Traduit de l’anglais par Christian BESSE

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Je suis déçue par cette lecture, mais cet été peu de livres ont réussi à me toucher , je me dis que ça vient donc peut-être de moi ! J’avais bien aimé « la vie aux aguets » du même auteur et on retrouve un peu les mêmes thèmes. La vie des espions britanniques, cette fois pendant la première guerre mondiale.

J ai bien aimé le début du roman qui se passe à Vienne en 1913 , l auteur fait bien ressentir l’atmosphère étouffante de cette capitale, du temps où elle dominait un quart de l’Europe et tant de nationalités différentes. Mais la vie de de Lysander m’a franchement peu intéressée. Ces difficultés sexuelles nous valent un passage par la psychanalyse et une rencontre assez brève avec Freud en personne !

Ensuite nous partons avec le héros dans une Angleterre bouleversée par la guerre et une sombre histoire d’espionnage à la Agatha Christie. Toujours avec un petit côté détaché , Lysander finit par être totalement inconsistant et l’histoire peu crédible.

J ai fermé ce roman soulagé de l’avoir fini !

 Citations

 Ambiance à Vienne en 1913 un officier Slovène est accusé de vol il revient de son procès

– Alors, c’est fini, dit Lysander. Qu’est-ce qui leur a fait entendre raison ?

– Un embarrassant manque de preuves. Mais je leur ai donné à réfléchir. Ça les a détournés du rusé Slovène.

– Ah, oui ? Quoi donc ?

– Il y a ce capitaine dans le régiment, Frankenthal. Il ne m’aime pas. Un type arrogant. J’ai trouvé le moyen de rappeler à mes officiers supérieurs que Frankenthal était un nom juif. » Wolfram haussa les épaules.»Et comme moi,Frankenthal a eu la clé pendant une semaine.

– Quel rapport avec le fait qu’il soit juif ?

– Il n’est pas juif, sa famille s’est convertie au catholicisme il y a une génération. Mais quand même .. » Wolfram eut un sourire malicieux . « Ils auraient dû changer de nom. »

– Je ne vous suis pas.

– Mon cher Lysander, si on ne peut pas attribuer le crime à un Slovène , un juif c’est encore mieux. Ça lui apprendra à vivre , à ce type déplaisant !

On en parle

Des critiques positives chez Babelio et cet avis glané sur internet avec lequel je suis plutôt d’accord : ça sent le brûlé.

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Un très grand plaisir de lecture, dans un moment de découragement. Tout le monde connaît, du moins je l’imagine, un moment où tous les livres perdent leur saveur. Je me réfugie alors dans la lecture des blogs et je partage vos passions mais de loin sans complètement y croire. Or voilà un petit bijou dont j’aimerais vous parler.

Un intellectuel japonais est tombé follement amoureux de la langue française. Il raconte son périple et ses joies. Moi qui, dans une autre vie, ai enseigné à des étudiants étrangers, j’ai retrouvé avec émotion les efforts et les joies que représentent le passage d’une langue à une autre. Akira Mizubayashi avec la délicatesse japonaise adopte peu à peu la culture française, évidemment , la Française que je suis, se sent fière et un peu étonnée d’un tel amour pour Jean-Jacques Rousseau. Sa sensibilité à l’oralité passe aussi par la musique et là surprise c’est à Mozart qu’il doit l’éducation de son oreille.

Ses pages sur le personnage de Suzanne dans Les noces de Figaro m’ont rappelé de très bons moments de mes études universitaires : lorsqu’un enseignant savait au détour d’une explication nous faire revivre tous les enjeux d’un héros de roman ou d’un personnage de théâtre. Beaumarchais est un auteur qui ne m’a jamais ennuyé et dont la modernité me surprend aujourd’hui encore. Mozart en fait un chef d’œuvre à l’opéra, on est décidément en bien bonne compagnie avec Akira Mizubayashi !

L’autre moment que je vous recommande, ce sont les pages consacrés à son père. Il est rare de lire chez les romanciers japonais une critique du régime nationaliste qui a conduit leur pays à mener des guerres impérialistes et racistes Son père a souffert de ce régime et s’est réfugié dans l’amour de la musique occidentale alors totalement interdite (je ne savais pas qu’à l’époque écouter Beethoven était passible de condamnations). Il a surtout aimé ses fils et s’est totalement consacré à leur éducation, après avoir lu ce livre vous n’oublierez pas le dévouement de ce père qui accompagne son aîné pendant les 14 heures de train qui séparent leur ville natale de Tokyo où résidaient le professeur qui pouvait donner des leçons de violon.

Mais ce qui me ravit dans cet ouvrage c’est l’analyse très fine des différences culturelles qui passent par la langue entre le japonais et le français. Qui peut croire, par exemple que le « Bonjour messieurs dames », lancé à la cantonade dans un commerce puisse mettre aussi mal à l’aise un Japonais qui y voit une intrusion insupportable dans la vie privée d’autrui ?

J ai aimé ce livre de bout en bout, ce n’est pas une lecture passionnante mais j’étais bien avec cet homme si délicat qui aime tant notre langue et notre littérature.

Citations

Les raisons qui l’amènent vers la langue française

(c’est assez amusant quand on se rappelle des discours des étudiants français de l’époque !)

Dans les années 1970, la politique était encore très présente sur les campus universitaires…..Ce qui gênait le jeune homme de dix-huit ans …..c’était le vide des mots : des gauchistes, comme des revenants sur un champ de bataille où gisent des cadavres mutilés, usaient inlassablement de discours politiques stéréotypés à grand renfort de rhétoriques surannée…..

Le français m’est apparu alors comme le seul choix possible, ou plutôt la seule parade face à la langue environnante malmenée jusqu’à l’usure , la langue de l’inflation verbale qui me prenait en otage.

L évocation de son père

Le piano droit Kawai, le livre de Carl Flesh et le magnétophone Sony .. trois objets-témoins, trois objets-souvenirs. Trois objets culturels de valeur monétaire fort inégale. Trois substituts de la présence et de l’attention paternelle. Ils portent en eux le désir et la volonté d’un homme qui s’acharnait à repousser toujours plus loin les limites de son champ d’action, qui faisait l’impossible pour sortir de ses origines, de sa condition première, pour s’arracher à ce qui lui était primitivement et naturellement imposé….

Le français est ma langue paternelle.

 Les différences culturelles

Saluer des personnes inconnues ? Et oui, cela est fréquent en France ; il suffit de se promener dans les rues de Paris ou de prendre le métro, d’être attentif aux spectacles qui s’offrent ça et là dans les lieux publics. Tandis que dans mon pays, un tel geste, potentiellement créateur de liens est perçu comme une violence inacceptable ou au moins comme une incongruité suspecte.

 Son amour du français

La langue d’origine, maternelle, demeure inarrachable. Mon français va donc mourir avant même que ne meure mon corps ? Triste vérité. Mais je me considèrerai comme mort quand je serai mort en français. Car je n’existerai plus alors en tant que ce que j’ai voulu être , ce que je suis devenue de mon propre gré, par ma souveraine décision d’épouser la langue française.

On en parle

À sauts et à gambades et keisha en 2011.

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Un livre vite lu et qui m’a fait sourire. Un homme qui, toute sa vie, a mené des affaires très importantes et qui n’a fait fait que ça, décide à la retraite de retrouver son épouse dans leur maison du golfe du Morbihan. C’est l’occasion pour cet auteur de croquer la vie des retraités dans les stations balnéaires, j’y ai retrouvé certains traits de caractère de personnalités que je croise à Dinard.

Stéphane Hoffmann raconte aussi le monde des affaires et épingle pas mal de travers de notre époque. Beaucoup d’humour et un grand sens de l’observation. La trame romanesque est aussi peu vraisemblable que le caractère des principaux personnages mais tout cela est bien sympathique puisque finalement, grâce à l’amour, les vilains requins financiers seront vaincus (peu réaliste mais bien agréable à lire).

Bref, un roman pour l’été le temps d’une lecture de plage avant d’aller au marché !

Citations

Le programme pour la retraite

Je parle de me mettre au golf, créer un cabinet de consultants, aider les jeunes à se lancer : j’installerai mes bureaux dans les chambres des enfants, et puis je me remettrai au vélo, à l’équitation, à la..

Brillante idée. Pourquoi pas au Jokari, au jeu de sept familles, au Cochon qui rit et au Youpala.

Le marché dans les stations balnéaires

Cette nouvelle mode, chez le bourgeois, de se montrer au marché. Ce n’est plus un marché, c’est un club. On y parade en pantalon Glazyk brique, doksides et veste de quart. On s’y retrouve entre gens qui savent vivre : faire son marché, c’est comme cirer ses souliers ou acheter ses cigares, il ne faut laisser cela à personne.

 Une réflexion sur le couple que l’on trouve sur la quatrième de couverture

Le mariage a toujours ressemblé à un tour en autos tamponneuses : c’est inconfortable, on prend des coups, on en donne, on tourne en rond, on ne va nulle part mais, au moins, on n’est pas seul.

On en parle

D’une berge à l’autre  qui n’a pas du tout aimé mais qui doit être bien loin de la retraite et des retraités.

 Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Adélaïde Pralon.

4
Il est des livres qui touchent profondément alors qu’ils se veulent légers. Ce sont sans aucun doute mes livres préférés. « Les fiancé d’Odessa » raconte les difficultés d’une femme belle et intelligente qui veut sortir à tout prix de son pays où la vie est trop difficile. Du côté anecdotique, il y a une histoire d’amour très compliquée : son cœur et son corps palpitent pour le chef de la mafia locale, son patron David est loin de la laisser indifférente, et elle épousera Tristan, l’Américain homme d’entretien dans une école, qui lui a permis de fuir Odessa.

La situation décrite à Odessa date des années 90, c’est la misère et la corruption généralisée. Mais pour autant, l’Ukraine est un pays de culture et ne ressemble pas à l’idée que s’en font les Américains de base représentés par Tristan et ses amis. L’écrivaine décrit avec une grande finesse la contradiction entre l’attachement à Odessa et l’aspiration à un ailleurs : « le fameux rêve américain ». Autant si ce rêve est fondé sur une volonté d’entreprendre, il peut, sans doute devenir réalité, mais s’il est fondé sur un mariage, les dés sont immédiatement pipés. On pense au film « je vous trouve très beau » d’Isabelle Mergault avec Michel Blanc, moins le Happy end.

Janet Skeslien Charles, a vécu à Odessa et elle parle le russe. Elle a connu le travail à plein temps pour 25 dollars par mois, et elle a côtoyé, ces belles jeunes femmes ukrainiennes prêtes à tout pour vivre autre chose qu’un quotidien sans futur possible. Pour une fois, quelqu’un se donne la peine de mettre en scène ce désir de partir tout en maniant l’humour , car je le redis c’est un roman drôle plein de scènes qui font sourire. C’était encore plus simple pour cette écrivaine de décrire la déception de ces femmes une fois arrivées aux USA , évidemment le rêve américain ne correspond pas à celui d’une femme cultivée qui rêve d’épanouissement personnel et culturel. L homme qui est venu les chercher de si loin, et qui a dépensé tant d’argent pour cela, est d’abord venu chercher une femme soumise qui sera reconnaissante de la bonne action qu’il a faite pour elle.

Je sais que le ton sérieux de mon billet ne correspond pas à l’ambiance du livre, alors comme Keisha, Aifelle, et bien d’autres.. lisez le car en plus vous amuserez.

Citations

Humour

Les hommes ukrainiens sont souvent paresseux, alcooliques et violents…

– Pourquoi refuser de sortir avec un beau jeune homme ?

– Tu veux dire le roi de l’escroquerie, un chef de la mafia et sûrement aussi un assassin ?

– Personne n’est parfait. Au moins, il ne fume pas. »

L’embauche en Ukraine d’une secrétaire par un patron étranger

Insinuait-il que j’étais embauchée ? Il m avait fait alors un clin d’œil avant d’ajouter :

– Bien sûr, coucher avec moi reste l’aspect le plus agréable du travail !

La vie sous le régime soviétique

En théorie, le régime dispensait des soins médicaux gratuits. En réalité, les choses étaient légèrement différentes. Pas de cadeau, pas de traitement. Pas de présent, pas d’avenir.

 Scène qui en dit long sur la pauvreté dans les années 90

Quatre soldats décharnés, qui ne devaient pas avoir plus de dix neuf ans, vêtus d’uniformes gris trois fois trop grands, s’approchèrent de nous.

– S’il vous plaît, rien qu’un morceau de pain.

Je vidai mon stock de bonbons et de pommes. J’en avais toujours sur moi parce qu’à Odessa, il fallait toujours avoir de quoi surmonter les barrières. J’appelais ça la redevance, Jane la corruption. Mais elle apprit bien vite qu’une boîte de chocolat ouvrait les portes plus facilement qu un long débat.

– Merci, Mademoiselle !

Les Israéliens étaient choqués. Je leur expliquai que tous les jeunes hommes, sauf ceux qui payaient très cher pour être déclarés « médicalement inaptes », étaient appelés sous les drapeaux. Malheureusement, l’armée n’arrivait pas à nourrir ses recrues. La pauvreté était un vrai problème.

 Les motivations des femmes dans les agences en Ukraine

Elles étaient convaincues que les Américains étaient plus riches, plus gentils que les hommes d’ici et supérieurs dans tous les domaines. Il fallait le reconnaître, nos machos infidèles, fainéants et alcooliques ne soutenaient pas la comparaison.

 Premières impressions à propos de l’Amérique

J’aimais l’Amérique. Ses rues larges et propres. Ses grandes maisons en bois érigées au milieu d’irréprochables pelouses vertes. Les variétés des produits d’entretien. J’aimais vivre dans un pays où personne ne volait les ampoules électriques des couloirs, où les ascenseurs ne sentaient pas l’urine, où la poussière ne couvrait ni mes chaussures, ni les rues, ni les trottoirs, ni les immeubles.

 

En Amérique, les habitations étaient individuelles. Les habitants aussi. Tout était personnalisé. Même les plaques d’immatriculation portaient des messages allant de Vive Les Pakers sur une jeep, à Merci Papa sur un cabriolet rouge. Les Américains n’avaient pas tous les cœur sur la main, mais ils portaient tous leur logos sur le cœur. Nike.Coke.Pepsi . Le drapeau flottait partout, sur les pulls, sur les voitures, devant les maisons et dans les lieux publics. A Odessa, personne n’aurait jamais porté le drapeau ukrainien. Jamais de la vie.

Propos d’accueil de la famille de son mari

 Tu as de la chance de passer si facilement de la misère à la richesse, dit-elle. Toutes les femmes de ton pays rêvent de vivre aux Etats-Unis. J’espère que tu n’oublieras pas ce que cette famille a fait pour toi.

 

5
Après le succès de « Ru »,
Kim Thuy a retrouvé la magie de l’inspiration et de l’écriture pour nous livrer « Man ». 
Dès que j’ai lu dans des blogs amis , que ce livre vous avait plu, je me suis précipitée ! Je vais rajouter des louanges aux louanges.

J’aime la façon dont cette femme mêle les fils de son histoire et de de l’histoire tragique de son pays d’origine. Comme, dans « Ru » ,on a le cœur serré à l’évocation des plus grandes des tortures que les hommes du vingtième siècle ont su inventer. Ce père famélique, par exemple, qui voit ses enfants mourir de faim et qui laisse une soupe à la tomate et au persil à côté d’une clôture pour que ses enfants puissent s’en emparer.

Cette soupe , la meilleure du monde pour Hong sa fille survivante, devenue cuisinière dans le restaurant de la narratrice sera à l ‘origine d’une des recettes qui fera le succès de leur entreprise. Car c’est cela qui m’attache aussi fort à cette écrivaine, des souffrances naissent aussi la vie . On peut, au début de la lecture, être dérouté par sa façon de raconter , car son récit n’est pas linéaire. Finalement elle renoue tous les fils , ce n’est qu’à la fin du roman qu’on comprend la première phrase :

« Maman et moi nous ne nous ressemblons pas. Elle est petite, et moi je suis grande. Elle a le teint foncé, et moi j ai la peau des poupées françaises. Elle a un trou dans le mollet, et moi j’ai un trou dans le cœur. »

C’est bien ce trou dans le cœur qu’elle va nous raconter , à sa manière et en passant par tout ce qui fait sa vie : Man, cette mère qui l’a élevée, la guerre du Vietnam et son cortège d’horreurs, les odeurs et les goûts d’une cuisine qui la feront vivre, et aussi un amour passionnel qui lui trouera le cœur.

Citations

Le plaisir des mots

C’était mon premier mot de français, »londi » . En vietnamien , « lon » signifie canette et « di » partir . Ces deux sons ensemble en français font « lundi » dans l’oreille d’une Vietnamienne . A la manière de sa mère ,elle m a enseigné ce mot en me demandant de pointer la canette avant de lui donner un coup de pied et de dire « lon-di » pour lundi. Ce deuxième jour de la semaine est le plus beau de tous parce que sa mère est décédée avant de lui apprendre à prononcer les autres jours. 

 Le plaisir de la lecture

Beaucoup de livres en français et en anglais avaient été confisqués pendant les années de chaos politique. On ne connaîtra jamais le sort de ces livres , mais certains avaient survécu en pièces détachées. On ne saurait jamais par quel chemin étaient passées des pages entières pour se retrouver entre les mains des marchands qui les utilisaient pour envelopper un pain, une barbotte ou un bouquet de liseron d’eau … On ne pourrait jamais me dire pourquoi j avais eu la chance de tomber sur ces trésors enfouis au milieu des tas de journaux jaunis. Maman me disait que ces pages étaient des fruits interdits tombés du ciel. 

Le vietnamien une langue tonale

Julie prononçait les « la, là, lâ, lä , lah … » en distinguant les tons même si elle ne comprenait pas les différentes définitions : crier, être, étranger, évanouir, frais.

Aimer en chinois

le professeur avait expliqué que le caractère « aimer » englobait trois idéogrammes : une main,un cœur et un pied, parce que l’on doit exprimer son amour en tenant son cœur dans ses mains et marcher à pied jusqu’à la personne qu’on aime pour le lui tendre.

Les visages de l’amour

Pourtant à côté du visage de Luc, le mien me ressemblait comme une évidence. Si j’étais une photographe , Luc serait le révélateur et le fixateur de mon visage, qui n’existait jusqu’à ce jour qu’en négatif.

Le temps après

Moi je possédais l’éternité parce que le temps est infini quand on n’attend rien. 

On en parle

D’une berge à l’autre, lecturissime , lire et merveille, (avec une interview passionnante de l’écrivaine) et bien d’autres que j’oublie.

 Traduit de l’anglais par François Ponthier.

5
Partir en croisière – et en revenir- avec un tel roman à bord, c’est un remède assuré contre tous les coups du sort ! Car :

  • même si vous avez mauvais temps, vous aurez moins froid qu’à Terre-Neuve
  • même si le ciel n’est pas franchement dégagé vous n’aurez pas de la brume tous les jours et souvent des journées entières,
  • même si vous devez vérifier votre moteur, vous n’aurez pas à domestiquer un moteur à deux temps qui ne vous dit jamais si le bateau part en avant ou en arrière,

  • même si parfois une odeur de gas-oil se répand dans la couchette arrière , pour avoir dû pomper l’eau dans le réservoir à cause d’un bouchon mal vissé , vous n’aurez pas à supporter l’odeur des déjections des morues qui ont servi à calfeutrer votre bateau,
  • même si vous faites partie des gens pour qui il est difficile de comprendre que, si vous voulez que votre bateau aille à droite vous devez tirer la barre à gauche , les conséquences de vos erreurs ne vous conduiront pas sur le dos d’un cachalot ! !

Bref , tout ira forcément mieux que sur « Fleur de passion » ce bateau qui prend l’eau pendant 250 pages .. sur 254 ? Vous n’aurez donc pas à vous échouer sur des bancs de vase en faisant marcher votre hélice à l’envers pour projeter la boue qui calfeutra pour quelques heures votre bateau. C’est un peu dommage, car vous n’aurez donc aucune raison d’essayer la merveilleuse recette du Café Irlandais : remplacer l’eau par du rhum pour passer le café. Mais étant donné le résultat sur les prises de décisions face aux autorités françaises , c’est peut-être préférable. Bref, un grand classique de l’humour anglais et que beaucoup de navigateurs connaissent et sur les pontons quand vous parlez de Farley Mowat vous trouvez toujours quelqu’un pour raconter un passage qui l’a fait éclater de rire.

Une petite réserve cependant, les procédés d’humour sont répétitifs et on se lasse parfois de retrouver les mêmes ressorts comiques , de plus, je pense que la traduction n’est pas excellente. Heureux ceux qui peuvent le lire en anglais.

Citations

quelques exemples de vocabulaire qu’il m’a fallu rechercher

Je tossais péniblement dans leur sillage
Un maître-bau
Son pont était un flush-deck
Deux écubiers
Taquiner la morue à la dandinette
Son petit runabot
Des glènes de filin
Un loch breveté
Des cadènes pour les haubans…

Exemple d’humour

Pour des raisons trop longues à expliquer , ce rivage s’appelle la « côte sud « , peut-être parce qu’il se trouve au sud de Saint-Jean et parce que Saint-Jean prétend être le centre de l’univers.

 Pour tous ceux que l’expérience de la mer à marquer même si c’était pendant la guerre !

Durant la guerre, il a servi sur une vedette lance-torpilles ainsi que sur diverses autres petites unités d’un confort très relatif. La paix revenue, il a repris la monotone vie des gens d’affaires, mais son âme est restée sur la passerelle d’une vedette. Il continue , en imagination, de cingler à travers les grises étendues de l’Atlantique, ses pièces crachant le feu sur les spectres des sous-marins allemands qui tentent désespérément d’échapper à leur destin.

Exemple de recette à faire frémir

Le sreech est une boisson spécifiquement terre-neuvienne . Autrefois on la fabriquait en versant de l’eau bouillante dans les tonneaux de rhum vides afin de dissoudre les particules rhumiques résiduelles dont le bois restait imprégné . On ajoutait alors au liquide noirâtre ainsi obtenu des mélanges et des moûts. On faisait fermenter cette mixture durant le temps nécessaire avant de la distiller . Parfois , on procédait au vieillissement du produit en y laissant macérer pendant quelques jours une carotte de tabac à chiquer bien noire.
Les modes ont changé depuis et le sreech est aujourd’hui un tord-boyaux tout à fait différent……dans l’état quasi gazeux dû à l’addition d’eau chaude , le transfert de l’alcool au réseau sanguin est instantané . On en perd très peu dans le tube digestif.

 Les principes à connaître avant d’aller naviguer à Terre-Neuve

  • Dès qu’une bouteille est sur la table, elle doit être débouchée . Ceci « pour laisser entrer l’air dedans et chasser les vapeurs noires ».

  • Le second est qu’une bouteille débouchée ne doit jamais être rebouchée car, selon la croyance, « le contenu se gâterait ». Aucune bouteille de rhum ne s’est jamais gâtée à Terre-Neuve , mais aucune n’ayant jamais été rebouchée, il n’y a donc aucun moyen de vérifier l’exactitude de cette croyance .

  • Le troisième et dernier principe est qu’une bouteille ouverte doit être bue aussi vite que possible »avant que tout le bon ne s’évapore ».

On en parle

Sur un blog de Voyages à la voile (of course..) biblio de bord.

 Traduit de l’espagnol par Myriam CHIROUSSE.
Merci à Keisha et à Athalie (qui n’a pas encore fait de billet sur ce livre me semble-t-il ?) leurs conseils étaient bons « le roi transparent » valait que je persévère dans la lecture de Rosa Montero.

4
Cette historienne adore le Haut Moyen-Age , la période où les sociétés humaines ont failli faire un peu plus de place aux femmes, et où la religion aurait pu devenir moins fanatique. Hélas ! On connaît la suite… 
le roman se termine avec l’anéantissement des Cathares et la fin d’une utopie religieuse qui aurait fait une place aux femmes et à la réflexion . L’auteur nous prévient dans sa volonté de nous présenter un roman d’aventure passionnant, elle se permet quelques distorsions avec les dates … Les puristes jugeront !

Quant à moi, j’ai senti son plaisir de nous faire découvrir la vie de cette époque à travers l’histoire improbable d’une jeune paysanne serve qui devient libre et cultivée. La jeune Léola amoureuse de son Jacques devra se cacher sous l’armure d’un chevalier pour avoir la vie sauve. À travers sa fuite à la recherche de son amoureux , puis simplement pour survivre, nous comprenons peu à peu ce qu’a été cette époque ; aussi bien dans les détails vestimentaires que dans les idées et les conflits armés qui ont bouleversé la vie des habitants si souvent victimes de la fureur des plus puissants qu’eux.

Les chevaliers ne ressortent pas grandi la seule chose qu’ils sachent faire c’est se battre, tuer et encore tuer. Cela se termine auprès des Cathares qui semblent être bien seuls dans leur envie de vivre en paix , ils ne pourront guère résister à la folie guerrière des soi-disant chevaliers armés par une idéologie chrétienne qui permettait de brûler tout ce qui pouvait de près ou de loin ressembler à une hérésie.

Le livre se lit très facilement , les personnages sont sympathiques ou odieux et on n’est jamais très loin du merveilleux. Il y a une sorte de facilité dans ce roman qui me gène un peu mais aussi une jubilation qui emporte mon adhésion.

 Citations

Le début des villes

Les bourgs affranchis travaillent mieux, paient des bénéfices, créent moins de problèmes, participent en hommes et en argent aux conflits armés

Les reliques

Les fameuses reliques… Vous reconnaîtrez que quelques-unes sont franchement curieuses… Une fiole du lait de la Vierge, un fragment des langes de Jésus… Je suis presque tentée de donner raison aux cathares lorsqu’ils disent que tout cela n’est que supercherie païenne.

Le poids des mots

Les paroles émues sortent trop vite de la bouche et on finit par dire des choses qui ne sont pas tout à fait vraies . Et nous devons respecter les mots, parce qu’ils sont le vase qui nous donne notre forme.

 Le Christ comme tout enfant juif était circoncis, et c’est ce qu’on célèbre le 1er janvier !

Quel mal y aurait-il à toujours à commencer l’année le même jour ! Il y en a qui disent que ce serait bien mieux de la faire commencer au 1 janvier ! Au jour glorieux de la circoncision du Sauveur !

 Les dangers de l’écriture au moment d’un débat sur l’écriture à la main ou au clavier

Non seulement c’est une façon d’écrire grossière et appauvrissante qui ne peut soutenir aucune comparaison avec la beauté de la calligraphie carolingienne, mais qui plus est, la divulgation de cette écriture maligne parmi la plèbe et autres gens sans éducation ne fait que paver la route du démon. Ne voyez-vous pas la gravité et le danger qu’il peut y avoir à mettre certaines connaissances, même fausses et médiocres à la portée de la plèbe inculte ?

La théorie des Cathares

Notre coeur est la seule église de Dieu , et c’est la plus belle. Nous n’avons pas besoin de construire des édifices coûteux , qui ne servent à rien sauf à y enterrer des sommes considérables d’argent qui pourraient être utilisées pour pallier les besoins pressants des fidèles.

On en parle

Chez Keisha et Yspadden et Zazie qui s’est ennuyée ce que je peux comprendre aussi.

4
Je ne sais plus sur quel Blog, j’ai trouvé cette référence. Le sujet m’intéressait et j’ai donc lu le récit de Joseph Fadelle, parce qu’aujourd’hui, les attentats dont sont victimes les chrétiens dans les pays à forte majorité musulmane, nous obligent à nous intéresser à leur sort. « le prix à payer » fait partie des livres qu’il faut lire pour se rendre compte à quel point l’Islam laisse peu de place à la contestation. Quant à la conversion à une autre religion, alors là ! L’individu concerné se met en danger de mort. Et encore, Joseph (ex Mohammed) a voulu devenir chrétien.. Que se serait-il passé s’il avait voulu devenir juif !

Comme tous les livres de témoignage où un homme raconte comment il a risqué sa vie pour obtenir sa liberté, l’émotion est intense. Malgré la force de ce témoignage , j’ai été déçue par ce livre. Je m’attendais à une explication plus profonde de l’Islam. Cela semble étrange que tant de gens soient attachés à cette religion alors qu’une simple lecture attentive du Coran suffise à en démontrer sa cruauté et son peu de respect de la personne humaine (surtout si cette personne est du sexe féminin !).

Sa conversion au christianisme est un peu mystérieuse, car la lecture de la Bible n’est pas non plus un recueil d’une grande douceur ! On le sent très attaché à la foi chrétienne mais sans que je comprenne bien pourquoi. La seule chose dont je sois certaine , c’est que nous avons une chance incroyable de vivre dans un pays de laïcité et qu’il faut tout faire pour que les principes qui permettent à chacun de respecter la liberté de conscience de l’autre soient en tout lieu respectés.

Et pour cela, laisser la religion dans la sphère du privé.

On en parle

La publivore.

 Traduit du Japonais par Rose-Marie MAKINO-FAYOLLE

5
En regardant le nom de la traductrice , j’ai pensé que cette femme était d’origine japonaise et avait appris le français. Mais après vérification j’ai vu qu’elle est française sans doute mariée à un japonais. 
On lit avec un tel plaisir ce roman sans jamais se sentir étranger à l’histoire que j ai pensé que la traductrice était vraiment à l’aise dans les deux cultures. J ai beaucoup aimé la délicatesse des sentiments entre les différents personnages.

Un homme, chercheur en mathématiques à perdu la mémoire immédiate à la suite d’un accident , il a une mémoire de 80 minutes et puis tout s’efface. Ses astuces pour arriver à vivre malgré ce lourd handicap le rendent touchant. Par contre il n’ a pas oublié sa passion pour le nombres et tous les mystères des mathématiques. Une jeune mère célibataire d’un petit garçon de 10 ans , vient lui servir d’aide soignante.

La façon dont cette jeune femme veut rendre cet homme le moins malheureux possible est très émouvante. Entre eux trois se tissent une amitié attentive. Le vieil homme apprécie le contact avec le jeune enfant passionné de base-ball et il lui donne peu à peu le goût des mathématiques. La jeune femme est embauchée par la belle sœur du professeur et celle-ci semble très négative dans un premier temps , mais par petites touches, on comprendra mieux sa position.

Pas de happy end possible pour ce roman. Encore que… Le jeune enfant deviendra professeur de mathématiques ce qui est somme toute la meilleure fin possible. Pour ceux qui ont de mauvais souvenirs de leurs cours de math, pour ceux , au contraire qui les ont aimé , ce roman vous conviendra.

Petit bémol , le base-ball , m’ennuie en vrai et aussi dans ce livre !

Citations

 Le professeur ne peut plus faire que des concours qu’il juge trop faciles

Résoudre un problème dont la solution existe obligatoirement, c’est un peu comme faire avec un guide une randonnée en montagne vers un sommet que l’on voit . La vérité ultime des mathématiques se dissimule discrètement à l’insu de tous au bout d’un chemin qui n’en est pas un. 

 La beauté des mathématiques

C’est justement parce que cela ne sert à rien dans la vie que l’ordre des mathématiques est beau . Même si la nature des nombres premiers est révélée , la vie ne devient pas plus aisée , on ne gagne pas plus d’argent . Bien sûr , on a beau tourner le dos au monde , on peut sans doute trouver autant de cas que l’on veut pour lesquels les découvertes mathématiques ont fini par être mise en pratique dans la réalité. Les recherches sur les ellipses ont donné les orbites des planètes, la géométrie non euclidienne a produit les formes de l’univers selon Einstein . Les nombres premiers ont même participé à la guerre en servant de base aux codes secrets . C’est laid. Mais ce n’est pas le but des mathématiques . Le but des mathématiques est uniquement de faire apparaître la vérité.

On en parle

le blogue de Zazie qui s’est ennuyée à la lecture, Céline qui a adoré et Aifelle qui tient un de mes blogs préférés.

 Traduit de l’afrikaans par Pierre-Marie FINKELSTEIN

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La suite de l’autobiographie de Brink, plusieurs d’entre vous m’ont conseille de lire Karel Shoeman, et j’ai fait confiance à Dominique pour choisir celui-ci. Je compte sur vous pour me dire si je dois continuer dans la lecture de cet auteur, parce que , je suis désolée Dominique, mais j’ai eu beaucoup de mal à comprendre pourquoi tu as aimé ce livre.

Il a le grand mérite de nous faire comprendre d’où viennent les Afrikaners qui seront dans un autre siècle les tenants de l’apartheid , mais le procédé littéraire est à peu près insupportable. Cette femme qui va mourir ne veut pas se souvenir d’une vie pétrie d’ennuis et de rancœurs, mais les souvenirs lui viennent à la mémoire malgré elle. Cela donne toutes deux ou trois pages .. je crois … je ne sais plus… est ce bien ainsi que cela s’est passé… est-ce elle ?

On s’attend à quelque chose d’énorme et finalement à force d’attendre on trouve qu’un crime passionnel et le fuite d’une femme avec le frère de son mari, sont peu de chose même si c’est bien le lourd secret qu’on vos promet au début du roman, ce n’est évidemment pas le plus important… Le plus important , c’est le silence et l’absence de réaction d’une fille qui a accepté la tyrannie de sa mère. Et n’a fait aucun choix personnel, le dur labeur de la ferme la toute puissance d’une femme acariâtre et mesquine qui a fait le malheur de toute sa famille.

Et ce pays où tout est difficile

En toile de fond , loin , très loin de leur vie , des noirs qu’on spolie ou qu’on frappe le plus fort possible. Religion, rigueur, absence de plaisir, médisance des petites communautés rurales tout cela dans le cerveau d’une pauvre vieille fille en train de mourir et qui mélange les années et n’a rien connu de la vie….

Dominique ! Help ! Si les autres romans de cet auteur sont du même bois, j’arrête !

 Citations

Les spoliations de noirs

Papa se tenait sur le seuil de la porte , en silence, et je revois encore Maman , juste derrière lui, lui donner une tape dans le dos et lui murmurer à l’oreille :  » dis à cette espèce de Hottentot de décamper ! » Je m’en souviens comme hier :Maman vêtue de sa robe noire , ses paroles, et ce petit geste d’impatience . Un beau jour , quelqu’un avait découvert ,ou décidé, que le lopin de terre sur lequel vivait Jan Baster était situé sur notre ferme et lui avait ordonné de déguerpir. 

La mémoire

Le passé est un autre pays : où est la route qui y mène ?

On en parle

« à sauts et à gambades » bien sûr, et « le mange livre  » tout aussi enthousiaste (je me sens bien seule !).