20160728_134325 (1)4
Comme vous le voyez, je n’ai pas résisté longtemps au billet de Noukette pas plus qu’à celui de Jérôme. Ces deux là quand ils vous promettent un bon roman qui fait du bien, vous pouvez y aller, ils sont rarement à côté de la plaque ! J’ai tout simplement adoré ce roman , je l’ai avalé en quelques heures et déjà, je rêve de lire la suite. Un psychologue originaire des Antilles soigne des gens mal dans leur peau et dans leur vie. C’est un bel homme noir dont le charme ne laisse pas indifférent les femmes. Il a une clientèle d’enfants et d’ados. Au retour de l’école, son fils, Lazare écoute les récits des patients. Cela permet à l’auteur de multiplier les points de vue sur le monde des gens qui vont mal aujourd’hui en particulier les adolescents. Nous avons le regard de Sauveur (beau prénom pour un psychologue) celui de Lazare son fils et aussi les propos des gens qui viennent le voir. C’est drôle, pétillant, triste souvent et tragique parfois.

La classe de CE2 de madame Dumayet fréquentée par Lazare vaut celle du célèbre petit Nicolas. Les cas suivis par Sauveur (et son fils) permettent à Marie-Aude Murail de mettre en scène des petits instantanés de notre monde contemporain. J’ai bien aimé aussi les maladresses de Sauveur avec son fils, lui qui sait si bien comprendre les souffrances des autres, a un peu plus de mal à voir celles de son enfant dans lesquelles il est impliqué, évidemment. Cela donne un sens à l’intrigue et au retour vers le drame de leur vie d’avant quand ils vivaient à la Martinique ce n’est pas la meilleure partie du roman . Autant les enfants et les ado sont passionnants autant certains adultes sont à la limite de la caricature.

C’est la raison pour laquelle je n’ai pas mis 5 coquillages. La raciste de service me semble sorti d’un roman de 4 sous, et le prof d’histoire dragueur et bedonnant (le père d’Océane) peu crédible. Le sel de ce roman ce sont les enfants et les ados qui nous le donnent et eux, pour peu que les adultes ne les écrabouillent pas complètement, sont prêts à vivre de toutes leurs forces. Je ne sais pas si cette auteure s’adresse à des ado ou à des adultes, ce que je sais, moi qui suis loin de cet âge là, c’est que j’ai eu l’impression de partager un moment la vie de gens plus jeunes et que Marie-Aude Murail me donnait, à travers les yeux compatissants de Sauveur et de son fils, des clés pour mieux les comprendre.

Citations

Les ambiances de classe comme si on y était

L ‘histoire intitulée « le loup était si bête » leur avait plu. Malheureusement, il s’agissait de faire maintenant l’exercice de compréhension numéro 3 page 42.

1/ Que nous apprend le titre du texte ?

2/ Ce conte fait-il peur ?

3/ Connais-tu des contes de Loup qui font peur ?

Paul dont l’esprit de concision faisait la charme répondit :

1/ Le loup il est bête 2/non 3/oui

Problème d’orthographe

Le mardi c’était le jour d’Ella, la phobique scolaire. Lazare avait eu quelques difficultés à obtenir des informations sur ce mal étrange car il avait d’abord tapé « fobic solaire » sur Google.

le sommeil des ados (je ne savais pas ça !)

Dans tous les cerveaux il y a de la mélatonine qui fait dormir, mais le cerveau des adolescents fabrique la mélatonine pas à la même heure que le cerveau des adultes. Alors le soir, ils n’ont pas envie de dormir. Mais le matin, si.

J’ai un petit faible pour Océane

Pour le proverbe du jour Madame Dumayet avait choisi. :« Après la pluie , le beau temps » . Qui sait ce que veut dire ? Oui, Océane.

Il faut pas oublier son parapluie.

Les enfants et leurs secrets

Les poule noire étranglée et le cercueil en boîte de chaussures étaient allés rejoindre le monde interdit aux enfants, dont les secrets s’échappent par une porte entrebâillée

20160718_100133Traduit de l’anglais par Mathilde Bach. Lu grâce au club de lecture de la médiathèque de Dinard, il a obtenu « un coup de cœur », ce sont des valeurs sûres ces coups de cœur de notre club !

4
Superbe roman qui tient en haleine le lecteur jusqu’au point final. Plusieurs histoires se croisent et interfèrent les unes dans les autres. On y retrouve cette sensation qu’un « froissement d’aile de papillon » dans un coin de la planète aura des répercussions dans le monde entier. Dans la périphérie de Las Vegas, la famille de Daniel vit au rythme des missions militaires d’un genre particulier. Il dirige des drones sur des terroristes qui menacent la planète. Une guerre propre ? Seulement est-ce qu’une guerre peut l’être ? Ce jour là , Daniel et Maria ne tueront pas seulement un terroriste sur la frontière afghane et pakistanaise, en appuyant sur un bouton, ils tueront aussi le grand amour d’un écrivain : Michael. Celui-ci, terrassé par cette mort qu’il ne comprend pas, essaie de se reconstruire auprès de Samantha (à qui le livre est dédié) Josh et leurs deux filles dans un agréable quartier de Londres. Mais là encore, la bavure des militaires américains aura des conséquences tragiques.

Le roman raconte la lente reconstruction d’un homme écrivain après un deuil tragique. Le fait qu’il soit écrivain est important, il a toujours écrit ses livres grâce à un un don particulier : il sait entrer dans la vie des gens et ceux-ci lui font confiance au point de ne rien lui cacher de leur sentiments les plus intimes. Grâce à ce don, il devient l’ami indispensable de ses voisins, celui qui est invité à toutes les fêtes et qui peut donc un jour pousser la porte de leur maison en leur absence afin de récupérer le tournevis dont il a un besoin urgent. Le roman peut commencer, nous progressons dans la maison des voisins de Michael, saisi peu à peu par un sentiment d’angoisse terrible.

Je m’arrête là, car le roman est construit sur un suspens que je n’ai pas le droit de divulgâcher sans me mettre à dos tous les amateurs du genre qui seront ravis, car c’est vraiment bien imaginé. J’ai personnellement été plus sensible aux réflexions sur l’écriture. Ce personnage d’écrivain reporter m’a beaucoup intéressée. Faire son métier en utilisant la vie d’autrui comporte toujours une part de voyeurisme qui est aussi un des thèmes de ce roman. Mais évidemment l’autre centre d’intérêt qui questionne aussi beaucoup notre époque ce sont les conséquences de la guerre de notre temps qui utilise des drones pour éviter de faire mourir au sol les soldats de la force dominante.

Citations

Une bonne description

Ces hommes qui travaillaient dans des bureaux, et que les costumes ne semblaient jamais quitter, même nus.

L’anglais international

Il n’arrivait pas à reconnaître son accent. Ses phrases commençaient en Europe puis elles migraient, comme des hirondelles, survolaient l’Afrique à mi-chemin du point final.

Les vertus de la mer

La côte n’avait jamais été son décor naturel. Et cependant il se réveilla avec la certitude que seul l’océan pouvait l’apaiser. La mer semblait assez immense pour réprimer les angoisses qui le déchiraient . Assez pure pour lui dessiller les yeux.

Les peurs américaines et la guerre des drones

Las Vegas fournissait à l’Amérique des versions du monde, afin que l’Amérique n’ait pas besoin de s’y aventurer. D’autres pays, d’autres lieux étaient ainsi simultanément rapprochés et tenus à distance. Exactement comme ils l’étaient sur ces écrans qu’il observait à Creech. N’était-ce pas ce qu’ils faisaient également là-bas, lui et Maria, avec leur tasse à café qui refroidissait sur l’étagère à côté ? Introduire dans l’Amérique une version de la guerre. Une version à la loupe mais à distance, un équivalent sécurisé, où ils n’étaient pas obligés d’aller eux-mêmes.

20160625_130844

4Noukette qui participe au » prix des meilleurs romans des lecteurs de points » a placé celui-ci en très bonne place pour remporter le prix, il n’en fallait pas plus pour éveiller ma curiosité. Comme elle, je trouve beaucoup de qualités à ce roman. Comme je n’ai pas lu les autres, je ne peux pas lui attribuer une place, en revanche, je lui attribue volontiers 4 coquillages. Pourquoi pas 5 ? Car il manque un peu de tensions dans les intrigues et sans m’ennuyer, je laissais parfois mon esprit vagabonder entre les poutrelles de Manhattan. Ce roman raconte la construction et la destruction des tours jumelles et prend pour personnage principal un Indien Mohawk qui fait partie des célèbres Ironworkers, c’est à dire de ceux qui ont construit les buildings de New-York et Chicago

f10efb4061ffe22a0f025ac02aa4d005

Plusieurs histoires s’entremêlent et permettent de vivre avec ces hommes très courageux de 1886 à 2012 …. Il permet de tordre aussi le cou à une légende tenace : oui les indiens Mohawks sont sujets au vertige comme tout le monde. Ceux pour qui ce malaise était trop fort n’ont pas fait ce travail là , voilà tout. La raison pour laquelle beaucoup d’entre eux l’ont fait, au péril de de leur vie parfois, c’est que dans l’Amérique de cette époque là peu de métiers aussi bien payés s’offraient aux Indiens. En plus, sur un chantier, quand quelqu’un fait bien son travail et est reconnu pour ses qualités, le racisme disparaît pour un temps, surtout si le métier est particulièrement difficile. Le roman débute en septembre 2001, avec la recherche forcenée des rares survivants qui pouvaient être encore sauvés des ruines fumantes des tours jumelles. Peu à peu on comprendra pourquoi il était presque impossible de survivre à cette catastrophe qui coûtera la vie à plus de 2000 personnes. Mais avant cela, pour bien comprendre les relations entre les personnages il faudra remonter dans le temps et comprendre ce qui s’est passé à Quebec en avril 1907. Ce jour là une autre catastrophe , un pont qui s’effondre et tue 76 personnes dont 36 Mohawks, là c’est l’entêtement de l’ingénieur qui n’était pas venu sur place, malgré les craintes des ouvriers qui sera responsable de cette tragédie.
Pont_de_Quebec_1907Les Ironworkers sont fiers de leur savoir faire, ils ont participé à tous les grands chantiers de l’Amérique, là où il fallait des ouvriers n’ayant pas peur d’escalader les constructions métalliques quelle que soit leur hauteur. La destruction de ces tours a été ressentie comme une injure faite au travail de leurs ancêtres.

Ce roman est intéressant par sa partie technique et son côté extrêmement bien documenté, mais il est vrai qu’aujourd’hui tous ces documents sont accessibles sur Internet , encore faut-il avoir le talent de les rassembler et de leur donner vie autour de personnages attachants. Pendant quelques jours, j’étais sur les poutrelles des buildings Manhattan ou dans les décombres des tours. J’ai appris à quel point les sauveteurs ont pris des risques pour leur vie et ont respirer des vapeurs très toxiques comme d’ailleurs tous ceux qui étaient près des tours quand elles se sont effondrées. J’aime bien ce sentiment que me procure parfois la lecture de n’être pas complètement avec les gens qui m’entourent mais dans un monde fait de passions, de peurs, de découvertes techniques et de civilisations différentes.

PS lire le très bon billet de Delphine-Olympe ne serait-ce que pour les photos

Citations

Pour mettre fin à une idée reçue

Il n’a ni peur ni vertige, ou du moins le vertige il l’a comme les autre, mais il parvient à le surmonter, à faire semblant d’être à l’aise pour impressionner les copains. C’est ce que ses oncles disaient : respecter sa peur, dialoguer avec elle, peu à peu l’amadouer, apprendre à la connaître pour l’apprivoiser. Serrer les fesses, faire comme s’il était normal de poser un pied devant l’autre sur trente centimètres de métal au dessus du vide. Tous n’y parvenaient pas, loin de là, mais ceux qui le peuvent semblent avoir un don unique.

Un des plaisirs de ce métier

Tu vois fiston, c’est un autre avantage d’être connecteur : sur un chantier, tu es au- dessus des autres, au-dessus du monde, dans les nuages, avec les dieux et les oiseaux.

L’ honneur d’être mort le 11 septembre

 Si c’est un morceau d’un corps de civil, on évacue ça dans un sac plastique, comme à la poubelle ! trois minutes et ça repart. Je veux parler à l’enfoiré qui a demandé dans la radio si c’était un sac ou un drapeau. Les civils ont droit au même respect que tout le monde ici . Tous ces gens sont morts en héros, uniformes ou pas.

20160612_111710Traduit de l’italien par Bernard Comment.

4
J’ai ce livre depuis un certain temps, il est de tous mes déplacements avec toujours cette envie de le lire que je dois à un blog dont j’ai oublié de noter le nom. Pour une fois la quatrième de couverture dit assez bien ce que raconte ce roman : « une prise de conscience d’un homme confronté à la dictature ». Le Docteur Pereira, journaliste, vit à Lisbonne en 1938, il est chargé de la page culturelle du « Lisboa », hebdomadaire qui préfère, et de loin, raconter l’arrivée des yachts de luxe et des réunion mondaines, qu’informer ses lecteurs sur les assassinats en pleine rue de pauvres gens comme ce vendeur de pastèques. Docteur Pereira est un peu trop gras, un peu diabétique et surtout très malheureux depuis la mort de sa femme. Il se confie au portrait de celle qui a, sans doute, été le seul vrai rayon de soleil dans une vie plutôt triste. Cet homme sans espoir, et sans illusion voudrait pouvoir manger ses omelettes au fromage et boire ses citronnades tranquillement.

Mais voilà, autour de lui rien n’est exactement à sa place. Lisbonne n’est plus la même ville : le boucher juif voit sa devanture brisée sans qu’il puisse se plaindre à une police très certainement complice, sa concierge l’espionne pour le compte de la milice, et une nouvelle d’Anatole France qu’il traduit pour la page culturelle de son journal lui voudra de très vives remontrances de son directeur. La lente montée chez cet homme du malaise qui peu à peu s’empare de lui alors qu’il met toutes ses force à fuir la réalité est très bien racontée. Un presque rien, la rencontre avec un jeune couple de résistants à l’oppression, va être le petit grain de sable qui va enrayer sa belle construction intérieure, ses protections vont peu à peu se fissurer et un jour il ne pourra plus fuir. Je ne peux évidemment pas vous dévoiler cette fin mais c’est superbe.

Ce roman que j’ai commencé plusieurs fois est finalement un texte qui me restera en mémoire, je crois à ce personnage et il m’a émue à cause ou plutôt grâce à ses faiblesses si humaines. Le style est un peu agaçant puisque le livre est présenté comme un témoignage, toutes les phrases où Pereira prend la parole commence par ces mots repris dans le titre « Pereira prétend… ». C’est voulu bien sûr, et cela donne encore plus l’idée d’un personnage peu sûr de lui, il a fallu pourtant que je me force pour accepter cet effet.

PS grâce aux commentaires je sais que je dois ce livre à Éva 

Citations

La résurrection (portrait du personnage principal)

Et Pereira était catholique, ou du moins se sentait-il catholique à ce moment-là, un bon catholique, quoiqu’il eût une chose à laquelle il ne pouvait pas croire : à la résurrection de la chair. À l’âme oui, certainement, car il était sûr d’avoir une âme ; mais la chair, toute cette viande qui entourait son âme, ah non, ça n’allait pas ressusciter, et pourquoi aurait-il fallu que cela ressuscite ? se demandait Pereira . Toute cette graisse qui l’accompagnait quotidiennement, et la sueur, et l’essoufflement à monter l’escalier , pourquoi tout cela devrait-il ressusciter ?

L’envie de fuir

Il fallait se renseigner dans les cafés pour être informé, écouter les bavardages , c’était l’unique moyen d’être au courant … mais Perreira n’avait pas envie de demander quoi que ce soit à personne, il voulait simplement s’en aller aux thermes, jouir de quelques jours de tranquillité, parler à son ami le professeur Silva et ne pas penser au mal dans le monde.

20160520_160055Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thèque de Dinard. Il a obtenu un coup de cœur. Traduit de l’italien par Elsa Damien.

4
Le cœur de ce roman bat au rythme d’une ville italienne emblématique : Naples. Elena Ferrante nous plonge dans un quartier populaire et nous vivons l’amitié de deux petites filles : Elena et Lila. Évidemment (nous sommes en Italie du Sud), tout le monde est plus ou moins sous la domination des malfrats. Ils sont une des composantes du récit et de la vie des Napolitains, ils font partie des personnalités du quartier au même titre que tous les artisans nécessaires à la vie quotidienne. Une famille de cordonniers : celle de Lila, un menuisier, un épicier, un employé de la mairie : la famille de la narratrice : Elena.

Loin du regard folklorique ou tragique de la misère de l’Italie d’après guerre, nous sommes avec ceux qui s’arrangent pour vivre et se débrouillent pour s’en sortir. Le roman se situe dans les années 50 et on sent que l’économie redémarre, on voit l’arrivée des voitures de la télévision, des loisirs à travers des moments passés à la plage. L’aisance ne supprime en rien l’organisation traditionnelle de la société de l’Italie du Sud et le poids des traditions, en particulier pour les mœurs entre filles et garçons. L’auteure explique très bien la façon très compliquée dont les jeunes, dans ses années là, ont essayé de sortir des codes parentaux tout en s’y conformant, car cela peut être si grave de ne pas le faire.

Les deux petites filles sont soudées par une amitié faite d’admiration et de domination. Lila est la révoltée « la méchante » dit Elena qui sait, elle, se faire aimer de son entourage. Mais Lila est d’une intelligence redoutable. C’est le second aspect passionnant : l’analyse d’une amitié : Elena sent tout ce qu’elle doit à son amie. C’est Elena qui fait des études et se dirigera plus tard vers l’écriture, mais son développement intellectuel doit tout ou presque à l’intelligence et la pertinence de Lila, alors que celle-ci refuse d’aller au lycée, pour se marier à 16 ans. Elle va délaisser l’instruction et la culture et cela met le doute dans la tête d’Elena qui sait que son amie est capable de réussir, bien mieux qu’elle même. Cet aspect de leur relation est très troublant, on se demande, alors, si Lila n’est pas davantage dans le vrai que son amie. Puisque réussir par la voie scolaire signifie se couper définitivement de tous les liens sociaux dans lesquels les jeunes filles ont vécu jusqu’à présent.

Mais finalement on arrive au dernier aspect de ce roman, celui qui est si bien traité par Annie Ernaux : les études amènent Elena à sortir de cette société et de son propre monde, c’est évidemment très douloureux. En plus, pour elle, il s’agit d’un abandon de sa langue maternelle car le dialecte italien de Naples n’a rien à voir avec l’italien du lycée. C’est un voyage sans retour et cela ressemble à un exil qu’elle hésitera à faire. Lila qui a décidé de faire changer les rapports dans son quartier est-elle dans le vrai ? Une histoire de chaussures nous prouvera que sa tâche est loin d’être gagnée d’avance.

La construction du roman ne dit presque rien de la vie d’adulte de ses deux petites filles devenues femmes et j’avoue que cela m’a manqué. Je comprends bien le choix de l’écrivaine, qui laisse une porte ouverte mais j’aime bien qu’on m’en dise un peu plus.

Citations

Dureté de la vie des enfants à Naples dans les années 50

Je ne suis pas nostalgique de notre enfance : elle était pleine de violence. Il nous arrivait toutes sortes d’histoires, chez nous et à l’extérieur, jour après jour : mais je ne crois pas avoir jamais pensé que la vie qui nous était échue fût particulièrement mauvaise. C’était la vie, un point c’est tout : et nous grandissions avec l’obligation de la rendre difficile aux autres avant que les autres ne nous la rendent difficile.

Trait de caractère de sa mère

Ma mère voyait toujours le mal, où, à mon grand agacement, on découvrait tôt ou tard que le mal, en effet, se trouvait, et son regard tordu semblait fait tout exprès pour deviner les mouvements secrets du quartier.

La relation entre Elena et Lila et les succès scolaires

– C’est quoi, pour toi, « une ville sans amour » ?
– Une population qui ne connaît pas le bonheur.
– Donne-moi un exemple.

Je songeai aux discussions que j’avais eues avec Lila et Pasquale pendant tout le mois de septembre et senti tout à coup que cela avait été une véritable école, plus vraie que celle où j’allais tous les jours.

– L’Italie pendant le fascisme, l’Allemagne pendant le nazisme, nous tous, les êtres humains, dans le monde d’aujourd’hui.

Se croire au-dessus des conventions

Ainsi Stefano avait continué à travailler sans défendre l’honneur de sa future épouse, Lila avait continué sa vie de fiancée sans avoir recours ni au tranchet ni à rien d’autre, et les Solara avaient continué à faire courir les rumeurs obscènes… Ils déployaient gentillesse et politesse avec tout le monde, comme s’ils étaient John et Jacqueline Kennedy dans un quartier de pouilleux… Lila voulait quitter le quartier tout en restant dans le quartier ? Elle voulait nous faire sortir de nous-mêmes, arracher notre vieille peau et nous en imposer une nouvelle, adaptée à celle qu’elle était en train d’inventer elle-même ?

20160504_1513165
Je considère Dominique comme une bienfaitrice de l’humanité des lecteurs et lectrices. Je n’avais pas un moral extraordinaire et ce livre m’a fait beaucoup rire et m’a remis en forme. Pourquoi « une bienfaitrice » et non « la » bienfaitrice ? Car je donne également ce titre à tous les auteurs qui me font du bien . Cependant, les signaler à mon intention doit être récompensé comme il se doit ! Vous devez lire cet ouvrage, surtout si, comme moi, dans les musées, il vous est arrivé de mourir d’ennui en traversant certaines salles . Savoir que, si l’on porte un regard critique sur des chef d’œuvre (s’ils sont au Louvre, ce sont bien des chef d’œuvre non ?) on est en bonne compagnie, m’a fait un plaisir immense.

Avez-vous déjà remarqué le nombre de vierges à l’enfant qui tiennent très mal le bébé qu’on leur a mis dans les bras ? Si vous avez essayé de tenir le vôtre de cette façon, il serait à coup sûr tombé par terre. Peut-être qu’elle ne l’aimait pas tant que ça, ce bébé, et après tout, avec tous les soucis qu’il lui donnera plus tard, on peut la comprendre. Je suis aussi souvent agacée sur les remarques basiques que j’entends sur l’art de notre époque, pour ça aussi cela me fait du bien qu’on se moque des œuvres qui, bien qu’anciennes et consacrées, ne sont pas si bien construites que ça ! Je me demande si, depuis que ce livre est paru, des gens se promènent avec ce guide sous le bras et se tordent de rire dans cette vénérable institution en regardant ce genre de tableau et en lisant le commentaire qu’en on fait nos auteurs.

Pour vous donner un avant-goût de ce qui vous attend voici un exemple :

20160504_154547Il s’agit de l’enlèvement de Déjanire par le centaure Nessus 1755 peint par Louis Lagrenée (vous le trouverez Sully 2e étage. Vigier Le Brun salle 52)

Centaure et sans reproche

Au moins, on ne pourra pas dire reprocher à Louis Lagrenée de gâcher de la toile ! Il a incontestablement travaillé les effets de matière, à tel point qu’on ne sait plus quoi regarder : le paysage flou et sucré à l’arrière-plan, les muscles bien dessinés des athlètes sans maillot, les mètres de drapés virevoltants, sans oublier le crin blanc de la queue nerveuse du centaure, ni la transparence de l’eau.

Au premier plan, un homme âgé – quoique fort bien bâti- se roule part terre de dépit, tirant la queue d’un autre candidat, qui a tellement abusé des hormones que son corps en a été modifié, moitié cheval, moitié vache (notez la robe, si caractéristique des normandes). A l’arrière-plan, un candidat en plein effort. Certes, il appuie légèrement son pied gauche sur un rocher, mais il pourrait décocher ses flèches en faisant des pointes s’il le voulait tant il a travaillé ses quadriceps. Concentrons nous sur Dénajire : pourquoi avoir investi dans autant de tissu pour se retrouver un sein (fort beau d’ailleurs) à l’air ? Est-ce pour cela qu’elle arbore un air si tragique ou bien est-elle déçue d’être embarquée par le culturiste blond ? L’énorme jarre située en bas à gauche prend alors tout son sens : tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse.

Grâce à ce tableau, Luis Lagrenée a été reçu membre de l’Académie royale de peinture. Autre temps, autre mœurs.

20160417_121555(1)Je dois cette lecture à Gambadou « le blog des fanas de livres« .

5
Je lui mets ces cinq coquillages sans aucune hésitation, cela fait longtemps qu’un roman pour la jeunesse ne m’a pas autant tenu en haleine. La première partie est absolument remarquable. Un ado, « Mo », diminutif de Morgan, passe sa vie à jouer aux jeux d’ordinateur. Dans la vie virtuelle, il est très fort et ne s’intéresse vraiment qu’à ça. Et puis, cet ado mal parti pour être heureux va vivre une expérience absolument extraordinaire, et peu à peu, il se transformera et se prendra d’amour pour la nature. Une créature qui aurait pu avoir sa place dans un jeu de rôle lui apprendra à survivre dans des conditions extrêmes.

J’ai bien conscience du flou de mes propos mais ce serait vraiment dommage de dévoiler ce qui fait un des charmes de ce récit : la nature même des personnages principaux. C’est très beau et en dehors de bien des sentiers battus. Ce qui m’a le plus étonnée, c’est la lente conversion de l’adolescent vers un autre monde, réel celui-là mais qui lui demande de savoir utiliser toutes ses compétences acquises dans le monde de l’imaginaire. Le suspens est intense et la fin est peu prévisible. Les personnages secondaires sont loin d’être des caricatures et enrichissent le récit . L’oncle chasseur de blaireaux que l’on aimerait bien détester n’est pas qu’une sombre brute. La mère un peu dépassée par l’éducation de cet adolescent si peu scolaire saura lui montrer qu’elle l’aime et lui fera confiance finalement. Même le policier qui détruit le rêve de Mo est un être beaucoup plus sensible qu’il n’y paraît.

Aucun des adultes n’est tout à fait capable de comprendre les difficultés auxquelles doit faire face Mo, mais aucun ne voudrait vraiment lui faire du mal. Il doit cependant réussir à trouver ses solutions en lui-même pour grandir définitivement.

Citations

La nature la nuit

C’est une nuit très vibrante, tous les bruits voyagent à des kilomètres à la ronde, on dirait qu’on est sur une corde tendue, que chaque brindille qui craque de l’autre côté du monde trouve son écho près de nous.

C’est une nuit blanche et bleue. blanche parce que la pleine lune nous éclabousse de sa lumière. Et bleue comme l’obscurité profonde qui nous enveloppe, si douce qu’on dirait du velours.

20160408_095416 (1)
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Eric Chédaille.

4Je dois à Keisha un certain nombre de nuits et de petits déjeuner très éloignés des côte de la Manche, avec ce roman de 987 pages qui fait rouler l’imagination dans les grands espaces de l’ouest américain. J’aimerais comprendre pourquoi les français aiment à ce point changer les titres. En anglais l’auteur a appelé son roman « The Big Rock Candy Mountain », en 2002 le livre est publié aux éditions Phébus, sous le titre traduit exactement de l’anglais « La bonne Grosse Montagne en sucre ». Et maintenant, il revient avec ce titre raccourci, pourquoi ? Dans l’ancien titre, on croit entendre la voix de Bo, le personnage principal, qui fait déménager sa famille tous les 6 mois pour les convaincre d’aller rechercher la fortune sur une « bonne grosse montagne en sucre » . Bref, je m’interroge !

Je suis restée trois semaines avec Bo, Elsa, Chet et Bruce. J’ai trouvé quelques longueurs à cet énorme roman, mais n’est-ce pas de ma part un phénomène de mode ? Je préfère, et de loin, quand les écrivains savent concentrer ce qu’ils ont à nous dire. Je reconnais, cependant, que, pour comprendre toutes les facettes de cet « anti-héros » Bo Wilson, mari d’une extraordinaire et fidèle Elsa et père de Chet et de Bruce, il fallait que l’auteur prenne son temps pour que le lecteur puisse croire que Bo soit à la fois « un individu montré en exemple par la nation toute entière » et un malfrat violent recherché par toute les polices sans pour autant « être un individu différent »  : ce sont là les dernières phrases de son fils, Bruce qui ressemble fortement au narrateur (et peut-être à l’auteur), il a craint, admiré, détesté son père sans jamais totalement rompre le lien qui l’unit à lui.

Cet homme d’une énergie incroyable, est toujours prêt pour l’aventure, il espère à chaque nouvelle idée rencontrer la fortune et offrir une vie de rêve à sa femme. Il y arrive parfois mais le plus souvent son entreprise fait naufrage et se prépare alors un déménagement pour fuir la police ou des malfrats. Elsa, n’a aucune envie d’une vie dorée, elle aurait espéré, simplement, pouvoir s’enserrer dans un village, un quartier un immeuble, entourée d’amis qu’elle aurait eu plaisir à fréquenter. C’est un personnage étonnant, car elle comprend son mari et sait que d’une certaine façon, elle l’empêche d’être heureux en étant trop raisonnable. Son amour pour ses enfants est très fort et ils le lui rendent bien. Cette plongée dans l’Amérique du début du XXe siècle est passionnante et l’analyse des personnages est fine et complexe. C’est toute une époque que Wallace Steigner évoque, celle qui a pour modèle des héros qui ont fait l’Amérique mais qui s’est donné des règles et des lois qui ne permettent plus à des aventuriers de l’espèce de Bo de vraiment vivre leurs rêves. Jamais dans un roman, je n’avais, à ce point, pris conscience que la frontière entre la vie de l’aventurier et du bandit de grand chemin était aussi mince.

Citations

Justification du titre

Il y avait quelque part, pour peu qu’on sût les trouver, un endroit où l’argent se gagnait comme on puise de l’eau au puits, une bonne grosse montagne en sucre où la la vie était facile, libre, pleine d’aventure et d’action, où l’on pouvait tout avoir pour rien.

Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas

Henry était pondéré, inoffensif, réticent même à annoncer sans ambages qu’il venait pour la voir elle et non son père, au point qu’il s’était montré capable de passer une demi-douzaine de soirées au salon à converser avec Nels Norgaard sans adresser plus de dix mots à Elsa. Il était posé, incapable d’un mot dur envers quiconque, gentil, si digne de confiance mais si dépourvu de charme. Comme il était dommage, songea-t-elle une fois en soupirant, que Bo, avec son aisance insolente, son intelligence, son physique puissant et délié, ne possédât pas un peu du calme rassurant d’Henry. Mais à peine commençait-elle à se laisser aller à cette idée qu’elle se reprenait : non, se disait-elle avec une pointe de fierté, jamais Bo ne pourrait ressembler à Henry. Il n’avait rien d’un animal de compagnie, il n’était pas apprivoisé, il ne supportait pas les entraves, en dépit de ses efforts aussi intenses que fréquents.

la famille déménageait tous les ans parfois quatre fois par an

Longtemps après, Bruce considérait cette absence de racines avec un étonnement vaguement amusé. les gens qui vivaient toute leur vie au même endroit, qui taillaient leur haie de lilas et repiquaient des berbéris, qui changeaient de carrée en ronde la forme de leur bassin de nénuphars, qui déterraient les vieux bulbes pour en mettre de nouveaux, qui voyaient pousser et un jour ombrager leur façade les arbres qu’ils avaient plantés, ces gens-là lui semblaient par contraste suivre un cheminement incertain entre ennui et contentement.

L’amour

L’amour est quelque chose qui fonctionne dans les deux sens, dit Elsa d’une voix douce. Pour être aimé, il faut aimer. 

20160324_0834434
B.D que je dois à Jérôme et Noukette et aussi à une irrisistible envie de me faire du bien. Voilà une histoire où des gens s’aiment, savent se le dire et que je ne trouve pas « gnangnan » pour autant. Sans doute à cause de la part de rêve que ce dessinateur sait mettre dans son récit. Et puis, j’aime bien ce dessin où il y a plein de petits détails à découvrir, on peut rester sur une planche rien que pour le plaisir des yeux. Je l’avais achetée pour mes petits enfants, mais je vais la garder pour moi, ils la liront à leur prochaine visite. Ma collections de BD à propos de personnes âgées augmente après Mamette, les Vieux Fourneaux , voici ce merveilleux grand-père chinois J’espère que comme moi, mes petits enfants seront sensibles à ce genre de phrases, même quand la vie devient difficile :

Pépé avait raison chacun doit croire en sa chance

20160324_083534

20160307_145754Traduit de l’américain par Françoise Cartano.

Quand j’ai appris la nouvelle de la mort de Pat Conroy, je me suis sentie triste, et ne pouvant pas participer ni de près ni de loin au deuil qui doit toucher profondément ses proches, j’ai décidé de relire « le prince des Marées » ; roman qui m’avait profondément marquée en 2002.

4
Ma relecture attentive de ce gros roman (600 pages) m’a remis en mémoire tout ce que j’aime chez cet auteur. Tout d’abord, son formidable humour et j’ai encore bien ri à la lecture de la scène où sa grand mère entraîne ses petits enfants dans le choix de son cercueil, au milieu de tant de souffrances d’une enfance ravagée par la violence d’un père et de l’insatisfaction de sa mère, ce petit passage où Tholita (la grand-mère) finira par faire pipi de rire sur les azalées du centre ville est un excellent dérivatif aux tensions créées par les drames dans lesquels la famille Wigo est plongée.

J’ai de nouveau apprécié la construction romanesque : nous connaîtrons peu à peu les drames successifs de la famille à travers l’effort que doit faire le personnage principal, Tom, pour aider la psychiatre de sa sœur jumelle, Savannah, à s’y retrouver dans le délire psychotique de celle qui est aussi une poétesse admirée du tout New-York des lettres. Ce procédé permet de rompre la chronologie et de croiser plusieurs histoires. « Le prince des marées » est un roman foisonnant et généreux le drame est toujours mélangé à une énergie vitale qui permet de supporter les pires vilenies des humains. C’est peut être le reproche qu’on peut faire à ce livre , cette famille est vraiment touchée par une série de drames trop horribles. Parfois on se dit : c’est trop ! mais peu importe, c’est si extraordinaire de découvrir le Sud des États Unis sous plusieurs facettes : le racisme ordinaire, la religion, le côté bonne éducation, la force des éléments.

Enfin ce livre est un hymne à la nature et les descriptions vous emportent bien loin de votre quotidien. C’est le genre de roman que l’on quitte avec regret chaque soir et que l’on voit se terminer avec tristesse. Bravo Monsieur Part Conroy d’avoir su écrire sur l’enfance martyrisée en gardant la tête haute et votre merveilleux sens de l’humour ; et merci, vos livres ont fait voyager tant de gens vers un pays dont vous parlez si bien.

Citations

Sa rage contre les parent destructeurs

Les parents ont été mis sur terre dans le seul but de rendre leurs enfants malheureux.

Un des portrait de sa mère

Ma mère se baladait toujours comme si elle était attendue dans les appartements privés d’une reine. Elle avait la distinction d’un yacht – pureté de ligne, efficacité, gros budget. Elle avait toujours été beaucoup trop jolie pour être ma mère et il fut un temps où l’on me prenait pour son mari. Je ne saurais vous dire à quel point ma mère adora cette période… Maman donne des dîners prévus plusieurs mois à l’avance et n’a pas le loisir de se laisser distraire par les tentatives de suicide de ses enfants.

Folie de sa sœur

Depuis sa plus tendre enfance, Savannah avait été désignée pour porter le poids de la psychose accumulée dans la famille. Sa lumineuse sensibilité la livrait à la violence et au ressentiment de toute la maison et nous faisions d’elle le réservoir où s’accumulait l’amertume d’une chronique acide . Je le voyais, à présent : par un processus de sélection artificiel mais fatal, un membrure de la famille est élu pour être le cinglé et toute la névrose, toute la fureur, toute la souffrance déplacées s’incrustent comme de la poussière sur les parties saillante de ce psychisme trop tendre et trop vulnérable.

Portrait d’une méchante femme de sa ville natale

Ruby Blankenship pénétra dans la pièce, royale et inquisitoriale, ses cheveux gris brossés sévèrement en arrière, et les les yeux fichés comme des raisins secs dans la pâte molle de sa chaire. C’était une femme immense, gigantesque, qui faisait naître une terreur immédiate dans le cœur des enfants. À Colleton, elle était perçue comme « une présence », et elle se tenait sur le pas de sa porte d’où elle nous observait avec cette intensité singulièrement ravageuse que les personnes âgées qui détestent les enfants ont su élever au rang des beaux-arts. Une partie de sa notoriété locale était due à l’insatiable curiosité que lui inspirait la sante de ses concitoyens. Elle était l’hôte omniprésente de l’hôpital autant que du funérarium.

Dialogue avec sa mère

Je n’aurais pas dû avoir d’enfants, dit ma mère. On fait tout pour eux, on sacrifie sa vie entière à leur bonheur, et ensuite ils se retournent contre vous. J’aurais dû me faire ligaturer les trompes à l’âge de douze ans. C’est le conseil que je donnerais à n’importe quelle fille que je rencontrerais.
– Chaque fois que tu me vois, Maman, tu me regardes comme si tu voulais qu’un docteur pratique sur toi un avortement rétroactif.

Humour

Les enseignants américains ont tous des réflexes de pauvres, nous avons un faible pour les congrès et foire du livre tous frais payés, avec hébergement gratuit et festin de poulet caoutchouteux, vinaigrette douceâtre et petits pois innommables.