Traduit de l’islandais par Éric Boury

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Je me suis laissé tenter par un polar qui a bien plu aux blogueuses que je lis régulièrement et dont , souvent, je partage les goûts. J’en conclus que, vraiment, ce n’est pas ma tasse de thé, les romans polars , je ne trouve rien de plus énervant que de lire un roman tendu par une tension policière. Qui a tué ce malheureux jeune homme qui avait la sale manie d’enregistrer les films sur son magnétophone ? Vous pensez, bien avant les enquêteurs, qu’il a enregistré des propos qu’il n’aurait pas dû entendre. Et comme dans une histoire magique, une découverte d’un élément entraîne la mise en place d’un puzzle, sans beaucoup de surprise.

Le personnage principal est hanté par un passé douloureux marqué par le fait que son père n’a jamais voulu reconnaître cet enfant adultérin atteint , de plus, de tuberculose. Le roman permet de revivre le duel Fischer Spassky , c’est ce que j’ai préféré , je me suis précipitée sur Wikipédia pour relire ce que l’on sait aujourd’hui de ces événements.

Enfin, petit détail qui m’a énervée pendant tout le roman, il y a aucun moyen pour savoir si Marion-Briem est une femme ou un homme,et je pense (en plus) que l’ambiguïté est cultivée intentionnellement , je ne comprends vraiment pas pourquoi. (cherchez bien, à aucun moment on ne dit « elle » et aucun accord ne permet de le savoir). Déjà que ce n’est pas facile de savoir si les prénoms sont féminins ou masculin, par exemple Gudny fille ou garçon ? Il faut parfois lire quelques lignes pour se rendre compte que Gudny est mariée avec Albert. J’ai lu et relu sans jamais savoir si Marion est, en Islandais en 1972 ,un prénom féminin ou masculin.

Bref, je n’ai pas été passionnée.

 On en parle

à Sauts et à Gambades, et chez Clara

5
Quel plaisir de retrouver mon blog avec ce roman. 
J ai beaucoup lu pendant ces semaines bien occupées,tout n’est pas d’égale valeur. J’avais eu le temps de noter ce roman d’abord chez Dominique,puis chez beaucoup d’entre vous. Je vais me joindre au chœur de celles et ceux qui se sont senties bien dans cette épopée du 20° siècle.

Épopée de la vie et de la mort

Épopée de ceux qui ont survécu aux terribles incendies qui ont ravagé les forêts canadiennes dans les années 1910.
L écrivaine a su rendre compte de la force destructrice du feu et de la terreur qui est, à jamais, entrée dans le regard des survivants.

Épopée des êtres si vieux qu’on voudrait les mettre à mourir tous ensemble, et qui décident de vivre leur fin de vie comme ils le veulent, libres et indépendants bien cachés au fond des bois.
Épopée d’une femme enfermée à 16 ans dans un asile psychiatrique et qui n’en ressortira qu’à 80 pour enfin vivre une vraie vie.

Épopée, enfin, de la narratrice, femme photographe qui réussira à monter l’exposition qui lui tenait à cœur pour rendre compte de cette période où « il pleuvait des oiseaux » au-dessus des forêts calcinées du nord canadien.

Si j’ai utilisé le mot « épopée », ce n’est pas pour trahir la simplicité du style ni la banalité des vies ordinaires qui font la richesse du roman, c’est que, je le pense, il y a une grandeur à savoir rendre compte du quotidien des êtres quand ils sont libres et vivent dans leur propre système de valeur.

Un roman superbe, envoûtant et profondément vrai dont j’ai littéralement savouré chaque phrase.

Citations

Comme moi, je pense que tous ceux et celles qui aiment les histoires se retrouveront dans ce passage

J’aime les histoires, j’aime qu’on me raconte une vie depuis ses débuts, toutes les circonvolutions et tous les soubresauts dans les profondeurs du temps qui font qu’une personne se retrouve soixante ans, quatre-vingts ans plus tard avec ce regard, ces mains, cette façon de vous dire que la vie a été bonne ou mauvaise.

 Échapper au sort commun de la vieillesse

– En deux minutes, j’avais fait mon baluchon et en route pour la Liberté !
Et de s’éclater encore d’une grande salve de rires, accompagné de Charlie qui avait abandonné toute retenue et juillet d’un bon rire gras et sonore. Les deux vieillards s’amusaient comme des enfants à l’idée de ce coup asséné à toutes les travailleuses sociales de ce monde qui veulent enfermer les vieux dans des mouroirs .

 l’euthanasie sans les lois

Il y avait un pacte de mort entre mes p’tits vieux. Je ne dis pas suicide, ils n’aimaient pas le mot, trop lourd, trop pathétique, pour une chose qui, en fin de compte, ne les impressionne pas tellement. Ce qui leur importait, c’était d’être libres, autant dans la vie qu’à la mort, et ils avaient conclu une entente.

 Description d’un incendie de forêt

Le feu a des caprices qu’on ne s’explique pas. Il va sur les plus hauts sommets, arrache le bleu du ciel, se répand en rougeoiement, en gonflement, en sifflement, dieu tout-puissant, il s’élance sur tout ce qui est vivant, saute d’une rive à l’autre, s’enfonce dans les ravins gorgés d’eau, dévore les tourbières, mais laisse une vache brouter son herbe dans son rond de verdure. Que peut-on comprendre ? Le feu, quand il atteint cette puissance, n’obéit qu’à lui-même.

 L’esprit de village

Qui Ange Polson était-elle venue embêter ?
Tout le monde et personne en particulier, la réflexion de sa mère ou de la mercière , venait de ce fond inépuisable de méchanceté que les petites villes entretiennent jour après jour.

La dernière phrase qui sonne si juste et pas seulement pour ce roman.

Et la mort ?
Eh bien, elle rôde encore. Il ne faut pas s’en faire avec la mort, elle rôde dans toutes les histoires.

On en parle

à sauts et à Gambades , Sylire , Aifelle, Clara…..

 Traduit de l’anglais par Isabelle D.Taudière et Clémentine Peckre.
 Lu dans le cadre de masse critique.

3
Livre historique qui rapproche le destin de deux jeunes allemands de la même génération, l’un Rudolf Höss deviendra le directeur d’Auschwitz, fleuron d’une belle carrière chez les SS. Il sera donc responsable des millions d’être humains massacrés sous ses ordres dans des conditions les plus effroyables que l’humanité a pu imaginer. L’autre, Hanns Alexander un peu plus jeune, a failli être une de ses victimes, mais sa famille a réussi à s’installer à temps en Grande-Bretagne. Issue de la très grande bourgeoisie juive de Berlin, la guerre fera de lui un chasseur de dignitaires nazis, et c’est lui qui retrouvera et fera juger Höss.

Le livre est écrit par le petit neveu de Hanns. Chapitre après chapitre on suit la destinée des deux hommes. Comme souvent dans ce genre de récit, on tremble devant l’aveuglement du père de Hanns, qui décoré de la croix de guerre, et médecin renommé, peine à prendre la décision de fuir ce pays. Un Allemand qui l’avait connu pendant la guerre 14/18, a pris sa défense lorsqu’une première fois des SA veulent s’en prendre à lui. C’est si rare de lire cela que je ne résiste pas à citer son nom, le Capitaine Otto Meyer qui préviendra la famille Alexander qu’elle doit absolument fuir lorsque le danger devient trop pressant. Rudolf Höss, est originaire de Baden-Baden et rien n’aurait dû faire de lui un des plus grand meurtrier de l’histoire.

On retrouve dans cet ouvrage, cette idée, aujourd’hui banale, qu’un homme ordinaire mis dans certaines circonstances peut devenir un bourreau.
Je ne peux pas dire que j’ai appris grand chose, car j’ai beaucoup lu sur le sujet. Un aspect me restera en mémoire, si les allemands n’avaient pas connu la défaite sur leur sol, ils auraient gardé les idées du National-Socialisme et seraient toujours antisémites. Comme ce maire qui soutient à Hanns qu’il n’y a jamais eu de juifs dans son village, alors qu’il s’y trouve un grand cimetière juif ! Jusqu’au bout Rudolf Höss croit en son idéal nazi, c’est la défaite et aussi la lâcheté de ses supérieurs au procès de Nuremberg qui l’amène à, enfin dire qu’il s’est trompé.


Je suis restée songeuse en lisant ce passage qui en dit long sur son soi-disant remord

Dans un passage capital de ses confessions, il estimait que l’extermination des juifs était une erreur, non parce que ces massacres à grande échelle étaient immoraux ou monstrueux, mais parce que, soulignait-il, « c’est cet anéantissement en masse qui a attiré sur l’Allemagne la haine du monde entier.

L’épilogue où l’auteur reçoit la douleur du petit fils de Höss qui visite Auschwitz avec l’auteur est important pour l’avenir de l’humanité. L’ouvrage est illustré, ce petit fils a accepté de publier les photos de famille où on voit les Höss dans leur villa d’Auschwitz mener une vie joyeuse et insouciante. Pendant qu’on assassinait, gazait et brûlait des millions de personnes, Madame Höss acceptait que sa villa soit richement décorée d’objets provenant du camp, d’être servie par des employés qui ne lui coûtait rien, mais elle se plaignait de …l’odeur !

La famille Alexander , ne reviendra jamais en Allemagne, ce pays les aura trahi à tout jamais. Le livre comporte de nombreuses annexes et une abondante bibliographie ce qui certifie le sérieux de cet ouvrage qui se lit très facilement.

 Traduit de l’américain par Jean-luc PININGRE.

5
J’ai passé quatre semaine en compagnie de ce gros roman , j’avais noté cet auteur chez Cuneipage, à propos d’un autre titre que je lirai également. J’ai commencé par celui-là car il était diponible à la médiathèque. C’est un roman exigeant et long à lire, mais jamais ennuyeux et qui peint toute la société nord-américaine aux différents stades de la vie. De l’enfance , en passant par l’adolescence jusqu’à la vieillesse, tout est là avec des propos d’une justesse étonnante. Je sais qu’un livre me restera en mémoire quand j’ai envie de noter une multitude de passages. Les scènes dans le bar de Miles sont criantes de vérité.(Mais trop longues à recopier !).

On rit parfois, par exemple, lorsque le seul jeune américain qui n’avait pas conduit avant de prendre des leçons passe son permis au péril de la vie de l’examinateur est à mourir de rire (finalement , l’examinateur n’aura que le poignet cassé !). On sourit souvent aux remarques douces amères sur les défauts des personnages secondaires. Et des personnages, il y en a beaucoup certains hauts en couleur comme ce vieux prêtres complètement frapadingue qui écoute en confession des amours des uns et des autres, en se faisant passer pour son collègue.

Certains sont d’une humanité qui me touche comme Béa, tenancière de bar,la mère de Jeanine, la future « ex » femme du personnage principal, qui se trompe souvent et qui préfère se fâcher contre sa mère plutôt que d’ouvrir les yeux sur ses conduites. Et puis il y a Francine Whiting qui a provoqué le malheur de tant de gens ! Elle est souvent haïssable mais finalement est-elle responsable ou victime ? Mais le roman ne se résume pas à une peinture de personnages, on a peur également car on sent une tension monter peu à peu jusqu’au dénouement et la violence d’un jeune trop cassé par la vie.

J ‘aime beaucoup la personnalité du personnage principal qui se laisse tout le temps avoir à cause de sa gentillesse , il le sait mais n’arrive pas à devenir méchant. Il accepte de servir dans son bar, l’homme qui lui a ravi sa femme , mais j’ai adoré qu’il lui casse la figure le jour où , enfin, la coupe a été trop pleine. Tout le roman est sous-tendu par une histoire qui s’est passée du temps de l’enfance de Miles, on la découvre peu à peu et on sent que le point final ne pourra être mis que lorsque tout sera enfin éclairci.

Un grand roman j’ai tout aimé et aussi parce qu’il a réussi à me faire ralentir mon rythme de lecture habituel.

Citations

Personnalité du gentil Miles

Il avait suggéré à Mrs. Whiting de le remplacer, mais c’était un appareil coûteux et la vieille dame s’y était refusée tant qu’il fonctionnerait. Quand Miles était d’humeur clémente, il voulait bien se rappeler que les femmes de plus de soixante dix ans n’aimaient pas qu’on leur parle d’une machine âgée, épuisée, qui avait déjà duré plus que leur espérance normale de vie. Lorsqu’il était d’humeur moins charitable, il soupçonnait son employeur de faire coïncider l’obsolescence de tout le matériel -le Hobart, le fourneau Garland, le Grimm, le Mixer à milk-shake, avec son propre décès, minimisant ainsi sa générosité

 L’humour de l’adolescente

La seule bonne chose qu’ait apportée la séparation de ses parents, avait déclaré Tick, était qu’au moins elle n’avait plus besoin d’aller à l’église, maintenant que sa mère avait troqué la religion catholique contre l’aérobic.

 Les disputes dans le couple

Pour Miles un des grands mystères du mariage était qu’ on disait à chaque fois les choses avant de comprendre qu’il aurait fallu se taire.

 Un dicton à méditer

Qui veut s’entendre avec ses voisins met une clôture à son jardin.

 Humour de Miles

À chaque fois que Max l’emmenait en voiture, Miles ressentait une profonde parenté avec tout être vivant incapable de courir plus vite que son père ne conduisait, à savoir -les guépards étant rares dans l’état du Maine- à peu près tous.

 Un personnage vraiment radin et antipathique

Walt avait même dû emprunter pour payer l’alliance et les deux jours de lune de miel foireuse sur la côte, au cours desquels, si Jeanine avait eu un cerveau, elle aurait pu comprendre pourquoi il aimait tant faire l’amour avec elle. Parce que ça ne lui coûtait rien

 Je trouve cette phrase particulièrement juste

Ce n’est pas parce que les les choses arrivent progressivement qu’on est prête à les vivre. Quand ça urge , l’esprit s’attend à toutes sortes de mouvements brusques , et on sait que la vitesse est un atout. La « lenteur » , qui fonctionne sur un mode totalement différent , donne à tort l’impression d’avoir le temps de se préparer, ce qui occulte une réalité fondamentale , à savoir que les choses peuvent sembler particulièrement lentes, on sera toujours plus lent soi-même.

 On en parle

voir Babelio

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque.

1
J’ai deux motifs de satisfaction :

 

  • D’abord, à cause de la couverture, un lecteur choisira, peut-être ce livre en pensant lire une œuvre érotique… Et… Il tombera sur Bruno Kerjen et ses masturbations au téléphone !
  • Mais surtout, j’imagine l’horreur pour Nina Bouraoui , d’être restée le temps de l’écriture à peaufiner un être aussi nul et qui ne vit que pour la raideur de son sexe !

Je ne sais pas pourquoi mais cette idée me faisait du bien , tandis que je me morfondais à la lecture de son roman. Devient-on méchante quand un livre vous déplaît totalement ?

Voilà, j’ai tout dit ou presque, une écrivaine a créé un personnage degré zéro de l’humanité, et m’a horripilée pendant tout le temps de la lecture. En plus, ce livre fourmille de détails inexacts qui évidemment vont agacer les malouins (je m’en fiche, je suis dinardaise !). Nina Bouraoui est née à Rennes donc, elle connaît la région, et de toute façon elle peut regarder une carte ! Comment son personnage peut-il voir la Vilaine dans le train de Paris à Saint-Malo ? Pourquoi situer Rothéneuf à 10 kilomètres dans les terres ? Pourquoi garer une voiture porte Saint-Vincent, en pensant qu’elle est proche de la sortie de la gare ? …

Un livre de plus , qui veut décrire le cafard ambiant des hommes qui ratent leur vie ? Bien sûr, pour donner une couleur « sociétale » il y a Supelec, cette entreprise qui va délocaliser, mais son personnage, Bruno Kerjen, est si vide qu’il ne peut en rien, nous apprendre quoi que ce se soit sur les difficultés des gens qui subissent ces délocalisations. Sa seule action a été de se raser la tête ! D’ailleurs, ça suffit pour le faire virer …non, j’exagère ! Mais pas tant que ça.

En ces temps, où il pleut un jour sur deux , je ne recommande pas cette lecture.

Citations

Sa vie à Saint-Malo cadre d’une tristesse infinie

la vie n’était pas un cadeau mais pas toujours un fardeau pour certains, mais ceux-là, il ne les connaissait pas ; la vie manquait d’horizon, de promesse, elle était brutale comme toutes les pierres grises qui tenaient les maisons de la rue de son enfance que seuls les hortensias coloraient.

Photo pour vérification , c’est bien de ce Saint-Malo là dont il s’agit :

le manque d’horizon :

 

L’érotisme du personnage

Ses épaules avaient durci grâce aux exercices de Maurice tout comme sa queue qui se réveillait elle aussi:Marlène devait être dans le coin.

 On en parle

On en dit du bien dans la presse ; dans les blogs, je n’ai pas encore trouvé de billet concernant ce roman.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque

3
Quelle énergie dans ce livre, mais également quelle volonté de démontrer ! Démontrer que l’exploitation des mines s’est construite sur la destruction de la partie la plus vulnérable de la population. Les propos du livre sont très durs et sans nuance, on se demande pourquoi ces pauvres gens se laissaient, ainsi, conduire à une mort certaine sans mirador ni barbelés…. L’autre côté ce sont les familles possédantes uniquement centrées sur leurs propres intérêts. Uniquement ? Pas tout à fait, heureusement ,un personnage est intéressé au sort des mineurs. Hippolyte qui a étudié et qui essaie d’améliorer la condition ouvrière et il y réussit.

Bref on relit du Zola,sans le talent littéraire, je ne peux pas dire que cela m’a beaucoup convaincue. Pourtant, je parlais d’énergie, parce qu’une petite fille Sophie qui est l’écrivaine, si j’en crois ce que je lis, se trouve être, par le plus grand des hasards, issue d’une des familles possédantes des houillères, et d’une famille de mineurs. Lorsque cette enfant paraît dans le roman, les personnages se complexifient. Pour plusieurs raisons :

  • L’auteure a connu les gens dont elle parle et cela l’empêche sans doute de voir le monde en noir et blanc.
  • La condition des mineurs s’est améliorée et la fermeture des usines est vécue comme une catastrophe aussi bien pour les possédants que pour les anciens mineurs
  • Une partie de la famille des mineurs a réussi son ascension sociale alors que la riche famille des possédants s’enfonce dans la pauvreté que l’on cache sous des allures de grandeurs.

On sent alors que l’enfant à qui on raconte des carabistouilles sur ses origines n’aura qu’une envie : se sortir de son milieu. Ce sont les événements de 68 qui lui permettront de s’émanciper complètement et voilà la militante politique qui règle ses comptes avec ses origines si étouffantes. Je comprends bien la démarche de Sophie Chauveau, au centre de relations conflictuelles, elle a voulu dire qui elle était et c’est ce qui m’a fait lire ce roman jusqu’au bout. Mais j’ai beaucoup moins apprécié qu’elle veuille également décrire la France du Nord et des mines de 1900 à 1968 avec le regard de la militante politique qu’elle est devenue.

Je trouve que sa vision de la société est trop manichéenne et sans grand intérêt. On a lu ces récits tant de fois, aussi bien du côté des mineurs que des grandes familles bourgeoises.

 Citations

Voilà le genre de passage où je trouve que l’auteur exagère à plaisir ! la glace qui dure 6 mois

 Des corons, des crassiers, des curés, des patrons d’une férocité inimaginable et des terrils à perte de vue, partout des malheureux de tous âges, des hommes aux gueules noires, des mioches chétifs et blêmes, accablés d’otites ou gémissant à fendre l’âme, et des femmes qui les lavent sans trêve. Hommes et gosses, par ici elles lavent tout, jusqu’aux murs des maisons qui noircissent trop vite. Sans cesse occupées à laver les femmes ! Pas d’autre horizon que le lavoir où , la moitié de l’année il faut fendre la glace.

On en parle

Je n’ai pas encore trouvé de blogs qui en parlent.

Traduit de l’anglais par Robert Fouques Duparc
Lu dans le cadre du club de lecture de ma médiathèque : thème Afrique du Sud

3
Devrait-on relire les livres qui nous ont marqués à leur parution ? Je n’ai pas la réponse, mais j’ai du mal à cacher ma déception pour ce livre là. Il faut dire que son écriture correspondait à un moment précis de l’histoire de l’Afrique du Sud , au moment où une répression terrible s’abattait sur tous ceux et celles qui voulaient que le monde entier sache ce que le régime de l’apartheid cachait d’horreurs dans son implacable application.

André Brink a eu le mérite, grâce à ce livre , d’ouvrir notre conscience à l’inacceptable violence faite aux valeurs de l’humanité. Un homme honnête, Ben Du Toit, simplement honnête, veut montrer qu’on a tué d’abord le fils du jardinier de l’école puis, le jardinier lui-même seulement parce qu’ils étaient noirs. Je me souviens bien combien j’avais été angoissée par l’enquête du personnage principal Ben , au point d’avoir parfois du mal à tourner les pages. Le roman commence en effet par la fin , la mort de l’honnête et courageux Ben. On sait que tout finit mal, seul espoir : l’écrivain réussit à écrire ce roman , il en devient un personnage ; comme son livre est arrivé jusqu’à nous, on comprend qu’une partie de la vérité a été révélée au monde.

Je trouve que le roman a vieilli et il m’a fallu toute la force de mes souvenirs pour aller jusqu’au bout. Je ne veux pas m’étendre car ce serait comme abîmer une œuvre qu’on a adorée mais je laisse à deux autres blogueuses le soin d’exprimer deux opinions opposées.

Citations

Une citation qui sert trop souvent (elle est de Tolstoï)

Toutes les familles heureuses se ressemblent. Mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon.

Face à la tyrannie, je suis d’accord avec cette phrase

Je veux dire que peu de gens semblent prêts à être simplement humains, à en prendre la responsabilité.

 La vie

Attendre, attendre. Comme si la vie était un avoir dans une banque, un dépôt qui vous serait restitué un jour, une fortune. Et puis vous ouvrez les yeux et vous découvrez que la vie ne vaut guère plus que la petite monnaie qui se trouve dans votre poche.

Le racisme

Ils ne savent pas ce qu’ils font. Même quand ils tuent nos enfants, ils ne savent pas ce qu’ils font.. Ils croient que ça n’a pas d’importance. Ils ne croient pas que nos enfants soient des êtres humains. Ils pensent que ça ne compte pas.

 On en parle

Missbouquin qui aime beaucoup et Mimipinson qui n’a pas apprécié.

 Roman lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque

3
Roman historique qui remplit parfaitement son office : renseigner le lecteur le plus exactement possible sur un fait du passé, et maintenir son intérêt grâce à une intrigue romanesque. Je ne connaissais les Amish que grâce au film Witness et quelques reportages lus. Marie Kuhlmann, écrivaine spécialiste de l’histoire alsacienne, s’est documentée sur les anabaptistes, secte protestante à l’origine des Amish.

Originaires de Suisse, ils fuient les persécutions des luthériens. Ils s’établissent en Alsace et là certains d’entre eux, seront à la recherche d’une plus grande pureté. Ils deviendront les Amish du nom de Jacob Amann leur prédicateur. La partie romancée suit une famille particulière celle d’Elias et Frena Freiner. On est plongée dans les difficultés de ces gens soumis aux persécutions et aux rudesses de la vie rurale. S’ajoutent pour eux les rigueurs qu’ils s’imposent à eux mêmes, par exemple : qu’un de leurs enfants épouse une anabaptiste non Amish, ils se coupent définitivement de lui et ne le reverront jamais. Ce qui me passionnent sur ce sujet c’est de voir que toute religion entraîne l’intolérance. Les protestants persécutés en pays catholiques ont été d horribles persécuteurs dans les pays protestants.

Le roman se lit très facilement mais n’est pas d’un grand intérêt littéraire, ce n’est pas son but on passe un agréable moment de lecture et on apprend beaucoup de choses sur cette sombre période d’intolérance religieuse.

Citations

L’intolérance

Là-bas, comme il ne parvenait pas à ses fins, il excommunia les opposants, qui firent de même à son encontre. Ancien contre Ancien, puisqu’ils étaient les seuls à pouvoir excommunier, chacun étant certain que l’autre commettait une grave erreur.

 Dominique, merci.

5
Et, j’espère que mon billet va donner envie à d’autres blogueurs et blogueuses de lire cet essai. Ok ! il est un peu long mais passionnant presque de bout en bout. Le « presque » n’est pas une critique mais décrit la nature même de cet essai. Svetlana Alexievitch part à la recherche de témoignages de citoyens qui ont connu l’URSS et qui vivent maintenant en Russie.Il y a donc, des témoignages plus intéressants que d’autres. Elle sait écouter ses compatriotes et on sent qu’il faut parfois du temps à ces gens pour dévoiler ce qui les rend très malheureux.

L’auteur alterne les témoignages assez longs avec des « propos de cuisine », qui sont un peu les brèves de comptoir chez nous. On y lit l’opinion de « Monsieur et Madame tout le monde » et que, le saucisson a longtemps été l’unité de mesure de la richesse d’un pays ! Tous ou presque sont tristes et les seuls destins moins tragiques sont ceux qui vivent à l’étranger.

On ressort bouleversé par cette lecture, car on se sent aspiré peu peu par les différentes tragédies russes. J ai parfois été proche du malaise, car il ressort de ce livre que le pire ennemi de l’homme c’est l’homme s’il a le droit de tout faire subir à son semblable. Comme ce tortionnaire qui se vante d’avoir fait mourir des prisonniers en leur maintenant la tête dans les seaux d’excréments.

Il se pose alors régulièrement cette question : comment vivre sereinement en Russie, puisqu’aucun tortionnaire n’a été jugé. Les victimes et les bourreaux se partagent donc les lieux de rencontre. Je pense que cela ne doit pas être très facile à vivre. À travers tous ces témoignages un élément ressort régulièrement, du temps de la période soviétique, l’argent n’avait pas d’importance et c’est pour tous un choc énorme d’imaginer qu’aujourd’hui, on soit jugé sur ses capacités financières.

Il y avait peu de plaisirs durant les 70 années du soviétisme, en conséquence de cela (peut-être), les joies de l’esprit -en particulier celles des textes littéraires- s’imposaient. Les jeunes Russes d’aujourd’hui n’ont plus ce goût de lire. Être libres, voulaient dire pour les intellectuels soviétiques, pouvoir lire ce qu’on voulait ,sauf que maintenant ils sont libre et ils ne lisent plus !

Le plus déchirant , parce ce que plus contemporain : les victimes des purges staliniennes appartiennent au passé, c’est le sort des Russes dans les nouvelle Républiques. Les guerres contre les minorités sont horribles , tout est permis et, hélas ! Ça continue.

Un grand livre indispensable pour comprendre notre époque !

 Citations

Humour communiste

Un communiste, c’est quelqu’un qui a lu Marx, et un anti-communiste, c’est quelqu’un qui l’a compris.

L ‘argent

Avant, je méprisais l’argent parce que je ne savais pas ce que c’était. Dans notre famille, on n’avait pas le droit de parler d’argent. C’était honteux. Nous avons grandi dans un pays où on peut dire que l’argent n’existait pas. Je touchais mes cent vingt roubles, comme tout le monde, et cela me suffisait. L’argent est arrivé avec la perestroïka. Avec Gaïdar. Le vrai argent. Au lieu de « Notre avenir, c’est le communisme ! » il y avait partout des pancartes avec « Achetez…Achetez…..L’argent est devenu synonyme de liberté.

 Juger Staline ?

Pourquoi nous n’avons pas fait le procès de Staline ? Je vais vous le dire… Pour juger Staline, il faut juger les gens de sa propre famille , des gens que l’on connaît. Ceux qui nous sont le plus proches.

 Les gens simples

Ils n’étaient pas tous communistes, mais ils étaient tous pour un grand pays. Les changements, ça leur faisait peur , parce qu’après tous les changements, les gens simples finissent toujours par se faire avoir.

 Un pays conçu pour la guerre

Notre État a toujours fonctionné sous le régime de la mobilisation , dès les premiers jours. Il n’était pas conçu pour la paix.

Une formule à retenir

Le communisme, c’est comme la prohibition : l’idée est excellente mais ça ne marche pas.

 Une famille ordinaire

Moi, je fais partie des gens que monsieur l’oligarque envoie se faire foutre. Je viens d’une famille ordinaire : mon père est alcoolique, et m amère se crève la paillasse pour trois fois rien dans un jardin d’enfants. À leurs yeux nous sommes de la merde , du fumier… Un jour quelqu’un me mettra obligatoirement un fusil entre les mains . Et je le prendrai.

 L’exil

J’ai fichu le camp aux États-Unis. Je mange des fraises en hiver. Du saucisson, il y en a autant qu’on en veut ici.

 Les changements

Il y en a qui ont eu le gruyère et d’autres, les trous du gruyère.

Les héros soviétiques à la maison

Un héros ! Pendant longtemps, il s’est pavané avec son manteau militaire, il buvait, il faisait la bringue. C’était ma grand mère qui travaillait. Lui, il était un héros.

On en parle

Chez Dominique où je l’avais noté et « entre les lignes et entre les mots » blog que j’ai trouvé chez Babelio.

 Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque , thème : le voyage.

3
J’ai dans la ma liste, deux romans de cet auteur que vous avez été plusieurs a bien aimés : « la lune captive dans un oeil mort » et « la théorie du panda » chez Krol une fan inconditionelle de cet auteur. 
Ce roman est, je le pense parce que je n’ai pas lu les autres, un bon exemple de son écriture.

Il y a un charme à sa façon d’écrire, et ses personnages sont attachants malgré leur peu d’envie de vivre. Mais j’avoue que l’extrême pudeur du narrateur m’a quelque peu dérangée. Le narrateur mal dans sa vie, et en décalage avec le monde qui l’entoure, s’enfuit à travers la France avec sa fille Anne qu’il a fait sortir de l’hôpital psychiatrique. On ne saura pas pourquoi elle y était, une chose est sûre, il aurait mieux valu, pour les personnages transformés en cadavres, qu’elle y soit restée.

Rien n’étonne son père (moi si !) et comme il n’a plus goût à grand chose cette cavale lui semble mieux que la vie avec la gentille Chloé qui passe son temps à rénover des tables de nuit. Dit comme ça, on pourrait penser que je n’ai pas aimé ce roman, ce n’est pas tout à fait vrai , Pascal Garnier a un style et une façon de raconter qui retient le lecteur.

Je lirai ses autres livres pour me faire une idée définitive de cet écrivain. Pour l’instant je ne suis pas totalement conquise.
Je mets en lien son interview où il m’est apparu très sympathique.

Citations

J’aime bien cette phrase

Bien des fois, alors qu’il circulait au volant de sa voiture, il avait remarqué ces individus, généralement solitaires, penchés au-dessus des grands axes routiers comme des busards mélancoliques.

C’est exactement l’état d’esprit du personnage principal

La vie au paradis. C’était exactement l’idée que Marc s’en faisait, l’insignifiance poussée jusqu’à la perfection. 

On en parle

Biblio-lingus beaucoup plus enthousiaste que moi

et son interview sur encres vagabondes