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Désolée pour la couverture de ce livre, j’ai rarement vu plus moche. Heureusement, comme ce roman a été couronné par tant de prix et admiré dans le monde des blogs cela n’empêchera personne de l’acheter . J’avais d’autant plus envie de le lire que j’avais commencé à l’entendre lu par l’auteur lui-même. L’histoire est maintenant bien connue, deux soldats de la guerre 14-18 réchappent de très peu à la mort, malgré la cruauté d’un « salopard de gradé » le lieutenant d’Aulnay Pradelle qui en veut à leur vie. Réunis par la mort qui est passée si près d’Albert Maillard, et qui a gravement mutilé Edouard Péricourt en lui arrachant la moitié du visage, les deux anciens poilus vont essayer de survivre dans l’après guerre, puis ils vont imaginer une fabuleuse escroquerie. Les deux personnalités sont totalement opposées autant l’un est timoré et ne cherche qu’à se faire le plus discret possible, autant l’autre est complètement hors norme.

Un des intérêt du roman, c’est de mettre en scène l’après guerre. Et si l’arnaque aux monuments aux morts est une invention romanesque, le scandale de la façon dont on s’est occupé des dépouilles des soldats tués au combat est en revanche tout à fait historique. Le roman est soutenu par un suspens très fort, on se demande si, ayant échappé au pire, ces deux hommes ne vont pas connaître un destin funeste. Le personnage de Henri d’Aulnay-Pradelle est tellement odieux, qu’il en est caricatural ; on espère sans cesse que la vie va lui faire payer toutes ses turpitudes. C’est ma grande réserve pour ce roman, je n’ai pas pu croire aux personnages des méchants. Pas plus d’ailleurs, qu’au personnage du fonctionnaire incorruptible : il est mal aimé, mal habillé, porte un dentier qui tient mal, sent mauvais, n’est compris de personne, il faut donc avoir ce physique là pour ne pas être corruptible ?

Le rythme du récit fait penser à un roman policier, et les traits des personnalités à une bande dessinée (et, il existe maintenant en bande dessinée). Comme souvent, quand on attend beaucoup d’un roman, on est parfois déçu. Je m’attendais à beaucoup plus de nuances dans le traitement des personnages. Ce serait si simple si les méchants étaient tous comme Henri d’Aulnay-Pradelle, et tous les hommes politique corrompus jusqu’au dernier.

Citations

Verdun

En 1916, au début de la bataille de Verdun – dix mois de combats, trois cent mille morts-, les terrains de Chazières-Malmont, pas loin des lignes de front, encore accessible par la route et assez proches de l’hôpital, grand pourvoyeur de cadavres, s’étaient révélés, pendant un moment, un lieu pratique pour enterrer les soldats. La fluctuation des positions militaires et les aléas stratégiques bousculèrent à plusieurs reprises certaines parties de ce vaste quadrilatère dans lequel se trouvaient à présent ensevelis plus de deux mille corps, personne ne connaissait réellement le nombre, on parlait même de cinq mille, ce n’était pas impossible, cette guerre avait fait exploser tous les records.

J’adore cette scène

Henri (le sale type de l’histoire) n’attendit pas la fin de la phrase pour quitter la pièce en claquant violemment la porte derrière lui. Ce bruit allait faire vibrer la maison de haut en bas. Hélas, l’effet tomba à l’eau. Cette porte, munie d’un mécanisme pneumatiques, se rabattit lentement avec des petits ouf… ouf… ouf… saccadés.

les sentences de Madame Maillard qui scandent le roman à chaque difficulté de son fils Albert

Albert a voulu partir aux colonies , bon, moi je veux bien. Mais s’il fait comme ici et qu’il se met à pleurnicher devant les indigènes, il va pas arriver à grand chose, c’est moi qui vous le dis ! Mais bon c’est Albert. Qu’est ce que vous voulez, il est comme ça.