, Paul Fournel nous parle de notre époque avec un humour bienfaisant. Le monde des éditeurs et des auteurs est peint sans méchanceté mais avec un regard précis. La langue est belle et savoureuse, on se sent complice de son personnage principal qui ayant fait de son métier « la lecture » avoue ne jamais avoir eu le temps de lire.

C’est évidemment le livre que toutes le blogueuses doivent lire, car c’est le monde que nous fréquentons, même si nous n’avons pas le pouvoir d’éditer un manuscrit, nous avons celui, parfois , de faire le succès d’un livre un peu oublié par les critiques officielles.

J’espère que la réponse à sa question finale

 Lorsque j’aurai terminé la lecture du dernier mot de la dernière phrase du dernier livre, je tournerai la dernière page et je déciderai seul si la vie devant moi vaut encore la peine d’être lue.

Sera un grand OUI.

Citations

 Je n’ai pas non plus un grand goût pour la campagne

 J’ai horreur de la campagne. C’est pour cette raison que j’y vais tous les week-ends. Pour lire et faire mes infarctus en terrain hostile, dans un méchant silence noir.

L’éloge de l’artichaut et avec quel talent !

L’artichaut est un légume de solitude, difficile à manger en face de quelqu’un, divin lorsqu’ on est seul. Un légume méditatif, réservé aux bricoleurs et aux gourmets. D’abord du dur, du charnu, puis, peu à peu, du plus mou, du plus fin, du moins vert. Un subtil dégradé jusqu’au beige du foin qu’un dernier chapeau pointu de feuilles violettes dévoile. La vinaigrette qui renouvelle son goût au fil des changements de texture. Un parcours que l’on rythme à sa guise. Rien ne presse dans l’artichaut…

Comme quoi, tout le monde fait des fautes, même les écrivains !

J’éteins mon portable, dégaine le texte, essuie l’humidité de la première page et branche mon œil correcteur. Je suis décidé à faire le tri entre les « er », les « ez » et le « é », la nouvelle épidémie des participes et je lutterai jusqu’au soir.

Le petit commerce rural

Le boucher me prévient qu’il me donne de la poire uniquement parce que c’est moi. Il préférerait de loin me fourguer un de ses rôtis fourrés à l’emmenthal et au perlimpinpin , alignés comme des militaires dans sa banque froide avec des moustaches au persil. En parant mon morceau, il me donne toute les nouvelles du village qui tiennent même répétées deux fois, en cinq petites minutes. 

 Humour

 Par esprit de farce et de solidarité j’ai pris chez mon boulanger des petits pains aux céréales ronds et je vais présenter des steaks dedans à la façon des « biftecks à la mode de Hambourg » , comme on écrivait dans les premières traductions de polars américains chaque fois qu’un « hamburger » tombait sous la plume d’un traducteur.

On en parle

Page après pageEn lisant en écrivant et une critique sur Babelio de quelqu’un qui n’a pas de blog.

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 Traduit de l’américain par Astrid Vabret et Catharine Masson.

C’est la première fois que je mets sur mon blog un livre que je n’ai pas fini. Je vais mettre beaucoup de temps à le finir et je vais dépasser les délais de « masse-critique ». C’est pourtant un livre très intéressant et relativement facile à lire. C’est un livre qui fait le point sur nos connaissances à propos des virus et de leur façon de cohabiter avec l’homme.

Si j’ai bien compris les deux sont liés ils vivent en « symbiose » et les virus participent à l’évolution des espèces. Comme je ne suis pas scientifique je ne peux pas vous en dire plus. J’espère que le travail de ce scientifique est sérieux car je suis incapable d’avoir le moindre esprit critique.(Vous comprenez pourquoi je n’ai pas mis de coquillages , je ne peux pas juger ce livre qui est cependant pasionnant)

De temps en temps, il donne des exemples dans le monde animal qui rendent son analyse amusante et concrète comme l’histoire de la «  limace de mer », qui se nourrit d’une algue qui lui donne un virus qui semble inoffensif mais qui la fait mourir dès qu’elle a pondu ses œufs.

Je vais maintenant avoir le temps de lire plus lentement et je le conseille à tous ceux que ces questions intéressent. C’est un livre de vulgarisation accessible mais difficile car le sujet est nouveau et tellement complexe. Et il a passionné un ami qui adore les découvertes autour du vivant et des médicaments.

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Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Lucie Delplanque.

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Je voulais comprendre ce qu’était Facebook. J’ai donc lu ce livre et j’ai bien compris , je le recommande donc, à tous ceux ou celles, qui se posent des questions sur ce phénomène. Le livre n’a pas d’autre intérêt que de nous faire comprendre le monde très particulier d’une création sur Internet qui fait gagner beaucoup d’argent. L’écrivain n’a pas pu rencontrer Mark Zuckerberg (le personnage principal) alors il raconte cette histoire à partir des témoignages de ceux qui ont entouré le petit « génie » puis se sont séparés de lui avec procès à la clé. J’ai compris ce qu’était Facebook, c’était le but par contre cela ne rend pas le monde des petits génies d’Internet très sympathique.

L’idée est simple : en ne donnant qu’une adresse email chacun peut retrouver immédiatement tous les gens qu’il a connus et qui sont sur le site Facebook. Le nombre fait que la publicité y est rentable et donc la société vaut beaucoup d’argent. On peut résumer la chose en une formule pour se venger des filles qui ne le regardaient jamais, Mark Zuckerberg a inventé le moyen le plus rapide de rencontrer des gens. Et lui, a toutes les filles qu’il veut car il est très, très, riche !

Depuis je suis sur Facebook… Mais je n’ai rencontré personne.

Citations

Le type à la droite d’Eduardo, un grassouillet d’un mètre soixante-cinq, était membre de l’équipe d’échecs de Harvard et parlait couramment six langues. Rien de vraiment utile en matière de drague.

 

Pour un observateur extérieur la relation qu’il entretenait avec son ordinateur semblait bien plus harmonieuse que toutes celles qu’il pouvait créer avec le monde extérieur. Mark ne semblait jamais aussi heureux que devant son écran.

 

Même à Harvard, la plus prestigieuse université du monde, il n’était en réalité que question de cul. To fuck or not to fuck. Il y avait ceux qui s’envoyaient en l’air et les autres.

 

 C’était un outil inouï pour lubrifier les rapports sociaux. Tout allait beaucoup plus vite. Sur Facebook, vous connaissiez déjà les gens que vous invitiez à être vos amis en ligne, même si vous ne leur aviez parlé qu’une fois.

On en parle

Stef au pays des livres.

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Traduit de l’espagnol par François Maspero.

3
Livre prêté par une amie, Geneviève, Photographe, parce qu’elle y avait trouvé une réflexion intéressante sur l’acte de photographier. Loin de son travail, ce roman est une analyse, ô combien précise, du métier de reporter-photographe de guerre, au cours du roman la réflexion s’élargit à la photographie et à l’art en général.

Ce que ne m’avait pas assez dit Geneviève, c’est l’horreur du sujet, la violence des guerres dont a été témoin ce reporter. Ce livre lu entre Paris et Saint-Malo, m’a plombé complètement le moral. Par la violence des descriptions – le sujet est d’ailleurs très proche- il m’a fait penser au film « Incendies  ». Mais contrairement à Geneviève, les mots ont pour moi une réalité bien plus forte que les images.

Le livre pose un problème qui m’a toujours plus ou moins hanté, au lieu de photographier des bébés mourant de faim pourquoi les photographes des magazines occidentaux ne les nourrissent pas. Pour les photographies de guerre, je dois dire que je ne les regarde jamais, j’en ai quand même dans mon réservoir à images, celle de Capa qui est commenté dans ce roman, et la femme en pleurs après un attentat en Algérie.

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Ce roman est très prenant, mais m’a mise très mal à l’aise : comment quelqu’un d’aussi douée pour la vie que Geneviève peut me conseiller de lire de tels passages.

 « Ce n’était pas possible de photographier le danger ou la faute. Le bruit d’une balle qui fait exploser un crâne. Le rire d’un homme qui vient de gagner sept cigarettes en pariant sur le sexe du fœtus de la femme qu’il a éventrée avec sa baïonnette »

Ensuite, le problème que j’ai dû résoudre c’est pourquoi je suis allée jusqu’au bout de ce roman, Geneviève avait le prétexte de la réflexion sur la photo, moi, celui qu’elle me l’avait prêté. Quel rôle joue le lecteur de telles horreurs ? Ne suis-je pas alors voyeur d’un exhibitionniste de talent de la souffrance humaine ? Car si le photographe prend un cliché avant de penser à sauver celui qui va être tué, il n’existerait pas si sa photo ne se vendait pas et n’était pas regardée.

La trame romanesque est assez bien tendue : le rapport entre l’ancien soldat Croate dont le reporter photographe a détruit la vie à cause d’une bonne photo, et l’histoire d’amour, un peu trop romanesque cependant. Tout n’est raconté que pour faire réfléchir à ce que représente une image. Le photographe reporter ne s’appelle pas pour rien un « chasseur d’images ». Est-ce qu’avoir conscience que la guerre, amène obligatoirement ce genre de souffrances permettra de changer le comportement des hommes ? Il faut l’espérer.

Pour conclure un livre à ne pas mettre entre des mains sensibles à cause d’une description, hélas trop vraie, des guerres qui ont traversé ces dernières années. Un livre enfin, qui pose le problème du témoignage de l’horreur dans toute sa complexité.

Citations

Photographier un incendie n’implique pas de se sentir pompier.

 (Seule note d’humour)

J’ai le plaisir de t’annoncer que tu es très beau Faulques. Et je me trouve au point exact où une Française te tutoierait, une Suissesse tâcherait de découvrir combien de cartes de crédit tu as dans ton portefeuille et une Américaine te demanderait si tu as un préservatif.

 

La photographie considérée comme un art est un terrain dangereux : notre époque préfère l’image à la chose, la copie à l’original, l’apparence à l’être ;

 

Il savait qu’aucune photographie n’était inerte ou passive. Elles exerçaient toutes une action sur ce qui les entourait, sur les gens qui y figuraient.

On en parle

canoe.ca divertissement.

histoire-allemand

Traduit de l’allemand par Brigitte Hébert

5
Il y a deux ans, je découvrais ce témoignage grâce à une amie allemande. Je ne lui dirai jamais assez merci. Je l’ai relu pour le mettre, avec ses cinq coquillages tellement mérités, dans mon blog. J’avais acheté ce livre car Ursula m’avait expliqué que la jeunesse allemande l’avait plébiscité : Sebastian Haffner permettait de comprendre le basculement de toute la nation vers le nazisme. La lecture est tout aussi intéressante pour les Français.

Le destin de ce livre est étonnant, il est écrit à chaud en 1938 par un homme qui a refusé le nazisme et qui s’est réfugié en Angleterre. Il ne sera pas publié. En 1999, à la mort de Sebastian Haffner, devenu journaliste et écrivain de renom , ses enfants trouvent ce manuscrit et le publient. La puissance du livre vient de là : il est écrit à chaud au plus près des événements, parfois au jour le jour, à travers les yeux d’un enfant puis d’un adolescent et enfin d’un jeune adulte. On comprend qu’il s’en est fallu de peu pour que lui-même accepte sans jamais l’apprécier, la tyrannie nazie.On suit avec dégoût toutes les veuleries des partis politiques traditionnels. On est horrifié par la façon dont les gens se tuent pour des causes plus ou moins claires. Puis l’horreur s’installe et là c’est trop tard plus personne ne pourra se défendre.

Mais peut-on en vouloir au peuple allemand alors qu’aucune puissance étrangère ne saura résister aux premières provocations d’Hitler quand cela était encore possible ? L’analyse est très poussée, et brasse l’ensemble de la société allemande, comme Haffner fait partie de l’élite intellectuelle, c’est surtout les élites que l’on voit à l’œuvre. Elles ont longtemps méprisé Hitler qu’elle prenait pour un fou sans importance, « un comploteur de brasserie », mais elles n’ont compris le danger que lorsqu’il était trop tard.

La cause principale du nazisme est à rechercher dans la guerre 14/18, comme on l’a déjà souvent lu, ce qui est original ici, c’est la façon dont cet auteur le raconte. Sebastian Haffner a sept ans quand la guerre éclate, pendant quatre longues années, il vivra en lisant tous les jours les communiqués de victoire de l’armée allemande, pour lui c’est cette génération là qui sera le fondement du Nazisme.

Enfant j’étais vraiment un fan de guerre…. Mes camarades et moi avons joué à ce jeu tout au long de la guerre, quatre années durant, impunément, en toute tranquillité- et c’est ce jeu-là, non pas l’inoffensive « petite guerre » à laquelle il nous arrivait de jouer à l’occasion dans la rue ou au square, qui nous a tous marqués de son empreinte redoutable.

Son récit séduira bien au-delà du cercle habituel des historiens, car il est vivant, concret émouvant parfois. Il permet, soit de revivre une période étudiée en lui donnant le visage de la réalité, soit de comprendre le nazisme à travers la vie d’un allemand embarqué bien malgré lui dans la tourmente de son pays.

Citations

… l’étrange talent de mon peuple à provoquer des psychoses de masse (Talent qui est peut-être le pendant de son peu d’aptitude au bonheur individuel)

 

L’âme collective et l’âme individuelle réagissent de façon fort semblable. Les idées avec lesquelles on nourrit et ébranle les masses sont puériles à ne pas croire.

 

La guerre est un grand jeu excitant, passionnant, dans lequel les nations s’affrontent ; elle procure des distractions plus substantielles et des émotions plus délectables que tout ce que peut offrir la paix : voilà ce qu’éprouvèrent quotidiennement, de 1914 à 1918, dix générations d’écolier allemands.

 

la génération des tranchées dans son ensemble a fourni peu de véritables nazis ; aujourd’hui encore, elle fournit plutôt des mécontents et les râleurs,. Cela est facile à comprendre, car quiconque a éprouvé la réalité de la guerre porte sur elle un jugement différent.

 

… les militaires allemands manquent de courage civique.
Le courage civique- c’est-à-dire le courage de décider soi-même en toute responsabilité- est d’ailleurs rare en Allemagne… Cette vertu fait totalement défaut à l’Allemand dès lors qu’il endosse un uniforme.

 

Rathenau et Hitler sont les deux phénomènes qui ont le plus excité l’imagination des masses allemandes le premier par son immense culture le second par son immense vulgarité.

 

Et pourtant la personne de Hitler son passé, sa façon d’être et de parler pouvaient être d’abord un handicap… le rédempteur bavarois d e1923, l’homme au putsch grotesque perpétré dans une brasserie… Son aura personnelle était parfaitement révulsante pour l’allemand normal, et pas seulement pour les gens « sensés » : sa coiffure de souteneur, son élégance tapageuse, son accent sorti des faubourgs de Vienne, ses discours trop nombreux et trop longs qu’il accompagnait de gestes désordonnés d’épileptiques, l’écume aux lèvres, le regard tour à tour fixe et vacillant.

 

C’était étrange d’observer cette surenchère réciproque. L’impudence déchaînée qui transformait progressivement en démon un petit harceleur déplaisant, la lenteur d’esprit de ses dompteurs, qui comprenaient toujours un instant ce qu’il venait de dire ou faire- c’est-à-dire quand il l’avait fait oublier par des paroles encore plus insensées ou par un acte encore plus monstrueux-, et l’état d’hypnose où il plongeait son public qui succombait de plus en plus passivement à la magie de l’abjection et à l’ivresse du mal.

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Encore une bonne surprise de notre club. Je ne me précipitais pas vers la lecture de cet essai qui restait sur le rayon de la bibliothèque destiné aux membres du club, car je ne pensais pas y découvrir grandes nouveautés. Erreur, j’ai appris des choses amusantes, comme la difficulté de Madame Thatcher à utiliser le « nous » pour parler de son action au gouvernement. Elle a fini par si bien apprendre sa leçon que, pour annoncer la naissance de son premier petit fils, elle déclara : We have become a grandmother (Nous sommes devenue grand-mère).

Le charme du livre vient du ton utilisé par l’auteur, c’est drôle léger et impertinent. De plus, il puise ses observations dans un grand nombre de langues, parfois très originales. Les remarques sur les subtilités du vocabulaire de la syntaxe et des expressions sont vraiment drôles et intéressantes. J’ai été moins convaincue par la dernière partie sur l’apprentissage. Son livre est enrichi de cinq portraits de personnes parlant plusieurs langues dont la vie est marquée par cette capacité linguistique. Alex Taylor donne envie de connaître Fernando, il parle 16 langues. Quelle chance, il a ! Comme lui je pense que :

« Parler une langue étrangère, crée une deuxième personnalité et une deuxième vie. »

Lui, il en a donc 16 !

Citations

 En Gallois, Gath est un chat lorsque son maître est masculin. On imagine la perplexité de l’infortuné félin dès lors qu’il tombe entre les mains d’une maîtresse et qu’il se voit transformé en chath. Ce n’est donc pas si évident pour les habitants d’Aberystwyth d’appeler un chat un chat.

 

Ces fioritures ne sont pas sans rappeler la proposition de Jack Lang dans les années 1990, qui essaya de rebaptiser les personnes du troisième âge « les flamboyants »

 

À Berlin, on ne cherche plus comme dans le passé une femme de ménage, Putzfrau mais une tonique Putzkraft, une puissance nettoyante.

 

La BBC organisa récemment en consultation avec des milliers de linguistes un concours pour trouver le mot « le plus intraduisible du monde » .Le champion est ilunga de la langue tchiluba parlée au sud-est de la République du Congo. Il désigne une personne disposée à pardonner un affront une première fois, à le tolérer lorsqu’il est commis une deuxième fois mais qui rejette l’idée de pardon si l’affront est commis une troisième fois.

On en parle

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4
Libres, ces deux auteures le sont, leur dialogue est sous le signe de la liberté de penser et de « dire » tout ce qui concerne la place de la femme dans les religions. J’avais entendu l’interview de Talisman Nasreen sur France Culture et j’avais été si séduite par son intelligence et son courage que j’ai aussitôt acheté son livre. C’est très facile à lire, et j’ai beaucoup apprécié la façon dont, lorsqu’elles ne sont pas d’accord, elles confrontent leurs arguments.

Toutes les deux défendent la laïcité, la liberté de penser et de s’exprimer. Pour ces idées-là, l’une est menacée de mort et chassée de son pays, l’autre est mal comprise par sa famille politique : le risque n’est évidemment pas de même nature comme le souligne Caroline Fourest. La gauche française supporte mal, en effet, qu’on critique l’Islam. Taslima Nasreen est beaucoup plus radicale que la journaliste française sur la critique de l’Islam. Pour elle, cette religion prône la violence et la soumission par la force de la femme. La solution ne pourra venir que par l’éducation et par la pratique de l’esprit critique.

Je pense que c’est un livre à lire dans le débat actuel qui oppose la laïcité française à l’Islam et aux intégrismes de toutes les religions qui ne se différencient plus, alors, des sectes.

Citations

Talisman Nasreen

Ma mère n’était pas religieuse à l’origine. Elle l’est devenue lorsqu’elle a découvert que mon père la trompait. Elle était en permanence ignorée et insultée par mon père. Elle était tellement malheureuse qu’elle s’est réfugiée dans la religion.

Saint Paul cité par Caroline Fourest

« L’homme, lui, ne doit pas se couvrir la tête, parce qu’il est à l’image et à la gloire de Dieu : quant à la femme elle est à la gloire de l’homme. »

Caroline Fourest

Quand je pense que certains français musulmans pensent être des citoyens de seconde classe dans un pays laïque… Ça donne envie d’organiser des voyages scolaires à la rencontre des minorités religieuses de pays comme le Pakistan, le Bangladesh ou même l’Egypte.

Talisman Nasreen

Tant qu’une femme est opprimée et sans défense, les gens l’aiment et compatissent. Mais dès qu’elle refuse de tester exploitée ou étouffée, dès qu’elle se lève et se tient droite, qu’elle impose ses droits, qu’elle brise le système social pourri qui l’enchaîne afin de libérer son corps et son esprit, elle n’est plus admirable – elle devient haïssable.

Talisman Nasreen

Les intégristes musulmans m’ont attaquée, ont lancé des Fatwas contre moi, ont mis ma tête à prix et ont organisé de violentes manifestations, mais pas un seul n’a été puni. C’est moi qui suis punie….Moi j’ai perdu ma maison mon rêve, sans rien avoir à me reprocher. Je dois subir l’exil.
Mon pays , mon chez moi, ce sont les gens qui croient aux droits de l’homme, de la femme et à l’humanisme laïque.

On en parle

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4
Je n’avais pas le choix, il ne restait que celui-là dans la liste des 15 livres de février. Je pensais le parcourir rapidement et non … C’est très intéressant, de plus François Clémenceau écrit dans une langue simple et précise. Chaque chapitre est l’occasion de traiter un des aspects de la civilisation américaine : la ville de Washington, l’obésité, la civilisation de la grosse voiture, la pollution, la peine de mort, l’immigration, les Indiens, l’ouragan Katrina, la femme, la religion, la guerre et Obama. Sa réflexion s’appuie sur des reportages et de multiples rencontres de personnalités d’opinions différentes. J’ai beaucoup apprécié la place qu’il donne aux gens qu’il interviewe. Ce n’est pas lui le sujet du livre mais ce sont les Américains.Sa réflexion s’appuie sur son expérience et un travail d’enquêteur qui semble très sérieux.Il ne s’est pas contenté des images de la télé : ses pages sur l’ouragan Katrina sont très émouvantes. Il est allé dans une petite ville Biloxi, il fait alors, remarquer qu’on n’a parlé que de la Nouvelle-Orléans et oublié l’ensemble de la côte qui a pourtant été totalement dévastée.
Il est allé voir, également, la pièce où l’on met à mort les condamnés, il a interrogé des partisans de la peine capitale et des opposants.Il décrit très bien les paradoxes de la pudeur excessive à nos yeux des américains qui interdisent aux petites filles les maillots de bain sans soutien-gorge sur les plages et en même temps la nudité entre gens du même sexe dans les vestiaires sportifs «  ainsi, dans le vestiaire des hommes de ma salle de sport, des garçonnets ouvrent de grands yeux sur la virilité triomphante ou désolante des quinquagénaires qui ne se donnent pas la peine de porter une serviette autour des hanches pour se raser ou se brosser les dents ». Sans parler des bars de strip-tease ni des Hooters que je vous laisse découvrir.La lutte contre l’obésité a commencé, mais elle semble bien difficile à mener car les firmes et les mauvaises habitudes alimentaires concernent surtout les enfants : « la tendance est à l’amélioration : davantage de légumes verts, moins de pomme de terre, des portions moins abondantes, des ingrédients plus digestes. Mais cela ne concerne que les menus adultes ; les enfants continuent à se voir offrir un cheeseburger de plus de 300 calories ; leurs pizzas étaient servies avec des frites. À cela s’ajoutait le traditionnel cheese-cake ou la glace et le soda servi en gobelet de 50 centilitres servi à volonté à la carafe. Bref, un seul repas approchait la quantité de calories recommandée par les pédiatres pour trois jours. »On espère que la victoire d’Obama pourra faire mentir ces chiffres « si l’on naît Noir aux Etats-Unis, on a une chance sur d’eux d’aller jusqu’au bac et une sur neuf de se retrouver en prison avant l’âge de trente ans ». Je pense que tous ceux qui ont vécu aux Etats-Unis ou qui s’y intéresse apprécieront ce livre : l’auteur semble sincère et honnête.

Le blog de l’auteur

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2
Si une certaine presse vit et vit bien des succès des stars, c’est qu’elles font vendre. Ce livre peut, donc plaire aux fans du cinéma américains. Chaque photo est l’occasion de raconter, la vie d’un acteur ou actrice célèbre, d’un film connu dans le monde entier, d’une série vue et revue à la télévision d’un enregistrement d’une chanson que tout le monde peut reprendre en chœur. Dans ces conditions, c’est difficile de rendre en photo le pourquoi du succès d’un lieu, par exemple : pendant les quatre saisons –le dernier épisode datant du 21 mars 2005-, le hard rocker et sa tendre famille ont vécu dans un très beau manoir de Beverly Hills. Les fans continuent de s’y rendre, comme s’il s’agissait de célébrer un grand moment de la télévision.En regardant la photo du portail en bois et du mur rose caché par deux palmiers, je me suis dit que je n’irai sûrement pas faire comme-si… Pas plus que je n’irai à Viper-Room voir l’endroit où l’acteur River Phoenix est mort d’une overdose d’héroïne et de cocaïne, le 31 octobre 1993. Alors, peut-être à Bihan (est-ce le breton qui a inspiré le nom de cette boutique ?) pour voir la boutique la plus chère du monde et l’allure d’une chemise à 15 000$ !Quand j’ai fermé le livre, j’ai lu que Sylvie Robic avait eu un coup de foudre pour Los Angeles, je ne peux pas dire qu’elle a su me le faire partager, mais comme je le disais au début, si j’adore le cinéma et les séries, je n’ai rien d’une fan.

 

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Traduit de l’anglais par Karine Reignier.

3
Owen Matthews, journaliste correspondant de guerre part à la recherche du passé de ses parents. Sa mère, fille de dignitaire soviétique exécuté lors des purges de 1937 a été élevée en orphelinat. Son père épris de culture Russe, tombera amoureux de sa mère en 1963, lors d’un séjour dans un pays qui le fascine. Ils se marieront finalement en 1969 après un combat qu’ils ont cru l’un et l’autre souvent perdu tant les obstacles étaient importants. Plusieurs récits se mêlent donc :

  • celui du fils, narrateur, qui vit dans la Russie contemporaine, il connaîtra l’horreur de la guerre en Tchétchénie et tous les excès de ce pays aujourd’hui
  • Celui de sa mère qui a connu les tragédies de la guerre , les orphelinats russes, la famine…
  • Celle de son père, cet intellectuel typiquement britannique qui a dû lutter contre le KGB pour épouser celle qu’il aimait au péril de sa carrière universitaire.

Sans être passionnée par ce livre, je l’ai trouvé intéressant et sûrement proche des personnages réels, parfois les situations sont tellement incroyables que j’aurais aimé un souffle plus romanesque. Je trouve que Makine, et bien sûr, Soljenitsyne savent mieux raconter la Russie soviétique. Au milieu des horreurs que les enfants ont connues, j’ai bien aimé que sa mère lui dise « Il faudra que tu parles des gens bien » comme ce directeur d’orphelinat qui a accepté qu’on ne sépare pas les deux sœurs. Et j’ai alors pensé au livre de Makine : La vie d’un homme inconnu.

 Citations

La sentence a été exécutée dès le lendemain, soit le 14 octobre 1937. Le bourreau y a apposé un vague gribouillis. Les bureaucrates méticuleux qui se sont chargés de l’instruction ayant négligé d’indiquer l’endroit où Boris Bibikov fut enterré, ce tas de papier lui tient lieu de sépulture.

 

Pourtant, lorsqu’ils se sont enfin retrouvés, mes parents ont constaté que leur amour s’était presque tari. Mué en encre, il s’était figé sur les milliers de feuilles qui s’empilent maintenant au fond d’une malle, dans le grenier d’un petit pavillon londonien.

 

Ma mère a passé une grande partie de sa vie à attendre des jours meilleurs. Ses parents ont été arrêtés lorsqu’elle avait trois ans. Dès cet instant, le régime soviétique s’est chargé de son éducation, modelant ses pensées, sinon son âme. L’avenir radieux était à portée de main, expliquait-on à sa génération, mais, tel un dieu aztèque, il ne saurait être atteint sans sacrifices : il faudrait faire couler le sang et subordonner la volonté de chacun au bien de tous.