SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard
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Livre très étonnant qui, parfois, est très énervant et parfois très passionnant, et très amusant , bref il est très, très, très …. Je pense que sans le club, je ne serais pas allée jusqu’au bout, Or, cela aurait été vraiment dommage car j’ai eu parfois de véritables moments de bonheur. Avant d’essayer de vous expliquer, je vous raconte mon premier énervement, cela ne concerne pas le roman mais la maison d’édition. Acte Sud édite des livres petits formats que l’on doit tenir à deux mains si on veut les lire, car sinon ils se ferment, ça m’énerve beaucoup.

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Je le tiens d’une main, pour la photo mais déjà il se referme et empêche la lecture.

Judith est une femme de plus de soixante dix ans, elle vient de perdre l’homme qu’elle aimait et souffre beaucoup de son absence. Elle vit à New-York et a une amie, Janet qui est plus âgée et qui a décidé de résister à sa façon aux affronts de la déchéance physique de la vieillesse. Judith est française et a fui sa mère, son frère, la France qui n’ont pas su la retenir quand elle avait 18 ans. Je ne peux en dire plus sur cette souffrance dévoilée seulement à la fin du roman. Mais plus que le dévoilement de cette meurtrissure, ce que j’ai beaucoup aimé dans le roman ce sont des courts de moments de vérité qui m’ont absolument enchantée. Par exemple , la scène ou Judith regarde des cars entiers de touristes se précipiter vers le stand de glaces après leur visite de l’usine Ben et Jerry est absolument jouissive. Puis son regard s’arrête sur un couple discret qui attend sagement son tour pour avoir enfin le droit de profiter de ce qui semble la récompense suprême de cette visite : acheter leur cornet Ben et Jerry, surgit alors leur dragon de guide qui leur intime l’ordre de remonter immédiatement dans leur car sans leur glace…

Tout ce voyage en car d’excursionnistes sous la houlette d’une guide peu patiente est criant de vérité. Judith finira par faire un rêve où elle s’imagine au paradis mais celui-ci a la forme du plus grand Mall dans lequel elle ne soit jamais allée. L’autre moment que j’ai aimé c’est quand les deux amies se souviennent , l’une de l’odeur du café, l’autre du rimmel et puis soudain se retrouvent dans un souvenir commun, elles étaient unies dans un même spectacle de théâtre, l’une a sans doute habillée l’autre. Et pourtant, elles ne s’étaient pas reconnues.

Alors un très bon roman ? (qui en plus s’accompagne de la lecture de Céline). « Le bout de la nuit » de Judith , c’est dans sa jeunesse qu’il faut la chercher. Cette quête rend le livre lourd et laborieux, il y a une lenteur qui en rend la lecture difficile. C’est d’autant plus étonnant, que le texte est comme parsemé de moments de plaisir. Il se veut aussi et surtout une réflexion sur la vieillesse et le sort que l’on réserve aux vieux dans nos sociétés. Peut-être que l’auteur a voulu trop en dire , et en conséquence de quoi son roman manque d’unité, on n’y retrouve pas le mouvement qui entraîne le lecteur à tourner de plus en plus vite les pages.

Citations

Le passage qui m’a fait accrocher au roman

Je n’ai rien contre les romans non plus, mais souvent je leur trouve un goût d’artifice, je perçois le petit bruit de fond de leurs rouages ; on veut me conduire quelque part, à l’aveugle prétendument, mais les décors et les accessoires censés m’aiguiller ont quelque chose d’arbitraire, de falsifié.

Une phrase simple mais vraie

la jeunesse n’est jamais l’âge du doute mais de l’excès de certitudes.

La tenue des personnes âgées qui partent en excursion

Tous semblaient s’être donné le mot pour enfiler, ce matin-là, de similaires combinaisons de jogging, en molleton mou, aussi seyantes qu’un pyjama, marquées pour certain du logo de leur marque de fabrication, combinaisons qui ne les flattaient franchement pas et évoquaient l’uniforme réglementaire d’une institution spécialisée qui leur aurait accordé une autorisation de sortie exceptionnelle.

Une définition de la vieillesse

Profiter, oui, pardon, j’étais arrivée à l’âge où ma fonction sociale était de profiter, y compris de la vacuité.

20160307_145754Traduit de l’américain par Françoise Cartano.

Quand j’ai appris la nouvelle de la mort de Pat Conroy, je me suis sentie triste, et ne pouvant pas participer ni de près ni de loin au deuil qui doit toucher profondément ses proches, j’ai décidé de relire « le prince des Marées » ; roman qui m’avait profondément marquée en 2002.

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Ma relecture attentive de ce gros roman (600 pages) m’a remis en mémoire tout ce que j’aime chez cet auteur. Tout d’abord, son formidable humour et j’ai encore bien ri à la lecture de la scène où sa grand mère entraîne ses petits enfants dans le choix de son cercueil, au milieu de tant de souffrances d’une enfance ravagée par la violence d’un père et de l’insatisfaction de sa mère, ce petit passage où Tholita (la grand-mère) finira par faire pipi de rire sur les azalées du centre ville est un excellent dérivatif aux tensions créées par les drames dans lesquels la famille Wigo est plongée.

J’ai de nouveau apprécié la construction romanesque : nous connaîtrons peu à peu les drames successifs de la famille à travers l’effort que doit faire le personnage principal, Tom, pour aider la psychiatre de sa sœur jumelle, Savannah, à s’y retrouver dans le délire psychotique de celle qui est aussi une poétesse admirée du tout New-York des lettres. Ce procédé permet de rompre la chronologie et de croiser plusieurs histoires. « Le prince des marées » est un roman foisonnant et généreux le drame est toujours mélangé à une énergie vitale qui permet de supporter les pires vilenies des humains. C’est peut être le reproche qu’on peut faire à ce livre , cette famille est vraiment touchée par une série de drames trop horribles. Parfois on se dit : c’est trop ! mais peu importe, c’est si extraordinaire de découvrir le Sud des États Unis sous plusieurs facettes : le racisme ordinaire, la religion, le côté bonne éducation, la force des éléments.

Enfin ce livre est un hymne à la nature et les descriptions vous emportent bien loin de votre quotidien. C’est le genre de roman que l’on quitte avec regret chaque soir et que l’on voit se terminer avec tristesse. Bravo Monsieur Part Conroy d’avoir su écrire sur l’enfance martyrisée en gardant la tête haute et votre merveilleux sens de l’humour ; et merci, vos livres ont fait voyager tant de gens vers un pays dont vous parlez si bien.

Citations

Sa rage contre les parent destructeurs

Les parents ont été mis sur terre dans le seul but de rendre leurs enfants malheureux.

Un des portrait de sa mère

Ma mère se baladait toujours comme si elle était attendue dans les appartements privés d’une reine. Elle avait la distinction d’un yacht – pureté de ligne, efficacité, gros budget. Elle avait toujours été beaucoup trop jolie pour être ma mère et il fut un temps où l’on me prenait pour son mari. Je ne saurais vous dire à quel point ma mère adora cette période… Maman donne des dîners prévus plusieurs mois à l’avance et n’a pas le loisir de se laisser distraire par les tentatives de suicide de ses enfants.

Folie de sa sœur

Depuis sa plus tendre enfance, Savannah avait été désignée pour porter le poids de la psychose accumulée dans la famille. Sa lumineuse sensibilité la livrait à la violence et au ressentiment de toute la maison et nous faisions d’elle le réservoir où s’accumulait l’amertume d’une chronique acide . Je le voyais, à présent : par un processus de sélection artificiel mais fatal, un membrure de la famille est élu pour être le cinglé et toute la névrose, toute la fureur, toute la souffrance déplacées s’incrustent comme de la poussière sur les parties saillante de ce psychisme trop tendre et trop vulnérable.

Portrait d’une méchante femme de sa ville natale

Ruby Blankenship pénétra dans la pièce, royale et inquisitoriale, ses cheveux gris brossés sévèrement en arrière, et les les yeux fichés comme des raisins secs dans la pâte molle de sa chaire. C’était une femme immense, gigantesque, qui faisait naître une terreur immédiate dans le cœur des enfants. À Colleton, elle était perçue comme « une présence », et elle se tenait sur le pas de sa porte d’où elle nous observait avec cette intensité singulièrement ravageuse que les personnes âgées qui détestent les enfants ont su élever au rang des beaux-arts. Une partie de sa notoriété locale était due à l’insatiable curiosité que lui inspirait la sante de ses concitoyens. Elle était l’hôte omniprésente de l’hôpital autant que du funérarium.

Dialogue avec sa mère

Je n’aurais pas dû avoir d’enfants, dit ma mère. On fait tout pour eux, on sacrifie sa vie entière à leur bonheur, et ensuite ils se retournent contre vous. J’aurais dû me faire ligaturer les trompes à l’âge de douze ans. C’est le conseil que je donnerais à n’importe quelle fille que je rencontrerais.
– Chaque fois que tu me vois, Maman, tu me regardes comme si tu voulais qu’un docteur pratique sur toi un avortement rétroactif.

Humour

Les enseignants américains ont tous des réflexes de pauvres, nous avons un faible pour les congrès et foire du livre tous frais payés, avec hébergement gratuit et festin de poulet caoutchouteux, vinaigrette douceâtre et petits pois innommables.

SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. où il a obtenu un coup de cœur sans aucune hésitation.

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Quel roman ! On est pris par le récit parfois palpitant, par les descriptions de si beaux paysages, par l’évocation de personnalités romanesques, et puis par cette guerre qui a failli tout détruire. Le Liban c’est le pays de mes amis, et cette photo le raconte : entre les gâteaux qu’ils m’offrent et cette nappe qu’ils ont fait broder pour moi, j’ai placé ce livre qui m’a fait revivre les histoires qu’ils m’ont maintes fois racontées. Ces grandes familles libanaises qui, au delà de leur confession, s’entendaient parce qu’ils aimaient leur pays et savaient trouver les alliances pour le tenir en équilibre. Les grandes familles étaient, chrétiennes, chiites, druzes ou sunnites. Elles étaient avant tout libanaise, et ce doux pays aux vergers incomparables vivaient en se respectant. Certes les classes sociales étaient très marquées, et les amours devaient servir à conforter des alliances financières, mais au-delà de ces contraintes la vie était belle. Les réfugiés palestiniens, chassés de leurs pays ont apporté les premiers troubles, et puis, on connaît les enchaînements tragiques.

Cette grande famille des Hayek* alliée aux Ghosn*, est mise à mal par la mort du patriarche et la guerre qui se passe à leur porte. À l’intérieur de leur superbe villa, Marie la femme, et Mado la belle sœur, qui cultive sa haine pour la femme de son frère se livrent une guerre sans merci. C’est également une des réussites du roman : cette guerre fratricide qui suit les aléas de l’autre guerre.

Sans trop dévoiler le roman, le titre « la Villa des femmes » permet de se dire qu’elles arriveront peut-être à s’unir pour lutter contre la destruction ambiante. L’avant-guerre, ce Liban des grandes familles nous entraîne dans un monde merveilleux, celui des princes et des princesses, mais au  XX°siècle. J’ai adoré la scène où toute la maisonnée galope sur de beaux pur-sang pour récupérer les chevaux qui se sont échappés. On sent le vent, les odeurs , la mer .. on rêve. J’ai adoré aussi la scène ou Mado crache son venin sur sa belle-sœur : c’est de la tragédie grecque et Médée n’est pas loin. Bref, je suis enthousiaste et la petite note qui me fait du bien, c’est écrit dans un français superbe parce que dans ce Liban là, la langue de la civilisation des idées et de la littérature c’était la mienne, la nôtre le français.

* La famille Hayek d’origine libanais existe vraiment, et inutile de présenter aux Français la famille Ghosn

Citations

Des histoires de cimetières et de mesquineries

Dans la voiture, elle se mettait en colère et marmonnait dans mon dos contre son frère qui laissait faire, qui donnait son accord pour que fussent inhumés là une vieille femme ou un vieillard trépassés simplement parce qu’ils s’appelaient Hayek . « On n’est plus entre nous, ni sur nos terres ni en dessous » grommelait-elle.

L’amour romantique

Badi’ les accompagne souvent, et voilà la messe est dite, regards équivoques, rougeur sur les joues de Marie qui petit à petit est gagnée par l’audace, qui s’isole avec Badi’, encouragée par ses cousines, et tout le monde évidemment joue avec le feu parce que l’on sait très bien que le mariage de Badi’ et Marie est impossible. Mais on s’amuse, on élabore des scénarios, on essaie de les faire exister, la vie pour un moment est comme un roman.

La guerre et les milices

De jeunes guerriers oisifs, en chemise de corps et qui paraissaient au courant de nos ennuis, si nous avions bien affaire à Salloum dit le Vicieux. J’opinai et je les vis échanger une moue qui semblait signifier que nous n’étions pas au bout de nos peines… Le domaine recommença à être envahi. les miliciens reprirent leurs aises de tous côtés.

À ne pas lire par les anti-divulgâcheuse : la dernière phrase du roman

Et, dans le formidable mais déraisonnable espoir que tout cela recommencerait, il ramena son regard vers les choses qu’il avait sous les yeux et qui portaient les traces de l’usure, du temps, et me demanda : « Bon, alors, par quoi commence-t-on ? »

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Je n’avais pas lu ce livre dont on a parlé lors du club de lecture de février. Le jugement d’une participante qui n’aime pas les « histoires de secrets de famille » a empêché ce roman de recevoir un coup de cœur du club. La discussion m’a intéressée et j’ai eu envie de me rendre compte par moi même de ce que ce livre pouvait apporter. Tout commence par la mort de l’arrière grand-mère et l’organisation de ses obsèques. Un secret enfoui depuis presque un siècle refait surface.

Tout de suite, j’ai accroché à ce roman car je suis tellement sûre que nos comportements sont dictés par le poids des non-dits familiaux, et je suis hantée par cette question : comment ne pas transmettre à ses enfants le poids de ses erreurs ? À sa façon, en racontant un échec amoureux dans quatre générations différentes, ce roman aide à comprendre ces difficultés fondamentales de la vie. Bien sûr ce n’est pas un chef d’œuvre littéraire, mais ce livre peut faire du bien à touts ceux et toutes celles qui se posent ce genre de questions : Comment stopper les répétitions familiales plus ou moins mortifères ? Dans la famille de Lia, tout commence par l’arrière grand-mère qui s’est forgée une légende plutôt que de se confronter à la réalité de sa souffrance. Par cette conduite, elle a influencé négativement les choix amoureux de sa fille et de sa petite fille. Lia mettra tout en œuvre pour casser la répétition des échecs des femmes Palin. Mais ce qui est étonnant et tellement bien vu, c’est de se rendre compte que chaque génération fait des erreurs en essayant d’éviter celles de la génération précédente.

Le roman se lit très vite et sans être passionnée par l’intrigue, j’ai vraiment aimé le questionnement de ces femmes parce que leurs questions résonnent très fort en moi. Comment transmettre des forces, il y a les messages conscients et tout ce que malgré soi on lègue aux générations futures. Si ce roman est sur les rayons de vos médiathèques, n’hésitez pas à l’emprunter même s’il n’a pas de coup de cœur, je suis sûre que vous y lirez une partie ou une autre de vos interrogations. Il se lit vite mais ne s’oublie pas si vite.

Citation

Une bien jolie phrase

– Ton arrière-grand-mère aura été toute sa vie une femme de courage et de conviction, me dit-elle.
-C’est bizarre de parler d’elle au futur alors qu’elle est morte.
-C’est du futur antérieur, pas du futur. Mais tu as raison, ma chérie. C’est un temps merveilleux. Celui qui permet de parler au futur de ceux qui sont passés. C’est le temps des nécrologies.

La difficulté d’être trop aimée

C’est comme si elle m’avait fondue en elle, chair indistincte de sa chair, âme indissoluble de son âme. J’ai dû la suivre, m’adapter, comprendre, accepter. Pouvait-il en être autrement ? Je n’avais qu’elle. Il fallait que je l’aime à tout prix pour me faire aimer d’elle. Coûte que coûte. Est-ce cette confusion des êtres qui l’a transformée plus tard en combattante de ma liberté, de mes expériences d’adolescentes. Cette peur panique qui l’envahissait à chaque fois que je tentais de me dégager, cette couverture d’amour dans laquelle elle cherchait à m’emmailloter dès que je voulais éprouver par moi même et qui me donnait le sentiment d’étouffer. Je vais mieux depuis que je me suis éloignée.

SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard thème « no-sport ».

À lire si, et uniquement si…

  • Daesh a disparu de la planète.
  • les musulmans acceptent d’interpréter le Coran et font disparaître toute allusion à la violence et à la soumission de la femme.
  • toutes les femmes peuvent s’habiller et vivre comme elles veulent.
  •  la laïcité convient à tout le monde.
  • les dangers de pollution sont derrière nous.
  • vos amours sont au beau fixe.
  •  vos enfants sont heureux et épanouis.
  • votre santé est excellente
  • votre métier vous apporte toutes les satisfactions possibles
  • le printemps est là avec du soleil et des fleurs dans tous les jardins.
  •  vos fins de mois sont confortables.
  • vous avez un moral du tonnerre.

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Alors, vous vous dites, et pourquoi pas un petit coup de cafard, une bonne tristesse bien de chez nous, dans des quartiers sans âme, avec un pauvre gars qui à part peloter sa sœur et cogner comme un malade sur tous ceux qui se mettent un tant soit peu au travers de sa route ; vous avez trouvé votre homme, Olivier Adam sait écrire cela à la perfection, prévoyez vos mouchoirs et allez-y. J’oubliais notre boxeur, il a un métier ? Ben oui , il est … fossoyeur.

Citation

Genre de situation qui se termine par un pugilat

– T’aurais pu t’habiller
Je suis pas à poil que je sache
– Fais pas le con, Antoine, t’aurais pu enfiler un costume.
– J’en ai qu’un et c’est pour les enterrements.
– T’as vraiment une gueule de déterré.
– Et toi t’as vraiment une gueule de con.

J’ai dit ça je n’aurais pas dû, c’était sorti tout seul, je n’aurais pas dû mais je le pensais au fond. Mon frère avait vraiment une tête de con et on n’y pouvait rien.

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Traduit de l’américain par Pierre Furlan. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. Thème : le Far-West.

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Une nuit inoubliable passée en partie avec ce livre qui a eu un coup de cœur à notre club. Quatre lectrices ont défendu avec une telle passion ce roman que j’ai succombé à mon tour. Quel chef d’œuvre ! Cela fait longtemps que je n’ai pas éprouvé un plaisir aussi parfait. Je dis souvent que le suspens me dérange pour apprécier une histoire, je rajouterai maintenant, sauf quand l’auteur est beaucoup plus intelligent que moi. Car il s’agit bien de cela un combat d’intelligences, entre celle des personnages, celle des lecteurs mais par dessus tout celle de l’écrivain. Et le plus fort de tout, c’est qu’au fond de lui Thomas Savage ne croit qu’à la gentillesse et à l’humanité, il se méfie de l’intelligence surtout quand elle est destructrice.

Ce livre d’hommes sur fond de western, est un hymne à la douceur des gentils dans un monde si brutal que l’on n’imagine pas que la moindre fleur puisse y déployer ses pétales. Pourtant Rose et Georges que son frère Phil, appelle Gras-Double surmonteront ensemble les noirceurs de la violence. Ce livre ne se raconte pas, il faut faire confiance et se laisser porter vers un Far West qui n’a rien de romantique mais qui est si humain qu’on est beaucoup plus proche, sans doute, de ce qui s’est vraiment passé que dans n’importe quel film de John Wayne.

On a aussi, et avec quelle maîtrise, les décors natu­rels, les odeurs , les scènes d’animaux, les chevau­chées, les saloons, les personnes fortes, les humi­liés, mais rien de tout cela ne raconte complè­te­ment cette histoire, c’est un décor dans lequel se joue un drame si prenant qu’on ne peut le lire que d’une traite. Mais c’est surtout un livre qui permet de comprendre que sans l’intelligence du cœur, l’homme n’est qu’un misérable « tas de petits secrets » en contredisant Malraux et son admiration pour les grands hommes si courageux soient-ils, comme l’est Phil qui a gâché sa vie et celle des siens pour un secret que seul la lecture du roman pourra vous dévoiler.

Citations

Conseil d’un père à son fils

– Je te dirai, Peter, de ne jamais te soucier de ce que racontent les gens. Les gens ne peuvent pas savoir ce qu’il y a dans le cœur des autres.
– Je ne me soucierai jamais de ce que racontent les gens.
– Peter, s’il te plait, ne le dis pas tout à fait comme ça. La plupart des gens qui ne s’en soucient pas, oui, la plupart d’entre eux deviennent durs, insensibles. Il faut que tu sois bienveillant. Je crois que l’homme que tu es capable de devenir pourrait faire beaucoup de mal aux autres, parce que tu es si fort. Est-ce que tu comprends ce qu’est la bienveillance, Peter ?
– Je n’en suis pas sûr, père.
– Eh bien, être bienveillant, c’est essayer d’ôter les obstacles sur le chemin de ceux qui t’aiment ou qui ont besoin de toi.
– Ça je le comprends.

L’ivrogne du saloon

Un soûlot, dès qu’il vous met le grappin dessus, il vous bassine avec des âneries. Il fait semblant d’être ce qu’il n’est pas, il joue un personnage trop grand pour lui. Et vous aurez beau l’insulter ou lui balancer n’importe quoi pour le remettre à sa place, il continuera à jacasser.

Définition d’un aristocrate

Phil avait un esprit pénétrant, curieux – un esprit qu’il enrichissait et qui déroutait maquignons et voyageurs de commmerce. Car, pour ces gens, un homme qui s’habillait comme Phil, qui parlait comme Phil, qui avait les cheveux et les mains de Phil, devait être simplet et illettré. Or, ses habitudes et son aspect obligeaient ces étrangers à modifier leur conception de ce qu’est un aristocrate, à savoir quelqu’un qui peut se permettre d’être lui-même.

L’amour maternel

Je l’aime mais je ne sais pas comment l’aimer. Je voudrais que mon amour l’aide pour quelque chose mais on dirait qu’il n’a besoin de rien.

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Traduit de l’anglais (Australie) par Valérie Malfoy. Livre reçu grâce à Babelio et les éditions Albin Michel dans le cadre de Masse Critique.Livres contre critiques

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Babelio précise que l’on reste libre de ses critiques même si ce livre est un cadeau, je n’ai, hélas, rien trouvé d’intéressant dans ce roman. L’histoire d’abord, ce jeune garçon, Tom, rencontre une bande de marginaux qu’il fréquente plutôt que de s’inscrire à l’université. Il semble uniquement préoccupé par l’effort qu’il doit faire pour se faire accepter par la bande d’artistes ratés. Aucun personnage n’a le moindre intérêt, entre drogue, alcool et larcins divers, ils vont voler dans un musée un tableau de Picasso « la femme qui pleure ». Pour ma photo, je n’avais que le portrait de Gertrude Stein chez moi. Il y a, d’ailleurs, une Gertrude dans l’histoire qui ne vit que pour la drogue. Pour s’enrichir la petite bande a prévu de revendre des copies du tableau. C’est là sans doute que devrait naître le suspens ?

Le style de l’auteur est si plat ! On passe d’un dialogue à l’autre sans jamais se sentir concerné par l’histoire ; qu’il s’agisse de meurtre, ou de revente d’un tableau célèbre, ou ce qui semble agacé le plus Tom, la présence d’une petite fille parfaitement mal élevée, tout est dit de la même façon. Les personnages sont vides et on ne comprend vraiment pas pourquoi Tom leur trouve le moindre intérêt. Son histoire d’amour est totalement convenue et la fin sans surprise. Bref que dire : méfiez-vous surtout des quatrième de couverture où l’on peut lire :

Dans ce roman d’apprentissage au suspense psychologique captivant, l’auteur de « la Mauvaise Pente » et des « Affligés » réussit un saisissant portrait d’une jeunesse excentrique au seuil de l’âge adulte, face aux illusions et aux déceptions qui l’accompagnent. 

20160203_171252Du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Dans la famille Fournier vous avez le père, alcoolique et médecin, le petit fils aîné handicapé mental, le second handicapé aussi, la petite fille vivante et religieuse, la belle fille aimée du fils mais décédée beaucoup trop tôt, vous allez découvrir la mère celle qui a engendré Jean-Louis un écrivain qui fait du bien car il sait raconter des choses tristes sans faire pleurer. Il fait revivre sa mère, par petites touches et donne corps à la photo de la couverture que le temps a blanchi. Sa mère avait tout pour être heureuse, une curiosité du monde, un intérêt pour les êtres humains, mais voilà, son mari était alcoolique , il a failli faire couler toute la famille. Alors la jeune fille bien élevée, qui aimait Chopin, le théâtre et la littérature a dû ramer sec pour que ses enfants surnagent et finalement traversent l’océan de la vie sans sombrer quelque soit la force des vents contraires et la hauteur de la houle. Elle a réussi et son fils écrivain sait lui rendre hommage.

C’est une femme du Nord de « bonne famille » donc digne et un peu froide, qui cache bien ses sentiments, elle a pris l’habitude de sauver les apparences, mais derrière ce courage se cachait un cœur sensible que son fils nous fait mieux connaitre à travers un livre placé tout entier sous le signe de la métaphore marine.

PS : il a reçu un coup de coeur sans aucune hésitation à notre club de lecture.

Citations

Je recopie un passage, j’aurais pu en prendre un autre ils ont tous cette saveur

Ma mère est montée dans la voiture, elle s’est assise, elle attend. Elle attend quelqu’un ?

ça dure. Elle n’a pas l’air impatient. Elle regarde les arbres, la rue, elle rêve.
Puis, soudain elle s’étonne de ne pas avancer.

Par distraction, elle s’était installée à la place du passager. Comme si elle attendait un chauffeur.

Notre mère n’a jamais eu de chauffeur. Elle a toujours été aux commandes. C’est elle toute seule qui a dû conduire sa vie, et la vie des autres. Elle n’a jamias pu compter sur son mari, il était irresponsable. C’est elle qui a tenu le volant pendant toute la route.

Elle a conduit prudemment. Elle devait faire attention, derrière il y avait quatre enfants et, dans le coffre un mari qui ronflait.

Elle nous a mené à bon port.

L’humour particulier face au malheur

Avec un capitaine Haddock comme notre père, le bateau Fournier aurait eu toutes les chances de sombrer. Heureusement, notre mère avait toujours été là, elle avait tenu la barre fermement.

20160131_130735_021Traduit de l’américain par Béatrice Vierne. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard dans le thème découverte de l’Ouest américain.

J’adore la dédicace de ce livre :

Le livre que voici est dédié à Marguerite Cole Moomaw qui combattit à mes côtés dans la guerre des Gaules. Épaule contre épaule, nous avons lutté contre Jules César et les légions romaines à l’école de Whitefish, tout au long de l’année scolaire 1919-1920.

4Dans une préface très agréable à lire, car elle rend très présente Dorothy Johnson, Michel Le Bris m’a appris que cette écrivaine était, non seulement une journaliste respectée, une professeure admirée mais aussi l’auteure des nouvelles dont ont été tirés de très bons Western : « la colline des potences  » et « L’homme qui tua Liberty Valance ».

À travers de courts chapitres, l’auteure égrène ses souvenirs et peu à peu tous les aspects de la vie de ce village s’animent. Les temps sont rudes, et les distractions assez rares, mais cela n’empêche pas un vrai bonheur de transparaître à travers différentes anecdotes. Les enfants sont livrés à eux mêmes et trouvent dans la nature de quoi satisfaire leurs envies d’aventures.

Pour gagner quelques subsides, ils mèneront une chasse acharnée aux boites de conserves qui serviront à reboucher les trous dans les routes défoncées du village. Ils suivent avec passion le policier qui est aussi l’homme qui manie la dynamite pour enlever les souches. Ils apprennent à nager tout seuls dans des lacs superbes mais glacés. Ils courent le long des voies ferrées. Ils chassent et mangent le produit de leur chasse. Ils se méfient des étrangers surtout quand ils parlent mal l’anglais (comme ces Français qui ne savent pas prononcer le nom de leur capitale qu’ils appellent « Paree »). Cette auteure sait mettre de l’humour dans ses récits, son dialogue avec les poules est inoubliable, ainsi que ses différentes expéditions de camping. C’est un livre revigorant d’une époque révolue qu’elle sait ne pas trop regretter mais qui lui a forgé un satané caractère. Celui dont elle a eu besoin pour se battre dans la vie.

Citations

L’argent de poche

Il n’y avait aucune source fiable de revenus pour le jeunesse, voilà tout. Les commissions (les gens n’avaient pas besoin de téléphone – ils avaient des gosses) se faisaient gratis pour la famille et moyennement finances, à l’extrême rigueur pour les voisins, – à raison de cinq cents s’ils étaient économes et dix s’ils étaient prodigues.

Les distractions

À l’époque où je grandissais , les distractions de plein air avaient deux avantages : on les avait sous la main et elles ne coûtaient pas cher. On manquait de tas de choses à Whitefish, mais du grand air, on en avait autant qu’on voulait, et à deux pas de chez soi.

Les airelles

La raison d’être de ce petit voyage, selon les souvenirs d’Ella, était la cueillette des airelles. ce qui paraît logique. Il y en avait à foison, elles ne coutaient rien et elles faisaient de délicieux desserts. D’ailleurs, il fallait avoir une bonne raison de se lancer dans une pareille expédition ; à cette époque, les gens n’aimaient guère reconnaître qu’ils faisaient quelque chose uniquement pour s’amuser.

La période P.P

On pourrait appeler cette période P;P. – pré- plastique. Il n’ y avait pas de ces petits sacs ou pots transparents si commode pour empaqueter vos affaires. Pas de sachets en plastique pour ranger vos maillots de bain mouillés , vos torchons mouillés, vos tout ce que vous voulez mouillés. Pas de détergents. Ce n’était pas seulement avant le plastique ; c’était avant le Nylon, les postes à transistors, les briquets, les bombes aérosols, le papier collant, les stylos à bille et les livres de poche. Quand vous vouliez remballer vos affaires après un repas, les ustensiles étaient trop gras, trop noirs de fumée et trop chauds.

Jouir du confort

Il va sans dire qu’en tant que campeuse, je n’avais pas le feu sacré, autrement je ne repenserais pas à toutes mes expériences dans ce domaine avec un si profond soulagement à l’idée qu’elles sont définitivement révolues. D’un autre côté, si je n’avais pas de tels souvenirs, je ne pourrais pas à l’heure actuelle, jouir aussi voluptueusement des hôtels de luxe. Comment apprécier véritablement l’élégance des cocktails ou des escargots au beurre d’ail si l’on n’a jamais été au bord de la nausée en essayant de faire descendre un déjeuner de lard et de crêpes froides.

L’adolescence

D’ailleurs dans les années 1920, les adolescents n’avaient pas encore été inventés. Il y avait seulement, des grands enfants, des petits enfants et des bébés.

La belle mère

Ce n’était pas que ma mère eût une passion pour sa belle mère, une vieille dame dépourvue de tact, qui l’avait un jour remerciée de lui avoir envoyé une photographie de moi en écrivant :  » Elle vous ressemble, mais elle est néanmoins très mignonne ».

SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Au programme du club, j’ai lu rapidement ce roman, avec plaisir pendant la première moitié, et puis, peu à peu, plus laborieusement. Mais je n’ai peut-être pas pris tout le temps qu’il fallait pour l’apprécier parce que je voulais le rapporter à la médiathèque afin de savoir si d’autres lectrices auront plus de plaisir que moi. Agnes Desarthe créé un personnage, Rose, qui semble subir sa vie plus qu’elle ne la vit vraiment. Elle est l’enfant de Kristina, très belle femme au caractère étrange et d’un père officier de l’armée française qui a la fâcheuse habitude de prendre toujours les mauvaises décisions. Philosophe à ses heures, et passionné par Spinoza, il hésite avant chaque action, et étant sûr de se tromper à chaque fois, il va dans le sens inverse de ce qu’il pensait juste. Compliqué et peu efficace. Rose se retrouve donc à Paris en 1920 sans argent mais avec beaucoup de courage. Elle est d’une naïveté peu crédible mais cela permet à l’auteur de nous décrire les bas-fonds parisiens avec un plaisir certain. Rose risque de perdre sa vie mais rencontrera des personnages variés dont un admirateur d’Apollinaire (d’où le titre du roman) qui la sauveront.

Pour en apprendre un peu plus sur cette auteure, je me suis promenée sur le Net, et j’ai eu la surprise de voir qu’elle était la fille du pédiatre Aldo Nahouri qui a été critiqué par les médias pour avoir tenu des propos très proches de ceux que le médecin qui essaye de soigner Kristina donnent à son mari. Famille surprenante où la création artistique prend une grande place ainsi que le souvenir très douloureux de la déportation des juifs. Tout cela est présent dans l’écriture d’Agnès Desarthe, avec, dans ce roman, la difficulté d’arriver à une existence propre , d’avoir un destin. Rose est dominée par son époque et j’ai eu plus d’une fois envie de la confronter à la réalité de la vie. Je ne peux imaginer qu’une jeune fille de 19 ans vienne vivre à Paris avec pour seul bagage sa connaissance d’Alexandre Dumas.

PS : à notre club, une seule lectrice a défendu ce roman, elle a été touchée par la misère du Paris de l’époque, les autres ont été plus sévères que moi, elles ont surtout souligné les ficelles de la construction romanesque, sorte de pastiche de tous les romans de l’époque.

Citations

Description de la personnalité de Kristina

Le reste du temps, elle gardait une distance qu’elle aurait voulu ironique (car elle ne manquait pas de goût), mais qui était vide (car elle manquait de cœur).

Conseil du médecin

Il faut la forcer si elle refuse mon ami. Pudeur, caprice, enfantillage. Ne restez pas planté devant la porte, commandant. Enfoncez les lignes ennemies. Il faut lui remuer les entrailles à cette chère si chère Kristina.