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Traduit de l’anglais par Michèle VALENCIA

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J’ai été passionnée par ce roman, je l’ai lu deux fois, la première fois pour fixer l’intrigue et la deuxième pour en savourer les moments clés. (Il faut dire que j’étais beaucoup dans les transports parisiens ces derniers temps et Marie O’Farrel sait embarquer son lecteur dans son univers romanesque). Le récit est très bien construit, avec sans doute quelques invraisemblances, du moins je l’espère (pouvait-on garder 60 ans dans un asile quelqu’un qui avait bien énervé ses parents ?).

Iris, une jeune femme d’aujourd’hui, a de grandes difficultés à construire sa vie amoureuse, elle est entourée par deux voix de femmes très âgées, qui reconstruisent leur passé, l’une a la maladie d’Alzheimer, l’autre a été internée pendant plus de soixante ans. Ces trois destins sont liés et jusqu’à la dernière ligne, le lecteur est tenu en haleine par une intrigue très bien menée. On est plongé dans la haute société Ecossaise du milieu du siècle dernier. Une jeune fille, un peu originale, qui aurait préféré faire des études plutôt que de se marier va être victime de sa propre famille.

Un des intérêts du livre, c’est la réflexion sur la condition féminine et l’horreur de l’internement abusif. Jamais le roman ne tombe dans la démonstration car tout est raconté de façon parcellaire par deux vieilles femmes qui peuvent se tromper, s’il est certain qu’Esme n’aurait jamais dû être traitée de cette façon, on ne saura pas si elle n’était pas un peu déséquilibrée. J’aime bien que les choses ne soient pas présentées de façon simpliste, ce n’est pas un roman à thèse, cela reste avant tout un bon roman qui permet, aussi, de réfléchir sur les graves dysfonctionnement de l’internement en psychiatrie au siècle dernier.

Citations

Il suffisait à un homme d’avoir un papier signé par un généraliste pour faire interner sa femme ou sa fille dans un asile d’aliénés (…) Un bonhomme pouvait se débarrasser d’une fille indocile.

 

leur grand-mère les oblige à revêtir leurs plus beaux habits et à arpenter le front de mer en saluant les passants. Surtout les familles qui ont des fils.

 

Nous ne sommes que des vaisseaux par lesquels circulent des identités… Nous venons au monde en tant qu’anagrammes de nos ancêtres

 

Nous parlons d’une gamine de seize ans qu’on a enfermée pour avoir essayé des vêtements.

 

Vêtues de chemises pâles, elles se déplacent comme des nuages. Difficile de dire s’il s’agit d’hommes ou de femmes car leurs chemises sont lâches et leurs cheveux coupés si courts. Certaines regardent droit devant elles, sans bouger. L’une sanglote dans ses mains. Une autre pousse un cri rauque qui se termine en marmonnement.

 On en parle

Delphine’s Book, je partage son avis sur le personnage d’Iris. Le goût des livres et à sauts et à gambades, mon blog fétiche, avec une photo remarquablement choisie et qui m’a fait remonter bien des souvenirs.

2
Surtout ouvrez le lien à la fin de mon texte : quelqu’un a beaucoup aimé ce roman que je n’ai pas apprécié. Mes lectures sont guidées par le club de lecture de ma bibliothèque, en général, je vais de bonne surprise en bonnes surprise. Ce roman me tombe des mains, c’est pour cela que je trouve qu’il faut un autre avis que le mien. Je me suis accordé le droit que Daniel Pennac a donné à tous les lecteurs : ne pas finir un livre lorsqu’on s’ennuie.

Je l’ai survolé à partir de la page 100. Pourtant l’histoire promettait de m’intéresser. Trois jeunes sœurs orphelines résistent au conseil de famille et décident de se débrouiller pour gagner leur vie, plutôt que vivre avec la tante Rosie qui ne leur veut pas du bien.

Je n’arrive pas à m’intéresser aux personnages, ils apparaissent comme une caricature d’eux-mêmes. C’est visiblement le style de cet écrivain, il ne veut pas révéler la profondeur des personnages ni expliquer le pourquoi de ce qui leur arrive. À force de mettre de la distance par tout, je me suis sentie peu à peu étrangère, aux déboires et difficultés de ces trois jeunes femmes, et la fin, l’intérêt de la troisième pour un pervers assassin a fini de me décourager.

J’abandonne.

On en parle

Et en bien : sur la route de Jostein.

3
Un tout petit livre, pas plus long qu’une nouvelle, agréable à lire. Je ne partage pas l’enthousiasme de certains blogs sur le message contenu dans ce livre. Je ne crois pas qu’il fasse réfléchir sur la vieillesse, c’est une courte fable autour du bonheur de découvrir que, quelqu’un qui a dépassé l’âge de raisonner, peut encore nous apporter sa générosité et sa sensibilité. En le lisant, j’ai pensé à toutes mes amies et à tous mes amis qui le cœur serré , ont été obligés de laisser leur parents vieillissant dans des maisons adaptés pour eux. Je pense aussi à leur bonheur, quand ils se sont rendu compte qu’un personnel formé à la très grande vieillesse, permettait à leurs parents d’être de nouveau un peu présents au monde.

« Mon vieux et moi » ne prétend pas donner des leçons, je pense qu’il faut le lire comme un petit clin d’œil, drôle et tendre, vers le grand âge.

Citations

Si vivre avec une personne âgée apporte de grands questionnements, je constate aujourd’hui que bien des réponses sont facultatives. Je côtoie l’incertitude et l’inexplicable au quotidien, et je m’en porte très bien.

 

Souvent, il m’aide à prendre des décisions. Par exemple, lorsque j’hésite entre une émission télévisée plutôt qu’une autre, je lui cède la télécommande et il éteint, tout simplement.

 

Les vieux (…) souhaitent mourir et n’y parviennent pas.

 

Je ne les comprenais pas d’aimer Jésus. Fixé à ses deux madriers, il semblait terne et misérable. Rien pour évoquer le bonheur. Il m’arrivait de l’observer et de glisser une main sous ma veste. Je me tâtais alors, inquiet à l’idée de posséder mois de côtes que lui.

 On en parle

À sauts et à gambades (Toujours mon blog fétiche). Carozine (Un nouveau blog à découvrir).

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Traduit de l’anglais américain par Éric Chédaille, cadeau des éditions Christian Bourgeois.

2
Tenir un blog, toutes celles qui le font savent à quel point c’est un plaisir. Essentiellement, celui de pouvoir dire pourquoi on apprécie tel ou tel livre. Comme le monde des blogs est très vaste, nos avis se croisent et nous permettent d’affiner nos impressions. Il est un autre plaisir, celui de recevoir en cadeau un livre pour en faire la chronique. Les choses alors se compliquent ; a-t-on le droit de critiquer un cadeau ? Je dois d’abord dire merci aux éditions « Christian Bourgeois » de m’avoir envoyé ce roman. Et je précise bien que je suis lectrice, non pas critique littéraire. Toutes ces précautions prises, je dois dire que je n’ai qu’à moitié apprécié ce roman.

Deux thèmes se croisent, un amour pour un trop beau pilote qui s’avère être un homme à femmes, et une épidémie mystérieuse qui coupe peu à peu l’Amérique des autres pays et des bases de sa propre civilisation.

Si vous voulez connaître toutes les peurs des Américains ce roman vous éclairera

  • Peur d’être rejeté par le reste du monde.
  • Peur de ne pas être aimé.
  • Peur de ne plus avoir le confort du monde moderne.
  • Peur de la maladie.
  • Peur de la pollution.
  • Peur d’autrui…

Le thème du retour au monde primitif a été maintes fois traité, il n’y a rien d’original dans ce roman. Par contre, la découverte de la vraie personnalité de son bel amour aurait pu être un bon ressort si, dès le début, on ne devinait pas que ce bellâtre n’allait pas tenir ses promesses. D’abord, dans un roman américain d’aujourd’hui, écrit par une femme les hommes ne peuvent pas avoir un beau rôle, ici c’est presqu’une caricature : ils meurent, ils disparaissent, ils fuient !

Ce qui m’a le plus intéressée, c’est la transformation de l’adolescente révoltée stupide en une vraie personnalité. Ce n’était peut-être pas la peine d’imaginer une épidémie de peste pour ce résultat. Je n’ai pas trouvé de blogs parlant de ce livre mais quelques sites, ils vantent l’écriture de cette écrivaine, comme je ne l’ai pas lu en anglais c’est difficile de juger. J’ai trouvé que ce roman était très lent, plat, sans montée réelle vers l’angoisse de la mort et que ce défaut n’était pas contrebalancé par la peinture, critique ou positive du quotidien d’une famille américaine.

C’est le principal reproche que je ferai : « En un monde parfait » décrit la vie de tous les jours à travers une passion puis d’une rupture amoureuse, autour de ces personnages rôde une terrible épidémie, mais on n’a jamais peur, tout finit par se solutionner. Il y a bien quelques morts, surtout des hommes, sans pour autant de montée dans l’angoisse. J’espère que d’autres lectrices vont me contredire. Bonne chance à ce roman !

Citations

D’une demoiselle d’honneur elle possédait les jambes galbées, la taille de guêpe, les cheveux blonds retombant sur les épaules… Elle avait porté du satin vert et de la mousseline jaune et quelque chose de rose et d’empesé…

 

Certains des cyclistes arboraient le désormais familier drapeau américain frappé d’un gros X noir.

 

À présent, tout le monde haïssait, semblait-il les Etats-Unis. Ce pays qui avait, durant des dizaines d’années, saccagé l’environnement avec ses grosses voitures et ses interventions armées, voulait maintenant étendre son épidémie au reste de la planète.

Traduit de l’anglais par Brice Matthieussent.

4
Jim Harrison a un véritable talent : celui de nous entraîner dans un ailleurs fait de grands espaces, d’une nature superbe, grandiose, majestueuse et parfois dangereuse. Je dois avouer que je n’ai lu que la première des trois nouvelles. Cela ne veut absolument rien dire pour la qualité des autres, simplement, j’ai du mal à lire des nouvelles du même auteur à la suite, ce sont trois univers différents qui demandent à chaque fois un effort pour entrer dans le monde mental des personnages. Elles sont liées par un cadre somptueux mais ça ne suffit pas. Ce livre étant au programme de lecture de notre club, je ne peux pas le garder trop longtemps, je reviendrai donc, vers ce recueil à un autre moment.

La première nouvelle « La fille du fermier » est très belle, toute l’Amérique est présente dans ce récit : le retour à la nature de parents qui ne pensent pas beaucoup au bien-être de leur enfant. La personnalité d’un vieil homme qui arrivera à capter l’affection de la petite fille, les adolescents qui s’ennuient dans cette « belle » nature, et la violence d’un sale pervers. Jai été captivée par le cheminement de Sarah qui passe du désir légitime de vengeance qui risque de la détruire encore plus, à une « re »construction plus riche de sa personnalité.

La fin est quand même très romanesque on a dû mal à croire à son amour… Mais, pourquoi pas ? Plus long qu’une nouvelle, c’est un petit roman qui se termine bien. (Trop bien ?)

Citations

 Son père parlait peu, et sa mère, tout occupée à trouver ce qu’elle allait répondre, n’écoutait pas.

 

N’ayant jamais appris à s’apitoyer sur les autres, elle n’éprouvait aucune pitié sur elle-même.

 

Elle sombra dans la dépression et Franck la conduisit chez un médecin d’Helena, à cent soixante kilomètres de chez eux, lequel lui prescrivit du Valium, très populaire chez les épouses de fermiers.

On en parle

Fata Morgana

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5
Je ne suis qu’à la fin de la saison 2, mais dès le premier épisode de la saison un (« le pilote ») comme tout le monde, je suis complètement tombée sous le charme de cette série. Don Draper (joué par John Hamm) est un publicitaire des années 50/60 à New-York, autant dire, que s’il n’est pas le roi du monde, il les côtoie tous les jours. Il est hanté par un lourd secret qui se dévoile au cours des épisodes.

Cette série est aussi passionnante pour ses intrigues que pour la reconstruction de l’époque. Le moindre détail nous fait sourire et encore, nous ne sommes pas américains ! Je ne suis pas prête d’oublier la petite fille qui arrive auprès de sa maman avec un sac transparent sur la tête : les enfants jouaient aux cosmonautes, elle se fait gronder, sa mère suppose qu’elle a dû, en utilisant la housse du pressing, ne pas faire attention aux vêtements. Je me souviens très bien que la peur qu’un enfant ne s’étouffe avec des sacs en plastique est venue petit à petit. Je raconte ce court passage car il est significatif de ce qu’on éprouve en regardant la série, soit « Ah ! Oui, je me souviens bien » ou «  Ah ! Ce n’est pas possible ».

Les rapports des hommes et des femmes dans la société sont surprenants finement analysés et très américains. Il y a des points communs avec la société française mais pas complètement. Par contre, l’analyse du couple est universelle et atemporelle. Les rapports dans le monde du travail, l’arrivée de Kennedy au pouvoir, le début de la contestation étudiante, les ressorts de la publicité, tout est là, et je garde le meilleur pour la fin : les costumes et les décors, je peux me repasser en boucle certains épisodes uniquement pour regarder dans les détails les objets et les vêtements.

Je ne suis pas très originale en vous disant que cette série est excellente, voici son palmarès : treize Emmy et quatre  Golden Globes. C’est la première série télévisée câblée à remporter trois années consécutives l’Emmy pour les trois premières saisons en 2008, 2009, 2010. Évidemment, il faut la regarder en anglais avec pour moi les sous-titres en français. Je vais avoir du mal à attendre pour m’offrir la saison trois !

On en parle

Les deux blogs que je consulte régulièrement au sujet des séries : Tête de série et Le Monde des séries.

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3
Il est des livres qui sont dans la veine de ceux d’Anne Gavalda, qui, sans être de grands livres, font du bien. Cette auteure fait partie de ce courant-là. Je n’avais pas trop aimé « la tête en friche » film tiré de son roman, mais j’imagine très bien maintenant le charme de son livre. Elle sait donner vie à des personnes que nous côtoyons sans les voir parce qu’ils n’ont pas la rage de vivre chevillée au corps. Elle sait décrire les ambiances de cafés dans les villes de province, où les mauvaises blagues, si possible au détriment des gens plus faibles, font office d’esprit.

Vivement L’Avenir cerne la personnalité de jeunes trentenaires qui n’arrivent pas à se trouver des projets de vie. La rencontre avec un handicapé qui lui, veut vivre de toutes ses forces, donnera du sens à leurs trop vagues projets. Le plaisir de lecture vient également du style de Marie-Sabine Roger, au plus près de la langue de tous les jours elle sait nous faire sourire et parfois trouver du charme à toutes ses expressions toutes faites. Les approximations de la langue de Marlène sentent le vécu.

Citations

Moi je peux plus le voir, il me pile l’humeur, j’en ai les nerfs qui sortent des gaines !

Marlène, elle a le vin récapitulatif.

Au bout d’un moment, sous la couche de fond de teint et les mèches blond platine aux racines châtain foncé, je ne vois plus qu’une vieille ado qui arrive un peu trop tard sur le quai de la gare, quand le train est parti. Elle est déjà rancie comme un vieux bout de lard. Elle a la quarantaine salement amochée. Elle est triste.

 

– Pourtant moi j’étais prête à tout, s’il fallait. Même l’incinération artificielle j’aurais pas été contre !
– L’insémination.
– J’étais pas contre non plus.

 

 

Lui, je l’aurais bien vu en homme politique : son obsession, c’est de laisser quelque chose après lui. Tant pis si c’est qu’un tas de merde.

 

 

Faites pas chier avec la bière ! C’est que de l’orge et du houblon, ça fait pas de mal, les céréales ! La vie est courte ? ! Je m’en branle ! Quand elle finira, on nous mettra où ça ? Hein ? En bière, justement ! Ben moi, au moins, je m’accoutume.

 

On en parle

Moi, Clara et les mots.

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Traduit par Cécile Arnaud.

3
L’intérêt de ce roman vient du style de cette auteure, et puisque je ne lis pas l’américain, du bon travail de la traductrice. L’histoire raconte, une fois encore, l’étroitesse d’esprit des petites villes de l’Amérique profonde, avant la deuxième guerre mondiale. Nous sommes dans les états du Sud donc confrontés au racisme ordinaire, insupportable aujourd’hui, mais tellement banal à l’époque dans ce pays là. On pense à Ne tirez pas sur l’oiseau Moqueur, car l’histoire nous est racontée à travers les regards d’enfants.

Une jeune femme, Vienna Daniels, belle et cultivée, élève seule deux enfants, son mari l’a abandonnée. Elle se fiche du conformisme social ambiant . Les petits notables « de province » lui feront payer cher son indépendance d’esprit. Tout le village ne fait pas bloc contre elle, la personnalité du médecin est très intéressante, aussi celle de son voisin amoureux transi qui protège au mieux sa trop belle voisine.

On rentre dans ce roman comme dans un film car les descriptions sont très précises, ne surchargent pas le roman bien au contraire, elles lui donnent une couleur particulière. Un vrai plaisir de lecture : dépaysement garanti.

Citations

Souviens-toi, être différent ne fait pas de vous quelqu’un de spécial, mais être spécial fait de vous quelqu’un de différent. J’espère que tu te joindras à mes prières pour que Vienna Daniels ne change jamais.

 

En plus, elle aimait les Nègres et elle fumait des cigarettes. Voilà ce qui arrive, disait-on, quand on lit trop de livres : Ca ramollit le cerveau, et Addison imaginait alors la texture spongieuse des champignons des bois ou des crackers détrempés. On racontait qu’elle possédait des milliers de livres.

 

Le fait d’être tous deux élevés dans le sud, d’avoir été élevés dans les souvenirs de la guerre de Sécession qui projetait son ombre noire sur deux générations pour imposer aux enfants de ses enfants le legs et la tradition de la perte

 

Elliot voulut savoir pourquoi les gens de couleurs ne projetaient pas d’ombres blanches puisque le sombres des blancs étaient noires

On en parle

Un de mes sites préférés : à sauts et à gambades et Le songe et les livres de Mélo.

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 Traduit de l’américain par Isabelle D. Philippe.

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Avec quelle énergie j’ai demandé à lire ce livre, lors de notre première réunion du club de lecture. J’avais vraiment adoré le Livre d’Hanna. Quelle déception ! Il faut dire qu’il y a eu tellement de beaux et grands livres sur la guerre de Sécession. Un de plus, les pages sur l’esclavage sont insoutenables, mais trop convenues. Il reste que le sujet même du roman, comment un homme idéaliste et sincère réagit dans les tourmentes d’une guerre civile, est bien traité. Je suis toujours surprise de lire que la guerre de Sécession a fait plus de mort aux Etats-Unis que n’importe quel autre des guerres que les américains ont menées.Le docteur March aura bien du mal à garder son idéal et sa dignité dans un conflit où les coups les plus bas ont été permis. Cette lecture m’a donné également envie de relire le roman de Louisa May Alcott,les quatre filles du Docteur March qui reste un agréable souvenir de lecture de mon enfance.

Finalement je pense que c’est un livre très honnête, j’attendais beaucoup plus de cette auteure qui m’avait enchantée avec son précédent roman.

Citations

Le seul moyen de garder des esclaves honnêtes est de ne pas leur faire confiance

 

Guider le nègre sans excès de passion, tel est le défi chrétien. De cette manière, personne ne prend pour malice personnelle ce qui est simple exigence de gestion.

 

Qui peut-on qualifier de brave ? Celui qui ne connaît pas la peur ? S’il en est ainsi, la bravoure n’est que le terme poli pour désigner un esprit dénué de rationalité et d’imagination. Le brave, le vrai héros, tremble de peur, transpire, sent ses entrailles le trahir et, malgré cela, avance pour accomplir l’acte qu’il redoute.

On en parle

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 Traduit de l’espagnol par François Maspero.

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Le mois de septembre, c’est le mois de mon anniversaire donc le mois où je reçois des livres souvent merveilleux. L’an dernier, ma sœur m’a offert « l’ombre du vent ». Étant donné ce que j’en avais lu sur les blogs, je me suis précipitée mais voilà, parfois je lis mal et trop vite et je me suis perdue dans les méandres de cette histoire. Cette année, j’avais plus de temps et j’ai absolument été captivée du début jusqu’à la dernière page. J’aurais voulu que le plaisir dure encore… Je me demandais pourquoi il ne m’avait pas séduit tout de suite. C’est simple on ne peut pas le lire trop vite. L’intrigue est complexe les histoires très imbriquées les unes dans les autres. En prenant mon temps tout s’est éclairé, en plus c’est un tel hymne à la lecture au plaisir des livres que tous les lecteurs se retrouvent à un moment ou à un autre dans les personnages. Ma sœur avait raison ce livre ne pouvait que me plaire.

En toile de fond, les violences de la guerre civile espagnole avec toutes ses horreurs ! Si le livre est souvent sombre et tragique, il est aussi plein d’humour, le personnage de Firmin et de son immense amour pour toutes les femmes est à la fois tendre et drôle. Les histoires d’amour sont très belles et passionnées (nous sommes en Espagne !) La tendresse des pères pour leur enfant est émouvante.

Bref un très beau roman qui suit les méandres complexes de la littérature, on y retrouve beaucoup de clins d’œil littéraires, ce qui ne rend pas le roman pédant pour autant.

Citations

L’un des pièges de l’enfance est qu’il n’est pas nécessaire de comprendre quelque chose pour le sentir. Et quand la raison devient incapable de saisir ce qui se passe autour d’elle, les blessures du cœur sont déjà trop profondes.

 

Ces gens qui voient le péché partout ont l’âme malade, et si tu veux vraiment savoir, les intestins aussi. La condition de base du bigot ibérique est la constipation chronique.

 

Elle a même appris à broder et on m’a dit qu’elle ne s’habille plus en Simone de Beauvoir

 

Le problème, c’est que l’homme, pour en revenir à Freud et utiliser une métaphore, fonctionne comme une ampoule électrique : il s’allume d’un coup et refroidit aussi vite. La femme, elle, s’est scientifiquement prouvé, s’échauffe comme une casserole. Peu à peu, à feu lent, comme la bonne fricassée. Mais quand elle est chaude, personne ne peut plus l’arrêter.

 

La femme, c’est Babel et Labyrinthe. Si vous la lissez réfléchir, vous êtes perdu. Souvenez-vous-en : cœur chaud, tête froide. L’a b c du séducteur.

 

La vie dans la rue est brève. Les gens vous regardent avec dégoût, même ceux qui vous font l’aumône, mais ce n’est rien comparé à la répugnance qu’on s’inspire à soi-même. C’est comme vivre attaché à un cadavre qui marche, qui a faim, qui pue et qui refuse de mourir.

On en parle

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