Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
Je n’ai visiblement peu de goût pour les romans historiques, et sans ma fidélité au club de lecture, je ne finissais pas ce roman. Tout m’agaçait prodigieusement dans cette relecture de l’histoire d’Aliénor d’Aquitaine et de son mari, le très pieux roi Louis VII. J’en voulais à l’auteure qu’elle fasse d’Aliénor une féministe en révolte contre la religion, avec des traits de caractère beaucoup plus proches du 21e siècle que du 12e.
Et puis, à la fin du roman, en quelques lignes, l’auteur dit qu’on sait si peu de choses sur cette femme qui a pourtant vécu quatre vingts ans, qu’elle a inventé un personnage sans vouloir respecter la vérité historique que, de toute façon, on ne connaît pas. Elle respecte la chronologie et les faits historiques avérés, elle invente les caractères des personnages et les motivations qui les poussent à agir Cela m’a quelque peu réconciliée, avec son texte. Si on ne peut lui en vouloir d’avoir enrichi ses personnages d’une analyse psychologique digne de Freud, on peut par contre aimer se retrouver dans cette époque grâce aux confidences des deux époux et sentir, à travers leurs récits, vivre et surtout souffrir les hommes , les femmes et les enfants du 12° siècle .
Aliénor est donc campée comme une femme dégagée de toute contrainte religieuse, elle devient sous la plume de Clara Dupond-Monod, une femme libre qui veut imposer sa vision guerrière à un roi confit en dévotion. Louis VII, mal aimé de son père, amoureux transi de sa belle guerrière, ne prend les armes que pour lui plaire et aurait préféré régner par la négociation plutôt que par le glaive. Il n’empêche qu’il matera la volonté de Poitiers de s’ériger en ville libre. Il ne tuera que les hommes en laissant vivre les femmes et les enfants ce qu’il ne fera pas à Vitry-en-Perthois où il n’hésitera pas à faire brûler 1300 habitants qui s’étaient réfugiés dans l’église, surtout des femmes et des enfants. De ce massacre horrible, il en gardera une culpabilité qui l’entraînera à faire une calamiteuse croisade pour tuer à nouveau femmes et enfants mais des infidèles cette fois ! Quelle époque sympathique ! Si l’auteure a pris des libertés avec la réalité psychologique des personnages, elle a su faire revivre cette période qui, pour le moins, ne m’attire pas du tout.
Citations
le roi Louis VII
Mon père (Louis VI Le gros) ne prêtait pas attention à moi. Il préférait Philippe. Il aurait pu me comprendre à défaut de m’aimer. Mais ma vocation de prêtre lui échappait complètement. Dès lors, j’ai pu devenir monarque sans crainte puisque j’étais sans modèle. Un père que l’on déçoit, comme c’est reposant.
Aliénor d’Aquitaine
Les chemins sont nécessaires. Ils ne sont pas là par hasard. Ils ont été inventés par l’homme. Ils ont un début et une fin. Ils sont comme la guerre. les chemins et la guerre n’existent que pour leur utilité. Personne ne les entreprend par plaisir. Ils servent. Ils sont des jalons fidèles de notre histoire, et sans eux il n’y a pas de royaume.
Aliénor la guerrière
Regretter un combat est bien pire que de le perdre.
Aliénor méprisant son royal époux
Par moi, il a goûté la haine. Par lui, j’ai découvert la honte. Quel magnifique couple nous formons ! J’aurais tant donné pour marcher à côté d’un roi. Qu’un monarque porte une couronne et un manteau d’hermine, est-ce trop demander ? Maudits soient ces abbés qui effacent les êtres !
On en parle
Peu de critiques négatives sur Babelio.