Lu grâce au club de lecture de la médiathèque de Dinard. et il a obtenu un coup de cœur.
Marcher droit tourner en rond
Je suis si contente de commencer l’années par un cinq coquillages ! Et, Keisha va être contente son petit chouchou est récompensé d’un coup de cœur à l’unanimité de celles qui l’avaient lu dans mon club (je peux lui dire que c’est rare !). Comme je me régale également avec son précis de médecine imaginaire, j’ai mis les deux livres d’Emmanuel Venet dans le même billet.
Commençons par « Marcher droit tourner en rond » vous comprendrez la photo car il s’agit en effet de dévoiler la vérité qui se cache derrière toutes les photos de famille.
Marguerite a cent ans et son petit fils est à son enterrement. Tout le monde fait un portait élogieux de cette centenaire. Oh là ! non non non, il lui manque une semaine pour être centenaire et j’en connais un que ça agace ce manque de précision : son petit fils qui vit avec un syndrome Asperger. Cela lui donne trois compétences poussées à l’extrême : le scrabble, le petit bac et la connaissance des catastrophe aériennes. En plus, évidemment une incapacité totale à se satisfaire des mensonges qui dissimulent toutes les conduites de façades en société. L’enterrement est donc pour lui l’occasion de raconter toutes les méchancetés des uns et des autres, c’est drôle, on a vraiment l’impression de voir l’envers du décor. C’est l’occasion aussi de revivre son amour pour Sophie peu récompensé malgré une belle constance de sa part.
Je pense que l’auteur, psychiatre, a mis beaucoup de sa propre connaissance de l’âme humaine pour écrire ce texte. Je vous cite la citation de Sigmund Freud qu’il a mise en exergue au début du roman car j’ai souri :
La grande question à laquelle je n’ai jamais trouvé de réponse, malgré trente ans passés à étudier l’âme féminine, est : » Que veut une femme ? »
Citations
Logique ?
Elle aimait à répéter que la vieillesse est la pire des calamités, mais chaque hiver, elle se faisait vacciner contre la grippe, et, à la moindre bronchite elle extorquait au docteur Comte des antibiotiques. Pour ma part, si j’en arrivais à trouver ma vie trop longue, je cesserais de me soigner et me laisserais mourir une bonne fois pour toutes.
Compétence inutile
J’entretiens également une compétence hors du commun pour le jeu du petit bac, mais j’ai rarement l’occasion de m’en servir.
La vie de couple
Au bout de deux ans de vie commune, elle avait donc établi une fois pour toutes la répartition des rôles dans leur couple : il revenait à Imre de payer des cadeaux et à elle-même de les recevoir, et il était convenu que ce contrat moral donnait pleine satisfaction aux deux parties.
Une logique un peu rude
J’ai perçu trop tard que j’avais péché par excès de confiance en lui suggérant il y a trois ans, de demander l’euthanasie de son fils : lors du procès, j’ai senti que cette idée l’avait froissée.
Incompris
Je frisonne encore au simple souvenir des expressions « harcèlement » et « violence morale », leitmotiv de ces vingt minutes de procès bâclé : est-ce vraiment harceler que d’envoyer une dizaine de message par jour à une femme à qui vous pensez jusqu’au plus profond de votre être.
Le petit précis de médecine imaginaire
Ce sont de courts textes à déguster pour se guérir de la morosité. J’avais d’bord mis 4 coquillages, car certains textes (surtout la partie sur les ondes) me plaisaient moins que d’autres. Mais j’ai suivi le conseil de Keisha : relire ces petits textes au hasard et non pas à la suite. Tous sont alors de petits bijoux . elle en a recopié sur son blog qui m’a poussée à acheter ce livre , à mon tour je vous en offre un et si je réussis à vous séduire tout le livre d’Emmanuel venet se retrouvera sur nos blogs !
Malaises
Une fois à la retraite, mon grand père Joseph a fait trois chutes. Il avait l’habitude quand le temps le permettait, de pérégriner des journées entières pour faire des courses ou pour surveiller, en compagnie d’autres badauds, la bonne marche des chantiers des environs ; Trois fois, donc ;, il rentra les genoux couronnés, boitillant, endolori mais anormalement soucieux. L’affaire se soldait par du mercurochrome et des bandages, mais on la prenait tellement au sérieux qu’un des enjeux, à coup sûr, m’échappait. Rétrospectivement, j’ai compris que Joseph avait peur qu’on parle de malaise, et que ce soit fini de la vie paisible.
Le malaise, concept central de toute expérience existentielle, est affreusement mal traité par la médecine savante, qui le considère au mieux comme une approximation à déconstruire. Il n’existe même pas, dans la littérature spécialisée, d’ouvrage consacré à ce sujet inépuisable. Osons le dire tout net, il manque à notre science un bon et solide »Traité du malaise », avec étymologie, historique, étude clinique et tout le bataclan. Moyennant quoi le patricien consciencieux parvenant mal à distinguer entre effet de langage et ennui de santé, craint systématiquement de passer à côté d’une maladie grave et épuise son malade en examens inutiles qui, bien souvent débouchent sur un diagnostic. De sorte que le patient poursuit sa vie beaucoup moins sereinement que s’il n’avait pas consulté.
Joseph, lucide sur le risque, s’en remettait donc aux antiseptiques et aux bandages. Vu qu’il tenait debout et gardait la vigueur de s’opposer à toute consultation intempestive, on n’a jamais bien su les circonstances de ses chutes.
Et une citation car j’ai éclaté de rire
sous la rubrique paranoïaque
Cette évocation réveille quelques figures admirables : la crapule désœuvrée qui trouve dans un mur mitoyen une mine de « casus belli » ; l’hémorroïdaire acharné à se faire rembourser son papier hygiénique par la sécurité sociale ….