Édition Gallimard N.R.F

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

 

Je crois qu’il faut faire lire ce roman à tous les parents qui auraient envie de pousser leurs enfants dans une carrière d’acteur. La peinture du cours Florent est une vision de l’enfer : qui peut avoir envie de jouer le chien qui pisse sur la jambe de quelqu’un d’autre ? Qui aimerait passer des heures à jouer des rôles stupides d’animaux dans des positions dégradantes ? En revanche, un peu plus positif, on sent que devenir un personnage c’est un travail de transfert de personnalité et que cela demande des efforts colossaux. Romy arrive à Paris avec un lourd passé d’une enfance détruite par un père alcoolique et violent et des abus sexuels par une femme voisine. Elle veut donc être comédienne et se prostitue pour payer le fameux cours Florent. Elle va vivre chez une femme très âgée Odette qui perd gentiment la tête, ensemble elles jouent des personnages et leurs rapports très conflictuels ressemblent à des jeux de théâtre. L’écriture est violente comme l’histoire mais ne m’a absolument pas touchée. La seule chose qui m’a intéressée dans ce roman, c’est l’appropriation par Romy des rôles de Blanche ou de Stella dans « un Tramway nommé Désir » .

J’ai eu même un rejet du livre quand Romy drogue la vieille pour pouvoir rejoindre son amant en toute tranquillité .

 

Citations

Les prostituées.

 Le soirée va être longue. Encore sept heures à tenir. Il n’y a pas grand monde ce week-end, il fait beau, les Parisiens sont partis et les provinciaux ne viennent qu’en semaine. Notre milieu est le thermomètre des humeurs sociales. On sait si le pays va bien ou non. Nous sommes les premières atteintes par les grèves, les épidémies ou les restrictions budgétaires. en plus d’être danseuses, nous sommes sociologues et psychologues.

Style et humour : la messe.

 Odette chante, Odette se met debout Odette s’assoit, Odette connaît le texte par cœur, Odette tient la main de ses voisins, les prend dans ses bras. Je ne peux pas dire que ce soit la grosse ambiance comme à un concert, mais pour son âge je respecte. Elle a le rythme pontifical dans la peau. Elle me chuchote à l’oreille quand je dois me lever, tire sur la manche de ma veste en jean quand je ne réagis pas. « Prenez et mangez, ceci est mon corps ». Le père Dominique articule de façon exagérée, j’ai l’impression qu’il fait un exercice de diction.

 


Édition l’avant scène théâtre 

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

Il faut vraiment un club de lecture pour que je lise du théâtres,(ou l’aide scolaire que j’apporte à mes petits enfants quand ils me le demandent). Cette pièce est facile à lire et à comprendre, il s’agit d’un réquisitoire contre la famille bourgeoise. Depuis le « famille je vous hais » de Gide on sait que la famille peut être le lieu de tant de violence. Récemment j’ai revu le film « Festen » et là le cri de souffrance du fils qui a été violé par son père a tout son sens ; oui c’est de la haine qu’il a pu éprouver surtout face au silence de toute sa famille parfaitement au courant des conduites du père. « Famille je vous hais » peut être aussi le cri d’un Hervé Bazin élevé par une mère qui le détestait, tous les enfants malheureux, violentés abusés peuvent lancé ce cri. Mais de quoi souffre donc Mathieu, le personnage principal de la pièce fils de Laurence et Jean-Marc ? D’avoir raté sa vie, d’être marié avec une femme trop grosse, et de travailler à la SNCF.

Ses ignobles parents lui ont fait donner des leçons particulières pour qu’il réussisse à décrocher son bac. Ses tortionnaires de parents l’ont envoyé faire un IUT à Grenoble, Grenoble vous vous rendez compte ? Alors qu’ils auraient dû deviner qu’il voulait aller en Bretagne faire de la voile.

Je suis ravie d’avoir lu cette pièce car je sais ainsi que je n’irai certainement pas voir tant les personnages m’ont énervée. La mère qui n’a jamais rien fait de sa vie que de tenir une galerie d’art qu’elle ouvre quand elle a du temps mais qui était une riche héritière. Tout le long de la pièce elle veut être celle qui comprend son fils et dénigre son mari. Mathieu j’ai déjà tout dit pour rendre encore plus antipathique le personnage je rappelle qu’il appelle sa femme « la baleine, », sympa non ? Le père a plus de consistance et, comme il est tout le temps sur le gril on a envie de le défendre. Et tout ça pour finir par ces mots

 

Tu sais la famille, c’est toujours comme ça … Ça tire un peu dans tous les sens, on se file des coups, c’est brutal, et dans le fond on s’adore. Hein, mon chéri ? Dans le fond on s’adore.

 

 


Édition le tripode

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

J’ai commencé ce roman en étant attirée par le lyrisme de la langue puis je l’ai lu en diagonale car je ne supportais plus l’accumulation des horreurs qui y est décrite.

Le style de cet écrivain est très particulier, j’ai lu sur plusieurs blogs que certains le considèrent comme un très grand de la littérature contemporaine. Il se lit facilement et sa langue très lyrique nous emporte. Malgré l’absence de point et de majuscule – je me demande quelle est l’utilité de ces procédés !- chaque paragraphe est une unité de sens et on comprend très bien les propos de l’auteur.
Il s’agit de la colonisation française au XIX° siècle, les deux voix de l’horreur sont celles de colons incapables de s’adapter aux conditions de vie en Algérie et qui mourront tous du choléra sauf une femme, la deuxième est celle de soldats qui, violent et assassinent femmes et enfants dans des bains de sang tous plus horribles les uns que les autres.
C’est sans aucune nuances, c’est juste insupportable, mais c’est sans doute ce que mérite la colonisation. Je préfère (et de loin) lire des livres d’historiens qu’un long texte lyrique dont la force vient de l’accumulation des crimes, des viols, des morts du choléra et surtout du racisme le plus primaire ….

 

Citations

 

Angoisse des arrivants

 mais je savais bien qu’Henry ne dormait pas, j’imaginais qu’il avait comme moi les yeux grands ouverts et qu’il commençait à se poser les questions que j’avais posées tant de fois avant de partir, des questions qu’il n’écoutait pas à l’époque, des questions qu’il balayait d’un revers de main parce que c’était pour lui des questions de bonne femme, et que ce n’était pas avec des questions de bonne femme qu’on allait de l’avant, mille dieux non ! s’exclamait-il en lissant sa moustaches qu’il avait drue et pas toujours aimable

La justice.

et en moi même je me disais que la justice était un mot inventé par les riches pour calmer la colère des pauvres, mais que tout bien réfléchi ça n’existait pas la justice, qu’il fallait apprendre à vivre sans elle et accepter le sort que Dieu réserve à tout être humain qui pose le pied sur la terre 

 

 

Édition Gallimard

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

J’hésite toujours à écrire un billet quand je n’aime pas un livre et puis je pense à tous vos billets qui m’ont permis d’éviter des romans qui me seraient tombés des mains alors ….

Il faut que je dise en préambule que je suis très exigeante quand il s’agit de lire la prose d’un écrivain ou d’une écrivaine qui nous raconte la création littéraire. Je trouve rarement intéressant de participer à la cuisine qui lui permet d’aboutir à une œuvre. Mais quand en plus on est dans le cliché absolu, je sens la colère monter en moi. Je suis juste ravie de n’avoir pas dépenser 18 euros pour lire cette prose affligeante.

Elsa Feuillet, l’héroïne, est une écrivaine peu connue et qui en admire une autre (Béatrice Blandy) . Celle-ci est morte et son mari va pousser Elsa à s’emparer de l’ébauche du roman de sa femme afin qu’il puisse être édité. L’auteure s’amuse (moi beaucoup moins) à faire des allusions à Rebecca de Daphné du Maurier.

Je n’arrive pas trop à rédiger mon billet et je me demande qui cela peut intéresser que j’explique pour quoi je n’arrive pas à l’écrire, Carole Fives croit donc nous intéresser aux affres de la plage blanche et du comment se mettre à l’écriture. Il faudrait donc une histoire d’amour compliquée, du suspens, des allusions littéraires, et la description d’un énorme succès littéraire quand le lecteur, lui, lit un pâle pastiche de Daphné du Maurrier.

Tout ce que j’écris dans ce billet sent trop ma déception, on verra si au club certaines se sont intéressées à la Miss Feuillet et ses feuilles blanches ! Je sais, c’est un mauvais jeu de mot mais quand je n’ai pas grand chose à dire, je fais ce que je peux !

PS. Personne dans le club n’a sauvé ce roman.

Une seule citation

 

 

Une mère toxique une fille peu compatissante.

 Sa mère à elle l’appelait tous les jours, de son hôpital, pour lui dire combien elle souffrait, et à quel point vivre était un calvaire. La plus part du temps, Elsa ne décrochait pas. Elle n’écoutait pas les longs messages laissés sur son répondeur. Elle se contentait d’envoyer de l’argent à sa mère quand elle le pouvait. De temps en temps, elle finissait par répondre et alors, une voix du fond des âges apathique l’appelait a l’aide. Elsa marmonnait qu’il ne fallait pas s’en faire comme ça, ni être aussi si négative. Elle ajoutait qu’elle était pressée, qu’elle rappellerait plus tard.

 

 

Merci aux éditions Plon

 

 

C’est un roman qui se lit très facilement mais qui pour autant ne m’a guère convaincue. C’est une sorte de fable, qui permet à l’écrivain de raconter (encore une fois) les horreurs de l’extermination des juifs.

Le personnage principal est un enfant qui décide de devenir président des États-Unis et qui rencontre un vieil homme qui perd la mémoire. Tout le roman est construit autour de ce personnage est-il un sauveur de juifs ou un allemand qui a voulu sauver sa peau en se faisant passer pour juif ? Finalement il y aura du vrai dans ces deux propositions.

J’aurais bien aimé que l’écrivain se penche sur la mémoire d’un ancien nazi qui transforme peu à peu la réalité pour pouvoir survivre à ce qu’il a fait. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit mais d’une vieille personne qui commence un Alzheimer et qui ne sais plus qui il est vraiment. En plus, il n’a pas fait que le mal et il n’était pas un acteur de l’extermination des juifs donc d’une certaine façon il peut se regarder en face, ce que quelqu’un comme Mendele devait avoir du mal à faire.

C’est un personnage de fiction, et sur le sujet de la Shoa, je suis particulièrement exigeante ; c’est sans doute, la raison pour laquelle je suis passée à côté du charme de cette histoire et j’espère que d’autres vont l’apprécier

Citation

Genre de phrases agaçantes.

La vérité sort de la bouche des enfants(…)
 Les enfants ne sont pas représentés au gouvernement, or, nous sommes concernés par les décisions qui sont prises aujourd’hui, car elles auront des conséquences demain .

 

Les Éditions de Minuit.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

 

J’ai lu d’excellentes critiques de ce roman qui enchante la sphère officielle médiatique, alors que c’est un « flop » pour moi contrairement à Dasola . Il faut dire que dans la vie courante, je ne m’intéresse jamais à la vie des stars ni à leur bonheur, ni à leur malheur. Or ici le « Monument National » est un ancien acteur très connu. Quelqu’un qui a beaucoup beaucoup d’argent qui le dépense sans compter et qui vit dans un château. Sa femme très belle, ancienne miss côte d’azur, a adopté une petite asiatique, elle raconte son intimité sur Instagram. Tout ce petit monde est entouré de serviteurs plus ou moins dévoués. Toute ressemblance avec des gens connus (Belmondo ? Johnny ? Depardieu ?) est voulue par l’auteur. On profite de la moindre de leurs photos sur les réseaux sociaux et lors du décès du vieil acteur tout le monde se déchire à belles dents pour l’héritage. Ce roman se veut une critique acerbe de notre société, les trop riches d’un côté et les pauvres de l’autre , les gilets jaunes au milieu. On y trouve aussi le confinement qui empêche certains d’aller chercher des fonds dans les pays « offshores », et pour couronner le tout une « party » officielle avec les Macron . Puis une montée dans la violence et une fin très étrange un peu dans le genre thriller. la morale est sauve : les riches deviennent pauvres mais … non les pauvres ne deviennent pas riches.

J’avais lu aussi que cette auteure (autrice pour Athalie) était très drôle, elle ne me fait pas rire du tout. J’ai du mal à expliquer, je crois que de passer du temps avec ces gens creux et manipulateurs m’a rendue triste  : je n’avais pas besoin d’elle pour détester la famille de Johnny, j’avoue ne pas connaître celle de Belmondo. Je suis souvent touchée par le jeu de Depardieu mais je ne veux rien savoir de sa vie ni de ses amitiés avec Poutine …

La richesse des stars m’est indifférente comme celle des joueurs de foot et c’est peut la raison pour laquelle je suis totalement passée à côté d’un roman qui a plu à ceux et celles qui côtoient ces stars et qui ont sans doute envie de dévoiler leurs plus mauvais aspects, et parler de leur richesse : on aime rarement ceux qui ont gagné trop d’argent surtout quand ceux-ci l’étalent sans aucune pudeur à travers les photos qu’ils laissent sur les réseaux sociaux. Je dois dire que je n’avais pas aimé un autre roman de cette auteure « Propriété privée« .

 

 

Citations

Exemple de la façon de raconter .

 Sans pouvoir se passer de Dominique Bernard, notre mère se défiait de lui. Elle craignait toujours, avec le nombre de ses relations, qu’il ménage des intérêts concurrents. Aussi, quand l’agent fit valoir des raisons protocolaires, et lui représenta qu’on ne pouvait s’inviter à l’Elysée, si célèbres soit-on, en posant tout un tas de conditions, elle demanda sèchement ce qu’il proposait pour satisfaire à la fois le peuple et le président.
 Dominique Bernard n’avait pour ambition que de satisfaire les artistes, plaida-t-il. Et si le bonheur d’Ambre et Serge passaient par une fête nationale, eh bien soit, on trouverait le moyen d’inviter le peuple à la party. Mais on ne pourrait pas instagramer toute la soirée en direct de la présidence. À la place, on filmerait une courte vidéo avec la première dame dans les jardins de l’Élysée. Brigitte serait enchantée de présenter ses petits enfants à la progéniture de Serge.

Évasion fiscale et l’argent .

 Bien sûr, notre famille avait mis son capital à l’abri. Quelques années plutôt, nos parents avaient pris conseil auprès d’un fiscaliste. Celui ci leur avait aussitôt fait remarquer qu’il n’était pas raisonnable, et même tout à fait imprudent, de laisser croupir notre argent dans le même vieux pays quand des contrées plus neuves, plus modernes, offraient des conditions autrement intéressantes.
 Le fiscaliste, pour sa part, n’éprouvait aucune réticence à faire appel aux banques. Seuls les pauvres vivaient de leur argent, résuma-t-il au grand salon, les gilets jaunes qui s’échinaient à rembourser des agios quand la notoriété ouvrait partout d’infini lignes de crédit.

 

 


Édition Calmann Levy.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

 

Décidemment cet auteur est attiré par la vieillesse car après  » L’étoile et la vieille » voici « le vieux » !

Ce roman se divise en trois moments : la peur du Vieux de ce qu’il appelle « les bombes » c’est à dire tous ceux qui meurent autour de lui ou qui sont atteints de maladie dégénératives. Il rencontre à un enterrement d’une femme qu’il a aimée autre fois, la fille qu’il a élevée pendant quelques années, Camille qui est devenue actrice et metteur en scène. Il va croiser aussi Simon un jeune acteur très beau qui le questionne sur le suicide assisté.
La deuxième partie tourne autour du suicide de Simon et de l’opéra que Camille et lui voulaient monter « La flûte enchanté ». Le vieux qui a monté plusieurs opéra a toujours souffert de n’avoir jamais réussi à monter cette œuvre de Mozart. Nous verrons comment l’équipe d’acteurs et de chanteurs vont vivre ce deuil brutal et apparaît un personnage étrange une bretonne comme je n’en ai rencontrée que dans des contes, qui fait des crêpes et qui racontent des légendes en particulier autour de l’Ankou (la représentation de la mort en Bretagne), elle est la concierge du théâtre et jouera un rôle dans le suicide de Simon on découvrira un personnage obsédé par la mort, très déséquilibré et alcoolique.

Enfin la troisième partie, nous apprenons le prénom du vieux : Jean-Michel qui vit avec une ancienne cantatrice, Mireille, et ensemble ils décident de mourir en utilisant le suicide assisté , ensemble ils auront le COVID et ensemble, ils s’en sortiront et finalement ne se suicideront pas.
Plusieurs thèmes se croisent dans ce roman, la représentation théâtrale, la vieillesse et surtout la mort.

J’ai assez bien aimé la première partie, franchement détesté la deuxième avec cette bretonne sortie dont on ne sait quel imaginaire et qui ne rend pas justice aux bretons que je connais et la troisième est quasiment insupportable, cette description de ce couple qui veut mourir dans la dignité et qui, au dernier moment se raccroche à la vie m’a absolument dégoutée .

Au moment où je rédige ce billet des bombes, des vraies celles-là, tombent sur Kiev et cela explique beaucoup mon dégoût de cette fascination pour la mort de ceux qui ont tout pour vieillir tranquillement. J’exagère peut-être mais c’était bien le thème de Michel Rostain, la mort et celle-ci frappe à notre porte de façon tellement plus terrible et l’on se rend compte que le plus souvent l’homme ne choisit plus rien .

 

Citations

La peur de l’Ehpad .

 – Ce n’est pas l’état de Catherine qui m’angoissait, c’est l’Ehpad : y aller me terrorisait comme s’il s’agissait de mon prochain domicile !
 « Lorsque j’ai enfin surmonté ma trouille, je suis arrivé là-bas un jour de chorale. Dans le grand salon de l’Ehpad, une chef d’orchestre tirait de toutes ses forces les voies épuisés d’un demi-cercle de vieillards – vingt voix éraillées égrenait comme elles pouvaient les sous-titres de la chanson de Dalida qu’on leur projetait en mode karaoké :
 » Je sais bien que tu l’adores, Bambino, Bambino
 Et qu’elle a de jolis yeux, Bambino, bambino…
Mais tu es trop jeune encore, Bambino, Bambino,
 Pour jouer les amoureux. »
 » Cette chanson qui claudiqué, lento, mollo, pas sano du tout, c’était à pleurer. Catherine était la, hagarde au milieu de cette assemblée de fauteuils roulants, et alors je me suis vu, je t’assure… vu à côté d’elle, en survêt lamentable, édenté et gâteux. la vraie bombe, c’est celle-là, celle qui ne me tuera pas et me maintiendra en vie mais en ruine !
 Coup de massue supplémentaire, un des choristes a fait rouler son fauteuil jusqu’à moi pour demander : « c’est vous le nouveau ? » Et j’ai soudain réalisé pourquoi pas moi en effet ? après tout j’ai l’âge réglementaire pour déposer un dossier d’admission dans un Ehpad. (Catherine et moi, on est nés la même année !) 

J’ai souvent entendu cette remarque.

 Même vides, les salles de théâtre ne sont jamais désertes. Les notes qu’on y a chantées, les pages qu’on y a dites, les âmes qui ont dansé sur la scène ont toutes laissé un bout d’elles-mêmes. Il suffit de fermer les yeux et d’écouter, les Théâtres palpitent tout le temps de milliers d’émotions

 


Édition l’aube, traduit du norvégien par Dominique Kristensen

J’avais été très attirée par ce que m’avait annoncé Babelio : une plongée dans une famille norvégienne. L’annonce est tenue et je croyais alors retrouver les mêmes sensations d’exotisme que dans les séries qui viennent des pays du nord, que ce soit « Rita » qui m’a fait découvrir l’enseignement au Danemark ou « notre grande famille » qui décrit les familles recomposées en Suède.

Quelle déception, certes nous sommes bien chez les Norvégiens et regardez bien la photo de la couverture du livre, le contenu est aussi vivant que la photo !

D’abord ne vous attendez pas à une seule note d’humour, il y en a aucune. Ne croyez pas non plus que l’on vous épargnera la moindre évolution dans la psychologie des trois personnages principaux, vous boirez le calice jusqu’à la lie.
Je raconte rapidement le début – enfin le début si on veut car cela n’est dit qu’à la page 100- le père et la mère de trois enfants adultes vont divorcer. Bizarrement, ils l’annoncent à l’anniversaire des 70 ans du père alors que celui ci a invité tout le monde en Italie. Les trois enfants sont complètement perturbés et nous voilà partis sur 300 autres pages à partager les difficulté de Liv la fille ainée, d’Ellen la cadette et de Hakon le plus jeune. Rien ne vous sera épargné , ni les jalousies de l’enfance, ni les difficultés de couples des uns et des autres, ni la difficulté de faire l’amour quand cette fonction ne sert qu’à avoir un enfant qui ne vient pas.

À aucun moment un des trois enfants ne cherchent à comprendre les parents, ils sont surtout extrêmement en colère, furieux que leur modèle parental s’écroule. Ah oui, j’oubliais de vous le dire, en plus d’être terriblement ennuyeux, ils sont totalement inintéressants. J’avais envie de mettre des claques à tout ce petit monde qui vit sans soucis d’argent ni de travail, ils occupent visiblement des postes très intéressants et quand ils en en ont assez du climat et des autres Norvégiens qui sont peut être tous à leur image, ils vont passer une petite semaine à Rome !

Bref un livre terriblement ennuyeux et j’espère que la Norvège vaut mieux que ça

Je n’ai noté qu’un passage (c’est toujours mauvais signe)

Citation

 

l’écologie en Norvège.

Mon faible engagement pour l’environnement est désolant, je trie mes déchets par devoir, mais je ne crois absolument pas que le fait qu’une minorité de ménages norvégiens de la classe moyenne trie consciencieusement la nourriture et le plastique dans les sacs verts et bleus -ou l’inverse- soit d’une utilité quelconque surtout depuis mon voyage en Asie pour un reportage au cours duquel j’ai parcouru les rues de Katmandou ou de New Delhi en pataugeant dans les ordures. Je ne le dis jamais ouvertement, et je participe bien sûr au tri sélectif -c’est acquis une fois pour toutes, les petits ruisseaux font les grandes rivières.

 

Édition « romanBelfond » . Lu dans le cadre de masse critique de Babelio

Mais pourquoi diable me suis-je laissée tenter par ce titre ? En lisant la présentation, j’ai cru que j’allais découvrir un aspect que je connaissais mal de la carrière de Clark Gable à savoir, son engagement dans l’aviation pendant la seconde guerre mondiale. J’ai été élevée par une mère qui adorait cet acteur et j’ai partagé son enthousiasme pour le célèbre film « Autant en emporte le Vent » , et à mon tour j’ai fait aimer ce film à mes filles. Je me suis pâmée d’amour pour Rhett Butller mais je dois dire plus dans le roman que dans le film. (Tant pis pour Clark !)
Bien sûr ce roman parle de Cark Gable, mais le principal sujet de ce récit c’est le projet qu’aurait eu Hitler de s’emparer de ce célèbre acteur pour renforcer le prestige du troisième Reich et de son Führer. Le début de l’engagement de l’acteur dans l’aviation américaine doit être assez proche de la réalité, mais son aventure en France et en Allemagne est de la pure fiction. Ce n’est là que pour permettre à l’auteur quelques chapitres sur la résistance française et tout le roman est construit ainsi, un mélange de la réalité historique avec une fiction digne d’un film de guerre Hollywoodien, c’est sans doute ce que voulait l’auteur, peut-être que d’autres que moi accepteront son parti pris.
L’auteur part dans une succession d’aventures avec, comme arrière fond, les horreurs de la guerre menée par les nazis. Le mélange de la réalité historique et de la fiction m’a mise très mal à l’aise. Les aventures d’Eva Braun avec un bel officier SS m’ont semblé être une entreprise de racolage pour pimenter un peu plus les récits habituels sur ce qu’il se passait dans l’entourage d’Hitler, les différentes scènes sexuelles n’ont pas d’autre intérêt selon moi.
À partir de ce moment, je me suis détachée du projet de l’écrivain et tout me semblait faux, je lui en voulais d’avoir pris ce cadre historique chargé des horreurs les plus insoutenables de l’histoire de l’humanité, pour donner vie à son imagination. Tout ce qu’il raconte : la bataille de Stalingrad, l’extermination des populations juives dans les pays baltes, la consommation de drogue par Hitler tout cela est vrai et est connu mais se servir de ce décor pour une histoire d’amour entre Eva Braun et son bel officier, pour imaginer la capture puis l’évasion de Clark Gable c’est pour moi à la limite de l’indécence.
Bref un flop total et je retrouve ma question du début : Pourquoi me suis-je laissée tenter ?

 

 

Citations

La pervitine

 Développée dès l’automne 1937 par la firme pharmaceutique Temmler, la Pervitine a d’abord été accessible à toute la population allemande sans restriction. On la trouve alors au coin de la rue, dans son officine habituelle. Par la suite, elle est massivement distribuée aux soldats de la Wehrmacht qui, en attaquant la Pologne puis la France avec une sauvagerie inouïe, ont prouvé son efficacité. Le concept de « guerre éclair » est né. Les troupes de choc parcourent des dizaines de kilomètres par jour, galvanisées par cette substance qui leur confère un sentiment d’invincibilité. Elles attaquent avec rage, comme possédées, terrorisent l’ennemi qui ne peut que battre en retraite devant tant de détermination et de violence .
 

Un peu ce que j’attendais de ce roman.

 Il se rappelle soudain une scène qui l’a marqué trois ans auparavant. Lors de la première mondiale d' »Autant en emporte le vent », au Fox théâtre d’Atlanta, l’actrice afro-américaine Hattie McDaniel, qui incarnait une domestique, n’a pas été autorisée à assister à la projection. Pour la soutenir, Gable a menacé de rester chez lui. Elle l’a supplié de revenir sur sa décision pour ne pas gâcher la soirée. L’acteur à obtempérer. Deux mois plus tard, le 29 février 1940, Hattie McDaniel remportait l’oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour sa prestation dans ce film qui deviendra le plus grand succès de tous les temps. Là encore, elle avait dû emprunter une entrée réservée aux gens de couleur pour participer à la cérémonie. Dans la salle, elle avait même dû s’asseoir au dernier rang , à bonne distance de l’équipe du film.

  Édition Gallimard Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard  Si vous observez bien la photo, vous verrez que ces petits livres sont signés des noms de poètes dont il sera beaucoup question dans ce roman. Baudelaire, Verlaine et Rimbaud et les nombreux Haïkus qui rythment ce roman à l’écriture si particulière. Je n’ai pas adhéré à cette lecture, mais je reconnais que c’est un extraordinaire travail d’écriture. Si François-Henri Désérable ne vous embarque avec son style particulier, son histoire d’amour perd tout son charme. C’est difficile d’expliquer pourquoi on ne part pas dans un roman. Il faut d’abord que je dise que les continuelles références à la culture littéraire m’agacent prodigieusement. Je sais que j’en ai raté beaucoup car cela ne m’amuse pas et j’ai trouvé que son roman fonctionnait comme un jeu pour des lecteurs « cultivés »  : à qui en trouverait le plus. Ensuite l’histoire m’a semblé très artificielle, ces personnages avaient beau s’aimer, je ne trouvais ni leur âme ni leur sensibilité dans cette histoire passionnelle. Bref un roman qui n’est pas pour moi mais qui a obtenu le prix de l’Académie Française. Le poème dont est extrait le titre :

Es-tu brune ou blonde ? Sont-ils noirs ou bleus, Tes yeux ? Je n’en sais rien mais j’aime leur clarté profonde, Mais j’adore le désordre de tes cheveux.

Es-tu douce ou dure ? Est-il sensible ou moqueur, Ton coeur ? Je n’en sais rien mais je rends grâce à la nature D’avoir fait de ton coeur mon maître et mon vainqueur.

Fidèle, infidèle ? Qu’est-ce que ça fait, Au fait Puisque toujours dispose à couronner mon zèle Ta beauté sert de gage à mon plus cher souhait.

 

Paul Verlaine

   

Citations

Jeu des références littéraires

Elle n’était pas du tout son genre ; il n’avait jamais été le sien. Ils n’avaient rien pour se plaire ; ils se plurent pourtant, s’aimèrent, souffriront de s’être aimés, se désaimèrent, souffriront de s’être désaimés, se retrouvèrent et se quittèrent pour de bon .

Je connais des gens avec la même pathologie

 Elle disait souffrir depuis plusieurs années d’une pathologie qu’elle craignait irréversible, elle omettait de prendre en compte « le temps de trajet ». Elle ne partait de chez elle qu’à l’heure où elle était attendue, comme si, d’un claquement de doigts, elle pouvait se retrouver sur le lieu de rendez-vous où elle arrivait en général en retard d’un quart d’heure, parfois plus, jamais moins -elle ratait des trains, elle offusquait des gens, c’est comme ça, mon vieux, il faut t’y faire, disait Tina.

Petite remarque assez juste

 Albertine viens d’avoir dix huit ans : elle a décroché le bac, une mention assez bien avec un 18 en français, c’est l’été, elle n’est pas sûr de savoir ce qu’elle veut faire à la rentrée, elle hésite entre une fac de lettres et ne rien foutre, certains prétendent que c’est un peu la même chose.