Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

Je vais, comme d’habitude mettre des citations ou plutôt des extraits à la fin de mon billet. L’une prise au début et l’autre à la fin. Mais entre ces deux extraits, il ne se passe vraiment pas grand chose sinon une ambiance à laquelle j’ai été un peu sensible. Nous sommes en 1912, en février, un homme va s’élancer de la tour Eiffel pour tester sur lui-même son parachute destiné à sauver les aviateurs dont les aéronefs avaient la mauvaise habitude de se crasher en tuant leur pilote. La presse était conviée, c’est le début du cinéma et c’est pour cela que l’on a un petit film où l’on voit cet homme mourir sous les yeux du public. Comme l’écrivain, j’éprouve une sensation très forte devant l’hésitation de Franz Reichelt avant de se lancer tête baissée vers sa mort mais cela ne suffit pas à créer un roman.

L’auteur a recherché qui était Franz Reichelt, cet immigré venu de Bohème, tailleur de son métier. Mais on ne sait rien de lui, alors Étienne Kern raconte la vie des immigrés venant des pays de l’est Pologne ou Bohème et l’engouement pour l’aviation mais aussi les dangers mortels que cela représentait pour ces « fous volants ».

L’ambiance à Paris est assez bien rendue, mais j’ai trouvé ce roman très vide et je me suis demandé pourquoi il avait été écrit. En tout cas, je suis complètement passée à côté de son intérêt. Lors de la discussion du club, plusieurs lectrices avaient trouvé du charme à la vie du personnage et ont bien défendu ce roman. En revanche, un participant – oui un homme participe à nos discussions ! – n’a pas du tout aimé ce livre reprochant surtout le style de l’écrivain.

 

Citations

 

Le début

 4 février 1912, au petit matin. Une trentaine de personnes s’étaient rassemblées là, devant la tour Eiffel. Des policiers, des journalistes, des curieux. Tous levaient les yeux vers la plate-forme du première étage. De là-haut, le pied posé sur la rambarde, un homme les regardait. Un inventeur.
Il avait trente-trois ans. Il n’était pas ingénieur, ni savant. Il n’avait aucune compétence scientifique et se souciait peu d’en avoir.
 Il était tailleur pour dames. 
Il s’appelait Franz Reichelt. 

la fin

 Pour la dernière fois, je lance la vidéo. Tu es là, face à nous, immobile.
 Tu décroises les bras et, lente, silencieuse comme la mort qui vient, la cérémonie reprend : je retrouve tes gestes, le mouvement des pieds, ton corps qui tourne sur lui-même, ton sourire quand tu portes la main à ta casquette. Chaque seconde, désormais, est compté. Te voici déjà sur la chaise, un pied sur la rambarde.
 Les deux autres hommes sont sortis du champ. Tu es seul. Seul face au vide. Le sacrifice humain se prépare ; tu es le prêtre et la victime.
Ta mort est devant toi. Elle se dit au futur. Tu es mort mais tu vas mourir encore.
 Tu te penches, recules, te courbes vers l’avant puis recules à nouveau. Ce léger repli du tissu, dans ton dos, c’est l’instant, nous y sommes. 

 

Édition Albin Michel. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

 

Il fallait mon club de lecture pour que j’aille vers ce livre et que je le finisse même si à la fin, je le parcourais plus que je ne le lisais. Je dois dire qu’à la façon dont notre bibliothécaire nous avait présenté ce roman, je me doutais qu’il ne me plairait pas : « C’est un écrivain de la région, et il a situé son roman dans une station balnéaire qui pourrait être la nôtre. »

Ce roman se passe dans la région vannetaise et parle d’amour, celui que l’on fait et celui qu’on n’éprouve pas pour un fiancé choisi par son père pour sauver les affaires familiales, bien mal en point.

Tout n’est que lieux communs dans ce roman, quand on quitte un moment convenu, c’est pour aller vers un autre : la fiancée qui ne décide rien de sa vie, le patron qui se croit supérieur et méprise tout le monde, le noble du coin revenu de tout, L’amour pour les chiens et les chats, la gouvernante au grand coeur fidèle à la famille, la chasse où il ne faut pas tuer les animaux, le Yacht-club où le petit monde de notables de province se pavane…

Bref, je ne conseille ce livre qu’aux Parisiens qui veulent se persuader que la vie en province n’a pas changé depuis le XIX° siècle (mais vraiment Flaubert ou Maupassant vous en apprendra plus). Ou aux provinciaux qui veulent comprendre pourquoi on cherche à les caricaturer de cette façon. Mais surtout, je ne le conseille ni à ceux et celles qui aiment qu’un roman les accroche par le style, l’humour, ou la réalité sociale vue sous un angle original.

L’avez-vous deviné ? Je n’ai pas du tout aimé cette lecture.

Et lors de notre discussion au club de lecture, toutes les lectrices étaient de mon avis.

 

 

Citations

Cliché !

 En douce, Louise se glisse dans le hangar où s’agglutinent avec gravité des bonshommes un peu rougeauds, en pantalon blanc, blazer à boutons dorés, cravates aux rayures lichen et rose Mountbatten. Ce sont les dignitaires du yacht club du Guénic-sur-Vilaine. On dirait une chorale de pépères. Flanqués de leurs dames en robe à fleurs et de leurs enfants que Louise côtoie sans les aimer à la faculté de droit de Vanne, ils semblent intimidés, presque apeurés.

L’amour

 L’un et l’autre sont comme deux enfants perdus qui se repèrent et sentent , sans se l’être encore dit , qu’ils seront moins malheureux ensemble.

Je n’invente rien ! (Hélas !)

– Qu’attends-tu d’une épouse ? Lui avait, demandé le prêtre qui le prépare au mariage.
– Qu’elle soit sûre, avait-il répondu. Qu’elle me fasse de l’usage. 
On avait ri. Le prêtre avait voulu ne voir dans cette réponse qu’une ode à la fidélité. Pour laquelle on avait prié.

 

 

 

Éditions Gallmeister. Traduit de l’américain par Françoise Happe

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

 

Le club de lectures me conduit à lire des livres que je ne choisirai jamais, et souvent ce sont de bonnes surprises. Ici il s’agit d’un roman policier, on ne peut plus classique, et, ce fut un vrai pensum pour moi. Le seul intérêt réside dans le suspens ce qui entrave toujours ma lecture. J’ai essayé de jouer le jeu et de ne pas commencer le roman par la fin mais pas de chance les ficelles sont si grosses que j’ai immédiatement compris de quoi il s’agissait. Comme l’enquêteur est un personnage récurent on sait qu’il ne va pas mourir puisqu’il doit être disponible pour les autres enquêtes.

Calhoun est un homme amnésique qui a été un agent très performant d’une agence secrété américaine. Même s’il ne se souvient de rien ses réflexes d’enquêteurs sont parfaits et donc la même agence l’utilise pour résoudre une affaire étrange dans laquelle un de leurs hommes a trouvé la mort. Ce qui est bizarre c’est qu’on l’a retrouvé avec une balle en plein coeur alors qu’il était déjà mort de botulisme à côté d’une jeune femme morte dans les mêmes conditions.

J’espérais qu’en dehors de cette enquête sans le moindre intérêt, j’allais me plaire dans des paysages somptueux du nord américain. Mais à part une partie de pêche rien n’est venu égayer cette lecture. Je vais sans aucun doute choquer touts les amateurs du genre et de cette prestigieuse maison d’édition, mais je le redis les polars dont l’intérêt ne réside que dans le suspens, ce n’est vraiment pas pour moi.

 

 

Citations

Humour, choix des mouches et psychologie des poissons

 Il y a des jours, dit Calhoun en hochant la tête, ils restent là sans bouger et ils se disent, je mordrais à rien, sauf si c’est une Matuka jaune avec trois bandes de Flashabou de chaque côté, fixée à un hameçon Limerick 4XL avec du fil blanc. D’autrefois, ils vont attendre une Black Ghost Carrie Steven toute la journée, et s’ils s’aperçoivent que ce n’est pas une authentique, ils disent : Bn, je laisse tomber, ils préfèrent rester sur leur faim. 
Fallows fronça les sourcils comme s’il se disait qu’on était peut-être en train de se payer sa tête, mais il n’en était pas sûr.
– Stoner a raison, dit Kate. On emporte jamais trop de mouches parce que, comme vous l’avez dit, on ne sait jamais ce que les poissons pourraient penser.

Édition Belfond. Traduit de l’anglais(États-Unis) par Catherine Gibert .

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

Je pensais avoir fait un billet sur « Il faut qu’on parle de Kevin », mais visiblement non alors que j’ai lu . En revanche j’ai chroniqué et peu apprécié « Double-Faute« de la même auteure. Je suis déçue par cette lecture qui pourtant commençait bien : un couple de sexagénaires se trouve à la retraite devoir résoudre la question qui traverse tant de couples : Que faire de tout ce temps libre que l’on doit maintenant passer ensemble, sans le travail ni les enfants ?

La femme était une grande sportive elle a complètement détruit les cartilages de ses genoux à force de courir tous les jours, l’homme au contraire n’a pratiqué aucun sport mais vient de se faire virer de son boulot à la ville car il s’est opposé à une jeune femme noire qui est une spécialiste du « Woke » à défaut se s’y connaître en urbanisme. Le roman commence par son annonce surprenante et qui m’a fait croire que j’allais aimer ce roman : il annonce à sa femme qu’il va courir un marathon. Sa femme vit très mal cette nouvelle passion de son mari. D’ailleurs cette femme vit tout très mal, il faut dire qu’il n’y a rien de très réjouissant dans sa vie. Sa fille est confite en religion et en veut terriblement à sa mère, son fils est délinquant et sans doute dealer, et elle souffre le martyre tout en continuant à s’imposer le maximum d’efforts physiques que son corps peut supporter.
Tout cela pourrait faire un bon roman, mais moi je m’y suis terriblement ennuyée. Comme pour beaucoup d’auteurs nord-américains c’est beaucoup trop long, mais ce n’est pas la seule raison. Cette écrivaine ne sait résoudre les problèmes de ses personnages qu’à travers des dialogues qui s’étirent en longueur. Cela a provoqué chez moi une envie d’en finir au plus vite avec cette lecture. Il faut dire aussi que je n’étais bien, ni avec la femme, ni avec son mari et son coach Bambi absolument insupportable, ni avec la fille confite en religion qui va faire le malheur de tous ses nombreux enfants. Je n’ai toujours pas compris -mais je l’avoue ma lecture a été très rapide à partir de la moitié du roman- pourquoi après tant d’événements qui déchirent ce couple, ils restent ensemble finalement.
Ce n’est donc pas une lecture que je peux conseiller, mais si ce roman vous a plu, je lirai volontiers vos billets.

 

Citations

C’est bien vu

 – Ce qui m’agace à propos de ces expressions subitement ubiquitaires… 
Tommy n’allait pas demander la signification de « ubiquitaire »
– … c’est-à-dire celles que soudain tout le monde emploie, ajouta Serenata, c’est seulement que ces gens qui balancent une expression à la mode a tout bout de champ sont persuadés d’être hyper branchés et plein d’imagination. Or on ne peut pas être branchés et plein d’imagination. On peut être ringard et sans imagination ou bien branché et conformiste.

Bizarreries du couple

 En fait, toute honte bue, Serenata était en train de se servir de leur fille difficile pour réveiller un sentiment de camaraderie entre-eux. Ils s’étaient sentis tous les deux maltraités, avaient tous les d’eux été sidérés par le sombre grief que leur fille entretenait contre eux et tous les deux désespérés de son adhésion à l’Église du Sentier Lumineux, dont les fondateurs ignoraient certainement qu’il s’agissait du nom d’une organisation terroriste péruvienne. Unis dans la consternation, ils n’en demeuraient pas moins unis, et elle ne se sentait même pas coupable d’étaler effrontément l’histoire inconséquente de Valeria pour faire émerger une solidarité. les chagrins devaient avoir leur utilité.

 

Édition folio

 

C’est le troisième roman que je lis de Fabrice Humbert, « L’origine de la violence » puis « La fortune de Sila » m’avaient beaucoup plu. Mais celui-ci est une vraie déception, j’ai même failli ne pas le chroniquer. J’ai alors pensé que si j’avais lu un billet de mes blogs préférés, je ne me serais pas lancée dans cette lecture. Je vais donc expliquer pourquoi je n’aime pas ce roman. Et en espérant que ceux ou celles qui ont aimé fassent des commentaires plus positifs. Voici déjà l’avis de Kathel qui a beaucoup aimé.

Le récit commence pourtant très bien, par la description du mal-être d’un jeune Newyorkais qui arrive dans une petite ville du Colorado, Drysden où il a passé son enfance. Ne cherchez pas cette ville, n’oubliez pas le titre du roman : « le monde n’existe pas ». Le personnage principal est adulte maintenant et a rejeté ses années de souffrance loin de lui, quand tout à coup le visage de l’adolescent qui a tant troublé le jeune lycéen qu’il était, envahit les écrans géants de Times Squares : Ethan Shaw est accusé de viol et de meurtre d’une jeune fille de 16 ans.

Adam Vollman qui à l’époque s’appelait Christopher Mantel a tout fait pour ne plus ressembler au jeune homme frêle de ses années lycée. Il est, aujourd’hui, journaliste et retourne donc enquêter sur cette affaire. Le but de l’écrivain c’est de faire exister une énorme « Fake-news » à travers les réseaux sociaux et les médias. Petit à petit le lecteur comprend qu’il est convié à une mise en scène dont le narrateur essaie de tirer les fils sans bien voir les tenants et les aboutissants. Finalement s’il y a bien eu complot et qu’Ethan n’a pas commis de meurtre, on ne saura jamais qui a organisé ce récit et au profit de qui. Le fameux « emballement » médiatique est très bien décrit et la désagréable impression de ne plus pouvoir démêler le vrai du faux aussi. Au passage, Fabrice Humbert décrit assez bien ce que doit être la vie dans une petite ville américaine, cette façon de tout savoir sur tout le monde et de très mal supporter les gens venant d’ailleurs, newyorkais et homosexuels par exemple. Ce que je n’ai vraiment pas aimé est ce qui fait tout l’intérêt du roman, c’est de ne trouver aucune rationalité à ce récit. Il permet seulement de se poser cette question : jusqu’où peut aller la folie des médias. Mais aucun personnage n’a vraiment de consistance, l’histoire n’est pas réelle, puisque finalement ce « monde n’existe pas », peut être que Fabrice Humbert rajouterait « pas encore , mais en êtres vous bien certain » ?

 

 

Citations

 

Une amitié déséquilibrée

 En marchant à ses côtés, après l’entraînement, je lui parlais de sujets longuement préparés, ruminés toute la matinée pour lui plaire, auxquels il ne répondait que par monosyllabes, certes parfois amusées, comme on donne des cacahuètes à un singe. Je me sentais en permanence indigne, je n’arrivais pas à l’intéresser, j’étais trop petit, trop limité devant lui.

La vérité et l’écrivain

 Ce qui me troublait, chez Hemingway, c’était la part de fiction qu’il y avait en lui. Son rapport à la vérité et au meurtre tout cela me semblait obscurément liés. En apparence, Hemingway était cet homme d’action, ce correspondants de guerre qui a développé la théorie de l’iceberg et de l’écriture objective, qui avait poli son style durant les années d’apprentissage à Paris. La construction de ce mythe a été d’autant plus essentiel qu’il était miné par l’alcoolisme et la mort, que son amour de la vérité était travesti par le mensonge et le long travail intérieur de la fiction, de sorte qu’à la fin on ne savait plus si son écriture appartenait à la vérité ou mensonge. Hemingway était un homme qui s’inventent, et il avait su se créer une légende ; de même qu’à vingt ans il racontait avoir arrêté dans les rues de Chicago un cheval emballé, c’est dans ces rêves qu’il sauva Dos Passos des cornes du taureau, provoqua en duel celui qui avait insulté Ava Gardner où libéra le Ritz à la tête d’une armée de mercenaires.

Une remarque amusante observée en surfant sur le Net

En dix minutes la différence des approches entre les trois cultures est évidente. Les Américains proposent de faire, les Français de commenter, les Allemands de philosopher. 

 

Édition Noir sur Blanc .

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

 

 

Je ne connaissais pas du tout cet auteur qui se plaît à creuser les rapports familiaux qui détruisent les personnalités (d’après ce que j’ai lu sur lui). Ce roman se situe au stade ultime de la destruction, nous sommes avec un homme qui est interné, il parle à un psychiatre et à une infirmière de ce qui l’a sans doute conduit dans cette chambre d’hôpital dont il n’a pas le droit de sortir. Le roman ne donne que les paroles de ce malade, à nous d’imaginer les questions de son thérapeute qui impliquent ses réponses. On ne peut jamais savoir si ce qu’il dit est vrai, sans doute est-ce là le quotidien des soignants des hôpitaux psychiatriques. A-t-il été lui même un psychologue ? A-t-il conseillé à des patients des passages à l’acte dévastateur ? A-t-il écrit un livre qui révolutionne les thérapie ? On sent que le psychiatre s’intéresse assez peu à ses théories sur les soins mais l’amène souvent à parler de sa famille en particulier de son frère disparu en mer.

La plongée dans le cerveau tortueux de Robert, le patient, et l’absence d’une parole ancrée dans la réalité ne m’ont pas beaucoup intéressées. Et j’ai été très agacée par la quatrième de couverture qui dit ceci :

Un livre corrosif, plus jamais d’actualité, sur la menace constante du populisme, la tentation et le danger d’une simplification de la pensée.

 

Je ne sais pas si c’était dans les intentions de l’auteur, mais alors c’est vraiment raté. Bien sûr que l’on ne peut donner le moindre crédit à un thérapeute qui proposerait de supprimer toute forme d’oppression psychologique par le crime. Extrapoler vers la dénonciation du populisme cela me semble un simple argument pour vendre ce roman.

Pour moi l’intérêt de ce roman (auquel j’aurais mis 3 étoiles sans cette quatrième de couverture) , c’est de voir combien il est difficile de se frayer un chemin vers la vérité quand on est face à une personne dont le cerveau est malade. Robert fuit la seule question à laquelle le psychiatre doit répondre – réponse qu’il doit peut-être donner à un juge- que s’est-il il passé sur le catamaran avec lequel lui et son frère Honoré, moniteur de voile, sont partis en mer et que Robert a ramené en étant seul à son bord ? Honoré a-t-il été victime d’une solution thérapeutique radicale mise en œuvre par son frère ?
À travers les propos de Robert nous découvrons la façon dont les malades vivent l’internement, la cuisine, le compagnon de chambre, la volonté de sortir, mais surtout nous essayons comme le psychiatre de nous frayer un chemin vers la vérité qui est profondément enfouie dans ce cerveau bien malade.

 

Citations

La nourriture de l’hôpital

 Depuis que je fais moins d’exercice physique, mes fesses se ramollissent un peu chaque jour, j’aurai bientôt du pudding à la place du derrière, comme celui qu’on nous sert presque quotidiennement dans cette affreuse cantine. Si vous pouviez user de votre entregent pour faire varier un peu les desserts, nous vous en saurions gré… Car entre le pudding, les entremets et les yaourts, nous allons tous finir par croire qu’il nous manque des dents, or ma dentition est parfaite.

Est-ce vrai ?

 Il est rare que des gens beaux viennent consulter. Pour cause : il existe objectivement aucune raison valable. La beauté est un véritable aimant qui attire à la fois le désir, le respect, la fascination, la richesse, la puissance, et si vous vous y prenez correctement. : la célébrité.

 

 

Édition Denoël. Lu dans le cadre du club de lecture médiathèque de Dinard 

 

Ce roman avait bien sa place dans le thème du mois de novembre du club de lecture : « les voisins » , mais c’est bien là son seul intérêt. Claire, le personnage principal, est une jeune femme étrange, complètement névrosée qui passe son temps à observer ses voisins. Dans cet immeuble parisien, vivent des personnes dont elle imagine la vie à travers les bruits et quelques disputes. Elle est l’amie d’un Japonais avec qui elle partage le silence et le thé. Elle aime sa petite voisine Lucie qui n’est pas aimée par sa mère. Elle est correctrice dans une petite maison d’édition et fait parfois l’amour avec son ostéopathe. Est ce que j’ai tout dit ? non il y a pour pimenter le tout une histoire vaguement policière sans grand intérêt Le Japonais est poursuivi par un nouveau voisin car il aurait par erreur assassiné la femme de ce voisin. À aucun moment , je n’ai été prise par cette histoire, bien que parfois il y ait de bonnes observations sur les comportements des uns et des autres. L’intrigue, les personnages, le style tout m’a semblé d’une platitude désolante.

C’est un premier roman, et je sais que depuis , depuis, Sophie Bassignac a écrit des livres beaucoup plus intéressants, j’avais beaucoup aimé sa description du monde des marionnettistes « Le plus fou des deux« .

 

Citations

L’ami japonais

 Claire tournait les pages de la revue, concentrée. Ishida lui était reconnaissant d’accepter enfin d’être là et de ne rien dire. Avait-elle compris que le silence était ce qu’il y avait de plus japonais entre eux ?

Le pouvoir des livres

Avec les livres, un jour vous êtes à Prague en 1912 avec de jeunes intellectuels juifs, et le lendemain à Tokyo en 1823 et vous devisez dans une maison de thé avec des geishas, à Paris en 1930 dans les beaux quartiers où à New York en milles 1896 dans la tête d’un jeunes roturier ambitieux… Quel être humain pourrait me proposer de tels voyages, quelle vie me permettrait de faire autant de rencontres ?

J’avais suivi les recommandations de la blogueuse de « Lire au lit » qui avec un grand enthousiasme a défendu ce roman. À la lecture de son billet , j’avais déjà quelque réticences car le sujet était pour moi très risqué de faire ce que j’appelle de « l’entre-soi » . Tout est convenu dans ce roman, il a été fabriqué pour des universitaires qui passent leur temps à décortiquer la création littéraire. Cela veut être drôle mais c’est un rire convenu entre gens qui savent de quoi et comment rire.
J’explique le sujet, un écrivain a obtenu une place à la Villa Médicis, il va y rester un an et écrira un roman dans ce lieu historique. Ce séjour est réservé à de jeunes artistes (architectes, sculpteur, peintre, photographe, musicien, écrivain …) qui sont reçus dans ce palais qui appartient à la France pour favoriser la création de leur œuvre. Ils sont donc logés et nourris, reçoivent une bourse et n’ont qu’une obligation morale de créer quelque chose. C’est l’occasion pour le narrateur de se moquer des artistes qui cherchent plus à choquer qu’à créer, mais on sait tout cela maintenant et le musicien qui veut faire la musique sans son et la peintre qui ne veut utiliser que le sang de ses règles pour recouvrir des fresques du XVI° siècle ne m’ont pas amusée du tout. Il reste le roman en cours de fabrication de l’écrivain, puisque celui-ci a décidé que publier sa correspondance d’une année à la villa Médicis constituerait son roman, se met alors en place une gymnastique intellectuelle qui se joue des noms propres et des spécialités littéraires de chacun, des clins d’œil à la culture des gens comme il faut, pour arriver à la mort de Louise « la Demoiselle à coeur ouvert ». J’ai en vain cherché l’humour et la légereté que promettait « lire au lit », bref une énorme déception !

Citations

 

Expression à la mode.

Son expression, c’est « laisse tomber » (« Les kumquatiers ? laisse tomber, j’adore »).

Prétention intellectuelle .

Dans la basilique Santa Maria del Popolo, Raphaëlle m’a expliqué que Caravage était un peintre machiste, violent, et au fond, extrêmement conventionnel, et que d’ailleurs sa peinture n’avait pas de grain, regarde-moi ça, a-t-elle ajouté en jetant sa main vers « La conversation de Saint-Paul ». Une italienne, qui avait surpris notre conversation, nous a fait remarquer que le tableau était remplacé par une affiche de la même taille, et Raphaëlle a répondu froidement : « Le fait qu’on ne puisse même pas distinguer un tableau de Caravage d’une affiche prouve que sa peinture n’a pas de grain. »

La Peintre .

Depuis le début de l’année, elle récupère le sang de ses règles et le conserve dans de petites bouteilles disposées sur le bord de sa fenêtre. J’ai raté le début de la soirée, où apparemment elle s’est aspergée les cheveux de sang, quand je l’ai vue elle avait simplement les cheveux collés. Elle a utilisé une partie de son sang pour couvrir les murs de signes censés constituer un équivalent visuel et olfactif au bruit de son corps. Le malaise que cette peinture doit provoquer chez le visiteur est comparable à « la douleur que ressentent la majorité des femmes au moment des règles. »

Le compositeur de musique.

Il m’a expliqué que cette pièce était fondée sur le sans, sans instrument, sans voix, sans musique. Juste les bruits de la ville derrière ceux de la nature.

 

Édition Folio

 

J’ai certainement suivi l’avis d’un blog pour acheter ce roman, qui n’est vraiment pas pour moi. C’est un très joli texte, écrit de façon poétique. Mais je ne suis absolument pas rentrée dans cette histoire ni dans l’écriture. Ce livre raconte à la fois une histoire d’amour très puissante pour un homme des bois dans une région qui ressemble à la Sibérie. Mais c’est aussi l’histoire des violences dues à la guerre et à l’intolérance des hommes pour des gens différents. C’est aussi l’évocation d’une contrée si rude que l’on peut mourir de ne pas se protéger du froid ou de la force des éléments. Je crois qu’en « livre lu » par une belle voix ce livre aurait pu me toucher mais je ne devais pas, ce jour là, être d’humeur à me laisser portée par les esprits , les guérisseurs, les animaux sauvages qui peuvent avoir des relations avec les hommes. Non, ce jour là, je n’étais pas réceptive à ce roman qui a pourtant de belles qualités.

 

Citations

Pour vous donner une idée du style de l’auteure :

Chez les Illiakov, on se contentait de ce qu’en avait toujours dit la grand-mère, « Ajoute une herbe sèche dans le désert et ce n’est plus le désert ». La mère avait repris ses gestes et ses paroles. Elle les avait à son tour transmis à Olga. La décoction avait un goût de terre. L’haleine d’humus rappelait que sous l’écorce de glace, la glèbe sommeillait, prête à réapparaître. Matin après matin, ce goût nous accompagnait un peu plus loin dans la fonte des neiges. Combien de fois l’hiver l’emportait-il sur le courage ? Combien de fois nous ôtait-il la force de nous lever ? Les ancêtres avaient trouvé des ruses. Déjoué la tentation de l’abandon. « Ajoute une herbe sèche dans le désert et ce n’est plus le désert. »

Les esprits

Immobile auprès d’Igor, je souris dans le vague. Je sais que ma bouche est traversée par une trace grise. On ne revient jamais indemne du Grand-Passage. Il faut bien payer un tribut aux esprits. Je n’en connais pas la nature. Je sens seulement, après chaque rituel, que mon corps pèse si lourd qu’il pourrait s’enfoncer dans la terre. Mes mains pendent au bout de mes bras, plus lourdes que des outres pleines. On dirait que du plomb a coulé dans ma tête. Je souris car j’ai accompli mon devoir mais il me semble aussi que dans ma chaire devenue viande on m’a ôté un peu de vie. Alors Igor pose sa main sur ma tête, ainsi que Baba le faisait, et la régularité de son pouls, l’enserre de ses doigts m’allège de cette pesanteur. Je sors de ma torpeur comme on recouvre progressivement la vue après avoir regardé trop longtemps le soleil en face.

Édition L’Élan . Traduit du suédois par Marguerite Gay

 

Encore une fois , j’ai oublié comment j’ai noté ce roman. Et en plus, de façon suffisamment forte puisque je l’ai même acheté . Finalement je crois qu’il vaut mieux se plonger dans « la saga des émigrants » le livre qui a fait connaître Vilhelm Moberg, mais je ne le ferai sans doute jamais. En lisant cette passion amoureuse racontée dans les moindres détails, je croyais vivre un film d’Ingmar Bergman , tourné au ralenti … Je dois avouer que j’ai fait l’impasse sur quelques pages au milieu du livre tellement il me pesait. Inutile de vous dire qu’on comprend dès le début que cette belle Märit épouse du trop sage et trop gentil Pavel va succomber au charme de Hakan grâce à qui elle éprouve le plaisir physique pour la première fois de sa vie.

Si j’ai acheté ce roman, c’est certainement qu’il promet au delà de la passion amoureuse, une peinture de la société rurale du 19° siècle. C’est vrai on apprend pas mal de détails sur l’organisation foncière de la Suède et la difficulté pour les petits paysans à sortir de la misère. On voit aussi le poids de la religion protestante, peu encline au plaisir physique. Mais cela n’a pas suffi pour m’embarquer dans une lecture plus attentive. On peut même penser parfois à Flaubert ou Maupassant mais à la suédoise donc sans une once de joie ou d’humour : pour moi, un ennui total que la qualité d’écriture n’a pas pu soulever.

 

Citations

 

Le mariage

Il est vrai qu’on ne se marie qu’à deux périodes de la vie : ou avant d’avoir tout son bon sens ou quand on l’a perdu.

L’amour physique

Les hommes et les femmes sont faits pour se donner mutuellement du plaisir par leur corps. Et, pourtant, ils s’écartent sans nécessité l’un de l’autre, tant le prêtre leur inspire la peur de l’enfer et dans l’enfer leur inspire la peur du prêtre. Que de volupté perdues chaque jour dans le monde ! Et dire qu’un pareil gaspillage reçoit des louanges ! Celui qui le premier à prêcher cela était d’une bien grande naïveté !

La femme d’un paysan « gentil » !

Pour lui, elle fait partie de son bétail. Dans cette situation, elle a tout de même eu de bons jours, bien que qu’elle ne les ait peut-être pas appréciés à leur juste valeur. Car il l’a entourée de soins. Il s’est préoccupé de son bien-être. On tient à voir son bétail bien portant et prospère. Il a peur qu’elle ne travaille trop. Celui qui est raisonnable ne veut pas surmener ses boeufs . Il a veillé sur elle d’une manière parfaite. Un homme raisonnable ne laisse pas dépérir ses animaux. Un paysan raisonnable profite de de la santé et des forces de son bétail, il gagnerait moins si ses bêtes se portaient mal ou s’affaiblissaient. Et quand elle était bien disposée, il lui donnait parfois une tape sur la hanche, comme il caressait à l’occasion les flancs d’une jument.